Rémunérer les hommes pour apprendre.

Essai de 1999, Rémunérer les hommes pour apprendre

ET DEMAIN ?

Ou

LE DEVOIR D'APPRENDRE : UN MARCHÉ DE L’INTELLIGENCE

Remerciements.

Je remercie chaleureusement Monsieur Bernard CAZEAUX pour l’aide qu’il m’a apportée à la réalisation de cet essai.

Je remercie également tous ceux que j’ai usés par mes controverses, et auxquels j’ai fait supporter mes débats contradictoires.

Mon essai commence par l’avertissement où le lecteur trouvera les grandes lignes qui le sous-tendent, précédés du résumé synthétique.

RÉMUNÉRER LES HOMMES POUR APPRENDRE.

Rémunérer les hommes pour apprendre c’est même mettre un pied dans l’incertitude, c’est mettre un pied dans un monde à inventer, et cela n’est pas rien. Pas forcément comme je le vois, car ce n’est que le mien, mais c’est poser les marques d’une aventure.

Pourtant, il ne pourra pas être plus effrayant que celui qui est le nôtre aujourd’hui. Dans lequel, pour sortir d’une existence passée que nous avons appréciée cruelle, nous avons, en développant nos «cultures sociétales », construit aussi des organisations «eugéniques».

L’Homme n’a jamais eu autant de moyens à sa disposition pour le comprendre, et cependant il reste sur la défensive. Il ne fait pas dans l’ensemble la démarche de s’ouvrir au monde à l’univers, pour rester dans son «mensonge culturel». Alors pourquoi ne pas forcer la main de l’évolution, en rémunérant les hommes pour apprendre, et essayer de découvrir si dans notre suffisance nous ne nous étions pas fourvoyés par «ignorance existentielle ». Je vais donc essayer de m’en expliquer.

Cela signifierait-il que l’actuelle organisation économique est immuable, et que nous aurions trouvé la pierre philosophale dans ce domaine ? (Alors que nous avons encore 800 000 ans estimés avant notre prochaine évolution).

Aussi, je comprendrais mal que l’on vienne dire au nom de l’entreprise, que les hommes n’ont pas le droit de développer une autre source de richesse en dehors d’elle.

Néanmoins, je comprends que les détenteurs du pouvoir économique disent qu’ils n’entendent pas le partager, car «l’entreprise » est aussi une arme, une arme de conquêtes. Si bien que, c’est une décision politique qui intervient toujours.

L’entreprise n’emploiera du personnel que si elle y trouve un intérêt, et c’est bien qu’elle fonctionne ainsi ; l’entreprise n’a pas pour finalité de donner du travail, mais de produire des biens et des services. C’est aux hommes à se trouver une autre source de revenu ou modifier le système monétaire. C’est à eux de s’interroger sur leur devenir, pas à l’entreprise. Encore faudrait-il que dans leurs majorité ils connaissent les mécanismes de l’économie qu’ils génèrent consciemment ou de fait, et ne pas prendre des relatives pour des valeurs absolues ou réelles.

Comprendre que la Liberté n’est que la compréhension de la somme des contraintes dans lesquelles nous enserrons notre corps et notre esprit, et ne pas entretenir avec l’entreprise des rapports de maître à esclave, où quand le maître disparaît, l’esclave cherche à qui se vendre. Nous désirons tous être des maîtres, alors que nous ne sommes que les esclaves les uns des autres. Pourtant ce qui est important ce n’est pas d’être maître ou esclave, ce ne sont que des mots. C’est de savoir être ce que nous sommes aussi, des Êtres communicants linguistiquement et sémantiquement, mais cela se découvre par l’instruction, la connaissance, le Savoir, et comprendre que ce n’est jamais acquis indéfiniment puisqu’il s’agit d’une démarche « culturelle ». Cela demande des années d’apprentissages, pour ne pas dire la vie, et c’est si difficile que la plupart du temps nous préférons utiliser un langage plus rapide et universellement connu, les armes. Une définition estime que l’homme est un être économique (l’homo oeconomicus, Être rationnel motivé par son seul profit, «coût avantage ») parce qu’il effectue un travail pour cueillir et chasser. Cette extension de la définition de l’économie nous conduirait à dire que notre Univers est un univers économique, parce que chaque association atomique, et ce qui en découle, exige un travail et un coût association (échange). Il ne serait donc pas stupide de dire que l’univers est économique puisqu’il y existe un perpétuel échange, et il n’appartient qu’à notre observation d’y trouver un rapport coût avantage. Il conviendrait donc de redéfinir notre monde sur cette base. Ainsi nos relations affectives et sociales deviendraient économiques, ce qui ne changerait rien à leur qualité, mais très vite nous verrions apparaître une nouvelle définition de notre activité productrice, pour que ceux, qui justifient au travers d’elle l’exploitation d’autrui puissent le faire.

L’organisation économique ne peut qualifier ce que nous sommes, elle n’est qu’un moyen de parvenir à la réalisation, à la production, et à la satisfaction de nos besoins et désirs humains. Et parmi cela, celui important «du rêve absolu» de chacun. Un rêve pour lequel, quand nous ne prenons ni le temps ni les moyens pour le construire, certains d’entre-nous nous vendent à sa place des illusions qui nous empêchent de voir que nos rêves sont accessibles.

Aujourd’hui, «Le rêve » c’est de devenir riche en accumulant de la monnaie, ce que permet l’instauration des modèles simplifiés de millions de décisions indépendantes, prises par les individus organisés pour se répartir des biens rares, et effectuer un choix parmi ceux-ci.

Si cette organisation économique s’est développée grâce à d’innombrables penseurs, découvreurs, entrepreneurs et acteurs qui exerçaient dans des cadres sociopolitiques divers, nous pouvons aisément comprendre qu’opter pour le modèle structurant l’activité sociale peut en retour fixer un cadre rigide, des modèles économiques difficilement réformables suivant leur étendue qui interféreront sur elle.

Ce constat ne permet pas d’affirmer pour autant que l’économie crée le social comme l’idée s’en est répandue, même s’il l’imprègne et l’empreigne, parce que nous avons bâti des dépendances structurelles à l’égal de notre psychique.

Cela, parce que nous ne sommes plus au fait des mutations ou évolutions, à cause de la diffusion d’un savoir sociologique trop pauvre, face à une évolution technologique trop rapide, et d’un encodage relationnel devenu un code complexe d’initiés. Mais également parce que nous croulons sous une information dantesque, que plus personne n’a le temps ni de lire ni d’écouter dans son ensemble. Parfois cela conduit au paradoxe d’étouffer l’originalité (soit d’idées ou d’œuvres), pour rester accolé au système mercantile dans lequel se vend mieux tout ce qui est racoleur, scabreux, polémique ; et où le voyeurisme a pris le pas sur l’information. Ceci, alors que des hommes ont payé un lourd tribut, par leur vie, pour nous en sortir, afin que par «l’intelligence » nous soyons aptes à la reconnaître.

Pourtant, il nous faudra encore certainement quelques siècles de développement de l’intelligence pour ne plus nous complaire à fabriquer des morts, nous délecter de l’odeur des cadavres, à tel point que nous en faisons un divertissement. Je ne veux pas par-là ignorer la violence, ni croire que c’est en l’interdisant qu’elle va disparaître, mais souligner que si notre éducation tend encore à mettre en exergue nos caractères de charognards, c’est que nous avons dû nous égarer quelque part.

Pour conclure cet essai, je ferai un pari sur le futur des progrès de notre « intelligence cérébrale », d’un cerveau relaie transcripteur sensoriel doté d’une capacité psychique extraordinaire pour développer une nouvelle richesse.

Je crois à l’instar de l’imprimerie qui a marqué une étape importante dans la diffusion du savoir et de l’information, la connaissance des sciences de la physique, par la mécanique quantique, va marquer une autre étape dans le développement sociétal de notre civilisation. Il nous faudra réexaminer beaucoup de nos relations ou les «requalifier » sous son auspice, inventer d’autres mots. Si la théorie du chaos permet d’exploiter la plus petite donnée économique, elle peut également nous permettre d’en mesurer son incidence à très long terme et d’envisager un regard sur notre existence, non plus à la seule mesure de nos perceptions sensorielles, mais aussi à celle de notre intelligence. Néanmoins, il nous faudra pour cela faire le même effort qui a suivi la découverte de l’imprimerie, créer un enseignement général à destination des adultes tout au long de l’existence, sans attendre quatre cents ans pour le mettre en œuvre. Ceci, pour que la démarche d’apprendre devienne un plaisir, et non pas une souffrance, comme celle à laquelle nous avons réduit nos relations vitales avec le travail ; surtout parce que le Savoir est l’élément dans lequel baigne notre nature culturelle, et il nous faudra regarder notre existence à l’échelle de l’espèce et de sa durée, tout en sachant chacun prendre au quotidien au travers des mots qui définissent l’humain et son monde, le plaisir que cela nous offre d’y appartenir.

Tout ceci commande d’être convaincu qu’il y a un absolu où tout ce que nous concevons s'écroule, Il est donc nécessaire de comprendre que quelqu’un qui dispose d’une certitude absolue peut se suicider car il est déjà mort. En fait c’est un mort vivant qui ne pourra plus rien apporter au monde, hormis sa destruction, car pour vivre il ne peut développer que la mort qu’il porte.

Il est devenu commun d’entendre certains hommes dire de leurs prochains, «Ils pètent plus haut que leur cul ». Un tantinet vulgaire certes, mais efficace comme définition.

En effet, l’homme en découvrant ses facultés s’est installé en maître du monde, illustre produit de grands nombres de Dieux. Ces mêmes facultés l’ont poussé et entraîné en levant les yeux à comprendre son monde, et décrypter en partie l’Univers qui l’entourait. Bien que Tous nous n’ayons pas encore admis que nous en étions une totale partie en tant qu’Être d’une espèce.

Des hommes ont consacré leur temps à comprendre le fonctionnement de cet Univers, et ils nous ont laissé des traces de leur quête par un savoir se précisant sans relâche.

De telle manière qu'aujourd’hui ces traces nous donnent les ou des clefs pour concevoir y appartenir.

Ainsi nous avons mis en évidence que notre propre existence est régie par des «Règles », et nous ne pouvons plus les ignorer. Leur validité n’en demeure pas moins toujours conditionnée à la compréhension et aux définitions, que nous en avons donné dans la limite imposée par notre condition humaine. Condition humaine qui nous pousse à élaborer un monde que nous croyons maîtriser ; pourtant nous percevons assez exactement qu’il existe un infini objectif auquel nous n’avons pas accès ; du moins c’est comme cela que nous le formulons.

Chacun dispose d’une vision du monde à partir de ce qu’il a appris, retenu, oublié, mal compris, ignoré, imaginé et vécu.

Ainsi avec cet acquis individuel et à la fois partagé, de par notre condition humaine singulière et semblable ; il n’en est pas un d’entre-nous qui n’est pas refait le monde dans les soirées entre amis.

C’est à cela que je me livre, en ayant retenu l’importance du développement de l’intelligence. Je vais essayer de vous faire partager ce que j’ai pu en comprendre sur la base de quelques lois physiques fondamentales connues à aujourd’hui, et que j’ai retenu, pour essayer de vous exposer que nous pouvons développer une nouvelle richesse en rémunérant tout au long de l’existence les hommes afin d’apprendre.

Mon essai sera sous-tendu par ces lois. Non comme des lois qui expliquent tout, mais comme des lois aidant à plus de compréhension, relevant de notre regard et de notre technologie, mais qui ne sont pas indépendantes de notre activité culturelle véhiculant un grand nombre de valeurs mystiques et relatives, issue de nos représentations nées du conflit conventionnel permanent de l’inné et du culturel. Elles offrent le caractère de crédibilité de valeurs scientifiques réfutables, car elles sont traduites dans un langage mathématique universel. Langage qui s’offre aujourd’hui à la critique et qui donne lieu à des débats philosophiques. Langage qui lorsqu’il est décrypté, par l’homme médecine Navajo, le Hopi, le moine Tibétain ou l’Aborigène australien, les introduit dans un paysage de connaissances ancestrales que nous avons estimé barbaresques par ostracisme ethnocentrique.

Je considère donc, que les «Forces ou énergies ou flux» qui composent l’Univers, combinent toutes choses. Toutes choses de ce que nous sommes, et que nous assemblons (et non pas créons qui laisse sous entendre que nous partons de rien), même si nous ne pouvons encore en définir certaines, et peut-être ne jamais accéder à l’indéfinissable.

En conséquence, en observant les lois que nous connaissons de cet univers, il est plus aisé de comprendre ce que nous sommes et faisons. Cet effort intellectuel consiste à s’observer, comme étant ces forces, étant dans ces forces, et étant le produit de ces forces, et non soumis à ces forces. D’une autre manière, si nous considérons que l’univers est la circulation d’une information depuis son origine, nous sommes cette information dans l’information, et produisant de l’information, et non pas seulement soumis à l’information.

La nuance est fondamentale car elle modifie l’image, la représentation que nous pouvons avoir de notre «monde cérébral » à partir du «monde sensible ». Parce que, au lieu d’y être soumis, qui peut être interprété comme une condition irréversible, nous serions sous condition de la connaissance de l’organisation de ces forces, de cette information. Nous serions un Être «conditionnel », conditionné à ce qu’il est capable d’en comprendre.

Quelques unes de ces lois sont :

1° - le deuxième principe de la thermodynamique qui postule que tout va de l'ordre vers le désordre, et la théorie du chaos qui indique qu’il est ordonné par cycle.

2° - le principe de l’incertitude d’Heisenberg, la relativité Générale d’Einstein (qui exclut l’incertitude).

3° - l’état quantique de notre Univers en dilatation (qui inclut l’incertitude) ; réalité d’une information ou produit d’un imaginaire humain. Sujet qui est toujours d’actualité avec « La théorie des super cordes » ou la «supra gravité » (loi potentielle d’unification qui fait toujours l’objet d’études ayant nécessité la construction d’accélérateurs de particules).

Le paradoxe de Schrödinger[1] mettant en évidence une frontière au passage direct entre la mécanique quantique et la matière atomiste et la physique classique, ainsi que la matière organique qui nous compose (comment des informations quantiques peuvent être quantifiées et donner la matière ? Phénomène de «décohérence»[2] , ou, pour nous, don d’ubiquité, pouvoir vivre deux histoires de vie qui n’interfèrent pas).

Le noir cosmologique, dont les chercheurs sont de plus en plus convaincu qu’il est constitué de quelque chose, «Les Wimps».[3]

Je laisse volontairement de côté les ondes électromagnétiques[4] produit de deux théories initialement distinctes que J.C. Maxwell a unifié pour fixer les bases de l’électromagnétisme. Sa théorie a permit d’élucider la nature des ondes radio, de la lumière, des rayons X et Y.

Aujourd’hui nous ne pouvons pas sérieusement penser être tenu en dehors que l’existence de ces lois. (La longueur d’ondes de notre regard nous donne accès à un monde différant des ultras violet ou des rayons X.

C’est en tenant compte arbitrairement de ces lois et en observant que certains de nos comportements s’y conforment, que je pense que nous sommes à la fois des êtres analyseurs et synthétiseurs (des décodeurs et des encodeurs), individualistes et collectivistes.

Des Etres connaissant la difficulté d’accéder à la «synthèse finale », «à la compréhension finale », «aux raisons de cet univers » dont nous mesurons et cherchons les limites. Tout cela, comme nous nous livrons à la recherche d’une loi d’unification citée ci-dessus pour comprendre notre Univers.

Il est donc une évidence pour moi de considérer la distinction que nous faisons entre le naturel et le culturel, comme purement conventionnelle, car cela résulte d’une sensation à considérer que nos innovations donnant lieu à des réalisation échapperaient à la «nature », à ses «forces », parce que nous réaliserions des produits qui supposent d’associer, d’assembler ou de combiner une quantité innombrable de connaissances de découvertes de savoir faire que nous nous transmettons.

Purement conventionnelle, car il n’y a pas «décohérence » entre les deux car cette opposition ne donne pas une valeur nulle, même si nous n’avons pas défini une loi d’unification.

Nous pouvons le comprendre par la capacité combinatoire de l’intelligence associative dont notre cerveau est doté. Et lorsque celui-ci reçoit les informations envoyées par les cellules de notre organisme qui ont enregistré une ou des perturbations de son environnement, notre structure cérébrale commande alors les comportements qui satisferont à cette ou ces perturbations. C’est ainsi que nous donnons corps à toutes choses matérielles ou abstraites par projection de la pensée symbolique, lorsque les événements favorisent leurs émergences en perturbant notre organisme. Dans ce prolongement ayant conscience de la limite de notre regard, et ayant également par des moyens techniques mis en évidence certaines lois, nous ne pouvons pas contester quelles ne soient pas issus d’autres chose que de la perturbation de notre organisme relayé par le cerveau. Y compris des perturbations liées à des événements environnementaux dont nous ignorons tout. Ce culturel que nous définissons, appartient donc entièrement au naturel, parce qu’il se trouve dans l’univers, et que celui-ci le constitue, et qu’il est bien le produit d’une structure inné qui favorise l’aptitude à l’adaptation.

Nous faisons cette distinction parce que notre regard, par sa structure sa forme et sa nature, est limité, et donne au cerveau les images de notre monde sensible[5] que celui-ci redistribuera à tout l’organisme.

Partant de là nos concepts, induit par notre représentation du monde, considèrent comme naturel ce qui est en l’état matériel dans la nature, ou reconnu héréditairement transmissible, ou se manifestant par des régularités observables à notre échelle (la vie, la mort, la pensée, se nourrir etc.…).

Cela relève du fait que, pour exister nous sommes exemptés, dispensés de connaître, de comprendre et d’établir des repères. Des repères de liens de compréhension normalisateurs, régulateurs de l’émergence d’un Homme qui se dit Créateur. Pour exister nous n’avons pas besoin de comprendre notre monde sensible, c’est «l’état que nous qualifions à tort ou raison d’animalier». Également peut-être cela relève-t-il aussi du fait d’une approche eschatologique de l’Homme créé,[6] ou à notre ignorance due à nos difficultés à retrouver, ou à vouloir chercher le « réel » dans l’image que nous en construisons.

Il faut être convaincu pour penser autrement que l’Univers permet toute chose que nous inventons. Telle la voiture qui ne nous paraît pas issue de l’univers parce que nous disons que nous la créons, et ce n’est pas parce que nous réalisons de tels assemblages qu’ils ne sont pas naturels, car tout événement est déterminé par ce qui l’a précédé.

Force est de constater que l’univers autorise des formes bien plus complexes, telle que nous les Humains ou un flocon de neige, dont la structure complexe n’apparaît pas à notre regard. L’univers n’a nul besoin de voiture pour se déplacer, cet outil est inhérent à nos contingences humaines planétaires. Avec une force de gravitation plus faible nous nous déplacerions sans véhicule, où bon il nous semble. Dans de telles conditions, nous n’aurions pas créé de véhicules, les oiseaux n’auraient pas besoin d’ailes, et notre monde serait tout autre, comme il le serait également avec une gravitation plus forte, mais dans ces conditions nous aurions réalisé peut-être d’autres innovations.

Néanmoins, par nous, l’Univers sous-tend ces créations puisque nous la réalisons, et qu’elle est le produit d’un empilement d’événements successifs. Pour autant nous ne naîtrons pas au volant d’une voiture, de la même manière que notre planète n’est pas apparue spontanément.

Bien sûr, en l’état cette voiture n’est pas codifiée dans nos gènes. Elle l’est par contre dans la capacité combinatoire cérébrale projective qui va associer inné et acquis. Elle se transmet par l’apprentissage, et par l’information que nous nous enseignons les uns aux autres pour la concevoir, et détermine d’autres événements. Ainsi à un moment donné les comportements culturels vont enregistrer que cet acquis est une exigence vitale pour la survie de son organisme inné ; c’est tout notre discours sur la croissance.

De telle manière que si nous regardons le culturel comme autant d’essais : C’est à dire que chacune de nos réalisations, dépendantes de nos capacités créatrices (produit de l’univers et non pas de notre cerveau), ne durera qu’en fonction de son aptitude à subsister, comme constante d’un développement, dans un système d’évolution universel dans lequel la culturalité favorise et facilite l’adaptation, l’acculturation, la régression, la progression, ou son suicide (aptitude à une structure d’engendré son autodestruction).

Alors le culturel peut être regardé comme un événement en soi. Événement en soi «que transmet l’Univers » pour assurer la survie de toutes les espèces dans leur ensemble évolutif, à l’exemple du monde végétal, et dont nous ne devons pas être les dépositaires exclusifs.

Par événement en soi, j’entends toute l’activité qualifiée de culturelle qui constitue dans son ensemble un événement global.

Événement capable d’interaction au même titre que l’activité météorologique et l’activité tectonique sont des événements. (L’utilisation du terme culturel devra toujours être interprétée et comprise dans ce sens).

Dans cette perspective, il y a des chances pour que certains de ces essais s’inscrivent dans nos gènes ou dans le substratum qui est à leur origine, ou leur quantum quantique. Ceci si, l’environnement évolutif, le mouvement, la nature, Dieu, la conscience primordiale, l’indéfinissable, l’ordre sous-jacent, la méconnaissance, et quel que soit le nom, que nous lui donnons par nos définitions suivant nos cultures, le retiennent comme une permanence nécessaire à notre adaptation.

Ce processus s’applique également à nos schémas abstraits. Un chercheur américain a soumis des mouches drosophiles à de régulières disparitions de leurs œufs. Les mouches ainsi traitées produisent des œufs plus résistants. Dans nos schémas abstraits soumis aux tensions (stress) de l’existence « exobiotopique » (extérieure à son biotope naturel originel), rien ne nous garanti que notre descendance ne deviendra pas plus résistante ou plus fragile. De la même manière notre évolution technologique nous ayant permis d’échapper aux rythmes biologiques, en fonction de la durée de cette échappatoire une incidence se dévoilera.

Si j’ai pris l’exemple choquant de la voiture, c’est pour souligner que dans notre logique humaine cela est inconcevable qu’une innovation culturelle puisse affecter le biologique. C’est là une partie de notre problème. Nous regardons l’univers avec la logique humaine culturalisée,[7] et nous ne savons pas s’il peut en être autrement.

Pourquoi ?

Parce qu’à l’échelle de la durée de notre vie humaine, il nous est difficile de percevoir ou d’admettre notre développement intellectuel comme une évolution que nous vivons en direct, nous devons là, faire le distinguo important entre, être l’acteur participatif d’un potentiel en émergence et penser ou être l’auteur de sa source

En conséquence, s’il n’y avait pas de corrélation entre des événements, soutenir que le «culturel » est ce qui s’ajoute à la nature, serait avoir trouvé le premier cas d’une non corrélation dans l’univers. Néanmoins, si notre «culturel » n’imprègne pas toujours héréditairement et systématiquement nos gènes, il se reproduit par l’apprentissage[8] comme une régularité dynamique qui affecte notre évolution biologique et psychique (psychosomatique) suscitant cet événement. L’organe ayant en charge la codification de notre monde sensible «culturel », est le Cerveau.

D’une certaine manière, nos sens enregistrent les événements extérieurs qui conduisent à la recherche de toute «nourriture » (au sens d’informations aussi) nécessaire pour permettre au cerveau de concevoir ce dont nous avons besoins, en réponse aux informations intérieures qui commande à notre organisme de vivre.

Cette distinction conventionnelle du culturel s’appuie aussi sur le qualificatif d’apprentissage donné à une fonction. Cette fonction qui consiste à se communiquer, s’enseigner l’usage de nos aptitudes[9] stimulées par les événements environnementaux. L’inverse signifierait que de manière instinctive nous portions tout notre «futur, avenir » déjà élaboré, déterminé dans notre inné primitif.

Ce futur l’est certainement, mais sous une autre image, une idée autre que notre vision de la destiné soumise aux erreurs de la définition de nos projections.

Il l’est, mais caché pour notre compréhension. Nous devons pour le comprendre, le décrypter, réunir et assembler les pièces détachées de «la connaissance et du savoir » que nous découvrons.

Nous en prenons conscience au fur et à mesure en sélectionnant les pièces de ce puzzle qu’est la vie, même si la pièce théâtrale finale est jouée (la mort).

Ce futur, nous le portons dans la capacité de modélisation du plus petit élément infinitésimal qui, associé à d’autres donnera la perception de l’image future, même si nous savons que le futur n’est qu’une capacité de projection cérébrale. Futur dont la réalité repose sur la perception du temps en fonction de la vitesse à laquelle tout se déplace, suivant trois flèches, celle thermodynamique (sens dans lequel l’entropie croît), psychologique (direction suivant laquelle nous sentons le temps passer), cosmologique (direction du sens dans lequel l’univers se dilate). (Une brève histoire du temps. Pp.185 à 197).

Soutenir que le «culturel » s’ajoute au naturel, c’est comme si nous considérions qu’étaient culturelles toutes les associations auxquelles donnent corps les «particules élémentaires» en mécanique quantique. Ne comprenant pas la loi d’unifications qui les unis, nous dirions quelles s’ajoutent aux autres particules.

Issue de cet assemblage, notre planète serait donc du «culturel », par conséquent, nous serions donc du «culturel » produisant du «culturel », ou plus justement de l’information produisant de l’information. Une information qui se différencie par des fréquences ondulatoires. Ainsi, si notre vision se faisait au rayon X, nous ne serions que des os s’articulant activement, et pourtant la matière organique qui les enrobe est bien existante. Dirions nous alors que les perceptions du squelette, qui ressent les conséquences de la matière organique qui l’enrobe mais qu’il ne voit pas tout en la supputant, sont culturelles. Par exemple une vision squelettique qui constaterait la perte de son bras, conduirait inévitablement à la mort de l’être vivant squelettique, puisque ce dernier ignorerait tout de l’hémorragie due à la circulation sanguine qui se serait produite entraînant le décès du squelette. Nous pouvons donc comprendre qu’au-delà de notre perception actuelle, notre organisme puisse contenir des informations qui ne nous sont pas perceptible, mais que nous supputons en essayant dans donner une définition produite par ce que nous sommes, qui inclus forcément celles que nous ignorons mais qui nous affecte, et constitue l’incertitude et l’aléatoire de l’existence.

De plus, si les «particules » n’ont pas besoin de bibliothèque (d’apprentissage) pour créer des galaxies, peut être qu’un jour, dans notre évolution, nous pourrions également nous en passer.

Naturellement il n’est pas inconcevable de soutenir qu’une partie de l’activité humaine puisse se qualifier de culturelle, pourvue que cette définition ne conduise pas à une dissociation de l’être, et que nous n’en faisions pas une aptitude déifié, alors qu’elle n’a qu’une origine animale, voir bactérienne.

La question reste ouverte en disant que le culturel est un «événement en soi ».

Il me paraît évident, et c’est là ma réponse, que nous ne couvrirons pas la planète de béton, de voitures, et de produits toxiques. Cela, à cause d’une mécanique qui nous échappe et par laquelle se manifestent toujours des êtres plus «intelligents » que d’autres, pour jalonner leur époque[10]. L’époque des scientifiques de toutes nations est proche, et ils ne resteront pas éternellement alarmistes (naturellement je ne pense pas à ceux qui suivent leur maître financier ou idéologique). Ce n’est pas là la marque du hasard, mais celle d’une espèce dont l événement culturel génère ses propres éléments devant concourir à son évolution, parce que toute cellule qui prolifère produit des déchets qui entraînent sa destruction, si elle ne reçoit rien de l’extérieur ou n’est pas capable de se transformer.

Comme tout événement, «le culturel », événement en soi, déterminera le sien, et à la richesse matérielle en succédera une autre. Il ne peut en être qu’ainsi en raison du deuxième principe de la thermodynamique appliqué à notre système. (Un système évolue de manière irréversible, quel que soit son état initial, quand il tend toujours vers le même état final unique, et fixe une direction d’évolution qui ne peut être inversée sans intervention extérieure au système.

Par exemple, un corps chaud mis au contact d’un corps froid : la chaleur ira spontanément vers le corps froid de manière irréversible jusqu’à l’équilibre.

Alors, peut-être que ce successeur du Cro-Magnon n’aura pas besoin de bibliothèque, sous réserve que son prédécesseur ait su gérer l’abondance et son développement, ait su gérer l’événement Culturel, car c’est là, une de nos limites actuelles.

En conclusion, la notion de culturel ne sert qu’à distinguer les innovations humaines, et ne présuppose pas de leur innocuité à interférer sur l’espèce, et doit après compréhension être replacé dans son ensemble.

Le «culturel » n’est donc pas séparé des lois fondamentales qui nous régissent, et si toutes nos innovations se concrétisent, c’est qu’elles existent en tant que «Forces, Flux, Énergies ou informations» [11].

Partant de là, tout ce que nous imaginons existe en potentialité dans le temps, en puissance d’être, dans le déroulement de l’expansion. Cependant, la forme sous laquelle nous concevons aujourd’hui nos innovations, n’est pas obligatoirement celle qui sera, car nous sommes limités en tant qu’être par notre matérialité présente s’exprimant dans des langages réducteurs. Matérialité présente en constant devenir (le devenir / l’évolutionnisme).

L’inverse, pour nous, signifierait la capacité de créer ou maîtriser des «Forces, Flux Énergies ou informations ». Elles situeraient l’Homme au-dessus de l’Univers (l’obsession de la toute puissance). Un Dieu, un supra humain, un Être n’existant que par sa «pensée », ou le qualificatif que chacun voudra lui donner.

Pourtant, la seule possibilité d’imaginer ce concept signifie qu’il existe en potentialité d’être, mais pas forcément sous la définition que nous en donnons.

Potentialité d’être, puisque nous l’imaginons, sous-tendu par une réflexion construite ou non, et issu en tout état de cause de ce que nous appelons l’indéfinissable[12].

Ceci dans un raisonnement infini, où il est nécessaire d’accepter des postulats invérifiables, avant d’en arriver à des exactitudes expérimentales (réfutables). Je dis cela, parce qu’issu du Big-bang, ou d’un quelconque dieu nous sommes le résultat des «sa source originelle ».

Toute notre activité cérébrale, que nous observons, par la psychologique, la psychanalyse[13], et essayons d’en comprendre les mécanismes par les neurosciences, bâtit les raisonnements dont la preuve de leur exactitude ne dépend que de la «raison ». Une raison qui nous fait considérer la vérité comme la non-contradiction d’un système de jugement, comme la contradiction des opinions, comme la régression à l’infini «prouve ta preuve », comme postulat invérifiable, comme «un cercle vicieux » (le di’allêlôn : Les uns par les autres), comme opinion relative, comme vérité expérimentale, comme herméneutique (sens caché). Toutes formes de vérité que nous utilisons à notre convenance pour justifier nos innovations.

Pourtant, toutes nos innovations (comme nombre d’essais) ne favorisent pas le développement de l’espèce pour autant. Et quelles que soient les échelles de valeur que nous leur appliquons, et leur appliquerons, nous n’avons, et n’aurons que la possibilité d’un choix restreint, choix restreint dans toutes les innovations « Culturelles » que l’Univers sous-tend par l’évolution, ou la Création pour les croyants.

Choix restreint, puisque celui-ci est dépendant de la réduction de la méconnaissance de toutes les associations possibles d’informations que nous ne serons peut-être jamais en mesure de connaître sur notre planète. Bien que nous puissions le comprendre, et évaluer certaines de ces associations grâce au travail des scientifiques, et de ceux qui dans les sociétés ancestrales avaient compris la même chose sans disposer des moyens d’une vérification techniciste. Toutefois, ce travail des scientifiques n’est qu’une mesure, elle aussi limitée par notre psychique, notre technologie et «l’infini ».

Einstein a dit : «La nature ne nous montre que la queue du lion. Mais il ne fait aucun doute pour moi que le lion à qui elle appartient est au bout, bien qu’il ne puisse se montrer tout d’une pièce à cause de son énorme taille ». [14] Si bien, que d’une certaine manière notre existence se déroule par défaut.

Ainsi, chaque fois que nous définissons un concept pour expliquer l’indéfinissable. Ce concept défini entre dans ce que j’appelle l’indéterminé. Un indéterminé que nous parvenons à préciser par des théories, lesquelles entrent à leur tour dans les divers degrés de l’incertitude. Cette incertitude a pour principe, qu’après la conceptualisation d’une théorie, nous ne pouvons être assurés que ses éléments dans le «temps » trouvent la place que nous leur avons imaginée. Également, qu’ils resteront ce qu’ils sont, à la place où nous les avons mis ou observé.

Cela, du seul fait que l’Univers est en mouvement, et si ceci pouvait échapper au regard du primitif, cela ne peut plus l’être au notre.

Nous sommes dans ce mouvement et en mouvement, et durant ce laps de temps d’autres événements interviennent ou se modifient. Ces événements se produisent entre autres dans une logique issue du deuxième principe de la thermodynamique.

A savoir, qu'il impose que tout va de l’ordre vers le désordre et se ré associe dans un nouvel ordre, et ainsi de suite. Le Tout, dans un mouvement en dilatation comme caractéristique d’une stabilité.

Univers dans lequel, les chercheurs espérer découvrir un ordre sous-jacent, ou imaginer que notre Big-bang ne sera pas unique ou encore toutes les autres hypothèses émises par les scientifiques concernant l’univers (plat, courbe, chiffonné, bulle, l’existence supposée de sept autres forces, l’étude des trous noirs etc. (sources revues Science et Vie), et en arriver finalement et heureusement à une interrogation philosophique : et si notre univers n’était que le produit de notre structure cérébrale qui relie toutes nos cellules.

Par indéfinissable, j’entends la question : «Pourquoi ? ». Avec comme réponse : « je ne sais pas ! ».

Par indéterminé, j’entends : imaginer une réponse à la question.

Par incertitude, j’entends : posséder une réponse temporairement vérifiable.

Par exemple : supposons que j’ignore à quelle température l’eau bout ? Je me pose la question pourquoi l’eau bout ? J’imagine mesurer l’ébullition. Je vérifie qu’elle bout à 100°à 76 millibars, à plus de 76 millibars elle bout à plus de 100°, à moins de 76 millibars elle bout à moins de 100°.

Dans cet exemple l’élément incertain est la pression. Si je n’en avais pas connaissance, en affirmant que l’eau bout à 100° j’aurais établi une fausse régularité, car il y a des situations où cela est inexact, qui aurait généré de faux schémas aux effets certains.

Ce postulat sera vrai tant que les éléments qui le constituent seront stables. Dans notre mode de fonctionnement, cette même incertitude nous permet d’espérer. D’espérer trouver une réalisation aux concepts que nous élaborons, lorsque nous parviendrons à en définir les déterminants qui les composent. Leur définition réduira l’indétermination de ces concepts, dans la limite de ce qui nous apparaît toujours indéfinissable.

Notre monde est un mouvement. Un mouvement qui va du désordre à l’ordre, et de l’ordre au désordre. De l’indéfinissable vers l’indéterminé, puis vers l’incertitude avec un certain degré de stabilité cyclique. Aussi, en retour, l’incertitude est produite par l’indéterminé qui est issu de l’indéfinissable. De sorte que chaque innovation est vouée à se réorganiser, et chaque réponse fait apparaître une question qui oblige à se reconstruire.

De plus, ce mouvement est à la base de toutes nos difficultés pour saisir notre monde sensible. Il nous est alors indispensable pour appréhender ce mouvement, d’élaborer des repères et d’établir « un ordre humain» que nous voulons stable, générant des échelles de valeur de compréhension, mais il ne peut être que des jalons ouvrant de nouvelles voies. L’exemple le plus probant est l’interprétation de nos rêves pollués par nos définitions des événements, où ce qu’ils racontent n’est pas le produit de l’image que nous en percevons au réveil.

En conclusion, «Les forces, flux énergies ou informations», qui composent l’Univers et Nous-mêmes, ne valent que dans la mesure où il y a un mouvement. C'est donc ce mouvement qui paraît être la clé de toute création et vie de systèmes simples et complexes.

Beaucoup d’hommes pour comprendre notre monde ont développé des théories philosophiques. Certains ont mis l’accent sur l’expérience : le Positivisme instrumental ; le Positivisme (d’Auguste Conte) ;

D’autres sur l’objet : «l’Etre est, le Néant n’est pas » (Parménide) ; Le Réalisme (Démocrite, Newton) ;

Les Empiristes, (Locke, Hume) ;

Le Réalisme faible et fort ;

Le Dualisme (Descartes) ;

Le Monisme ;

Le Matérialisme (Epicure, Holbach, la Mettrie, Hegel, Marx) ;

Le Spiritualisme (Leibniz) ;

D’autre encore sur la relation : « Tout s’écoule » (Héraclite) ;

Le Solipsisme : «Je pense dont je suis » ;

L’idéalisme (Platon) ;

Les rationalistes (Kant) ;

Puis d’autres sur le «Tout », l’Holisme (David Bohan, Ervin Laszlo).

Pour beaucoup d’entre eux l’univers quantique n’existait pas, et ils ne pouvaient imaginer que la matière et l’esprit étaient composés des mêmes «Forces, Flux, Énergies et Informations. » Ils ne pouvaient tenir compte du fait que la réalité matérielle, et la réalité spirituelle pouvaient être définies par les mêmes (forces, énergie, flux, informations.)

Ainsi, ils n’avaient raison que dans leurs certitudes, qualifiant de substance, selon le cas, ce que nous appelons aujourd’hui «particules », qui en s’associant véhiculent aussi bien la lumière que notre propre corps.

Ces particules, entre cent et deux cents de masse faible, d’autres plus massive, en nombre infini, possèdent une valeur. Elles pourraient tout aussi bien dérouler leur existence dans l’univers, indépendamment les unes des autres, si un ordre sous-jacent ou une interaction ne leur permettait pas de s’associer. Je pense, au-delà de la recherche sur les théories d’unification, au mystère du Noir qui enveloppe l’Univers, et qui demeure une énigme du cosmos.

Il nous est devenu commun de voir des chercheurs se pencher sur le fonctionnement de l’univers. Ces chercheurs disent qu’il est apparu d’un Tout, le Big-bang, et nous ne le contestons plus, sauf les nihilistes, même si cela ne répond pas à toutes nos questions, et que nous sachions qu’il y a un seuil où toutes s’écroulent.

Des questions ! Nous n’avons que cela dès notre naissance. Une particulièrement récurrente : «sommes-nous des individualistes ou des collectivistes » ? Lorsque nous nous observons, la controverse est vive entre les tenants de l’individualisme, et les collectivistes.[15]

En conséquence, nous nous soumettons toujours à cet antagonisme organisé autour de ces concepts, de cette dualité, nous imposant toujours de devoir choisir entre l’un ou l’autre.

Pour peu bien sûr, que nous nous efforcions d’observer ce que nous connaissons de l’Univers, nous y observons alors schématiquement, que la valeur générique de chaque particule ne vaut que par ses propriétés lui donnant sa capacité à s’associer à d’autres, et ainsi donner corps à des créations.

De même pour nous, l’individualisme n'a de valeur que par sa personnalisation lui donnant sa capacité associative interactive, sa capacité à s’associer dans un «collectivisme fractal» [16] (globalisation) qui favorise le développement individuel pour s’en enrichir. Nous ne serions, ni individualiste ni collectiviste, mais une «structure interactive»,[17] dont l’holisme est la plus proche et insuffisante définition, car il peut inclure l’analyse individuelle. Objectivement, tous nos comportements vont en direction des autres, sont induits par les autres, car notre valeur n’a de valeur que si elle peut être observée, reconnue, et ainsi trouver son espace ou un espace temporaire dans une association.

C’est l’existence de la communauté de ses semblables qui fait de chaque homme un Être conscient.[18] Il n’en découle pas pour autant, comme étant une évidence, la conscience de l’espèce.

Cette «structure interactive » nous poussant à l’association, chacun d’entre nous la possède comme si nous étions enveloppées dedans, à l’exemple du Noir cosmologique enveloppant notre univers.

Comparativement, ce serait soutenir que seul les organes de notre corps sont essentiels, tandis que d’autres diraient que c’est l’enveloppe humaine qui l’est. Les organes, aussi essentiel qu’ils soient, sans une structure de liaison, ne donneraient pas plus un Homme que des bouts de ferrailles mises côtes à côtes donneraient une voiture. Souvent il est difficile de percevoir les évidences les plus simples.

Ce que nous sommes, n'aurait de valeur que par la «structure interactive» qui permet l’association : serait-ce pour l’homme en voie d’hominisation «Le Culturel événement en soi» ?

L’absence d’une théorisation d’une loi générale sur cette «association interactive » conforte l’idée qu’elle n’existe pas. De même que celles théorisées durant plus de deux mille ans sur Le Noir du cosmos, excepté, si nous considérons que l’association est seulement motivée par la procréation. Toutefois, dans ce but ci, nous n’avons pas besoin d’une structure cérébrale aussi élaboré, hormis, si elle doit concourir à l’élaboration d’un «Etre nouveau »…non par prédestination mais par synergie cinétique.

Naturellement, se regarder sous un aspect mécaniste froisse notre ego, tant notre affect est puissant. Pourtant, si nous partons du principe que l’enveloppe de notre corps mérite les soins que nous lui apportons, sa fonction essentielle réside dans sa faculté d’associer l’ensemble des informations qu’elle reçoit : analyser et synthétiser, décoder et encoder.

Et dans quel but ?

Procréer certainement !

Mais aussi, repousser la mort !

Deux motivations qui en génèrent une troisième que nous nous refusons à vouloir regarder, celle de tout organisme apte à produire sa capacité régulatrice, qui n’est pas seulement la chaîne alimentaire.

Différer la mort sur une planète où nous n’avons aucune chance de vieillir paisiblement, au milieu des risques représentés par les autres espèces ou d’autres organismes (viral microbien etc.). Des risques que représente aussi la vie de notre espace terrestre (glaciation, réchauffement, dérive des continents, percussion d’astéroïdes, risques météorologiques), et des risques Culturels (accident et organisation de la violence.)

L’apprentissage pour chacun d’eux permet d'accéder aux choix utiles, reculer l’échéance mortelle d’un ultime but énigmatique, la mort.

Un apprentissage n’ayant pas que des adeptes. En particulier les obscurantistes d’hier et de toujours s’opposant à toutes les études de la connaissance de notre création et évolution, par crainte des réponses scientifiques. Heureusement, pour des chercheurs la science n’est ni une éthique ni une religion ni une affaire d’argent, mais un questionnement. Une recherche demandant une haute conscience Humaine, nécessitant des précautions quand elle nous concerne, et nous pouvons la résumer en une question : Pourquoi ?

J’ai utilisé pour réaliser cet essai les ouvrages des auteurs qui ont eu la volonté de vulgariser leur savoir, pour apprendre ce que n’a pas pu m’apporter l’enseignement général. Mais il m’a donné les moyen de comprendre les choses complexes que d’autres écrivaient dont la liste figure en bibliographie, et particulièrement : James Gleick (journaliste scientifique au New York Times) expose dans son ouvrage «LA THEORIE DU CHAOS » l’origine de cette théorie, les divers aspects qu’elle ouvre à la connaissance classique du monde, les explications de bien des phénomènes naturels qui étaient demeurés totalement incompréhensibles, et qui se sont révélés gouvernés par un ordre dynamique (cycles).

Werner Heisenberg (physicien) dans : « LA PARTIE ET LE TOUT » apporte des idées essentielles à la théorie de la mécanique quantique[19], en particulier ses fameuses relations d’incertitude, et raconte ses souvenirs professionnel et humain ;

Robert Shapiro (professeur de chimie et spécialiste de recherche sur l’ADN), dans son ouvrage «L’ORIGINE DE LA VIE », met l’accent sur la difficulté de saisir l’origine de la vie par l’étude seulement de l’ADN. Il dit que la réponse à la question : «comment est apparue la vie », est : «Je ne sais pas. » Mais qu’en apprenant de plus en plus sur les phases les plus reculées de l’évolution de la vie, tout se résumera à un «sourire », [20] «un principe de complémentarité structurelle entre sous unités monomères».

Stephen Hawkins, (cosmologiste et physicien), vulgarise dans «UNE BREVE HISTOIRE DU TEMPS », par un langage simple et compréhensible les grandes théories de Galilée et Newton, en passant par Einstein et Poincaré. Il en est de même pour ses travaux, comme ceux sur la recherche d’une théorie unitaire combinant la relativité générale et la mécanique quantique[21], du Big-bang aux trous noirs ;

Murray Gell-mann, à écrit «LE QUARK ET LE JAGUAR » ou aventure dans le simple et le complexe. Professeur émérite au California institutes de Technology (Le Caltech) expose de manière précise ce qui relie la physique des particules aux objets de notre quotidien et comment se déploient les interrelations des systèmes, des plus simples aux plus complexes, de la résistance des bactéries aux antibiotiques à l’enfant qui apprend à lire, comme de la formation des galaxies à celles des différentes cultures ;

Edgar Morin (philosophe) dont «LA COMPLEXITE HUMAINE » retrace l’essentiel de la pensée Moricienne. Dans un ouvrage présenté par Heinz Weinmann, Edgar Morin expose l’homme dans toute sa complexité mise à nu à la lumière des connaissances contemporaines. Son œuvre conserve l’espoir que la connaissance permette une réforme de la pensée ;

Pierre Daco, (psychologue et psychanalyste membre de l’institut international de psychothérapie et de psychologie analytique). Au travers de, «LES VOIES DE LA NOUVELLE PSYCHOLOGIE » Pierre Daco mentionne l’appel vers la psychologie que provoque notre monde en mutation. Un monde dans lequel les anciens critères sont en voie de disparition, et il espère dans les nouvelles générations «les cadets». Des cadets qui, plus et mieux éduquées du savoir fondamental de ce que nous sommes, pourront développer une société plus épanouie grâce une nouvelle éducation, afin d’échapper à notre monde névrosé, qui développe la culpabilisation ;

Edwards Harrison (professeur de physique et d’astronomie à l’université du Massachusetts). Dans son ouvrage, «LE NOIR DE LA NUIT », relate l’histoire de cette énigme du cosmos qui passionne toujours le monde des chercheurs, et qui est selon lui, «une lumière, autrefois brillante, disparue dans le refroidissement de l’expansion cosmique, et transformée en ténèbres infrarouges invisibles à l’œil nu ».

LA PLUS BELLE HISTOIRE DU MONDE, les secrets de nos origines co-écrit par Hubert Reeves, Joël de Rosnay Yves Coppens et Dominique Simonnet, dont j’ai retenu la question cruciale en guise de conclusion. «Sommes-nous prêts à coexister avec notre propre puissance » ?

En conclusion, dans cet essai je veux tenter de développer la nécessité qu’a notre espèce de devoir d’apprendre, au-delà du présent, sans s’écarter des pratiques de notre monde mercantiliste actuel, en raisonnant en un Tout comme nous le propose notre cerveau au quotidien. Bien que nous le censurions par culture.

Si des sophismes m’ont échappé, ils n’ont pas pour vocation d’induire le lecteur en erreur, car ils se situent au-delà du regard conventionnel que nous portons sur notre monde, analysé par champs, sérié, chacun dans sa spécialité.

Il est également important de retenir que notre intelligence ne peut découvrir que ce qu’elle comprend, et ce que j’ai compris de notre Univers, je l’illustre dans le poème qui suit.

Aux pionniers de l’univers.

Poussières d’étoiles.

Poussières d’étoiles et d’éternité.

Photons de lumière de ma vie passée.

J’ai sorti les hommes de l’obscurité.

En brodant un voile pour les protéger.

Ils ont tissé des dentelles avec des crochets.

Pour réunir des atomes à satiété.

Poussières d’étoiles et des temps glacés.

Le bing bang s’éclate pour me réchauffer.

J’ai offert aux hommes une singularité.

Le saphir d’un disque galactique à souhait.

Ils ont accordé des champs d’ondes pour s’envoler.

D’une portée de lune ils vont s’élancer.

Poussières d’étoiles et de la pensée.

Dans le grand désordre je me suis éveillé.

J’ai poussé les hommes vers la destinée.

Dans une pièce boréale de diversité.

Ils ont nommé les planètes comme il leur plaisait.

Fait du soleil leur maître le temps d’une journée.

Poussières d’étoiles et de l’indéterminé.

Le temps de trois flèches pour me dilater.

J’ai donné aux hommes l’illusion d’exister.

En faussant les cartes de leur volonté.

Ils ont fait de grands cirques pour s’identifier.

Marché sur la tête pour se rassurer.

Poussières d’étoiles et de l’humanité.

Avec un cœur quantique bien mécanisé.

J’ai des super cordes pour m’harmoniser

Des trous énormes noirs de densité.

Ces cueilleurs d’étoiles m’ont appelé l’Univers.

Honneur dérisoire à un indéfinissable voyageur.

Né de la poussière et d’éternité.

Particule élémentaire dans des temps glacés.

Né de la poussière et de la pensée.

Gluons colorés dans l’indéterminé.

La poussière d’étoiles que les hommes ont observée.

Sera peut-être un jour « la » guide de l’humanité.

LE DEVOIR D'APPRENDRE : UN MARCHE DE L’INTELLIGENCE

Parce que l'existence n'est qu'un long apprentissage jamais achevé, et il en découle de constants efforts nécessitant une forte motivation. Son utilité cachée ne se dévoile jamais de prime à bord, sauf pour ceux qui ont la clairvoyance d'entre voir leurs insuffisances, ou faire appel pour leur réflexion, à un Savoir et des connaissances qu’ils avaient jugées en un temps superflu.

Pourquoi apprendre, équivaut-il à pourquoi l’on vit ?

A cette interrogation «pourquoi vit-on », la première réponse venant à l’esprit, peut être d’ordre physiologique : pour se reproduire.

Telle fut la conclusion d’un chercheur américain qui consacra 10 années de sa vie à rechercher si l’être humain avait une mission supérieure à accomplir sur cette planète. Personnellement je dirai, d’abord pour apprendre à vivre, et ensuite pour continuer à vivre.

Néanmoins, cette interrogation demeure et nous habite à divers degré, avec pour réponse des conceptions individuelles et collectives divergentes.

La plus répandue au monde demeurant celle en la Création, avec comme finalité, une existence immortelle dans un lieu intemporel auprès d’un Dieu indescriptible. Cependant, aujourd’hui le lien entre ce questionnement et ce qui l’induit est rarement fait, tant il nous paraît normal que la réflexion va de soi avec notre existence, qu’elle soit considérée immanente ou transcendantale ; même en essayant d’en comprendre les éléments physiologiques et biologiques qui la sous-tendent.

Cette même réflexion a conduit bien des hommes au paradoxe d’en arrêter le cours par leur notion de création et de transcendance, et d’autres d’en rechercher l’origine par celle d’immanence.

En conclusion, c’est bien à partir de cette capacité de réflexion reposant sur la connaissance et le Savoir emmagasiné, que nous tentons d’apporter une réponse, à la question, «pourquoi vivons-nous » ?

Mais en nous observant réfléchir, nous ne pouvons que constater que cette réflexion dépend de ce que nous avons appris. Pourtant cette capacité réflexive c’est élaboré au fil du temps par l’apprentissage. Au fil du temps, d’instinctif l’apprentissage est devenu initiatique, pour atteindre aujourd’hui une prétention scientiste et, si nous nous demandons «pourquoi nous apprenons », nous découvrons autant de réponses individuelles que collectives. Toutefois dans l’immédiat nous devrons nous contenter de l’explication de ce chercheur américain dont j’ai oublié le nom : « parce que nous sommes conçus pour cela. »

Il appartient donc aux hommes de faire fructifier cette faculté réflexive par l’appris, et je propose pour cela la mise en place d’un enseignement rémunéré tout au long de l’existence ; et cela ne dépend que de nous. Mais cela suppose de s’être construit une approche de l’existence que je vais vous faire partager.

Dans le monde animal pour dominer, nul besoin d’avoir une intelligence n’égale à la nôtre. Néanmoins, d’une situation similaire et concurrentielle dans laquelle nous devions nous protéger éventuellement d’espèces plus fortes[22], nous sommes devenus l’espèce hégémonique par excellence.

Cela, grâce à notre cerveau associatif qui nous permet de percevoir les perturbations que reçoit notre organisme, et d’y donner la réponse comportementale qu’il génère. Ainsi nos prédateurs sont devenus si petits qu’il nous faut désormais l’aide d’un microscope pour les apercevoir.

Je pense particulièrement à certains virus qui sont des organismes « vivants » en quête de nourriture, et dont nous sommes à la fois l’habitat et le garde manger ; et qui ne sont pas la main céleste punissant d’une vision théologique, ou celle de l’ignorance qui les qualifia de tabous et leur éleva des totems (culte des morts lié à la contamination, interdiction de le toucher, quarantaine etc.).

Entre ces deux clichés, c’est ce que nous avons su apprendre, analyser et faire prospérer à divers degrés, qui font la différence, et nos motivations interviennent comme freins ou accélérateurs.

Il faut donc savoir que la structure de notre cerveau fonctionne d’une manière globale et incessante en dehors de notre volonté. Il traite les stimulus de l’information les maintenant dans le cortex préfrontal en les classant dans des «bassins ou des fosses plus ou moins profondes », en interrelation avec la totalité du cerveau, dans une permanence de réajustement de l’information.

Ensuite, d’une manière instantanée, dite par analogie, nous nous référerons à ce stock d’informations, stock qui sert également à son traitement par la réflexion dite cognitive, qui le complète à son tour. Nous perdons également d’une manière consciente de l’information, l’oublie, que nous retrouvons parfois de manière inconsciente au cours du sommeil, le rêve.

Ces milliards d’informations garantissent ainsi à chacun d’entre nous par l'usage de son raisonnement, qu’il sera toujours unique et semblable. Toutefois, au-delà de cette approche «mécaniste », [23] le mystère de la pensée demeure pour expliquer les effets psychologiques dénommés «psyché, ipséité, âme, conscience primordiale ». Leurs noms ne varient que suivant les philosophies, les cultures ou les croyances, pour qualifier une observation dont ils ignorent la structure qui l’organise. Tout comme la neurobiologie se heurte par exemple, à l’ignorance du phénomène qui guide les dendrites pour aller chercher ou recevoir l’information dont l’émotionnel et le cognitif ont besoin, afin d’assurer les connexions des synapses.

En conséquence notre raison se construit ainsi, en ayant au préalable assimilé et emmagasiné tout au long de notre existence, des milliards d’images, des milliers de concepts et de stratégies, en ayant appris. Mais la réponse de notre raison ne sera que celle que notre structure cérébrale lui aura ordonné et que nous croirons être le choix de notre libre arbitre.

Néanmoins l’on peut apprendre et ne pas s’interroger. Élaborés au fil du temps, l’apprentissage de notre savoir et de nos connaissances accumulées ont débloqué grâce à notre réflexion nourrie d’informations, des verrous imposés par des schémas sacralisés et sanctifiés. Non que ces schémas structurels fussent faux en fonction des connaissances en vigueurs aux moments de leur élaboration, mais les défauts qu’ils présentaient, consistaient dans leur certitude affichée d’empêcher l’homme de s’interroger. Néanmoins, notre interrogation débridé en a développé d’autres qui comportent les mêmes blocages, les mêmes odeurs sanctificatrices, dont les clés se trouvent toujours dans l’apprentissage, et ainsi de suite. De telle manière que s’interroger ne peut pas se faire sans présenter des risques, comme celui de mettre à mal le fait moral constitutif du groupe.

En effet, si le « fait moral »[24] est fixé par une règle de conduite sanctionnée, «Le sacré » ne sont que des règles de conduite élevées au-dessus des autres, revêtant un caractère immuable, élaboré par historicité du fait religieux, ou la conscience constitutive supérieure du groupe (État), qui renforcent la conscience individuelle, et ne supportent aucune contestation, ni interrogation, ni doute, et organise d’autorité la Connaissances le Savoir, et la sociabilité.

Aussi, suivant la réponse que nous apporterons à «comment je vis ? » Nous nous interrogeons sur «pourquoi j’apprends ? » et réciproquement.

…pour notre usage…

Mais s’interroger et apprendre pourquoi faire ? Compte tenu de sa longévité l'humain n'est pas une espèce éphémère ni un procréateur in fine, même si la procréation demeure sa fonction première, de la même manière qu’elle régule la prolifération de toutes les espèces.

Si bien, que devant l’accroissement de sa longévité l’usage que nous ferons de notre apprentissage dans nos relations sociales, notamment par la production de biens, affectera notre régulation. En effet, nous pouvons observer une plus forte dénatalité dans les pays riches[25] et une politique anti-natalistes dans d’autres ; mais il est également important de comprendre qu’une société où l’espérance de vie s’accroît modifie de fait ses relations affectives et socio-économiques.

Aussi, si l'apprentissage n'est pas exclusif du bonheur, il l'est de la qualité de notre existence humaine ; et personne aujourd’hui n'envisage un retour vers l'âge de pierre, tout en envisageant plus probable notre auto- destruction (nucléaire et autres).

En conséquence l’usage que nous faisons de l’apprentissage n’est pas anodin, il fixera les projets d’existence. Ainsi quand l’espérance de vie est de vouloir frôler l’immortalité, il est plus probant d’avoir un projet d’existence qui ne soit pas de s’exterminer.

…harmonieux...

D’autant plus que la planète nous ignore. La planète, elle, se moque éperdument de notre existence, que nous soyons ignorant ou génie, que nous vivions ou que nous nous exterminions, que nous lui fassions un trou d'ozone ou que nous la réchauffions. Elle s'est créée sans nous, et mourra de même.

II y a deux cent mille ans, la planète vivait sans nous ses transformations terrestres. Aujourd'hui notre activité humaine y contribue, et c'est en cela qu'il y a aussi un devoir d'apprendre pour harmoniser, non seulement notre propre existence, mais également celles futures à l’univers auquel nous sommes rattachés. Un univers auquel nous ne pouvons échapper, dont aujourd’hui nous connaissons certaines de ses lois qui nous conditionnent ; lois et Univers auquel je me référerai régulièrement.

Par harmoniser[26] j’entends, prendre conscience qu’il n’y a pas de «Paradis » à trouver et à conserver sur une planète condamnée, et peut être pas plus ailleurs. C’est cette prise de conscience là, qui peut être un événement fondateur de notre développement vers un inconnu ; ce qui n’empêche nullement le bonheur par la suppression de la souffrance.

Ainsi peut-être, parce que nous ne chercherons plus ce «Paradis » c’est alors qu’il apparaîtra, car nous aurons pris la mesure de ce que nous sommes pour élaborer des «paradis » humains accessibles, grâce à la connaissance que nous découvrons des «lois » qui régissent notre Être, notre monde et notre Univers.

Lois qui nous permettent déjà de comprendre ceci : Si nous avions la capacité de suivre le déroulement de nos actes dans leurs plus petites unités, nous nous rendrions compte qu’ils interférent sur chacun d’entre nous, et que dans les règles que nous avons définies pour la recherche de la source nourricière ou l’affirmation de soi, nous nous auto nuisons.

Quand dans notre ordre actuel nous sommes conscients de ces nuisances réciproques, nous établissons des règles punitives. Si bien qu’avec une telle approche, si chacun avait la connaissance absolue de l’incidence de nos actes au quotidien, nous sanctionnerions les Hommes du monde entier, car il y a toujours un acte juger nocif qui interfère sur un autre. Heureusement nous n’avons pas une perception consciente aussi élaborée, de telle manière que celui qui nuit, de fait ne le sait pas, tout comme celui à qui nous avons nui l’ignore. C’est seulement notre intelligence qui nous permettra de saisir ces interrelations complexes, car notre existence n’a d’importance que pour nous, et nous devrons nous « harmoniser ».

Comme nous en prenons conscience de plus en plus, et il me paraît donc évidant, que notre organisation punitive et méritocratique actuelle ne peut pas conduire à une harmonie, car elle maintient seulement nos ordres actuels, qui malgré les règles punitives se réformeront.

Théodore Monod en disait : «La terre est un jardin bordé de nuit. Tels des aveugles nous avançons, mais sûrs de nous, fiers, cruels, consommateurs, assoiffés de profit. Moderne ? Que restera-t-il à nos enfants de cette oasis si humaine ? Seront-ils seulement là pour contempler nos méfaits ? »[27]

…et vivre parce que nous existons.

Nous utilisons donc notre cerveau, pour apprendre et nous interroger, pour notre usage harmonieux, afin de vivre parce que nous existons. Et comme exister exige de regarder comment nous vivons, nous ne pouvons pas éviter de regarder notre société capitaliste. Même si nous situons dans le temps l’avènement de la société capitaliste,[28] (nous pouvons même dire la civilisation capitaliste, car l’activité économique induit également des comportements sociaux), elle n’a pas encore atteint l’âge de raison, bien que certains parlent déjà de post capitalisme. De post capitalisme parce que la nature des produits qui nécessitent une capitalisation changent (services ou monnaies), parce que son autorité « s’anonymise » (sociétés anonymes et circuits nébuleux) parce que l’évolution technologique à permis une rapidité de tout échange; mais la structure qui conduit à l’enrichissement demeure la même.

En effet, si nous apprécions une civilisation à sa faculté de durer la notre se donne les moyens d’être des plus courte. Malgré son élaboration dramatique et ses inégalités flagrantes, si chacun peut à juste titre se féliciter de ses réussites elle s’est également doté des moyens de s’éradiquer : dans un hier très proche par ignorance des risques de sa technologie, aujourd’hui en conscience, par inaptitude à gérer ses compétences en réorganisant ses appétits financiers.

Si bien que compte tenu des lois sur les probabilités, la question n’est pas «Si », mais «Quand ». Il nous faudra donc au quotidien employer toute la connaissance et le Savoir que nous avons élaboré, pour comprendre que l’évolution de nos réalisations, et celles de toutes les activités que nous avons mis en œuvre, interférent sur notre évolution, du fait de la deuxième loi de la thermodynamique[29] qui accroît l’entropie. Pour cela la théorie du chaos[30] peu également nous aider à cerner ces risques (technologiques et «idéologiques ») pour en préserver les populations.

En effet, comme cet Ensemble (notre existence communautaire) évolue de manière non linéaire, ceci rend difficile l’appréciation de son incidence rétroactive, et la plus petite variation d’un de ses paramètres peut engendrer d’énormes effets sur l’ensemble ou une partie de l’ensemble. (Effet papillon).

C’est ainsi que Robert May[31] disait, «tout irait mieux dans le monde, si les gens prenaient conscience que les systèmes non linéaires élémentaires ne possèdent pas nécessairement de propriétés dynamiques simples »[32].

Un Physicien s’interrogeant sur les conséquences de la thermodynamique, formula sa question en ces termes : «Comment un flux d’énergie qui s’écoule sans but peut-il répandre la vie et la conscience dans le monde ? »

Aussi, si rien aujourd’hui ne justifie notre existence, elle seule justifie que nous y tenions, et là, alors, cela commence par apprendre, et toujours apprendre.

Mais, apprendre ce n’est pas seulement répéter ce que nous avons appris, c’est aussi associer ces connaissances pour conceptualiser, et préserver ce qui est essentiel, la vie, et vivre parce que nous vivons.

Ainsi un jour...

En 1975, à la tribune d’un congrès fédéral à Lyon, j’eus l’idée de réclamer dans les années à venir une réduction du temps de travail hebdomadaire, et de porter la semaine à 35 h. Le temps ainsi dégagé devait être utilisé, pour une moitié au gré des salariés, pour l’autre à s’éduquer. J’avais observé que l’accès au savoir, (ensemble des connaissances acquises par l’étude), permettant de comprendre, de maîtriser les rouages de l’activité socio-économique, échappait, à leur détriment à la majorité des salariés.

Il m’a été donné à de nombreuses reprises, durant l’exercice de mes mandats syndicaux, d’en vérifier l’exactitude. Je dus approfondir plusieurs sujets, lois, droit, économie, sociologie, relations humaines, politique et autres, et je me heurtais inévitablement au mur incontournable du temps disponible.

…j’eus une idée...

En 1978, je retenais comme fait marquant de la dégradation de l’économie la situation de l’emploie qui englobait, d’une part les difficultés rencontrées par les chômeurs pour changer d’emploi, et d’autre part l’allongement de la durée du chômage.

C’est dans ces années que je réfléchissais à une source de richesse perpétuelle pour que chacun puisse s’assurer un revenu.

Je préconisais donc de faire du développement de l’intelligence humaine une source de revenu direct, sans l’obligation de transiter par la production d’un bien monnayable

… née d’une problématique...

En 1982 durant mon activité de militant, j’en retirais la problématique suivante. Si dans le futur, grâce aux nouvelles technologies, dix millions de personnes suffisent au fonctionnement de l’économie, et que l’espérance de vie s’allonge, qu’elle sera la source de revenu des citoyens ?

Cette idée de développement de richesse intellectuelle, source de revenu individuel direct, me revint à l’esprit.

J’imaginais alors, qu’elle ne devait plus seulement concerner que les seuls chômeurs, mais elle devait s’étendre obligatoirement à l’ensemble de la population adulte, active ou non, et cela jusqu’à l’âge de la retraite.

…pas si simple…

Les années suivantes, je répétais, que dans une société riche, posséder le savoir et les moyens de communication étaient des atouts vitaux. (Par moyen de communication, je ne songe pas à la manipulation et à la désinformation qui se camoufle sous ce concept de communication mis au service de la duperie).

En effet, je considérais comme une aberration de ne pas structurer l’accession à la richesse intellectuelle pour chacun tout le long de l’existence, tout en réalisant, en plus, l’objectif de n’avoir aucun citoyen dépourvu de ressources.

Cependant nous verrons que ce n’est pas aussi simple. Bien que disposant de la quasi-totalité du savoir disponible, il ne peut se contenir dans un cerveau, aujourd’hui, comme hier.

En conséquence, un choix qualitatif s’imposera sur plusieurs générations, tout en définissant des priorités.

Pour ce faire, la montée en puissance durera des années pour ne pas déstructurer l’économie.

Quel temps y consacrer ?

Quel type d’enseignement ?

Qui le dispensera ?

Quelles seront les conséquences sur la vie au quotidien des actifs ou non actifs ?

Quelles incidences sur l’appareil productif ?

Quel financement ?

Quels impacts sur la production de richesse ?

Autant de domaine qu’il va falloir explorer.

Quelles motivations incitatrices doivent être développées ? L’argent, l’idéal futuriste, la réflexion rationnelle, la contrainte partielle ou totale. Autant de réflexion à méditer.

En revanche, que doit-on craindre ?

Les effets, d’agrégations ?

Les déviations idéologiques ?

Que pouvons-nous espérer grâce aux technologies de la communication ? Quels rêves pouvons-nous nourrir grâce à la génétique ou la neurologie ?

Ne pas oublier l’essentiel, clora cet essai.

D’autre part, ces questions ne doivent pas nous faire oublier que les hommes et les femmes réagissent avec leurs symboles, leurs idéaux, leurs philosophies, leur mysticisme, leurs valeurs, leurs classes sociales, leurs pouvoirs établis, leurs rêves, et le tout imbriqué dans le «mensonge culturel[33] » comme huilage de la sociabilité.

… entre utopie et idéologie.

Dans mon développement je m’efforcerai d’éviter toute approche idéologique, sachant par avance que cela sera inconscient. D’une part, parce que je ne peux pas faire abstraction de mon vécu, et que je formulerais bien évidemment des critiques. D’autre part parce que vouloir que chacun dispose de ressources peut paraître un idéal utopiste, et en conséquence mon développement peut n’être qu’un déploiement idéologique. Ce en quoi, je paraphraserai Bergson «On ne lui avait pas dit que c’était impossible il la fait ».[34]

RÉMUNÉRER LES HOMMES POUR APPRENDRE.

Rémunérer les hommes pour apprendre ce n’est pas rien, c’est même mettre un pied dans l’incertitude, c’est mettre un pied dans un monde à inventer. Pas forcément comme je le vois, car ce n’est que le mien, mais c’est poser les marques d’une aventure inconnue.

Aventure inconnue que nous aimons dans les contes, d’autant plus quand ce sont les autres qui les vivent. C’est forcément aller vers un monde qui sera différent de celui que nous connaissons, et cela ne peut que nous effrayer.

Pourtant, il ne pourra pas être plus effrayant que celui qui est le nôtre aujourd’hui.

Monde dans lequel, pour sortir d’une existence passée que nous avons appréciée cruelle, en développant nos «cultures sociétales » nous avons aussi construit des organisations « eugéniques»[35]. Pourtant, l’Homme n’a jamais eu autant de moyens à sa disposition pour le comprendre, étudier, et nous restons sur la défensive, et nous ne faisons pas dans l’ensemble la démarche de nous ouvrir au monde à l’univers, pour rester dans notre «mensonge culturel». Alors pourquoi ne pas forcer la main de l’évolution, en rémunérant les hommes pour apprendre, et essayer de découvrir si dans notre suffisance nous ne nous étions pas fourvoyés par «ignorance existentielle ».

Je vais donc essayer de m’en expliquer, tous au long de ce chapitre et de ceux qui suivront.

C’est quoi élaborer un projet ? Élaborer un projet, quel qu’il soit, suppose une finalité. Or en matière d’organisation humaine, un projet sociétal ne peut être que transitoire, et sa finalité momentanée, car il évoluera au gré et au rythme de la qualité de ses acteurs.

De telle manière que souvent, ce que nous présentons comme une finalité qui inclut la notion d’aboutissement, n’est qu’un but.

Des buts nous n’avons que cela, et notre espèce évolue au gré de son environnement, et de sa possibilité à conceptualiser abstraitement autour d’un schéma initial adaptable au raisonnement humain. Celui-ci repousse sans cesse l’indéterminé, grâce à la technologie qui supplée la faiblesse du regard de notre espèce.

Pourtant, cette capacité à raisonner et cette technologie ne peuvent rester la propriété de quelques initiés.

Déjà les Sumériens, environ 2500 av. J.-C., auxquels l’écriture permettait de nommer le monde, de l’inscrire, d’en faire un recensement précis, considéraient que la chose était sacré, et devait rester secrète. C’est ce que nous rapportent des tablettes d’argile : «Que l’initié instruise l’initié, le profane ne doit pas savoir. » Pour bâtir le projet salvateur ou détenir la vérité suprême accessible qu’aux initiés, il y aura toujours des hommes, et même eux, il vaut mieux qu’ils le fassent dans la clairvoyance que dans l’obscurantisme.

C’est pourquoi je développe l’idée inverse : Qu’il est important d’alimenter de connaissance l’intelligence humaine, et nourrir sa réflexion de manière continue tout le long de son existence, et cela ne peut se faire sans le Savoir.

Imaginons-nous aujourd'hui dans les pays riches, privés d’électricité !

Imaginons la vie des individus sans leurs lunettes !

Imaginons qu’un cataclysme ne laisse que quelques survivants !

Quelques générations plus tard dans ce cas de figure par l’oralité parabolique, les survivants expliqueraient avec des légendes que dans les temps passés de gigantesques temples abritaient la puissance du Dieu Nucléaire, qui donnait aux hommes l’électricité, et peut-être que pour les survivants, l’individualisme égoïste deviendrait l’objet d’un tabou.

Ainsi, sans l’apprentissage, l’enseignement, nous serions toujours à l’aube des temps, même s’il n’a fait, pour une part que remplacer en plus précis (scientisme), les intuitions que les hommes avaient de ce qu’ils étaient, et où ils se trouvaient. Car nos ancêtres ne pouvaient qu’être intelligents, et heureusement qu’ils n’ont pas pu arrêté le développement de l’intelligence parce qu’ils y trouvaient un intérêt. Nous ne pouvons pas en dire de même de nous autres, dans un passé pas si lointain : les autodafés, mais cela fait partie du déroulement de l’histoire.

Demandez-vous seulement, c’est quoi l’Univers, le monde, l’Homme ; ils ne sont que de l’information perçue par nos sens que certains d’entre-nous ont défini et que nous nous transmettons des uns aux autres sans cesse redéfinie.

C’est pour cela qu’il faut seulement comprendre un questionnement : sans le Savoir, que serions-nous ?

Le Savoir impose d’apprendre ou d’essayer de comprendre ce que nous sommes avec notre agressivité parce que nous l’observons. « L’agressivité naturelle» est indispensable à la survie de toutes les espèces, dont la nôtre. La socialisation nous permet d’en définir différents concepts, de manière à pouvoir en bannir quelques-uns comme asociaux. Néanmoins, «l’agressivité » reste l’élément moteur, bien que socialisée et de ce fait acceptable.

Maîtrisée durant l’évolution de nos aptitudes et de notre capacité cérébrale, elle a façonné l’homme et lui en retour son espace.

Par «agressivité naturelle» [36], j’entends la capacité d’action de l’homme d’inter agir sur lui-même, sur les autres, ainsi que sur toutes choses de son environnement, même si un jour il doit réorganiser son existence en ayant compris qu’il ne disposait d’aucun libre arbitre. Il impose de ce fait, contrainte, transformation ou destruction dans l’ignorance partielle du TOUT qu’il est, dans un TOUT plus grand que lui dont il est le semblable, l’univers. Il ne s’agit donc de ne pas confondre ici agressivité et violence.

En effet, chaque Être ou sujet ou individu, n’est qu’un élément inséparable d’un ensemble, d’un Tout, que nous appelons l’espèce humaine[37]. Elle-même étant contenue dans un ensemble plus grand dont elle est issue, l’univers. Elle ne peut donc qu’être régie par les mêmes lois qui ont construit l’univers, et qui ont donné naissance à des singularités telle que notre planète. Des lois que nous commençons à mieux cerner aux travers des sciences.

A leurs sujets, Stephen Hawkins disait : «L’histoire des sciences tout entière n’est que la compréhension progressive du fait que les événements n’arrivent pas de manière arbitraire, mais qu’ils reflètent un certain ordre sous-jacent qui peut ou non, avoir été inspiré du divin » [38]. Cette remarque est d’autant plus importante qu’elle s’applique à nous, elle s’applique au déroulement de notre existence.

De telle manière que les événements de notre existence ne proviennent que des ordres (systèmes, organisations) qui les ont inspirés, et notre cerveau par la construction de son psychique en est un producteur efficace dans la représentation de ses affects à partir de la nécessité vitale fondatrice de se nourrir, s’accoupler et s’abriter.

Partant de là l’agressivité prendra des nuances capables de répondre à toutes les éventualités de 0 à l’infini que nos schémas conceptualisés lui suggéreront, suivant la traduction et la représentation des informations que nos sens auront recueillies du monde, pour façonner les moyens de vivre ou s’entre-tuer. Ceci est d’autant plus important à préciser que nous essayons en permanence de réduire l’éventualité de s’entre-tuer, et nous regardons l’agressivité comme nécessité naturelle motivée par la frustration, ou bien dans une approche morale, comme la nocivité, le méfait, le crime qui se justifie quand l’homme est un loup pour l’homme, le contraire de la bienveillance dans un idéal d’amour ou d’harmonie sociale. Pour en saisir toutes les nuances il nous faudrait avoir accès à l’infini, un infini pour lequel nous n’avons ni de départ ni d’arrivée, mais qui au lieu de nous décourager doit nous permettre de comprendre éventuellement : que, si depuis 2000, voire 3000 ans ou plus nous appliquons toujours les mêmes principes punitifs ou méritocratiques sans résultat, qui souvent s’apparente à de la persécution[39], il serait peut-être temps de s’interroger.

Donc la capacité d’agressivité ne doit pas être prise comme seulement l’expression de violence, mais en un sens plus générique qui est la capacité d’agir pour aller prendre chez l’autre (son alter ego et le monde) ce qu’il vous donne afin d’exister quelles qu’en soient les motivations. L‘Homme n’est donc pas irrévocablement un être violent. Il est lui-même la construction d’un amalgame d’informations ordonnées qui ont élaboré son psychique ; mais il a la difficile responsabilité à partir de celui-ci, de quantifier et qualifier les informations[40] qu’il perçoit dans l’ignorance la plus totale du monde objectif, en bâtissant au fil des millénaires l’image de ce qu’il a pu comprendre de lui et du monde. Et ce n’est qu’à partir des définitions qu’il leur donne qu’il est en mesure de transformer une agressivité innovatrice en violence mortelle intra espèce en l’absence d’un inhibiteur inné. Donc l’information est capitale pour l’homme, et traiter l’information oblige d’apprendre, d’apprendre en permanence, sinon on la subit. Nous la subissons dans toutes les formes imparfaites et barbares dans lesquelles nous la figeons en nous croyant possesseur de la compréhension ultime. De ce fait nous faisons en permanence le procès de l’Homme, au lieu de celui de sa construction psychique, même si celle-ci porte un nom par acteur, tout en n’ayant jamais appris à cet acteur comment fonctionnait un organe aussi essentiel que son cerveau, avec lequel il allait devoir passer sa vie.

Ceci parce que quels que soient les raisonnements que nous tenons au travers d’un psychique organisé, borné par sa culture, bonne ou mauvaise, de manière close par nécessité structurelle, afin d’évacuer l’incertitude et la peur qui développe craintes et angoisse. Cette construction structurelle du psychique retransmettra l’aptitude de son organisme à s’ouvrir à l’autre ou au monde, en fonction d’une multitude de paramètres environnementaux. Je me suis expliqué sur ce sujet dans l’avertissement, mais l’on peut retenir deux types d’événements, ceux stressants et ceux rassurants. Ce raisonnement sera sous-tendu par l’inconscient qui contrôlera en permanence, si les décisions, que notre psychique" "culturalisé prend en retour sous sa direction, sont compatibles avec les informations dont il dispose ; informations qui sont de veiller à ce que la structure organique qui le porte puisse se nourrir, copuler, s’abriter : Vivre. Et il en est ainsi au quotidien indépendamment de nous dans toutes les décisions que nous prenons. C’est pour cela qu’il est si important que l’Homme soit assuré, épanoui, pour que son agressivité innovante au travers d’organisations systémiques sociétales ne se retourne pas contre lui et son alter ego ; mais, si nous ne pouvons pas agir sur l’inconscient nous pouvons le tromper, et c’est un autre débat.

En conclusion l’hominisation vers laquelle nous tendons ne consiste pas à définir nos pulsions originelles comme étant criminelles (ce qui l’est, c’est l’organisation culturelle qui l‘exhibe), car peut être dans quelques milliers d’années ou quelques siècles, ce sont elles (les pulsions) qui sauvegarderont l’espèce ; mais d’en instruire l’Homme de sorte qu’il les contrôle par la compréhension de ce qu’il s’interdit, en attendant que ce qui caractérise l’hominisation, le développement et la compréhension de son psychique, poursuive son évolution.

…au-delà de l’égocentrisme…

Une évolution qui nous faudra aller chercher au-delà de l’égocentrisme. C’est peut-être pourquoi par la réflexion cognitive, n’ayant pu encore extirper de notre «conscience » ou prendre conscience du développement d’autres capacités fonctionnelles,[41] sensorielles existantes, refoulées ou en constructions (évolution), nous qualifions de naturelles (issu de l’inné) des constructions sociologiques imparfaites.[42] Cela, au-delà de la notion d’égocentrisme que nous observons, (activité de soi pour soi élargie à l’entité familiale). Cette nécessité commune à tout organisme d’assurer son développement (innée génétique) qui n’inclut pas inévitablement la notion de tuer son semblable et inclut celle «d’altruisme restreint ».[43]

Par exemple : il nous est nécessaire de pouvoir supporter l’agonie d’un animal que nous tuons pour nous nourrir (même si l’homme à du apprendre à chasser), si cela n’était pas le cas, nous serions seulement herbivores ou autre[44] ; mais cela indique aussi que nous pouvons également éprouver une répulsion à le faire. Or, cette fonction innée répond à l’identification de la Nécessité, et de tout ce qui est un obstacle ou perçu comme tel au développement de son Être. Si bien que notre activité culturelle innovante dans sa production d’outils, et dans la multiplication des mobiles de percevoir l’autre comme concurrent, un étranger, a accru les raisons, les prétextes de retourner contre sa propre espèce la performance de ses outils, en construisant même des outils spécifiques (armes), et l’organisation géographique concurrentielle de sa communauté humaine (diversité culturelle).

Ceci malgré la raison ou le processus d’auto régulation de toute espèce, dont nous ignorons la nôtre, qui nous pousse à concevoir une régulation socialisante, temporisant cette disposition à nous auto regarder comme de potentiels agresseurs spécifiques. Cela par l’altruisme, l’humanisme, la morale, la religion, le droit, dont le paradoxe est qu’ils génèrent eux-mêmes une capacité de confrontations destructrices organisée autour de leurs définitions.

Ceci parce que le raisonnement organise lui-même la représentation des objets justifiant une réponse agressive émotionnelle, violente et parfois meurtrière, impulsive (meurtre) ou organisée (accident, assassinat, guerre). Il transpose de ce fait la capacité d’une fonction innée culturalisé, celle de tuer par nécessité de survie, dans la construction de la personnalité de chacun dans le regard des autres. Ceci au travers de valeurs quantitatives et qualitatives culturelles de la perception de l’image du monde que nous véhiculons de génération en génération par «l’image du père » dans les diverses organisations familiales ; et rien ne nous permet d’affirmer que l’image du père, qui c’est construit sur des interdits dont nous ignorons l’origine, soit dans sa totalité la meilleure, soit la juste définition.

Mais ce que nous ne pouvons qu’observer, c’est qu’elle est porteuse de violence, soit parce que nous ne respectons pas ses interdits, pourquoi ? Ou bien parce que chacun veut être le père ? Ou bien une fois que l’on à construit avec elle son psychique il faut savoir la réformer, car elle n’échappe pas à l’égocentrisme qui la sous-tend et qui l’a formé, et qu’elle veut juguler peut être à cause d’une interprétation erronée séculaire.

En effet, le processus émotionnel s’extériorise sous forme physiologique, somatique et est traité cognitivement suivant le stade d’évolution et de développement de cette fonction en réorganisant son schème (réaction normale du corps qui est examiné par la réflexion et réorganisé par elle, sa structure réflexive). La capacité d’information sensorielle accumulée modifiera la réaction émotionnelle dans un rapport connu/inconnu. A partir de celle-ci s’organiseront toutes constructions sociologiques, notamment celle du langage (au sens le plus large, comprenant l’expression corporelle et la codification instrumentale et linguistique.) L’usage de ce langage développera et communiquera des concepts dont l’exactitude dépendra du degré de réduction de l’incertitude, de l’indéterminé et de l’indéfinissable. Ceci permettra la définition compréhensible de notre propre existence relationnelle événementielle.

D’une certaine manière nous domestiquons «l’inné primitif» en apportant une réponse à ses interrogations. Par exemple nous n’avons plus peur du tonnerre, mais nous sursautons à un bruit non identifié. Mais nous lui apportons aussi des informations culturelles auxquelles il réagira instinctivement quand elles s’inscriront dans le conscient profond. Par exemple s’enlever du devant d’une voiture pour ne pas être écrasé, ou dogmatique lui dire qu’un bon indien est un indien mort ou bien l’inverse, ou pour un tireur à l’arc, tirer par sensation plus efficacement que par le calcul raisonné. Quel que soit le centre de formation de l’émotion, il déclenche un processus interrogatif actif pour l’interprétation de l’événement survenu.

En conséquence, la traduction ou l’interprétation de ce que nous avons compris de notre existence au-delà de l’égocentrisme, et leurs définitions revêt tant d’importance. Je peux même dire d’une importance cruciale, et doit être sue dans sa diversité.

… et de l’instinct naturel…

C’est peut-être pourquoi, nous sommes également emmenés à nous entre-tuer, non pas par «instinct naturel », mais par construction sociologique[45], qui ont pu affecter le développement de notre psychique durant l’enfance[46] et se répercuter par génération. Nous utilisons alors la notion «d’instinct naturel [47]», pour nous dispenser ou nous justifier de ne pas toucher à certains aspects de nos constructions sociales issus de nos relations sociologiques, et en admettre ses imperfections, même quand le naturel est confondu ou assimilé à notre définition conventionnelle du culturel, par méconnaissance, et réciproquement.

Ici, j’effectue une séparation de seuil, entre l’inné primitif acculturé issu des événements précédents qui c’est construit lentement tout le long de l’évolution, comme source de l’inné doté de cette conscience « culturalisatrice » qui est le nôtre d’aujourd’hui (inconscient vers le conscient), non pas pour faire des parts, mais pour faire comprendre que c’est notre intelligence qui apprécie ce qui est l’innée génétique.

D’une part le seuil minimal (inné primitif acculturé) [48] qui est la fonction innée de tuer pour se nourrir ou se protéger en tant qu’activité de soi pour soi ou pour les siens (survivre). D’autre part, un seuil plus élaboré complété d’appris (acquis culturel), dans lequel nous perpétuons les réflexes de ce que nous avons compris de l’inné primitif acculturé, pour toutes nos représentations de nouveaux modèles dynamiques d’organisations de notre activité collectiviste.

Et aujourd’hui nous le faisons toujours, même dans notre organisation économique, ceci dans le but d’acquérir, de conserver ou de fabriquer la rareté, quelle soit matérielle ou socioculturelle dans l’évolution de notre espèce, comme si la rareté était le seul corollaire de diversité, d’occurrence, de multitudes d’essais, au nom de la « sélection naturelle », et qui est source, autant de progrès que de conflits.

C’est pourquoi il est utile de se servir des découvertes de la science, biologie, neurologie ou de la physique, telle «La Théorie du chaos » qui met en évidence un ordre sous-jacent que nous ne pouvons pas observer de visu, et que la science à mis à la disposition de notre réflexion, qui nous permet d’agir sur nos constructions psychiques culturalisées. Et l’économie est une partie intégrante d’une construction psychique culturelle sous-tendue par l’inconscient qui peut être trompé, particulièrement par un plan comptable, mais j’en parlerai ultérieurement.

Un ordre sous-jacent dont nous sommes parties intégrantes, que nous l’ignorions où que nous en acceptions l’hypothèse. Or, les régularités que met en évidence la théorie du chaos, ne sont pas celles que nous observons de visu quand nous regardons notre monde. Pourtant quand nous établissons notre ordre humain qui s’est calqué sur ce que l’humain a pensé comprendre de son monde, sans le savoir nous concourons, sous l’aspect d’un «ordre », au «désordre » le (chaos) dans l’ordre sous-jacent[49], dont les effets exhibent des comportements différents. Cela du fait de la Théorie du chaos qui indique qu’une légère modification d’un des paramètres quelconques d’un ensemble dévoile des comportements d’une nature complètement différente.

Exemple, les trois français Jean Chaldine, Laurent Nottale et Pierre Grou qui ont mis en évidence une loi de l’évolution[50] (à partir de la géométrie fractale de Mandelbrot). Cette loi prévoit une évolution de l’espèce humaine dans 800 000 mille ans. Or, cette loi repose sur des observations de l’ordre paléontologique antérieur, sur lequel, l’ordre introduit par la technologie de l’homme n’a pas encore engendré ses effets. Effets qui se sont mis en œuvre que depuis cinq cents ans (civilisation capitaliste industrielle). Si demain les hommes par leurs productions militaires s’irradient, l’évolution de l’espèce aura été très courte, même si nous considérons qu’il s’agit d’une hypothèse catastrophique, elle n’en demeura pas moins le produit d’une évolution, celle du cerveau de notre espèce. Si les hommes empoisonnent l’atmosphère par leurs activités industrielles, et qu’ils s’y adaptent physiologiquement, il y aura eu une évolution anticipée. Cela parce que nous aurons modifié un des paramètres de notre ensemble, la quantité de CO 2.

Indépendamment de la justesse ou non des données paléontologiques, dans cette loi de l’évolution apparaît, entre chaque évolution quelle que soit la série testée, une accélération des rythmes de renouvellement des espèces sériées, qui se font de plus en plus rapidement. Ce qui permet de penser que chaque successeur bénéficiant de l’apprentissage de son prédécesseur, par accumulation d’apprentissage, les successeurs suivants apparaissent plus rapidement, et cela met en évidence un phénomène d’adaptation dynamique acculturé lié aux événements, suivant les espèces sériées.

Ceci ne signifie pas qu’il faille avoir peur, et retourner à l’âge de pierre, mais accélérer notre compréhension du monde par le développement de l’intelligence qui accélérera notre propre développement.

C’est pour cela que je disais, qu’ fallaient nous «harmoniser » avec cet «ordre sous-jacent » qu’il ne peut pas venir de l’idée humaine empirique actuelle que nous nous faisons du paradis ni de ce que nous considérons comme «naturel », mais de la connaissance que nous aurons de ce que nous sommes. Et le développement de l’intelligence y apportera sa contribution.

Car si l’instinct naturel permet aux Êtres de percevoir la sensation indéfinissable qui les relie à l’univers[51], le Savoir et la connaissance leur permet d’en cerner plus justement les contours.[52]

Ainsi, dans le chaos omniprésent, stable et structuré[53], nous avons introduit par notre ordre «ignorant », un «désordre » qui se répercutera.

…d’un Être intelligent…

Notre intelligence serait-elle encore si atrophiée ou si primaire qu’il nous serait impossible de sortir de cette matérialité (matérialité «réelle », au sens de «rés. » égale à «la chose »). Matérialité qui, si elle est indispensable à notre survie, emprisonne aussi notre intelligence matérialiste.

Le matérialisme[54] ne s’intéresserait-il donc qu’à la partie matérielle de l’existence, en ignorant le spiritualisme[55], lui-même est-il tenu d’ignorer le matérialisme, comme si chacun d’eux disposait de la vérité d’un monde sensible et non «objectif ».

En effet, si nous nous situons dans la logique de l’évolution de notre espèce, sa survivance est assurée par l’inné. Elle n’a pas toujours revêtu l’aspect que nous lui connaissons, ce qui signifie que l’innée génétique est réceptive aux acquis. Sans cela peut-être existerions-nous toujours sous la forme de procaryotes[56] qui vivaient sur terre, il y a plus de trois milliards d’années. Alors ? Les procaryotes : ils étaient matérialistes ou spiritualistes ? Ni l’un ni l’autre ! Car si l’un des deux étaient la «Vérité » l’autre n’existerait pas et vice-versa, pourtant l’un et l’autre nous permettrons peut-être de trouver le «mouvement » indispensable à notre évolution, sous réserve que nous n’établissions pas de fausses régularités. Par exemple, que tout est source d’affrontements, et les fabriquer, parce nous ne savons pas comment nous y prendre pour maintenir l’émulation, la tension ou l’aiguillon qui rend imaginatif et inventif.

Ceci est d’autant plus important qu’ayant compris que le biologique n’est pas soudainement ou brutalement affecté par les événements pour justifier d’une évolution, s’il y a eu modification génétique, nous pouvons considérer que des groupes cellulaires perçoivent les variations événementielles et disposent d’un système « sensoriel » autonome ou sont soumis à leur évolution dynamique, mais aussi qu’elle a pu se faire par transmission sensible dont la traduction se fait dans le cerveau. Ce qu’ignoraient nos ancêtres qui en ont attribué une partie au divin, tout en étant des Êtres intelligents ayant saisi la distinction entre le matériel et le spirituel, sans avoir, tout comme nous, réussi à en faire une jonction, une application harmonieuse.

…capable d’assumer son savoir…

Pour apprécier cette innée génétique, cet inné primitif, ces «lois naturelles », nous prenons communément, faute de mieux, nos références dans l’observation d’équivalence de l’existence d’espèces animales. Nous y trouvons toutes les formes de pratiques assurant la survie de chaque espèce suivant nos définitions, le cannibalisme, le parricide, le fratricide, l’inceste, l’organisation matriarcale, patriarcale, la famille restreinte, conjugale, élargie, la fidélité et l’infidélité conjugale, la vie individuelle, collective, la sélection du meilleur reproducteur, la prolifération de naissance, le suicide équilibrant, l’égoïsme, l’altruisme etc.

Serions-nous tout cela ?

Serions-nous tout cela, avec en plus ce que nous ne trouvons pas chez les espèces animales, la glorification de s’entre-tuer et le plaisir de faire souffrir. Cette remarque anthropomorphique n’est que la définition de concepts pensés à partir de l’observation de nos propres comportements, mise en parallèle à la vie d’autres espèces.

Cependant, le ou les schémas, le ou les structures qui seront les plus adaptés à notre propre développement seront de plus en plus confirmés par la connaissance scientifique de notre espèce qu’apporte le savoir (biologie, neurologie, la physique atomique, quantique etc.). Sous réserve qu’à un moment de leur existence, ces scientifiques aient aussi entendu parlé de la philosophie et de la littérature, ce par quoi nous accédons à une fraction de la pensé humaine de nos ancêtres ; ce qui donne une « âme » à notre existence et à leur travaux.

Nous devrons alors, assumer la conséquence de l’élargissement de notre savoir incomplet, et encore certainement nous tromper.

…malgré ses erreurs…

Si par idée de « la morale » nous excluons des comportements innés « telle la régulation naturelle de la prolifération de l’espèce » dont nous nous en faisons certainement une fausse image en la calquant sur notre observation du monde animalier. Non pas que la comparaison soit inopportune, mais nos analyses anthropomorphiques nous ont conduite à bien des égarements. Pourtant l’existence de cette régulation nous impose de nous « substituer à l’inné » (du moins c’est le sentiment que nous en avons, mais je m’expliquerais plus sur cela dans un essai consacré à l’image du père), ce que nous avons déjà commencé à faire par le contrôle des naissances.

Ce contrôle ne peut nous paraître que de caractère culturel, même si nous pouvons estimer, que le développement de cette responsabilité culturelle est issu de l’inné d’où nous l’avons fait surgir qui n’est autre que l’inné primitif.

Un inné primitif ancré en nous pour assurer la sauvegarde du développement de notre espèce et sa mutation, face aux échecs et aux erreurs de jugement de valeur que nous ne manquerons pas de commettre en assumant la responsabilité de «gérer » ce développement, comme autant d’essais qu’il autorise.

Pour rester dans l’exemple de la régulation de la population, ce n’est pas tant son nombre qui pose un problème aujourd’hui que le rapport entre son nombre, et son aptitude à produire et évacuer ses déchets. Déchets qui sont les conséquences écologiques du besoin d’assurer notre subsistance et notre existence, en fonction des techniques que nous mettons en œuvres.

En effet, si nous devions vivre à partir des seuls moyens primitifs, (la cueillette et la chasse), compte tenu de la population actuelle, notre planète serait un désert et la famine nous décimerait.

Nous n’en demeurons pas moins toujours soumis à une analyse malthusienne, n’osant imaginer d’autres formes de nourriture, tant sa production «naturelle » est partie intégrante d’un rythme « sociobiologique »,[57] et d’un statut social.

Et ce, même si cette production alimentaire élevée au rang d’art gastronomique ou de mode dans les pays riches y tue par excès et par pénurie élémentaire dans d’autres, malgré les prouesses que nous permet la chimie moléculaire ou la génétique.

Car nous préférons mourir d’un cholestérol que nous connaissons, et voir d’autres mourir d’une «famine saine», plutôt que de faire face aux risques de produits, dit artificiel ou aux risques génétiques inconnus. Ceci, plus parce que nous avons aussi des scientifiques qui n’ont jamais entendu parlé de philo ou de littérature, et encore moins de condition humaine si elle ne ressemble pas à un dollar. Naturellement le risque zéro n'existe pas, et il est de plus en plus mal espéré par les hommes, donnant lieu à des polémiques sur les responsabilités, parce que les hommes se sont illusionnés autour du progrès technique et scientifique croyant que grâce à lui tous les problèmes peuvent être évités, encouragés en cela par leurs promoteurs économiques et politiques, conforté par notre sournois désir latent de ne pas vouloir mourir.

C’est pour cela que l’usage de certaines découvertes de la science ne peut être laissée au seul domaine marchant même, si le contrôle citoyen n’est pas une garantie en soi, du fait de leurs compétences limitées et d’une espérance parfois obscurantiste.

Nous nous trouvons donc sous la double problématique de laisser à un domaine marchant, dont le but affiché est le profit, l’usage de découvertes sensibles, et en même temps nous demandons à ces mêmes découvreurs et producteurs de nous garantir dans l’absolu le risque zéro ; ensuite nous leur demandons de devoir nourrir une population grandissante que nous cherchons à réguler et qui exige toujours plus de nourriture, en même temps que la nourriture « naturelle » se raréfie. Pourtant malgré les risques scientifiques l’erreur critiquable est de disposer de la capacité de nourrir la population et de considérer qu’elle est trop nombreuse, non par rapport à notre capacité productrice, mais par rapport à la circulation des disponibilités financières qui voudront bien s’investir dans ce domaine.

Donc si nous considérons encore comme Malthus que des hommes ne doivent pas être invités au banquet, c’est moins par absence de nourriture que des profits qui ne peuvent se réaliser sur sa production, et de ce fait nous gérons notre régulation sur des critères de rapports financiers

…comme Malthus.

Comme Malthus n’avait pas su extrapoler les conséquences de la technologie de son époque, nous, nous avons peur de la nôtre, et nous en connaissons les raisons. Bien que nous n’en finirons jamais dans la définition de ce qui est «normal ou pas, naturel ou pas » si nous n’accordons pas plus d’importance à la réflexion intellectuelle. Cette réflexion intellectuelle peut être utilisée pour examiner nos comportements face à l’accroissement de la connaissance de notre espèce et des mécanismes émotionnels qui assurent son développement et qui la pousse à se « gaver » et exiger toujours plus de « nourriture » (au sens générique biens et services) en fonction d’une construction psychique qui « boulimise ».

Cette intelligence en réaménageant nos schémas, engendrant tant de paradoxes, devrait nous permettre de ne pas recommencer les erreurs de Malthus en justifiant l’exclusion de celui qui est en trop à notre table, même s’il vient un jour où il aura eu raison, car la planète n’est pas extensible.

Face à la sélection «naturelle »…

Depuis longtemps, la « sélection naturelle » à laquelle nous nous référons si souvent, en ayant à l’esprit celle de certaines espèces d’où émane un dominant référentiel guide ou meilleur reproducteur, n’existe plus à notre regard dans la plus part de nos structures sociales affectées par « le culturel ».

Nous pouvons estimer quelle s’est étiolée, à partir de l’instant où l’humain s’est doté de sa représentation qui a défini des organisations sociales basées sur la «morale » sacrée ou profane, et ensuite des d’outils pour produire et s’entre-tuer qui ont permis à certains d’accéder au rôle de guide divin ou d’élu de cette représentation.

Comme nos organisations fluctuent constamment entre l’ordre et le désordre pour préserver l’espèce de tous schémas qui se scléroseraient, cela conduit à ce que se substitue à un fait social un autre fait social qui devient à son tour majoritaire, cela sous la direction d’un référant, mystique, idéologique, structurel ou utopique. Donc l’absence de dominant référentiel permettra aux moins aptes, en utilisant les structures organisationnelles d’accéder au pouvoir. Structure organisationnelle qui génère ce que j’ai appelé les « dominants systémiques » et que je traiterai dans l’essai sur les paradoxes.

L’histoire des rois de France en fourmille d’exemples, et notre monde contemporain en est peuplé.

Même si nous devons accepter l’idée que celui que je qualifie d’inapte dans les organisations démocratiques est notre propre reflet, uniquement parce qu’il est la représentation de la majorité de ceux qui l’ont élu. Nous pouvons le constater quand le débat politique se situe au-dessous de la ceinture ou a l’odeur d’excrément, je vous laisse en tirer les conclusions.

Ce fut parfois le cas des formules populistes qui, si elles peuvent être aptes à soulever des besoins, et être le reflet d’une opinion publique, fabriquent aussi du fascisme et l’intolérance ignorante.

Notre « sélection naturelle » populaire n’est donc que le résultat produit par nos organisations sociales systémiques[58], puisque nous avons refoulé certains de nos comportements, correspondant à une «sélection primitive culturelle[59] », comme asociaux. Nous ne développons donc pour notre compréhension qu’une sélection culturelle systémique phagocytaire par le fait social, phagocytaire parce qu’elle ne recherche pas le débat, mais l’absorption, la destruction de ce qui ne correspond pas à l’unicité de sa construction, qu’elle soit mystique, idéologique, structurelle ou utopique. Il est bien donc difficile de déterminer ce qui est objet de la sélection naturelle, de ce qui est la réponse de cette sélection naturelle qui se recompose sans limite par les fantasmes, comme une réponse pour outrepasser les interdits culturels qui lui font obstacles, et qui en génèrent certains qui vont bien au-delà de ce que la sélection naturelle permettrait. Afin d’en avoir une idée, pour toutes mesures il ne nous reste comme référence que les fonctions propres de nos organes, tout en sachant qui peuvent répondre à des usages pour lesquels ils n’étaient pas conçus dans le cadre de l’évolution, et être destinés à des fins culturelles que nous leur assignons qui se pérenniseront ou pas.

Si bien que quand nous disposons des moyens de créer l’abondance et que nous maintenons l’exclusion quels qu’en soient les justifications, nous sommes dans le mythe de la « sélection naturelle ». Nous sommes dans la culture idéologique de l’individualisme[60], car elle conduit des hommes qui vivent au quotidien les uns des autres à dénier leur intérêt communautaire et leur laisser entrevoir une finalité humaine qui serait la recherche de l’individualisme, parce que enfin ultime nous sommes dotés des attributs du monde du vivant pour survivre envers et contre tous.

…à l’exclusion…

Je prendrais l’exemple des cités dites difficiles. L’exclusion, économique et xénophobe, qui s’appliquent à certaines personnes de la population, les pousseraient à la névrose, et au-delà au suicide, si elles étaient individuellement isolées. Si ces personnes survivent, c’est parce qu’elles se sont regroupées dans des zones, où elles y développent une communauté d’exclus édifiants leurs propres règles, assurant ainsi leur survie.

Ainsi, quand des responsables politiques nous demandent (ou pas), de remettre en cause les raisons qui les y ont conduite, (l’absence de ressources, et la reconnaissance de leur différence culturelle pour certains, par regroupement communautaire, intégration, etc.), nous nous y refusons inconsciemment ou non. Nous préférons ne regarder que les manquements à l’ordre établi et employer la répression policière plutôt que faire appel à «une » politique budgétaire, que nous avons limité communautairement à 3%, qui permettrait d’élaborer les ponts nécessaires aux confrontations culturelles ethniques. Quand nous savons qu’il faut deux ou trois générations pour une acculturation. Cette politique restreint ainsi notre action sociale et économique en direction de ces zones, et nous croyons que les structures «libérales » qui ont créé ces exclus vont y remédier, ou bien nous imaginons que c’est parce ses membres seront répartis individuellement dans le groupe, qu’ils ne seront pas isolés pour autant, économiquement ou par la xénophobie.

Si nous n’avons pas compris que dans la société riche du consumérisme actuel l’identification s’effectue par sa propension à consommer, par le statut social qu’offre le travail, et que nous refusons aux exclus cette disposition.

Si nous n’avons pas compris que la variation d’un élément de notre ensemble se répercute inévitablement en générant des développements inattendus, de telle manière que les exclus exhiberont des modifications[61] dans l’organisation de l’ensemble d’une population ; alors nous ferons de nos élus des inaptes que nous accableront de nos propres turpitudes, et nous rechercherons une réponse policière à un problème socio-économique qui se confondra avec le maintien de l’ordre public, voire engendrera l’autoritarisme, le totalitarisme et au pire le fascisme.

Dans l’exemple choisi, la répression policière n’y changera rien, sauf à accroître la frustration si nous conservons encore à l’esprit que la «morale » institutionnelle, familiale, religieuse, scolaire, a pour but de faire accepter la misère et la pauvreté, et nous cacher de nos propres responsabilités d’acteurs sociaux.

…et à la production de nos maux…

Il en résulte que faute d‘apporter une réponse socio-économique, nous fabriquons des délinquants et des criminels. Plus actuel, nous sommes en passe de créer des criminels de la route.

En effet l’évolution des performances mécaniques fait de nos véhicules des machines fiables répondant à un désir d’accélération qui découle de nos structures sociales dans lesquelles nous y vivons pressés, qu’illustre correctement l’idiome «le temps c’est de l’argent. » Il n’est donc pas anormal de retrouver ce besoin de vitesse quand nous sommes au volant d’un véhicule, dont la vitesse et la puissance (leurs performances) sont un argument de vente incitatif, et dont les dites performances sont de moins en moins perceptibles dans la conduite de ces véhicules grâce au confort de conduite. Or notre réseau routier (hors auto route) date d’époques où il n’y avait que des chevaux et une circulation restreinte de véhicule peu rapide. Faute d’avoir pu adapter le réseau routier au nombre et à la vitesse des véhicules d’aujourd’hui, ou la vitesse des véhicules à celles du réseau, nous avons accru la législation routière, imposant ainsi de plus en plus de contraintes. Naturellement, il aurait été plus facile de demander aux constructeurs de réduire la vitesse de leur véhicule, mais cela ne convenait pas aux besoins de consommation qui ont été un support du développement de l’industrie automobile, et la mise aux normes d’un réseau routier approprié, n’aurait pu soutenir le rythme des innovations technologiques des véhicules en matière de vitesse. De telle manière que pour faire face à cette évolution génératrice d’accidents nous réglementons jusque dans les comportements sociaux. Comportements sociaux qui sont mis en exergue dans d’autres champs de nos activités ou loisirs comme qualité (vitesse par exemple, on veut que tout aille et se face rapidement), et qui deviennent synonyme de dangerosité au volant d’un véhicule. Pour ne prendre que le plus répandu, l’alcoolémie, nous incitons à consommer par raisons culturelles, économique, par sa fonction dés inhibitrice conviviale, et nous l’interdisons avec de justes raisons au volant d’un véhicule, par des campagnes d’informations qui sensibilisent, mais également cristallisent l’opinion publique.

Pourtant, quelles que soient les mesures de rétorsion qui pourront être prises ou d’appel à la responsabilité ou aménagements techniques routiers et autres pour réduire les accidents, il existera toujours un nombre de concordances d’événements qui conduiront à des accidents mortels, non par fatalisme, mais par occurrence, suivant en cela la règle des probabilités ; qui indique que les événements sont déterminés par ceux qui les précédent, et que forcément leur conjonction produira l’événement tant que ceux qui le précédent existeront. Et toutes actions menées dans le sens de leurs réductions feront apparaître ceux qui subsisteront comme intolérables. De telle manière que, parce que leur nombre d’accidents se réduira nous aurons tendance à juger criminels ceux qui subsisteront. Ainsi, autour de l’émotion médiatique que les accidents de la route suscitent, nous sommes en passe de définir un statut du criminel de la route par facilité, en pensant que faire passer une infraction de délit à crime fera disparaître les occurrences que nous avons créées.

L’absurdité consiste à avoir une demande de véhicules qui roulent de plus en plus vite, et s’interdire d’utiliser leur puissance parce que nous n’avons pas créé les infrastructures adéquates. Pour que les règles de la circulation routière soient respectées d’une manière quasi instinctive il faudrait qu’elles s’inscrivent dans le conscient profond. Alors, si nous voulons réduire les nuisances liées à l’utilisation des véhicules, c’est la demande qu’il faudrait modifier, sommes-nous prêt pour le faire ?

Pour l’instant nous avons fait le choix de la criminalisation ; sous la pression complexe : d’une part des familles de victimes avec de compréhensibles raisons, ensuite des campagnes « médiatiquo-politiquo-socios affectives » « électoralistes » et de l’hypocrisie des constructeurs qui se déchargent sur la responsabilité des citoyens. Citoyens qui eux même préfèrent criminaliser certains d’entre eux, comme si c’était une condition qui allait de soi, plutôt que de remettre en cause la construction automobile et la globalité des moyens de transports. Et pour être cruel jusqu’au bout du raisonnement, s’il était envisageable d’interdire l’alcool, des technocrates évalueraient les profits économiques qu’ils rapportent et les emplois qu’ils induisent, face au coup des pertes de vie qu’ils causent. Ainsi l’on ne peut pas sous le coup d’une émotion terrible se laisser aller à qualifier de criminel n’importe lequel de nos comportements, même s’il faut revoir nos activités à risques mortel

Imaginer seulement un instant que le tabac tombe sous le coup de la législation de la drogue. Les fumeurs deviendraient des délinquants, les fabricants et les revendeurs des criminels. C’est un pas que n’ont pas osé franchir les Américains, se contentant d’indemnisations, parce qu’il y a des millions de gens qui fument, et qu’ils ne sont pas encore assez fou dans leur jugement pour si auto proclamer criminel, mais ils n’hésiteraient pas à le faire s’il s’agissait d’une minorité.

Naturellement, ces réflexions n'ôtent rien à la souffrance des victimes auxquelles il ne peut être demander de raisonner quand leur souffrance émotionnelle réclame vengeance.

Toutefois, ceci peut nous faire comprendre que l’évolution technologique et scientifique de ces cinquante dernières années ont bousculé des structures sociales qui ne leur sont plus adaptées. Ces évolutions n’ont pu être encore intégrées dans les structures et dans l’acquis culturel par toutes les générations, et la référence à certaines lois «empiriques» et valeurs traditionnelles (école, famille, religions, patrie) ne nous sont d’aucun recours, là, où doit se développer la réflexion et la connaissances.

Ces insuffisances des lieux de repères traditionnels sont ressenties comme un effondrement, là, où il ne s’agit que d’une transformation trop rapide de valeurs qui s’adaptent à l’évolution des structures sociales et économiques, même si certaines, comme dans l’enseignement, laissent à désirer ou aggrave la référence de l’école. Transformation socioéconomique particulièrement par la double représentation hiérarchie de « l’image du père » qui peut être exercée par « la mère » qui a acquise une autonomie. Sauf pour ceux qui les utilisent pour justifier ou maintenir leurs vues intégristes ou qui proposent seulement à la place de la réflexion éducative devant la complexité croissante, l’action judiciaire et policière. Actions judiciaires et policières qui indiquent que nous fabriquons de plus en plus de maux.

En conséquence, étant les producteurs de nos maux il nous est indispensable d’en connaître les raisons quand nous devons les appréhender, et comprendre qu’ils ne sont pas inévitables.

…qui ne sont pas inévitables !

C’est peut-être également pourquoi aussi, la vulgarisation de la connaissance des lois génériques fondamentales connues aujourd’hui serait de nature à faire franchir un nouveau seuil à l’acquis « culturel » (notre capacité innovante), en réduisant les événements qui mettent en exergue notre capacité à nous auto détruire, anticipant sottement une fin programmée. Mais pour cela, il faudra peut-être repenser l’enseignement, et y intégrer assez tôt ce qui est devenu une affaire de spécialistes, la sociologie et la psychologie, et d’autres ; mais surtout revenir à une formation généraliste solide qui puisse permettre la compréhension de disciplines plus dures dont on ne pourra pas faire l’économie si l’on veut s’assurer d’une progression intellectuelle. Pour l’instant ce n’est pas ce choix qui a était fait. Il ne faut pas pour autant imaginer que cela nous dispensera de l’effort et de l’envie de la réflexion tant notre existence est complexe. Alors peut être en prenant conscience grâce au savoir qu’il n’y a pas de fatalité mais seulement des conjonctions d’événements, nous réduiront nos maux qui sont en augmentations exponentielles. Des conjonctions d’événements qui ont généré ce que je présente comme image générale de notre monde dans les paragraphes qui suivent.

Des conjonctions d’événements dont nous sommes seulement les acteurs d’une pièce collective, car même quand nous nous considérons en être les auteurs individuels « créatifs » nous le devons aux conjonctions événementielles précédentes. Ceci, limite de fait cette obsession de la responsabilité totale de l’individu à laquelle nous tenons tant, parce que nous ne pouvons pas mettre en prisons «l’événement culturel en soi», et encore moins la théorie sur les probabilités. Et là, où la connaissance de la genèse des événements devrait nous conduire à une réflexion conciliatrice réparatrice, nous développons les pulsions et passions émotionnelles source d’intolérances.

Certains de nos maux ne sont donc pas inévitables pour peu que l’on veuille s’instruise de leur genèse qu’il faut découvrir dans un ensemble où l’espace est occupé par les possédants

Perdu au milieu d’un ensemble allant du clan à l’État et au retour au clan financier…

Cependant réduire nos maux c’est une voie plus que difficile dans la réalité que nous vivons.

Au cours de son évolution, l’Homme s’est sédentarisé dans des espaces délimités à la mesure de ses besoins économiques, et de son «esprit » conquérant, le clan, la tribu, l’État. Aussi dramatique que soit son histoire «Humaine », ce besoin demeure vivace, et se manifeste encore aujourd’hui par des luttes concurrentielles, dont certaines à visées monopolistiques, les deux allant parfois de concert, ou parfois encore, dans des conflits territoriaux (espace culturel et politique), qui donnent le plus souvent des confrontations dominatrices par l’accumulation de puissance militaire, économique ou financière, à l’échelle planétaire.

Si la puissance militaire demeure l’apanage des États, la puissance, économique ou financière, ou les deux à la fois, peuvent être détenues par des particuliers, qui de ce fait confèrent à certains d’entre eux, plus de puissance que beaucoup d’États[62], et qui peuvent être regardés dans l’ensemble comme des clans financiers.

De la sorte un Homme peut dans un tel ensemble se sentir perdu et renoncer.

… dans un espace occupé…

D’autant plus qu’il naît dans un espace occupé. Dans sa sédentarisation, l’homme s’est approprié la planète. Il y a défini des règles «propriétales » arbitraires, à tel point qu’à l’extérieur des communautés humaines, aucun espace disponible n’existe, pour qu’un Etre puisse s’y développer. Ces règles modifient en cela l’interdépendance de l’individu et du groupe, des groupes entre eux, et la circulation d’individus d’un groupe à un autre (par opposition au nomadisme dans un espace libre.)

Ainsi, c’est de son habileté à ordonner cette interactivité, à réguler la «sélection naturelle culturalisée» pour l’accession aux ressources des différents groupes, que surgiront ou non des possédants, des exclus et nos maux.

…par des possédants.

Des possédants sans limites. En façonnant son espace, l’homme a découvert des matières premières, et a créé des matériels et matériaux, sources de mieux être, eux-mêmes enviables pour plus de bien être, tel le machinisme, dont il retire au-delà, plus de considérations, de puissances, d’autorités pour s’affirmer individuellement ou collectivement.

Ayant le sens de la possession, il en a étendu sa pratique à tout bien matériel ou non (culture, élevage, domestication animale, services). Également à sa propre espèce, en s’assujettissant et «s’esclavagisant », pour se contenir dans une organisation mercantile puis monétariste, et consumériste en dehors de laquelle n’apparaît pas d’autres possibilités de croissance, que la production exponentielle in fine de biens et services.

Car les biens et services sont devenus le dénominateur commun de richesses, qui repose sur un capital confiance et de crédulité.

Sur quoi repose cette richesse, si ce n’est sur un capital confiance ou une crédulité …

Son intelligence a permis à l’homme de découvrir des mécanismes de la connaissance de soi, comme celle de son Univers. Au passage, il créa des sociétés mystiques, démontrant s’il le fallait, que d’un concept paraissant dénué de «réalité» peuvent jaillir des organisations sociales durables, et des courants de pensées omniprésents, mettant en exergue l’indispensable capital confiance ou crédulité suivant les circonstances. Bien que ce que nous appelons mystique ne soit que la perception d’une appartenance concrète à un ensemble dont nous ne pouvons donner une juste définition autrement que par des schémas abstraits mal définis, souvent invalidant d’absolutisme, du fait même de l’Être inachevé que nous sommes qui se bonifiera ou disparaîtra dans la logique de l’évolution. Bien que le mysticisme ne soit que la piètre définition de la compréhension d’un Être intelligent, qui à un moment de son histoire en prenant conscience de la mort, a du vouloir exercer un contrôle sur les régularités qu’il devait observer y conduire, et qui pouvaient n’être que la sélection naturelle de toute espèce vivante, qu’il a borné d’interdits ?

Un mysticisme qui se recompose par les sciences, et nous passera de la crédule confiance à la confiance mesurée sur la route conduisant à l’hominisation.

… dans un puzzle infini.

Ainsi, de comportements «naturels » en concepts dits irréels, l’homme s’est construit un monde de connaissance et de savoir, où cohabitent «apparemment » des paradoxes.

Dans le même temps, la connaissance approfondie, le savoir grandissant, les ressources surabondantes, les idéaux et courants de pensées multiples ont complexifié l’organisation et la compréhension du monde.

Par analogie, notre monde ressemblerait à un puzzle en expansion où chaque pièce se renouvelle, se multiplie, varie de forme, de couleur, de place, et modèlerait une image sans cesse changeante. Un puzzle que nous n’avons aucune chance de lire dans son ensemble par notre seul regard, et même si nous nous situions dans une position hypothétique d’observateur, nous ne pourrions observer et comprendre que le passé, car le temps de décoder ce que nous observons, l’image que nous définissons n’existe plus. Si bien que l’étroitesse de notre regard ne nous permet d’exister que par défaut tout en étant partie intégrante du monde objectif. Monde objectif que nous devons percevoir par nos sens, et c’est cet apparent paradoxe qui a certainement donné naissance à la récurrente querelle des matérialistes et des spiritualistes.

Pourtant, toute cette complexité peut être formulée par des règles mathématiques, qui sans être absolues, réduisent l’incertitude des probabilités dans la survenance d’un événement, et elles nous ont ouvert la porte à ce que nous ne voyons pas.

… de contraintes.

Aujourd’hui comme hier, le ou les dominants demeurent, le ou les possesseurs des ressources économiques, et ceci indépendamment des moyens pour y parvenir, qui vont de la force brute à l’intelligence la plus subtile. Je pense à toutes les conquêtes territoriales, comme à toutes les unions et alliances d’intérêts d’hier, et aux concentrations et fusions d’aujourd’hui.

Quels que soient les visages multiples et éphémères qu’ils revêtent, qu’ils soient personnifiés, institutionnalisés ou théorisés, leurs pouvoirs résultent de l’action contraignante exercée sur le ou les groupes communautaires.

Par exemple, la Bible relate que le Seigneur a mis toutes choses au service des hommes. Cette contrainte, pour ceux qui l’acceptent, leur retire la paternité de toutes leurs innovations, puisque le postulat énoncé sous-entend qu’elles ne peuvent l’être que grâce à la bienveillance du Seigneur. Dans cet exemple, le dominant Dieu est irréel, et se manifeste par la confiance accordée à un postulat. Dans celui des théories monétaires, c’est la masse des capitaux qui influencent ou contestent les décisions politiques (les contraint, par ex FMI, fuite des capitaux) et repose également sur la confiance accordée à un système tout aussi irréel et fictif qu’un dieu, la monnaie, cela dans un parcours qui fut long, à l’image de l’organisation du temps (5000 ans). Temps, dont il est impensable dans nos sociétés productivistes de ne pas d’évoquer, puisqu’il est aussi structurant qu’un livre d’histoire ou de géographie.

Un puzzle dans lequel il existe deux constantes incontournables…

Toutefois, l’homme a dû gérer deux constantes incontournables.

1- Le temps qui s’écoule ou la vie qui passe nous a conduit à des innovations de mesures. Une des premières mesures de temps connus sera le «nilomètre » chez les Égyptiens. Ils mesuraient les crues annuelles du Nil. Ensuite ils mirent en place «l’année du Nil » de 360 + 5 j, 4241 avant J.C. Puis, viennent d’autres instruments de conservation de l’heure, du «clepsydre » au cadran solaire et horloges à échappement, jusqu’à notre montre actuelle. Ensuite il a fallu passer des heures locales à une référence universelle, ce sont les 24 fuseaux horaires qui divisent le globe, issus d’une proposition canadienne, et dont le méridien référence de Greenwich sert de base de départ. La France y adhère le 9 mars 1911.

De l’observation de la lune et du soleil, l’Homme en a tiré la notion de mois et d’années. Ensuite, il a décompté le temps en semaines inégales, au gré des croyances (il a été découvert au moins quinze façons de regrouper les jours par «paquets » de cinq à dix)[63]. C’est ainsi que notre semaine est d’origine romaine et astrale (dimanche / soleil, lundi / lune, mardi / mars, mercredi / mercure, jeudi / Jupiter, vendredi / vénus, samedi / saturne.) Un autre événement participe à l’utilisation optimale du temps, la lumière. Du flambeau à la bougie et à l’éclairage tel que nous le connaissons, elle permet l’utilisation de la période nocturne pour toute activité.

Le temps ainsi segmenté, après 5000 ans et plus de tergiversations, scande notre existence. Il est devenu un élément fondateur de notre économie productiviste (ce que nous pouvons faire dans un temps donné), mais aussi un sujet important de controverse dans l’utilisation de sa répartition par les hommes (travail / repos, même s’il s’agit du temps conventionnel.) Si fondateur, que «donner l’heure » est devenu aussi banal que de boire, comme si elle était apparue spontanément.

2- Le renouvellement de l’espèce, par la gestion de l’accroissement de la population, au travers de directives religieuses (multipliez-vous et peuplez toute la terre)[64], puis toujours au travers de politique de natalité ou dénatalité, et de migration en fonction des structurations socio-économique, et des limites territoriales des États. De manière que la pensée Malthusienne dans ce domaine soit devenue une référence indicative socio-économique.

Ainsi la mort et la fécondité sont deux constantes incontournables de la réalité de hier et d’aujourd’hui qui ont généré des références structurantes.

… d’une réalité persistante…

Je peux ici rappeler la pensée Malthusienne, «Un homme qui né dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses parents la substance, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couverts mis pour lui. Elle lui commande de s’en aller, et elle met ses ordres à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques convives du banquet[65] ».

« En partant simplement de l’observation de la nature si nous sommes bien convaincus des maux qu’entraînent un excès de population…. Je ne vois pas comment un homme qui base sa morale sur le principe de l’utilité peut échapper à la conclusion que la contrainte morale (ou abstention du mariage) est pour nous un devoir jusqu’au moment où nous sommes en mesure d’entretenir une famille »[66].

Pour ceux que cela choque, qu’ils me disent si dans leur quotidien ils n’ont jamais entendu dire «Une guerre réglerait le problème du chômage », «il faudrait une bonne guerre » ou «pour me marier j’attends de trouver un emploi stable », «ce n’est pas tout d’avoir des enfants, il faut pouvoir les élever », etc. Si l’occident a souvent mené une politique nataliste et migratoire, d’autres faisaient leur la pensé Malthusienne.

… mise en évidence depuis 1950.

La réalité de la pensé malthusienne à trouvé son évidence en Inde en fonction des réalités de l’époque. C’est ainsi qu’en Inde et en Chine depuis 1950, sont menées des politiques de planification familiale anti-natalistes, allant de la simple incitation (avantages sociaux aux familles acceptants de limiter leurs naissances), à la dissuasion, voire la contrainte (campagnes de stérilisation forcée, menace de prison, nombre et choix du sexe de l’enfant). Ceci pour rappeler la préoccupation constante de la nécessaire appréciation de l’évolution démographique de notre espèce qui engendre la maîtrise de ses sources nourricières et spatiales.

Ainsi ces deux constantes de nos vies sont des réalités pesantes dont aujourd’hui l’utilisation infinitésimal du temps et la fécondité globale croissante modifient nos existences et engagent l’avenir planétaire.

Avenir qu’il faudra bâtir de compassion…

Nous sommes là, avec Malthus (1766/1834), en pleine interprétation de l’inné primitif, comme objectivation de ce que nous nommons les «lois naturelles », reporté à l’examen de l’accroissement des populations, par une observation en un instant donné de l’histoire humaine qu’il vivait.

En effet, en 1800, il y avait 954 millions d’humains[67] aujourd’hui nous sommes 6 milliards. Comme quoi quand nous nous référons «aux lois naturelles », il est utile de les interpréter avec une certaine prudence ! D’une part parce que nous n’avons pas accès au futur, bien qu’il puisse être contenu dans notre capacité réflexive (l’idéal, l’utopie, le but, la désidérabilité), d’autre part, parce qu’en l’espèce, dans les citations de Malthus, la «compassion » aurait eu de meilleur effet que la valeur d’utilité. Cette compassion (altruisme), que nous pouvons attribuer à cet inné primitif que nous ne cessons d’essayer de définir et de compléter par acquis, nous pousse aussi à la survivance de l’espèce, au travers de la filiation et de l’acculturation, et cela, malgré l’individualisme affiché et notre hégémonisme culturel d’humain «inculte » de lui-même par défaut[68].

… pour affronter les peurs...

Rien ne nous empêche aujourd’hui d’imaginer une nourriture moléculaire, parce que nos connaissances biologiques et autres le permettent, et demain entrer dans un appareil de «nano fréquences nucléaires »[69] pour nous revitaliser.

Cela peut nous effrayer, car nous sommes toujours tournés vers notre passé. Nous ne connaissons partiellement que lui et nous voulons le maintenir parce qu’il est rassurant.

Sauf à ignorer tous les éléments qui nous signalent, que nous sommes, comme d’autres espèces, condamnées à évoluer, sauf à dénier toutes les preuves d’existences disparues (les études paléontologiques), a moins que comme certains organismes ou espèces nous soyons dans un biotope idéal qui conserve notre espèce en l’état. C’est ainsi que nous confions «aux lois naturelles ou l’inné primitif » le rôle de vouloir nous maintenir tel que nous sommes contre toute évidence, et de qualifier toute innovation, manipulations génétiques en la matière, d’ouverture de «boîte à Pandore ».

Comme si l’univers ne l’avait pas ouverte !

Nous sommes nous demandé combien d’Etres avaient pu mourir avant que nous ne décelions la toxicité de certains champignons, plantes ou animaux que nous évitons soigneusement ? Nous sommes nous interrogés sur la toxicité de tout ce dont nous faisons usage[70] ? Ainsi que le nombre d’inepties ou de légendes que nous avons construites autour d’eux par ignorance.

Naturellement, je comprends compte tenu de tous usages à des fins mercantilistes ou dominatrices que nous faisons de toutes choses, que certaines craintes soient fondées[71]. Nous faisons usages de tant de produit nocif !

Mais, il y a un phénomène auquel nous ne prêtons pas suffisamment d’attention, et qui ne pouvait qu’échapper à Malthus : C’est l’utilité d’un égoïsme équilibrant.

Je m’explique : Je ne me prive pas de critiquer l’égoïsme présenté comme une fin en soi, justifiant tous les buts, et exposé comme un but par notre «culturalisation ».

Néanmoins cet égoïsme «instrumentalisé » par notre culture technologique, apporte une réponse à la surpopulation, car nous pouvons observer que les taux de fécondité sont les plus bas dans les pays industrialisés.

Les pays dans lesquels nous pratiquons «l’hédonisme technologique».

Si bien qu’avec un peu de réflexion, nous pouvons nous rendre compte que pour réguler l’espèce, il n’est pas nécessaire de s’entre-tuer, ou de laisser mourir dans la famine ses semblables, mais que bien au contraire, plus notre espèce peut «jouir » de la vie, moins elle procrée. Il y a bien là un intérêt évidant à se trouver une source de richesse qui ne nous conduise pas à la progression suicidaire.

Il n’y a rien de fantastique en cela, c’est ce que nous observons dans «ce que nous appelons l’équilibre de l’écosystème », sauf que nous pensons, que notre «Culturel y échappe », parce que nous avons refoulé sa condition originelle, sauf que les lois universelles physiques ou biologiques ne raisonnent pas comme cela, et même notre activité culturelle porte sa propre auto régulation.

Aussi, si nous n’avions pas peur de nous regarder en tant qu’espèce, plutôt qu’entre étrangers, il ne serait plus nécessaire de faire encore notre ce vieil adage de Malthus, «que celui qui n’est pas invité au banquet de la nature doit se retirer », en croyant chaque fois que c’est à notre table personnelle.

… au delà de nos certitudes…

Néanmoins, si l’évolution de notre espèce nous a dotés d’un cerveau cognitif, c’est parce qu’il doit concourir à une évolution. Bien sûr, la question reste entière quant à savoir, comme toutes les cellules qui se dupliquent, quelles erreurs le développement de notre intelligence engendre ou engendrera. De toute évidence, l’histoire est là pour nous montrer que nous ne choisissons pas de l’utiliser ou non. Tout dépendra des événements environnementaux, dans lesquels nous prenons aussi notre part, sinon les peuplades de Papouasie ou d’Amazonie ne seraient pas telles qu’elles sont, aborigènes.

Nous serons donc toujours contraint d’affronter nos sens qui poussent les hommes à s’assembler autour de symboles qui trouvent leur pouvoir agrégatifs au plus profond de la mémoire collective originelle, sans jamais arriver peut être à en faire le tour complet.

C’est dont au cours du renouvellement des populations qui se transmettent toujours plus d’acquis, nous avons vu apparaître : Des Découvreurs, des Entrepreneurs, des Philosophes, des Élites, et des Masses Œuvrant, opérant dans les conditions les plus diverses des sociétés, et des dominants du moment. Leurs interactions, et l’histoire de nos certitudes, constituent l’histoire de l’humanité, dont les épisodes de vie ne se reproduiront plus tels qu’ils ont été, même si beaucoup d’entre eux ont des similitudes pour n’être que recomposés, quel que soit notre désir de le vouloir ou de l’éviter, nous sommes contraints d’aller au-delà poussé par l’évolution.

Pourtant quand nous parlons d’évolution, comme nous le faisons et comme je le présente d’en l’espérance d’une amélioration, rien n’est moins certain, car une régression ou une disparition constituerait aussi une évolution qui n’intéresse que nous.

… dans une dynamique progressiste…

Aller au-delà de cette incertitude pour assurer une progression dynamique, c’est aussi la faire sur des territoires inégalement pourvus en ressources avec des cultures sociétales dans lesquelles chaque société a effectué la gestion du temps et de sa population, en mettant en œuvre des moyens indissociables les uns des autres. En effet, chaque progrès ou invention a trouvé une adaptation et un usage dans des domaines divers et variés, favorisant ainsi une dynamique progressiste évoluant à des rythmes différant.

Par exemple, autour du IV ième siècle, l’horloge est inventée par un moine pour sonner les moments de la prière. Puis, en 1330, ces horloges modifiées, marquent les 24 premières heures issues de la division du temps. Depuis le XVIII ième siècle et le début de l’industrialisation, dans les rapports sociaux et ceux du travail, l’heure est synonyme de ponctualité. Cette dernière notion est importante, car elle marque une rupture symbolique avec la ponctualité, marque de bienséance en vigueur aux époques antérieures en Europe.[72] Ainsi une innovation qui avait une fonction cultuelle est devenue un des piliers de la productivité.

Alors que dans des sociétés dites indigènes durant ce même laps de temps la dynamiques progressiste aura été infime, à tel point que nous, nous la considérerons nulle si elle ne se mesure pas aux nôtres.

Alors pourquoi un enseignement dont la mission républicaine est d’instruire ne pourrait-il pas devenir une source de richesse, et représenter une dynamique progressiste.

… pour se répartir le temps…

Dans le même temps, les tâches se sont réparties en structures productivistes, générant entre autres, la division du travail en de multiples disciplines spécialisées, fragmentées en sous disciplines. De là, la «sociologie industrielle » naît en Amérique, réplique à la rationalisation du travail mise en place par F.W. TAYLOR, dont H. FORD applique la technique à l’extrême, en inventant les chaînes de montages. Dés lors, la sociologie s’applique aux problèmes de l’industrie et du travail en général, sous le nom de sociologie du travail. Celle-ci a remis en cause les techniques qui avaient conduit à son élaboration, aidé en cela par l’automatisation, et par un retour à la notion de tâches d’ensembles pouvant conduire à des métiers spécifiques ou des emplois valorisants, humanisant les chaînes de production.

Néanmoins une forme de taylorisme gagne le secteur des industries agricoles et alimentaires en France, où la masse ouvrière travaillant à la chaîne est passée de 20% en 1984, à 30% en 1998, et les ouvriers qualifiés, dans la même période, de 7,5% à 15%.

Dans cette répartition fluctuante, la contestation ouvrière s’est structurée pour formuler des revendications, notamment celle des 3 huit, à partir de 1884 en France. Puis en 1936, le Front Populaire définissait la semaine de 40 h qui n’est devenue effective qu’à partir de 1975 (42 h contre 48 h en 1936). Ensuite en 1985, une étape supplémentaire portait la semaine à 39 h, et enfin, l’an 2000 la voyait définie pour 35 h.

Ainsi nous sommes passés d’une durée moyenne de 3 232 heures annuelles en 1820, à 1355 h en 2000 pour les salariés français concernés par les 35 h. Ces réductions successives ont entraîné une évolution technologique compensatoire, avec comme conséquence la substitution du travail par le capital, au travers des investissements en machines-outils dont le transfert d’activité ne fut pas suffisant pour aboutir au plein emploi, malgré le concourt de l’innovation technologique poussée par l’obsolescence des produits.

Puisque les salariés privés d’emplois sont passés de 260 000 en 1950, à 3 060 000 en 1999, suivant les critères du bureau international du travail[73]. Parallèlement, l’activité de services et de loisirs n’offre pas une alternative suffisante faute de capitaux dans le cadre d’une demande existante soumise aux rapports prix/travail.

En effet, en France de 1886 à 1999 les salariés du secteur agricole sont passés de 47% de la population active à 4,2%. Dans l’industrie c’est la productivité qui s’est accrue, les salariés sont restés stables passant de 25,7% à 24,9% des actifs, avec une crête à 35,9% en 1980. Quant aux services ils ont progressé de 27,3% à 70,9 % des actifs. Toutefois, il me paraît nécessaire de signaler que n’est pas estimé, le transfert d’activité de «services » qu’effectuaient elles-mêmes antérieurement les entreprises, et qui se trouvent aujourd’hui comptabilisés dans «les services ».

Il est important de noter à cet instant, que pour ceux qui seraient prêts à travailler gratuitement, le travail ne manquerait pas.

Cette réflexion conduit inévitablement à la nécessaire harmonisation de l’utilisation des masses monétaires et du temps dans notre existence, face à l’insatisfaction permanente, de nos désirs, qui nous conduirait à toujours trouver une justification pour travailler indéfiniment.

De telle manière que la répartition du temps nous commande d’élaborer des projets de sociétés. Pourquoi pas vers une dynamique du temps libre.

… vers une nouvelle dynamique du temps libre.

C’est pourquoi dans l’évolution de la durée du travail, ce qui m’intéresse particulièrement, c’est le temps libre. Car c’est cette quête là, aussi, qui nous a sorti du seul labeur, et il ne servirait à rien de consigner notre savoir dans des millions d’ouvrages s’il ne pouvait être lu ou enseigné.

C’est pour cela que l’usage que je préconise de ce temps libre peut y être consacré, comme une activité productrice, de la même manière que le sont toutes les autres activités auxquelles nous nous livrons durant ce temps libre, c’est simplement une nouvelle dynamique.

Une nouvelle dynamique qui nécessite de forcer son intelligence.

Mais nous sommes un «animal », pas encore civilisé…

Si j’ai rappelé quelques aspects de comportements humains, c’est pour souligner, que l’ensemble forme un système adaptatif complexe. C’est à dire une organisation en mouvement difficile à cerner, dont la compréhension nécessite une accumulation de connaissances, qui croissent, au fur et à mesure que l’Homme répond à ses besoins et interrogations. C’est pour signaler que l’Homme n’est qu’un «animal » en stage d’apprentissage, et qu’il n’y a que notre suffisance qui nous empêche de le comprendre. C’est à dire que notre apprentissage consiste à prendre la mesure de notre capacité intellectuelle et psychique. Pour cela l’Homme doit se regarder comme il regarde les autres espèces, locataire passager de notre planète. Il ne doit pas avoir honte de n’être qu’un mammifère parmi tant d’autres. Certes un mammifère intelligent, mais un mammifère intelligent qui s’est fabriqué pour l’instant l’arme la plus meurtrière «La Vérité», la Vérité absolue, pour ne pas sombrer dans la folie, l’angoisse, la peur de l’incertitude en découvrant la conscience de «Soi ».

Une Vérité plus meurtrière que nos instincts primitifs, mais il est plus facile de le comprendre aujourd’hui.

Même si nous retenons l’idée que l’homme a été créé par le divin ou qu’il est venu d’ailleurs, la communication avec le divin ou «l’ailleurs » doit être difficile ou incompréhensible, pour que ses prophètes inspirés du divin ou ses théoriciens de «l’ailleurs » aient traduit et dicté tant de «Vérité » qui assassinent ?

Ainsi, l’Homme devra se débarrasser de la vérité absolue, comme Newton nous a délivrés de l’idée de position absolue dans l’espace et Einstein du temps absolu, cela pour mieux comprendre ce que ces absolus nous empêchaient de voir. C’est à dire que les vérités absolues sont comme des verrous qui ferment des portes et empêchent d’aller au-delà. La vérité absolue, c’est aussi celle que détiennent les psychiques clos, au-delà de leurs constructions nécessaires, incapables de se corréler. De sorte qu’ayant refoulé l’animal dans son cerveau primitif, il développe ce qui fait sa fragilité pour survivre[74] et sa force pour évoluer, son intelligence.

Ceci en gardant à l’esprit, que les mathématiques qui ont fait sauter tant de verrous, ne pouvant calculer de nombres infinis, il y a forcément un point où tout cela s’effondre ; et tout raisonnement, également, a un point où il y a un absolu, un point ou il y a une place pour ceux qui ont besoin d’une « Vérité », une place où l’on peut mettre un Dieu, un abri où l’homme peut reposer sa vigilance et poser ses secrets.

De telle manière que l’animal que nous sommes qui a besoin de vérité, et qui se croit civilisé parce qu’il se dit « bonjour », ne s’ouvre aux autres que de manière hégémonique, et il laisse le travail de corrélation, d’acculturation au « temps », parce qu’il n’a pas de contrôle sur lui.

… qui doit forcer son intelligence.

Dans ce système adaptatif complexe qu’est notre monde, ce qui est le plus intéressant à mes yeux et de savoir comment y intégrer le développement de l’intelligence comme source de revenu direct, en clair rémunérer les hommes pour apprendre. Certaines formes de financements existent actuellement suivant les États : les prestations versées par les allocations familiales, le versement de bourses, la rémunération de stages professionnels etc. Dans l’organisation monétaire codifiée par la comptabilité nationale, les sommes dépensées à cet effet, suivant leurs provenances, sont qualifiées de charges, d’investissements ou de dépenses ; et cette codification n’est pas plus absolue, que ne l’est notre place dans l’espace. Enfin nous pouvons observer que l’enseignement est d’autant mieux perçu que ceux qui le reçoivent y trouvent une utilité immédiate ; mais nous pouvons aussi observer qu’il n’a pas suffit à éradiquer la violence et la pauvreté ; certainement peut être parce que les personnes de ces milieux difficiles font le lien direct et immédiat, entre ce que leur apporte l’enseignement et son inutilité pour les sortir de leurs situations présentes. S’ils percevaient une rémunération pour apprendre, il en irait peut-être autrement du moins pour une partie d’entre eux.

Il y a donc une place pour l’imagination. Je peux même dire qu’il n’y a que cela, mais à une condition, que nous libérions du temps pour cela, avec un espace de réflexion dans ce champ clos qu’est notre cerveau.

Faire un choix qualitatif.

Si tout nous est permis, nous ne disposons pas pour autant du temps dont nous aurions besoin individuellement, sauf si nous le concevons dans la continuité de l’espèce, et cela nécessite des choix qualitatifs, et le temps dans sa durée comme permanence ne peut pas être ignoré.

Le temps, un déterminant social...

Aujourd’hui personne ne conteste le bien fondé de scolariser ses enfants pour assurer l’éveil de leur intelligence, l’apprentissage des bases de culture générale indispensables à leur insertion dans la communauté, et leur spécialisation pour les métiers ou emplois correspondants aux besoins socio-économiques.

Actuellement, l’enseignement dispensé couvre tout le savoir disponible, à l’exception de celui issu du travail des découvreurs qui ne viendra s’y rajouter que plus tard. Le temps qui est imparti à cet apprentissage est législativement fixé, pour une période estimée suffisante à l’assimilation d’un niveau de «culture générale » minimale obligatoire. Il est suivi des filières, techniques, universitaires et spécifiques de grandes écoles, ENA etc.

La scolarité terminée, une fois, que chacun a réalisé ou subi sa sélection, le solde restant à apprendre est immense, et inaccessible dans sa totalité.

Par exemple, si l’on voulait avoir le niveau de doctorat dans dix disciplines différentes, il faudrait au minimum étudier durant soixante-dix ans.

Ainsi, pour l’accès au savoir le temps demeure un déterminant, dont la disponibilité s’est accrue puisque nous vivons plus longtemps, et que nous le consacrons moins au labeur.

…c’est quoi le temps ?...

Comme cet exemple le démontre, il surgit une contrainte rigide, celle du temps, du temps social ou conventionnel (simple paramètre culturel qui permet d’ordonner les événements), que nous gérons sur notre planète.

C’est quoi ce temps ?

Pour en gagner, nous pouvons toujours imaginer des voyages cosmiques à la vitesse de la lumière permettant d’apprendre dans un laps de temps qui s’écoulerait moins vite que sur la planète. Mais c’est là, plus une prospective futuriste due à notre ignorance, qui fait, que si tout le monde a entendu parler de la relativité générale d’Einstein,[75] peu d’entre nous sont capables de l’expliquer. De fait nous vivons par nécessité avec une mesure de temps structurant dont nous nous accommodons, sauf, entre autres, dans l’utilisation de systèmes de navigation basés sur les signaux de satellites, car sans tenir compte de la Relativité, les calculs en seraient faux.

De sorte que sur le temps structurant nous ne pouvons rien gagner, hormis l’aménager.

Pourtant dans notre quotidien il n’est pas rare que nous nous querellions au cours de la perception d’un événement autour du temps. Je pense aux alignements litigieux du hors jeux au football. Est-ce que nous allons le mesurer à 299 792 458 mètres par seconde ? (Vitesse de la lumière en étalon historique normalisé, le mètre social, alors que nous, nous percevons une image entre 180 et 360 millisecondes, et nous, en sommes conscients entre 540 et 720 millisecondes)

Même si nous pouvions le faire, pour avoir la même vision, il faudrait que tous les spectateurs soient à la même place, et que nous soyons assurés que la perspective ne déforme pas notre vision.

Et la télévision ?

Elle nous renvoie son temps, et elle nous trompe en exigeant de nous, que nous fassions notre le sien, au nom de l’impartialité télévisuelle, alors que ce n’est que celui du cadreur ; à qui, il est tout aussi impossible de saisir l’instant réel qui va trancher le litige. Ensuite nous ferons appel à la technique pour résoudre le litige. Cette même télévision ne nous explique-t-elle pas qu’elle nous fait vivre en direct instantané des événements qui se produisent à l’autre bout du monde. Naturellement c’est faux. Nous n’avons ni l’odeur ni la sensation ni une vue personnelle car il s’agit d’un langage commercial sélectif, d’une réalité partielle, dont chacun tire l’émotion qui l’arrange. Ceci parce que l’information nous arrive dans un temps que nous ne pouvons pas mesurer consciemment.

Cette réalité ne nous est pas perceptible du fait de nos limites, mais l’intelligence peut la connaître et tenir en compte, au-delà des luttes d’images émotionnelles.

Je m’explique, je veux dire que l’image télévisée, n’est qu’une suite de photos. Autant nous avons conscience qu’une photographie fixe un événement passé, et suscite l’imaginaire, autant nous perdons cette réserve de vue, à cause du mouvement qui est donné à la succession de photographies qui défilent, parce qu’elles ressemblent à un instant de vie proche. Un événement retransmis n’est qu’un fragment de vie, il est partiel et partial, il n’a toute sa valeur de réalité qu’à partir du moment où vous l’avez vécu, ou que vous connaissez l’histoire des événements qui l’ont emmené.

Sinon le film d’un événement reste des photos qui nous parlent, comme nous disons improprement, car le dialogue c’est nous qui le faisons avec notre imaginaire. Nous en oublions trop souvent, que les médias et la télévision en particulier sont un commerce d’audience. Ils sont une loupe grossissante, tant ils sont le reflet de la notoriété qui est sous-jacent en nous.

Ainsi, le seul fait d’avoir réduit le temps à sa plus petite expression nous fait entrer dans la vie virtuelle des autres, dont nous gardons le plus souvent des caricatures. Sauf que nous, nous croyons connaître la vérité parce que nous en avons vu des fragments. Ce phénomène n’est pas nouveau puisque c’est là nos limites. De tout temps les hommes se sont distribués des bribes d’informations qu’ils ont reliées pour en tirer une suite historique dont leurs connaissances et leurs imaginaires ont comblé les blancs, quand par soucis politiques, ils ne les ont pas mystifiés.

Mais par l’information médiatique, nous sommes entrés dans une tendance à l’anticipation par soucis de gain de temps dans une concurrence à l’information, qui conduit les commentateurs et spécialistes à donner leur avis sur les événements avant même que soit connu les éléments ayant concourus au développement de l événement survenu. Cela n’est pas sans incidence sur l’appréciation de l’événement sociétal, car parfois il devient plus dangereux de corriger une contre vérité que de laisser s’en développer la rumeur. D’autres fois nous sommes déçus d’avoir cru que l’anticipation est une science sûre (statistiques), ou nous nous glissons dans la peau de l’anticipation, confirmant de fait ce qui n’était qu’une interprétation. Nous passons ainsi d’un outil de lecture à un outil qui nous dirige.

Ainsi la perception du temps et son utilisation va organiser aussi notre réflexion, et par elle nos relations sociales.

…Un temps relatif…

Nous le vivons en mesurant sa durée en «temps conventionnel », par nos sensations émotionnelles. Quand nous vivons des heures trop longues ou trop courtes, nous le mesurons également par notre temps biologique, les rythmes circadiens (sommeil).

Je m’attarde sur cette notion de temps car elle est devenue essentielle dans notre existence comme je l’ai déjà dit, d’autant plus que nous nous contraignions à nous adapter au temps social, et nous culpabilisons le temps biologique événementiel, avec les conséquences névrotiques qui s’en suivent et en particulier dans l’enseignement des enfants, au travers des rythmes scolaires.

Naturellement chacun d’entre nous peut fournir un exemple d’un temps biologique qui l’a conduit à ne pas être à l’heure, d’où s’en est suivie une sanction. Sanction nous conduisant ainsi au paradoxe que par «culturalisation », nous nous punissons d’être seulement des Humains. Nous avons même fait mieux, il y a peu de temps, en considérant que faire travailler de nuit[76] les femmes au même titre que les hommes était une marque d’égalité, comme si décaler les cycles de repos était sans incidence, et représentait un progrès.

Mais pour de l’argent nous serions prêts à redire que la terre est plate.

En cela je ne remets pas en cause la nécessité d’organisation qui découle de l’usage de la référence du temps ni sa sociabilité (politesse discipline respect etc.) ; je veux seulement faire observer que dans les pays industrialisés, c’est l’organisation productrice mise en place par les hommes qui règle aussi le temps des Hommes. Ceci jusqu’à nous en faire oublier que nous ne sommes que cela, des Hommes, et qu’il n’y a pas lieu de s’étonner d’un certain nombre de maladies qui en découle, qu’ensuite nous qualifierons de «charges ». Alors que très souvent nous nous refusons à admettre ces biorythmes, et nous ne voulons retenir par confort de «déculpabilisation » de nos systèmes d’organisations, que la volonté du malade de l’être.

Reniant en cela une interrogation légitime qui n’avait pas échappé aux Grecs.

… qui n’avait pas échappé à Aristote…

En parlant du temps, ignorant qu’il parlait du temps biologique Aristote ne s’interrogeait-il pas, «la question est de savoir si, sans l’âme, le temps existerait ou non » ? Einstein a donné une réponse avec la relativité et la recherche biologique également avec la découverte des biorythmes, et il y a quelque part forcément un point de rencontre.

Mais dans notre civilisation c’est surtout la vitesse à laquelle il s’écoule qui nous intéresse.

… et dont notre civilisation a acquis les moyens une certaine maîtrise.

Une maîtrise du temps, tant dans la circulation des biens et des personnes que dans celle des informations. Mais, faute de voyage cosmique, l’Homme a recours à des équipements qui le suppléent dans ses nécessités du quotidien, de mémorisation, de calcul, et de diffusion, lui offrant ce gain de temps dont il a besoin. Cela, tout en restant dans une perception biologique, même si nous savons que ce n’est pas l’âme, pour le vivre bien ou mal, malgré nos équipements et nos fuseaux horaires structurants.

Pourtant ce qui nous a donné la meilleure maîtrise du temps c’est l’écriture.

Pourtant tout comme l’écriture ces moyens ne sont pas neutres…

Nous allons le lire dans quelques exemples. Très tôt des hommes se sont interrogés sur ces moyens techniques, particulièrement celui qui permet de diffuser l’information dans le temps, l’écriture. Je laisse à votre méditation le dialogue de Socrate à Phèdre, regrettant que le dieu Égyptien Thot, inventeur de l’écriture, ait mal pesé les conséquences de sa découverte, propos rapportés par Platon.

« Toi, père de l’écriture, tu lui attribues une efficacité contraire à celle dont elle est capable ; car elle produira l’oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire ; confiants dans l’écriture, c’est du dehors, par des caractères étrangers, et non plus du dedans, du fond d’eux-mêmes, que ceux qui apprennent chercherons à susciter leurs souvenirs ; tu as trouvé le moyen, non pas de retenir, mais de renouveler le souvenir ; et ce que tu vas procurer à tes disciples, c’est la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même ; car, quand ils auront beaucoup lu sans apprendre, ils se croiront très savants, et ils ne seront le plus souvent que des ignorants de commerce incommode, parce qu’ils se croiront savant sans l’être ».

Toutefois, en Orient, la pensée est tout autre.

En Chine, elle est considérée comme permettant de pénétrer les secrets du monde. Shiato un moine chinois du XII ième siècle a dit, «Quand le poignet est animé par l’esprit, les montagnes et les fleuves révèlent leur âme ».

En Inde elle se veut conservatrice des énoncés religieux, comme chez les Musulmans qui selon la stricte doctrine, le Coran, bien qu’écrit par l’homme sous la dictée du prophète, elle est «incréé » car l’Homme reproduit l’original éternel situé dans le ciel. Chacune de ces civilisations au travers de l’écriture a ses visions du monde, Il en était ainsi des Glyphes Mayas[77]et Olmèques, des hiéroglyphes Égyptiens, de l’écriture cunéiforme, de celles de l’Indus et du Brahmi.

Cela confère à toute écriture un caractère ésotérique, car elle est le reflet d’une civilisation, d’un mode de pensée sans pouvoir être l’expression totale. Parce que, les Êtres, ayant formé la civilisation et ayant exprimé leur pensée par des écrits, ont retranscrit leur propre ésotérisme, puisque derrière les mots, qu’il faut d’abord connaître (déterminant), se trouve leur insuffisance à exprimer toute la pensée sensible de celui qui a écrit.

Ainsi, un simple écrit qui rapporte des faits, n’a rien d'insignifiant, il peut tout à la fois, énoncer et raconter les événements, les révéler et permettre de les comprendre, les affirmer et assurer de leur exactitude, les cacher, s’exprimer en non dit et mentir.

Et malgré les omissions et les interrogations qu’elle suscite l’écriture nous a permis de situer notre histoire dans le temps.

… aujourd’hui cette écriture est médiatique…

Aussi, dans le droit fil du dialogue de Socrate, nous pouvons nous interroger sur le caractère et le rôle «éducatif » des médias.[78] Médias dans lesquels n’est pas faite la différence, par souci d’audience, entre l’information éducative et l’information éducatrice qu’ils veulent parfois jouer sans le pouvoir, ou que nous lui accordons à tort. La différence tient au fait que quelle que soit la valeur de l’information éducative, il n’y a pas le contact humain de l’éducateur ou de l’éducatrice, qui peuvent s’assurer de la compréhension de l’auditeur ou du lecteur (cette difficulté vaut également pour certains jeux vidéo mis entre les mains d’adolescents).

Or, ils sont un moyen de communication incontournable pour qui veut rester en contact avec le monde, diffuser ses messages. Et dire seulement qu’ils ne font que transmettre l’information, cela est encore appartenir au monde des naïfs.

Ils demeurent aussi comme tous les moyens de communication dont l’information circule dans le temps, un support à la rumeur par distorsion de leurs auditeurs ou lecteurs, soit par incompréhension de ces derniers ou parce qu’ils y trouvent les éléments qui concourent au but qu’ils poursuivent, (je ne vise pas ici la désinformation organisée).

Donc dans ce monde là, l’ignorant est une proie facile, et en prendre conscience n’est pas facile.

… et prendre conscience que rien n’est simple pour se surpasser…

Rien n’est donc simple et en avoir conscience c’est déjà se surpasser. Non pour tomber dans l’indifférence ou le défaitisme, mais pour aller apprendre à ne pas être des Yo-Yo, et ce temps là existe.

Il existe car, au-delà de la contrainte du temps pour l’usage productif de bien, auxquels l’homme consacre une partie de ses capacités cérébrales, il dispose de toute son existence pour apprendre.

Un apprentissage d’autant plus aisé qu’il vit dans un pays riche, et ne consacre pas tout son temps au travail.

En effet, en dehors du temps consacré à l’acquisition des connaissances socioprofessionnelles, le temps passé à l’apprentissage d’autres connaissances ou de complément de connaissances, qui n’ont pas été apprises durant la période d’enseignement classique, relève de la prérogative personnelle qui s’exerce sur la volonté de se cultiver et de s’informer selon sa convenance.

C’est dans cette masse, ce solde d’informations, de connaissances et de savoir que tous ne possèdent pas au-delà, de l’enseignement général, qu’il faut effectuer un choix qualitatif, et le rendre disponible à toutes les personnes sorties des circuits d’enseignements.

Naturellement, il ne s’agit pas de faire de chacun un petit génie possédant tous le savoir, et toutes les compétences, mais apporter en complément, les connaissances[79] qui pourront déboucher sur des vocations n’ayant pu être réalisées au moment de la sélection structurelle et sociale, et au minimum, « lire son monde sensible ».

Car lire son monde est devenu une exigence pour tout homme qui veut être «Libre, car c’est la connaissance et le Savoir qui repoussent les limites de nos prisons, même si nous nous en servons pour en faire, ou en découvrir de nouvelles.

… et une nécessité existentielle…

Toutefois, effectuer un choix parmi les diverses disciplines, suppose d'avoir conscience que ce choix aura comme aboutissement, d’apporter du savoir. Savoir qui trouvera une application dans la vie active afin d’accroître la capacité de réflexion des hommes en agissant sur leurs décisions et désirs de citoyens, de producteurs, de consommateurs, et dans l’affirmation de ce qu’ils sont.

A deux titres, un pour produire, deux parce que nous sommes entrés dans un tel développement de notre intelligence et de ses innovations, qu’il ne supportera pas l’ignorance sans risques.

Parce que s’instruire pour de meilleures compétences, réflexions, analyses, décisions, est devenu une nécessité existentielle, pas seulement productrice, comme je l’ai indiqué dans le prologue.

De la même manière toutes les organisations sociales humaines, en ayant structuré ce besoin existentiel sous divers aspects, sorciers, chamans, sages, dieux, etc., où il est naturellement toujours plus facile de consulter celui qui sait ou soutient avoir la réponse à toutes choses, que de l’apprendre. Organisations sociales où apparaissaient clairement en lien direct que le pouvoir s’associait au savoir[80]. Un pouvoir qui parfois par volonté ou incompétence le restreint. Apprendre ce n’est pas seulement savoir, c’est aussi être, être à la hauteur de ce qu’il peut nous apporter pour nous civiliser, et pouvoir un jour nous passer des interdits, et cela est une nécessité existentielle, car d’interdits, en lois et réglementations, nous avons construit aussi des prisons culturelles mortelles.

Mais pouvions-nous faire autrement ?

… que nous restreignons…

Certainement si l’éducation avait visé à l’émancipation de l’être. Néanmoins, l’instruction qui permet d’accroître la connaissance, le savoir, et tout le potentiel créatif humain, et toutes les aptitudes que nous qualifions d’artistiques dont chacun d’entre nous est capable, s’est structurée dans un système d’enseignement qui est devenu insuffisant, car nous ne lui confions de développer, pour l’essentiel, que l’art de la consommation, et de la confrontation pour le plus grand nombre, et réservons celui de la compréhension à une élite (sciences humaines, enseignement supérieur, etc.).

Cela, dans une société, où il n’y a pratiquement plus de système simple, et où la moindre interrogation nécessite une réponse complexe, sauf dans le monde des «il n’y a qu’à, il faut qu’on… », Sauf chez ceux auxquels nous avons restreint le Savoir.

Ce monde restreint duquel il faudra que nous nous extirpions.

… Là, où la pluridisciplinarité devient une évidence.

Pour entrer dans la pluridisciplinarité ; afin d’illustrer mon propos je prendrais comme exemple le débat autour du clonage humain.

1 : Son interdiction a été votée en France pour des raisons que je qualifie «D’éthico religieuse», car pour la chrétienté, il est inacceptable que l’homme se fasse l’égal de Dieu, qu'il s'auto crée scientifiquement. Pour les tenants de l’éthique, c’est une règle qu’ils s’imposent par morale. On rejoint là un peu le religieux, (c’est à dire qu’elle se présente comme sacralisé), par crainte de risques inconnus ou supposés, par refus de défier le traumatisme émotionnel, psychique, social et culturel qu’il sous-tend, par les fantasmes et par peur du «marchandisage[81] » qu’il évoque.

2 : Néanmoins, hormis la prouesse scientifique que cela représente, créer un des êtres humains à partir d’un tissu d’embryon humain ne présente aucun intérêt s’il s’agit de créer des armées de clones aux fins d’esclavagisme, de former des envahisseurs conditionnés, de répliquer des disparus, chéris, puissants, géniaux. On a su le faire en partie sans clones par le conditionnement fanatique ; car bien sur il y a chez ces demandeurs là un problème existentialiste. De plus tous ces répliqués, chéris, puissant, et géniaux, mis à part leur aspect ne pourraient être que de superbes cons.

3 : Ce qui représente un objectif découlant de cette prouesse, c’est produire des organes pour remplacer ceux défectueux sur un patient atteint d’une déficience, et non pas créer un être pour les lui ôter.

Également, c’est peut-être créer un clone pour examiner, dans l’intérêt de notre espèce, ce qui peut être retenu du processus d’élaboration. Et c’est enfin recueillir de l’observation de son existence les enseignements qui pourraient l’être. Les conditions de l’événement étant réunies, quel est l’homme sérieux qui peut croire que cela ne se réalisera pas. Et au lieu d’assumer les conséquences de « notre puissance », en confiant cela à des hommes de haute conscience humaine, nous préférons qu’un mégalomane ou pas le fasse discrètement dans son coin. Comme si ceux qui avaient voulu arrêter la divulgation que la terre était ronde, y étaient parvenus.

4 : Par notre activité innovante, nous tuons des milliers de nos semblables volontairement ou non, nous en laissons mourir dans l’indifférence tout autant, nous mettons en danger la planète par un surarmement et l’utilisation civile ou militaire du nucléaire, par la pollution. Pourtant, par manipulation génétique, des chercheurs mutent des animaux de laboratoire. Dans le même temps nous créons des prototypes de robot qui seront dans quelques décennies des androïdes interactifs ; nous avons réalisé en laboratoire un Big-bang, nous travaillons sur un essai de création de l'antimatière, nous essayons de prolonger la vie en recherchant des ralentisseurs du vieillissement de nos cellules, pouvant aller théoriquement jusqu’à leur immortalité, pour revivre nous utilisons la cryotechnique[82] etc. etc. etc.

5 : Ce différentiel de risque, prenant en compte les conséquences négatives de nos réalisations et celles incertaines de nos recherches, relègue loin derrière elles, le risque minimal que représente un clonage humain, pour un résultat certes incertain.

Dans cet exemple, ce qui m’intéresse n’est pas l’opinion que j’ai émise, (j’aurais pu développer le contraire), mais quels sont les types de savoir que j’ai associé, pour développer l’argumentaire du raisonnement.

Par savoir, j’entends l’ensemble de connaissances qui ont été acquises par l’étude ou la pratique conduisant à l’exercice d’une activité.

Est-ce qu'il y a une connaissance Scientifique ?

Non. A aucun moment je ne fais état d’un ensemble cohérent obéissant à des lois vérifiées par une méthode expérimentale.

En ressort-il un Savoir professionnel ?

Non. Je ne fais référence pour développer les arguments choisis à aucun métier dont j’ai acquis le savoir- faire. Cela ne signifie pas que je ne puisse être plombier, dentiste ou artisan. Je ne suis certainement, ni généticien, ni prélat, ni psychologue, sinon mon argumentation aurait été tout autre.

En ressort-il une culture ? (J’entends par culture les ensembles de connaissances qui ont été acquises dans un ou plusieurs domaines, exemple, dans les sciences humaines.)

Non. Je ne développe pas d’ensembles de connaissances acquises, dans un ou plusieurs domaines sur le sujet. Je pourrai toutefois être incollable en Égyptologie ou à «Questions pour un champion », en étant plombier ou dentiste.

Néanmoins, l’exemple montre que si je n’ai aucun savoir dans les domaines concernés, je développe un point de vue qui à nécessité que je sois informé ou que je me sois documenté, dans différents domaines, des conceptions chrétiennes à la recherche scientifique.

Ainsi, je pourrais multiplier les exemples sur des thèmes de société faisant appel à plusieurs disciplines.

Pourtant, je n’ai fait rien de plus que ce que les sociologues appellent «la tranversalité de disciplines », où j’ai utilisé des portions de connaissances pluridisciplinaires pour raisonner.

Bien sûr, j’aurais été un professionnel ou spécialisé, dans chacune d’entre elles, mon raisonnement aurait été diffèrent ou mieux fondé.

Cette absence de tranversalité, nous la voyons régulièrement dans les débats, où il est fait appel parfois à des spécialistes dont la réflexion est la limite même de leur spécialisation, ou chacun pense que sa spécialité suffit à fournir la bonne réponse. Cette tranversalité n’est pas infuse, elle s’acquiert. Et en cela il y a des exemples à suivre.

Les plus intelligents l’ont fait.

La «transdisciplinarité » est peut-être une évidence pour les scientifiques d’aujourd’hui. Pourtant c’est une démarche qu’ils ont dû apprendre à faire, en battant en brèche l’idée selon laquelle ne peut être prises en compte que les recherches pointues compétitives dans une spécialité donnée. Encore en 1950 des scientifiques s’opposaient sur l’idée que seulement leur spécialité spécifique était la plus capable d’expliquer le monde.

Cette démarche de transdisciplinarité a été qualifiée de «vision sommaire du Tout » par Murray Gell-mann (prix Nobel 1969 pour la théorie des quarks) qui a contribué à la création d’un institut pluridisciplinaire, le Santa Fe Institut[83], et Benoît Mandelbrot (polytechnicien qui décrivit la géométrie Fractale en 1975) exprime la même idée[84] en se qualifiant de «pionnier par nécessité ».

Quand des hommes aussi intelligent, l’on fait, qu’est-ce donc qui empêche les plus humbles de le faire ; si ce n’est qu’ils se croient plus intelligent que ce qui le sont, et qui eux sont humbles.

…à quand nous tous ?

Pourtant, nous restons dans une version généraliste d’un «maximum minimal » du Tout, à cause d’un enseignement général tronqué. Certaines disciplines manquant du fait même de sa limite arbitraire, fixée dans sa durée par nos contraintes économiques, et nos pratiques culturelles.

Une situation dont nous devrons tous sortir, pour entrer dans le maximum possible dans l’intérêt socio-économique de l’espèce.

Pourtant certains s’en excluent…

Certains s’en exclus de fait par le choix des orientations professionnelles, dans lequel l’exercice de leur profession ne nécessitera pas d’avoir une compétence pluridisciplinaire, disons la majorité d’entre-nous. Quant à l’apprentissage professionnel, s’il offre la souplesse d’un enseignement général plus lent, ce dernier est relégué à un rang subsidiaire par les acteurs eux-mêmes, et il ressort de ce processus, des professionnels qui auront à construire leur bagage de culture générale sans aide, et il en est de même pour les filières professionnelles. Des professionnels pour qui Platon est une planète (pluton) ou un militaire, De Gaule un porte-avions en panne, et que nous les laisserons aux soins «éducatifs » des mas média, parce que disons-nous, ils ont la liberté (indépendance financière que donne le revenu du travail) de rester des ignorants faute de temps à leur consacrer.

D’une autre manière, nous disons, si durant leur scolarité nous n’avons pas les moyens techniques de suivre les retardataires, au moins s’ils ne deviennent pas instruits ils auront un métier.

C’est certes une réalité cruelle, mais elle pèsera bien évidemment sur les choix qu’exige l’exercice de la citoyenneté.

… mais il y a une tendance...

Dans une étude sur les «tendances » des français il ressort de l’analyse sur la formation (éducation permanente), qu’elle jouera un rôle essentiel, de même que la culture générale, et de dire : «Les connaissances resteront sans aucun doute importantes, mais c’est surtout la capacité de les relier entre elles et de faire une synthèse intelligible qui seront déterminantes ». Les employés et les cadres seront emmenés à chercher les informations pertinentes, à les actualiser et à les appliquer dans un contexte particulier. Dans cette optique, la Culture générale redeviendra essentielle. Les lettres pourraient alors prendre leur revanche sur les mathématiques. La sociologie, la géopolitique, la philosophie, l’art, l’histoire des civilisations ou des religions seront des outils de plus en plus nécessaires aux cadres et aux dirigeants, dont le métier pour ceux-ci est d’intégrer le présent afin d’inventer l’avenir ».[85]

Si je me félicite de cette tendance, elle ne correspond pas tout à fait à celle que je défends, et qui va au-delà des seuls actifs cadres et dirigeants. Cette tendance est exclusive, donc élitiste, confiant toujours aux dominants l’exclusivité de la connaissance, comme s’il devait toujours exister des privilèges ou des privilégiés, comme si les dirigeants étaient investis d’une fonction prédestinée de guide, voire messianique.

Et elle présente encore les spécialités en terme de confrontation.

… malgré un archétype.

Ce n’est qu’une Idée reçue que les mathématiques et la littérature s’opposent. Cette tendance des français ne tient évidemment pas compte de ceux qu’ils ignorent, que notre monde et nous y compris sommes conçus de « particules » (ondes et corpuscules en mécanique quantique). Son approche par la seule pensée philosophique[86] n’a pas suffit à ouvrir les voies de la compréhension du fonctionnement de notre Univers et de notre Être, sans passer par une traduction mathématique qui quantifie, nous éclaire donc, mais figent les choses dans une mesure. Une mesure qu’il nous faut regarder comme une rampe de lancement. Et ainsi la pensée ayant conçu les mathématiques, il n’y a pas d’opposition entre connaissances littéraires et mathématiques. Cela évitera à des commentateurs de dire au cours d’un matche de football lors d’un tir, que le ballon s’accélère en touchant la pelouse mouillée.

En effet, ce sont les mathématiques[87] qui sont devenues le langage de la concrétisation scientifique, de l’ensemble de nos théories bâties par la pensée, et elles ont permis d’en faire la vérification et l’application. Bien que ce soit les deux, littérature et mathématique, qui associées et vulgarisées, permettent à chacun, de naviguer dans toutes les autres disciplines. La construction du raisonnement repose tout autant sur la connaissance du langage lexical qui permet le développement de la pensée abstraite, que des mathématiques qui offre la logique déductive, et séparer les deux n’est pas sans incidence sur l’appréciation de notre existence.

Ceci permet à chacun d’y trouver les repères dont il a besoin. L’inverse est aller à contre sens de la nécessité de transdisciplinarité, parce qu’il est aussi nécessaire dans notre société, d’avoir des dirigeants compétents que des citoyens qui le soient tout autant.

Quelques hommes célèbres ont décrit cette nécessité d’être compétent en raillant l’ignorance.

C’est ainsi que Chateaubriand dans «René » disait : «on ne hait les hommes et la vie que faute de voir assez loin », et Lamartine «infini dans sa nature, borné dans ses vœux, l’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux ». Prévert, lui écrivait «il poursuivait une idée fixe, il s’étonnait de ne pas avancer ».

Et comme rien n’est jamais simple je conclurai avec ce propos de Victor Hugo «l’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir ».

Il nous reste donc à l’éclairer.

Non pour être des génies mais assez pour nous comprendre…

Comme je l’ai écrit, il n’est pas concevable aujourd’hui de devenir de petits génies. Quand nous avons besoin de compétences «pointues », nous faisons appel à des spécialistes ou à des experts, car nous nous sommes répartis le savoir comme nous nous sommes répartis les tâches, les deux étant interdépendants.

Si nous ne pouvons être experts en tout, nous pouvons accroître notre niveau général de Connaissance et de compréhension.

Et c’est ce qui s’est produit avec le développement de l’instruction générale, C.E.P, et aujourd’hui l’objectif est le BAC pour tous, avec en fond, l’incompréhension populaire de trouver des techniciens de surface bachelier.

Cela, en relevant que le CEPE est tombé dans l’oubli et que le BES suit la même voie, comme diplômes permettant d’accéder à des emplois.

Pourtant malgré ce nous prétendons, nous perpétuons ce vieil adage Sumérien : que l’initie instruise l’initié, l’ignorant ne doit pas savoir, de telle manière que certaines disciplines ne sont accessibles qu’à certains, qu’elle que soit la sélection par laquelle cela procède, et que nous qualifions de « sélection naturelle », pour devoir nous dispenser de la démocratiser.

Et il y a aujourd’hui d’impérieuses raisons socio-économiques à enclencher une vitesse supérieure, pour maîtriser notre puissance technologique, réduire la résurgence de l’intolérance, et réduire la violence croissante.

Et pour cela il n’est pas nécessaire d’être des génies, mais bien obligé d’en savoir un peut plus, d’accéder à se savoir que se réserve l’élite pour ne pas se tromper de cible, en croyant que le bac d’aujourd’hui est un ascenseur social, alors qu’il est tout juste l’équivalant du BEPC d’après guerre.

… en y consacrant du temps…

Pour accroître notre niveau de Connaissance, il est inévitable d’y consacrer plus de temps et de choisir dans la masse d’informations et du savoir disponible.

Ce choix devra se faire en fonction d’un projet d’enseignement complémentaire pour adultes. Adultes sortis des circuits d’enseignement traditionnel, auquel ils seront libres de souscrire. A l’avenir c’est sous son initiale ECPA que je le mentionnerai. ECPA qui n’est que le pendant généraliste de la formation professionnelle, et qui ne s’est pas développé dans le projet d’éducation permanente initié par Messieurs J. Delors et J. Chaban-Delmas, et lancé en France dans les années 1955-1959 par un inspecteur principal de l’éducation populaire et de la jeunesse : Pierre Arents.

Ce sera au travers de ce projet que je qualifie de «politique », fixé par la représentation nationale, que seront construits des modules d’enseignements incluant ces choix.

Ils peuvent être d’ordre social ou économique ou les deux.

EX : Le besoin de la population, devant le développement des techniques de communication, à maîtriser l’utilisation de ces techniques, plutôt que de les laisser à un apprentissage autodidacte.

D’ordre civique : que les citoyens sachent, comment fonctionne, l’État, les représentations sociaux professionnelles, etc.

Comment l’État budgétise, ce qu’est un circuit, financier, économique, etc.

D’ordre : anthropologique par les sciences humaines et sociales.

D’ordre : réflexif, par la philosophie.

D’ordre littéraire, lyrique, artistique etc.

D’ordre informatif.

D’ordre pluridisciplinaire.

En tout état de cause ce projet doit aboutir à la vulgarisation de la Connaissance et du Savoir, rendant ainsi compréhensible notre activité humaine culturelle. Une activité humaine qui creuse un abîme entre ceux qui affrontent la puissance dangereuse du Savoir, et ceux qui se retranchent derrière un fondamentalisme passéiste protecteur, parce que simple et anesthésiant par crainte de s’égarer.

Et comme rien ne vient seul il nous faudra bien consacrer du temps à ce qui nous permet de réfléchir pour ne pas s’égarer, car toutes les connaissances sont disponibles.

… pour ne pas s’égarer.

Pour s’en convaincre, il suffit de suivre l’évolution du suffrage universel et des propagandes politiques. Depuis 1983 devant la déception des promesses électorales, ce sont des votes de défiance qui se sont exprimés. A partir de 1993, la propagande est devenue du marketing importé «made USA » véhiculant des portraits de jeunes premiers idylliques qui se vendent, et chacun fustige l’autre ; à qui lave plus blanc et laisse croire que la politique est un antre de vertueux.

Ceci conduit à partir à la recherche de représentants politiques vertueux, c’est «dangereusement massacrant », car nous risquons de partir à la recherche d’une race politique et d’une politique vertueuse, comme d’autres sont allés à la recherche de celle qui était supérieure, alors qu’en permanence nous développons les conditions de la suspicion.

Les citoyens se sont vus imposés une transformation, pas toujours comprise en dehors des spécialistes, qu’ils qualifient de «post capitalisme, ou postindustrielle », qui a conduit les Etats à réduire leur rôle «d’influence » politique sur l’économie «dites du marché », et les projets de société ne sont presque plus que de contradictoires cahiers de revendications.

Pour en donner une image, je serais tenter de dire que les organisations professionnelles d’intérêts corporatifs, sont devenus des plaignants, l’État est devenu le syndicat qui s’adresse à son employeur les financiers. Cela, parce que nous ne sommes plus au fait des mutations ou évolutions, à cause de la diffusion d’un savoir sociologique trop pauvre, face à une évolution technologique trop rapide, et d’un encodage relationnel devenu un code complexe d’initiés.

Mais également parce que nous croulons sous une information dantesque, que plus personne n’a le temps ni de lire ni d’écouter dans son ensemble, ce qui parfois conduit au paradoxe d’étouffer l’originalité (soit d’idées ou d’œuvres), pour rester accolé au système mercantile dans lequel se vend mieux tout ce qui est racoleur, scabreux, polémique, et où le voyeurisme a pris le pas sur l’information.

Je vais le redire d’une manière plus primaire qui trouverait sa place dans Charlie hebdo. J’ai déjà mentionné le rôle important de l’information, qui dépasse de loin son seul rôle d’organe informateur. Et dans un monde où l’on se personnalise aussi par leur intermédiaire, à vendre de la «merde » tout le monde veux devenir Caca.

Mais comment le savoir ?

Une histoire l’illustre. Deux hommes discutent sur un trottoir et s’arrêtent. – «tu crois que cela en est ? – Je ne sais pas. Un des deux mais le doigt dedans et goûte. - Oui ceci en est ! - Et bien on a bien fait de ne pas mettre le pied dedans ! »

Cette histoire illustre la régression où nous sommes, encore contraints aujourd’hui de mettre le doigt dedans pour nous rendre compte quand cela en est afin de ne pas y patauger.

Ceci, alors que des hommes ont payé un lourd tribut, par leur vie, pour nous en sortir, pour que par «l’intelligence » nous soyons aptes à la reconnaître.

Pourtant, il nous faudra encore certainement quelques siècles de développement de l’intelligence pour ne plus nous complaire à fabriquer des morts, nous délecter de l’odeur des cadavres, à tel point que nous en faisons un divertissement. Je ne veux pas par-là ignorer la violence, ni croire que c’est en l’interdisant qu’elle va disparaître, mais souligner que si notre éducation tend encore à mettre en exergue nos caractères de charognards, c’est que nous avons dû nous égarer quelque part. Je ferme la page Charlie hebdo.

L’enseignement complémentaire pour adulte ne doit pas rester une exclusivité sans relation avec le système éducatif…

Le choix qualitatif du contenu des ECPA devra être suivi d’un autre, à l’intérieur de chaque discipline, pour sélectionner les niveaux du savoir qui devront être vulgarisés, d’initiatiques à spécialisés ; pour apporter les bases qui permettent de comprendre et assimiler la discipline enseignée, sans en devenir des professionnels.

En effet, le niveau professionnel existe dans les circuits universitaires, mais il n’y a pas d’objection à concevoir que celui-ci soit accessible à l’occasion des ECPA, en élaborant des cycles qui permettent son accès. Cela pour tenir compte que les ECPA puissent éventer, dévoiler des vocations professionnelles. Le choix qualitatif consiste à faire le mixage approprié au projet envisagé dans la construction des modules et des niveaux dans la durée, pour rendre accessible un savoir universitaire supérieur, qui sera adapté, reformulé, simplifié, mais pas défiguré. Je n’ai pas d’attachement à formuler en l’espèce, sinon de ne pas m’accorder l’idée de vouloir faire croire qu’il suffirait de faire le bon choix pour que tout soit pour le mieux.

Néanmoins, je reste attaché à l’idée qu’un savoir supérieur ne doit pas rester de la seule compréhension des spécialistes, et que pour le partager, il n’est pas nécessaire d’en devenir un.

… mais il va susciter des choix difficiles.

Si la compréhension de «qualitatif » semble échapper à personne, il est plus difficile de s'accorder sur les sélections des matières qui sont de qualité pour démarrer le projet. Ceci dépendra de la qualité de discernement des concepteurs des programmes, et de leur représentation socioculturelle.

Ensuite, l’étape suivante devra être la mise à disposition de la totalité du savoir disponible, dans une société où les exigences économiques et sociales inhibent ou conditionnent nos sensations, pour que les hommes puissent y trouver la part du savoir qui concourt à la compréhension de leur être inachevé[88], et y trouver l’expression de leur Moi. Il y a donc la matière à avoir des débats difficiles pour fixer des choix

Un Être inachevé comme l’a développé Égard Morin, et qui m’a inspiré le poème suivant.

L’INACHÉVEMENT.

Mon regard se dresse vers des constructions,

Vers des œuvres closes comme des maisons,

Je masque les brèches pour conserver mon paradis

Je colmate les fissures pour ne pas laisser entrer la pluie.

Il n’y a pas de paradis à conserver

Pas de futur à édifier,

Pas d’histoire à retrouver.

Il n’y a pas de terre promise où aller

Pas de messie à espérer,

Pas de vérité à élaborer.

Mon toit se lézarde où vais-je m’abriter ?

Quel édifice vais-je pouvoir élever ?

Je veux une masure en ordre pour me protéger,

Des murs de certitudes pour me rassurer.

Il n’y a pas d’harmonie à trouver,

Pas de solution à donner,

Pas de bonne société.

Il n’y a pas de désordre à éliminer

Pas d’inégalité à supprimer.

Mais quel est ce monde où j’ai mis les pieds ?

D’où vient cette existence toujours inachevée ?

Je vais briser les portes des systèmes fermés

Et je trouverai dans ma tête la théorie unifiée.

Il y a des notes de musiques dans la voie lactée.

Des portées d’étoiles pour espérer,

Que c’est sur terre que je sais chanter.

Il y a des pléiades ithyphalliques dans l’empyrée

La robe d’Andromède pour penser,

Que c’est sur terre que je sais aimer.

Ma prochaine demeure sera faite d’harmonie

Sous un toit de gammes étendu dans l’infini.

J’ai une clé qui n’ouvre que des mélodies

Et je me nourris des mesures d’une symphonie.

Il y a un orchestre pour jouer

Que tous les jours sont fêtes,

Pour qui sait danser.

Il y a un orchestre pour chanter

Que la vie est faite,

De plaisirs inachevés.

Il y a un orchestre pour rêver

Aux bonheurs éphémères

Que j’ai inventé !

SUR DES GENERATIONS.

Une telle idée de réalisation de ECPA n’est pas concevable sur une génération, pourtant devant l’évolution de la technologie il nous faudra aller vite. Ce que nous savons faire quand il s’agit de vendre un produit.

Par transmission et planification.

Il est aisément compréhensible qu’un Enseignement Complémentaire pour Adultes, demande une mise en service étalé sur des générations, puisqu’il s’adresse à l’ensemble de la population. Toutes les nouvelles organisations modifient des habitudes et divisent les points de vue, un tel objectif ne pouvant s’inscrire que dans une planification modulable. Aussi, le choix qualitatif évoluera également au fil des générations, pour prendre en compte les connaissances et le savoir qui circulent par transmission. Ensuite pour prendre en compte les connaissances qui sont aussi développées par appréciation subjective liée aux événements existentiels développés par les constructions sociales, ou par discernement de besoins futurs, les deux étant parfois liés. Cela en espérant qu’elles se véhiculent au sein du groupe familial aussi simplement que nous apprenons à gratter une allumette sans se brûler, non comme certitude, mais comme repère d’un tremplin pour aller plus loin.

Nous savons le faire développement du marché du loisir en est un exemple.

Comment l’on passe d’une tradition à un marché planifié…

Par exemple, aujourd’hui personne ne s’étonne de voir les uns et les autres s’adonner au bricolage ou au jardinage. Il suffit d’observer l’expansion des magasins spécialisés pour s’en convaincre.

Sans entrer dans toutes les conditions de son développement, deux au moins m’intéressent ; le temps libre et la vulgarisation du savoir-faire. Pour n’observer que sa vulgarisation, elle s’est fait d’une part, par la publicité de produits ou matériels facilitant soi-même la réalisation de travaux et par la parution de manuels spécialisés ; et d'autre part, par simple circulation orale par le bouche à oreille. Rien de moins traditionnel, si ce n’est que la disposition de temps libre a facilité l’émergence d’un marché. Pour les connaisseurs, ce marché existait, il suffit pour cela de se référer à la date de parution de la revue du bricoleur «Système D».

Pour continuer dans cet exemple, observons le savoir-faire mis à la disposition des consommateurs bricoleurs. Du seuil de l’astuce ou du truc pour se débrouiller seul, il est passé à celui d’un niveau initiatique et spécialisé de la connaissance méthodologique d’un métier. Ensuite, il s’est professionnalisé du fait de la demande des utilisateurs, et de leurs aptitudes à réaliser une méthodologie complète de tâches appartenant à d’autres métiers que le leur, métiers qu’ils n’avaient pas pu apprendre du fait de la règle de la sélection scolaire, et du marché du travail.

… qui a développé un savoir-faire seul.

Ainsi, sur une courte période de quelque 30 ans, la qualité du savoir-faire délivré par les revues spécialisées d’informations et autres sur le bricolage a évolué. Le bricolage est devenu une activité de loisir et de «faire soi-même », incité en cela, par la disparition de certaines tâches non rentables des métiers de la réparation ou par simple souci d’économie (voire de certain métier qui se sont raréfiés), en même temps que par l’individualisation et l’aménagement de l’habitat, et la production de biens de séries et du jetable, ainsi que des productions de masse réalisé dans des États pauvres.

Aujourd’hui, il y a 60% des français qui bricolent, contre 45% en 1969. Dans ce seul secteur, la dépense par personne atteint 244 Euros (1600 f), le jardinage 213,50 Euros (1400 f), et le bricolage automobile 396 Euros (2600 f) par ménage motorisé. Ces quelques chiffres montrent à l’évidence que le marché du loisir se porte bien.

Mais qu’en est-il du marché de la Connaissance et du Savoir, le marché de la culture.

Le savoir se vend mal sauf parmi ceux qui le possèdent…

Si on regarde à partir de l’exemple ci-dessus, le développement de l’enseignement complémentaire auxquels actuellement les adultes s’adonnent, cet enseignement, mis en parallèle à celui du loisir, en est au stade embryonnaire du bricolage. Cela, parce que chacun se cultive à sa convenance dans le «marché » de la culture existant, et que la part correspondant à un apport de Savoir, dans ce marché, est minime.

Cet apport de savoir complémentaire se fait essentiellement au travers de la lecture. Il faut donc à la fois examiner et trier la part qui conduit à une accumulation de savoir, ceci par rapport à la culture ludique, quand les deux ne sont pas cumulés comme beaucoup d’ouvrages, ou le ludique permet de réaliser la vulgarisation de sciences dures, ou qu’il vient en complément pédagogique de l’enseignement traditionnel.

Je ne veux pas dire par-là que j’écarte l’activité ludique comme moyen d’enseignement, ni l’utilité des ouvrages purement «récréatifs », (s’ils existent c’est que leur usage correspond à un désir exprimé) ; mais je ne les retiens pas comme constituant un apport de connaissances correspondant au sens où je l’ai développé pour les ECPA. Je reconnais par ailleurs que mon analyse est arbitraire, car des ouvrages «récréatifs » sont parfois des supports à un enseignement, et j’ai à l’esprit des ouvrages de romans ou de sciences-fictions, comme tout un chacun peut en avoir, qui sont conseillés parfois comme référence à lire à l’occasion d’un enseignement littéraire.

Globalement ce sont les gens les plus instruits qui s’adonnent à la lecture, et les achats sont comme je l’indiquais «récréatif ».

En effet, les diplômés de l’enseignement supérieur ont représenté en 1998, 24% de la totalité des achats pour ne représenter que 9% de la population. Les femmes ont effectué 57% de ces achats.

Par ailleurs 51% du total de ces achats sont des ouvrages de littérature générale, pour l’essentiel des romans. Les livres des sciences humaines ne représentent que 5% des achats, les ouvrages de sciences et techniques 3%.

Si je peux, à tort ou à raison, considérer que les livres de sciences sont vecteurs de savoir[89], parce qu’ils permettent d’accéder aux mécanismes du savoir, ils représentent seulement 6,2% des achats pour 9553 titres vendus à 25476 exemplaires, les livres scolaires 17,3% pour 7274 titres vendus à 71209 exemplaires, les livres pour la jeunesse 7697 titres vendus à 70470 exemplaires (chiffres donné par le syndicat national de l’édition en 1999).

Néanmoins, les livres sont présents dans 91% des foyers, et les écarts entre catégories sociales demeurent. Les ouvriers et employés ont trois fois moins de livres que les cadres et professions libérales. La dépense par personne toutes catégories confondues représentent 38,1 Euros (250 f)[90]. Nous sommes donc loin des sommes consacrées aux loisirs (858,65 Euros, 5600 f).

Pourtant il y a un autre «marché» celui de la culture populaire, mais le but n’est pas d’éduquer.

… mais la culture populaire enrichit leurs protagonistes…

Si je fais cette distinction, et si j’ai mis entre guillemet le mot marché, c’est parce que nous vivons dans une société où se développe une culture populaire «commercialiste » universaliste qui va du fast-food aux séries télévisées, et films américains (je les cite symboliquement parce que se sont eux qui sont en position hégémonique, ce serait vrai pour tous ceux qui voudraient les supplanter). Cette culture populaire passe également par les multitudes de magazines à caractère informatif, et passera demain par les multimédias interactifs.

Elle constitue un espace commercial qui favorise l’acculturation, mais qui ne constitue pas un objet propre au développement du savoir. Cette acculturation nous pouvons, soit la vivre malgré nous, au travers de notre culture populaire publicitaire, soit l’accompagner par plus de connaissances didactiques, pour ne pas la subir, parce que nous le comprenons et la comprenons. La culture populaire a toujours été un espace commercial, il n’y a aucune nouveauté en cela. Ce qui l’est, c’est que ce marché dépend de plus en plus de groupes oligarchiques idéologiques anonymes (actionnariat), dont le but est certes de faire de l’argent, mais aussi de maintenir les conditions socio-économiques qui leur sont favorables. Ainsi, la diffusion de masse de la culture populaire devient à tort ou à raison «le fait majoritaire », voire s’universalise par recherche d’extension de son marché. Cela n’a donc rien à voir avec le savoir et la connaissance didactique, bien que dans la culture populaire se trouve l’activité artistique résultant d’un enseignement didactique ou autodidacte. Ce que je veux dire par-là, c’est que si toute la population était mélomane, ces groupes vendraient des mélodies, et ferait tout pour conserver cet esprit mélomane parce qu’il lui rapporte des profits ; si la population est ignorante ils vendront ce qui satisfait cette ignorance. Vendre du loisir ce n’est pas, enseigner.

Ainsi, même dans la culture populaire se rencontre le problème de la concentration et de son incidence sur le développement de la culture.

Également, ce que nous appelons culture sous-entend aussi la possibilité d’élever ses connaissances, de se cultiver, or la culture populaire consiste à fournir une culture qui ne demande aucun effort de compréhension pour ne pas réduire la capacité de commercialisation espérée du produit mis sur le marché correspondant à l’image de la culture qu’il représente.

La culture populaire est toujours en rapport avec le niveau de connaissance de la population concernée en fonction de sa propre culture, et ne contient aucun but d’émancipation.

J’ai souligné ce passage, et que je le laisse tel quel, car il illustre parfaitement l’ambiguïté des mots aux sens multiples, dont il faudra que l’on se départisse, quand il s’agira de faire l’usage des découvertes du génome ou celles neurologiques qui ne supporteront aucune ambiguïté.

Car il y aura toujours quelqu’un pour nous vendre de la culture populaire pour de la culture didactique.

La culture populaire, c’est aussi apprendre seul chez soi sans aide pédagogique, un marché qui va devenir exponentiel avec Internet, et qui est déjà l’objet de débats autour d’intérêts financiers.

…Elle est l’objet de débats...

Cependant, cette culture populaire véhicule aussi des constructions «sociétale » que nous subissons par mimétisme, si nous n’avons pas un minimum de connaissances en sociologie, et qui faute de réciprocité constitue aujourd’hui, par imprégnation commerciale, une conquête culturelle. D’où le débat qui a existé sur l’espace Culturel français qui était celui de l’opposition entre le modèle anglo-saxon,[91] et le modèle francophone. Elle véhicule également des modèles de pensée destructrice tant au nom de la diversité que de la spécificité culturelle («Autonomisme »[92]), qu’au nom de l’universalisation (mondialisme[93]).

Il n’y est donc pas facile de s’y retrouver sans repères, ceci, pour parvenir à concevoir ce qu’est la diversité qui engendre le mouvement socioculturel et socio-économique, pour ne pas arriver à un stade ultime où il ne se passe plus rien, parce qu’un modèle serait dominant. Également pour ne pas faire comme corollaire de la diversité, des «races » ou des cultures hégémoniques, là où il n’y a qu’une espèce humaine diversifiée «géo historiquement ».

Il ne faut donc pas avoir peur de trouver une diversité qui existe de fait, parce qu’elle est liée à la vie tellurique de notre planète, géographie, climatologie etc. et qui concourt à édifier notre culture «géohistorique[94] » que nous agrémentons de nos passions concrètes ou mystiques, qui sont l’objet de nos débats faussement Identitaires, mais parfaitement meurtriers, et bougrement lucratifs pour ceux qui savent en saisir l'opportunité au sein de la culture populaire.

Et le débat n’est pas simple devant l’acculturation inévitable des peuples par la culture populaire, sauf que le pouvoir de l’information peut devenir un pouvoir colonisateur pour ceux qui ont les moyens financiers de s’approprier sa production et sa distribution, sur d’autres qui non que l’ignorance de le subir.

…dans lesquels il faut un décodeur…

Une culture pseudo scientiste s’est également développée avec le même type de support. Elle consiste à faire appel aux personnes ayant une compétence reconnue pour apporter des réponses aux problèmes qui leur ont été soumis dans des domaines qui ne relèvent pas de la science, économie, droit, politique, religion. Ne pas confondre avec la recherche scientifique des mécanismes qui nous animent, parmi lesquels les mêmes phénomènes existent, mais pour lesquels je n’ai aucune compétence pour me prononcer.

Pour autant l’une et l’autre n’influent pas moins sur nos analyses et comportements, car ils font partie du nécessaire de notre quotidien. Ceci rend indispensable l’accumulation de connaissances pour essayer de choisir, comprendre et non subir cette information.

En effet, devant cette explosion d’informations et de désinformations, il est devenu indispensable de pouvoir discerner ce qui est exact, d’autres diraient vrai ou la vérité, mais comme ces deux mots ont fait tant de morts, je préfère ne pas les utiliser. Ceci, car dans cette immensité d’informations composées d’idées, de données, de positions, d’affirmations, dont une part peut être erronée, voire délibérément fausse, être mal comprise ou embrouillée, il faut disposer d’un décodeur intelligent, pour ne pas être simplement plus abusé, ou colporteur de rumeurs, ce qui est déjà le propre de nos relations sociales et commerciales.

Au-delà retrouver la perception de nos sensations affectées ou développées par des siècles de constructions sociales. C’est à dire que quand nous traitons l’information, elle l’est, à partir de notre apprentissage initial organisé, névrosé, conditionné. Pour n’en citer qu’un exemple en le prenant dans l’histoire de la misogynie culturelle (la femme tentatrice, pécheresse, soumise, etc.), le regard que nous portons sur elles, par culture, affecte les informations les concernant.

A tel point, que certains évoquaient l’idée d’inscrire les droits de la femme dans la déclaration des droits de l’homme, comme si la notion, même religieuse, d’Être suprême ne l’incluait pas, même si l’on sait que ceux qui ont élaboré cette déclaration ne pensaient pas à elle, ou pensaient à elle comme moitié conjugale appartenant à l’homme par culture, ce qui est biologiquement contre nature.

Or, ces décodeurs existent dans l’enseignement supérieur, sauf qu’il nous faut avoir la volonté d’en assembler les pièces, et apprendre à s’en servir. Ils existent aussi dans la littérature et la philosophie encore faut-il en lire

Malheureusement, les statistiques que j’ai données sur la lecture montrent qu’en dehors de l’enseignement organisé, il y a peu de citoyens qui ont cette démarche.

… qui existe en kit...

C’est pour cela que j’indiquais ci-dessus que la connaissance et le savoir collectif ne se construisent pas plus dans des kiosques à journaux et magazines, que dans les fractions informatives radio ou télévision (la culture populaire). Ceci, même s’ils y contribuent ou donnent envie de savoir, et même si le développement du savoir a commencé par-là (la communication orale, puis écrite et leurs supports), même si la culture populaire a servi, et sert de creuset, de foyer dont sont sorties toutes les émancipations.

Et ce n’est pas la contester que de reconnaître aujourd’hui, que la diffusion du savoir et de la connaissance ne peuvent exister pleinement que par une structure d’enseignement permanent le long de l’existence compte tenu de sa quantité, et de la qualité nécessaire quelle exige.

En effet, une partie de notre culture Humaine est dans des bibliothèques, et elle pourrait y rester si par l’ensemble de méthodes didactiques nous n’avions pas vulgarisé et spécialisé le contenu de cette culture, au travers de l’enseignement organisé qui assure sa diffusion, et en génère en retour. En retour signifiant qu’il n’est là que pour nous permettre, d’utiliser notre Etre «sensible » (Etre sensoriel), producteur et penseur, fragile et fort, ordonné et désordonné, non pour répéter béatement nos souvenirs comme dirait Socrate, mais aussi pour nous lire et être inventif. Et inventif, nous ne manquons pas de l’être, mais plus dans le domaine technologique que dans celui de la pensée qui subit une régression spectaculaire.

Si bien que devant l’abondance de découvertes qui complexifient notre monde, nous allons devoir réorganiser d’autres ensembles de Kit d’enseignement pour les rendre disponibles à chacun d’entre nous, du moins pour ceux qui en voudront.

…et en pièces détachées…

Les autres formes médiatiques et littéraires n’en resteront pas moins un moyen constant d’expression individuel ou collectif, concourant au développement de la culture personnelle, dont les publications de certains travaux et autres écrits ou images passeront en fonction de leur impact, dans l’enseignement collectif (cinémathèques, événements historiques, découvertes scientifiques, éditions, etc.). Ils passeront ainsi de la culture populaire à la culture didactique.

Exemple, les écrits des penseurs ont donné naissance à la philosophie, la philosophie se nourrit de nouvelles pensées qui se façonnent au fil des événements, et qui circulent. Naturellement le penseur n’écrit pas dans l’objectif d’un enseignement philosophique, quoique l’enseignement puisse y trouver un intérêt collectif à en faire usage. Ainsi son ouvrage passe du domaine de la culture personnelle, à celui du savoir collectif.

Enfin, comme personne n’est détenteur de la vérité, chaque écrit et information sont des pièces détachées de cet immense puzzle qu’est notre existence, dans lequel chacun de nous peut puiser à sa convenance, et en être un pourvoyeur.

Car au travers des ECPA, il ne s’agit pas de définir un enseignement Étatique ou confessionnel, mais de mettre à la disposition de chacun les moyens de devenir en retour un maillon du Savoir ; pour que chacun puisse être une future pièce détachée d’un nouveau kit de connaissance, car il n’y a pas de génération spontanée d’êtres intelligents, même si par soucis historiques nous les avons classés dans leur époque.

Classés, comme repère du départ d’un événement vers un nouvel essai dans le magasin de la méconnaissance.

… dans le magasin de la méconnaissance...

Ainsi, devant la nécessité qu’il y aurait de faire un tri dans la diffusion d’écrits, d’informations, tri qu’il ne faut pas assimiler à la censure existante, sans remettre en cause le droit de penser, d’écrire librement, et aussi de se tromper, je pense qu’il vaut mieux, pour assurer une diffusion d’informations sérieuses, instruire les lecteurs et auditeurs en actualisant leur connaissance et leur savoir au fil de l’existence, afin qu’ils soient toujours aptes à faire le tri eux-mêmes.

Ceci impliquera que les ECPA soient au fait des innovations et s’ajustent, car nous le savons, la connaissance est aussi faite de méconnaissances[95] qui surgissent grâce à elle.

Et dans ce magasin là, celui de la méconnaissance dont nous n’avons aucune idée, si nous y accédions sans connaissance bornée, structurée nous sombrerions très certainement dans la folie faute d’avoir les capacités cérébrales suffisamment organisées pour y faire face, comme sombre dans la folie tout sujet qui n’a plus d’identité, de passé référentiel, de nom.

C’est un peu ce qui se passe quand nous rêvons, nous accédons à tout notre magasin d’information, dont leur assemblage nous paraît désordonné, et associe des données que notre raison ne ferait pas.

C’est pourtant cela qui attend les hommes de demain, car ils ne feront pas face au monde quantique et à la génétique avec l’enseignement d’après guerre recomposé et appauvri comme serviteur du libéralisme économique, qui a son intérêt comme essai ou marche pied ; mais qu’il nous faudra dépasser pour ne pas en mourir.

Un libéralisme que nous avons élaboré par défaut de connaître le monde objectif auquel nous appartenons, mais dont bien des hommes avaient pressenti qu’il ne pouvait pas être un monde de soumission.

Le savoir en expansion…

La mise en œuvre et l’évolution des ECPA nécessite une impulsion et une détermination, et ne peut se concevoir que sur des générations, du fait même du nombre de personnes qu’elle implique, du temps nécessaire à l’appréciation des choix qualitatifs à effectuer, de la mise en œuvre d’une méthodologie d’estimation qu’il faudra élaborer, méthodologie dont je n’ai aucune idée.

Grâce à l’enseignement public ou privé dispensé suivant les pays auprès des populations, quelles qu’en soient les motivations, si nous observons la progression de la « créativité » engendrée par le Savoir durant ces dernières décennies, et ce, dans tous les domaines, et si nous établissons le rapport entre les résultats obtenus par les niveaux de Savoir diffusés, et les populations instruites dans le laps de temps imparti, nous ne pouvons que constater que plus les populations se sont instruites, plus il nous a fallu consacrer du temps à l’instruction, cela pour produire des biens et des services performants et sophistiqués.

Notamment du fait de l’apparition de nouveaux métiers, au détriment de certains qui ont périclité ou qui se sont industrialisés dans le cadre de la concurrence, et surtout des découvertes scientifiques qui se sont multipliées grâce au développement de l’ordinateur qui offre une capacité de calcul sans commune mesure avec la notre.

Par exemple, quatre-vingt-dix ans se sont tout juste écoulés entre la découverte de la fonction des chromosomes par Thomas Morgan en 1910, avec, au passage en 1953 la découverte de la double hélice d’ADN, et le décodage du génome humain en avril 2000 par des laboratoires privés et publics.

Entre les deux il y a l’usage de la puissance de l’ordinateur guidé par l’intelligence et le savoir de l’homme, qui ont permis l’expansion du Savoir.

Nous descendons donc toujours plus dans l’infiniment petit pour parvenir à trouver cette loi unifiée chère aux physiciens ou ce «sourire » de Sapiro (Note 20). Mais là, ce ne sont plus nos yeux qui regardent, c’est notre tête qui comprend, et dans ce monde là, qui modifiera nos relations et valeurs sociales, ceux qui n’auront pas appris seront aveugles. De fait, il leur sera difficile de suivre, comme nous pouvons déjà le constater au travers des débats politiques, dans lesquels celui qui n’a pas un langage vulgarisé n’est pas compris, et fait de petites phrases assassines dont les partisans ou les ignorants se délectent.

Dans ce monde là, les traînards se tourneront vers leur passé, parce qu’il est connu et rassurant, en ignorant qu’ils ne peuvent le reproduire parce que les événements l’ayant produit n’existent plus ; et même s’ils croient en imiter l’image celle ci en est une autre. Et ce passé est dangereux si entre-temps nos sens ne nous ont pas permis de concevoir que nous appartenons à une espèce.

…reste difficile à suivre pour tous.

Malheureusement l’instruction générale ne reste accessible qu’aux scolaires, et bien qu’elle s’adapte à l’évolution des connaissances et des technologies, la population n’attend d’elle qu’une formation débouchant sur un emploi, (avec les frustrations que cela engendre quand ce n’est pas le cas), et elle ne peut plus rien apporter à ceux qui au moment de leur scolarisation n’avaient accédé qu’au minimum. En cela ils n’ont rien à envier à leurs cadets, car l’instruction des sciences sociales et humaines demeure comme par le passé une spécialisation, alors qu’au quotidien nous les vivons. Ceci n’est pas en contradiction avec l’augmentation du niveau d’instruction (pas forcément du Savoir) qui est observable depuis les années 1970, avec une accélération à partir de 1980. [96] Ce que je veux indiquer c’est que notre système éducatif, s’il donne accès à une augmentation de diplômés. Malgré les connaissances acquises ces diplômes ne sont pas suffisants pour rendre compréhensible notre organisation socio-économique, car ce sont des filières de l’enseignement à visées productivistes. Visées qui élimine de fait, parce que non commercialisable, des pans de culture générale qui constitue le cœur d’une égalité des chances d’accès au Savoir. C’est par ce travers en autre chose que sont apparu des spécialisations d’établissements scolaires pour privilégiés. Ainsi l’accès au Savoir devient difficile pour le plus grand nombre. Ce seront pourtant les détenteurs de ce savoir pluridisciplinaire, qui déjà se diffuse sélectivement auprès des cadres et dirigeants depuis plus de quarante ans dans un but spécifique. Et ce sont eux qui seront le cas échéant sollicités à formuler leur avis. Les autres, les plus nombres devront se contenter de l’apprécier avec les seuls critères de leur culture populaire mercantiliste.

Et nous savons que lorsque les écarts sont trop grands entre les uns et les autres, s’instaure une incompréhension source de conflits ou d’assujettissement.

La loi du nombre qui fixe le fait social est une maîtresse courtisée, et si elle n’offre aucune garanti de vérité, elle constitue le socle d’un maximum de circonstances favorables à la mise en œuvre de la réalisation d’un projet.

La loi du nombre.

Nous pouvons à juste titre espérer qu’une plus large diffusion de l’enseignement de la connaissance et du savoir, en complémentarité sur des générations tout au long de la vie, apporterait mécaniquement son lot de « créativité », sans préjuger dans quels domaines, même si cet enseignement peut être orienté par des projets sélectifs. Et tout cela malgré une répartition inégalitaire comme nous la connaissons dans les pays riches.

Parce qu’en ayant multiplié sa diffusion nous auront accru la possibilité que des informations trouvent une association qui n’aurait pu être faite. Mais il faut être lucide le Savoir ce n’est pas l’instruction de l’ignorance ; car l’ignorant instruit devient souvent un tyran narcissique.

Parce que, être individuellement performant est devenu une clé de la réussite matérielle, nous perdons de vue la fonction éducative de la cellule familiale inter générative qui est devenue presque obsolète par ignorance, éclatement, sollicitation mercantiliste et par disparités sociales même si elles diminuent.

Par génération.

Par génération, il faut entendre aussi le temps que mettra la connaissance pour devenir partie intégrante de sa diffusion par le biais de la cellule familiale, entre adultes et d’adultes à enfants, de manière qu’elle s’enracine dans l’acquis. Cela en restant disponible au travers des ECPA, qui seront ouverts à toute future découverte ou connaissance démentant celles précédemment acquises afin de ne pas véhiculer des données, dépassées, ou en réhabilitant d’autres qui avaient été écarté par pensée occidentalisée (je pense par exemple à l’acupuncture qui n’est pas partie intégrant de l’enseignement). Alors qu’aujourd’hui, faute d’organismes comme les ECPA, ce sont souvent les enfants qui sont en mesure d’instruire leurs parents, qui eux véhiculent encore des pensées erronées, au nom du culturel de leur temps, et par absence d’un enseignement auquel ils n’ont pas eu accès, ou comme dans certains États, d’un enseignement confessionnel ou traditionnel. Nous avons donc des enfants possesseurs d’une connaissance didactique, sans vécu et des parents avec un vécu qui ne peut pas prendre en compte les nouvelles connaissances didactiques, et donc encore moins apprécier leur incidence sur le vécu.

Nous savons parfaitement que dans les familles les plus éduquées se trouvent les réussites les plus probables.[97]

Pour la petite histoire, du moins en ce qui concerne l'Europe, c’est à Gutenberg (invention des caractères mobiles fondus) qu’il revient d’attribuer le mérite de notre « créativité actuelle », car son invention à permis de vulgariser et propager le savoir, n’en déplaise à Socrate, alors détenu par l’empire des lettrés s’exprimant en Latin, dans toute l’Europe.

Cela a permis ainsi l’impression de livres dans toutes les langues vernaculaires qui aboutirent aux langues nationales, et à une meilleure communication par la connaissance, mise à la disposition du plus grand nombre. Même si ce nationalisme linguistique sépara les lettrés qui vinrent après, qui durent se regrouper et se retrouver dans des sociétés de savants, dont les colloques sont aujourd’hui la continuité, ayant perdu de fait leur langue de liaison le Latin, que nous remplaçons petit à petit par l’anglais commercial, sans commentaire.

Nous pouvons légitimement nous poser la question de savoir si le capitalisme serait né sans la popularisation du savoir. Peut-être. Mais pas en occident. Il serait peut-être plutôt arrivé en Asie, si les Chinois avaient eu un alphabet au lieu de trente mille caractères à classer (44 905 suivant diverses sources dont 3000 d’usage courant), car en 1041-1048 un nommé Pi Shêng inventa le caractère mobile avant Gutenberg (1394-1468), et leur énorme quantité de caractères représenta un handicap pour l’édition. Comme quoi, le déroulement de l’histoire n’a peut-être tenu qu’à un nombre de caractères, à un moyen technique de communication.

STRUCTURES D’ACCEUILS, D’ENSEIGNEMENT COMPLÉMENTAIRE POUR ADULTE.
Elles existent pour les actifs…

Il existe un certain nombre de structures d’accueil destinées à l’enseignement des adultes, les instituts universitaires du travail, les centres de formation professionnelle, les organismes de formation professionnelle, de perfectionnement, d’adaptation, bref tout l’arsenal législatif en vigueur sur la formation et l’éducation permanente. Arsenal auquel il faut rajouter les organismes de formation à destination des employeurs, et ceux à destination des familles, dans le cadre, des actions sociales de la caisse d’allocation familiale (C A F).

Ce cadre actuel, à l’exception des spécificités de la CAF, est destiné aux actifs ou en passe de le devenir et les prépare à l'exercice d’une activité professionnelle.

…à hauteur de 30%.

Même si la formation professionnelle ne couvre qu’une population d’actifs restreints[98], elle remplit sa mission spécifique.

Je considérerais pour les besoins du raisonnement, qu'un salarié sur trois suit une semaine de formation de trente heures par ans en roulement (turn-over), une sortie égalant une entrée. Sur une population d’environ vingt-six millions d‘actifs (en 1999, 25,983 millions) cela nous donne 8,7 millions de personnes suivant une formation, et un total de deux cent cinquante un millions d’heures de formation, soit les emplois équivalant de 185 240 personnes/an. Cela donne un aperçu des capacités d’accueil actuelles.

… mais ECPA on une autre vocation et la capacité à atteindre est importante…

Si l’on voulait fournir un enseignement à la totalité de la population française, cela en excluant les vingt millions d’adolescents et d’adultes scolarisés sur soixante millions de français, ce calcul ne tient pas compte des populations immigrer qui sont bien évidemment aussi concernés, il faudrait multiplier par quatre et demi les capacités d’accueil actuelles pour seulement une semaine de formation annuelle. Nous sommes donc loin des moyens à mettre en œuvres pour couvrir la population.

… cela sera fonction d’un choix politique…

Je ne vais pas entrer dans les détails de la mise en œuvre pour estimer avec quelle fréquence celle-ci doit–être faite, car tout peut-être envisagé, enseignements journaliers, hebdomadaires, mensuels etc. Naturellement les structures d’accueils devront être de proximité, du lieu du travail et de l’habitation, et seront fonction : de la durée de l’enseignement choisi, de sa fréquence, du taux de participation, et des cycles mis en place.

Cela relève de l’organisation structurelle à mettre en place à la suite d’un choix politique, comme nous en avons fait d’autres dans l’espérance éducative du loisir en couvrant d’autres besoins. Ou comme après guerre nous avons décidé d’un plan Marshall.

…car nous couvrons bien d’autres besoins.

Il faudrait au mieux un centre d’enseignement pour adulte (ECPA) dans chaque ville, ce qui est parfaitement réalisable. Quelle est la ville qui n’a pas son centre culturel, sa salle des fêtes, ou au minimum son stade de football ?

Ne comprenez, au travers de cette image, que mon désir de signifier que n’importe quelle municipalité peut disposer de locaux à l’usage d’un ECPA. Nous avons donc un parc d’accueil existant, celui qui couvre nos besoins actuels et les moyens de l’accroître par une volonté politique.

Il s’agit là de structures collectives, mais il peut être mis en place la formule d’enseignement par correspondance, qui ne nécessite que peu de structures hormis celles à consacrer à la logistique et, qui couvre actuellement un certain nombre de besoins d’éducation. L’une ou l’autre des formules, à mon avis les deux à la fois, ne nécessite qu’une mise en place de quelques années. Cette utilisation des structures d’accueil s'effectuera en fonction des populations au sein desquelles apparaîtront des priorités, le besoin en connaissance d’un SDF n’étant pas le même que celui d’un ministre.

Structurellement la tâche n’est pas insurmontable car nous disposons d’un savoir-faire.

QUELS TYPES D ENSEIGNEMENT ?
Un enseignement pour des adultes …

Évidemment, l’enseignement devra prendre en compte la diversité des situations professionnelles, sociales et scolaires. Il devra être modulaire, dans le cadre des projets initiaux définis et des programmes d'enseignements. Il s’adresse d’évidence à une population d’adultes parmi lesquels nous pouvons distinguer au moins quatre groupes : les actifs qui disposent d’un savoir dans le cadre de l’activité qu’ils exercent, les pères ou mères au foyer, les retraités, et les exclus. Par prendre en compte, j'entends aussi, utiliser les diverses situations, et groupes, pour que les expériences individuelles viennent s'ajouter à l'enseignement dispensé.

… dans un échange particulier…

Comme je le soulignais plus haut, l'enseignement s'adresse à une population d’adultes, dont chacun d'eux a emmagasiné un capital éducatif (autodidacte ou non qui constitue son patrimoine d’entendement et de savoir-faire) utilisable.

Dans un enseignement dispensé à des adultes nous n'échappons pas au croisement des connaissances et du savoir, scolaire ou empirique qui interfère sur celui qui leur est destiné.

Loin de l’entrevoir comme parasite, il faut le regarder comme un ajout, car il est le reflet du quotidien où chacune des nouvelles informations qui s’échangent, sont immédiatement traitées par nos cerveaux. Elles sont alors classées dans les structures cognitives en fonction de l’organisation de nos références de valeurs d’utilité personnelle. Ensuite notre cerveau les classe en fonction de son acquis, pour un usage immédiat ou futur.

C'est cet échange croisé entre enseignant et enseigné, qui doit constituer une particularité de l'enseignement pour adulte.

… auquel nous ne pouvons échapper…

Dans notre monde, le traitement moderne de l’information ou de la désinformation, occupe une place quotidienne à tel point, qu’il est apparu des experts et spécialistes en traitement, de la communication, de l’image (pour l'essentiel la presse écrite et audio- visuelle), informations qui, à moins d’être un ermite nous atteint. Ainsi, toutes ces informations, et le langage qui les véhicule, façonnent le raisonnement et le comportement individuel, et elles sont parties intégrantes de nos échanges journaliers.

Nous faisons donc au quotidien sous notre seul arbitraire un échange d’informations croisées, qui en dehors d’une structure d’enseignement didactique s’appelle la conversation.

… parce que...

S’il en a été ainsi, et en sera ainsi quelles que soient les diverses formes sous lesquelles se diffuseront les informations, celles médiatiques ne rencontrent pas de contrepoids ou pouvoir, si ce n'est celui de leurs propres controverses.

En règle générale, ces informations médiatiques constituent une information descendante qui, si elle se nourrit des manifestations d'opinions collectives ou individuelles exprimées (le vote, les sondages d'opinions, les porte-parole de groupements associatifs, les manifestations populaires sporadiques, et tout événement), cette information descendante s'impose par sa quotidienneté et est subie, en l’absence de droit de réponse (les types d'informations inters actives sont rares et ne peuvent être que sélectives, du fait de la loi des nombres).

Elles sont donc souvent prises à tort comme représentant la réalité sociale, politique et économique d’un «effet loupe » qui se répand, et donne tout son poids aux médias.

… nous sommes des répétiteurs…

De ce fait dans ce «marché de l'esprit », si je peux me permettre de l’appeler ainsi, la variété, la crédibilité de l'information s'atrophient malgré une liberté acquise. Le commentateur, faiseur d'opinion, a pris de l'ampleur pour le meilleur ou le pire, car il est à but lucratif, et il doit d’abord se vendre, tandis que le rôle de l’auditeur ou du lecteur se réduit presque exclusivement à celui de répétiteur (pour plaire à Socrate). L’Homme moderne répéter ne prend jamais le temps d’interroger de l’intérieur, d’autres cultures disent méditer.

Si c’est là une aptitude essentielle dans le cadre de l’appris qui fonde notre sociabilité et nos cultures, une autre fonction est aussi essentielle celle d’évaluer son appris.

… qui pourront s’évaluer…

De fait, dans le type d'enseignement croisé, où l'enseigné intervient dans l’enseignement dispensé, cet enseigné est aussi partiellement porteur d'une réflexion médiatique «conditionnante », qu’il pourra comparer, mesurer à un enseignement de connaissances et du savoir reconnu aujourd'hui.

J'ai en mémoire une discussion sur la Genèse. Mon interlocuteur avait comme référence des extraits mémorisés du film «la Bible », de la même manière que les gens du moyen âge avaient les représentations picturales, les fresques etc. qui se trouvaient dans les églises pour les édifier sur le sujet. Si c’est amusant, c’est aussi cela que nous faisons quotidiennement, car bien évidemment, faute de pouvoir tout savoir nous glanons au fil de notre existence, des informations provenant de «peintures ou de fresques » sur les sujets les plus divers, que nous véhiculons ensuite en ayant que peu de possibilités d'en débattre avec des professionnels. C’est ce que je fais entre autres au travers de cet ouvrage, sinon il faudrait que je sois un génie pour maîtriser tous les sujets que j’aborde. Et comme à glaner des informations non vérifier on risque la rumeur, moi je risque le sophisme.

Ainsi disposer d’un lieu d’enseignement, vulgarisant ou démocratisant un enseignement supérieur qui n’est accessible qu’à une minorité, permettrait également de s’auto évaluer.

… et affiner leurs réflexions...

C’est pourquoi, le type d'enseignement croisé permettra d’affiner totalement ou en partie notre réflexion, et d'avoir autour des sujets enseignés une discussion élargie par une réflexion dirigée, guidée. Parce que nous construisons avec notre culture générale restreinte et notre culture populaire des schémas parfois erronés, quand ce n'est pas de contre exactitudes, faute d'interlocuteur patenté ou de discussion éclairée. Parfois cela va jusqu’à façonner des opinions publiques aberrantes où des individus ou des groupes d’individus s’inventent des maux ou des attitudes pour correspondre à l’événement ambiant que la circulation de l’information fabrique.

Ce type d'enseignement croisé permettra de pallier partiellement un certain nombre d’erreur, sous réserve, qu'il reste dans son rôle d'enseignement complémentaire, et non pas celui de porteur d’une quelconque Vérité, et ceci à charge de réciprocité pour les enseignés.

… librement…

L'enseignement croisé offrira ainsi l'acquisition d'un peu plus de connaissance, de savoir, par l’expérience du vécu appartenant aux enseignés. Quant à la «la Vérité », elle est d'une construction plus irrationnelle de l'adéquation entre la réalité et ce que pense d'elle l'être humain, individuellement ou en groupe.

L'enseignement ne doit délivrer, quel que soit le sujet, qu'un contenu programmé, même s'il reste ouvert à la discussion, au débat, à l’échange.

Si les échanges sont libres, il ne peut toutefois l'être au point de se transformer en tribune de confrontation d’idées propagandistes, chacun restant libre de conserver ses libertés de point de vue.

… dans des limites incitatrices.

Ce type d'enseignement ne couvrira certainement pas tous les besoins. Néanmoins il peut inciter à une démarche personnelle de recherche éducative, ou au développement de la connaissance de ses propres aptitudes qui ne s'épanouissent pas toujours en temps et en heures dans l'enseignement traditionnel. J’ai déjà dit que le milieu familial et social était facteurs de disparités de chance devant l’éducation, ce qui ne retire rien à des capacités latentes chez ceux qui les vivent. Capacités latentes qui émergent parfois durant l’exercice de la vie socio-économique, mais ne se trouvent plus dans le processus éducatif pour bénéficier d’un entraînement mécanique, ceux qui le font sont peu nombreux.

Ainsi les ECPA tout en demeurant dans leurs limites créeront un environnement incitatif favorable.

QUI DISPENSERA CET ENSEIGNEMENT ?
Ceux qui ont déjà la connaissance et le savoir,…

Je ne vais pas aborder l’aspect quantitatif, non qu'il ne présente aucun d'intérêt, mais il découlera de la mise en place du projet éducatif. Les personnes chargées de dispenser l'enseignement des programmes, je les appellerai pour la convenance «formateurs ».

Il y aurait donc comme formateur, certes, une partie du personnel du corps enseignant qui pourrait être partiellement utilisé, je pense aux enseignants universitaires, mais pour subvenir à un enseignement de masse comme j’en émets l’idée, il serait nettement insuffisant.

C’est plutôt vers ceux qui exercent déjà leur savoir ou sont dépositaires d’un savoir, qu’il faut se tourner. Cela revient à dire que chaque citoyen pourrait devenir un formateur, soit partiellement ou à temps complet en fonction des programmes établis, et d’une disponibilité à organiser, ceci inclus les retraités qui voudraient s’investir.

Il y a donc là des milliers d’emplois à créer et donner un intérêt à la vie de ceux qui ayant cessé leur activité professionnelle se sentent mis en marge de la société.

… après une formation…

Toutefois, si posséder un savoir est un atout, l’enseigner ou suivre un programme préétabli, tout en réalisant les conditions d’un enseignement croisé, est plus difficile. Chaque formateur devra recevoir un minimum de formation pédagogique d’enseignant.

… comme cela existe.

Dans notre organisation actuelle, ce type de formateur existe. Nous appelons ces personnes des «intervenants extérieurs ». Très souvent, dans le cadre, de la formation professionnelle pour adulte, les centres de formation y font appel, la pédagogie étant assurée par l’animateur du stage. Voilà donc une forme d’enseignement effective, concrète, tangible et rodée après un passage, où il y a eu beaucoup de «marchand de soupe », comme cela se disait dans le milieu de la formation professionnelle, pour signifier que certains organismes de formation n’étaient pas très regardants sur les programmes, pourvu qu’ils vendent leur formation.

Un ministère tout désigné.

La mise en place de formateurs, comme l’élaboration des programmes, nécessitera l’utilisation d’une structure administrative à l’égale de celle existante dans l’enseignement national sous l’égide du ministère de l’éducation nationale et non pas du ministère du travail comme la formation professionnelle.

Les formateurs ainsi recrutés présentent, comme les intervenants extérieurs, l’avantage d’avoir ou d’avoir eu une expérience professionnelle dans leur spécialité respective, qui apporte un plus notable, par rapport à un enseignement académique de base.

Donc, toute personne connaissant le sujet qu’il a à enseigner peut être, formateur. Ces personnes interviendront en fonction de leurs propres aptitudes pédagogiques, ayant nécessité ou non une formation, sous la conduite ou non, d’un corps de formateurs coordonnateurs.

Ce corps de formateur aura pour fonction de mettre en œuvre l’exécution des programmes sous la responsabilité des responsables de centre d’ECPA.

QUELLES INCIDENCES SUR LA VIE DES CITOYENS ?
Il faut l’imaginer…

Inciter une population adulte à s’insérer dans un enseignement de masse, conduira à générer une nouvelle répartition du temps disponible.

L’imaginer revient à exclure, d’entrée de trouver des paramètres préexistants. Les seuls quelques peu approchant seraient ceux découlant de la FPA (formation professionnelle pour adulte). Les comportements seront des plus divers en fonction des situations individuelles. Comme pour toutes actions globales en direction d’une population, (à l’équivalent de l’application d’une loi), se dégageront des comportements types, guidés par l’intérêt immédiat d’une source de revenu.

Ce devrait être les populations les plus démunies qui devraient en faire usage en tout premier lieu, d’où l’importance que revêtira le système rémunérateur de ces journées.

… car nous nous imposons d’apprendre…

Je dis «qui devraient », car nous n’avons pas une propension naturelle à aller nous instruire et nous nous imposons d’apprendre. Ceci, même si chacun d’entre nous est conscient de l’importance de l’instruction, voire parfois intolérant vis à vis de ceux qui reconnus comme possédant le savoir, se trompent. C’est à dire que nous ne concevons plus l’erreur comme partie intégrante de notre existence, comme corollaire de la non-existence du zéro défaut, et comme probabilité certaine d’un événement qui se produira du fait même de toute l’activité culturelle que nous avons développée, comme causalité, comme occurrence.

Une approche qui nous a fait définir des systèmes punitifs personnifiés, qui pousse à cacher l’erreur et en génère d’autres. C’est parce que nous confondons la responsabilité «d’acteur », auteur d’une erreur, et les occurrences de cette erreur qui émanent des auteurs de «l’événement culturel sociétal » incluant l’acteur, occurrences que nous transposons en totalité sur l’acteur. En effet, nous ne pouvons pas sanctionner «La Société culturelle» pour la part qui est la sienne au travers de l’appris qu’elle véhicule, dans une existence où le libre arbitre n’existe pas, sauf pour ceux qui considèrent disposer de la Vérité.

Pourtant, réduire les erreurs et ses occurrences dépendent aussi de la quantité de la connaissance et du savoir accumulé. Et bien des erreurs commises durant l’apprentissage familial ou scolaire pourraient être rattrapées ou corrigées.

Pour arriver à cela, nous n’avons pas légitimé le développement permanent organisé de la connaissance individuelle destinée à chacun tout au long de son l’existence, comme une partie intégrante et intégrale de l’événement culturel humain ; ce rôle étant généralement imparti au groupe familial et il est éminemment lié à l’environnement.

…alors que l’adulte est ostentatoire…

En dehors du processus professionnel, la diffusion des connaissances, du savoir, des informations demeure comme je l’ai déjà dit, un «marché » (bien que je trouve ce mot mal approprié).

Aussi, plus généralement, acquérir l’habitude d’aller régulièrement dans un centre d’enseignement pour adulte, c’est déjà s’accepter soi-même dans une position dévalorisante en constatant ses insuffisances. Cela alors que nous utilisons toutes les situations de l’existence pour nous valoriser, dans des confrontations permanentes, faisant parfois étalage de pseudo savoir, et surtout en dévalorisant «autrui ».

Ceci parce que nous sommes poussés à correspondre aux images de marque imposées par les autres, de nous couler dans un ordre qui ouvre ses portes aux meilleurs compétiteurs. Parce que nous n’avons de valeur qu’aux yeux des autres, et nous en oublions de cultiver la nôtre, celle qui nous est unique. Qui nous est unique, parce que c’est celle de notre vie unique dans la vie des autres, au milieu de milliards d’informations à traiter par notre intelligence et nos sens. Non pas pour cultiver la diversité là où nous avons des goûts communs, mais pour être nous-mêmes, même si nous avons des chances de ressembler à d’autres. En cela parfois il est plus intelligent de dire «je ne sais pas » que d’être son propre ennemi pour paraître l’ami ou l’ennemi d’un autre, ce que nous reprochera, de toutes les façons, notre miroir conscient (notion de mal) ou inconscient (mal être).

Ainsi, dans une société où choisir le meilleur exclut l’autre, une pratique sélective d’efficacité est devenue aussi une source de paraître ostentatoire, cause de nombreux maux.

… et conservateur par peur…

Nous n’avons pas trop l’habitude de nous inscrire dans un processus d’éducation sans limite, (sauf pour quelques personnes, quelques professionnels, médecins, scientifiques, certains dirigeants par exemple) ; cela dans un univers où l’incertitude effraie, et où tout doit aboutir par nécessité à un objectif perceptible. L’exemple le plus significatif au plus haut niveau en est l’opposition, absurde d’ailleurs, entre la recherche appliquée et la recherche fondamentale (la recherche pure, chercher pour chercher sans limite), pour ceux, bien sûr, qui considèrent que c’est du gaspillage que de mettre trop d’argent dans la recherche fondamentale. Etre conservateur par peur n’est naturellement pas une anomalie, cela correspond à une exigence biologique de la construction de notre psychique que la socialisation nous impose en permanence de dépasser. Car aucune socialisation ne peut espérer perdurer dans la forme ou elle s’est définie, et ceci impose d’apprécier ce que nous considérons être une progression vers hominisation. Hier, cette incertitude inquiétante était régulée par les croyances et les convictions. Aujourd’hui c’est l’argent qui tient ce rôle. En posséder c’est s’assurer ses lendemains, et quand l’argent est rejeté ou fait défaut, nous retournons vers les croyances et les convictions.

Et je n’ai jamais entendu dire que les hommes aient eu l’idée de se tourner vers le Savoir en tant que but, pour affronter l’incertitude.

… alors que notre futur est presque illimité.

S’inscrire dans un processus d’éducation sans limite demande de comprendre que nous puissions choisir de vivre totalement, pleinement notre évolution compréhensible en l’accompagnant consciemment, (je pense à celle de notre espèce humaine, car les autres se suffiraient à elles seules si nous n’existions pas, car nous altérons le monde qui est le leur) dans un accroissement de toute connaissance du présent, en utilisant notre intelligence cognitive estimée employé à 10% de ses possibilités (ce qui ne signifie pas que notre cerveau ne fonctionne pas à 100%). Je vous laisse tirer les conclusions sur une intelligence qui demande d’emmagasiner sans cesse du savoir, car si ce qui reste à apprendre est proportionnel à l’usage de cette intelligence qui nous reste à parfaire, la marge est énorme. Cela, dans un futur dont la seule échéance que nous connaissions, comme certaine, est la fin de notre système solaire et de notre forme de vie.

Ce qui, à notre échelle humaine, donne au futur un caractère presque illimité.

Mais ce « futur » c’est aussi une incertitude…

Je vais m’attarder un instant sur l’incertitude car c’est un principe fondamental pour les scientifiques, et ceci l’est aussi dans notre existence de mortel avec laquelle nous vivons au quotidien[99].

Lorsqu’en 1900, Max Planck, un chercheur allemand, suggéra que la lumière, les rayons X, et les autres ondes ne puissent être émises que par paquets, il les appela des «quanta », et avec lui naissait la mécanique quantique. Ensuite, en 1926, un autre allemand, Werner Heisenberg, essaya de mesurer avec exactitude un quanta. Pour ce faire, il faut éclairer un quanta, et les ondes de cette lumière incidente seront éparpillées par la particule à mesurer, indiquant ainsi sa position. Cependant, comme la lumière suivant l’hypothèse de Planck fait appel à un «quanta », celui-ci dérangera la particule à mesurer, et modifiera sa vitesse de façon imprévisible. Et plus on recommencera la tentative de mesure, plus on accroîtra l’imprécision. Il démontra ainsi que l’incertitude de la position de la particule, multipliée par l’incertitude de sa vitesse, multipliée par sa masse ne peut jamais être plus petite qu’une certaine quantité que l’on nomme «la constante de Planck ».

Cette démonstration est appelée le «principe de l’incertitude ».

Hawkins a écrit à ce sujet, «le principe d’incertitude a eu de profonde répercussion sur la façon dont nous envisageons le monde ; même si ses implications n’ont pas été entièrement admises par nombre de philosophes et font l’objet de polémique. Le principe de l’incertitude indique la fin du rêve d’une théorie de la science, d’un modèle de l’univers complètement déterminé élaboré par Laplace. Comment à partir de cela prédire les événements futurs avec exactitude si l’on n’est même pas capable de mesurer l’état présent de l’univers avec précision ? Ainsi le principe d’incertitude de Heisenberg est une propriété fondamentale inéluctable du monde d’aujourd’hui ». [100]

Nous comprenons donc très bien que, si Heisenberg avait eu toute la connaissance et les informations nécessaires pour effectuer sa mesure il ne s’en serait pas privé. Ainsi, cette incertitude est liée aux moyens de notre connaissance, et dans sa méconnaissance il utilisa cette incertitude pour en faire une valeur indicative. Ce que nous pouvons retenir de cet exemple c’est que comme un quanta qui mesure un autre quanta ne suffit pas à définir avec exactitude, dans la même mesure la position et la vitesse d’un quanta, il est peu probable que l’homme se mesurant par lui-même puisse se définir avec précision, mais il ne nous est pas interdit d’en connaître sa valeur moyenne. Ainsi l’incertitude peut être utilisée pour définir une certitude moyenne. Ceci en attendant que les informations que nous recueillons sur nous puissent trouver des définitions précises et exactes, de telle manière que la définition ne soit pas l’objet d’erreurs dans l’interprétation des événements, et c’est là un défi des plus difficile, voire, l’optimisme me pousse à ne pas dire impossible car quelque par il doit y avoir la solution.

Pour sourire, d’autres techniques existent aujourd’hui pour cerner au plus juste la position d’une particule, dans les limites fixées par le principe d’incertitude, notamment en la refroidissant ce qui ralentit son déplacement. Il ne faut pas en conclure qu’il faudrait refroidir les hommes pour qu’ils se connaissent mieux, bien que dans les pays froids nous puissions constater une plus grande sociabilité, du fait même que leurs déplacements sont restreints, et que cela les conduit plus facilement à une auto acceptation pacifiste. Nous retrouvons cette tendance au travers des pratiques religieuses, dont leurs dieux donnent une image. Les Germains, Baltes ou Slaves n’avaient que peu de pratiques guerrières, contrairement aux Celtes qui étaient un peuple querelleur et batailleur. Et si nous véhiculons encore sur eux des idées de peuples barbares, ce n’est dû qu’à une lecture chrétienne de leur histoire idéalisée, et non à une lecture historienne. (Source encyclopédie de religions).

Mais le débat est plus difficile que ce que je viens de l’exposer. Si l’on retient que la mécanique quantique est la quantification d’informations qui donnent corps à la matière par un processus que nous ignorons, ces informations donnent également des images de ce qui est, mais qui n’est qu’une information virtuelle, un reflet, un double sans consistance physique aux conséquences effectives pour ceux qui les observent, les paradoxes[101]. Ceci rapporté à la conceptualisation de nos schémas abstrait par notre cerveau, se pose de fait une question : qu’elle est la part de nos réponses à des schémas cérébraux qui pourraient n’être que « virtuel », parce que nous sommes également le produit d’informations quantiques ?

N’est-ce pas ce que nous faisons à tous les instants ? Cela en recevant l’information d’un événement qui c’est produit ailleurs, et y donner une réponse conforme à notre affect dans lieu où nous sommes pour bâtir une image mentale; à la différence que dans le monde quantique la loi d’unification ou l’ordre sous-jacent ne se trompe pas aussi souvent que notre cerveau par son langage sémantique, peut-être parce qu’elle ou ils ignorent l’incertitude.

… que nous rejetons…

Dans notre existence, l’incertitude s’associe à la probabilité de la survenance d’un désir dont nous anticipons les possibilités de réalisation en fonction des connaissances objectives ou subjectives que nous possédons de lui[102].

Ainsi, nous n’aurons «toujours » qu’une connaissance limitée, d’autant plus que l’ensemble sera complexe ou bien qu’un ensemble simple fasse intervenir un ensemble plus complexe qui nous conduira à des échecs. Ces échecs eux-mêmes accroîtront notre connaissance de toutes choses. Sauf que l’échec, produit de l’incertitude, culturellement nous nous en culpabilisons, et nous en punissons. De plus notre apprentissage est basé aussi sur un système punitif, qui va de la gifle au paradis, par défaut de connaissance de ce que nous sommes, car l’événement culturel accroît les contraintes de son exercice. Contraintes qui engendrent autant de systèmes punitifs inappropriés, que des approches superstitieuses, ou divinatoires pseudo scientifiques, graphologie, numérologie, astrologie etc. qui relèvent de l’escroquerie, car si cela pouvait être, ces gens serait des dieux. Le jour où l’un d’entre eux vous dira, à la seconde, à quelle heure le lendemain vous allez vous laver les dents, alors vous pourrez lui baiser les pieds. Pour l’instant les seuls qui soient exercés à de telles prédictions sont des scientifiques, et eux, qui sont capables de prévoir quand il y aura une éclipse, ils se gardent bien de prédire quand vous allez vous laver les dents. Si il en était autrement, il y a longtemps que les casinos de jeux et les jeux auraient fait faillite.

Ainsi, puisque nous les humains, qui sommes au-dessus de l’incertitude, nous avons depuis la nuit des temps nos devins, nos astronomes, nos messies, il n’est pas nécessaire de s’instruire, car nous sommes justes à côté de l’univers, dans une planète taillée à notre mesure livrée à notre arbitraire.

D’ailleurs, c’est pour cela que lorsqu’un projet, une espérance, une réalisation ne se concrétisent pas suivant la prévision escomptée, qu’une erreur survient, nous sanctionnons, nous licencions, nous pénalisons car il n’est pas normal que nous nous trompions.

Et avec tous ces carcans censés nous apporter la certitude, nous ne parvenons pas à tous les coups à gagner au tiercé. Pourquoi ?

… par illusoire grandeur…

Savez-vous pourquoi nous ne parvenons pas à gagner à tous les coups ?

Parce que nous ne sommes pas aussi grand que nous le croyons, nous n’avons qu’une illusion de notre grandeur.

Et, pour comprendre l’événement, il nous faut arrêter les choses, arrêter le mouvement, peut-être parce que notre propre existence s’arrête aussi, et que nous ne savons pas, et ne pouvons pas raisonner en un Tout. En effet, même si notre cerveau photographie un paysage nous ne retiendrons que ce qui aura arrêté notre attention, des fragments (le reste se fixera dans notre cerveau sans que nous en soyons conscients de manière plus ou moins durable). Fragments que nous figerons dans une image passéiste, alors que le paysage aura changé dans la seconde même ou nous l’avons fixé. Ce changement aura échappé à notre regard, et heureusement, car sans cela, avec le traitement sélectif de notre cerveau actuel, nous ne pourrions rien fonder. Aussi, nous pourrions dire que nous sommes intelligents parce que le reste du Tout nous échappe, nous pourrions dire que nous sommes intelligents parce que nous n’avons pas accès à notre inconscient.

Ainsi, nous perdons au tiercé parce que nous fixons une limite à la course. Mais imaginez qu’elle n’en est pas : dix (10) chevaux s’élancent de 0 à l’infini, difficile de savoir quel est le meilleur, non ! C’est simple. Tous les 10 kilomètres vous relever les ordres de passage. Arrivé à l’infini nous faisons la moyenne de celui qui est passé le plus de fois en tête aux bornes des dix kilomètres, et nous avons gagné. Nous avons trouvé le meilleur cheval en établissant des positions moyennes, nous pouvons miser dessus.

C’est certain ? Non !

Si vous faites le point tous les 15 kilomètres, cela en sera un autre.

Ainsi, le meilleur ne sera pas le réel meilleur, mais celui que notre ordre aura défini.

Comme à l’infini, au Tout nous n’y avons pas accès, nous faisons donc partir 10 chevaux sur mille mètres. Il nous faudra alors étudier toutes les courses qu’ont faites ces chevaux, étudier l’état du terrain, étudier le parcours professionnel des jockeys, étudier la santé physiologique des chevaux et des jockeys, ainsi qu’étudier leur santé psychique. En procédant ainsi, nous aurons réduit l’incertitude. Il ne nous restera que la période entre la clôture des paris et le départ de la course, puis les aléas de la course elle-même. Où alors, comme nous le faisons, nous jouons au hasard faute d’arriver à déterminer la probabilité de régularités gagnantes qui apparaîtront en fonction du nombre de chevaux et de joueurs.

Il en est également ainsi de notre existence et de son système «méritocratique » punitif. Son évolution est symptomatique de notre faculté à comprendre les événements, et faute de tout comprendre, nous recherchons toujours une imputabilité rassurante.

…parmi ce que nous pensons essentiel…

Pourtant, le plus souvent pour gagner, nous ne comptabilisons que les probabilités gagnantes, pas les perdantes. Ainsi, quand nous regardons ce que nous pouvons faire avec la monnaie, nous ne comptabilisons pas ce que nous ne pouvons pas faire parce que nous en manquons, parce que nous la raréfions. Nous avons à l’esprit, avec l’argent, une échelle de rapport comme si c’était un biorythme. Or, ce rapport est seulement culturel. Si nous nous demandions combien d’argent il nous faudrait pour réaliser les désirs que nous n’avons pas comptabilisés, l’impossibilité réelle n’est plus une question de quantité d’argent, mais de temps et de technologie (travail plus outils) parce que la vie ne suffirait pas à réaliser tous nos désirs.

Aussi, pour résoudre cette problématique, nous raréfions la monnaie, nous posons une borne de 0 à l’infini, et nous organisons des courses autour d’elle que nous pensons essentielles. En conséquence de quoi nous sommes amenés à nous poser des questions existentielles autour d’elle à la mesure de ce que nous avons appris. Pourtant, rien ne nous empêche d‘en définir une nouvelle à côté de celle qui existe (la rareté) pour que de 0 à l’infini, il y ait plus de gagnants. Puis nous en posons une autre, et encore une autre.

Il n’y a que nous, pour nous empêcher d’en poser, car nous avons fait de la diversité une confrontation, et non un échange en acceptant par facilité l’héritage de nos ancêtres qui avaient un besoin social de fabriquer des Vérités conquérantes.

…mais il est toujours temps d’apprendre.

- Au fait, çà ne vous intéresserez pas d’étudier tout au long de votre vie pour réduire l’incertitude liée à la compréhension de votre existence ?

  • Je vous pose cette question parce qu’il y a des personnes qui utilisent le principe de l’incertitude, celui de la théorie sur le chaos, pour anticiper vos désirs et vous proposer des individualités clés en main, en vous expliquant que vous êtes libre de choisir entre toutes les mêmes.
  • Si ! Si ! Je le savais moi, dit le papi Mouseau : si j’étais à leur place, les hommes seraient tous libres de faire ce que j’ai décidé, comme cela il n’y aurait plus d’incertitude.
Car la seule terre à découvrir est l’incertitude…

Cette incertitude nous l’avons pourtant réduite. C’est ce qu’il s’est produit avec la scolarisation obligatoire, Nous avons instruit les populations pour un objectif, en ignorant les conséquences qui en découleraient au-delà de l’objectif affiché. C’est ainsi que la connaissance, qui hier faisait la gloire de quelques érudits, est devenue banalité en se démocratisant.

Qui peut donc contester aujourd’hui le bouleversement engendré par l’alphabétisation dans notre organisation sociale mise au service de nos motivations ?

Sans émettre un jugement de valeur, elle a engendré un développement sans commune mesure dans l’histoire humaine connue à aujourd’hui, qui, elle-même, sera aussi sans commune mesure avec la potentialité humaine qui nous est encore inconnue, sauf à prétendre comme les obscurantistes d’hier, que nous allons trop loin.

Ceci nécessite que je précise deux points.

Premièrement, comme je l’ai indiqué dans l’avertissement, si nous regardons le culturel comme un événement en soi, l’accumulation de savoir d’une génération sur l’autre (soit de manière empirique ou organisée, par son extension constante dans les populations), ne peut qu’engendrer des conséquences issues de cet événement. Ceci par la simple application de la «théorie du chaos » qui indique qu’une modification d’un des paramètres de son ordre, suffit pour influencer l’ensemble. Mais lucidité oblige rien n’indique que c’est pour un mieux.

C’est donc tout ce domaine inconnu et incertain, incident à l’accumulation exponentielle de savoir, qui nous reste à conquérir.

Deuxièmement, tout ordre culturel, ignorant de ce qu’il est, tend dans sa majorité à être despotique, et exclut de fait toute forme de pensée qui lui paraît hostile. Aujourd’hui ce phénomène existe toujours, même si nous nous pensons civiliser, et il se trouve lié à l’ordre majoritaire actuel, qui fixe une éthique par morale ou qui étouffe par raison commerciale ou confessionnelle ce qui ne se coule pas dans son ordre.

Cela nous est moins visible, car nous ne pendons plus ou nous ne brûlons plus sur la place publique, car nous disposons d’autres armes pour chasser l’hérétique. Dans les faits, cette incertitude qui nous effraie est aussi le propre produit de nos actes ignorants, et la seule chose qui devrait nous effrayer est notre certitude ignorante, une certitude ignorante qui fabrique aussi du doute paralysant. Et c’est là que se trouve la difficulté, comme dans le cadre de la recherche de la position de la particule, devoir situer leur place, et trouver quand nous sommes dans la certitude ignorante et le doute paralysant.

Ainsi, plus nous apprendrons plus nous aurons une chance, de les situer, et de conquérir l’incertitude.

… mais avec modération…

En conséquence de quoi nous pouvons donc espérer qu’une généralisation d’un enseignement pour adulte tout au long de l’existence, (qu’il est possible d’assimiler à une forme d’alphabétisation du Savoir), produise des bouleversements analogues dans leur ampleur, et si possible sans les effets néfastes que nous découvrons au quotidien, du fait même de l’utilisation de nos réalisations dans l’accroissement de nos connaissances.

A ce sujet les scientifiques devraient se soucier que leurs découvertes soient vulgarisées car ils encourent le risque qu’elles soient rejetées par les populations à cause du différentiel de connaissance et de savoir croissant entre elles et eux. Cela, parce que l’usage commercial ou politique qui est fait de leurs découvertes ne sert pas toujours l’intérêt de notre espèce.

… pour ne pas faire un dieu du savoir…

Toutefois, les conséquences d’un accroissement de connaissance ne sont pas linéaires et rationnelles. D’autres facteurs sociologiques sont à considérer. J’en veux pour exemple l’éminent personnage que fût Jules Ferry, qui n’en considérait pas moins la population africaine comme une sous race, et encore aujourd’hui, toute notre connaissance n’a pas fait disparaître ce syndrome de la race.

Plus actuel, le développement de certains jeux vidéo est plus proche de l’abêtissement que du développement de l’intellect, tout en étant le produit de l’utilisation d’une technologie élaborée, qui permet d’accomplir par ailleurs des tâches grandioses. N’y apprenons nous pas à des enfants, au travers de certains jeux virtuels à faire peu cas de la vie, d’autres à jouer avec des jeux apologiques, dans lesquels il suffit de tuer et de racheter une vie si l'on y meurt soi-même, ou de supprimer la civilisation du mal.

Et que dire d’une tendance à un individualisme mercantile excessif qui pousse au repli sur soi, à une idolâtrie élitiste, à fabriquer des exclus. Des exclus pauvres qui s’enferment dans des ghettos autonomistes, et des exclus riches qui s'auto «ghettoïsent » dans des espaces sous vidéo cerné de forces de polices.

Il ne faut donc pas croire que le savoir est le remède à toute chose et qu’il pourra remplacer ce que nous nommons «l’intuition ou le bon sens commun », son affect, ce qui fait l’Homme, et qui appartient à sa conscience, son esprit, son âme qu’elles soient mécanistes ou spirituelles, ou à ces 90% de potentialité du cerveau à découvrir. A cette sagesse à laquelle se réfère certaine culture ancestrale.

Ceci, pour ne pas confondre sciences interprétatives et sciences expérimentales, afin de ne pas transformer ce qui n’est qu’un outil de découverte «la science », en un dieu oppresseur, pour remplacer « l’image du père » qui se recompose.

… alors qu’il n’est que culture,…

Cela étant, il me faut préciser qu’apprendre ne suffit pas, si nous oublions de nous regarder pour ce que nous sommes, une espèce animale suivant notre propre qualification, s’auto qualifiant «d’humaine » par la culture. Un qualificatif qui pourrait lui laisser croire qu’elle n’aurait pas de successeur dans le futur, et que son activité est paisible.

C’est pourquoi, l’utopie serait de croire qu’un enseignement permanent pourrait conduire à façonner en chacun d’entre nous, une espèce de philosophie populaire ou de génie permanent dans un monde, où l’usage est d’utiliser toutes choses pour asseoir sa supériorité et sa richesse. Un monde où il ne faut rien attendre des constructions dominantes, qui sont sourdes à autre chose qu’au rapport de force. Constructions dominantes qui n’existent telles quelles sont, que parce qu’elles sont le propre reflet de nos espérances contingentées dans un processus d’apprentissage millénaire, de ce que les Hommes ont compris, de ce qu’ils pensent être.

C’est pour cela que tant de révolutions sont devenues des dominations, croyant faire celle de l’esprit, elles n’aboutirent qu’a faire celle de la matière, clouant, la plupart du temps, au pilori tour à tour penseurs et philosophes pour «éréthisme ».

… même s’il est lent…

Car le Savoir est une lente édification. En conséquence de quoi, il faut plutôt escompter une lente modification des comportements et de la réflexion. Ceci me paraît être une évidence, mais n’être surtout qu’une certitude optimiste, car l’évolution poursuit sa route, et se fait avec nous, indépendamment du fait que nous ayons ou non conscience d’y contribuer.

Et si jamais pour la « nature » l’humain doit être un essai manqué, il reste encore quelques milliards d’années d’existence à notre planète, pour générer une autre espèce.

… et incertain.

Ce Savoir est aussi incertain. Donc, rien ne peut garantir que ce soit pour un mieux comme je le soutiens, parce que nous vivons dans un Univers qui maîtrise la totalité de son «ordre sous-jacent », alors que nous, nous organisons le nôtre dans l’ignorance de cet «ordre sous-jacent » et de cet Univers (l’univers objectif) ; de telle manière que les connaissances que nous en avons ne sont en rien une garantie d’un développement harmonieux, car l’univers n’existe pas, pour nous, c’est nous qui existons dans l’univers même si nous y sommes intervenants, en le sachant ou non.

Pour donner une image de mon propos, c’est comme si le foie s’interrogeait sur les raisons de son existence dans le corps en méconnaissance de son fonctionnement et dans l’ignorance de l’existence du cerveau.

C’est cette difficulté que nous rencontrons, et ce qui nous en est le plus perceptible dans nos sociétés est le nombre grandissant de textes réglementaires et l’accroissement des systèmes punitifs devant la modification des repères traditionnels, famille, école, religion et culture.

Cela, parce que nos organisations sont des systèmes fermés. C’est à dire qu’ils regroupent les sujets, les individus, les Hommes dans des organisations mécanistes lisibles par eux, qui engendrent une homogénéité de comportements culturels que nous nous acharnons à conserver en l’état.

Notamment parce que nous n’avons pas trouvé la clé qui nous permet de comprendre et d’organiser «le désordre » qui est l’ordre universel. Ce désordre qui n’est qu’apparent car c’est un ordre en perpétuel changement, en «équilibration[103] » en échange permanent. Alors que nous, ne sachant pas pourquoi nous existons, nous nous construisons des finalités dans des ordres qui s’affrontent, parce qu’ils nous sont compréhensibles et remplissent «l’incertitude ».

Ce faisant j’intègre sans précaution le second principe de la thermodynamique, conçu pour traiter des problèmes de la dégradation de l’énergie, dans l’ordre social.

Cela, parce que nous ne sommes nous même qu’énergie, énergie que nous consommons plus ou moins en fonction même des organisations systémiques que nous élaborons, et cette consommation affecte directement notre système émotionnel et engendre des comportements qui interagissent à leur tour dans/et sur l’ordre des organisations systémiques.

Pour comprendre tout cela nous disposons de systèmes déterministes que nous pouvons lire pour faire des prédictions. Nous disposons de systèmes aléatoires, où y lire le déterminisme qu’ils incluent est long et fastidieux, et nous en retenons les probabilités. Nous disposons du système dit chaotique que nous concevons être, mais dont nous ne parvenons toujours pas à y lire la conséquence qu’entraîne la modification d’un de ses plus petits éléments (effet papillon de Edwards Lorentz, découvert au cours de l’étude des phénomènes météorologiques), sauf au travers des deux précédents. Tout cela nous le vivons par la perception et nous l’avons même traduit populairement, nous connaissons ce principe de «l’effet papillon » comme l’illustre cette comptine,

Faute de clou, on perdit le fer ;

Faute de fer, on perdit le cheval ;

Faute de cheval, on perdit le cavalier ;

Faute de cavalier, on perdit la bataille ;

Faute de bataille, on perdit le royaume.

En conséquence diffuser le savoir à six milliards d’individus reste incertain, il y a de forte probabilité qu’un seul d’entre eux génère l’effet inverse à celui escompté, mais autant qu’un l’induise. Et puis l’optimisme, c’est de considérer qu’il nous a fallu seulement plus de cinq mille ans pour définir un temps conventionnel, et comprendre qu’il n’est que cela, ceci autorise une espérance.

Une espérance…

«Cependant, les progrès de l’espèce humaine ont apporté un petit coin d’ordre dans la compréhension du désordre croissant de l’univers »,[104] et notamment par la théorie du chaos qui laisse espérer une compréhension du désordre[105]. Cette réflexion qui concernait la connaissance de l’univers cosmique est aussi applicable à celle de notre existence. Ainsi, malgré nous l’homme n’échappera pas à l’obligation de s’éduquer en permanence pour avoir une compréhension plus complète du déroulement de son existence, et faire face à cette entropie inévitable pour la maîtriser ou l’accompagner, à l’exemple de ce que nous démontre la théorie sur le chaos (Note 30, 53). Et une fois de plus comme par le passé, malgré nous, nous devons trouver des indicateurs à notre existence, non plus seulement en levant les yeux vers l’univers, pour l’interpréter, mais en comprenant de manière réfutable ce qui s’y passe. Non pas en levant les yeux pour y trouver quelques Vérités, car dans ce cas nous avons déjà perdu, mais pour comprendre, et là nous risquons de l’entrevoir, car elle va toujours nous aspirer jusqu’au point où il y a un absolu, un point où tout ce que nous aurons bâti s’écroulera.

De manière que le Savoir dont nous disposons aujourd’hui, malgré nous, nous aspire vers cet absolu, si nous voulons en faire l’effort.

… qui nous astreint à l’effort…

Aujourd’hui, la rupture qui existe entre la scolarité et la vie active demande un effort d’adaptation pour ceux qui désirent se réinsérer dans un cycle de formation, auquel s’ajoute parfois une perte financière.

De plus, la fin de la scolarité est perçue comme un soulagement, et ce, certainement parce qu’elle s’est construite ou conçue dans un développement historique matérialiste[106], et non pensé aussi dans le cadre de l’épanouissement de l’intelligence humaine, malgré sa spiritualité évidente comme substrat du développement de l’idée du matérialisme qui s’y substitue. Car, hier comme aujourd’hui, la plupart des hommes ont plutôt demandé à leurs dieux de gagner au loto ou cru que leurs dieux aimaient les biens terrestres, et y ont associé toute la pensée. Laissant, en cela, le domaine du développement de la Pensée à une minorité devant la construire avant de la disséminer. Pourtant, chacun de nous est un penseur, mais parfois j’ai l’impression que nous la regardons comme propriété individuelle spontanée (chacun rêve d’être un petit génie) qui ne nécessite pas un apprentissage pour être plus élaboré. Cela, parce la pensée entraîne des controverses quant à son origine, et qu’il est plus facile de se retrouver par la pensée dans le but de la production d’un bien matériel. Ceci, parce que nous avons peur de la regarder comme une organisation mécaniste (biologique) qui se perfectionne, craignant en cela d’altérer l’Humain, de le déposséder de son côté spirituel, alors que nous nous contenterons d’en repousser plus loin la limite, alors que la Pensée est à la base des effets culturalisés, comme événement en soi, et que maintenir la «Pensée » dans un développement seulement empiriste, ou élitiste, ou transcendantal, conditionnera l’événement culturel. Ainsi, considérer le développement de la «Pensée » comme résultante de l’accumulation de savoir et de connaissances en permanence organisés, c’est un effort auquel nous serons astreints, et nos stratifications sociales devront l’intégrer.

Car elles intègrent de fait toutes nos découvertes, qui bouleversent nos repères antérieurs qui nous laissent ce sentiment actuel de désordre, tout simplement parce que l’ordre antérieur qui nous permettait de nous lire, n’est plus adapté aux modifications qu’il a engendrées, il c’est même appauvri.

… du fait de notre matérialité.

Nous sommes bien fait de matière organique mais certainement aussi de « particules ». L’un se touche et se voit, l’autre s’imagine et se détecte. Cette dernière remarque entre la matérialité et la pensée, nécessite que je précise qu’il ne s’agit pas d’un jugement de valeur, mais d’un ordre de préséance naturel du biologique ou physiologique, où l’esprit ne peut se déployer sans passer par la satisfaction des contingences de la matière qui en est son support (le corps). Cela, malgré les pratiques traditionnelles culturelles, et les ordres religieux «spiritualisateurs » qui assujettissent la pensée dans la constance d’une «Vérité » spirituelle transcendante, et qui en voulant figer «l’événement culturel » l’altère, ce qui permettrait peut-être de comprendre pourquoi tous nos changements de «civilisations ou essais comme je l’ai dit » sont si violents. De plus, philosophiquement, quand nous examinons de plus prés ce qui relie les tenant du matérialisme et du spiritualisme, c’est que tous les deux le justifient par quelque chose de commun, un moyen de communication, qu’il soit mécaniste et immanent ou transcendantal, notre cerveau. Pourtant, ce qui fait la différence fondamentale, c’est que dans le premier des cas nous pouvons espérer comprendre le mécanisme, dans l’autre nous en sommes dissuadés.

Je m’explique : lorsque deux avis contradictoires s’affrontent, tous les deux sont justifiés par les éléments, les informations retenus par chacun pour les développer, et chacun d’eux a raison. Car je l’ai dit nous ne pouvons pas concevoir des choses qui n’existe pas ou qui ne soit pas en potentialité d’être. De manière que si l’un et l’autre ne se n’échangent pas leurs éléments et informations, ils ne parviendront jamais à trouver ce qui manque à l’un et à l’autre. Ils n’arriveront jamais au lieu, au seuil, où leurs avis forcément se rejoignent. Et le frein ou la dissuasion à cela, est le Temps ; le temps qu’il a pu manquer pour apprendre. L’impossibilité de passer tout notre temps à nous comprendre parce qu’utilisé à d’autres tâches ; temps que nous compensons par des absolus rigidifiant, dissuasifs. Également, par une impossibilité physiologique où la vitesse de la pensée est plus lente que les émotions, et supérieure à celle de son expression orale, de manière qu’avec l’oralité nous soyons toujours en retard sur l’événement perçu par nos sens, et traduit par la pensée, de manière que nous soyons condamnés en n’en faire qu’une traduction partielle, et concevoir des termes qui englobent des concepts de pensée pour gagner du temps.

Nous sommes donc attachés par notre matérialité à avoir l’expression de notre Raison qui a d’une certaine manière un temps de retard sur nos Émotions, et comprendre cela ce n’est pas rien, surtout quand nous devons en apprécier les conséquences dans notre existence d’obsession punitive. Ainsi, si nous considérons que la communication c’est avoir un «téléphone », même avec dieu, nous pouvons l’améliorer, car nous ne sommes tenus que par notre matérialité.

Nous pouvons donc trouver du temps, et appliquer des techniques pour communiquer (être en relation), et elles seront d’autant plus efficaces que nous y intégrerons les découvertes des mécanismes de la pensée, et de la conscience qu’apporte la recherche par les neurosciences même si elles ne sont pas unanimes, car elles aussi parviendront un jour à trouver le seuil qui les unis.

Comment se faire une idée du comportement de la population face à la formation …

Aussi, imaginer le comportement d’une population pour laquelle entrer dans la vie active n’entraînerait pas forcément une scission avec un processus d’enseignement général permanent qui serait rémunéré, ne peut être fait que part analogie avec des formes qui s’en rapprochent, car je ne connais pas de sociétés qui l’aient intégré dans leur développement.

Si nous examinons les données sur la formation professionnelle qui se rapprochent par la forme des ECPA, 30% des actifs, en moyenne, sont concernés actuellement. Bien que son développement ait été lent, la cotisation obligatoire des entreprises est passée de 0,8 en 1970 à 1,5% aujourd’hui de leur masse salariale. Les grandes sociétés y consacrent jusqu’à plus de 3%, certaines d’entre elles possèdent leur centre de formation, tandis que les branches professionnelles ont créé des centres de formation spécifiques, et des structures de collecte et de redistribution des fonds disponibles.

Nous pouvons en déduire que l’enseignement professionnel public convient à la préparation aux métiers, même s’il ne peut pas satisfaire aux exigences de productivité et d’adaptabilité micro-économique que formulent les entreprises. Il y a des rôles qui ne faut pas inverser, l’école enseigne et donne des bases d’émancipation qui trouveront leur application dans le déroulement de l’existence. Mais c’est l’activité économique qui génère les aptitudes nécessaires à la production d’un produit et autres services. Ces aptitudes deviendront des métiers et des filières professionnelles que l’école enseignera, mais elle n’a pas pour rôle d’être le pourvoyeur d’esclaves du monde du travail, ni d’enseigner cette tarte à la crème qu’est l’esprit d’entreprise. C’est pour cela que la formation professionnelle permet de faire les ajustements nécessaires entre l’école et le monde de l’entreprise. Comme celles qui nécessite des actions particulières en direction des chômeurs devant trouver une activité dans d’autres branches professionnelles ou favoriser l’accès à de nouveaux emplois dus au développement de nouvelles technologies. Cet outil d’adaptation et d’ajustement est resté peu utilisé, seulement 4% des salariés ont une démarche personnelle de formation, et son regain d’intérêt est récent à bon ou mauvais escient. Mais il faut préciser que la législation n’a pas toujours facilité démarche. Enfin, l’usage d’Internet se développe, l’E-LEARNING made in USA qui considère que le savoir étant disponible sur Internet, chacun n’a qu’à se débrouiller tout seul pour apprendre. Nettoyé de ses marchands de soupe, et de ses modélisations propagandistes, c’est là, entre les mains de professionnels, un outil de grande diffusion de la formation professionnelle, voire du savoir et de la connaissance didactique.

Il ne ressort pas de ceci une tendance de la population de se former en dehors des besoins économiques.

Mais, ces quelques chiffres donnent une notion de l’effort à consentir, pour accepter l’idée d’un enseignement généraliste permanent pour adulte.

… qui est une démarche limitée par l’idée de soi.

Ainsi, même dans un secteur d’activité où il existe une possibilité permanente de formation, elle reste un palliatif, et n’est pas intégrée comme un processus constant pour tous d’acquisition ou de perfectionnement de connaissance. La formation professionnelle caractérise cette permanence dans notre esprit, d’une rupture entre enseignement général et vie active. Si, pour l’accès à un emploi, l’exercice d’un métier, son attrait se manifeste, il cesse dés que nous nous estimons suffisamment formés, car l’idée de soi est essentiellement tournée vers l’activité professionnelle, et les ressources qui en découlent.

De fait, nous réduisons donc l’exercice de nos potentialités à la poursuite d’un but unique, sans lequel nous ne nous reconnaissons plus d’existence sociale, source des plus grands destins, ou des plus sombres misères. Et cette idée de soi nous apparaît impossible à changer, comme si nous craignions de passer derrière notre miroir.

Or, pour ce même but nous ne craignons pas de le faire, en allant au-delà de notre rythme biologique circadien en ayant une activité 24 h/24, et même sanctionner les erreurs auxquelles elles nous conduisent.

Il suffit donc d’avoir une autre idée de soi, par exemple avoir une démarche estudiantine.

Avoir une démarche estudiantine…

Ce sont les groupes sociaux comme les mères ou pères au foyer, les retraités, les "sans emplois", (groupe dans lequel nous trouvons particulièrement la jeunesse des cités dites à risques), qui auront leur quotidien transformé par la fréquentation des ECPA, car ils peuvent disposer un peu plus aisément de leur temps libre que les actifs, et devront intégrer une démarche «estudiantine ».

Démarche qu’ils considèrent ne plus être de leur ressort, fort de leur statut d’adulte, de leur expérience du vécu, et de notre notion de «liberté », qui nous laisse croire que nous échappons à «l’apprentissage », parce que nous nous soustrayons à celui organisé. Préférant en cela avancer à tâtons pour analyser toutes les informations que nous enregistrons. Informations qui sont parties intégrantes de «l’apprentissage » empirique, auquel nous n’échappons pas en fin ultime, et qui débouche sur la pensée individuelle et la « créativité », même si nous suivons un enseignement organisé.

En fait l’enseignement organisé nous permet de gagner du temps pour ne pas redécouvrir soi-même ce qui l’a déjà été par d’autres : d’être d’éternels étudiants plutôt que spectateurs de notre existence.

… plutôt qu’être spectateur…

Dans ces groupes que la télévision totalise plus de 3 h d’audience quotidienne, à l’exception des 9% de foyers qui n’en possèdent pas.

En effet, les postes de télévision restent allumés en moyenne 5 h15 par jour, les inactifs y consacrent 3 h50 en moyenne, et les personnes âgées de plus de 50 ans, 4 h. Ainsi, en moyenne, un inactif occupe environ 1300 h annuelle «d’audition télévisuelle », soit presque autant de temps que celui que consacre un actif au travail (1355 heures en 2000).

Et il n’y a que ceux qui ont un intérêt à le dire, pour affirmer que la télévision n’a pas d’incidence sociologique sur les individus.

… et sociologiquement riche pour rompre un isolement…

Cette utilisation de leur temps qu’ils voudront consacrer aux ECPA les emmènera à organiser leurs journées en gérant leur occupation journalière de toute autre manière. Pour les sans emplois, et particulièrement les exclus et les marginaux, la fréquentation des ECPA serait de nature à rompre leur isolement sociologique par le côtoiement inter générationnel.

Ce côtoiement inter génération devrait être un facteur sociologique essentiel des effets seconds des ECPA, car naturellement l’âge induit sociologiquement des seuils de séparations que nous retrouvons dans certains de nos comportements et activités.

… dans une société civile très sollicité à consommer…

Notre société a mis en exergue l’individualisme, et la réussite individuelle comme épanouissement devant se faire au détriment de la relation collective.

Dans cette optique, tous les développements technologiques individuels sont privilégiés, car ils offrent plus de débouchés économiques pour les créateurs.

Certains offrent l’illusion d’avoir le monde avec soi sur le simple clic d’un quelconque appareil. Si nous pouvons nous féliciter de la mise à disposition de toutes sortes d’informations dont nous avons besoin en un temps record, toutes ces innovations ont eu tendance à séparer, et isoler les hommes d’un contact social qui forge la discussion collective, et donne naissance à ce que nous appelons la société civile.

Ainsi, nous assistons au paradoxe où dans une société dont les moyens de communication sont en surabondance, nous nous parlons de moins en moins directement. Et nous trouvons de moins en moins de temps pour l’échange relationnel communiquant. Alors que dans le même temps nous ne nous sommes jamais autant croisés, et autant parlé par appareil interposé.

Cela est certainement dû aux espaces libres occupés par les publicistes, les logiciels, les centres commerciaux, les parcs à thème, tous ces lieux où l’on va d’abord pour consommer.

Consommation à laquelle il est dur de résister…

Où sont donc les espaces où nous exerçons la citoyenneté ?

La coupe du monde ! Cela fait peu une fois tous les vingt ans. Heureusement il y a encore le monde associatif, exclusion faite des associations de sports et loisirs qui représentent 13% du monde associatif sur 39% qui se disent adhérents d’une association. Le monde associatif s’est ouvert et tourné vers l’intérêt individuel, et les associations de défense d’intérêts communs sont en recul.

Reste l’école ? Nous avons vu effectivement ces dernières années des lycéens se prendre en charge pour défendre leur point de vue. Seront-ils en mesure de poursuivre leur expression citoyenne, ou seront-ils absorbés par la société de consommation, comme l’ont été leurs aînés de 68, d’autant plus qu’ils s’identifient par rapport aux biens de consommation. Ils se coulent parfaitement en cela, dans le moule qui consiste à exister parce que nous consommons.

Les églises ? Il y a bien une recrudescence de religiosité, mais les églises ont fait la preuve de leur inaptitude à diriger la société par frilosité réformatrice, et constituent plus un refuge, un soutien psychologique à nos peurs, et ce n’est pas non plus en se tournant vers des gourous de tous poils, qu’ils auront les réponses qui nous échappent, parce que le futur sur terre n’existe pas avant que nous ne le construisions au présent dans la mémoire du passé.

Alors pour oublier que penser c’est difficile on consomme.

… malgré quelques tentatives…

Ce rôle si important de communication directe, et d’échange tend à s’amenuiser malgré quelques tentatives de cafés à thème : philosophie, astrophysique ou de réunion de quartier, et comme ce n’est pas l’engouement sportif qui constitue un support à la démocratie, il nous faudra bien trouver un autre moyen de vitaliser la citoyenneté. En cela les ECPA pourront y contribuer de fait, parce que les citoyens ne se retrouveront pas dans des lieux, où on leur demandera de produire et de se taire, de prier, de consommer, d’apprendre docilement.

Non que ces lieux ne soient pas ceux de notre existence, mais l’on nous demande d’y être des spectateurs participants, et non des étudiants émancipés.

Il faut maîtriser notre intelligence culturelle…

Vous dire ce qu’il adviendra, je ne le peux pas. Pourtant, ce que je peux dire, c’est qu’une intelligence «culturelle » comme celle qui caractérise notre espèce ne se construit pas dans l’isolement. Parce que l’isolement est un danger pour des institutions démocratiques s’il met la société civile à mal ou en péril.

Pour autant, si la consommation de technologie n’est pas opposée à la société civile ou à la démocratie, sa maîtrise doit être exercée par l’une et l’autre, car elle nous affecte. Parce que comme je l’ai déjà indiqué, nous allons continûment de l’ordre vers le désordre, et n’importe quelle variation engendre des effets. Cela, même si nous ne les percevons pas avant un laps de temps variable.

Ainsi, rien ne nous garantie dans cette dynamique d’une loi physique, qu’à une organisation démocratique en succède une autre, et que le mot de démocratie suffit à la garantir.

Ainsi, chacun de nos actes engendrés par notre ordre social modifiera ce même ordre. Et ce n’est pas parce que nous avons défini seulement la responsabilité individuelle, plus facile à saisir, qu’elle efface, raye, gomme, lave la responsabilité collective inductive dans la survenance d’un événement. Cela, parce que dans l’approche de cette responsabilité collective nous craignons qu’elle serve à se cacher de celle de «responsabilité d’acteur ».

C’est là, encore une approche dépendante du débat dualiste traditionnel «individuel/collectif » que nous sommes loin de maîtriser. Et si dans la plupart des pays nous avons encore des sanctions punitives, de l’ordre de la peine de mort, de détention à perpétuité, ou des peines dites «exemplaires », il s’agit moins de justice au sens noble ou nous l’entendons, que l’exercice de la vengeance individuelle ou vindicte populaire, qui a été retirée à l’individu, comme engrenage à la violence (vendetta, œil pour œil dent pour dent etc.) pour être conféré à la communauté organisée. Il apparaît donc bien difficile que la communauté puisse évaluer la part de responsabilité qui lui incombe dans tout manquement d’un des acteurs de la dite communauté. C’est ainsi que chacun connaît le vieil adage qui dit «nul n’est censé ignorer la loi », une manière comme une autre de se dédouaner, de fuir ses responsabilités communautaires « d’enseignant », et dont la raison est moins dans la capacité de le comprendre, que d’estimer que ceci retire des sommes de monnaies du système productif vers l’organisation d’une activité sociologique qui se comptabilise comme un coût dans une organisation libérale qui pousse à l’exclusion.

Il est donc plus facile de comprendre pourquoi nous construisons plus des lieux d’exclusions en tout genre que d’intégrations. Est-il possible de maîtriser notre intelligence « culturelle » pour ne pas se robotiser ?

… pour ne pas être robotisé.

Sans nous en rendre compte nous possédons de fait une culture franco américaine, comme la plupart des pays de la communauté européenne, et d’autres dans le monde. Cela par la position dominante du commerce américain dans les échanges qui s’est installée comme référence type des relations commerciales, notamment le lobbying (groupe de pression). De nombreuses écoles primaires et secondaires sont en Amérique sponsorisées par des producteurs de produit de consommation dits énergétiques.

Il serait navrant que nos futurs penseurs soient le café X, le soda Y, ou des clips vidéo, et que nos innovations nous les apprenions par l’intermédiaire des œuvres de sciences fictions, comme des robots qui reçoivent leur culture en même tant que la pâtée.

Faire une place au ECPA…

Pour les actifs, c'est leur activité professionnelle, la duré horaire du travail et le temps de loisirs, qui seront déterminants pour ajuster leur participation, et faire une place aux ECPA.

… par l’incitation financière…

Pourtant, je ne crois pas que ce sera l’envie de s’instruire qui conduira à la participation aux ECPA. En effet, si l’envie de savoir et connaître durant son existence dans le but de développer la pensée « créatrice » existait chez les hommes, il y a bien longtemps qu’une organisation se serait structurée en se sens du seul fait de la demande. Comme ce besoin émane de l’événement culturel, c’est notre raison qui le saisit.

Ainsi, ce seront plutôt les effets du gain financier qui auront l'incidence la plus immédiate, d’autant que la rémunération proposée constituera un appel d’offre comme source de revenu, ou complément de revenu, et dont sa répercussion sur la vie économique engendrera de profondes transformations (chapitre suivant). Sans vouloir ignorer l’incidence que peut avoir notre propre estimation d’un seuil de revenu autosuffisant sur nos espérances attendues d’une organisation sociale pour satisfaire nos désirs insatiables, je ne vois pas qui refuserait un moyen de compléter ses ressources.

A moins que nous prenions subitement conscience de l’utilité de la pensée.

… ou une pensée «d’utilité potentielle »…

Or, le développement de la pensée « créatrice » passe par trois étapes. Ces étapes sont, la saturation, l’incubation et l’illumination suivant la conception de Hermann von Helmhonltz un physicien physiologiste (1821 1894). Le conscient, l’inconscient, et le préconscient ou «l’antichambre de la conscience », dans la première topique de Freud (1856 1939) remplacé par une seconde, çà, moi, surmoi, suivit par celle de Piaget, l’assimilation, l’accommodation, l’équilibration.

Si j’ai cité Helmhonltz c’est qu’on comprend facilement qu’il n’y a pas de développement de la pensée « créatrice » sans une structuration et une accumulation de savoir et connaissances (recueil d’information, réflexion, action).

Ce qui est particulièrement difficile, c’est d’adjoindre à la notion de pensée «utilitaire », qui sous-entend un but, même si ce n’est celui «que d’exister », une pensée «d’utilité potentielle » vers un but inconnu, vers cette incertitude qu’il nous reste à conquérir. D’une certaine manière de faire consciemment ce que nous faisons inconsciemment, de telle façon que ce mécanisme structurel mis en évidence par ces «chercheurs » produise ses effets.

N’oublions pas que nous vivons des certitudes du passé que nous projetons sans cesse dans un futur inexistant, en dehors de notre conscience du temps.

C’est pourquoi, qu’apprendre nous prépare à l’événement futur dont nous ne connaîtrons les effets qu’une fois l’événement réalisé. En effet, nous ne pouvons même pas l’imaginer, si ce n’est qu’au travers d’images issus du passé, limitées par notre compréhension actuelle qui n’est pas une garantie de l’innocuité de l’observateur.

C’est pourquoi, contre toute logique universelle connue à l’heure actuelle, nous continuons à ne développer qu’une pensée déterministe, laissant le soin à notre «inconscient » de faire les adaptations aléatoires qui sont les bases de notre évolution.

… pour ne pas rester des hommes des cavernes.

Alors, nous avons un certain choix. Le développement de la pensée « créatrice » peut se faire, par la seule observation de l’existence en fonction de nos seules aptitudes réduites à leur environnement, dans le but d’un seul intérêt immédiat, comme nos ancêtres Cro-Magnon pour les plus lointains. Ou bien par l’observation de notre existence, grâce à des structures d’un apprentissage permanent, pour enseigner tout ce que nous avons accumulé comme savoir et connaissance depuis nos illustres ancêtres durant notre existence, afin de se préparer à des événements que cette accumulation de connaissances et savoir induiront également.

Actuellement, nous passons au mieux 13 années dans un enseignement de culture générale, et nous restons environ 55 ans à considérer que nous avons assez appris, tout en restant en permanence conditionnés à notre apprentissage empirique, ou à ceux qui en font l’effort, à l’éducation permanente. En effet, nous sommes aussi cela, un animal qui apprend en permanence, mais nous y donnons aussi un autre nom, «le vécu ».

Faute de comprendre cela nous ne trouverons aucune raison qui justifie un apprentissage permanent tout au long de l’existence, et nous demeurerons socialement des hommes des «cavernes », même si nous sommes capables d’aller en trouver sur Mars, parce que nous transporterons ces cavernes avec nous, pour nous être abandonné. (J’ai utilisé le terme «caverne » pour l’image erronée populaire qu’il véhicule.)

Nous voulons être des Dieux…

Si je devais en donner un exemple, je choisirais celui de l’existence des multitudes de croyances religieuses qui soutiennent détenir la Vérité du vrai Dieu. Ce sont les flux de régularités observés (la vie, la mort, le besoin de se nourrir) et notre comportement existentiel qui ont nourri la réflexion humaine, et qui ont été compressé par elle, en un ou des schémas conceptuels (les livres religieux d’aujourd’hui), avec ses sources d’erreurs d’établir des régularités là où il n’y en a pas, et réciproquement. Notamment celle de penser qu’il suffit de créer un DIEU, ou prendre conscience qu’il puisse exister un Dieu comme guide de la transmission d’une organisation humaine régulée (le père), pour qu’il n’y ait plus d’interrogations. Ce comportement consistant à trouver des schémas réguliers stables se retrouve sur toute la planète, et s’il y a une régularité, ce n’est pas tant dans le contenu du schéma, que dans sa recherche.

Aujourd’hui nous avons toujours cette préoccupation[107].

… plutôt que de relever le défie humain.

Le défi est d’accepter aussi l’idée qu’un ECPA soit une source de revenu. Ce concept est de nature à perturber la réflexion de chacun, ce «chacun » étant enfermé dans des valeurs judéo-chrétiennes ou «helléno-judéo-chrétiennes » ancrées au fils du temps dans l’appréciation d’une valeur «méritocratique » constante (tu gagneras ton pain à la sueur de ton front)[108]. Longtemps cette notion a conduit celles et ceux qui ne participaient pas directement à la production d’un bien ou d’un service à être perçus comme des improductifs, pour ne pas dire fainéants. Si les employés ont gagné leur galon de salarié, du fait peut-être de la lente érosion de la classe ouvrière traditionnelle, cette appréciation affecte toujours les personnels de la fonction publique.

Alors qu’en sera-t-il de l’idée de rémunérer les hommes pour apprendre ? Oserons-nous relever le défie ?

Un défi qui sera d’abord rejeté…

Alors, il ne faudra pas être surpris que l’idée soit dans un premier temps rejetée (il y en a été ainsi lors de la mise en place de la scolarité obligatoire), et considérée comme, «gagner de l’argent sans rien faire ».

Bien sûr nous n’apprenons pas que la scolarité obligatoire avait été rejetée par ses contemporains, par ceux là même qui en avaient le plus besoin, et qui se lamentaient sur leur sort, comme nous nous lamentons aujourd’hui sur le nôtre, toutes proportions gardées. Ils justifiaient pour cela du besoin de conserver la part de revenu complémentaire qu’apportait le travail des enfants. Aujourd’hui ce refus se formulerait plutôt sous une autre forme : «apprendre pour quoi faire ?» Comme si le mot intelligence ne se suffisait pas tout seul.

Mais voilà nous sommes presque six milliards à penser que nous possédons l’intelligence que n’ont pas les autres, parce que nous disons, que l’intelligence et l’instruction sont deux choses distinctes. C’est peut-être vrai, pourtant, quand les deux sont réunies, c’est tout de même bien mieux.

C’est bien vrai çà, dirait le papi Mouseau, on ne sait pas d’où vient l’intelligence, mais cela fait avancer le « schmilblick ».

… si l’enseignement n’est pas gratifiant.

Dans notre souci de valorisation l’emploi ou l’activité exercé est plus ou moins considéré comme gratifiant. Un dicton populaire dit bien :"il n’y a pas de sot métier". Ce n’est pas pour autant, que nous nous levons le matin en disant, «moi aujourd’hui je veux être éboueur ».

Si chacun reconnaît son utilité salutaire, ce travail n’en demeure pas moins un métier à connotation péjorative, comme tant d’autres d’ailleurs, pour lesquels nous changeons d’appellation afin que leur exercice, soit dissimulé ou moins fruste. Pourtant il suffirait que leurs rémunérations s’élèvent, ou que leur place sociale s’affirme pour qu’ils s'ennoblissent (le saltimbanque quêtant hier, n’est-il pas devenu l’artiste opulent d’aujourd’hui), et l’éboueur d’aujourd’hui ne tend-t-il pas à devenir le nettoyeur écologique de demain.

Il en sera de même pour l’enseignement pour adulte, malgré son utilité reconnue, comme celui général ou spécialisé, il ne sera reconnu que par la valorisation financière qu’il apporte, car il aura ses opposants.

Bien sur il y aura des opposants…

L’enseignement ayant poursuivi un cheminement similaire, nous ne nous levons pas un beau matin en nous disant «je veux m’instruire». Il a dû sortir de l’emprise des lettrés, et s’ennoblir auprès des populations incultes au cours d’un long cheminement où il n’a pas manqué d’opposant à l’instruction populaire, comme il y a eu des opposants à l’éducation permanente formulée dans le projet de nouvelle société de J, Delors et J. Chaban-delmas.

…par pragmatisme opportuniste…

Aujourd’hui, l’enseignement est presque exclusivement synonyme de débouché vers un emploi, d’autant mieux rémunéré que cet emploi est important.

Pourtant il n’est pas rare d’entendre ces dernières années «à quoi cela sert-il d’envoyer nos enfants acquérir des diplômes s’ils ne donnent pas accès à un emploi ? «Maintenant pour être balayeur il faut le bac ».

Est-il impensable d’imaginer que l’on puisse, à l’excès, être agrégé de lettres et occuper un emploi d’éboueur ?

Faut-il forcément être «con», pour occuper un tel emploi ?

Les inactifs devraient-ils être des ignorants ?

Cela parce que par pragmatisme opportuniste nous considérons qu’un emploi ne justifie qu’une complémentarité de connaissance en seule liaison avec son exercice.

C’est là un point de vue restrictif

…à cause d’une vue restrictive…

Cette difficulté provient de notre façon de considérer l’enseignement sous ses deux aspects étroitement liés et dynamiques, qui élaborent au fil des générations, l’apprentissage d’un langage culturel commun qui édifie et façonne toute société, le «sociologique » et le «technique ».

L’enseignement «sociologique » (enseignement général) qui conduit à la satisfaction de nos exigences matérielles par l’enseignement technique. Lesquelles, s’élevant en qualité, nous libèrent, et nous offrent la possibilité d’accéder à un échelon supérieur, d’indépendance contingentée.

Plus simplement, plus nous nous libérons des tâches de production et ménagères, et plus nous disposons de temps pour un autre usage qui va dépendre aussi, de notre enseignement.

Par indépendance contingentée, je veux indiquer que la technologie, due au développement du langage social, nous offre des possibilités qui sont restreintes par l’usage que nous faisons de la monnaie, dans notre organisation sociale, du fait même des concepts que nous élaborons à travers elle, par le poids des mots.

Je m’explique. Si je veux définir ma notion d’interdépendance entre l’individuel et le collectif comme partie inséparable d’une fonction organique de l’espèce, je n’ai pas de mot, car nos analyses présentent toujours cette fonction, sous une dualité.

Certes, les deux notions examinées séparément sont fondées. Mais trouvez-moi un être humain qui n’ait pas déterminé sa personnalité au travers des autres, et que, même s’il éprouve le besoin de s’isoler, ne recherche-t-il pas la société de ses semblables pour se prouver qu’il existe, parce qu’il est cela, (En dehors des schizophrènes ou des autistes, ou des isolés que nous fabriquons par la technologie, comme de potentiels schizophrènes, comme d’autres ont fabriqué des ermites).

Pourtant, nous n’avons pas de mot pour définir cette fonction vitale de l’individu qui lui permet de se collectiviser en «collectif d’individualiste », (en dehors de l’holisme[109]) que j’ai désigné dans l’avertissement sous le terme de «collectivisme fractal ». Nous serions donc des «Holistes ».

Si nous spécifions un mot pour cela, nous pourrons développer un concept qui englobera les deux autres. Il agira sur notre construction psychique par le poids du mot défini (son sens), de la même manière que le mot individualisme induit dans notre conscient historique une notion de liberté, qui ne peut qu’être affectée par le concept collectiviste, ou collectif qui déjà par son terme, indique une dépendance à un ensemble, et restreint de fait la liberté, en référence aussi à un usage historique qui en a été fait dans les ex-pays dit socialistes. Et dans le débat qui les oppose, il s’agit moins de trouver la réalité d’une relation, que de soutenir un point de vue arbitraire fondé, moins par la raison, que par l’intérêt individuel égoïste exacerbé dans les deux approches.

Cela, bien que notre existence ne soit qu’un énorme assemblage, la communauté, où la place de l’individu, de l’individualité ne consiste qu’à composer l’ensemble, dont l’individu exhibera sa « créativité ». « Créativité » à laquelle concourt cet ensemble par acculturation (assimilation, accommodation, équilibration), et qui ne peut s’exprimer qu’au travers de l’individu comme conséquence d’un ensemble dont il est issu, et avec lequel il devra s’associer ou périr.

Ainsi, cette approche individualiste contingente également l’appréciation que nous portons sur notre enseignement. Si bien que lorsque nous en sortons diplômé, nous croyons que c’est grâce à notre seul travail, parce que nous avons oublié toutes les pressions exercées pour nous inciter ou nous forcer à apprendre. Notre seul mérite, c’est d’avoir appris. Appris, du patrimoine collectif, ce qu’aucun de nos parents n’aurait pu nous apporter. Pourtant, nous n’en retiendrons que l’aspect qui se coule ou se glisse dans l’idéologie que véhicule la société.

Si bien que nous ne retiendrons de l’enseignement, que le moyen d’accéder à un emploi rémunérateur et, nous reprocherons éventuellement à cette collectivité que nous contestons tant de ne pas toujours savoir nous y préparer.

N’attendant de lui, que de la «monnaie », qu’elle serait donc la raison qui nous pousserait à utiliser une part du temps libre, que l’enseignement technologique a permis de dégager, pour suivre un enseignement complémentaire ?

Aucune ! Notre organisation socio idéologique ne conduit pas à cela, et c’est en cela que nous restreignons notre enseignement.

…alors il faut élargir notre réflexion…

Aussi, il faut élargir notre enseignement idéologique, par l’ajout d’un enseignement plus complet à organiser, qui est un enseignement permanent pour adultes. Celui qui concerne le développement intellectuel de l’espèce humaine tout au long de son existence par accumulation de connaissances et Savoir, sans but immédiat de production d’un bien consommable, car ce but est contenu dans l’accumulation des connaissances dont il émergera un jour, demain ou dans mille ans.

En effet, dés que l’homme connaît deux mots de plus, il les associe pour y trouver une utilité, et ce, même si l’équilibre ou l’épanouissement intellectuel, pour certains, doit transiter par l’apprentissage d’une activité manuelle.

L’Homme ne pourra pas faire l’économie d’un apprentissage «sociologique » s’il veut cesser de s’opposer parce qu’il croit lui être en propre : sa culture, à laquelle il pense toujours que les autres doivent se plier.

Nous oublions trop souvent que nous avons un «esprit malléable », et qu’élevé par des canards nous bougerions du cul en faisant coin-coin.

… dans une addition qui est un plus un égale trois.

En conséquence de quoi, cette accumulation de connaissances aura des conséquences sociales et économiques certaines pour le futur, et forcément productrices, pour peu que nous sachions faire les associations « créatives » «positives ». Plus nous accumulons de Savoir plus nous avons de chances qu’une association « créatrice » se réalise, et plus nous aurons de chances de comprendre ce que nous observons et percevons, et alors peut être nous élaborerons des sociétés moins fragiles, et plus assurées.

Notre vue élitiste nous fait toujours regarder les découvreurs comme des génies ou des êtres exceptionnels que la grâce aurait touchés, mais leur parcours n’est jamais celui d’un ignorant. Cela, même, si certains conservent le cerveau d’Einstein dans l’espérance que notre technologie permette de déceler quels gènes ont rendu Einstein intelligent. [110]

Là on est au bord du délire, car il vaut mieux supputer qu’il à su ajouter un plus un pour faire trois.

Il faut savoir se remettre en cause …

Accepter l’idée que nous puissions percevoir un revenu à partir de la diffusion d’un enseignement peut heurter nos esprits conditionnés à produire pour consommer, et consommer pour produire sans discernement.

Cette démarche peut aussi nous choquer puisqu’il s’agit, à court terme, de donner de son temps pour recevoir en échange, du savoir, des connaissances, et en plus un revenu.

A long terme, inévitablement, une apparente opposition avec le système actuel de production de la richesse basée sur la celle de biens et de services se produira. Cela, si nous ne voyons pas dans la rémunération des ECPA un système concurrentiel stimulant. Système concurrentiel qui nous est si cher, dont nous nous gaussons à tout moment. Et quel est le capitaliste ou le libéral qui pourrait s’en plaindre, sauf à démontrer que leurs déclarations, pour certains, ne cachent que des visées dominatrices, ce qui à mon sens n’est qu’une évidence.

Je disais une apparente opposition, car chacun utilisera ses acquis pour les optimaliser.

Quant aux «capitalistes », je n’ai aucune crainte. Ils sont suffisamment prompts à s’insérer dans n’importe lequel des systèmes pour conserver leur emprise.

Bien qu’ils ne soient pas si futés, car, si au lieu de soumettre les pays sous-développés ou en voie de développement à des emprunts drastiques auprès du FMI, ils favorisaient la « création » de monnaie par la mise en place d’une activité éducative, ils récupéreraient même de l’argent, là où il n’y a que du sable.

Comme quoi l’altruisme peut être aussi une source de richesse, et même une source de conflits, car l’altruisme n’est qu’une forme supérieure d’égoïsme, pour ne citer que le patriotisme en exemple, à ne pas confondre avec le suicide altruiste.

Enfin, nous ne sommes pas choqués quand le principe de la rémunération s’applique à la formation professionnelle, car la relation est directe avec l’emploi, et que nous sommes depuis de nombreuses années dans une logique de court terme, soit par souci de rentabilité, ou par une remise en cause due à la rapide évolution technologique. S’il nous est nécessaire d’être comme je l’ai dit assuré pour s’épanouir, ce n’est pas pour végéter car cela nous est interdit, mais pour disposer de la faculté de nous remettre en cause, pour poursuivre une marche en avant vers une espérance que nous qualifions : D’hominisation.

Mais encore faut-il savoir se remettre en cause et avoir des projets pour cela.

…pour un projet…

Aussi, il faudra peut-être renouer avec ce qui manque le plus à notre société, savoir changer d’optique, en la faisant surgir de notre réflexion plutôt que de nos confrontations mortifères.

Avoir un projet de société hominisant.

…pleins d’interrogations sur l’existence…

Nous pouvons estimer, à plus long terme, que la démarche s'intégrera dans le processus «production consommation », qui lui est inévitablement précurseur, pour produire ses effets sur la société, mais peut-être d’une autre nature que ceux que nous connaissons, et que les hommes auront plus une consommation d’utilité raisonnée. La démarche n’en reste pas moins orthodoxe, l’individu «vend-il » sa capacité « cérébrale » ou la société humaine «investit-elle » en celle-ci dans son propre intérêt ?

… que d’autres ont traduit avec leurs moyens.

Ma conviction est faite, savoir changer d’optique, c’est dans notre propre intérêt d’espèce humaine. Mais nous savons aussi que ce dernier passe par une vocation mercantile, car de tout temps il y a eu des initiés, qui faute de moyens de compréhension scientifique (moyens matériels), n’ont pu traduire correctement que la conscience qu’ils avaient de ce qui se passait dans leur esprit, correspondait à une image de « la réalité » de ce qui se passait dans la «nature » (univers/ terre/humain).

Et ils nous ont laissé la plupart du temps en guise de preuves ou de théories explicatives, des panthéons de dieux et des livres fermés[111].

Je peux rêver…

J’espère naturellement que l’accumulation de connaissances emporte en logique que l’individu ne demeurera pas un enseigné passif se contentant d’apprendre, et qu’il s’interrogera au-delà de l’association naturelle d’utilité.

Par-là même s’interrogera-t-il peut-être un peu plus sur les formes de ses relations au travail, face à une forme d’activité sociale qui l’émancipe un peu plus.

Mais ceci n’est que mon propre transfert...

… que la volonté serait de le faire…

Si aujourd’hui ce type d’interrogation est le privilège de quelques minorités, une interrogation de masse induira des comportements réactionnels, dans ce secteur ou d'autres, en fonction de la place sociale des enseignés.

Il ne faut pas en déduire, par «utopie », qu’il n’y aura plus de dominants, car nous confondons toujours, diriger et guider avec dominer ; car les dominants nous les fabriquons par «lâcheté, peur, indifférence ou ignorance ».

Si au quotidien la fréquentation des ECPA pousse les hommes à plus de réflexion, ce sera déjà un bouleversement.

Ce n’est pas seulement l’œuvre laborieuse qui est émancipatrice de l’être, même en lui en fournissant les moyens, c’est aussi le temps qu’il pourra consacrer à nourrir sa réflexion.

Nous disposons des deux, il ne manque que la volonté de le faire, mais rien n’est moins évidant.

… mais rien de moins évidant…

Pour en avoir débattu avec des acteurs sociaux, je ressentais en chacun d’eux la crainte ancestrale des dominants face à l’émancipation intellectuelle des populations, et la crainte que trop de réflexions nuisent à leur fond de commerce.

  • Certes l’idée est intéressante, mais la liberté, c’est que les hommes choisissent, de quoi ils veulent s’instruire.
  • Le développement culturel c’est l’affaire de chacun. Il y a suffisamment d’informations et de pluralisme d’idées pour cela.
  • Oui, l’idée est intéressante, mais sous condition que l’enseignement aille dans le sens de leurs idéaux.

Sans faire des confusions de genres, nous en avons connu quelques spécimens dont la révolution culturelle Chinoise en est l’exemple.

Cela n’est pas surprenant, car nous sommes tous enclins à considérer que notre point de vue est le mieux fondé et voulons le faire partager, voire l’imposer.

Pour cela nous disposons d’un outil relationnel qui est le débat.

…en dehors du débat.

Dans ce domaine il n’y a pas de règle, en dehors du débat d’idées, pacifistes ou non. Pour ne fournir qu’un exemple, je choisis celui d’un lumineux personnage qui avait avancé l’idée de supprimer le bac de «philosophie », parce qu’il ne débouche pas sur des emplois, et qui a dû renoncer à son projet.

Un débat dans une société dominée par le libéralisme...

Pourtant aujourd’hui, insidieusement, l’organisation libérale mondiale du commerce, comme de la finance, qui pourraient être un fabuleux moteur du développement des populations, sert une mécanique hégémonique à laquelle nous participons activement, au travers d’une forme de pensée unique, pseudo libérale. Je dis pseudo, car dans son application elle constitue un leurre intellectuel, en ce sens que chacun s’imagine être la pièce centrale du puzzle, et nie que la puissance concurrentielle impose ses lois à l’accession d’un marché, et transforme en idéal, ce qui n’est qu’un combat de pouvoir entre, l’individuel qui ne veut suivre que ses règles, et celui de «l’individuel collectivisé » en schéma communautaire (ETAT) qui ordonne la société par le fait social.

Cela, au travers d’un capitalisme qui se veut libéral, comme si le capitalisme pouvait être libéral sans se réformer.

Bien que né d’une volonté de Liberté[112], il a fini par remplacer le despotisme monarchique pour devenir lui-même un capitalisme despote, lequel a certes eu un avantage, celui de nous faire passer de sujets pauvres, à citoyens possédants. Pourtant, les deux à y réfléchir se référent à des valeurs supérieures à l’homme, pour que celui-ci puisse se justifier de sa condition et de ses actes, et s’y résigner. Ainsi la monarchie était de «droit Divin », d’en Haut, le capitalisme est des «droits naturels, des lois naturelles », d’en Bas. De manière que celui ou ceux qui se réfèrent de cette origine s’érige en Roi de droit divin ou de droit naturel (la sélection naturelle). Dans les deux cas nous avons droit au même despotisme. Cela, alors que ce ne sont que des droits, d’un être ignorant de lui-même qui ne sait pas ou ne peut pas se gouverner sans imiter ce qu’il comprend ou a compris de son monde (la nature), et se réfère à des concepts de lois naturelles, développés par des hommes certes instruits et intelligents, mais qui à leur époque, ne connaissaient de leur monde que l’antiquité et le moyen âge très chrétien. Et ils ne pouvaient donc pas tenir compte de notre préhistoire et protohistoire dont nous avons commencé la conquête de sa connaissance qu’à partir de 1860, et encore moins de celles apportées par la science contemporaine.

Cette caricature ne remet pas en cause l’efficacité attestée du capitalisme, mais se veut souligner que pour être despote, il ne suffit pas d’en avoir le titre, mais les moyens de l’être. C’est ce que fait «Le système capitaliste » dans ses excès d’efficacité, par les moyens dont il s’est dotés, la loi du marché financier. Pourtant nous savons que toute société dominatrice produisant son antidote, y succombe un jour.

J’irais peut-être jusqu’à dire que le capitalisme ou post capitalisme pourrait être le fossoyeur du libéralisme qui s’est identifié au symbole de l’individualisme absolu «laisser faire, laisser passer », car le langage courant tend à rendre, à tort, synonyme Capitalisme et Libéralisme.

Trouvez-moi donc une société dominatrice qui a perduré. Je ne prends aucun risque, c’est la simple application du principe de la thermodynamique, et de l’évolution biologique d’une cellule, naturellement ceci dépasse un peu la seule durée d’une existence humaine, mais il est inéluctable.

Ce phénomène fait partie des régularités observables, mais que nous rejetons quand elles concernent la société dans laquelle nous vivons, sauf peut-être, pour ceux qui ont l’esprit réformiste.

… où le mot liberté est l’arbre qui cache la forêt…

En cela, le mot liberté sous-entendu dans libéralisme, cache à ceux qui ne sont pas clairvoyants, que les richesses produites ne sont destinées qu’à ceux qui sont solvables, et s’organisent entre eux. Et, que la liberté n’est autre qu’être esclave volontaire de ses propres désirs, limités par les autres ou «l'Holisme ». De manière que de nombreuses dictatures s’y soient référées, mais dans nos démocraties nous nous y référons le plus souvent sous une forme insidieuse, pour dire qu’au nom de la liberté nous avons celle de dominer les autres, pourvu que cela se fasse par un moyen communément admis.

… une forêt où nous pouvons nous perdre.

Par libéralisme, certains entendent le droit qu’ont quelques groupes d’amasser des richesses (capitaliser) s’en rétrocéder sous quelques formes que se soit le coût collectif de l’existence humaine qui a était nécessaire(les discours sur les charges en sont l’élixir). Et ce, sous ses divers aspects quitte à si auto générer par des circuits financiers spéculatifs (analogie au dopage sportif), et structurer le marché mondial dans un féodalisme[113] au sein duquel les pouvoirs politiques (celui des citoyens) n’ont qu’à se soumettre ou se démettre. D’autres y voient le développement individuel comme une extorsion de la société. Une société à laquelle il faut tout prendre, de laquelle il faut tout attendre sans rien rétrocéder. Durkheim a appelé cette forme d’égoïsme le «suicide égoïste »[114], en ce sens sont suicidaires les discours qui prônent le désengagement de l’État en tant que garant et représentant de cette fonction «Holistique » au sein du groupe, de la société, de l’espèce, et de l’existence, suivant la manière dont nous nous structurons, car un État peut être despotique nous le savons. Ce qui donne également la possibilité à l’État citoyen d’être propriétaire, dans le secteur industriel ou non, pour sauvegarder ses intérêts communautaires.

Je vais prendre un exemple par l’absurde. Quelle différence il y a entre 60 millions de français qui détiennent les actions d’une société, et 60 millions de français propriétaires de la même société par l’État du fait de leur statut de citoyens. Je n’en vois aucune. Dans le premier cas les actionnaires éliront un PDG, dans l’autre un Président de la république. Ainsi la différence ne se fait pas dans le titre de propriété, mais dans la gestion, l’usage et l’image que nous nous en faisons, cela au travers des relations socio-économiques historiques que nous avons développées (le monde), et de leurs lisibilités au travers des circuits économiques. A l’inverse, par les phénomènes de concentration (capitalisme), des groupes financiers peuvent devenir propriétaires de secteurs complets ou «pluri-sectoriels ».

A quand ? Une société multinationale qui devient propriétaire d’un État ?

Je ne dirais pas que c’est fait en Italie, mais ?…

Cette remarque n’est pas anodine, par les groupes de pression financiers ou de grands groupes, nous pourrons bientôt affirmer que ce sont eux qui choisissent les chefs d’États, que béatement les citoyens élisent. De sorte qu’au nom de la liberté nous nous construisons également les moyens de nous en priver. Comme je le disais, nous construisons nos dominants, et eux aussi s’insurgent au nom de la liberté contre toutes les réglementations qui limitent leur pouvoir de dominer. Ainsi, cet arbre qu’est la Liberté, cache une forêt de relations complexes dans lequel il suffit aujourd’hui de prononcer le mot Liberté, comme la clé d’ouverture de la caverne d’Ali Baba, pour que sans discernement tous les hommes s’y précipitent.

Sauf, que seulement un certain nombre s’y servent, et expliquent aux autres qu’ils sont libres parce qu’ils ont la liberté, l’illusion d’y rêver.

A répéter un leitmotiv on l’accepte…

A se répéter que seul le privé est performant, faisons l’effort d’imaginer une telle situation. Nous en arriverions rapidement, à considérer les vicissitudes de l’existence comme des charges à bannir, et ceux qui les subissent avec, c’est à dire rejeter tout ce qui fait de nous des humains fragiles, mortels, et non pas des androïdes parfaitement huilés qui conviendraient mieux pour une rentabilité maximale.

Dans l’économie nous en sommes arrivés, à considérer toutes interventions de l’État citoyen comme parasitaire, et considérer la revendication collective comme inopportune, parce qu’elle contrarie notre quotidien discipliné.

Dans cet ordre d’idée, celle de gérer la société comme une entreprise est souvent avancée. C’est sous une certaine forme la reconnaissance de l’aptitude des dirigeants d’entreprises. Pourquoi pas ?

Mais les inaptes, les incompétent, les licenciés, les «en trop », nous les rejetterions à la mer ? Un jour j’ai osé dire dans une réunion qui m’excédait, si nous irions jusqu’à créer des fours crématoires pour ces « en trop », le silence de mort qui s’en suivit fut éloquent.

Certes en disant cela, seulement pour dire qu’il y a des limites à la comptabilisation de l’existence, je voulais signifier au travers de cet épisode dramatique que son enseignement doit dépasser le seul cadre dans lequel il s’est exercé ; et que notre aptitude à écarter ce qui nous paraît hostile au fonctionnement d’une organisation systémique, peut nous entraîner vers des choix de solutions radicales.

En effet, dans l’organisation économique nous avons besoin de repères et d’ordres de grandeur, mais quelles que soient les constructions abstraites que nous bâtirons pour cela, elles ne peuvent tenir lieu de finalité, car elles ne seront jamais une finalité.

Comme dans l’exemple que j’ai pris pour la course du tiercé (P. 137), notre existence va de 0 à l’infini, et nous pouvons y définir (nous y sommes même astreints), tout au long d’elle, des repères pour savoir où nous sommes. Pour autant, ils n’ont et n’auront de valeur que celle issue de notre réflexion, sauf à démontrer qu’ils constituent une régularité universelle.

Mais rien ne nous empêche, comme nous le faisons, d’organiser toutes les compétitions que nous voulons, et de nous convaincre des certitudes comptables comme d’un leitmotiv.

…car soumis au même discourt nous n’entendons que lui…

Ne sourions pas. C’est ce que nous avons, en partie, réalisé dans les faits, en comptabilisant notre existence. Mais surtout, c’est dans l’esprit que nous l’avons réalisé, en ne nous regardant que comme des «prêts à porter » que nous sommes, pourvu que nous nous répétions les choses longtemps, et que le système soit taillé à notre mesure. C’est là, toute l’importance du pouvoir médiatique, du slogan publicitaire, et de la communication.

Par exemple, il a fallu des luttes de classes pour élaborer des systèmes de protection de solidarité sociale, que n’importe lesquelles des organisations de systèmes économiques libéraux ne génèrent pas, hormis en système caritatif. Un système de protection sociale (sécurité sociale) qui peut changer de statut d’intérêts collectifs des individus, à intérêts particuliers, seulement par la propagation d’une tendance à l’individualisme, à l’efficacité présumée du privé sur le «public » (je dis public pour conserver une image, car dans l’esprit il est perçu comme une administration, alors que son organisation relève du droit privé, dans laquelle l’État s’est introduit en légiférant).

Parce qu’à se répéter les choses, nous finissons par croire comme exact ce qu’elles racontent. Cela prévaut bien sûr dans tous les sens, et repose sur l’absence de vérifications objectives.

Mais n’ayez crainte, lorsque la sécurité sociale passera au «privé » (gestion à but lucratif), les bien-portants, comme les malades qui ne se font pas soigner, auront droit à leur bonus, les autres au malus, jusqu’à ce que chacun décide de ne plus s’assurer, faute de ressources suffisantes. Stupide ce que je dis ? Non ! La vocation affichée d’un système comme celui de la sécurité sociale, est de faciliter l’accès aux soins, sans but lucratif par un système de péréquation et de répartition. Celui d’une compagnie privée d’assurance est de prendre en compte un besoin physiologique pour faire des bénéfices avec : je crois que la nuance est de taille.

Pourtant, la question est moins dans la querelle «public privé » en ce domaine, que celui de savoir si notre «protection sociale » doit dépendre d’un marché financier, qui dépend d’une noblesse financière qui spécule et de leur humeur (confiance) ou de notre solidarité citoyenne et communautaire, que la gestion du système de protection, soit publique ou privée.

Ainsi, toujours soumis au même discours nous n’entendons que lui.

…malgré mes railleries.

Alors, comme je viens de le caricaturer, on peut railler, et contester les travers de n’importe lequel des systèmes d’organisation économique.

Ce qui demeure important est d’en comprendre les fonctionnements pour que la collectivité en conserve la maîtrise. Or la collectivité rêve et elle est sensible aux illusions. Si bien qu’au travers d’un comportement constant de nécessaire répartition obligatoirement inéquitable, elle régénère des stratifications de classe pour se sérier, donnant une classification recomposée et redéfinie dans laquelle nous avons l’illusion d’avoir abolie les anciennes. Les reconnaître est notre plus grande difficulté car il nous faut saisir des sérialisations recomposées d’un passé disparu dont nous ne conservons la mémoire par l’éducation et l’instruction ; que par l’appris, et cette mémoire là disparaît petit à petit de l’enseignement.

Cela ne se devine pas au gré de la rumeur, cela s’apprend, que nous soyons pour ou contre, car ils conditionnent notre existence, et ils nous servent de repères pour choisir ce que nous allons nous permettre, et ce que nous voulons devenir, pour sortir de conflits d’anticipations mortels, pour allez vers une harmonisation au terme mortel.

Un libéralisme productiviste…

Pour rester dans la caricature, même si l’on s’abrite derrière l’outil et la structure, la décision de sa mise en œuvre reste humaine. Aussi, quand certains hommes nous expliquent qu’une fois aux commandes d’une organisation productrice, cette humanité doit s’effacer devant les exigences productivistes, nous avons conçu une espèce «d’avorton androïde cérébral » qui décline toutes ses limites d’acteur social. Alors, quand certains avancent l’idée de gérer l’État comme une entreprise, l’idée est effrayante.

En clair, un système issu de l’homme sera toujours insuffisant pour lui donner toute sa dimension si nous y restons soumis. Et ce n’est pas parce que nous remplacerons notre gestion sociale humaine imparfaite par une gestion comptable «pseudo scientiste », pourvoyeuse de prétextes égoïstes sélectifs, qu’il en ira mieux.

Naturellement il est nécessaire de se comptabiliser pour lire notre activité, mais l’histoire sociale a démontré que cette comptabilisation n’est pas suffisante en elle-même pour couvrir tous les désirs humains.

Et ce n’est pas sans incidence que de vouloir maintenir nos relations sociales émotionnelles dans des critères productivistes, car nous en arrivons et arriverions à définir des anormalités génétiques comptables.

…auquel nous participons…

Nous participons d’autant plus à élaboration du libéralisme depuis que nous avons atteint cette nouvelle condition de client intransigeant, condition qui nous a été vendue, et que nous portons souvent comme un masque flatteur et obscurantiste. En effet, autour des années 1980, nous nous sommes orientés vers une production de renouvellement de biens de consommation, où le slogan essentiel était, que devant l’offre extérieure à prix «inconcurrensable » (compétitivité «hors prix » ), il fallait privilégier la qualité et le service clientèle.

Dans les années suivantes le terme client entre dans le langage des services et entreprises de l’État, comme message clair d’un passage à une seule économie de marché.

… souvent sans discernement…

Flatteur le client, car la notion de client roi valorise notre ego, car nous possédons un moyen de domination. Moyen qui conduit les plus sots, à faire subir parfois aux autres les humiliations et les frustrations que nous refoulons au quotidien, lorsque nous sommes nous même soumis à la domination. (Je paie moi, Monsieur j’exige, je veux, je ne tolère pas, je suis le client, vous devez me respecter).

Obscurantiste, parce qu’en tant que client, il dénie toutes les vicissitudes qu’ils connaissent en tant que producteur eux-mêmes des produits qu’ils vont consommer, et pousse à croire que tout leur est permis, ou que notre technologie n’a pas de limites.

Obscurantiste, parce qu’il ne voit pas qu’il conditionne par ses exigences les plus sottes, les conditions de travail, et de production qui sont les leurs.

Obscurantiste, parce qu’il condamne comme client la gêne que lui occasionne la grève qui a été l’outil de son émancipation comme salarié.

Obscurantiste, parce qu’il génère des frustrations chez ceux qui ne peuvent disposer des moyens de se draper dans un nouveau statut social de client vertueux.

Il ne faut pas se méprendre sur mon propos. Je ne vise pas, et ne remets pas en cause l’utilité des organismes de défense du consommateur devant les abus de certains processus de commercialisation, ni toute la connaissance qu’ils ont accumulée depuis, afin de formuler l’exigence d’un rapport qualité prix, et de traçabilité sur la provenance des produits, ou leurs conséquences sur l’environnement.

Cette absence de discernement modifie les relations de travail puisque c’est le client, le statut de consommateur, qui devient la référence de classe sociale et non pas l’activité professionnelle.

… qui modifie l’organisation du travail…

C’est là une orientation que nous retrouvons dans l’organisation de l’entreprise, et qui concourt ou justifie bon nombre de réorganisations, parce qu’il faut être à la disposition du client, et où, le même salarié râle, parce qu’il travaille tardivement, tout en se plaignant que son bureau de tabac ferme trop tôt. C’est cette interaction là, que mon propos vise.

La publicité d’un distributeur de colis est édifiante à ce sujet. On y voit un livreur s’interrompre de manger pour livrer son colis. En clair l’homme doit interrompre ses exigences humaines les plus fondamentales quand la productivité exige de satisfaire un client. Ce n’est là qu’un retour aux pratiques du passé, pour ceux qui ont connu la période, toute proche, où les besoins naturels des individus étaient réglementés.

…et pèse sur notre personnalisation…

L’autre, beaucoup plus préoccupante est l’orientation à une consommation d’identification. Ici, cela consiste à personnaliser un produit de masse pour que le client se personnifie en lui, et transfère ses émotions sensorielles vers ce produit. L’inverse d’une approche sensorielle des produits, et qui conduit à une individualisation d’une personnalisation illusoire. Ceci parce que la personnalité ne s’achète pas, même, si nous pouvons nous personnaliser à souhait de cette manière, si nous avons les moyens de disposer de biens ou de produits uniques.

La personnalité c’est autre chose, c’est une construction intellectuelle qui définit l’expression de caractères qui se forgeront durant l’enfance et l’adolescence, pour façonner notre Moi, qui naît du contact des autres, de son ego avec l’alter ego et le monde, et forcément nous ressemblerons à quelqu’un. D’une part, par l’apprentissage culturel, d’autre part et surtout, parce que s’il ne nous était pas possible de ne pas nous reconnaître dans l’autre (inné), et réciproquement, avant même le culturel, il n’y aurait jamais eu de société. Et cela, nous y sommes conduits par cet «Holisme », que j’ai indiqué insuffisant pour définir ce que nous sommes, qui nous protégera malgré nous du suicide égoïste défini par Durkheim. Pour autant, ces périodes de construction de la personnalité n’échappent pas à cette tendance à se personnifier par la consommation. Si nous comprenons que la nourriture organique façonne notre être biologique, nous concevons moins que la nourriture technologique et sociétale puissent nourrir les schémas de notre conscience, et qu’elle puisse s’inscrire dans des structures profondes de notre cerveau, et resurgir comme un réflexe à la sollicitation des stimuli.

Est-ce qu’elle marque ou non durablement le devenir d’adulte ?

Je ne saurais l’affirmer, mais je le crois fermement. Il y a tant d’enfants qui avant de reconnaître l’autre, reconnaissent d’abord le cartable ou le blouson. La difficulté est de saisir la limite de la consommation langage de communication et celle identifiable d’une personnification (consommation ostentatoire, consommation de signes sociaux). Si avoir un modèle de représentation de l’expression de ses affects (le «père ») est une nécessité pour construire son Moi. Contenir ce modèle dans une représentation instrumentale dogmatique ou mercantile est limitative, voire sclérosante s’il devient un handicap d’adaptabilité et de créativité ou une source de rejet et d’exclusion de son semblable : l’autre, l’Homme, l’espèce, car l’image du «père » est influençable. Elle se transforme facilement dans le marché de l’ego en valorisation destructrice.

Si cette « image du père » symbolique n’échappe pas aux lois de la physique ou de la biologie, elle peut coller à l’image qu’on lui vend.

Le transfert d’émotions vers des objets et un fait social mais sa marchandisation est autre chose …

Le transfert d’émotions vers des objets n’est pas une nouveauté. Toutes les sociétés y souscrivent et y ont souscrit. C’est grâce à cela que nous les différencions. Mais la particularité aujourd’hui, c’est d’être devenu un marché qui peut pousser à croire que nous sommes ce que nous achetons, des individualistes.

Pourtant, si nous allons au bout du monde rencontrer des chinois encore en tenu Mao, ou des noirs avec encore un os en travers du nez, nous y croiserons obligatoirement un être dans lequel nous nous reconnaîtrons. Et cela, grâce à tous les objets que nous utilisons qui sont un langage extérieur culturel d’identification, authentique ou trompeur, humble ou ostentatoire, malgré le fait que chacun d’entre-nous dispose de critères morphologiques différenciés pour se reconnaître.

Avons-nous peur de la ressemblance ou sommes nous incapable de nous reconnaître dans l’Autre ?

Pourtant, nous sommes tous identiques, et ce qui nous différencie c’est moins les critères morphologiques qui ne sont là que pour nous permettre de savoir qui est qui, que la probabilité infime de développer à l’identique la même réflexion, car les facteurs d’occurrence qui l’a sous-tende sont infinis, dans une existence qui nous est unique, gérée par les mêmes facteurs innés. Mais surtout que mon existence est unique. Ainsi, pour former une communauté nous devons renoncer à une part de notre réflexion individuelle pour accommoder la part que nous avons en commun dans un fait social. De manière que le discours individualiste, s’il devait trouver sa plénitude, serait suicidaire. Ce discours n’est donc qu’un marché publicitaire à l’intérieur d’un fait social. Il est nuisible, car il ne peut donner naissance à un autre fait social que par opposition au suicide dont il est porteur, plutôt que de faire appel aux sommes de réflexions dont nous sommes dépositaires (si l’apprentissage culturel sait les développer), et qui peuvent être regroupées pour donner de nouveaux faits sociaux.

Pour cela il faut comprendre que notre ego est l’instrument qui nous permet de prendre la mesure de notre dimension physique, et d’accumuler des informations sur l’autre et le monde pour exister dans l’image d’un futur dynamique que notre conscience développera.

Ce futur dynamique nous le développons sous forme de marché « la loi du marché », et exister n’est plus vivre mais se vendre.

… un marché contre lequel nous avons un recours.

Si la décision reste humaine, cela signifie quelle a été élaborée par une réflexion, et c’est cette réflexion créatrice qui est à la source de notre développement. Notre regard seul ne nous permet plus de saisir la complexité de ce que nous sommes (monde compris), même si nous nous en diffusons, décrivons, montrons les images.

Notre regard passe par la réflexion et la compréhension, aujourd’hui X fois plus qu’hier, et ceux qui ne sauront pas, ceux qui ne se seront pas suffisamment, instruits, éduqués, cultivés, seront des aveugles étriqués colporteurs de rumeurs et de superstitions. Et, le cas échéant, conduits par d’autres aveugles qu’ils se seront choisis ou élus

Aussi, entretenir la réflexion créatrice et l’élargir tout au long de son existence, par un enseignement complémentaire permanent, ne peut être qu’une exigence profitable, un recours indispensable.

Ceci pour exercer les décisions et les choix, que nous effectuons tout en favorisant inévitablement le discernement et l’émergence d’idées « créatrices ».

Il faut favoriser l’échange…

Notre évolution technologique permet pratiquement en restant chez soi, d’être non seulement à l’écoute du monde, mais également par le télétravail, de mener une existence de reclus si nous le souhaitons. Nul ne peut contester l’apport des technologies de la communication et du transport individuel dans notre mode de vie au quotidien.

Néanmoins, certains restreignent l’exercice de la rencontre de proximité, en offrant individuellement l’évasion virtuelle (vidéo, télévision), et il est donc nécessaire de disposer d’espaces, de lieux de sociabilité.

Fréquenter les ECPA favorisera cette rencontre de proximité où nous prendrons le temps de l’échange. Chacun l’utilisera en fonction de son statut social, un retraité et un sans emploi par exemple seront plus enclins à enchaîner derrière, une activité qu’un actif. En dehors de cela, parler, c’est aller à la rencontre de l’autre et se découvrir, non sans risque, celui d’apparaître comme l’on est.

Mais cela est moins grave que l’isolement frileux, ce qui ne retire en rien la nécessité de se constituer des havres de solitude ou des antres de méditation qui sont à l’égal du besoin de se rencontrer.

… autre que celui qui nous est proposé par le quotidien.

Aujourd’hui notre échange est globalement fixé par les médias, et en ordre croissant, plus particulièrement par les informations télévisées 14%, la presse nationale 18%, la presse régionale 31%, les magasines 34,5 millions de personnes, dont 17 millions sont des hebdomadaires de télévision[115].

Si les médias, dans leur grande acceptation, demeurent notre source d’information pour percevoir cet «Holisme » auquel je faisais allusion, cette information relate ce que les rédacteurs ont sélectionné, soit parce qu’ils entreprennent une croisade, soit parce qu’ils nous donnent les informations correspondant à notre image, et qui assureront dans les deux cas la vente ou l’écoute. C’est le seul moyen de recevoir l’information de l’extérieur, que va certainement bouleverser l’Internet.

Le monde du travail fournit aussi son lot d’échange, et également la vie familiale. Mais ce sont là, les échanges du quotidien qui véhiculent des uns vers les autres ce que nous savons, pensons, faisons et où nous apprenons aussi des uns aux autres. Ces échanges sont le fruit de nos occupations, et ils sont incidents du milieu sociologique, c’est l’échange local morcelé et hétéroclite, c’est la chaîne par :"le bouche à oreille" pour le meilleur et le pire.

Pourtant, dans cet échange local, la place incidente qu’occupe l’information avec l’extérieur et grande, puisqu’elle rythme notre quotidien, mais pauvre en variété et en qualité de fait, pour ne pas être dispersive. Non parce que la variété et la qualité n’existent pas, mais parce que nous consacrons peu de temps à toute forme de lecture, et de ce fait le souci financier impose une distribution de masse sélectivement restrictive.

De telle manière que pour en disposer d’une autre il faut aller la chercher.

Quels effets la fréquentation des ECPA aura au sein de la famille.

Par la fréquentation des ECPA quelles nouvelles relations pourront se développer dans la cellule familiale ? Je n‘en ai pas d’idées précises, hormis quelques caricatures, comme celle des enfants qui, voyant leurs parents fréquenter une «école », accepteront mieux la leur. Est-ce que ces derniers censés, un temps représenter le Savoir et l’autorité de l’adulte, n’en seront pas affaiblis, amenuisant ainsi chez les enfants l’idée de leur enfance, puisqu’ils font la même chose qu’un adulte ? Nous rencontrons cette problématique avec les diffusions télévisées, dans lesquelles il est propose aux enfants de se comporter comme des adultes, et non pas de jouer aux adultes.

Les parents seront-ils capables de fournir de meilleures réponses ?

Je ne sais pas ? Avoir la connaissance, comme je l’ai déjà dit, ne résout pas tout, par contre elle y contribue suivant l'application que nous en ferons.

Certains s’en excluront de fait.

Parmi les actifs, il y a ceux qui pensent, fondés ou non, que ce qu’ils font ne peut être bien fait que par eux. Ils se rencontrent à tous les niveaux de la hiérarchie, mais plus particulièrement chez les décideurs. L’absence d'une banalisation de la délégation de pouvoir et les excès de la culture élitiste, conduit cette classe à ne jamais sortir de son environnement, et à ne se côtoyer qu’entre elle. Pourtant, celui à qui nous n’avons pas osé déléguer une partie de nos pouvoirs nous remplacera un jour, et parfois s’avérera plus performant. Parfois aussi, c’est l’opinion publique qui conduit à ne pas déléguer. Ce sont les travers de la notoriété notamment quand se présente une situation dramatique pour laquelle il faut désigner absolument un responsable à donner en pâture aux émotions, (car il n’est pas possible de citer en justice une collectivité sociale impersonnelle). Tel l’exemple de la ministre de l’environnement face au naufrage de l’Erika, devant rentrer de vacances, alors que son absence ou sa présence n’avait aucune incidence sur les événements. Son absence fût reçue et présentée comme une faute portée à son discrédit ; et depuis lors cela n’a plus cessé si bien que chaque responsable soigne son image comme un people.

Dans le traitement émotionnel de l’information, l’opinion publique a une tendance à court-circuiter les structures administratives, peut-être avec des raisons qui tiennent à la délégation de pouvoir, mais surtout aux débats politiques théâtraux, en perpétuelle campagne électorale discriminante (qui est devenue l’art de communiquer), qui nourrissent notre raison abêtie.

Les Belges se racontent, qu’en France pour vider une salle de conférence il suffit de rentrer, et de dire que l’on demande le président, et tout le monde sort. C’est toute la confusion que nous faisons avec le rôle indispensable de l’élite, et sa représentation publicitaire ou théâtrale. La stupidité n’a pas de limite même quand elle se pare du vocable de communication. Toute cette élite, de fait ou fabriquée, s’en exclura. L’humour mis à part, une coupure dans leurs activités débordantes serait aussi nécessaire qu’à d’autres. Sauf qu’ils œuvrent dans un univers, où se poser, c’est un moyen sûr d’être englouti par un autre.

Également s’en excluront tous ceux qui se considèrent être guides confessionnels ou idéologiques, pour avoir lu dans des livres qu’ils étaient instruits de la destiné, comme d’autres lisent dans une multitude de choses, censées par leur structure, détenir la définition de l’avenir.

Enfin, s’en excluront tous ceux, qui trouveront en eux une justification pour le faire.

Quelles incidences sur l’appareil productif ?

Avant d’en arriver aux incidences prospectives des ECPA sur l’organisation économique, je vais consacrer un long développement à cette économie dont nous pouvons retirer quelques fiertés, mais qui est loin d’être mature. Ceci, parce qu’elle est empêtrée dans des luttes idéologiques égoïstes qui l’enserrent comme un carcan au travers de tous ses symboles de domination et de puissance usant outrageusement d’un langage libertaire de façade, et de la rareté comme moteur de la désidérabilité produit de l’inné remanié par nos cultures. Je vais donc commencer par ce qui en est son symbole, l’or.

Les symboles…

Pour cela, il faut faire l’effort de regarder nos comportements à la lumière des symboles que nous poussent à composer nos motivations. L’affirmation de soi nous a conduit de tout temps à nous valoriser, et dans une très large mesure dans le but séduire, exprimer la sexualité humaine comme élément de sociabilité et pour procréer.

Aujourd’hui, c’est la monnaie qui nous permet de réaliser ces affirmations. L’envie qui nous pousse à dominer se matérialise aussi par l’attribution de valeurs subjectives à des matériaux, pourvu qu’ils soient rares, et que les hommes aient convenu de leur rareté tel l’or, ou organisé leur rareté, la production de monnaie.

…tel l’or…

S’il doit y en avoir un symbole, l’or l’est par excellence. Pourtant, l’or, les pierres dites précieuses, et tous les autres matériaux auxquels nous accordons cette valeur symbolique, pour toutes les raisons qui sont les nôtres, n’ont de valeur réelle, que par leurs propriétés physiques, et l’énergie que nous consacrons à leur production.

Cependant, les émotions et les envies qu’ils suscitent nous font oublier que ce ne sont que des métaux ou des pierres, dont la valeur relative se situe dans la représentation symbolique que nous leur attribuons, et ce, afin de satisfaire nos désirs (désidérabilité). Ainsi durant des siècles les hommes se sont transmis un métal qui ne leur servait technologiquement à rien contre toutes sortes de biens, tout simplement parce qu’un autre désirait sa possession pour affirmer sa puissance spirituelle, politique, individuelle. Aujourd’hui nous connaissons ce qu’a été sa fonction la plus importante, être un moyen d’échange, un moyen d’échange qui convenait à l’illettrisme ambiant, car il fallait bien quantifier les échanges et les représentations; de telle manière que dans l’Histoire de l’homme, nous le retrouvons en partie comme le symptôme d’une affection psychosomatique.

… qui repose sur deux constantes…

Cette valeur symbolique repose sur deux constantes. L’existence de la matière, tel la réalité de l’or, un matériau aux propriétés physiques scientifiquement attestées, et l’écoulement du temps car sans cette perception nous ne rechercherions pas des œuvres qui durent, car la nature a toujours fourni des matériaux organiques pour satisfaire à la symbolique. Ces deux constantes sont la caractéristique de l’évolution de notre activité cérébrale capable de conceptualiser toutes les émotions comportementales de la perception d’une réalité abstraite observable, les désirs, et de définir à partir d’eux une organisation minière et métallurgique, qui nous conduira jusqu’à l’industrialisation.

Et c’est cette fonction, cette aptitude à conceptualiser issue des perceptions émotionnelles durables qui détermineront une valeur autre, et une fonctionnalité à un matériau qui n’a que le seul mérite de ses propriétés, et dont nous ignorons la motivation profonde qui peut tenir aussi bien à sa rareté qu’à ses piètres propriétés de résilience qui ont conduit les hommes à en faire l’usage symbolique que nous lui connaissons.

Ainsi, notre temps universel, même s’il n’est qu’une valeur conventionnelle mesurable par des outils (horloge, montre, etc.), est une partie intégrante de la réalisation des désirs ; même s’il y a des variations que nous ne pouvons pas ressentir à notre échelle, qui sont à la fois infinitésimales et mesurables,[116] et qui ne sont pas une mesure de durée de temps mais d’écoulement du temps, qui démontre que le temps s’écoule plus lentement à mesure que l’on se rapproche du centre de gravité terrestre. L’écoulement du temps est donc reconnu pour les propriétés qui sont les siennes, donner une indication un « mouvement » à notre existence.

Toutefois, quand il servira de mesure d’une activité de travail, il aura une autre fonction que simplement donner l’heure, il fixera le déroulement d’une activité et sa valeur horaire sera convertie en monnaie.

Ainsi dans le cas de notre temps, il s’agit d’un événement cosmologique que nous avons formalisé en mesure et qui acquiert une valeur dans l’organisation économique, par la structure biologique de notre cerveau qui nous donne la capacité de concevoir un futur.

Et face à ce temps l’or c’est avéré conserver son éclat car il durait au-delà des siècles, et après avoir représenté l’éternité et l’embellissement signe de richesse, il devint aussi le bien d’échange inaltérable.

…reliées dans un schéma abstrait…

Mais, ce qui relie ces deux constantes, n’est que notre activité cérébrale humaine à conceptualiser à partir des observations que nous parachevons par des définitions. Ainsi, la confiance que nous accordons aux schémas qui définissent la valeur satisfaisant nos motivations ne repose sur aucune théorie scientifique exacte, ils sont subjectifs, ils sont la résultante de la relation constante de l’inconscient vers le conscient. Un conscient qui interprète et décrypte son environnement géographique, adapte ses représentations en fonction d’un apprentissage inégalement développé en fonction même de la richesse des territoires sur lesquels les hommes se sont sédentarisés.

Cela, parce que ces schémas sont issus de notre imagination, de notre capacité à associer des informations et ils correspondent à l’observation et aux pratiques de nos relations communautaires culturelles.

… collectif…

Ainsi, tout l’or que nous pourrions amasser ne donnera pas la richesse, s’il n’y a pas un consensus collectif autour d’un comportement sociologique.

Cependant, si l’un de nous possédait tout l’or de la terre, il mourrait pauvre, car la communauté s’organiserait en dehors de lui, parce qu’elle choisirait une autre référence, et il n’y a là, rien de scientifique.

Tandis que l’oxyde aurique protège l’or de l’altération, le fer mis au contact de l’eau donnera de manière constante de l’oxyde ferrique, que nous le souhaitions ou pas, et cela est scientifiquement démontrable (réfutable). Et si nous pouvons démontrer l’existence du temps, la mesure que nous utilisons est conventionnelle.

Nous avons donc élaboré des concepts communs par accords collectifs pour mesurer, ce qui est le produit de nos désirs, les biens et les services.

…par ordonnancement…

Les instruments de ces concepts se sont élaborés et ordonnés au fil du temps de l’histoire des hommes, et ont glissé dans la mesure de nos rapports commerciaux, desquels nous avons fini par retenir un certain nombre de constantes comportementales liées à nos désirs. Nous les avons codifiés grâce au raisonnement mathématique, pour autant, l’usage des mathématiques ne leur confère aucune exactitude hormis celle d’exister, et de servir de repère, car il est nécessaire de faire la distinction entre les mathématiques qui quantifient des « réalités » physiques, et celles qui quantifient les qualifications suggestives de la désidérabilité.

Ainsi, les théories économiques qui en sont sorties ne mesurent que des valeurs relatives, que nous reconnaissons comme valeurs réelles, par nécessité d’ordre, de perspective et de prospective. Ces valeurs, que nous reconnaissons comme réelles, sont des valeurs méthodiques adaptatives, et elles ne valent que pour autant que nous les reconnaissions comme telles, dans notre majorité, en fonction du siège de leur formation, inconscient, conscient profond, et conscient.

Mais ses valeurs constitutives du fait social évolutif sont contestables

…mais avec des valeurs contestables…

Heureusement qu’il en est ainsi, leur absence de fondement scientifique, que nous nous efforçons d’y trouver par nécessité d’ordre, ne les rend donc pas immuables, elles sont donc contestables. Dans le cas contraire, cela signifierait que nous ne pourrions pas en changer, pas progresser, pas nous réformer, ni évoluer.

Si l’Amérique est puissante, ce n’est pas parce qu’elle a un bout de papier qui s’appelle le dollar, autour duquel la communauté internationale s’est reconnue, comme monnaie de référence. C'est parce qu’elle domine économiquement par toute sa capacité productrice, d’où découle sa puissance militaire au travers des valeurs que nous admettons conventionnellement. Avant 1914 c’était l'Europe qui dominait économiquement, avant la France et avant, et avant, et avant etc.

…parce qu’elles sont relatives.

Ce sont pourtant de ces valeurs relatives que dépendent nos existences.

Ces valeurs sont adaptatives, parce qu’elles résultent, à la fois, de la raison sensible, et d’une connaissance plus approfondie des mécanismes intelligibles de notre raison, apportée parce que nous connaissons de NOUS, dans les lois de l’univers, que cette même raison nous a permis de connaître.

Ces valeurs, que nous identifions par sensation émotionnelle et définissons et désignons par la raison, restent adaptatives, même si nous retenons la thèse que notre existence est déterminée ou créée, parce que nous ne disposons pas pleinement du libre arbitre.

C’est à dire, pour rester dans l’échelle des jugements valeurs, de la capacité d’apprécier toutes les probabilités de valeurs possibles, qui excluraient l’incertitude, l’indéterminé, mais qui incluraient nécessairement celles du passé connu, et celles du passé que nous ignorons, et qui nous permettraient une vérification scientifique.

Mais voilà, chaque jugement de valeur est le produit d’une émotion, et nous ne disposons d’aucun outil pour mesurer la valeur réelle d’une émotion, sauf d’en observer ses effets que nous répertorions, et à partir desquels nous établirons des échelles de valeur désignées par un vocabulaire restreint, et nous quantifierons le nombre de personne se référant à cette échelle de valeur pour la normaliser. Nous pouvons tout de même mesurer l’intensité de certaines émotions grâce aux rythmes cardiaques par exemple, qui eux-mêmes demeurent restreints par leur organisation biologique et sont limités de ce fait. L’amour c’est toujours identifié au cœur, bien que celui-ci n’y soit pour rien, se bornant à apporter du sang à l’ensemble des organes ayant réagi à une émotion amoureuse. Ils ne pourraient pas pour autant servir d’échelle de valeur à toutes les nuances dont nos émotions sont porteuses, pour pouvoir sérier de 0 à l’infini celles de six milliards de personnes. Ainsi par soucis d’organisation nous déterminons des normes par l’usage du vocabulaire et des mathématiques, et de fait, ces déterminants restent aléatoires car ils peuvent se déplacer sur une échelle de 0 à l’infini, ils sont donc relatifs.

Il ne sert alors à rien d’espérer trouver une valeur marchande se définissant par une loi invariable qui nous dispenserait de la responsabilité d’acteur afin d’apprécier nos agissements sociaux aléatoires, issue de l’événement culturel généré par notre activité cérébrale.

Pourtant, c’est justement cette ignorance de toutes les probabilités de valeurs qui est notre chance, cela, parce que, ignorant (je ne sais jusqu’à quand) qu’elles sont les justes valeurs, nous pouvons donc décider d’en définir d’autres, autant qu’il nous plaît dans le cadre du consensus communautaire, ou majoritaire.

Nous pouvons donc choisir dans les probabilités connues, ou bien élaborées celles qui sont encore indéterminées, et que notre raison acculturée peut assembler, pour autant qu’elle ait emmagasiné plus de connaissance et plus de savoir, ce que nous appelons la « créativité ».

Ainsi, l’homme peut combiner autant d’échelles de valeurs qu’il le veut, répondant aux même motivations ou à de nouvelles, notamment pour assurer sa diversité holistique, comme source d’échange « créatif ».

Par conséquent, il est indispensable de prendre conscience que nos valeurs sont relatives (même si nous devons nous y référer), et donc adaptatives (que nous pouvons en changer). Mais, il est tout aussi important d’être clairvoyant pour comprendre qu’il est illusoire d’espérer atteindre, pour chacun des êtres humains, cette richesse absolue tant désirée dans sa définition actuelle, qui n’est que la réponse au cueillir paresseux primitif inscrit dans la mémoire de nos gènes qui a migré.

Ceci, parce qu’elle n’existe que comme espérance d’un désir qui ne peut pas être atteint par tous, du moins à court terme sous la forme la plus répandue. Une forme qui se traduit le plus souvent dans notre esprit, par avoir de l’argent et jouir seulement de la vie, ou tout simplement pour ceux qui autour de l’argent se sont élaborés un pouvoir, le conserver, car il leur échappera un jour, comme il a échappé à d’autres avant eux.

Mais aussi, d’être conscients que par espérance d’un désir, que nous avons structuré inaccessible pour tous en sa forme actuelle, nous maintenons des valeurs relatives qui nous accablent ou nous tuent.

La monnaie une valeur fictive…

Le phénomène le plus important est l’organisation sociale qui s’est constituée autour de la monnaie depuis des siècles. Si sa circulation a facilité le développement économique, sa rareté est en même temps un frein au développement.

La monnaie n’en demeure pas moins une valeur relative fictive réglementée qui n’a de valeur que celle que nous lui accordons.

Imaginez-vous dans un désert, et devoir choisir entre un verre d’eau ou un compte bancaire opulent. Nul doute que c’est votre raison qui l’emporterait sur votre envie de posséder un compte opulent, et vous choisiriez le verre d’eau. Car c’est bien notre existence qui est une valeur fondamentale, et non pas une ligne d’écriture sur un compte, qui sans lui dénier son utilité, n’est pas une fin en soi.

Si dans la même situation un tiers vous proposait le verre d’eau pour le prix de votre capital vous l’achèteriez. Si un autre tiers vous offrait ce verre d’eau vous le prendriez.

Les deux cas donnent un résultat identique pour l’assoiffé. Pourtant, dans le premier cas, la valeur de votre compte qui valait, à un cours imaginaire un million de litres d’eau, n’en vaut plus que celui d’un verre. Dans le deuxième cas vous êtes bénéficiaire de tout. Dans le premier cas vous êtes sauvé mais ruiné, dans l’autre, sauvé également et propriétaire d’un capital qui ne représente rien parce qu’il n’a pas été désiré.

L’exemple est réducteur et exclusif des autres types de situations possibles, mais indique ceci : Que l’éducation sociale de l’un et de l’autre n’engendre pas la même échelle de valeur pour l’ensemble des éléments qui composent la situation. D’autres appellent cela «la loi du marché », et ramènent de ce fait nos relations sociales à un seul échange commercial dénudé de l’humanisme que notre espèce a su définir en théories et qu’elle a tant de mal à réaliser.

Il ramène un long processus d’organisation « subsistantiviste[117] » à la plus stricte expression d’égocentrisme, comme la justification d’une impossibilité à concevoir d’autres types de relation économique.

… dont nous mesurons l’usage…

Heureusement il n’en est rien, en créant nos outils de mesures économiques nous gérons au mieux nos relations socio-économiques, et nous pouvons savoir si nous allons vers un excès ou un autre. Comme ce ne sont que des instruments de mesure, ils peuvent être modifiés.

Cette décision appartient aux hommes, et non à quelques hommes, bien que ni les uns ni les autres ne soient une garantie quelconque sans un débat de citoyens avertis. Sauf que la connaissance approfondie des théories économiques et monétaires n’est connue que des spécialistes, et ceci limite de fait la capacité de compréhension des autres qui ne choisissent qu’en fonction des théories apologétiques exprimées, sans en connaître souvent les bases les plus simples, se fiant à leur «bon sens commun », ou leurs intérêts égoïstes dont chacun peut avoir une appréciation de son à propos.

«Bon sens commun » qui n’est pas toujours dans ce domaine suffisant. C’est ainsi que nous avons des citoyens qui votent pour des gouvernements néolibéraux, voire ultra libéral, et ensuite demandent à l’État d’intervenir en toutes choses, de mener des politiques Keynésiennes.

Cette décision de modifier ces instruments de mesure économique est éminemment politique. C’est aussi à travers eux le pouvoir du choix de leur destinée, et peu importe à qui ils en confient la gestion (ce qui est un autre débat). Il suffit que les décisions ne leur échappent pas, et s’opèrent en connaissance de cause. Ce qui exige d’y consacrer du temps que nous ne dégageons pas. Il n’est donc pas surprenant d’entendre autour de la monnaie et de ses théories se développer des débats pseudo scientistes, puisque nous sommes en pleines valeurs relatives et fictives qui sont la projection de nos fondamentaux besoins, se nourrir, s’abriter, copuler. Fondamentaux qui servent de justificatifs à une approche pseudo scientiste pour servir un désir non moins clair, dominer, qui est l’étroit égocentrisme que « l’image du père » même imparfaite a tempéré, et dont nous confions de plus en plus le rôle à des systèmes « la loi du marché » qui régénèrent les impulsions que « l’image du père » a mis des siècles à contenir, et qui nous laisse comme de naïfs béats devant la modification d’un certain nombre de valeurs socialisantes.

… avec l’État comme statisticien…

Dans le débat économique le rôle de l’État citoyen est toujours présent, et il ne peut pas en être autrement. Pourtant, pour ceux qui considèrent que l’État ne doit pas intervenir dans l’économie, c’est nier le droit d’intervention de la communauté dans un secteur qui détermine son existence, et d’en fixer son orientation. Au-delà, c’est dénier la relation qui existe, entre l’usage de biens et de services, et les modifications qu’ils entraînent dans la société, au travers des pouvoirs économiques qui s’exercent par leur entremise, c’est le soustraire à la communauté citoyenne pour le concéder à des particuliers, quel que soit le mérite de ces derniers.

Mais, l’État citoyen joue aussi un rôle important et obscur celui de collecteur d’informations socio-économiques. Pour jouer ce rôle l’État dispose d’institutions collectant toutes les informations, telle l’INSEE ou celles produites par la BANQUE de France pour les plus connues, sans lesquelles le monde économique serait aveugle, et auxquelles, plus d’un entrepreneur se réfèrent, tant pour une appréciation micro-économique, que macro-économique.

… et les libéraux des joueurs de pipeau, qui incitent à s’interroger.

Néanmoins, les tenants de la suppression du rôle de l’État dans le domaine économie ne manquent pas. Leurs justifications se fondent sur le «laisser faire et le laisser passer », ou la loi du marché, (sous-entendu les règles se fixeront d’elles-mêmes). Ce qui est drôle, si je puis dire, c’est que les tenants de ce discours, quand ils parlent de l’organisation politique de la société, mettent l’accent sur l’importance de «notre société de Droit ». Société dans laquelle chacun doit respecter les règles légiférées pour préserver la liberté de chacun, sous peine de sombrer dans l’anarchie (au sens de : sans aucun ordre). Tiens donc, l’anarchie ?

«La loi du marché » serait donc en l’absence de règles l’anarchie ?

Non !

Je crois qu’il faut plutôt entendre, la loi de ceux qui sauront s’organiser (établir un ordre de fait) pour être les plus forts. C‘est comme cela qu’il faut l’entendre, car c’est comme cela que ça se passe.

La loi du marché signifiant en l’espèce absence de lois légiférées, mais pas absence d’un ordre, car alors c’est l’ordre du plus puissant qui s’impose, voire l’ordre de ceux qui commercent, celle du dominant ; pas du meilleur reproducteur capable d’assurer la survie du groupe, car nous ne sommes plus sous l'influence primitive de la sélection naturelle, même si cette régulation s‘effectue recomposée, mais celle du dominant phagocytaire, le dominant qui nourri le groupe pour mieux le dévorer. Et c’est cette loi du marché là, qui nous est souvent présentée comme répondant à une loi organique immuable (naturelle) moderne, une fatalité à accepter. Il n’en est heureusement rien, tout cela, ce n’est qu’une forme d’organisation commerciale, ne répondant à aucun critère scientifique, et dépendant seulement des valeurs relatives culturelles que nous accordons à nos relations sociales d’origine biologique et psychique.

Cela n’empêche pas la réalité des pouvoirs économiques. Pouvoirs qui se construisent par le truchement des prises de participation, de toutes les sortes de fusions ou de concentrations de capitaux, qui ne sont que la mise en commun de leur capacité productrice ou productive.

J’ai dit mise en commun ? J’ai du me tromper de terme. Pourtant, leurs propriétaires se réunissent collectivement dans des organisations internationales pour s’ordonner. Je trouve cela amusant que des néolibéraux (capitalistes) se réunissent collectivement autour d’une idée commune, et ainsi avoir une communauté d’intérêts. Communauté d’intérêts qu’ils dénient à d’autres, en les traitant de défense d’intérêts corporatistes ou nationaux.

Nous pouvons tenir les discours que nous voulons, ou s’amuser comme je le fais, cela ne fera pas disparaître la communauté d’existence qui est la nôtre, quelles que soient les règles inégalitaires que nous instaurerons, fût-ce en se regardant le nombril comme nous le faisons.

C’est pour cela que j’ai tant insisté sur le deuxième principe de la thermodynamique. Lorsque l’on a compris que l’on tend toujours vers le désordre structurel, nous ne devons pas être surpris que tous les ordres que nous élaborerons, que ce soit au nom du libéralisme ou autre, seront condamnés à se transformer. Pour deux raisons, l’une, parce que vivre dans l’ordre que nous avons établi le modifie de fait (c’est pour cela qu’une ménagère est toujours en train de ranger chez elle), ou ne serait-ce que par le renouvellement des générations dans lesquelles, évidemment, l’ancienne ne peut répercuter en totalité son «ordre culturel » sur la nouvelle. L’autre, parce que notre «ordre culturel » fait partie de l’ordre universel, et que cet ordre universel tend toujours vers le désordre.

Ainsi, il devrait nous apparaître clairement que lorsque des hommes réclament au non du libéralisme leur ordre, ou d’autres un ordre pour leurs semblables, et que ceux-ci doivent légiférer sans cesse pour maintenir les dits ordres, cela signifie au minimum que notre «ordre culturel » repose sur des normes ou des références désuètes. Toutefois, si nous ne pouvons pas débrouiller le «désordre » universel, nous pouvons néanmoins comprendre que nos organisations communautaires, que nous voulons ordonner, tendront au désordre pour se réorganiser, et ceci rend éphémères toutes nos constructions closes, qui plus est rend compréhensible la nécessité permanente de se réformer, y compris réformer nos idéaux, et élargir son horizon intellectuel. Ceci est un exercice périlleux qui exige d’apprendre et toujours apprendre, d’apprendre et désapprendre (P .327).

De ce fait, il faudra nous séparer de la notion de «liberté absolue » comme nous nous sommes séparés du temps absolu, dans un monde où nous pouvons tout emprisonner même la pensée, et regarder notre monde comme il est, sous condition, sous référence de notre réflexion.

Si le libéralisme a eu le privilège de sortir les hommes du statut de «sujet de sa Majesté » et d’avoir de multiples facettes[118], il s’identifie de plus en plus à un excès de l’individualisme égoïste. Égoïsme des hommes attirés par la douce musique d’un libéralisme salvateur, et qui ouvre la porte au totalitarisme économique (la loi du marché financier), comme son antonyme le collectivisme soviétique a ouvert celle du despotisme d’État, par la pensée unique.

Et ni l’un ni l’autre ne sont venus à bout de l’exclusion, parce que ce sont des systèmes exclusifs et qu’ils préconisent la rareté. L’un la rareté économique, l’autre celle de la pensée, sauf que le pseudo néolibéralisme[119] d’aujourd’hui c’est doté des deux.

Au-delà, le libéralisme se veut le juge du monde au nom de l’humanité, la sienne, celle du droit qu’il s’est défini, qui trouve ses limites dans la puissance des États qu’il juge ou dans ses propres paradoxes, tel celui d’avoir défini le crime de guerre, comme si la guerre en elle-même n’était pas un crime ; ce qui conduit à l’indécence d’estimer que l’on peut tuer, pourvu que ce soit proprement, suivant les règles définies par les puissants.

C’est ainsi qu’ayant défini un tribunal international pour crime contre l’humanité, il s’y verra un jour assigné lui-même, pour pollution, non-assistance à peuple en danger, assassinat économique, bref, de quoi changer le nom de la Terre pour l’appeler Prison. Non pas que l’intention ne soit pas généreuse ou louable et nécessaire, mais on ne peut tout à la fois considérer qu’il est inhumain de se livrer à la barbarie et soutenir que cela est une marche à franchir vers l’hominisation, sans oser dire que l’est tout autant la production de toutes les armes qui ne visent qu’à la suppression de son semblable, et en répression se livrer aux mêmes comportements de manière plus douce pour qu’ils puissent être qualifiés d’humain. Nous savons que l’idée de la mort est moins effrayante que la durée de la souffrance ou des humiliations qui y mènent, et notre émotion nous fera plus regarder comme insupportables les conditions qui y conduisent, car un Être torturé crie, alors que sous une bombe il est anonyme, ce qui nous pousse à condamner les moyens plutôt que les schémas culturels qui y prédisposent. Et dans le cadre de l’hominisation, devrions-nous alors dire que la production d’armes capables d’exterminations est une étape vers cette hominisation ? Ou bien ne pas y renoncer parce que nous ne pouvons pas nous passer des profits que leurs productions génèrent et ne pas trouver d’emplois à ceux qui y contribuent. Surtout ne pensez pas que c’est pour nous protéger d’éventuels agresseurs, car ceux que nous identifions comme tels aujourd’hui, c’est l’occident qui leur a fourni ces armes, ou donné les moyens techniques, pour se protéger eux aussi contre d’éventuels agresseurs qui n’étaient autres que nous même par pays interposé. C’est un pas que nous ne franchirons pas car nos relations économiques imposent de préserver sa richesse, ses intérêts égoïstes de la convoitise des autres, tout en se donnant les moyens d’une puissance militaire supérieure à celle que nous vendons pour s’autoriser d’aller la chercher chez les autres. Ainsi nous sommes en permanence dans une dichotomie du raisonnement qui nous a conduits à organiser, par des accords, l’art de s’entre-tuer, pour réglementer un événement sociétal que nous jugeons irréversible, qui nous entraîne jusqu’à estimer que ceux qui ne disposent pas des moyens de faire la guerre comme les puissants l’on définit, deviennent des criminels, parce que les puissants savent qu’en organisant la confrontation sur leur définition de la guerre, leur puissance ne peut être vaincue. Ainsi un ordre qui se voulait régulateur a fini par régénérer la guerre totale qui touche les civils et que nous appelons terrorisme, qui se qualifie aussi « d’armes des pauvres ». Il s’agit moins, par une émotion compréhensible de la qualification des conséquences de justifier de l’horreur des actes qui n’ont rien à envier à ceux de la guerre, que de maintenir cette définition dans l’illégalité de son recours, car notre histoire regorge de terrorisme qui est devenu révolution avant de finir en armée régulière. Le respect de la vie comme pas vers l’hominisation, ne souffre pas de partage, même si des atrocités nous émeuvent au point de désirer la mort pour ceux qui les commettent, car impulsivement nous sommes aptes à la donner à tous les instants pour des raisons les plus insignifiantes qui ne sont révélatrices que d’une inadéquation ou d’une névrose plus profonde. Oser faire ce pas vers l’hominisation en déclarant la guerre comme crime contre l’humanité est aujourd’hui impensable tant les intérêts politiques, idéologiques, religieux, économiques y sont étroitement liés. Pour que cette voie se jalonne, il sera nécessaire de l’ancrer dans le conscient profond de chaque Être qui naît, et pour cela il n’y a que l’éducation. Nous ne pouvons plus conserver ce vestige archaïque de l’ignorance culturelle, s’entre-tuer, et se dire Humain ; le plus difficile est de convaincre les hommes que cette aptitude n’est pas une « normalité », même si elle est le produit d’une réaction émotionnelle violente pour supprimer ce qui est perçu comme l’obstacle source de sa souffrance, d’autant plus que ceux mêmes à qui vous expliqueriez ce point de vue seront prêts à vous tuer comme obstacle hérétique à leur pensée. A moins qu’un État relève ce défie historique de l’hominisé contre l’homo sapiens, car il faudra bien un jour qu’il y en ait un qui le fasse.

Aussi, il ne faut pas se tromper quand l’on nous parle de liberté, d’évolution ou de réforme de la société. D'ailleurs quand les libéraux parlent le plus souvent de réformes, ce n’est pas pour réformer l’organisation libérale de telle manière que son organisation économique soit moins génératrice de conflits, d’exclus, de violences, de barbaries, et donc des lois qui s’en suivent pour les réguler, mais de la suppression de ce qu’ils jugent représenter un frein à la pérennisation d’un système du passé qui leur assurait richesse et domination. Ils espèrent qu’en le reproduisant dans le futur recomposé, il leur garantira ce qui leur a assuré dans le passé.

D’une certaine manière ils se comportent comme les Romains qui, assurés de ce que leur avaient garanti leurs dieux dans le passé, ne s’écartaient pas de leur rituel cultuel afin d’avoir leur futur garanti[120]par eux. Nous savons ce qui en reste même si cela a duré plus de mille ans, car leurs dieux n’ont pu arrêter l’évolution, le mouvement, la marche en avant de l’univers dans lequel nous sommes inscrits. Nous, nous avons cinq cents ans de libéralisme économique et en cinquante ans nous nous sommes dotés aussi des moyens de détruire la vie sur la planète.

C’est ainsi qu’il faut pouvoir déceler parmi tous ceux qui nous proposent une réformation (action de réformer) pour s’inscrire dans le mouvement universel, ceux qui nous proposent une réformation pour maintenir dans le futur un système libéral du passé qui les sert ; même si nous sommes dans une société dite, postindustrielle et que le profit se réalise plus autour du produit par les besoins qu’il a fait naître et par la rentabilité du retour d’investissement que cela a nécessité.

Faute de comprendre cela le système libéral ou la civilisation libérale mourra, comme est morte la civilisation romaine pour ne pas vouloir accepter que l’existence est « un mouvement », et que nous ne pouvons pas reproduire dans le « futur » le passé qui nous rassure. Sauf que cela demande des générations si ce n’est des siècles, alors que notre vue se rétrécie sous le désir du gain rapide qui génère une incertitude économique, qui raccourcit le champ de vision de certains de ses acteurs, en générant une inquiétude légitime qui les conduit à se replier dans leur égoïsme compréhensible, le plus souvent guidé par leur ignorance, face à la complexité du monde qui s’est fait jour grâce à la science.

Or, l’homme pour donner le meilleur de lui-même a besoin d’être assuré, même si c’est pour conquérir l’incertitude, et s’il doit en permanence se réformer pour suivre le « mouvement », puisque le passé meurt et que seul son souvenir reste éducatif, il faut qu’il puisse espérer y trouver une meilleure existence, et non des exclusions ; de telle manière que le passé serve à construire les représentations des futurs possibles sans que l’incertitude ne l’oblige à se recroqueviller sur ce passé.

Nous ne pouvons donc pas faire l’économie de la nécessité de nous interroger : à savoir si notre organisation libérale permet aux hommes d’être assurés ?

Et bougrement se méfier des joueurs de pipeaux dont chacun connaît l’histoire.

L’appât du gain reste-t-il l’adversaire de la démocratie ?

Certainement s’il conduit à réduire le rôle de la société civile et celui de l’État. Car je ne vois pas comment en réduisant tout ce qui représente un coût de coexistence sociale, et ne le faisant supporter qu’aux citoyens en réduisant dans le même temps leur pouvoir d’achat, il serait possible d’assurer le fonctionnement d’une société civile et les services publics, sans devenir les vassaux de seigneurs en tout genre.

Il en résultera que les citoyens n’ayant pas suffisamment de revenus pour remplir ces fonctions civiles ou vouloir le faire, renoncerons à ce que nous soutenons être le plus cher, «la capacité d’agir », ou «la liberté d’agir ».

Si j’ai présenté «la loi du marché », comme signifiant, absence de lois établies, j’ai également indiqué que ses partisans s’organisaient, pour en définir, de fait, dans les relations mondiales, car les marchés nationaux se sont structurés internationalement au fil de leur histoire.

Nous ne vivons donc pas dans une économie déstructurée, bien au contraire, et le discours sur la «loi du marché » signifie aussi, «laissez-nous faire dans la structure autour de laquelle nous voulons organiser le marché ». Structures conditionnées par la concurrence des coûts de production et des taux de rentabilités financières.

Je crois que nous oublions toujours que l’homme culturel que nous avons développé n’est pas une espèce démocratique, sur ce que nous connaissons de son histoire. L’exigence de vivre en commun n’emporte pas la démocratie de fait, même dans une démocratie.

En conséquence de quoi, il est peu probable que ses organisations le seront, même si elles en portent le nom. C’est pour cela que l’entreprise n’est pas une organisation démocratique non plus, et qu’il persiste une confusion entre liberté d’entreprendre, et celle d’exploiter son semblable, l’une n’entraînant pas obligatoirement l’autre, le tout dépend des règles que nous instituons. La démocratie emporte de fait que les citoyens aient une connaissance avertie du fonctionnement de l’ensemble de ses relations socio-économiques.

Or, dans nos sociétés la plupart du temps ils n’en ont qu’une connaissance caricaturale qui se rapproche plus du slogan publicitaire, car il n’y a pas d’éducation générale en ce sens, de manière que, pour l’image, pourvu que le slogan du flacon qu’on leur vend soit beau, peu importe qu’à l’intérieur il y ait de la piquette. De telle manière que tous nos républicains fier de leur slogan, n’ont oublié qu’une chose c’est que la république a fondé ses bases sur l’éducation émancipatrice.

Nous n’oublions pas de dire aussi que le mot «liberté » sous-entend un choix. Or en économie il n’y en a pas, puisqu’il n’y a qu’une seule source de richesse, la production de biens et de services. Une richesse dont le détenteur fera un usage égoïste, ce qui permet de comprendre que les postulants à cette richesse se référent si souvent aux services de l’État citoyen comme régulateur ou au contrat pour se la répartir. Un contrat qui n’a de valeur que s’il est en mesure d’opposer au pouvoir financier, un pouvoir de classe, parfois tout aussi égoïste, car le contrat de gré à gré dans le domaine des relations salariales n’est qu’une duperie, parce qu’il ne peut pas à lui tout seul être un contrepoids au pouvoir financier. C’est pour cela que le contrat collectif est le plus capable de prendre en compte des intérêts communs ou corporatistes, et fixer des seuils à partir desquels le contrat de gré à gré, acquiert une réelle valeur.

En conséquence, le choix des instruments de mesure qui vont réguler les intérêts égoïstes de l’entreprise et des citoyens, et qui les édite, revêt tout son importance pour se répartir ou créer la richesse donnant à la société civile et à l’État citoyen «la liberté d’agir », faute de quoi leur insuffisance ou leur disparition est un danger pour la démocratie. Cette insuffisance pousse les citoyens à la tendance actuelle à réclamer la suppression des impôts ou des prélèvements en direction de État, tout en lui réclamant des services, des aides, et des solutions aux phénomènes d’exclusions, cela en lui ayant restreint sa capacité d’action par le budget.

D’une certaine façon nous organisons l’impuissance de l’État et nous nous plaignons d’elle, sauf pour les tenant d’un néolibéralisme pour lequel ce choix est conscient.

Y aurait-il une loi invisible du marché ?

Comme le principe essentiel du libéralisme repose sur un comportement rationnel des individus dans un «ordre naturel », cela exclurait de fait la capacité altruiste de l’homme. Ce que dément toute l’activité associative, et ce, notamment, lorsqu’elle tend à s’entraider, et qu’elle est donc générée par un comportement collectif d’intérêts «identificatoires » issus d’un développement culturel, par opposition à l’altruisme instinctif qui concerne la cellule familiale. Plus généralement, ce sont les comportements identifiés par le patriotisme des citoyens de l’Etat nation, qui s’apparente au suicide altruiste, je préfère celui issu de l’action caritative ou de solidarité et en économie les minimums vitaux ou le SMIC.

Cela indique aussi, que contrairement à l’idée qui s’est répandue, «c’est la loi du marché qui doit fixer les règles », comme si une main invisible définissait cette loi, cette loi c’est NOUS. NOUS dans la contestation de « l’image du père » quand il se veut oppresseur plutôt que guide, totalitaire plutôt que démocrate éclairé.

Comme je le souligne dans mon exemple (P. 189), l’eau restera de l’eau, l’homme un homme, et «la loi du marché » ce que nous en ferons.

Et, toutes nos valeurs respectives évolueront, non seulement dans l’ordre universel, mais aussi suivant l’usage que nous en ferons, parce qu’elles sont des valeurs relatives assujetties à la vision de nos désirs, et des comportements sociaux qui en découlent.

Si bien que l’eau, d’un bien libre, est devenue un bien rare.

Pour lire notre coexistence nous qualifions nos comportements, altruisme, égoïsme, individualisme ou collectivisme, et nous en faisons des entités qui les conditionnent. Nous allons même utiliser ces entités pour nous déculpabiliser d’eux.

C’est ainsi que, s’il est nécessaire d’établir des normes pour mesurer notre activité coexistante, par exemple la richesse, la pauvreté, nous finissons par admettre que si quelqu’un et pauvre ce n’est pas de notre faute, c’est parce qu’il n’a pas correspondu aux normes établies. Cela, tout aussi naturellement que nous avons accepté que l’eau devienne un bien rare. Pourtant hier il y avait des points d’eau potable libre, et aujourd’hui chacun doit la payer ou la mendier s’il n’a pas de revenu. Est-ce la main invisible ? Je dirais plutôt que cette main, c’est notre désir de bénéficier du confort de sa distribution, et notre activité polluante qui en a fait un bien rare, même dans les pays où elle est abondante. Si des compagnies vendent des graines d’OGM qui ne se réensemencent pas, je ne crois pas non plus, qu’il s’agisse là d’une loi invisible du marché qui les guident, pas plus celle qui laisse se développer l’épidémie du Sida en toute connaissance de cause. Bien sûr nous ne pouvons pas résorber techniquement tous les maux de la planète, mais contenir par exemple l’assistance pharmaceutique abondante, et l’organisation des soins dans une structure seulement de marché, s’appelle clairement faire du profit sur le marché de la souffrance et de la mort ; c’est autre chose qu’en percevoir un revenu pour les services qui sont dispensés. Il n’y a rien de désobligeant à le dire, sauf d’avoir peur des mots, car souffrir et mourir est notre destinée. Que ces industries et structures de soins l’améliorent me semble une évidence, sauf qu’à s’inscrire dans une structure libérale de rapport financier sur retour d’investissement, conduit à ne privilégier que ce qui est rentable, qui entraînera…. etc.

Vous pouvez écrire la suite de quelques opinions que vous soyez, et vous verrez que ce n’est pas une main invisible qui vous guide.

Papiers pour papiers.

Néanmoins, il serait absurde de refuser l’évidence, nos motivations sont porteuses de « créativité ». Il serait également absurde d’opposer réflexions et motivations. De cette interaction nous générons des valeurs adaptatives qui sont souvent muselées ou modifiées par notre culture. Cette même culture dont nous développons le plus souvent le particularisme destructeur, par le souci d’identification du groupe. Nous nous laissons aller par-là à nos penchants archaïques de rivalités culturelles, d’affrontements en tous genres, de compétitions pour les ressources.

C’est pour cela, que dans notre culture nous avons accepté le concept, «le travail donne accès à des bouts de papiers » (argent/monnaie). Papiers sans valeur réelle, autre que celle du concept qui s’y réfère.

Nous pouvons donc de la même manière accepter l’idée, le concept, «qu’aller s’instruire procure ces même bouts de papiers », pourvus qu’ils accomplissent leur fonction sociale.

Nous n’aurons rien fait d’autre que de développer un service.

Un capital confiance.

Un bout de papier derrière lequel il y a tout le pouvoir politique que nous lui conférons, au-delà de sa seule fonction de moyen d’échange. Celui qui le possède est puissant, celui qui le désire est soumis, et il faut ajouter les rêves qu’il suscite, y compris le rêve de ceux qui voudraient bien modifier sa répartition, mais qui espèrent en un renversement du destin : «Et si je modifie un processus qui peut me rendre puissant » ? Pourtant, du pouvoir régalien de battre monnaie, nous sommes passés à une organisation qui enverrait en prison pour escroquerie, tout particulier qui s’y livreraient. Organisation du pouvoir des banques d’émettre de la monnaie, en prêtant de l'argent qu’elles n’ont pas, sous réserve qu’elles se garantissent auprès de la banque centrale, et que tout le monde ne la convertisse pas en de la monnaie fiduciaire.

N’est-ce pas merveilleux la confiance ?

N’est-ce pas la le sommet de la « créativité » ?

Au début les hommes n’avaient rien. Ils créèrent, le troc, puis la monnaie métallique, puis fiduciaire en papier normalisé, puis scripturale, un peu d’encre sur un bout de papier, demain une puce, autant dire plus rien.

Si ! Un capital confiance dans une valeur fictive qui ne vaut que par la crédibilité du fonctionnement de sa structure, et qui constitue un paradoxe, car elle réduit le capital confiance des hommes entre eux.

Et pour conserver cette valeur fictive qui permet d’espérer être rentier, les hommes regardent leurs semblables comme de potentiels « voleurs », et avec cela nous ne craignons pas de nous qualifier d’êtres civilisés. Bien des auteurs se sont penchés sur ce thème : qu’est-ce être civilisé ? Je crois que nous le saurons le jour ou nous pourrons tourner le dos à nos semblables sans arrière pensée, parce que quelles que seraient les pensées qu’ils auraient, ou que nous aurions, nous pourrions nous faire confiance. Notre intelligence a là un défi de taille à relever, avec le paradoxe d'avoir la nécessité de mentir par sociabilité et par protection. J’ai dit paradoxe, la mécanique quantique ne nous apprend-t-elle pas que les paradoxes se résolvent par l’analyse de l’information qui les constituent. Nous serait-il donc impossible d’appliquer son enseignement à nos images mentales, et trouver la distorsion d’information qui fait que l’image de la confiance dans un système vicie son reflet chez ceux qui l’on bâtit.

Le défi n’est pas impossible, si grâce à la science et à l’éducation nous pouvons nous découvrir tel que nous sommes, en tant qu’Être, et dans la complexité de nos relations humaines. Alors peut-être, la confiance remplacera le mensonge socialisant ou protecteur, individuel ou collectif.

Cela devrait peut-être commencer par l’enseignement de l’histoire de France qui abreuve les enfants de mensonges ou de légendes qu’ils véhiculeront adultes comme images incidentes certaines, s’ils n’ont pas la chance de préparer un professorat ou devenir historien. Par exemple : notre bon roi Saint-Louis si réputé pour sa justice qui a été un pourfendeur d’hérétiques, et qui a fait porter la rouelle aux juifs (il est inutile que je précise pourquoi j’ai choisi cette image) etc. etc.…. Je ne crois pas que la nécessité, d’avoir des repères historiques temporels affectifs d’identité, impose la tromperie, et le mensonge politique. Cette idéalisation de personnages ou de tous les autres événements qui certes ont construit notre pays, engendre des reconstitutions médiévales certainement touristiques, mais caricaturales et erronées, et leur donne une fausse identité de ce qu’ils sont. Cette idéalisation souvent érigée en symbole pétrifié constitue une entrave à la reconstruction inévitable des individus et des sociétés dans l’existence, et devient aussi source de fascisme « génocidaire », qui est la part violente exécrable de notre agressivité, qui trouve dans les images qu’on lui présente le fermant pour s’en justifier de nouvelles qui donnent cours à une violence sous-jacente. Pour évoquer et illustrer cette indispensable relation de confiance, et pour ne fâcher personne j’ai pris une image de notre lointain passé. A vous de l’actualiser, et vous comprendrez pourquoi encore aujourd’hui des hommes se réunissent sous Jeanne d’Arc, d’autres sous la faucille et le marteau[121], et suivant vos convictions vous pouvez allonger la liste, comme il en est de même dans chaque État.

Ainsi la confiance ne se décrète pas, elle se construit, elle est donc accessible à notre intellect, que ce soit à l’occasion de nos relations sociales ou économiques. Et dans ce dernier domaine, comment voulez vous faire confiance dans une organisation productive, dont le but affiché est de nous rémunérer le moins possible, voire se passer de nous, de s’ériger en organisations égocentriques. Pourtant aussi imparfaites soient-elles, tous les hommes affichent le même respect de la vie sous diverses définitions, mais avec des valeurs et configurations qui les conduisent à vouloir si auto supprimer en leur nom.

Changer cela sans conflit n’est possible que si derrière, il y a un projet de société pour l’espèce humaine qui développe la confiance réciproque.

Y a-t-il des valeurs «réelles » ou scientifiques …

De valeurs «réelles », il n’y a que les valeurs physiques des produits et celles des matériaux, quand nous les utilisons ou les transformons, et celle de «leur valeur d’usage intrinsèque », ensuite notre capacité de travail énergétique, aussi bien pour penser qu’agir. Pourtant, nous avons maintenant les moyens de définir une valeur du travail «scientifique » née de l’observation de la «réalité » des mécanismes physiques. Sauf que dans un cheminement dynamique semé d’embûches idéologiques et égoïstes, où nous avons donc dû élaborer, livré à notre seule appréciation émotionnelle, d’abord des valeurs subjectives dont certaines reposent sur des conventions universelles, et d’autres qui fluctuent suivant nos jugements qualitatifs. Cela avant d’en arriver à définir des valeurs scientifiquement réfutables, même si ces données scientifiques ne sont pas absolues, elles permettent de stabiliser la qualité de nos jugements issus de notre conscience dans l’analyse du moi d’autrui et du monde dans nos relations de l’homme au travail.

…et des valeurs relatives ?…

Toutes les valeurs que nous définissons ne sont donc que des valeurs relatives fictives régulant nos comportements sociaux, les échanges et la répartition de la rareté des ressources, issus de notre raisonnement, elles ne sont donc pas intangibles. Elles peuvent être réinterprétées à un moment ou un autre. En ce sens, elles sont la transcription, la figuration, la copie de nos motivations aux effets concrets (biens et services), elles sont l’expression de principes généraux, d’orientations reconnues par la collectivité comme fondamentaux aux vues de ses préférences ou croyances, et au demeurant la réflexion peut s’exercer sur elles.

Prenons l’exemple d’une personne qui offre à une autre une bague en or.

Le désir de séduire nous a fait produire un bien pour cela. C’est la satisfaction d’un comportement social ou biologique (s’il conduit à l’accouplement, séduire par sa richesse, par l’éclat comme une pie et tant d’autres). C’est aussi la contrainte d’avoir dû extraire ses constituants de base, et la produire. Il a fallu pour son extraction développer les infrastructures, les techniques et les enseignements spécifiques aux exploiteurs de gisements aurifères, il a fallu aussi élaborer le métier d’orfèvre. Il a fallu aussi assurer la réalisation et distribution de tous les éléments concourant à son élaboration, et enfin il a fallu organiser sa distribution de produit fini. Jusque là, nous sommes dans des activités concrètes, dont la capacité créatrice, et les efforts consentis pour la production (la force de travail) de la bague peuvent se mesurer. Nous les mesurons en temps, mais c’est le temps de travail que nous mesurons, et nous savons aussi que notre temps est un temps conventionnel. L’histoire de son élaboration aurait tout autant pu nous conduire à considérer qu’une saison était une année, et que la journée ne comportait que douze heures.

Ainsi, la «valeur d’usage » de la bague est égale au temps de travail consenti pour sa production.

Partant de là, la valeur d’usage de la bague est une valeur relative, et nous pourrions tout aussi bien mesurer le temps de travail en énergie consommée, et cela correspondrait plus à la nature de l’effort consenti pour effectuer un travail ; de telle manière que ce qui était impossible au siècle dernier, par la science et la technologie l’est aujourd’hui, il suffit de lui ouvrir la porte.

Ainsi, en regardant un bilan nous pourrions transformer tous les contenus de ses comptes de classes, en temps de travail, puis le temps de travail en énergie (calorie, conventionnellement une calorie égale 4,185 joules), et fixer une valeur monétaire universelle du joule.

Mais le désir de séduire ?

Le désir de séduire est le coût de production de la bague (temps/travail), auquel s’ajoute la valeur d’utilité (demande), plus la valeur de la rareté (disponibilité du produit), plus la plus value (bénéfice).

Par conséquent, quand nous créons un produit, nous fabriquons sa valeur intrinsèque en définissant des valeurs relatives, qui ne dépendront que de nos comportements vécus, et de la subjectivité qualitative de notre conscience ou esprit, Qualia.[122]

C'est pourquoi, notre économie n’a rien de scientifique, et ne repose que sur l’étude de nos comportements sociaux, Étude que nous effectuons au travers de ce que nous avons appelé, les sciences sociales.

Donc, l’or symbolisant la puissance ou la prévoyance, ne repose sur aucune valeur réelle. Il acquiert seulement une valeur relative, qui ne repose que sur le désir collectif d’en posséder, et de s’en disputer l’obtention par tous les moyens, car sa symbolique est culturellement ancrée, et se perpétue socialement au travers des cellules familiales.

Cela, parce que sa valeur d’utilité historique repose sur l’erreur culturelle, de la représentation spirituelle de l’homme à l’objet, et ainsi d’avoir cru qu’il avait une valeur réelle aux yeux des dieux.

…dans un marché qui a des limites…

Or, si sa beauté, son rôle religieux et sa rareté ont fait de l’or un symbole, et un étalon monétaire pour assurer un certain développement économique, sa rareté a également fixé les limites du développement que l’on peut en attendre comme agent de l’expansion économique.

Sa référence comme agent d’expansion a pris presque fin en 1944 par l'accord Bretton Woods qui instaurait la référence Dollar comme seule monnaie convertible, puis en 1971 aux accords du Smithsoniam Instituts. Cette valeur relative sociale d’échange ne fluctuera donc plus, qu’au travers de l’offre et la demande, comme valeur refuge dans le marché libre de l’or.

Voilà au moins un cas où l’usage de la rareté a atteint ses limites. Et comme le marché des riches se fait entre riches il porte en lui ses limites qu’il atteindra.

…et un surcoût …

Quelles incidences ont sur la bague, la valeur de la fonction sociale que nous lui accordons ?

D’abord d’en avoir fait le symbole de l’affirmation de sa puissance sur les autres, un signe ostentatoire ou humble, dans le domaine affectif un signe de ferveur. Puis d’en avoir fixé un prix d’échange subjectif par rapport au désir de la posséder à hauteur de la symbolique que nous lui accordons. Ensuite elle a généré tout un système de protection pour la préserver tout au long de son existence, et se garantir contre sa disparition.

Nous avons donc ainsi limité l’utilisation des propriétés techniques de l’or dans l’industrie en renchérissant le prix du produit contenant ce matériau de base, ceci du fait d’un surcoût qui est celui du besoin d’affirmation de soi, correspondant au coût du prix de nos émotions.

… où le client achètera le tout, une valeur sociale…

Si nous regardions au microscope atomique le prix de la bague, nous y trouverions derrière toute l’activité humaine qui a concouru à son élaboration, et celle de tous ceux qui n’en étaient pas concernés directement.

C’est à dire, tous les désirs humains qui se sont réalisés à partir du revenu distribué, que chaque acteur de la production de la bague a reçu tout au long de sa fabrication, en partant de la découverte du filon jusqu'à la préservation de la bague. Ce revenu a été lui-même le facteur de la réalisation du désir de ceux à qui il a été reversé, que ce soit au tabac du coin, pour se garantir de risques, faire un voyage au bout du monde ou régler ses impôts.

Ensuite, comme chacun entre au contact de tous les autres par l’intermédiaire d’un tiers, nous sommes donc dans une longue chaîne, aussi bien en contact avec le plus proche d’entre nous que nous ignorons, que du plus lointain que nous connaissons, et cela à contrario.

De manière qu’aussi long soit le chemin socio-économique, l’achat de la bague, en répercussion par l’intermédiaire de la circulation de la monnaie en interaction, aboutira jusqu'à chacun des six milliards autres humains, y compris jusqu'à l’achat par un chinois d’un bol de riz, et en retour à ceux qui ont produit la bague.

Ainsi, dans le prix de la bague il y a un six milliardième de notre existence humaine, dont celle de notre chinois. Mais également le prix de nos guerres, de nos plaisirs, de nos réussites, de nos échecs, de nos espérances de vie, de notre mort. De telle manière, que quand nous offrons une rose à l’être aimé, le prix de cet acte représentera une sous fraction de ce un six milliardième. De la même manière se répercutera la guerre, la xénophobie, le racisme auxquels se livrent des hommes à l’autre bout de la planète, bien que nous ne nous sentions pas concernés par eux.

En météorologie nous comprenons cela, puisque aujourd’hui nous connaissons l’effet papillon (qu’un battement d’aile de papillon puisse influencer le temps), car cela nous a été expliqué, et s’est vulgarisé.

Pourtant en économie, il en est de même, mais personne ne nous l’explique.

Pourtant, nous connaissons ce phénomène sous la forme d’un jeu, celui du labyrinthe. Jeu où nous savons qu’en cherchant, nous découvrirons toujours au bout un chemin qui nous conduit à l’autre. De la même manière en cherchant bien nous trouverions celui qui nous conduirait à chacun des six milliards d’autres hommes.

Là, nous ne sommes plus ni dans la macroéconomie ou micro-économie, mais dans la X fois «nano économie ». De fait, cela ne nous laisse aucune chance de réguler durablement l’économie, mais comme pour l’univers il y a certainement un ordre sous-jacent, et si nous ne pouvions comprendre que cela une part de l’intolérance culturelle s’estomperait.

Ainsi, lorsque le client achète la bague, il acquiert certes un produit concret, mais il le paie au prix de toutes nos valeurs sociales codifiées.

Il achète par «sa force de travail », une fraction du prix de notre organisation sociale humaine qui se trouve réunie, condensée, concentrée dans le prix d’échange de la bague.

…comme il achètera les ECPA.

C’est pourquoi le coût de la mise en place des ECPA, quel que soit son mode de financement, c’est chacun d’entre nous qui l’assurera.

Cela, sans que les Chinois et bien d’autres ne le sachent, (humour).

Le poids des mots…

Je viens d’utiliser l’expression «valeurs sociales codifiées », et comme cette codification organise aussi les échanges, nous avons qualifié cette activité «d’économie ». Mais je considère que le terme activité socio-économique convient mieux pour définir ce que nous appelons simplement l’économie. En effet, les termes, social et économique, sont indissociables à partir de l’instant, où la quasi-totalité de nos émotions passe par une représentation instrumentale les illustrant (l’amour, la mort, la joie, l’amitié etc.).

Je m’en explique dans l’exemple ci-dessous.

Le jour où l’homme a pratiqué le culte des morts, où l’émotion est devenue rite, sans rentrer dans les explications, cette ritualisation s’est concrétisée en occident par l’usage de produits, exemple le cercueil.

Ensuite, ce cercueil est devenu la représentation de l’expression du degré d’affliction et de la conception de la vie qu’avait le défunt (testament) ou ses proches (il voulait être enterré simplement, sa famille lui a offert ce qu’il y avait de plus beau).

Ainsi, le cercueil, un simple produit, a acquis du seul fait de l’expression d’une émotion humble ou ostentatoire, une valeur marchande différente, incluant cette émotion.

Valeur marchande d’ailleurs perceptible par les personnes extérieures à l’événement ou satisfaisant à l’idée de l’hommage qu’avaient les personnes liées à l’événement.

De manière que l’usage culturel d’un enterrement (le cercueil), au-delà des mots, s’évalue au montant de la dépense inutile ou superflue que justifie la nécessaire communication de son affliction tournée vers l’extérieur, tournée vers la communauté, organisée, réglementée, et codifiée par elle.

De cette façon, nous pouvons quantifier, en valeur de marché, l’expression de chacune de nos émotions.

Ainsi, quelqu’un regardant la société peut à juste titre penser que c’est l’économie (la production de biens) qui tire le marché, puisqu’il existe des produits pour valoriser chacune de nos émotions (parce que les hommes ont utilisé cet usage culturel, le cercueil) pour en faire une source de revenu, puisqu’il nécessite une activité constante.

Si bien que nous considérons en conséquence, que la valeur marchande du produit que nous utilisons est le déterminant de la valeur de l’émotion déclarée, et ce, même s’il est difficile de quantifier la valeur de la représentation sociale (la surjection qualitative), le signe social, par des paramètres autres que financiers (dépenses sécurité sociale, maladie retraite, les divers budgets de l’État par exemple).

En conséquence, l’homme a donc par l’invention, de règles et de structures élaborées à l’aide de mots et de concepts, quantifié et appliqué une valeur à toute chose, pour pouvoir lire son activité sociale[123], ce que personnellement j’appelle- la qualification mesurable de notre activité sociale – et que nous nommons, «l’économie ».

De ce fait, la lisibilité de notre activité sociale a fini par délimiter deux secteurs distincts dans cette activité sociale, le social et l’économique, que nous opposons en permanence.

Cette qualification fait l’objet, de ce que j’appellerai une manipulation linguistique selon les mots que nous utilisons pour définir ou désigner ses aspects.

Cela se caractérise par l’approche que nous faisons de terme qualifiant nos besoins «sociaux ». Ainsi, depuis quelques années, les contributions à l’activité sociale, cotisations sociales ou impôts de toutes sortes (prélèvements obligatoires), sont qualifiées de charges, et perçues comme telles par de plus en plus de citoyens.

Ces derniers en viennent alors à réclamer leurs réductions, en pensant qu’en disposant de la plus grande part de leur revenu économique, ils éviteront le coût de l’organisation sociale, tout en pouvant en espérer les mêmes services, pourtant nous le retrouverons dans le prix de chacun de nos produits, seulement il sera caché à notre regard, et pour le retrouver il faudrait se livrer à une analyse comptable, ce que nous ne ferons pas. Analyse que nous ne ferons pas par ignorance ou simplement parce que nous en avons ni le temps ni les moyens, tandis que lorsqu’on nous les prélève, là nous le voyons. Alors voulons nous être des autruches ?

Culturellement, le mot impôt nous rappelle toujours qu’il pénalise les plus faibles, et que les plus riches y échappent, ce qui est certainement vrai dans l’appréciation du revenu (déclaration du revenu). Il nous renvoie à des images d’Épinal de notre histoire. L’impôt de Philippe le Bel, en passant par Colbert et bien d’autres, a forgé l’identité nationale et a toujours mécontenté l’opinion.

Les contributions - elles - revêtent ce caractère de participation à quelque chose dont nous ne serons pas nécessairement bénéficiaire.

Les cotisations – elles - sont mieux perçues, car en cotisant, nous nous ouvrons l’accès à un droit.

Les charges – elles - sont des horreurs ; C’est le fardeau, le poids, la douleur, la gêne. Il ne manque pas de qualificatifs qui rappellent la pénibilité de toute chose, dont nous essayons de nous séparer.

Toutefois, quand nous regardons de plus près ces prestations que nous qualifions de charges, nous nous rendons compte qu’elles sont la couverture financière de nos vicissitudes humaines, et celles de tous les besoins collectifs et individuels que nous exprimons.

Ainsi, tout ce qui représente les ressources obligatoires de l’État ou des collectivités territoriales, ou encore des organismes de protection sociale, légiférées et organisées par lui, se qualifient de plus en plus, de charge (à la charge de l’État).

De fait, elles perdent leur caractère de régulation des inégalités (type, taux et tranches d’impositions), tandis que leurs corollaires, les dépenses à usage collectif, perdent leur caractère «redistributif ».

Cela, au bénéfice d’organismes privés à but lucratif qui paraissent concurrentiels, offrant l’illusion que nous ne payons que pour nous-mêmes. Pourtant, quand l’on remonte le circuit économique, l’on s’aperçoit que l’on paie tout de même pour les autres, sous toutes les formes, avec en plus les dividendes des actionnaires. Mais voilà, nous les adultes, nous sommes comme les enfants, nous aimons les contes merveilleux qui nous disent que nous serons roi ou reine pour nous cacher que nous ne sommes que des serfs, et nous sommes contents, pourvu que nous ne voyions pas de quelle manière nous réglons l’addition, même si elle est plus chère.

L’assurance automobile est un exemple flagrant de cette approche, entre le système privé et le système public.

Le bonus et le malus, conçus pour responsabiliser les conducteurs, ont été fournisseurs de poubelles roulantes de la part de ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient couvrir les réparations d’un accident ; ensuite ce sont les impôts de tous qui ont dû les retirer du marché en finançant les frères et sœurs des Plans Jupettes. Ils ont instauré de fait l’inégalité devant le risque par l’argent, en personnalisant la cotisation.

Dans le même temps, les compagnies d’assurances se sont autorisées à refuser ou rompre, avec un client trop coûteux, tandis que l’État épurait et sécurisait le parc automobile tout en soutenant sa production.

Essayez donc d’imaginer la même application, avec l’enseignement scolaire, et la sécurité sociale : c’est le système américain.

Par la suite, s’instaure dans notre esprit un ajustement de rapport commercial égoïste qui fait que, contraints aux prélèvements, nous en attendons en retour un service à hauteur de l’appréciation optimale de notre intérêt individuel.

Soixante-neuf pour cent (69%) des français considèrent que le rapport, entre le versement des prélèvements obligatoires et les prestations dont ils bénéficient, n'est pas satisfaisant.

Soixante et un pour cent (61%) sont favorables à l’ouverture de la protection sociale au privé,

Pour soixante-dix pour cent (70%) de la population : l’impôt est intolérable (18%), trop élevé (52%), (enquêtes d’opinions, contribuables associés/BVA, octobre 1999 et avril 2000).

Les impôts indirects représentent 63% des recettes fiscales dont 44% de TVA, 19% taxes sur l’essence et le tabac.

Les impôts directs représentent 7% du revenu d’un cadre, 29% d’un chômeur en fin de droit. (Epsy, 1999).

Cinquante et un pour cent (51%) estiment qu’il faut baisser les impôts, même si cela doit remettre en cause le niveau des prestations de la protection sociale ou les services de l’État (le Point/Ipso, septembre, 1999).

Cinquante-quatre pour cent (54%) sont favorables à une réduction des fonctionnaires.

Trente-quatre pour cent (34%) sont favorables à une limitation des remboursements des prestations médicales.

Vingt--huit pour cent (28%) sont favorables à la réduction des prestations minimales (RMI, chômage).[124]

Cela, parce que le terme de «charge »[125], en sortant du plan comptable pour entrer dans le langage commun, s’est répandu et vulgarisé, jusqu’à devenir un enjeu de propagande politique, comme élément freinant la création d’emplois, réduisant le revenu, caractérisant la lourdeur des administrations, et il est devenu un catalyseur de toutes les acrimonies.

Dès lors, nous assistons au glissement de la protection collective institutionnalisée, vers la protection individuelle privée, qui sape, ce qui fait le lien de toute communauté : l’entraide, la solidarité.

Entraide et solidarité qui sont la reconnaissance d’une prise de conscience d’appartenance à une communauté.

Cette communauté assume la diversité des aléas qui affectent individuellement ses membres dans un but, celui qu’ils n’en soient pas exclus du seul fait de l’organisation de ses activités socio-économiques, et des imprévus de la vie inhérents à toute communauté d’individus.

Entraide et solidarité ont été affublées du terme «assistance ». Cette appellation concernait l’aide apportée à l’activité économique de certaines entreprises, et Raymond Barre Premier ministre d’alors ne se gênait pas pour les appeler «les canards boiteux.» Ce terme «d’assistance » rapidement reçut une connotation négative. Rapidement, le terme et la connotation glissèrent jusqu’au domaine de la protection sociale, laissant suggérer que s’assurer soit s’assumer, et percevoir des prestations être assisté.

Terme connoté qui a trouvé une assise en même temps que la «tertiarisation » des emplois.

En effet, l’entraide et la solidarité sont nées à la fin du 19 ième siècle à la suite de la revendication ouvrière, et elles caractérisaient le monde ouvrier.

Dans cette fin de siècle, E. Durkheim a développé le concept de solidarité organique, (1893), et L. Bourgeois, le «Solidarisme » (1899) dont s’inspirera l’État sous la pression revendicatrice.

Aujourd’hui les politiques de solidarité mettent en œuvre un faisceau de procédés multiformes de redistribution et de régulation qui conjuguent la redistribution et l’exonération.

Néanmoins le monde ouvrier n’a cessé de se réduire à l’image de ce tiers temps.

1975 : ouvriers, 8,118 millions ; 1999 : 7, 096 millions,

1975 : employés, 5,362 millions ; 1999 : 7, 705 millions,

1975 : professions intermédiaires, 3,480 millions ; 1999 : 5,153 millions,

1975 : cadre, 1,552 millions ; 1999 : 3,246 millions, (source INSEE).

Ceci explique que les mots, de part leur poids (pour ceux que j’ai retenu, charge, assistance et solidarité), sont différemment perçus, suivant la catégorie dans laquelle nous exerçons notre activité, et que la notion «ouvriériste » de l’entraide et de la solidarité, se soit amenuisée sous la conjonction des deux phénomènes. Toutefois ils reposent encore sur une dénomination valorisante du terme d’employé, dont certains ont des revenus, et des conditions sociales égales à ceux qu’ils considèrent d’un statut inférieur à eux.

Dans l’absolu, ce glissement n’est pas gênant.

Toute notre activité d’entraide et de solidarité pourrait être parfaitement gérée par des organismes privés, bien sur sous réserve qu’une loi les obligent à prendre en charge, les citoyens démunis, ceux aux revenus insuffisants ou mis en marge de la société.

Naturellement, cela conduirait les compagnies privées à relever leurs tarifs afin d’assurer cette régulation, et cela en plus, du coût de la rémunération des dividendes des actionnaires.

De cette manière, par l'intermédiaire de la cotisation, à une compagnie d’assurance privée, nous nous acquitterions de ce que nous refusons à l’État par l’impôt ou la contribution, et cela à un tarif plus cher. Ce tarif qui sert à dégager ce qui fait la différence entre la finalité d’une gestion «publique », et celle d’une gestion privée, la destination du profit, avec en plus la disparition d’un droit qui est pour tout citoyen de pouvoir réclamer les comptes de la nation, allez donc réclamer les comptes d’une société en dehors de celles qui sont tenu de les publier.

Ainsi, par le truchement d’un langage économique, ce qui ne sont en fait que des prélèvements conçus pour couvrir des besoins humains soumis à la gestion régulatrice de l’État ou d’organismes privés à vocation sociale (protection sociale, etc.) sont devenus des charges.

Nous en sommes arrivés à un tel résultat, grâce au mot «charges » qui recouvre les contributions versées par les agents économiques qui disposent de ressources (entreprise et particuliers) à l’organisme représentant l’organisation citoyenne (l’État) ou les organismes de solidarité.

Je ne veux pas dire par-là qu’il faille passer par l’obligation d’une gestion étatique.

Je veux seulement souligner l’obligation qu’ont toutes les communautés dite républicaines, d’assumer cette identité communautaire par la redistribution d’une part de ses ressources vers les moins nantis, vers ses besoins collectifs, et permettre aussi à chacun d’assumer ses responsabilités de citoyen, et ce, même si nous savons qu’il y a des seuils psychologiques à franchir.

Aujourd’hui, malgré le rôle de redistribution joué par l’État, il y a un français sur dix (10%) qui vit avec 533 Euros (3 500 f) par mois, et peut se considérer comme pauvre[126]. Il y en a deux fois plus qu’en Hollande, mais deux fois moins qu’au États Unis.

Nous pouvons ne pas être d’accords, et estimer que ceux qui n’ont pas de revenu doivent périr (Malthusianisme). Encore faut-il avoir des «couilles » pour le dire, et ne pas se cacher derrière le mot charge.

Plutôt que dire hypocritement, «l’État doit s’en charger », et lui en refuser les moyens, tant par le refus des prélèvements que par le rejet d’une politique budgétaire, ou parler de l’État comme s’il s’agissait d’un tiers par lequel nous ne sommes pas concernés.

Nous pouvons aussi considérer, que l’entraide et la solidarité ne doivent être que de la charité (compassion) ou une redistribution du superflu.

Nous pouvons aussi nous rassurer en épargnant, pour bénéficier des revenus du capital moins imposés, mais à long terme «reconstitutifs » d’une catégorie de rentiers, celle là même, que la révolution a voulu bouter.

Mais nous pouvons aussi admettre tout simplement, que plus nous nous enrichissons moins nous avons envie de partager, et cela porte un nom.

Effectivement, les Français se sont enrichis. De 1949 à 1999, le patrimoine moyen des français est passé (hors inflation) de 2744 Euros (18 000 f) à 182927 Euros (1 200 000 f), avec un accroissement des inégalités que cela engendre.

C’est ainsi que 5% des ménages détiennent la moitié des actifs financiers. Parmi eux 1% détiennent 20% de la richesse totale. La moitié des ménages se partagent 5% des actifs, dont 60% de ceux qui ont un patrimoine supérieur à 1,2 millions d’Euros (8 millions de francs), sont des indépendants (actifs ou retraités), et 30% d’entre eux sont, soit Chefs d’entreprise ou ont des professions libérales.

Neuf ménages sur dix possèdent un patrimoine financier (livret d’épargne, valeurs mobilières, assurance-vie), 9% en possèdent toutes les formes de patrimoine, six sur dix possèdent des biens immobiliers, et 6% des français ne possèdent rien.

Le patrimoine total des particuliers est estimé à 4345 milliards d’Euros (28 500 milliards de francs). (Francoscopie 2001).

Ainsi, les mots s’imposent dans d’autres domaines que ceux pour lesquels ils ont été élaborés. Je vais dire improprement, suivant nos conventions grammaticales, «vivent », j’aurais de cette manière attribué aux mots une existence assimilable a celle pour laquelle le mot «vivre » était destiné définir : définir la vie physiologique. Par exemple le mot santé qualifie aujourd’hui aussi bien la santé humaine ou d’un être vivant, que celle d’une entreprise, d’un schéma abstrait ou d’une construction structurelle. Et ceci n’est pas insignifiant quand nous savons que le langage conditionne notre pensée, et que nous pouvons par lui nous tuer ou vivre, nous soigner ou nous rendre malade, prospérer ou dépérir ; et ce que mon exemple indique, c’est qu’à ne pas exercer une distinction, banaliser, étendre l’usage de certains mots comme celui aussi important que vivre qui finit par désigner aussi bien la vie biologique que celle d’instruments inertes, nous risquons de ne plus distinguer ce qui est essentiel. C’est ainsi que nous entendons aussi bien parler de morts d’entreprises, là où, il n’y a que des faillites. Cela même si je comprends que par l’usage de mots aussi forts, les personnes qui vivaient du travail de l’entreprise considèrent, qu’ils meurent avec leur fermeture ou faillite, parce qu’ils n’auront plus de sources de revenu.

Je ne veux pas dire par-là qu’il ne faille pas s’intéresser au fonctionnement de l’entreprise et de sa production, mais que ce lien quasi spirituel entre l’homme et sa source nourricière le conduit à effectuer des transferts émotionnels aux moyens du langage.

…et la dialectique…

Dans notre société la communication, comme je l’ai dit, est un art qui passe aussi par la représentation qu’évoquent les mots. Ainsi, les filles mères sont devenues les mères célibataires, le concubinage est devenu l’union libre, les concierges des gardiennes, les bonnes des employées de maison, les emplois de ménage dans les entreprises des techniciens de surface, etc.

Ainsi le CNPF (acronyme) est devenu MEDEF. Le Conseil du Patronat français, terminologie dans laquelle s’affirme le poids de l’autorité de celui qui commande dans son seul intérêt (image péjorative du profit), a opté pour une image plus fluide et moderne : Le Mouvement des Entreprises de France.

Cette idée de mouvement signifie : nous sommes agissants, nous faisons vivre les entreprises qui vous emploient (sous-entendu ses dirigeants), les entreprises agissent (sous-entendu la structure collective), mais elle signifie également beaucoup plus que cela.

En effet, la captation par l’entreprise du mot mouvement a une connotation sociologiquement importante, celle d’entreprise collective visant à établir un nouvel ordre de vie ou y résister pour maintenir un ordre de vie existant, (mouvement féministe, écologiste, mouvement syndical etc. mouvements millénaristes, messianiques, mouvements religieux nouveaux, etc.). Cette idée veut dire aussi, nous sommes cela.

Cette vision de l’entreprise, beaucoup plus dynamique, dilue dans l’intérêt collectif de l’entreprise, qu’affirme la caractéristique de la Société Anonyme, la notion de profit personnel.

Ainsi, à partir du sigle CNPF, qui est le reflet d’une organisation corporatiste, défendant ses intérêts particuliers, nous passons au sigle MEDEF qui affiche une volonté de développer son ordre de vie. Dans cette logique un jour des candidats, du MEDEF, se présenteront au suffrage universel.

Pour être équitable avec le MEDEF, il y a le même phénomène chez les politiques, où les sigles changent en conservant les mêmes personnages. Le sigle reste, et l’orientation politique est tout autre que le concept qu’il suggère. Par exemple le parti socialiste (PS) qui suggère par son origine une conception économique autre que néolibérale, est entré dans la pratique de la social-démocratie entre 1983 1993, si bien que par son sigle il entretient une confusion qui peut rendre incompréhensible ses choix politiques, car le sigle en suggère d’autres.

Ce n’est là qu’un phénomène normal de mouvement qui ne demande que d’être lu, comme je viens de le faire avec le MEDEF et le PS, ou chacun conserve son but initial, la puissance financière où politique, en s’adaptant aux modifications environnementales, à l’évolution.

Aussi, quand j’utilise le mot socio-économique, je fais la même chose, j’utilise sa représentation.

Nous connaissons tous le sens des mots social et économie, que je mets dans cet ordre, parce que je considère que c’est l’ordre naturel du développement de notre espèce, et par sa pensée symbolique je considère que c’est notre comportement social qui a permis le développement économique, et non l’inverse.

Sans cette «structure », (ce processus mécanique qui nous pousse les uns vers les autres), il n’y aurait jamais eu de communauté organique. Nous qualifions ses interactions de sociales, et par elle, (interactions sociales sous le regard de l’homme qui s’observe) l’organisation de la production de biens et services qui en découlent, l’économie.

Cela, parce que, la production a suivi l’organisation sociale, et j’observe que si les hommes ne trouvaient pas d’utilité sociale aux produits que nous élaborons, ils ne seraient d’aucun service, donc de valeur nulle.

Si nous utilisons une hache, c’est que nous avons eu envie de couper du bois en ayant établie une relation entre nous et l’objet (bois), dans un espace déterminé, vers un but, pour satisfaire à une perception sensorielle (le besoin de se réchauffer par exemple), et non pas parce que quelqu’un a inventé la hache, que l’ayant inventé nous avons ensuite coupé du bois pour justifier son utilisation. Alors qu’aujourd’hui nous recherchons quels sont les besoins de l’homme inexprimés qui me permettrait de lui vendre un produit.

Une autre définition estime que l’homme est un être économique (l’homo oeconomicus, être rationnel motivé par son seul profit, «coût avantage ») parce qu’il effectue un travail pour cueillir et chasser[127]. Cette extension de la définition de l’économie je la trouve excessive et inappropriée, car poussée dans sa plus petite dimension, elle nous conduirait à dire que notre Univers est un univers économique[128], parce que chaque association atomique, et ce qui en découle, exige un travail et un coût association (échange) qui se mesure comme le nôtre, guidé par un ordre sous-jacent, que dans le cadre de l’analyse des motivations humaines, nous appelons conscience ou esprit, avec sa part raisonnée et celle insufflée en relation (inconscient et conscient).

Ainsi, l’organisation économique ne peut qualifier ce que nous sommes, elle n’est qu’un moyen de parvenir à la réalisation, à la production, et à la satisfaction de nos besoins et désirs humains. Et parmi cela, celui important «du rêve absolu» de chacun. Un rêve pour lequel, quand nous ne prenons pas le temps et les moyens pour le construire, certains d’entre-nous nous vendent à sa place des illusions qui nous empêchent de voir que nos rêves sont accessibles.

Aujourd’hui, «Le rêve » c’est de devenir riche en accumulant de la monnaie, ce que permet l’instauration de modèles simplifiés (théories économiques), de millions de décisions indépendantes prises par les individus organisés (agents économiques) pour se répartir des biens rares (biens produits exigeant une force de travail), et effectuer un choix parmi ceux-ci.

Si cette organisation économique s’est développée grâce à d’innombrables penseurs, découvreurs, entrepreneurs et acteurs qui exerçaient dans des cadres sociopolitiques divers, nous pouvons aisément comprendre que le modèle choisi pour structurer l’activité sociale (la désidérabilité), peut en retour fixer un cadre rigide (modèle économique, difficilement réformable suivant son étendue), qui interférera sur elle.

Ce constat ne permet pas d’affirmer pour autant que l’économie crée le social comme l’idée s’en est répandue, même s’il l’imprègne et l’empreigne, parce que nous avons bâti des dépendances structurelles (publicité, création de besoins).

Ceci, parce que des acteurs économiques anticiperaient nos besoins (invention), et que d'autre part nous voudrions affirmer l’importance d’une structure productrice (politique) ou parce que les hommes se sont émancipés des limites de la production «naturelle » (cueillette, chasse).

Néanmoins, l’idée est acceptable quand on la développe à partir un instant choisi de l’histoire de l’organisation économique des hommes, (par exemple, l’urbanisation industrielle, l’effet automobile), car l’on se forge une opinion en fonction du niveau, du palier de référence conditionnant que l’on a choisi.

Pourtant, ne retenir que l’idée que l’économie crée le social, c’est occulter une part de l’histoire humaine, du développement socio-économique, dans le but de ne soutenir qu’un point de vue partisan. (Les hommes se sont toujours regroupés dans des grottes, des cités, et déplacés avec ou sans automobiles, cela avec plus ou moins de facilités.)

Ce serait alors oublier toutes les luttes sociales qui ont accompagné le développement économique, d’où le nom de «mouvements sociaux », qui est l’expression de «l’homo-sociabilis ».

Ce serait tout autant oublier que l’idée (l’économie créant le social) a réduit la condition sociale (humainement parlant) de certains d’entre eux par le biais du servage, de l’esclavage, du racisme, et que sans penseurs libertaires, «monsieur économie » serait resté muet. Je voudrais bien reconnaître que l’économie a créé la société esclavagiste si mon but était de démontrer «l’inhumanisme » de l’économie.

Seulement, je sais que toute structure que développent les hommes, ne dépend que des relations que ces derniers entretiennent avec l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.

Si reconnaître l’efficacité d’une organisation économique est une chose, en faire un dieu créateur en est une autre, d’autant plus qu’elle est à l’image de ses acteurs culturalisés, c’est à dire une image violente et nombriliste ; car nous apprécions nos événements à la mesure de nos vies, et non de celle de la planète, et nous nous confrontons autour de définitions pour affirmer notre désir de puissance, et le justifier aux yeux des autres.

L’organisation économique (le modèle structural) répond à nos désirs, mais surtout correspond à ceux des hommes qui les ont inspirés ou qui s’en inspirent, et de ceux qui en font leur modèle ou l’imposent.

Elle s’exerce toujours dans le cadre d’une organisation politique qu’elle ramène à son usage, et dont elle cherche à s’émanciper ou prendre le contrôle par le biais de ses plus actifs représentants, parce qu’il n’y a pas de frontière dans la communauté organique ou mécaniste entre l’organisation sociale et l’économie.

Cependant, grâce à la dialectique, nous avons dans notre ensemble fini par reconnaître l’économie comme variable déterminante sur la sociabilité humaine. Pourtant, cela ne relève que d’un point de vue, et d’une manière de s’observer, de regarder notre image comme acteur intéressé par cette image.

Et ce faisant, nous transférons en elle toute notre angoisse de mourir, et cela se traduit par la terreur masquée de manquer de subsistance. Cette pénurie conduisant presque toute espèce à se gaver par ignorance du lendemain, guidée par un cycle inné, en l’absence de cerveau cognitif comme le nôtre, capable d’envisager un futur afin d’y réfléchir. Comme la possession est la manière d’assouvir cette peur, il est facile d’imaginer les confrontations qu’elle détermine et fait naître.

En conséquence, toute organisation structurée autour de la rareté, comme notre système économique, ne peut que générer des oppositions que nous aggravons en organisant cette rareté pour satisfaire à nos règles d’enrichissement.

Je me répète en disant que l’économie est la qualification financière de la réalisation de nos désirs sociaux (la quantification mesurable).

Si cette confusion existe encore, c’est certainement que l’entité «entreprise » a su faire la preuve de son efficacité, et que nous attendons beaucoup d’elle. N’oublions pas au passage que l’entreprise c’est aussi nous qui la faisons, que les mérites dont elle se pare sont les nôtres, et que les capacités créatrices dont elle s’honore nous les avons développées dans les écoles au frais de la collectivité, financées par notre contribution à l’impôt ou sous d’autres formes privées.

Cette confusion existe, parce que la contrainte que «l’entreprise » exerce, en tant que seul lieu de ressources, l’autorise à développer des concepts d’appartenance (l’esprit de l’entreprise X ou Y). Ceci n’est en fait, qu’une allégeance mercantile dangereuse pour l’épanouissement de la personnalité, laquelle est conditionnée par la structure. Cette allégeance vaut parfois de très loin certains conditionnements sectaires, car l’entreprise est une organisation «totalitaire ». C’est à dire que l’entreprise se présente parfois comme un Totem qui demande d’être adoré, le totem n’est pas gênant en lui-même, ce qui l’est, c’est de ne pas savoir déterminer s’il protège et concours aux intérêts du groupe de la communauté où à ceux de particuliers qui n’ont rien à faire du groupe et de la communauté, dans la recherche de la toute puissance.

Je veux dire par-là, que l’épanouissement individuel qu’offre «l’esprit d’entreprise » restera lié à un but défini ou représenté par la quête du profit, de la plus value, du bénéfice, bref de l’argent, aux profits d’intérêts individuels, dirigés par des systèmes autoritaires directs, ou par un autoritarisme participatif efficient.

Nous passons ainsi de «l’homme se servant d’un outil », à «l’homme au service d’un outil », de «l’homme ayant besoin de biens », à «l’homme dépendant des biens », et ce, sous l’égide d’une hiérarchie pyramidale qui s’est livrée à tous les excès, en interdisant parfois les plus élémentaires besoins humains, rire, parler, se soigner.

Nous n’avons toujours pas assimilé qu’un homme épanoui dans son travail est plus productif, car il ne produit pas de « déchets » (maladies) liés aux stress. Je n’ai en tête que le souvenir d’un industriel anglais du milieu du XIX ième siècles avait eu l’audace de dire qu’il avait observé que les salariés qui avaient eu le temps de se reposer étaient plus productifs.

Ainsi, les enfants que nous éduquons dans l’enseignement manifestent souvent entre 15 et 25 ans un esprit critique, et cherchent souvent à s’émanciper de ce qui leur apparaît être des contraintes. Mais quand ils entrent dans le monde actif, dans l’univers de l’entreprise, la structure despotique de l’entreprise ou son efficacité finit par les phagocyter, et ils deviennent porteurs des mêmes concepts, d’autant plus qu’ils se situent haut dans la hiérarchie.

Ceci explique qu’aujourd’hui, le concept «l’État doit se gérer comme une entreprise » ne choque pas (limitation voire suppression du déficit budgétaire), sauf pour ceux qui connaissent le Keynésianisme.[129]

Les surplus dans l’agriculture l’illustrent parfaitement. La capacité de production dépasse de loin les besoins, et fait baisser les prix. Cette réduction les rend très accessibles, et leur vente ne suffit pas à fournir un revenu convenable aux agriculteurs. Une régulation de ces surplus a nécessité une aide au maintien du revenu des agriculteurs par une politique agricole budgétaire.

Cette politique est appréciée différemment. Les petits exploitants s'en plaignent, en percevant leur travail comme étant déprécié en recevant l’aide communautaire presque comme insultante, tant qu’il n’est pas envisagé de la supprimer, tandis que les grandes entreprises agricoles en jouent, en les cumulant.

Pourtant, petits et grands exploitants, s’ils pouvaient vendre au prix de leur revenu annuel un pigeon, à un «pigeon », ils le feraient. C’est cela la limite de l’épanouissement individuel de l’esprit d’entreprise. Même s’ils ont pu s’épanouir (faire état de leur capacité et de leur savoir-faire) au travers de l’étude ornithologique du pigeon, et de la création de leur entreprise.

Les industries pharmaceutiques face aux maladies rares ou aux thérapies coûteuses (sida) ont cette problématique, entre leur activité humanitaire, et l’approche mercantile de cette activité. Si c’est la loi du marché qui l’emporte tout ce qui n’est pas productif sera écarté. Si nous appliquons une politique Keynésienne, l’État (nous citoyens) viendra réguler cet antagonisme entre intérêt particulier et intérêt humain (l’espèce).

Nous retrouvons la même problématique dans l’utilisation de certaines licences de découverte dans le domaine médical, et nous devons nous poser la question : Quand doivent-elles appartenir au patrimoine de l’humanité ?

Si nous observons nos comportements économiques, il n’échappe à personne que nous passons notre temps à tirer profit de tous nos rapports d’échanges en essayant de nous auto exploiter au mieux, de nous auto duper s’il le faut, considérant parfois que la meilleure affaire, c’est quand nous avons pu gruger l’autre.

Dans le même temps, chacun essaie d’échapper à l’exploitation ou à la duperie en essayant de mettre en place, par des réglementations dans tous les domaines, y compris celui économique, des contres poids ou contres pouvoirs.

Pourtant, nous continuons à considérer et dire, que nos rapports doivent être la résultante d’une libre concurrence, que le bon sens commun moralisé interprète comme concurrence «en équité », ce qui est tout, sauf une réalité.

Cette libre concurrence cache seulement le discours que les charges d’exploitations (comprenant impôts et salaire) doivent être réduites, et comparables dans l’élaboration d’un même produit.

De ce fait, la confrontation avec des produits élaborés dans des États au niveau social bas, conduit la concurrence à s’aligner sur eux, (discours sur la réduction des charges, suppression du SMIC, délocalisation). Conduit aussi à faire du développement social, non plus un enjeu politique, mais un enjeu exclusivement économique, où il faut démontrer qu’une évolution sociale doit coïncider avec les masses monétaires disponibles. Je ne sais pas si nous nous rendons compte de cette absurdité. C’est comme si quelqu’un nous disait : La vie sur terre ne peut exister que parce qu’il y a la monnaie ou la vie nous vient de la monnaie.

Cette libre concurrence engendre seulement la primauté du plus fort, définit la primauté qui conduit les intérêts antagonistes des employeurs et des salariés, à s’aligner sur des critères opposés, car ce qui est charge pour l’entreprise est revenu pour le salarié, avant que ce revenu ne redevienne en retour, ressource pour l’entreprise.

Nous avons donc construit notre développement sur des rapports «négatifs », nous contraignant ainsi au «collectivisme » plutôt que de reconnaître ce «collectivisme » comme une capacité fabuleuse d’association d’un être «Holistique » recevant et donnant, au lieu de s’accaparer et rendre, et d’un Être qui sait inventer parce qu’il rêve individuellement, et dont l’accomplissement de son rêve ne peut se faire qu’avec les autres.

Je m’explique.

Depuis l’essai déviant du Marxisme dans les pays de l’Est, le mot collectivisme[130] s’est «péjoré[131]». Pourtant il n’est rien de plus que la reconnaissance de la mise en commun de notre « accoutumance structurant de la force de travail », de la capacité de s’associer pour être plus fort, dans le but de produire, et de devenir «copropriétaire » des moyens de production. C’est malgré tout cette tendance qui s’opère par des voies détournées, voies qui ne veulent pas dire leurs noms (intéressement, participation, actionnariat). Ainsi, cette communauté de travail s’exprime toujours, quel que soit le nom que nous lui donnons, et ce dont nous débattons, ce sont de ses formes. Et dans un Univers où tout est association, il est illusoire de croire que les désirs refoulés ou rejetés, ne finirons pas par trouver l’expression d’une forme d’association. Alors, ils s’arrangeront de mots et d’un langage pour exister.

Cela même si passagèrement nous sommes capables d’aller vers le suicide altruiste, égoïste ou anomique.

Il serait donc aussi faux que je dise, que «l’économie étrangle le social », que de dire que «l’économie crée le social », même s’il ne manque pas là non plus, d’instant arrêté, de niveau de palier pour le démontrer, tout comme nous pouvons démontrer que l’économie est facteur de guerres, ou qu’elle évite les guerres.

En effet, s’il y avait une seule de ces assertions d’absolu, depuis le temps nous le saurions.

Ainsi, d’un débat dialectique à un autre, chacun essaie de convaincre (souvent le moins aguerri), de telle sorte que nous pourrions expliquer avec autant de démonstrations avérées, que l’économie créer le social, comme son inverse, et que l’économie fomente des guerres, ou qu’elle relie les hommes.

La différence tient à notre apprentissage d’un développement intellectuel partial.

Cette partialité c’est aussi Lui, l’homme, qui la saisira par son intelligence, quand nous développerons ce qu’il y a de «positif » en nous par l’apprentissage, notre fabuleuse capacité d’emmagasiner des informations pour rêver et découvrir, comme nous le faisons avec ce qu’il y a de «négatif » (nous convaincre de passer, dans l’actuelle organisation, notre temps exclusivement au travail), et que nous le présentons comme une fatalité.

En effet, l’histoire de presque tous les États est formée des louanges faites à l’élite dirigeante, celle-là même qui guerroie sans cesse, et pour laquelle la consécration est, «posséder, convertir, et s’enfermer dans ses possessions et ses concepts ».

Aujourd’hui, nous sommes toujours sous ce même rapport, sauf que la possession (hors patrimoine) est le revenu du marché, et le fief «l’Entreprise ». Entre les deux, c’est le langage qui a changé. Je suis, certes, volontairement excessif dans la comparaison, mais même les moins naïfs savent que ce sont des rapports guerriers que nous entretenons au travers des rapports économiques.

Est-ce inéluctable ?

Est-ce qu’il serait stupide d’imaginer qu’un entrepreneur fasse appel au partenariat pour son projet plutôt qu’au salariat ?

Doit-on rester en état de servitude, même si sa forme moderne s’appelle le salariat, si la forme moderne de la vente d’esclaves s’appelle le placement ou l’intérim, parce que nous nous abusons en disant, «nous avons la liberté de ne pas nous y soumettre » ?

Est-ce impossible d’imaginer que le travail devienne une part de l’actif auquel il contribue ?

Est-ce impossible de compter différemment l’activité sociale ?

Doit-on rester sous la forme de dépersonnalisation des S A ou doit-elle poursuivre sa collectivisation par l’actionnariat jusqu’au bout en y intégrant tout son personnel jusque dans les décisions ?

Pourquoi le salarié de l’entreprise X doit-il passer par les placiers pour obtenir une part de plus value à laquelle il contribue en tant que salarié ?

Pourquoi faut-il que le salarié soit stupide pour ne pas comprendre que les taux de rendements qu’il exige de la part de ses placements, c’est lui qui les paiera par et dans son travail ?

Doit-il ne pas comprendre que dans certains cas, c’est lui-même qui se poussera au licenciement, lorsqu’il est client, et usager.

Est-ce qu’il est démontré quelque part de manière absolue que la condition humaine voue les Etres à être exploiteurs ou exploités ?

Est-ce que notre imagination ne fonctionne qu’avec de l’adrénaline causée par la peur ?

Le monde de la recherche fondamentale nous démontre que non, tout comme bien des philosophes grecs et autres. Ils démontrent qu’il suffit parfois d’avoir seulement envie de savoir, envie de créer, envie de repousser plus loin notre fragile condition humaine. Envie de voir notre futur autre que notre passé, envie d’être un individu avec les autres, plutôt qu’être la prison des autres. Envie de rêver...

D’être un individu qui aura développé sa personnalité culturalisée, toutes ses capacités, pour s’associer comme le monomère de Sapiro dans un «sourire » (note 20) avec d’autres semblables ou différents, suivant le regard que nous portons sur lui, et non pratiquer le culte de la personnalité, car en s’associant il ne pourra pas rester ce qu’il était.

Ainsi, par des jeux du langage, nous nous dessaisissons parfois de notre humanité, comme si, lorsque nous œuvrions au sein de l’entreprise, s’en était fini de notre personnalité humaine. Comme si l’économie ne devait être que l’expression de notre violence ! J’entends par la violence, l’agressivité innée due à l’espèce apte à survivre que nous sommes, et que nous érigeons en violence culturelle, dont certains y attribuent les progrès de notre société.

Notre intelligence en concevant «l’entreprise », a conçu un merveilleux outil qui est un outil créateur de biens et de services à notre usage, et où notre intelligence devrait y trouver sa fonction d’utilité essentielle produire pour satisfaire nos besoins, mais nous continuons à reléguer cette fonction au rôle de subsidiarité de recherche de la richesse. C’est pourquoi, si nous devons y travailler dans des structures plus ou moins élaborées, il ne faut pas perdre de vue que l’intérêt auquel cet outil contribue aujourd’hui, animé par ceux qui le dirigent, est à finalité lucrative[132].

Pourtant, ce n’est pas l’outil qui dirige l’entreprise, mais bien les hommes. Les hommes avec leurs difficiles relations envers leur «Pouvoir », un pouvoir qu’ils éduquent d’esprit de domination des uns envers les autres, cela même au travers de tous les instruments de leurs créations, instruments qu’ils figent pour les servir, lorsqu’ils en retirent une toute-puissance. Cela conduit les hommes à prendre, à la fois le risque du suicide égoïste à titre individuel ou y conduire une société quand le fait devient majoritaire, et de se maintenir par l’organisation industrielle dans un suicide altruiste (être accro du travail, ou y sacrifier sa vie). Pour reprendre l’exemple du suicide altruiste de Durkheim, qui dit que l’homme se tue quand il est trop intégré dans une société «quand on est habitué dès l’enfance à ne pas faire cas de la vie, et à mépriser ceux qui y tiennent avec excès, il est inévitable qu’on s’en défasse pour le plus léger prétexte… ».[133] Il en est ainsi de l’organisation de l’entreprise qui s’est personnifiée effaçant de ce fait l’individuation (individualisme socialisant) de la plus part de ses membres, pour n’en retenir que ceux qui pratiquent l’individualisme excessif (ne vivent que pour l’entreprise, l’esprit d’entreprise) conduisant au suicide égoïste ou altruiste, ceci par l’usage des mots et de la dialectique, au service d’un but individualiste, qui les pousse à croire que chacun pourrait exister sans les autres. Ce qu’ils n’en retirent en fait, n’est que le choix d’une mort.

Aujourd’hui cette mort, elle se mesure moins en suicides effectifs, qu’en dose de tranquillisants ou de thérapies de toutes les sortes pour pouvoir continuer à la vivre.

…qui enserre la pensée…

Cela signifierait-il que l’actuelle organisation économique est immuable, et que nous aurions trouvé la pierre philosophale dans ce domaine ? (Alors que nous avons encore 800 000 ans[134] estimés avant notre prochaine évolution).

Aussi, je comprendrais mal que l’on vienne dire au nom de l’entreprise, que les hommes n’ont pas le droit de développer une autre source de richesse en dehors d’elle.

Néanmoins, je comprends que les détenteurs du pouvoir économique disent qu’ils n’entendent pas le partager, car «l’entreprise » est aussi une arme, une arme de conquêtes. Si bien que, comme je le disais plus haut, c’est une décision politique qui intervient toujours.

L’entreprise n’emploiera du personnel que si elle y trouve un intérêt, et c’est bien qu’elle fonctionne ainsi, l’entreprise n’a pas pour finalité de donner du travail, mais de produire des biens et des services. C’est aux hommes à se trouver une autre source de revenu ou modifier le système monétaire. C’est à eux de s’interroger sur leur devenir, pas à l’entreprise. Encore, faudrait-il que leur majorité connaisse les mécanismes de l’économie, et ne pas prendre des valeurs relatives pour des valeurs absolues ou réelles.

Comprendre que la Liberté n’est que la compréhension de la somme des « prisons » dans lesquelles nous enserrons notre corps et notre esprit, et ne pas entretenir avec l’entreprise des rapports de maître à esclave, où quand le maître disparaît, l’esclave cherche à qui se vendre. Nous désirons tous être des maîtres, alors que nous ne sommes qu’interdépendants les uns des autres. Pourtant ce qui est important ce n’est pas d’être maître ou esclave, ce ne sont que des mots. C’est de savoir être ce que nous sommes, des Êtres communicants, mais cela se découvre par l’instruction, la connaissance, le Savoir, et comprendre que ce n’est jamais acquis indéfiniment puisqu’il s’agit d’une démarche culturelle, que cela demande des années d’apprentissage, pour ne pas dire la vie.

En fait c’est si difficile que la plupart du temps nous préférons utiliser, dans bien des cas, un langage plus rapide et universellement connu, les armes, cela même quand nous savons qu’après la confrontation il y aura la réconciliation.

…et la «ghettoïse[135] »…

Sans nous en rendre compte, par souci de clairvoyance, dans la complexité de nos sociétés nous nous sommes «ghettoïsés » dans des mots conceptuels [136](Liberté, Vérité, Dieu, Loi, etc.) qui sont issus de nos comportements, et qui en génèrent de nouveaux, assurant ainsi un renouvellement du langage normatif.

Pour n’en retenir que deux, nous sommes passés «d’ouvrier marmonnant au salarié participatif », et «d’usager patient à client exigeant ». Nous avons créé une séparation, une dichotomie entre ces deux manières d'être, par des appellations nouvelles pour la même personne, concrétisant en cela ce que nous pensons être une adaptation ou une réformation.

Pourtant, par réciprocité, il est possible que le salarié interroge le client, comme hier l’ouvrier interrogeait l’usager, c’est toujours la même personne, sauf que les hommes endossent aussi facilement des mots conceptuels, qu’ils endossent les costumes du «prêt à porter », même s’ils n’ont pas été taillés pour eux, mais pour un système. Tout comme nous laissons à d’autres, les spécialistes de l’économie, le soin de nous dire quels doivent être nos comportements dans l’un ou l’autre de ces rôles sociaux, après qu’ils les aient soigneusement étudiés.

Exemple au travers du mot performance dans un commentaire sportif. Assez souvent, l'on nous explique, pour remplacer le mot performance, que les acteurs d’un sport se dépensent à deux cents pour cent, indiquant peut-être, qu’à l’exactitude du propos se substitue l’impétuosité émotionnelle, feinte ou non, mais, constituant une inflation du verbe, signifiant que pour être performant il faut dépasser ses propres aptitudes.

Ils normalisent en cela une activité hors norme (nécessitant une préparation particulière), pour en faire la norme, et reléguer ainsi à l’anormalité le normal (rythmes biologiques).

Cela serait amusant, si, dans les faits, nous ne mesurions pas cette inflation verbale et verbeuse en quantités de tranquillisant ou dopants de toutes sortes. C’est à dire, si l’exigence de la performance au quotidien dans notre organisation économique ne nous poussait pas à dépasser les rythmes biologiques, et cela sans aucune préparation.

Dans l’habillement le même phénomène d’enfermement existe : ce que nous appelons le phénomène de mode.

Mais au-delà, c’est à dire, même au-delà de la seule identification sociale, il y a l’habit d’appartenance que nous impose parfois de porter la société idéologique X, il y a celui de l’entreprise Y que nous devons vêtir sous peine de licenciements (de la même manière que nous marquions les esclaves jadis). Il y a l’habit physiologique, celui du physique de toutes les hôtesses d’accueil et autres, où l’on rejette les laides, les boutonneuses, les grosses, les trop typées, où l’on mute dans le meilleur des cas les belles devenues trop vieilles.

Il y a aussi l’habit de marque au nom célèbre, et celui qui transporte la marque référentielle ostentatoire, qui est celui qui nous transforme en support publicitaire de plein gré.

Pourtant, le plus insidieux est quand l’habit fait le moine, et surtout quand l’instrument exprimant la personnalité la façonne à notre insu, quand nous nous personnifions à la demande.

S’il est difficile d’échapper à ce phénomène qui organise toute notre existence, nous pouvons tout de même en prendre conscience, en comprendre par exemple que ce n’est pas nous qui organisons notre vie autour de notre sociabilité[137]. Celle-ci s’organise autour de la monnaie, et à travers le mot magique de «réduction des coûts dans sa forme actuelle », et de fait nous réduisons aussi notre sociabilité.

Le risque est de ne pas s’apercevoir qu’à des mots et concepts nouveaux, correspondent des comportements parfois archaïques, réactionnaires ou des duperies.

Le cocasse, ce n’est pas de contester la liberté de chacun, ni le rôle d’identification ou de repères qui découlent de ces pratiques.

Le cocasse, c’est d’observer que le discours libéral s’accommode parfaitement des comportements collectifs, en les suscitant quand l’esprit compétitif productif s’harmonise parfaitement avec l’intérêt.

Le cocasse, c’est également d’observer que chacun veut être maître de ses choix, tout en y enfermant les autres, cela revient à dire que chacun voudrait que l’autre lui soit acquis, plutôt que de se retrouver en lui.

Ainsi, sur dix personnes nous aurions dix groupes potentiels de dix, puisque chacun voudrait que les autres lui soient acquis, et cela, parce que nous lui avons répété de génération en génération, que dans tous les groupes se dégagent toujours un dominant naturel issu de la confrontation primitive dont nous avons fait l’interprétation et qui ne se retrouve pas dans les traces de l’art pariétal. Alors qu’il ne domine que par défaut, parce que les autres ont une «bonne ou mauvaise » raison de le laisser dominer pour que s’exprime la représentation du groupe, de la communauté.

En conséquence, je peux dire que chacun d’entre nous est par un mauvais apprentissage un «collectiviste » ou/et que l’individualisme est une sociabilité manquée.

Comme quoi, le débat pour ceux qui penseraient encore que l’individuel et le collectif s’opposent, peut se résumer à compter le nombre de personnes qui portent la même paire de chaussettes que leur, «moi je», c’est à dire qu’au quatre coins du monde il y a peu de chance que l’on trouve un individu que sa personnalité lui suggère de sans chausser la tête, sauf dans l’art conceptuel, car inévitablement les hommes ont des goûts et comportements communs, cela dans un choix restreint par l’espace géographique, et aujourd’hui étendu par les moyens de communication, et qu’il s’en trouvera toujours pour vous dire qu’ils veulent la même chose qu’un autre.

Les hommes sont condamnés à se rencontrer, et à se retrouver ou se reconnaître dans un autre, et à agir ensemble.

Cela limite toute la pensée pseudo libérale qui ne peut trouver son expression que dans une organisation collective. Elle y parvient en organisant la soumission économique par le revenu au travers d’entités «totalitaires » (entreprises) nées du vocable liberté, de la liberté d’entreprendre, des hommes qui rêvaient d’être roi à la place du roi.

Cette soumission hégémonique ne cessera que lorsque le système actuel entrera en concurrence avec un autre, faute de le comprendre, pour se réformer.

Ce que j’ai trouvé de merveilleux dans le libéralisme, c’est qu’il s’arrête aux portes de l’entreprise, où il y fait l’apologie du despotisme au nom de la propriété privée.

Il entretient la confusion que tout propriétaire qui, s’il dispose à sa convenance de son bien, croit qu’il dispose également de la même manière des personnes qu’il emploie (d’où le code du travail).

Aujourd’hui, la propriété d’entreprise que je vise, s’est dépersonnalisé au travers de la «Société Anonyme » (sous toutes ses formes), permettant à ses gestionnaires de ne pas assumer la responsabilité de leurs gestions en cas de faillite, en la transférant à des formes impersonnelles ou multi personnelles, représentant les actionnaires. Actionnaires qui ne sont jamais inquiétés, alors qu’ils disposent de titres de propriétés par l’actionnariat.[138] Le seul risque de l’actionnaire est, la fluctuation de la valeur de l’action, et la perte de la mise de fond.

Ce que je veux souligner par cette observation, c’est que le libéralisme prône la responsabilité individuelle de nos actes, et que si les hommes ont des droits ils ont aussi des devoirs, hormis le fait, qu’il sait aussi trouver les formes qui permettent de s’y soustraire, d’y échapper, et laisser à la charge de la collectivité les conséquences d’une mauvaise gestion d’entreprises (faillite). C’est ce que j’appelle l’ambiguïté du discours, discours qui varie en fonction de ses intérêts.

Et cela, même si c’est pour faciliter la prise de risque des entrepreneurs, en minimisant celle-ci pour permettre des constructions industrielles qui ne pourraient être couvertes par les biens personnels des dits entrepreneurs, ou qui conduiraient à la faillite tous les actionnaires, s’ils devaient la couvrir sur leurs biens personnels.

Il y aurait moins de spéculation si une loi obligeait les actionnaires à couvrir les passifs des entreprises, ne serait-ce que par un prélèvement obligatoire sur les actions, palliant ainsi ce risque en alimentant les ASSEDIC, le fond de garanti, et une caisse à destination des créanciers (fournisseurs, sous traitants), car tous les prélèvements versés par l’entreprise sont payés par le client.

Mais voilà, nous nous fabriquons des ghettos artificiels, et ensuite nous nous étonnons des effets de leurs interactions.

…pour combien de temps.

Toutes nos relations issues de nos émotions sont presque encadrées, formalisées (encodées) pour nous permettre d’assurer une certaine fluidité (homogénéité) à notre multitude humaine, et y lire notre activité hétéroclite.

Dans le cadre des contraintes physiques que l’univers nous impose, (dont la maîtrise de certaines a permis notre essor technologique), nos jugements de valeur sont émotionnels et suggestifs. Leur normalisation permet d’assurer la cohésion des groupes d’individus et constitue leur ethnogenèse.

Néanmoins, puisque ce sont des jugements de valeur subjectifs, ils sont tous contestables dans l’absolu, et cela permet aux civilisations de se succéder. C’est le «relativisme culturel », dont l’acculturation est la démonstration.

Nous ne pouvons pas dire d’après les traces archéologiques et les lectures qui nous ont permises de comprendre et d’apprendre l’existence des civilisations passées, que les dominants de chacune d’elles, assurés de leurs certitudes aient voulu laisser leur place, et considérer leur propre culture comme une valeur relative. Pourtant, le temps a eu raison de leurs certitudes absolues.

Puissions-nous le comprendre à présent afin que le travail des anthropologues et archéologues ne soit pas vain !

Ces mêmes certitudes, nous les affirmons aujourd’hui avec heureusement beaucoup plus de moyens et de compétences.

Toutefois, le risque demeure le même que par le passé, c’est à dire celui de croire que les idoles que nous bâtissons suffisent à nous prémunir de l’évolution.

Nous avons toujours des hommes qui ont besoin de titres de «rois », comme si être simplement un être humain n’était pas difficile en soi, et d’autres qui ont besoin de les adorer.

C’est cette orientation qui transpire parfois de tous les «accrocs » à l’économie de marché, sans trop s’apercevoir pour autant qu’ils entrent en prêtrise, et limitent l’activité de leur idole (l’homo oeconomicus) à leur propre dévotion.

Ils condamnent ainsi l’Homme à n’être que le tube digestif de l’économie.

Ils limitent ainsi sa substance, et son entité, à n’être que deux trous, l’un mangeur de bien et service, l’autre évacuateur de monnaie et de déchets, et ce, quel que soit l’intérêt que celui-ci y trouve.

Ce faisant, ils récupèrent la monnaie et laissent les déchets à la charge de la collectivité future.

Comme nous le savons aujourd’hui, il n’y a de génération spontanée dans aucun domaine, tout notre futur est contenu dans notre passé, d’où nous le faisons émerger grâce à notre intelligence. Bachelard disait : «Le futur ce n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire ».

C’est pourquoi, notre futur économique est contenu dans l’organisation de notre présent économique. Dans cette loi du marché, qui basculera lorsqu’elle atteindra son seuil critique (ordre / désordre), de la même manière qu’ont basculé les civilisations passées, lorsqu’elles l’ont atteint, et qui a entraîné leur extinction.

Alors, allons nous attendre le seuil critique, ou allons nous l’anticiper ?

Allons nous attendre le seuil critique, ou réveiller l’homo-sociabilis ?

Nous pouvons aujourd’hui estimer que la suprématie du «Blanc » (d’origine indo-européenne) va s’éteindre d’elle-même, compte tenu du taux de natalité inférieur à son propre renouvellement. L’activité économique importera de fait des populations extérieures, et nous seront conduit vers un métissage. Au-delà de la couleur, qui n’a d’intérêt que pour les racistes, (qui sont d’ailleurs condamnés d’avance et qui en perpétuant la xénophobie fabriquent de futurs martyrs), c’est le mélange des croyances qui va constituer la difficulté maximale, et ce, au travers de celle qui se présente sous son aspect le plus hégémonique aujourd’hui, l’Islam. Non parce que c’est l’Islam, mais parce qu’elle est dans sa période obscurantiste, la «dogmatisation », et constitue, et la voix, et la voie d’une forme d’opposition politique aux pays riches. Pays riches pris aussi dans leurs représentations dogmatiques, «le judéo-héléno-christianisme et la colonisation économique ». Nous savons d’expérience, que contre des convictions les armées sont de peu de poids. Alors il faudra que «l’homo oeconomicus », dans ses rapports et ses échanges catégoriels, comme dans ceux avec l’extérieur, songe à laisser une place à «l’homo-sociabilis », afin d’y développer l’émancipation intellectuelle, de manière que le langage économique ne se limite pas à poser «seulement des entraves de geôliers».

En effet, la comparaison des tendances démographiques entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement ne va cesser de s’accroître. Les régions développées, Australie, Amérique du Nord, Europe, Japon, Nouvelle-Zélande, abritent 1,2 milliards d’habitants avec un taux de fécondité de 1,57 enfants par femme. Dans les 50 prochaines années, leurs populations ne devraient pas évoluer car leur taux de natalité va rester inférieur au taux de renouvellement (qui est de 2,1), avec des disparités. On notera un affaiblissement dans des pays comme l’Espagne, la Fédération de Russie, Hongrie, Italie, Lettonie et Portugal, parce que leur taux de renouvellement avoisinera le zéro. Celle des pays comme L’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les États Unis seront ceux qui auront un taux de renouvellement le plus élevé autour de 1, en parti du fait de l’immigration.

Dans le même temps, les populations des pays en développement qui abritent 4,9 milliards d’habitants auront doublé, passant à 8,2 milliards d’habitants avec un taux de fécondité de 3,1 ; parmi lesquels les pays les moins avancés, se situant en Afrique, auront eu triplé la leur, passant de 269 millions à un milliard, avec les taux de fécondité les plus élevés ; alors que l’ensemble des pays les moins avancés passera de 658 millions à 1,8 milliards. Corrélativement l’urbanisation s’accroîtra également les villes de plus de 1 million d’habitants passeront de 4,3% en 2000 à 5,2% en 2030 et celles de moins de un million passeront de 28,5% en 2000 à 30,6% en 2030. (Source, UNFPA réalisé sur la période de 1995 à 2000.)

Comme je ne vois pas toute cette population aller sur les bancs de l’école pour apprendre la relativité de nos valeurs, et celles «du monde sensible ».

Il est facile d’imaginer que le souci de se nourrir donnera plus d’acuité aux penchants d’aller chercher ailleurs ce dont ils ont besoin, et ils deviendront de fait réceptifs à toute idéologie porteuse d’une espérance.

Mais il ne faut pas rejeter ce qui fonctionne…

Toutefois, l’avantage que présente cette loi du marché, c’est offrir des biens et des services dans le cadre d’une anticipation qui peut être à la fois planifiée (projet), suscitée (publicité, offre), suivie (demande), et ce, peut importe qui pourra bien s’enrichir au passage dans une loi du marché sociabilisé et socialisante.

Cela, pourvu que nous comprenions que ce ne sera jamais, tous les hommes, quel qu’en soit notre désir, et que les hommes qui le seront, ne le seront jamais à titre définitif (perpétuellement). Donc, rien ne nous contraints à fabriquer des pauvres ou d’en conserver, pour se reconnaître riches. Tout comme la richesse peut reposer sur d’autres critères, que ceux que nous avons établis.

Et cela nous est permis ! Permis, justement parce que la monnaie est fictive, et qu’elle peut être utilisée pour développer des marchés là où il n’y a rien.

L’essentiel demeurant que son organisation monétaire permette à chacun de disposer d’un revenu sans altérer la capacité à produire, et s’est là le plus difficile au travers des normes «méritocratiques » en place. Particulièrement devant le difficile problème de la motivation, celle qui consiste à développer, consentir un effort contre une récompense (l’effet carotte).

…dans une organisation de papier.

Aujourd’hui, il est plus facile d’aller sur la lune, que de persuader les hommes qu’ils vivent dans un système monétaire fictif.

Il est tout aussi difficile de les persuader que la circulation réglementée de monnaie ne doit pas être un mur infranchissable, car ce mur n’existe que dans notre esprit, et ce n’est pas ce mur de papier virtuel qui est infranchissable, mais seulement certains de nos comportements et préjugés.

Ainsi, vous comprenez mieux à présent pourquoi je vous propose de développer la connaissance, car c’est elle qui nous permet de porter un regard critique sur toutes nos créations.

Si la loi Moore[139] pouvait s’appliquer à notre intelligence cela serait merveilleux, car nos échelles de valeur n’ont pas heureusement, un caractère héréditaire. Faute de loi Moore, nous devons évoluer par succession de civilisations, par acculturation, et «culturalisation »[140], mais dans cette «culturalisation » nous pouvons y inclure le développement permanent de notre intelligence.

C'est pourquoi, pour utiliser un terme adorateur, et rester ainsi dans notre culturel aux pratiques cultuelles, il faut développer le «marché de l’intelligence », sans quoi les grands prêtres financiers ne le béniront pas, et cela, s’ils n’en perçoivent pas leur obole.

Quel est donc ce marché de l’intelligence qui intéresserait les capitalistes ?…

Je peux me hasarder à un petit raisonnement apagogique. [141]

L’intérêt d’une entreprise de production de biens et services serait que les hommes soient au quotidien des clients, et que la production soit assurée par des machines.

C’est ce schéma dans et vers lequel nous évoluons, et qui est lisible dans l’industrie et l’agriculture. Schéma que nous redoutons, car il est synonyme de suppressions d’emplois.

Globalement, cela s’est traduit par une réduction du temps de travail avec une augmentation des revenus, et le développement des services et loisirs.

Bien que les employeurs se soient opposés de manière constante à toute réduction du temps de travail, ils n’en ont pas moins su utiliser les entreprises pour couvrir le marché dégagé par ce créneau du temps libre, et réaliser des affaires. Le marché du loisir représente environ un quart du budget total des ménages.

Ce sont leurs facultés à «rebondir », à s’adapter aux évolutions des tendances socio-économiques, et quand nous faisons le récapitulatif de leurs possessions, en France elles ne se sont pas appauvries, (formation brute de capital fixe, 218 milliards Euro (1430,6 milliards F) en 1994 à 276.5 milliards d’Euro 1813,9 milliards F en 2000), notamment pour celles qui ont su investir dans les différents secteurs. (Cela s’entend bien sûr malgré le jeu de la concurrence).

Pour revenir à l’hypothèse retenue, le «simple client » (non propriétaire de moyens de production qui fournissent des revenus) devra, lui, se trouver une source de revenu indépendante de l’activité économique traditionnelle.

Pour cela, nous disposons et nous avons à notre disposition le système de la redistribution (circulation de la monnaie), et celui de la création de monnaie (banques et pouvoir régalien de l’État) par l’endettement.

Le premier, la redistribution, exigerait que les producteurs redistribuent leurs richesses vers les clients, afin que ces derniers disposent de revenus pour leur acheter les biens qu’ils produisent (c’est cela qui se passe dans la réalité, en échange de la capacité de travail des individus pour satisfaire à la production).

En tenant compte de la pratique de nos relations socio-économiques, qu’elle serait la raison, dans ce raisonnement absurde, qui pousserait les producteurs à redistribuer ? Aucune ! Nous n’avons pas un sens assez développé de la notion d’espèce Humaine pour cela, espèce humaine en tant que communauté globale.

Le deuxième, le client peut, faute de redistribution, avoir recours à l’emprunt pour consommer, mais comment le rendre puisque le client n’a plus de source de revenu, si ce n’est, que par un endettement perpétuel. Le client peut également décider en tant que citoyen, que l’État assurera indéfiniment ses ressources par une politique budgétaire.

Supposons un instant que cela fonctionne, les producteurs vont donc accumuler des fortunes colossales. Mais pour en faire quoi ? Allez, je vous laisse poursuivre ce raisonnement absurde. Cependant, suivant l’idée que vous en avez de ce qu’est l’existence humaine de votre alter ego, du monde, vous le ferez vivre ou mourir.

Parce que, si nous regardons l’existence au travers de l’Humain, il n’y a que des solutions, si nous le regardons qu’au travers d’un système monétaire égoïste, il n’y a que des fins. Mais, que nous fassions de l’humain un Être libre de savoir ou esclave d’ignorance, nous n’échapperons pas, et c’est en cela que je voulais aboutir, à l’utilisation de notre intelligence pour raisonner. Une intelligence dont il est plus facile de parler que de l’expliquer[142], et dont le développement dépend également étroitement des contextes «géohistorique » qui ont engendré la sociologie et les idéologies qui l’influencent.

Aussi, si dans ce schéma absurde, rien ne m’empêche de distribuer de la monnaie, je peux m’interroger : avec quelle contre partie, pour ceux qui retiennent la notion «de désirs raisonnés» ?

Avec quelle carotte, pour ceux qui sont adepte du «laisser faire » ?

Une question qui intéresse autant les clients qui ont besoin de revenus pour acheter des biens et des services, que l’entreprise dont les produits n’ont de valeur, que si elle peut les vendre.

Chacun peut avoir son idée ! Pour ma part, je propose de développer le «marché de l’intelligence» ! Cela parce que j’arrive à extraire mon raisonnement de ses contraintes «socio idéologique » conventionnelles.

Donc, dans le développement des ECPA, la part de marché qui intéresserait les capitalistes serait celle de toutes les fournitures scolaires traditionnelles, même si elles sont un produit de plus value restreinte, car ce sont des fournitures de masse. Toutefois leur intérêt est un peu plus évident si pour ce faire nous y substituons l’application des nouvelles technologies issues de l’informatique et de la communication.

Il en est également de même pour toutes les structures d’accueil à développer qui concernent la branche du BTP (bâtiment et travaux public) et les activités annexes.

Je peux souligner que je ne raisonne qu’en terme de marchés nationaux, qui sont des marchés solvables, mais de petite envergure par rapport à ce que représente aussi cette demande des pays pauvres ou en voie de développement.

… qui pourrait être estimé économiquement.

Pour avoir une idée du marché national, il suffit de multiplier le coût unitaire actuel de l’enseignement, par le nombre de personnes susceptibles d’accéder à un projet des ECPA.

Imaginons trente millions de personnes qui suivent à mi-temps un ECPA, à 5670,5 Euros (37200 Frs) le coût moyen unitaire par élève (source ministère de l’éducation nationale), soit 170,1 milliards d’Euros (1116 milliards de Frs). A ce coût il faudra ajouter la mise en place des structures d’accueil à estimer. Ensuite, il faudrait évaluer le fond du financement des revenus des ECPA. Admettons pour cela 5860 Euros (45000 Frs) par an environ (sur la base du SMC pour des mi-temps), soit 205,8 milliards d’Euro (1350 milliards de F). Ainsi, à partir de deux des éléments sur trois estimés, nous sommes à hauteur de la moitié du budget de l’État, 722,9 milliards d’Euros (4740,9 Milliards de Frs), ce qui correspond à 37% du PIB (produit intérieur brut 1404,6 milliards d’Euros (9214,7 milliards de Frs) en 2000) ou du RNB (revenu national brut 1415,9 milliards d’Euros (9288,8 milliards de Frs).[143]

…plus facilement que ses incidences idéologiques…
...

L’autre intérêt se trouve dans l’incidence qu’engendre une répartition du temps de travail. Lorsque la main d’œuvre est abondante, nous ne nous soucions guère de pallier son remplacement, d’autant plus, si nous pouvons facilement vendre son coût. Les contreparties sont de contenir les crises sociales que cela provoque en les finançant par des prestations. Ceci, plus facilement dans les pays riches où les intérêts corporatifs sont relativement structurés pour leur défense. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans le reste du monde, et ce coût pèse sur les échanges, et les marges bénéficiaires dans la concurrence internationale, et pousse les États à s’aligner par le bas.

Le discours libéral, comme je l’ai souligné, tend constamment à réduire cette masse financière (charges), soit parce que les entreprises ne parviennent pas toujours à la vendre ou qu’elle réduit leurs profits.

Elles pourraient en être soulagées si l’on opère un transfert de son coût social vers les ECPA par exemple, et par extension, le coût d’autres charges sociales suivant des modalités à définir. Ce qui entre autres excluraient les entreprises de la gestion paritaire des dits organismes auxquels elles versent ces «charges » (prélèvements), et satisferait quelques discours d’organisations syndicales, qui considèrent, que les prestations versées par les employeurs ne sont qu’un salaire indirect. Mais ce n’est là qu’un raisonnement idéologique, car dans les organismes sociaux les partenaires ne gèrent que par subsidiarité.

Pour ceux qui pourraient penser que c’est là un cadeau royal aux capitalistes, les entreprises devront en échange rétrocéder à l’État la comptabilisation de la valeur de leur propriété foncière. Ils en garderont la jouissance totale, mais la valeur foncière comptabilisée dans leur bilan, le sera également dans un compte de l’État, qui constituera avec un fond de garantie. Exemple : quand une entreprise achète à l’État un terrain de 150 Euros (1000 Frs), ce n’est pas un achat du sol qu’elle effectue, mais elle achète le droit d’en jouir à titre de propriétaire («démembrement de propriété », le Nue propriété demeure propriété de l’État, Usufruit celle du particulier ou de l’entreprise, tout comme la valeur négociable du nue-propriété, qui pourrait s’appeler «l’Usufruit nu » pour le différencier. Rien de cela ne changera les usages en vigueur concernant les droits privés attachés au titre de propriété. L’ÉTAT enregistrera sa valeur de transaction, en ayant établi une référence conventionnelle d’un seuil minimum des prix du sol. Ce procédé s’appliquera à toute transaction de terrains entre agents de l’économie ou particuliers. Ceci sans autres interventions que celles existantes pour leurs opérations commerciales ou leur succession patrimoniale, mais en ré actualisant tous les ans la valeur comptable des terrains figurant au bilan. Je reparlerai de cela dans le chapitre «quel financement».

Idéologiquement, c’est un moyen de satisfaire l’intérêt collectif et individuel. La collectivité conserve la valeur du territoire commun (Nue-propriété), et permet à chacun d’en recevoir un usage financier au travers de la rémunération des ECPA. Ceci, sans léser ceux qui pourront acquérir l’usage privé des sols (Usufruit nu), et ne pas remettre ainsi en cause la propriété privée.

Par le transfert d’une partie du coût social (prélèvements sociaux), les entreprises dans leurs échanges internationaux ne seront plus pénalisées, et celles-ci ne seront plus un facteur de délocalisation et de chantage à l’emploi. Même, si pour certaines le transfert de ces prélèvements constitue une réduction de leur marge bénéficiaire, quand elles spéculent dans les échanges mondiaux avec les «charges ».

Les fondamentalistes du collectif se réapproprient la partie foncière des moyens de production en la valorisant suivant les mêmes critères de la loi du marché, et ce, dans l’intérêt collectif.

Ainsi la propriété privée est préservée, et la propriété collective également tout en étant valorisée.

…et structurelle…

Si la réduction des coûts facilite l’emploi, celui-ci ne doit pas être dans ce cas l’objectif essentiel. Ce doit être plutôt la recherche d’un rééquilibrage en vue de dégager du temps libre, en réduisant la durée du travail pour générer un plein emploi. Ceci inévitablement dans une comptabilisation annuelle et une répartition hebdomadaire autre du temps de travail, en fonction des activités professionnelles. Ce qui offrira certes des emplois supplémentaires, mais également une orientation vers des investissements productifs faisant appel à l’innovation technologique, pour faire face à un accroissement de la demande issue des revenus des ECPA, en permettant, de ne plus avoir à craindre les investissements «robotiques » perçus comme supprimant des emplois. Cette orientation permet également aux actifs de disposer de temps libre, afin de s’inscrire dans les ECPA. Ceci, de manière que le temps d’activité d’un citoyen puisse se fractionner en quatre parties, travail, enseignement, repos, loisirs.

De manière subsidiaire les ASSEDIC pourraient être refondues ou disparaître au bénéfice des ECPA, offrant la souplesse d’une recherche d’emploi, et d’une activité valorisante.

Pourtant, le problème le plus important n’est pas structurel, même si l’introduction de revenus issus des ECPA induit une augmentation du pouvoir d’achat qui, dans l’ajustement offre demande peut susciter un risque d’inflation.

… sans occulter les risques…

Un de ces risques réside dans le glissement des actifs potentiels, inscrits dans des ECPA, vers le milieu professionnel. C’est à dire, ce qui nous motive pour occuper un emploi, car il ne s’agit pas de transférer les actifs productifs, vers les ECPA, pour en faire des actifs cérébraux qui ne produisent rien, ou d’opposer deux sources de richesse, mais de les associer.

Or, dans une société où nous occupons des emplois par défaut, ce risque est grand. D’autant plus que, dans notre culture, nous avons l’art d’opposer ce qui est complémentaire. Il serait sot d’opposer travail et développement intellectuel. Notre société est parfaitement capable d’absorber et d’ajuster cette nouvelle activité, elle en a les moyens intellectuels et économiques. Il en a été ainsi des congés payés, des réductions d’horaires, et du marché des loisirs qu’ils ont générés par une augmentation du pouvoir d’achat, contre vent et marées, des économistes biens pensants, des intellectuels idéologues bloqués, et des entrepreneurs égoïstes primaires.

Il n’y a rien de péjoratif dans mon propos, car les risques sont réels du fait même de ces comportements qui sont leur représentation dynamique du monde d’un effet boomerang.

…d’un effet boomerang.

Ce risque, cette motivation essentiellement financière (optimalisation de son intérêt personnel), est le propre produit d’un discours libéral, qui par idéologie a fait du développement individuel (optimalisation de son intérêt) la clé de voûte de son système. Celui-ci s’est développé sous le poids de sa conception de classe (le diktat des possédants), générant son antonymie tout aussi néfaste, le collectivisme au sens strict. De manière que la victoire idéologique du libéralisme ait renforcé nos comportements de type «culturel au naturel égoïste ou égocentrique», bien que dans la réalité des économies nationales les États masquent leurs comportements interventionnistes.

Mais l’idée demeure de fustiger de telles interventions, et il en découle que toute réglementation est perçue comme une agression «des droits égoïstes ».

Ainsi, la tradition dans le monde économique est de disséquer toutes les précédentes réglementations qui permettent d’échapper, ou de bénéficier des nouvelles, suivant le cas, s’est renforcée. Comme se sont renforcés en ce sens les conseils en tout genre, et chacun d’entre-nous à titre individuel pratiquons de la même manière. Donc dans cet esprit là, chacun utilise les sources de revenus disponibles au mieux de ses intérêts, et les libéraux seraient plutôt mal venus de s’en plaindre, puisqu’ils sont les stimulateurs de tels comportements.

Il n’y a donc, aucune raison que la rémunération, et la fréquentation des ECPA échappent à cet effet boomerang. D’autant plus que le comportement civique et le collectivisme (au sens étendu note 15) ont quasiment disparu dans notre enseignement, et de fait, dans la société.

Le collectivisme, un mot qui est devenu péjoratif, un mot qui s’est opposé à l’individualisme pendant plus de 70 ans. Heureusement, il retrouve toutes ses vertus sous la citation d’Aimé Jacquet[144] : «On a gagné parce que chacun s’est mis au service du collectif même si des individualités en sont ressorties ».

Naturellement, ceci s’observe tous les jours dans notre quotidien, et «l’entreprise » a essayé de le mettre en place par le biais de tous les projets participatifs. Projets qui ne résistent ni aux réductions de salaires ni aux licenciements, car seule la contrainte du chômage a assuré une réconciliation d’intérêt avec l’entreprise.

Magnifique (pourrait-on penser) que les salariés se soient réconciliés avec l’entreprise ! Mais dans le même temps la célèbre participation active des salariés japonais, bâtie sur leur relation «paternaliste d’intégration» avec l’entreprise, ne les a pas mis à l’abri du «dit » chômage. Car bien sûr ce n’est pas être bien intégré ou pas, avoir l’esprit d’entreprise ou pas qui sera déterminant, mais comment l’intérêt que nous formulons par nos désirs sociaux de produire nous allons le relier, l’associer pour en donner une image globale qui sera lu et suivi par l’individuel dans une rétroaction d’auto justification, qui inévitablement à ce jeu de va et vient nous ramène plus vers une société égocentrique que de solidarité.

Et naturellement cette image affectera tout type d’organisation qu’on lui proposera.

Ce serait une nouvelle approche sociétale…

Ces deux approches des rapports salariés / entreprises n’offrent pas une quelconque assurance quant à la conservation d’un emploi rémunérateur, car les salariés recherchent une stabilité dans des structures exclusives (réduction des coûts). Ce en quoi les ECPA peuvent pallier, non sur une durée déterminée comme les ASSEDIC, mais sur une durée permanente tout au long de la vie active, et ce, en interaction avec l’entreprise, jusqu’à bien sûr l’inévitable seuil critique de tout système qui limite toutes les organisations dynamiques.

Il s’ensuivra de nouveaux rapports, salariés / entreprises, et peut-être que la notion de collaborateur partenaire remplacera-t-elle celle de salarié, et de nouvelles formes de rémunération participative se composeront, de nouvelles motivations naîtrons.

Les partenaires sociaux devront élaborer d’autres garde-fous, les entreprises disposeront d’un peu plus de marge de manœuvre pour ajuster leurs effectifs, la souplesse étant leur leitmotiv permanent. Les salariés alors n’auront plus à craindre de façon excessive le couperet du chômage, puisqu’ils pourront demeurer ou s’inscrire dans une activité d’enseignement rémunérée pour disposer d’une source de revenu. Ceci parce que les actifs en perte d’emploi, pour toutes raisons passeront avec plus de facilité vers les ECPA à temps complet ou pas suivant leur volonté, car ils auront pris par ailleurs l’habitude de leur fréquentation, et ne percevront plus leur mise à l’écart temporaire comme dévalorisante.

Nous pouvons convenir que lorsqu’un particulier prend l’initiative d’un investissement créatif, il est normal qu’il dispose des revenus et profits de ce dont il est le propriétaire.

Mais lorsque son projet doit utiliser l’aide de tiers, alors c’est lui qui est demandeur ; et c’est une évidence que de comprendre que sans ces aides, il ne parviendrait pas à ses fins.

De fait une collaboration s’impose, et si le propriétaire veut être le maître absolu de ses décisions, s’il veut disposer du fait du prince, alors il doit rester seul. Dans tous les autres cas il y a une collaboration à imaginer pour que le propriétaire conserve les profits de son investissement et atteigne ses buts, sans s’approprier ceux générés par les tiers. L’histoire de l’impuissance collective a conçu des maîtres plutôt que des guides, mais le reconnaître ne le rend pas irréductible ; et si le code civil a analysé en 1804 la « marchandisation » de la force de travail comme du «louage de service », donc du marchandisage. Je pense que depuis 1804, il est intervenu bien des événements culturels (développement des sciences) qui nous permettent de concevoir notre activité de travail complexes entre adultes culturalisés, comme une relation humaine, et non un conflit d’intérêt.

Cela naturellement nécessite une approche plus éducative de ce que j’ai appelé le «collectivisme fractal », ou entreprendre avec les autres.

… aux effets inévitables.

Un certain nombre d’activités inévitablement disparaîtra ou devra se restructurer, et d’autres naîtront. Pour ceux, que cela choquerait, qu’ils pensent que ce sont les mêmes effets que les hommes engendrent en tant que consommateur, quand ils modifient leurs choix de consommation ou quand se fixe politiquement le taux du SMIC. Je n’ai aucune inquiétude pour les grandes entreprises, mais les petits employeurs auront également accès aux ECPA.

Petit à petit, la notion de salaire a cédé le pas à celle de ressource incluant d’autres revenus que les seuls salaires, notamment ceux de transferts issus du versement de prestations, et d’exonérations en tout genre.

Désignés, salaire, vacation et autre, en fonction des divers métiers, dans l’organisation économique et sa comptabilisation actuelle, les revenus comportent un paradoxe inévitable, celui de créer une ressource pour celui qui en perçoit la rémunération, une charge pour celui qui la verse. Pour les entreprises les plus averties, elles savent qu’en versant des revenus, elles «refinancent » une partie de leur futur chiffre d’affaires, en même temps que celui d’autres entreprises. Donc, la stabilité de ressources qu’apportera les ECPA modifiera certaines modalités de la circulation de la monnaie, particulièrement celui du pouvoir des marchés financiers, parce qu’un éventuel surplus d’épargne, issu de la rémunération des ECPA, pourra rendre les taux d’intérêt des banques plus attrayant pour les investisseurs, et moins cher les taux de l’argent au jour le jour.

… et comme il y en a eu dans d’autres circonstances que nous avons toujours surmontées…

Pourtant, le point de rencontre de cet antagonisme, entre salarié et entreprise, est quand l’un et l’autre sont des clients, chacun voulant faire une acquisition au moindre coût. Nous tournons donc dans une spirale de flux circulatoire à la recherche d’un perpétuel équilibre, (qui ne peut pas exister au sens strict du terme, sauf de manière transitoire, l’équilibre stationnaire, l’égal du stade ultime où il n’y a plus de mouvement, où c’est la mort de toute chose), qui génère des «crises ». Des crises variant au gré de leurs ajustements de l’équilibre général, à la recherche de l’équilibre revenu dépense, de l’équilibre monétaire, de l’équilibre de l’emploi et de l’équilibre extérieur. C’est donc une ineptie que d’avoir l’obsession de la recherche d’un équilibre. Crises que nous avons toujours surmontées par des politiques d’intervention publique, budgétaires ou exonérantes, parfois les deux à la fois, donc par un déséquilibre. Ceci, parce que le Libéralisme ne peut conserver son ordre que dans une communauté organisée, vers laquelle il se tourne toujours en dernier ressort, parce que les exigences de l’existence Humaine s’imposent de fait à une existence d’équilibre comptable, et dont, il a besoin de la force coercitive de l’État démocratique ou non pour réguler les dérapages d’exigences humaines qui se manifeste çà et là. Ceci car il ne s’agit en fait, pour prendre une image à la psychologie, que la reconstruction recomposé du dominant égocentrique de la horde.

Qu’une même somme de monnaie soit inscrite sous des appellations différentes suivant son usage, cela ne nous choque pas. Cette somme, par exemple, s’appelle «charges » quand c’est le paiement d’un salaire, «revenu » quand c’est l’encaisse du salaire, «épargne » quand elle sera déposée dans une banque, emprunt si l’on désire se la faire prêter. Car bien évidemment son appellation sert à définir son usage, et parmi ses usages, le plus important, c’est celui qui constitue une ressource, celui qui passe par la case recette.

Si bien que la rémunération des ECPA, par l’apport de ressources nouvelles, créera un «déséquilibre » à l’avantage de la demande, et l’entreprise s’organisera pour en tirer profit.

Ensuite, il appartiendra aux acteurs socio-économiques d’effectuer les ajustements et les orientations utiles en fonction de projets, prenant en compte l’offre, la demande, les besoins d’épargne, et d’effectuer les anticipations.

… même en inversant un processus.

Dans les pays sous-développés la demande est énorme, donc une entreprise a devant elle un marché auquel elle peut faire des offres, puisque les hommes sont demandeurs. Pourtant, rien ne s’y réalise. Ce n’est pas que les entreprises manquent de moyens financiers, ce n’est pas que la demande n’existe pas. C’est seulement que la demande ne peut pas être formulée en masse financière disponible, et reconnues par la communauté financière comme ayant une valeur sur le marché des changes. Par conséquent, l’entreprise X n’ira pas s’y installer tant que la demande ne sera pas solvable, parce que la valeur de la monnaie dépend de la capacité industrielle des États et de leur commerce extérieur (la rentrée de devises).

Ainsi, cette situation durera jusqu’au jour où le pays Y aura trouvé un moyen d’avoir des ressources, et ce jour là l’entreprise X fera ses offres. Ce fut le cas des pays d'Asie Mineure avant la découverte du pétrole, et à contrario, c’est en micro-économie le triste sort des «sidaïques » d’Afrique.

Néanmoins rien n’empêche une banque de développement d’organiser, dans le pays Y, le financement d’un «marché de l’intelligence » suscitant une demande, comme amorce, devant conduire à un développement économique circonstanciel géopolitique.

Je n’ignore pas les difficultés culturelles que cela représente dans certains États, où en plus des multiples communautés confessionnelles et ethniques, s’y ajoutent des rapports culturels de l’homme au travail différents des nôtres, en plus de leurs besoins, pour des raisons géohistorique.

Il faut pour ainsi dire renverser le processus, où l’offre éducative créera la demande de biens, et les moyens d’un développement. C’est certainement plus valorisant que l’action caritative qui est forcément restreinte (je ne vise pas les actions d’urgences). Inverser un processus par lequel, pousser, inciter, exhorter à apprendre génère la réflexion qui engendre la créativité, et où l’incitation à apprendre procure les moyens de se nourrir.

Déroger à ce long processus de développement historique que nous avons vécu, et dans lequel il faut d’abord se nourrir pour avoir une force de production en utilisant pas à pas son intelligence d’où sort, par répartition des tâches, les biens et le temps qui nous permet de nous instruire.

Y contrevenir dans les États qui n’ont rien à échanger ou si peu, n’est pas un acte dépourvu d’égoïsme, car nous savons que les États riches ne peuvent accueillir la population de la planète, et si nous souhaitons que leurs populations demeurent dans leurs États, encore faut-il pour que cela soit possible, qu’ils puissent y vivre, et non survivre.

D’autant plus, que par les moyens de communication audio visuels, tous les pays ont connaissance de la richesse de certains autres, et les marchands d’audio visuel accroissent incidemment les désirs de richesse, et les rêves d’eldorados.

Nous ne ferons qu’accélérer un processus, par acculturation, pour les États qui en seraient demandeurs. En effet, à chacun d’entre- nous, nous ne demandons pas de réinventer l’écriture pour apprendre à lire.

Mais il faut maintenir un nouveau déséquilibre…

Je mentionnais plus haut qu’un phénomène important serait le glissement des adultes de l’ECPA vers l’appareil productif, car en supprimant le chômage, et non pas l’offre d’emploi des adultes [145], de fait, le déséquilibre tournera à l’avantage du salarié.

Ainsi, une raréfaction de l’offre d’emploi des adultes serait néfaste à la production de biens et services, si elle devait se traduire par une augmentation des coûts de production, sans qu’une compensation soit réalisée par des investissements technologiques de productivité, et une répartition du temps de travail.

Cela se comprend aisément, si nous considérons que l’intérêt d’un bien et d’un service est d’être d’un usage de masse, donc accessible à bas prix, caractérisant aussi l’élévation du niveau de vie. Pourtant l’effet boomerang est latent, face aux politiques d’embauches d’employeurs qui ont usé et abusé du déséquilibre qui leur était favorable, et ont nourri bien des acrimonies.

Pour réguler cet aspect, nous pouvons utiliser les références que nous avons établies (les trois cents articles), qui peuvent être réexaminées, pour servir d’indicateurs de seuil d’un revenu référentiel, sans interférer dans l’usage que font les hommes de leur revenu.

Cela revient à instaurer un revenu social type (comme certaines organisations professionnelles le proposent), cela en ce qui concerne le niveau de vie auquel peut prétendre tout un chacun, et qui donne un aperçu, une évaluation du minimum de la masse monétaire qui doit être mise à disposition des ménages.

C’est également introduire une référence à la population, c’est remettre l’Homme à sa place, sa place d’Être social qui a généré l’économie.

Dans les années 1970 une organisation syndicale ouvrière suggérait le salaire binôme, un salaire composé du salaire social auquel s’ajouterait le salaire professionnel. L’idée n’a pas prospéré, si bien que cette idée, a généré le SMIC, et que celui-ci a fini par gommer la part du revenu professionnel. De telle manière que l’on peut dire de certains emplois, que s’ils étaient rémunérés à leur valeur commerciale professionnelle qui se trouvent être en dessous du SMIC, ne permettent pas à un salarié de disposer d’un revenu lui assurant un niveau de vie convenable tout en passant son temps au travail. Un comble que nous justifions par notre organisation économique au travers de ses règles comptables.

Comment peut-on accepter humainement, en production d’abondance, qu’une personne qui travaille ne puisse pas vivre de son travail pour bénéficier, à un certain seuil social, des produits et des prestations auxquelles elle contribue.

Cela me fait penser une histoire : « Celle d’un agriculteur qui acquiert un âne, et décide de le faire travailler sans manger parce que la nourriture lui coûte trop cher. Un ami le rencontre au bout d’un certain temps pour prendre des nouvelles de son âne. Bien ! Au début c’était parfait, puis, je ne sais pas ce qu’il a eu, car quand il commençait à s’y habituer, il est mort ». Nous sommes un peu dans cette démarche et nous nous plaignons en plus que l’âne braies.

Ce déséquilibre de l’emploi en faveur du salarié ne doit pas tendre vers un équilibre, mais s’organiser autour des acteurs économiques, et demeurer constamment une source de croissance, dont une part sera captée par la collectivité, et une autre part par l’entreprise qui pourra en affecter une partie pour la préservation des nuisances industrielles ou autres, sans accroître ses coûts, ou en faire ce que bon lui semble. Car les chefs d’entreprises sont des hommes responsables dont la compétence globale n’est pas en cause, mais qui, partisans ou non d’une organisation systémique néolibérale, sont tenus de s’y conformer, sinon c’est le système qui les rejettera.

Et naturellement, partant de là ce n’est pas sur eux qu’il faut compter pour en changer, personne ne se défait du pouvoir qu’il s’est construit.

…sous surveillance de l’ensemble des acteurs.

Ceci ne peut pas se concevoir au travers des «seules règles naturelles » guidées par une «main invisible ». Mais plutôt au travers d’organismes comme ceux du genre des conseils économiques et sociaux, qui sont une des rares formes de démocratie de la vie civile, même s’ils n’ont qu’une fonction consultative.

Ainsi, l’incidence de la création des ECPA sur l’appareil productif ne peut pas être laissée à la seule régulation dite «naturelle », puisqu’il s’agit d’une construction intellectuelle pour laquelle nous ne disposons pas d’exemples existants, et pour laquelle j’ai au moins une certitude, c’est que le néolibéralisme seul ne peut pas en assurer la gestion.

Cela, même s’il peut continuer d’exister sous la forme qui consiste à dire que tout individu recherche à optimaliser tout ce qui peut présenter pour lui un enrichissement. Pourtant, il a aussi la capacité d’affirmer qu’optimaliser peut signifier ne pas s’enrichir sans discernement, et devoir également utiliser cette richesse pour compenser les dégâts causés par une vision à court terme de l’enrichissement.

En espèces il ne s’agit pas de dire qu’une «main invisible » viendra réguler l’organisation de deux sources de revenus différenciées et associées.

Mais plutôt de demander à tous les cerveaux imaginatifs de s’associer sur une vision à long terme, dont le plus difficile est d’entraîner les hommes sur le terrain de la réflexion pour imaginer une organisation, où peuvent coexister des antagonismes qui aujourd’hui hypothèquent notre existence même, pour satisfaire des critères de rentabilité, ignorant des systèmes de précautions, ou capable d’atteindre les limites du zéro défaut suivant l’objectif économique.

…et de notre intelligence.

Si cette notion de «main invisible » du XVIII ième siècle n’a plus de sens aujourd’hui, tant il existe des systèmes de régulation, elle retrouve une fausse nouvelle vigueur avec les tenants de la loi du marché. Ceci, comme s’il nous était impossible, à nous, humains qui tendront à une durabilité de nos relations les uns avec les autres, d’élever la compétition pour les ressources à un autre niveau que celui qui altère nos modes de vie, et transforme toute notre créativité en un effet boomerang. Cela, simplement parce que l’évolution biologique est trop lente pour soutenir le rythme dans lequel notre évolution culturelle plus rapide a pu modifier ses tendances ; une évolution biologique trop lente pour ingérer tous nos déchets.

Nous avons une difficulté énorme à gérer une fuite en avant ; d’autres diraient une évolution exponentielle, et c’est pour cela que je faisais aussi allusion à la théorie du chaos, car il arrive un moment, où il nous devient difficile de lire l’entropie d’un système comme celui que nous nous bâtissons tous les jours.

En conséquence, c’est à nous d’effectuer une transition idéologique, et de modifier nos modes de pensée, nos schémas, nos paradigmes. Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à s‘enrichir, mais seulement compter la richesse d’une manière différente, pour que personne ne soit dépourvu de ressources.

Rien ne nous oblige à convoiter la richesse des autres, puisque nous sommes capables de la fabriquer.

Pour gérer l’abondance…

Compte tenu que l’économie repose sur l’idée de rareté, un bien abondant devient inévitablement un bien «presque libre », et de là, il perd à nos yeux tout l’attrait qui nous permet de nous définir par rapport à sa possession.

Essayez d’imaginer que tout ce que nous produisons soit en abondance, notre nature humaine devrait bien trouver d’autres substituts pour s’exprimer.

Est-ce une illusion ou bien est-ce cela que nous faisons en partie au travers des loisirs ?

La rareté est-elle une contrainte incontournable ou l’expression de notre violence ?

Comme je l’indiquais dans le préliminaire, nous sommes conçus pour survivre, et nous reproduisons héréditairement nos caractères originels avec une évolution cérébrale très lente. Parmi ceux-ci, notre capacité d’agression est omniprésente, et elle utilise tous les supports pour sa manifestation individuelle ou collective, cela y compris au travers de notre capacité à produire, à échanger, à posséder, au-delà de la seule valeur d’usage de ces supports (utilitaire), comme déterminants.

Pourtant, nous ne voyons personne se battre pour un bien abondant, sauf si nous avons su créer le moyen d’en faire un bien désirable. C’est sous une certaine forme le cas de l’air qui devient source de conflit, parce que nous raréfions sa pureté.

A mon sens, cette difficulté que nous avons à gérer l’abondance trouve sa source, dans le fait que nous réagissons toujours avec des paramètres héréditaires interprétés au fil des âges. Paramètres dans lesquels toute l’activité humaine créatrice était à l’état latent, ou plus exactement en l’état de probabilité d’être, et que malgré toutes les tentatives idéologiques altruistes, notre épanouissement individuel reste axé sur une domination qui s’exerce instrumentalement toujours vers autrui, et dont sa gestion exige l’apprentissage de la réflexion.

En conséquence, soutenir que la rareté est la clé de voûte de l’économie est encore un constat de sous primate.

Parce qu’ayant les moyens de vivre dans l’abondance nous faisons de la rareté le moteur de l’émulation pour nous contraindre à une activité culturelle qui se transmet par l’apprentissage, et dont la place de l’activité cognitive grandissante devrait nous conduire à trouver d’autres formes de motivations que celle de la confrontation, car nos caractères innés ne sont pas fait pour nous entre-tuer, mais pour vivre. Et c’est à notre intelligence de ne pas développer des systèmes d’exclusions, dans lesquels nos caractères innés, de leur fonction de nous assurer de vivre (corrélation dans le système cognitif entre le conscient et l’inconscient), passe à celle de survivre qui conduit toute espèce au sacrifice de certains de ses semblables. Une fois de plus, c’est seulement, notre intelligence qui saisi la subtilité entre vivre et survivre. Ainsi lorsque sciemment nous continuons à fabriquer de la rareté en ayant perçu toutes ses incidences assassines néfastes, et en les acceptant et les reconduisant de fait, tout en les dénonçant hypocritement, nous sommes forcément des sous primates. Car les primates ne répondent qu’à leurs émotions innées, dont la recherche en neurobiologie a établi que certains disposaient d’une capacité de réflexion, et d’une certaine forme de conscience, des sous primate puisqu’il nous manque, ce dont je doute, d’un inhibiteur de violence qui constituerait alors par rapport aux autres espèces une tare congénitale qui ferait de l’homme une erreur de la nature vouée à disparaître. Si bien que si notre intelligence nous conduit vers les étoiles, elle se montre limitée dans sa capacité à développer une sociabilité d’émulation, autre qu’égoïste.

Or, nous en sommes intellectuellement capables, et c’est là toute la question ?

…en tenant compte de ce qu’est notre monde.

Cela, en tenant compte que si nous comparions nos 4,5 milliards connus de la vie terrestre à une journée, nos deux mille derniers ans n’égaleraient que 2 secondes, et notre révolution industrielle n’a commencé que depuis 1 centième de seconde[146].

Cela nous laisse imaginer la place qu’occupe la théorie de la rareté, d’autant que nous avons en partie les moyens de générer l’abondance, les capacités de la gérer, et du temps devant nous.

Toutefois, nous restons dans des concepts sociétaux élaborés aux derniers siècles, sélectifs des connaissances d’aujourd’hui, dont la mémorisation, la pérennité, la circulation, et l’usage de ces connaissances restent problématiques.

Si nous avons fait un bon technologique sans égal, il n’en est pas de même de nos schémas sociaux, où nous prenons un plaisir inconscient à faire souffrir, confondant au passage l’affirmation de soi, et la domination dont nous ne cessons de faire l’éloge.

Quel financement ?
Celui que nous pouvons créer…

Je vais parler d’argent maintenant, mais d’une manière un peu différente de celle qui consiste à aligner des chiffres, bien que j’y vienne en fin de chapitre.

Naturellement, il n’est pas question de demander à l’entreprise de financer le projet de « création » d’ECPA. Tout au plus, les entreprises les mieux structurées consacrent 2% à 3% pour la formation professionnelle (1,5 % légal obligatoire pour les entreprises de plus de dix salariés depuis 1992).

Alors, il faudra trouver une référence crédible qui permettra de ne pas s’écarter de l’organisation monétaire afin d’émettre de la monnaie. C’est pour cela que je mentionnais dans le précédent chapitre de prendre en référence le territoire national comme garantie de l’émission de monnaie, mais il peut être envisagé d’autres types de garanties, puisque à l’origine la monnaie n’est qu’un moyen facilitant l’échange[147]. Échange érigé sur un capital confiance réciproque entre les hommes dans leurs relations commerciales, et ce, pour en accepter la pratique[148]. Aujourd’hui, la monnaie sous ses diverses formes est une marchandise gérée par des spécialistes, dont la compréhension des mécanismes échappe à la plupart d’entre nous.

Nous nous bornons donc à accorder notre confiance aux institutions financières existantes (la plupart privées) constituant un passage obligé.

Pourtant, hier comme aujourd’hui, nous disposons de la capacité de créer de la monnaie à tout moment. Il suffit pour cela d’échanger un bien ou un service contre une reconnaissance de dette, sous réserve de ne jamais la convertir, et de la faire circuler. Cela nécessite comme je l’ai déjà mentionné un rapport de confiance entre agents économiques. C’est ce que font les utilisateurs du «sel et de la pomme » ; c’est ce qui se fait avec les effets de commerce, les billets à ordre, la traite.

Si je fais cette observation, ce n’est pas pour pousser à l’insurrection monétariste, mais pour indiquer que devant l’hégémonie des marchés financiers peuvent se développer des circuits parallèles, et également pour indiquer que les citoyens de n’importe quel État, et même une entente entre un nombre suffisant d’États, pourraient se livrer à une révolution monétaire, ce qui serait une première.

C’est aussi pour soutenir que l’argument, «l’argent est le nerf de la guerre », n’est qu’une capitulation de la réflexion devant l’ignorance.

Cela, parce que nous savons tous que l’ignorance se façonne des idoles, et qu'elles survivent grâce à la création de leurs magistères.

Ce que je veux dire, c’est qu’un peuple intelligent, (qui n’existe pas aujourd’hui), sans argent au sens de «nerf de la guerre », peut affronter n’importe quelle adversité sans passer par une motivation artificielle.

Si demain un illuminé parvenait à convaincre les pauvres de notre planète d’entreprendre un exode vers les pays riches, que ferions-nous ?

Ce qui nous sauve de cela, c’est que l’ignorance va avec la pauvreté, et réciproquement, et les pauvres dans leur ignorance sont les premiers à réclamer ou inventer des idoles. Ils sont encore les premiers à s’enfermer dans des espaces à la mesure de leur compréhension, ou de leur incompréhension.

Nous-mêmes n’échappons pas à cette règle, car dès qu’un événement dépasse notre compréhension, nous verrouillons notre intellect dans des paramètres qui nous rassurent. Non parce que l’intelligence nous fait défaut, mais seulement parce que nous sommes ignorants des connaissances que nous n’avons pas acquises. La démonstration évidente de la limite de notre intelligence contemporaine est contenue dans l’expression, «l’argent est nerf de la guerre ».

C’est pour cela qu’aujourd’hui, les centres de circulation ou de création de monnaie comme moyens d’échanges deviennent des temples du pouvoir financier, et certains économistes, les encenseurs actuels d’une croyance.

Nous devons également reconnaître que plus cette croyance se développe, plus notre intelligence socialisante s’atrophie ou se conditionne. Nous glissons alors vers un plus grand besoin de croyances, car nous avons cru et croyons en des contes de comptes, et comme Socrate le disait : « En lisant seulement dans des livres nos souvenirs, nous croirons être Savants (P. 88). C’est cela que nous faisons, nous lisons notre existence dans des livres de comptes et nous croyons être savants.

En cela nous sommes atteints dans ce domaine du même syndrome que les religieux qui refusent de réécrire ou réinterpréter leur livre révélé. Livres qui, écrit ou révélé pour donner la vie, sous certaines lecture creusent des tombeaux. C’est ainsi que nous, nous refusons de remettre en cause la comptabilisation de notre activité, parce que des « prêtres de l’économie » nous disent qu’il ne peut pas en être autrement.

… comme un moyen…

Cette ignorance, à laquelle je fais allusion, est celle de l’aveuglement à ne pas admettre que nous avons la capacité et les moyens de générer un développement durablement «harmonieux ». Pour cela, il nous faut regarder la monnaie sous son aspect le plus productif, comme un moyen, et non comme une fin. C’est à dire un moyen de produire des biens et des services comme but de libération, et non d’aliénation.

Devant la complexité humaine, nous avons fait de la croissance notre arbitre tutélaire, laissant à la monnaie (élément fictif), le soin de réguler notre existence.

Nous suivons en cela notre «Culture » qui nous emmène à «culturaliser» des comportements conflictuels considérés à cause d’elle, comme innés, parce qu’inscrit dans le conscient profond qui, s’ils ont été l’élément détonnant au sein de notre progrès peuvent nous être mortels si nous poursuivons notre évolution sur le seul critère de la confrontation violente et irraisonnée pour l’obtention de monnaie.

S’il le fallait, nous démontrons par-là, malgré toutes nos créations, notre insuffisance intellectuelle à intégrer dans nos concepts «sociétaux » que nous ne sommes que les maillons d’une évolution héritant à notre naissance de la charge de vivre et ce, en toute ignorance.

Charge que notre maturité intellectuelle a du mal à assumer, parce que nous l’avons découverte depuis peu, parce que ne vivons pas assez longtemps pour la développer au travers de l’apprentissage, parce qu’elle repose sur une organisation intellectuelle fragile, parce que nous avons du mal à extirper les archaïsmes religieux, parce que nous ne consacrons pas assez de temps à nous connaître, et enfin, parce qu’elle nous fait peur, car si nous étions les maîtres de l’univers, nous arrêterions son expansion pour nous rassurer.

Sans ignorer les mérites revenant au développement économique qui a contribué à une meilleure connaissance de notre existence, nous pouvons tout de même noter que l’intellectualisme[149] spirituel (la réflexion sur les expressions de notre pensée) s’appauvrit ou/et ne peut pas résister face à l’attrait de la monnaie (ne se vend pas). Il semblerait qu’ainsi nous ayons mis la main sur la société parfaite, pourvu que nous puissions intelligemment l’expliquer économiquement.

Il est difficile d’admettre pour certains d’entre nous, que notre cerveau soit remplacé par un tiroir caisse, et que nous nous laissions diriger à l’excès par lui.

Cela jusqu’à être conscient des catastrophes que nous avons mis en marche, et que nous refusons d’accepter comme réelle (sauf pour une minorité) dans une sorte de fatalisme mystique par un replie jugé égocentrique entraînant une «dyslexie » du monde.

…non exclusif.

Qu’il y ait des hommes riches, à ne plus savoir que faire de leur richesse, n’est pas gênant.

Ce qui l’est, c’est que nous pensions qu’ils doivent se défaire de leur richesse pour que d’autres puissent l’être, et ce faisant nous contribuons au maintien de leur richesse, car nous avons créé un processus où ils récupèrent ce qui leur a été pris, et parfois plus.

Ce qui l’est, c’est qu’étant riche ils se croient investi du droit «divin » qu’offre la monnaie, d’un pouvoir de décision sur la vie des autres.

Ce qui l’est, c’est qu’il y en ait qui soient démunis par le simple fait qu’à un moment ou à un autre de leur existence, ils se trouvent écartés de cette richesse. Ceci, parce qu’un système normatif et régulateur (le plan comptable), conduit à se passer du prix de la force du travail humain. Cela, parce qu’à un moment de cette comptabilisation nous interprétons notre force de travail comme un coût, alors qu’elle en est la richesse, et ce, pour deux raisons.

L’une, parce qu’elle s’ajoute au capital et qu’il conviendrait donc de déterminer un facteur comptable qui la définisse, afin que cette force de travail figure en apport de capital.

Alors que dans notre logique, ou dans ce qui est admis comme tel, nous croyons que nous payons par le revenu notre force de travail, mais en fait nous ne rémunérons que notre capacité de consommer, (c’est à dire, seulement le désir de posséder un bien en échange d’un autre et réciproquement).

Ainsi, toutes les discussions autour de la rémunération de la force de travail ne sont que «du vent », sauf si nous nous décidons à la comptabiliser en Énergie, puisque cela nous est techniquement possible, contrairement au siècle dernier.

L’autre raison tenant à ce que notre force de travail consomme et utilise ce que produit le capital, y compris le capital lui-même, qui concourt au développement et à l’accroissement des capacités de cette force de travail (machines-outils, études) ou à son remplacement (robotique). Ainsi, sans remettre en question le capital, celui-ci se verrait accru de l’apport de celui de chaque individu, et nous sortirions de cette forme de mendicité que sont les participations en tous genres, car en plus de trente ans d’expériences, il n’y a bien que les employeurs qui y croient.

A ceux qui opposent la certitude de la pleine et entière responsabilité personnelle comme auteur des choix que nous effectuons, il est bon de rappeler ce que j’ai indiqué dans mes propos. C’est à dire qu’il n’existe aujourd’hui aucun espace disponible, pour qu’un être puisse se développer en dehors du groupe, et dire d’une décision qu’elle a été prise librement signifierait qu’elle n’est pas strictement déterminée par ce qui l’a précédée (note 42), or vivant dans le groupe cela est impossible, ce qui réduit d’autant cette responsabilité personnelle qui nous plaît tant, parce qu’elle nous dispense de nous interroger sur la nôtre, que nous reportons sur l’autre, l’Homme ne s’est jamais bâti une aussi belle excuse collective.

En conséquence, si quand nous naissons nous héritons malgré nous, de la responsabilité d’assurer l’évolution de notre espèce, il n’en est pas de même du phénomène d’exclusion que nous construisons, et auquel il nous appartient d’apporter une solution.

Solution sans laquelle, les exclus, étant en parfaite harmonie avec les «lois naturelles » si chères au libéralisme, peuvent aller se servir pour survivre, même par la violence, là où se trouvent les richesses, parce que leur innée génétique a été faite pour cela, pour qu’ils survivent. Sauf à pratiquer l’eugénisme, à leur retirer les gènes qui les motivent à survivre, il n’y a pas de solution en dehors de la coopération.

Je ne dis pas cela pour inciter à la violence, mais seulement pour indiquer, et faire comprendre que nous ne pouvons tout à la fois nous approprier, et les territoires, et les richesses qu’ils fournissent au bénéfice de quelques particuliers et collectivités, afin d’en interdire l’accès à ceux qui ne possèdent pas un moyen d’échange, et se plaindre que les exclus ont tort d’avoir faim, sous prétexte que «les assister » représente une charge qui réduit les profits.

Ainsi les critères «méritocratiques » ne peuvent suffire à contenir l’inné poussé dans ses retranchements.

Pour que mes propos ne soient pas mal interprétés, je vais rappeler la notion de loi naturelle de Locke, reformulée par Thomas Paine dans son ouvrage «les droits de l’homme » (1791/Belin, 1987), axiome[150] du libéralisme lockéen qui a inspiré la déclaration américaine des droits.

«Les droits naturels sont ceux qui appartiennent à l’homme en raison de son existence : de cette nature sont tous les droits intellectuels ou droit de l’esprit, comme aussi tous les droit d’agir comme individu, pour sa propre satisfaction et pour son bonheur, en tant qu’il ne blesse pas les droits naturels d’autrui ». Cette notion de loi naturelle est un axiome, une évidence, facilement compréhensible jusqu’à «son bonheur », car ensuite, à partir de «en tant qu’il ne blesse les droits naturels d’autrui », c’est notre «nature culturelle » (le fait social) qui va fixer les règles, particulièrement celles qui vont consister à apprécier à partir de quand les droits des uns blessent les droits des autres. Plus simplement cet axiome peut se résumer ainsi : «chaque animal humain parce qu’il EST, tient les moyens de vivre devant un autre », ou «chaque hominoïde par son inné, tient les moyens de vivre devant un autre », et comme chacun peut le comprendre, ce n’est pas parce que nous avons défini qu’est naturel ce qui est naturel, que cela suffit aujourd’hui à expliquer les choses, car, du moins dans les démocraties, nous ne sommes plus dans le contexte du 17 et 18 ième siècle sous l’absolutisme, où les hommes étaient considérés comme des sujets, et où leurs émancipations du droit divin avaient un sens.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, devant la complexité même de cet axiome, la science nous a apporté quelques notions de ce que nous sommes. La physique : que nous sommes des particules identiques condamnées à s’associer, n’ayant aucune existence individuelle en dehors des autres dans un monde sensible relatif au désordre stable, et la biologie que nos gènes sont conçus pour assurer notre survie, et que nous sommes un être émotionnel réactif impulsif (sensible) avant d’être un lent raisonnable.

Ceci permet de comprendre que cet axiome peut être lui-même porteur d’absolutisme individuel, à partir d’une part : de toutes les règles qui s’en sont inspirées, particulièrement celles qui organisent la soumission, même contractuelle, car elles sous-entendent un rapport de force inégal entre les possédants et les autres, à moins de s’associer d’égal à égal,

Et d’autre part, des règles méritocratiques qui ne parviendront pas à convaincre celui qui n’a rien qu’il doit disparaître, au motif qu’il n’a pas mérité ce qu’il convoite chez les autres.

Ceci d’autant plus qu’aujourd’hui les moyens de communication en supprimant les cloisonnements, en étalant la richesse, ne peuvent que susciter les désirs, et qu’y a-t-il de plus naturel en cela, étant donné que c’est ce qui commande notre existence.

C’est pour cela que je disais dans le paragraphe précédent qu’il fallait définir une valeur capitalisable de la force de travail, justifié par, ce que l’on EST, et dont nous tenons de vivre, qui, quand elle ne se capitalise pas sous forme de force de travail, se capitalise sous forme de violence.

D’autre part, n’oublions pas que sur six milliards d’êtres humains, tout juste plus d’un milliard mange parfaitement à sa faim (rassasié), et que nous ne pourrons pas éternellement contenir à nos frontières la poussée des milliards d’autres.

A l’instar de l’empire romain aux frontières duquel les barbares,[151] qui l’ont envahi, se pressaient.

Nous encourons le même risque, même si notre puissance militaire ne laisse passer que les clandestins, car les «étrangers » s’arment également, idéologiquement, militairement, économiquement, et croissent.

L’argent comme but est une illusion…

J’ai certes pris un schéma réducteur pour formuler cette responsabilité individuelle et collective qui nous incombe, parce que les moyens d’informations et de communications nous permettent d’en prendre conscience, sauf à vouloir les ignorer, et méconnaître que l’utilisation de la monnaie au travers de ses systèmes financiers et des théories monétaires y joue un rôle.

Prenons le cas d’une banque qui consent un prêt, elle en exige le remboursement, plus les coûts de gestion, de réserve et de rémunération de placement. Est-ce une obligation incontournable que d’en demander le remboursement ?

Non ! La banque pourrait se refinancer pour ses besoins auprès d’un organisme émetteur de monnaie, et l’emprunteur ferait disparaître de ses comptes sa dette.

Oui ! Mais celui qui place son argent en banque pour avoir des intérêts, et bien il n’en recevra pas, la banque se bornera à lui tenir ses comptes. Cela ne cause aucune gêne, puisque le crédit est libre, il n’y a pas à craindre de voir se créer un marché parallèle, qui serait assez fou pour aller payer ce qu’il peut avoir gratuit.

Mais alors tous les hommes vont aller emprunter ?

Bien sur ! Ils pourraient même ne plus aller travailler étant donné que le crédit est gratuit, et acquérir tous les biens qu’ils désirent.

J’ai déjà indiqué que si le rêve de tout employeur était d’avoir des salariés qui travaillent gratuitement, celui de tout homme, n’est-il pas d’être riche ?

Vous voyez c’est facile, il suffit de libérer totalement le crédit, ce qui serait plus intéressant, ce serait de savoir combien de personnes s’y opposeraient, et quelles seraient leurs motivations compte tenu de la place qu’occupe l’argent (je ne dis pas monnaie) dans le conscient collectif. Nous pouvons en avoir un petit aperçu par le nombre de joueurs aux jeux d’argent (sans méconnaître le rôle du rêve dans notre existence, et le besoin de jouer).

Tout le monde a compris que nous régresserions en un éclair, et que l’illusion que «l’argent » (la monnaie) est «la richesse », brûlerait comme un feu de paille. Il semblerait donc qu’il soit nécessaire de faire l’apologie du travail.

C’est cela qu’ont essayé de réaliser l’ex URSS et la Chine Maoïste, en l’imposant par un encadrement dogmatique.

Pourtant, leurs échecs n’enlèvent rien au nécessaire besoin de comprendre que nous travaillons pour produire nos biens et services, dont nous retirons la prolongation de notre existence, même si nous pouvons souhaiter nous faire remplacer à terme dans cette tâche, et non pour fabriquer de l’argent.

… dangereuse…

Mais, tel n’est pas notre comportement. A partir d’une satisfaction physiologique légitime, il s’agit de trouver ce qui pourra satisfaire une demande ou constituer une offre contre de l’argent, ceci jusqu’à l’excès, et pour cela, nous sommes arrivés à nous regarder comme une marchandise.

Dés lors, dans ce contexte nous ne développons pas nos facultés ou nos capacités, nous développons notre «capital humain ». Je n’ai rien contre, mais la nuance se situe dans le vocable, et dans le choix des aptitudes que nous sélectionnons, et qui nous conduisent à privilégier un développement intellectuel comptable, nous rendant ainsi dépendant d’un outil, la monnaie, qui devrait avoir comme fonction de nous ordonner, de nous comprendre et d’évoluer ensemble, rester un «langage » de communication.

…s’il se dogmatise…

Dans l’élaboration historique d’un schéma abstrait ou «culturalisé », la difficulté consiste à saisir l’instant où, un concept quel qu’il soit devient dogmatique, perdant ainsi le bénéfice de son idée génitrice. Il en est ainsi du libéralisme économique qui, ayant démontré son utilité, se dogmatise, étendant ses règles à des économies qui ne peuvent pas les supporter.

En effet, nous ne pouvons demander à certains d’entre eux de faire en quelques années, une révolution industrielle qui nous a exigé deux siècles. De plus, nous ne pouvons pas leur demander d’inventer des matières premières que leur territoire ne possède pas.

Naturellement, ce n’est pas le concept qui le plus souvent est en cause, mais les hommes qui l’imposent par dogme ou l’instrumentalisent par intérêt, le rendant ainsi difficilement réformable ou adaptable, comme c’est le cas au travers de l’utilisation de la monnaie, ou dans l’acquisition de la devise de référence (le dollar) dans les échanges entre pays plus ou moins riches.

…à l’excès.

En ne concevant la circulation de la monnaie que comme contre partie d’un bien ou service marchand nous poussons chacun d’entre nous à tout vendre, y compris son propre corps. Et là, je ne pense pas particulièrement à la prostitution[152], mais aux ventes d’organes, d’enfants, à tout ce qui peut être considéré comme le patrimoine de l’humanité, à tout ce qui peut, par sa vocation humanitaire être sorti du service marchand, c’est à dire tout ce qui permet à l’homme de vivre, et de préserver sa vie.

Cela peut paraître excessif, pourtant, si nous n’y prenons garde, nous achèterons un jour le droit de vivre sur catalogue dans l’entreprise X. C’est le risque du clonage humain, des cliniques et hôpitaux privés, je ne veux pas nier par-là qu’il y a des hommes de haute conscience humaine pour gérer de tels organismes, ce que je veux dire c’est que la comptabilisation actuelle ne conduit pas à cela.

Imaginer avoir un monde dupliqué, c’est le conduire à l’extinction car la vie naît de l’interaction et du mélange. L’arrêter serait se suicider, car le clonage d’humain n’est qu’une multiplication végétative[153], d’autant plus que nous avons, par de meilleures conditions de vie, modifiée depuis longtemps la sélection «naturelle » permettant au plus faible de vivre, de se multiplier ou de se bonifier au hasard des croisements génétiques. Nous suspendons de plus en plus nos existences à notre technicité, à notre savoir, à nos connaissances, de manière que tout recul, ou retour en arrière serait dramatique. Il faudra bien un jour que nous envisagions de revoir la manière dont nous comptabilisons notre activité humaine, pour ne pas le subir.

Je ne fantasme pas. Dans un autre domaine, déjà certains États parlent d’acheter le droit de polluer. Je ne fais pas état de formalisme en l’espèce. Mais, nous sommes bien obligés de constater, que nous confions à la monnaie le soin d’arbitrer des problèmes qui relèvent de la conscience humaine. Parce que, comme je l’ai déjà dit certains d’entre nous ont remplacé leur intelligence par un tiroir caisse, ne donnant aucune limite à la loi du marché. Ce que je veux dire, c’est que pour préserver une rentabilité du capital au travers d’une organisation monétaire, nous mettons en balance, le risque des déficits d’une politique budgétaire pour financer le traitement de nos déchets et pollution, (car ils sont comptabilisés comme un surcoût), face à la vie de l’espèce. Il faudra bien un jour que nous comprenions, que ce qui fait notre individualité, n’est pas que nous puissions nous décompter dans notre plus petite unité, et nous personnaliser, mais bien notre espèce. Et il faudra aussi que nous regardions nos déchets et pollutions, comme nous regardons nos pathologies, comme la pathologie d’une espèce culturalisé.

C’est au travers de tel comportement, que nous pouvons dire que le système libéral conduit à des excès, et qu’il indique contrairement au sens de son thème (libéralisme) que nous nous rendons esclave de certains de nos sens, et qu’il a atteint un apogée, car il ne reste plus grand chose à «marchandiser », à part l’univers.

Et puisque je suis dans l’excès, autant poursuivre. J’ai déjà dit que rien n’est dû au hasard ni déterminé, car tout est création à partir d’un ordre sous-jacent, d’une loi d’unification, de Dieux, je ne veux oublier personne. Et il apparaît que presque chaque espèce s’acculture et se succède, sans que nous ayons pu en définir les modalités, sauf à les expliquer par des changements environnementaux, (le déluge et autre pour les croyants). Pourtant, s’il y a eu transformation, mutation, apparition, il fallait bien que quelque chose en soit porteuse. Sauf à concevoir une agression extérieure subite, qui peut être porteur de cette capacité d’évolution de l’espèce ? Sinon elle-même.

Alors, allons jusqu'à l’excès, essayons d’imaginer ce qui nous pousse vers les excès du système libéral comme facteur d’une évolution dans l’écosystème ». La première des choses que nous allons faire sans y penser, c’est y réfléchir. Puis nous allons essayer de comprendre, et de répondre à la question, mais nous le ferons par rapport à notre Savoir, à notre apprentissage bâti d’informations recueillies.

Comme la question est suffisamment ouverte, nous l’analyserons à la vue de nos propres désirs, et nous ne nous éviterons pas de passer par le schéma instrumentaliste, l’argent, et cela que nous ayons ou non donné une réponse à la question ; parce que, dans notre existence nous savons que nous allons tenter d’en posséder par tous les moyens. L’argent symbole de la possession aujourd’hui, l’argent qui a été, et est une motivation dans la mise en application de techniques polluantes et destructrices, pour satisfaire un désir de possession, que nous retrouvons tout au long de notre courte histoire humaine contemporaine.

La possession serait-elle l’élément moteur, le facteur héréditaire de toute évolution qui, quoi que nous fassions, de la simple cueillette comme nos ancêtres, au rêve le plus secret de posséder la vie éternelle en passant par la mise en œuvre de tous les produits de notre technologie, engendrera l’acculturation pour notre successeur.

Est-ce que ce serait cela, face à quoi il faut que nous fassions preuve d’intelligence ?

Est-ce ce désir qui peut transformer l’émancipation de notre espèce, en accélérateur de sa mutation ou de sa disparition ?

Alors, il y a beaucoup à dire sur la gestion de ce désir, et si j’avais une image du comble de sa stupidité à donner, je choisirais celle du gros qui prend des médicaments pour devenir maigre, afin de pouvoir continuer ainsi à manger ce qui le fait grossir.

Serai-t-il donc plus excessif, de penser à aller dans un ECPA pour avoir de l’argent.

Vaut-il mieux cultiver des champs de pavot ou de coca pour avoir de l’argent, produire des armes, continuer à construire des véhicules polluants plutôt qu’électriques, parce qu’ils nous font perdre quelques minutes, et des masses financières aux producteurs de pétrole qu’ils pourraient se les procurer par ailleurs etc. ?

Faut-il se passer de la capacité récursive budgétaire pour supprimer le coût rédhibitoire de la suppression des déchets et pollutions.

Notre frein, à envisager cela, est le pouvoir de possession qu’offre le système actuel de comptabilisation, j’en reparlerai plus loin.

Il y a un homme à abattre…

Il ne faut pas perdre de vue que tous les concepts que nous élaborons sont le résultat de notre capacité cérébrale associative, et que la conception libérale qui repose sur ce que nous appelons les «lois naturelles », n’est donc rien d’autre que le reflet de notre aptitude à réguler nos sens, à réguler nos sens pour en extraire ce qui établit ce concept libéral qui s’érige en Loi en s’appuyant sur une vue restrictive des «lois naturelles ». Lois naturelles perçues par leurs concepteurs (riches et éduqués) dans l’ignorance de leur TOUT.

De ce TOUT que nous n’appréhendons toujours pas aujourd’hui, et dont seulement certains de ses aspects observables, présentés comme fondamentaux par les libéraux, sont exclusifs des autres.

Notamment l’individualisme et la compétition qui demeurent des aiguillons indispensables à leurs motivations extrêmes, lesquelles poussent l’homme à regarder l’autre comme, «un homme à abattre ». Individualisme et compétition à l’excès qui développent entre autres, la suspicion, la méfiance, le secret, l’égoïsme, engendrent l’irritation et la colère, et nous poussent à posséder des papiers pour prouver que «l’on » est bien soi.

Pourtant s’il y a chez homme quelque chose à abattre ce n’est pas lui.

... l’ignorant que nous portons…

Ainsi, si demain le crédit était libre, ce n’est pas sa libéralisation qui serait à mettre en cause, mais l’aptitude individualisée actuelle de l’homme à maîtriser son désir exacerbé. Son désir de se valoriser et dominer par l’accumulation de biens, de son penchant naturel à la paresse de cueilleur primitif, son incapacité à gérer l’abondance. Cela, parce que nous sommes ignorants de nous même par méconnaissance de notre modeste place dans l’univers, ignorance que nous cachons par l’arrogance.

D’autres diraient incapables «d’être raisonnables », de gouverner nos désirs. Gouverner, un sens non héréditaire qui se construit, qui se transmet, et là encore nous laissons à la monnaie le soin de justifier notre choix.

C’est pourquoi je disais plus haut que devant la complexité humaine nous avons capitulé. Nous avons substitué à notre intelligence, la monnaie, considérant quelle justifie son rôle, parce qu’elle repose sur une norme «méritocratique » (obtenu par le travail).

En conséquence de quoi, la monnaie se substitue à notre gouvernement.

… pour nous gouverner.

Pourtant, nous sommes capables de définir l’ensemble de biens et de services moyens auxquels peut aspirer un homme dans une société comme la nôtre. C’est le revenu dont il doit disposer pour y parvenir, tout en lui laissant un usage arbitraire. C’est le rôle tellement contesté du SMIC : un des cas où le raisonnement «règne » sur la monnaie, où l’économie doit se plier ou intégrer des exigences humaines.

Pour résumer cette méritocratie, je dirais que l’homme qui naît nu, va devoir occuper une place dans un schéma qui se veut fermer. Un schéma, dans lequel la clé d’accès est la monnaie, et qu’il devra se la procurer en se conformant à des normes d’acquisitions. Des normes qui le conduiront essentiellement à des dualités, plutôt qu’à des complémentarités. Bien que la complémentarité fasse partie d’une structure psychologique pour laquelle nous sommes conçus par surcroît, et que nous persistons à vouloir méconnaître.

Serions-nous donc incapable de nous soustraire aux limites d’un système normatif relatif ?

Non, bien sur ! Mais toute transformation réformiste est lente, et se gouverner démocratiquement exige de longs débats d’idées.

Mais peut-il y avoir débat d’idée…

Si nous nous référons à celui qui a animé le vingtième siècle (le libéralisme contre le communisme), nous pouvons le résumer à la même opposition qui a donné naissance au libéralisme.

En l’espèce, il s’agissait pour le libéralisme de demander à la monarchie de laisser ses sujets libres de s’enrichir par le commerce.

Le communisme, lui, réclamait à ces mêmes commerçants que les travailleurs par le commerce de leur force de travail puissent s’enrichir, conditionnant ce commerce à l’appropriation collective des moyens de production. Il est donc facile de comprendre que les uns refusaient aux autres ce que eux-mêmes avaient obtenu.

Si le même but affiché est l’enrichissement, le libéralisme a suivi un parcours réformateur à la suite d’une révolution expropriatrice de possédants privilégiés (noblesse). Cela au bénéfice de particuliers riches (bourgeoisie), tandis que le communisme a réalisé en Russie la révolution expropriatrice de l’État nobiliaire au bénéfice de la collectivité étatique. Cela à retardement, à contre temps et l’histoire a tranché… pour l’instant.

Donc, nous sommes actuellement dans le cadre d’une seule forme de pensée. Et pour retenir une notion libérale importante, nous pouvons même dire : en l’absence de toute pensée concurrente. Une absence de concurrence idéologique ou d’expressions de pensées différentes réunissant un poids politique suffisant pour offrir une alternative. Comme quoi nous pouvons parfaitement soutenir un concept et nous accommoder d’une position dominante contraire à ce concept.

Pouvons-nous regretter l’absence de débat de pensée ?

Les puristes vous diront oui, mais moi je serais plus nuancé, si le débat consiste à discuter des moyens à mettre en œuvre pour que tous les hommes deviennent riches en l’état actuel des choses, et du type d’économie que nous développons. Nous savons que c’est une illusion. Si cela signifie se répartir la richesse des autres, cela l’est tout autant. Si c’est pour choisir son « Roi » cela se comprend, et ne justifie que des passions claniques.

Maintenant, s’il s’agit de débattre jusqu’à quelle limite nous devons laisser une «fiction[154] » (la monnaie) nous gouverner, alors là, je le regrette.

Je dis fiction pour faire la différence avec le rêve.

Le rêve c’est pouvoir un jour espérer voyager dans l’univers.

La fiction c’est de croire que notre salut ne dépend que de la seule croissance issue de la production de biens et services. Comme le clonage végétal, son effet est rapide, mais son homogénéité porte sa destruction.

Je le regrette d’autant plus que l’effondrement du communisme a entraîné un recentrage de l’idéal socialiste laissant des vides idéologiques qui se sont remplis d’acrimonies confessionnelles et nationalistes.

Et le débat du Nord contre le Sud est devenu un débat du libéralisme contre l'islamisme ou des chefs de guerre de tout poil, car les pays pauvres, ne trouvant plus d'échos et de soutiens dans un idéal politique éteint, se sont réfugiés dans la religion et l’identité culturelle pour porter leurs espérances. Cela, faute de trouver un Nord qui leur propose comme idéal autre chose qu’une exploitation à terme dans laquelle la règle est de manger les autres. Alors que l’islamisme par exemple leur offre de retrouver une espérance et une dignité d’humain et, y développe une instruction coranique dont nous ignorons ce qu’elle engendrera. Mais une chose est sûre, c’est qu’ils ne sont pas instruits dans l’amour de l’occident.

…si nous laissons des mécanismes systémiques réfléchir à notre place.

Quand nous avons des conflits de désirs d’achat, dans bien des situations nous recherchons un arbitrage, c’est encore la monnaie qui nous sert d’arbitre.

« L’existence de ces encaisses (monnaie dont l’on dispose) est la preuve que la monnaie est demandée en tant qu’actif par les agents de l’économie, qu’elle fait partie de la richesse de ces agents, et qu’en tant que telle elle détermine leurs choix[155] ».

Pourtant, si tout un chacun voulait acheter un Airbus et se faire construire un palais de Versailles, et que nous ayons la monnaie nécessaire, c’est le temps qui nous ferait défaut. Nous serions loin des 35 h par semaine, car devant effectuer un choix de mode d’existence : choisir de travailler toute notre existence durant des générations pour satisfaire un désir qui n’est pas indispensable, qui est le désir de posséder au-delà de l’utile, dont chacun est arbitrairement maître du seuil.

Dans le cas de figure exposé nous aurions le plein emploi, et la seule difficulté serait de définir quel serait l’ordre d’attribution de ces biens, c’est à dire la file d’attente.

Cela rappelle quelques caricatures de l’ancienne économie de l’Est. Pourtant dans notre économie libérale cette attente existe, mais ce rôle c’est la monnaie qui le remplit, le régule. C’est le rôle de la thésaurisation (aujourd’hui l’épargne), de la réglementation du crédit. Faute d’argent suffisant nous ne nous déplaçons pas pour acheter, et cela entraîne la baisse des prix. Trop d’argent, nous faisons la queue, et alors les prix montent (inflation), et ceux qui n’ont pas assez d’argent restent chez eux. C’est ce fameux équilibre du marché qui nous évite d’avoir à réfléchir.

Pourtant, si nous regardons en arrière, et que nous observons toutes les créations des hommes, des pyramides aux stations orbitales, nous examinons tout notre potentiel créatif humain, toute notre capacité innovante et toute notre réflexion. D’un regard historique nous y voyons aussi une accélération exponentielle durant ce dernier demi-siècle, due aujourd’hui à la technologie, et je crois que nul ne peut douter de notre capacité à la réflexion. Pourtant, il est un domaine qui est à la traîne, notre regard sur nous-mêmes, comme si par peur de nous découvrir, nous préférions nous abriter derrière des justifications instrumentales, hypothéquant par-là même la possibilité d’une sociabilité plus rapide, en laissant le soin à des mécanismes financiers de nous gouverner.

Nous nous laissons gouverne par une monnaie qui donne le pouvoir…

Cependant la question est de déterminer le rôle de la monnaie dans cette évolution, car le potentiel humain est le même qu’aujourd’hui que du temps des pharaons, et il n’y a pas d’observation notable de notre évolution cérébrale depuis.

Ce sont donc certainement nos structures sociales qui ont joué un rôle déterminant dans tout ce qui fut utile ou néfaste.

En effet, durant de longs siècles toutes les initiatives personnelles devaient se trouver un blanc seing de la part du dominant pour naître, et recueillir les moyens de sa mise en œuvre.

Si bien que même en possédant les moyens, il était difficile de mener à bien une réalisation qui enfreignait les règles de l’idéologie dominante du moment. C’est le propre de toute pensée inquisitrice, dont notamment celle qui a existé dans les anciens pays de l’Est où il fallait penser communiste.

Libéré de cette contrainte statutaire, il restait à développer les moyens. Les banques et les marchés financiers les ont fournis en créant de la monnaie. De ce fait, la liberté d’entreprendre et les moyens disponibles, de manière résumée, ont conduit à notre essor avec tous les soubresauts que nous lui connaissons.

Mais le pouvoir a glissé vers ceux qui détiennent les moyens de créer de la monnaie, conditionnant de fait les décisions politiques.

… à qui se l’approprie…

Or, cette liberté d’entreprendre ne dit pas qu’elle s’applique sous une forme restrictive. C’est à dire que pour disposer des moyens il faut, soit les avoir, et dans ce cas nous pouvons nous construire un Airbus ou un Versailles, sinon il faut les obtenir auprès d’un prêteur, la banque d’émission en général ou les marchés financiers. Ces derniers nous accorderons les moyens demandés en fonction du risque que représente le projet, ou de l’anticipation d’une réalisation de profit sur les marchés financiers.

Ainsi, au fil du temps est survenu un transfert du rôle inquisiteur si contesté des dominants politique, vers les organismes financiers, qui à leur tour se justifient de leur rôle inquisiteur par la loi du marché.

C’est ainsi que les banques centrales se sont émancipées du pouvoir politique, et détiennent par la libéralisation des capitaux et la fixation des taux d’intérêts des banques centrales indépendantes, celui de s’opposer à toutes les autres orientations économiques qui lui seraient hostiles.

C’est ainsi que des détenteurs de masse financière peuvent fragiliser des États.

Nous sommes donc, à notre insu ou avec une acceptation réelle ou confuse, passés en quelques siècles de la domination d’une noblesse divine à celle d’une noblesse financière.

Ainsi, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous aurons notre énième «révolution », ce n’est qu’une question de probabilité.

En conséquence, la monnaie a suivi un parcours qui, de sa seule fonction d’échange l’a conduite à occuper un pouvoir politique. Cela illustre également l’illusion des pouvoirs démocratiques qui ne brassent que des mots, faute de se donner les moyens d’avoir de la monnaie et donc d’être donneur d’ordre, et subissent ainsi la dictature des marchés dirait certains ; moi je vise plutôt la dictature du suicide égoïste, auquel s’ajoute parfois le suicide altruiste pour le justifier[156].

De manière, que tous les projets sociaux relevant de la solidarité nationale ou de la communauté se voient contestés, sauf à s’inclure dans un système marchand producteur de profits (La Sécu, les Retraites, projets de société etc.).

De manière que les secteurs non rentables tombent dans le don et la charité, qui par le pouvoir des mots sont devenus la capacité des individus à prendre des initiatives pour s’entraider. Si je fais cette analogie, ce n’est ni pour nier ni pour minimiser ni pour fustiger la solidarité et la prise d’initiative dont fait preuve autant ceux qui donnent que ceux qui organisent, mais c’est pour souligner qu’elle s’adresse en règle générale, et presque toujours, à ceux qui ont le moins de ressources parmi les particuliers. Il n’y a rien de péjoratif dans mon propos, car ces initiatives donnent parfois corps à d’authentique institution, l’histoire de la naissance de la sécurité sociale en est l’exemple le plus flagrant ou la croix rouge ; tandis que ceux qui disposent de la concentration des moyens financiers subventionnent (sponsoring) les rêves élitistes et autres, en rêvant aux bénéfices publicitaires de leur aide, puisque ce sont les clients qui achèteront la subvention. Ainsi, toute une activité socioculturelle passe sous le pouvoir de leurs mécènes, ou des groupes industriels qui acceptent de financer sous cette forme une activité socioculturelle, qu’ils refuseraient de financer sous la forme d’un impôt. La différence est notable, d’un côté on conserve le pouvoir que confère la monnaie, de l’autre on le perd au bénéfice de la communauté.

Il n’y a aucune malveillance à comprendre dans mon propos malgré des dérives, comme celles qui touchent au dopage dans le monde sportif, mais plutôt comprendre qu’au travers d’une dépendance financière, suivant ses formes, l’on peut perdre son autonomie d’initiative, y compris la démocratie effective, au profit de ceux qui s’approprient le pouvoir d’émettre de la monnaie et de contrôler sa circulation, et c’est moins un ou des individus qu’un système.

…et névrose les autres.

Bien que j’aie expliqué le caractère «fictif » de la monnaie, et reconnu sa fonction essentielle, nous la regardons tellement avec des yeux de Chimène, qu’elle est devenue notre prison. Cela, comme si sans elle, il n’y avait plus de monde.

Oser imaginer que notre intelligence pourra prendre conscience de ses capacités socialisantes[157] paraît relever du fantasme, tant notre violence «culturalisée » nous effraie, et même imaginer un monde sans monnaie, c’est frôler l’asile psychiatrique.

Ceci comme si sans monnaie, nous ne pouvions plus apprendre, plus produire, plus créer, plus aimer ou détester. C’est là toute la limite, entre utiliser un outil (le langage économique), et croire ne dépendre que de cet outil jusqu’à en faire un guide spirituel.

Mais, c’est là aussi une source de névroses individuelles ou collectives. Individuelle pour tous ceux qui peuvent ou ne peuvent accéder à la monnaie, et qui se construisent des univers personnels. Collective pour des sociétés entières qui s’opposent des schémas culturels auxquels ils voudraient que les autres adhèrent, dont l’histoire récente de l’Iran est l’exemple type.

Il me semble important de définir brièvement ce que j’entends par névrose.

L’homme, comme toutes les autres espèces, communique avec son environnement. Son environnement n’est pas seulement la planète terre avec ses habitants mais tout l’univers, et nous réagissons comme un émetteur récepteur. Donc notre bon fonctionnement dépend de ce que nous puissions parfaitement émettre et recevoir. Ainsi chaque fois qu’une partie de ces fonctions est altérée, il y a dysfonctionnement et «dyscommunication » ou dysharmonie (bruits).

L’altération peut provenir aussi bien de notre environnement que de nos semblables, que de la culture développée par les sociétés que nous formons (leurs normes, et la diversité culturelle fermée et exclusive).

Ainsi, «bien réussir sa vie comme nous le disons », dépend de notre faculté à concevoir un langage qui est l’expression de nos sens (émetteur), qui peut être reçu sans distorsions (récepteur), et réciproquement.

Donc, chaque fois que nous émettons un message qui n’est pas reçu, compris, refusé ou déformé nous le refoulons, et son intériorisation constitue une névrose entraînant le repli sur soi qui déforme les messages émis ou reçus avec l’environnement.

Un nombre important de névroses ou une profonde névrose entraîne une tendance à se créer un monde à soi, à s’isoler[158].

Pour Sigmund Freud, «la névrose est caractérisée par le fait, qu’elle donne à la réalité psychique le pas sur la réalité de fait, qu’elle réagit à l’action des idées avec le même sérieux avec lequel les êtres normaux réagissent devant les réalités ». (Totem et Tabou, édition Payot 1965, p 223).

A la longue, ces dysfonctionnements provoquent d’authentiques complexes d’infériorité, de culpabilité ou /et des angoisses, qui consument une plus grande quantité d’énergie interne sans en recevoir de l’extérieur par le relationnel, et conduisent à de graves maladies (paranoïa et schizophrénie)[159].

En conséquence je peux dire que pour les sociétés ou les États il en est presque de même[160], c’est l’incommunicabilité des diversités culturelles. Cette incommunicabilité entraîne la perception de l’autre comme étranger, l’obsession de l’agression, l’hégémonie comportementale, l’isolationnisme.

Ces comportements névrotiques dus à la peur engendrent les guerres qui consument l’énergie de ces États ou ces Sociétés. Énergie que sont les vies humaines, pour conduire à une maladie grave, la misère. Pourtant dans encore beaucoup d’esprits grégaires la guerre et la misère sont présentées comme une régulation «naturelle », là, où il n’y a que les conséquences de la recherche d’une conquête économique et la préservation de sa richesse.

Pourtant qui aujourd’hui ose dire à nouveau que la multiplicité des langues et dialectes sont un frein à la communication des êtres entre eux et un facteur de violence. Nous traînons ce boulet comme symbole d’une identification culturelle et nationale, alors qu’il n’est plus aujourd’hui où tout circule de par le monde, que l’expression du refus de s‘ouvrir aux autres par l’apprentissage d’une langue commune universelle, et le refuge de ceux qui ont peur par ignorance de ce qui se trouve au-delà de leur horizon de compréhension, et qui l’exprime en justifiant la nécessiter de recouvrer leur racine ; en réduisant au plus petit espace leur communauté linguistique dans celle du passé, ceci porte un nom, cela s’appelle une régression ; et la nécessité pour l’individu de se reconnaître dans son semblable, sa famille, son groupe son genre, ne devraient être que des étapes, des sous-ensembles rassurants, pour aller en toute confiance vers l’espèce. De structurer son psychisme dans un espace limité et tranquillisant, pour pouvoir s’ouvrir aux autres, au monde.

Tant qu’à faire pour être certain de retrouver nos origines il suffit de ne pas apprendre à parler.

S’il y a un intérêt culturel et sociologie voire scientifique à les conserver et les étudier pour comprendre le sens que leurs mots définissent, les effets du son que leur consonance émette, pour ne pas perdre un savoir qu’elles contiennent ; leur existence n’en reste pas moins un handicap d’incommunicabilité pour l’espèce humaine. Imaginer que chaque pays dispose de ses propres caractères de chiffres et de règles mathématiques au nom de la diversité, que serait-il advenu des sciences ? Ceci fait partie intégrante de certains de nos comportements sociologiques, qui, tout en percevant que nous nous trompons nous persistons dans l’erreur, car nos langues ne peuvent pas plus rester un système fermé que les autres, et pour celles qui se sont perdus, elles ont emporté avec elle les secrets de l’influence de leur consonance ou assonance sur notre système biologique cérébral.

Heureusement qu’il y a les mathématiques pour reconstruire la tour de Babel, car avec nos 1500 langues et dialectes nous ne sommes pas prêts de nous entendre pour poser les pierres de l’édifice. Et si vous pensez avec juste raison que nous n’en faisons pas toujours un bon usage, je rappellerai que c’est, d’une part au nom de ces identifications culturelles que sont les langues, et d’autre part, faute d’avoir une communauté de langage, que d’autres utilisent ce handicap pour se construire autour du langage universel que sont les mathématiques une communauté financière comptable qui fait peut cas des espaces nationaux.

Croire que la diversité disparaîtra parce que nous aurons une langue commune est une phobie, car je l’ai déjà dit c’est l’espace géohistorique qui est le corollaire de diversité, un montagnard vivra toujours comme un montagnard, et nous aurons beau apprendre à un bédouin la pêche à la truite il n’en deviendra jamais un car ans le désert il n’y a pas d’eau, mais s’il parle le même langage que vous il pourra vous le dire sans devoir s’exprimer par le langage primitif est complémentaire, la gestuelle.

Enfin une langue n’est pas limitée par les seuls mots qu’elle contient, d’autres peuvent être créés pour définir ou redéfinir nos découvertes et nos perceptions dans tous les domaines, ne pas confondre avec ceux qui analphabètes inventent leurs mots pour redéfinir ce qui l’est déjà, et se reconnaître dans leur monde qui entre en confrontation avec celui duquel ils sont issus.

Une autre conséquence de la peur, et celle de la «policiarisation de proximité». Cela peut se comprendre, d’une part, depuis que les espaces frontaliers ont été ouverts, car l’activité de contrôle et de filtre qui était le leur, si elle doit être effectuée, s’effectue dorénavant au niveau de chaque individu dans leur quotidien. Cela entraîne une multiplication de contrôles de la vie privée (papier et vidéo). D’autre part, cela se comprend surtout par le «phénomène d’insécurité » d’une société qui est névrotique. En l’espèce, je ne veux pas développer un point de vue naïf, ignorant des besoins de sécurité, d’un État, du civil et du pénal. Mais, je veux m’attarder sur le phénomène de la perception du besoin de sécurisation constant, comme indicateur d’un symptôme d’une sociabilité «socio-économique » qui évolue mal.

Évolue mal, puisqu’elle sécrète ses propres agents agresseurs (quelle qu’en soit la cause), et suffisamment pour que la communauté désire que sa sociabilité s’exerce sous le contrôle des forces de coercitions, police, justice ou en si auto protégeant. Ceci, non plus comme l’exercice de la correction d’un taux inévitable de violences et de déviances inhérentes à toute société dans le cadre de concomitances d’événements probabilistes, mais, comme force de compensation, d’une société ayant une tendance à générer de la violence, comme caractéristique d’une absence ou d’une diminution de ses capacités à communiquer, sous son autorité de fait, par son désintérêt pour l’exercice de sa citoyenneté socio-économique de ses relations socialisantes, et qui se sent en permanence menacée dans son égoïsme, courant le risque de l’enfermement, de l’isolationnisme, et de la paranoïa.

En effet, le taux de crimes et délits s’élevait à 13,73 pour 1000 habitants en 1950 ; 15,05 en 1960 ; 22,37 en 1970 ; 48,90 en 1980 ; 61,69 en 1990 ; 63,17 en 1995 ; et 60,97 en 1999 (Francoscopie, source ministère de l’intérieur). Les crimes et délits contre les personnes sont passés de 58 356 de 1950 à 233 194 en 1999, soit 398%. Les vols (y compris recels), infractions économiques et financières, et autres infractions (dont stupéfiants) sont passées de 515 933 infractions à 3 334 670 soit une progression de 650%. Ce que l’on peut observer c’est la croissance liée à des motifs de recherche d’une ressource illégale. Globalement ces taux doivent être regardés avec prudence, car ils ne font pas état des modifications de comptabilisations des crimes et délits intervenus, ni de la suppression de certains délits par abrogation de dispositions législatives ou de l’apparition de nouvelles. Mais ils sont suffisants, afin d’y voir une progression et en comprendre sa source la plus probante, et qu’il est nécessaire que cette progression repose sur un support, sur un terrain favorable, pour que des individus passent à l’acte, car personne ne se lève un beau matin en se disant, «tient aujourd’hui il fait beau je vais être un délinquant ». Généralement, il s’agit d’un support ambiant de relations qui baignent dans les prémisses d’une banalisation de rapports relationnels violents. C’est à dire que pour qu’il y ait autant d’accroissement d’agissements délictueux, il faut que les chances de probabilités des conditions événements délictueux se soient accrues, que la «communicabilité » baisse, ou les deux à la fois, et c’est cela qu’indiquent ces taux globaux. C’est cela que les citoyens ressentent quand ils parlent d’insécurité, quelles que soient les sources à quoi ils les attribuent [161], et c’est contre cela qu’ils veulent se protéger, en désignant des boucs émissaires qui ont toujours existé. Et si d'ordinaire la répression policière peut s’avérer rassurante, elle ne peut résoudre durablement une tendance sociétale à la violence dans ses rapports citoyens, sans que la société ausculte elle-même son organisation socio-économique, qui est comment avoir un revenu pour exister.

Cependant, cet appel excessif à l’autorité coercitive nous fera entrer dans une démocratie policière vers laquelle nous nous dirigeons. Une démocratie qui surveillera la vie privée de ses citoyens comme n’importe quel État policier, que nous fustigions, il y a trente ans. Une démocratie qui se «judiciarisera », en installant la justice (l’organisation judiciaire, non la justice prise en son sens moral qui consiste à être juste et respecter les droits d’autrui) au-dessus de la citoyenneté, comme un dieu vertueux. Dans ce cas l’énergie qui se consume est celui de la liberté, ce qui nous conduit au paradoxe de tuer la liberté au non de la protection de la liberté, protection qui tue en même temps la sociabilité, car il est impensable de vivre en se demandant à chaque instant si nous n'avons pas contrevenu à une réglementation, s’il faut soumettre son différent à la justice, il n’est pas concevable de vivre sous contrôle vidéo de tiers qui jugeraient si vos comportements sont sociologiquement compatibles, et au bout de cela, la démocratie devient liberticide.

L’excès de sécurité conduirait inévitablement à l’insécurité psychique, car chacun deviendrait presque transparent, et ne disposerait plus d’abri, de refuge où poser tous ses secrets, d’abri où suspendre sa vigilance qui est une exigence vitale du monde des espèces vivantes.

Je vous invite à la fiction sur quelques lignes. La technologie nous permet donc de mettre nos rues sous contrôle vidéo, ainsi que nos lieux publics, mais par plus de sécurité nous pouvons même en installer chez chaque particulier. Nous disposons également des techniques d’écoutes qui peuvent être personnalisées, également d’appareils détecteurs de mensonges qui pourraient le signaler chaque fois que nous en ferions un, (imaginer le bruit s’il était sonore), des techniques d’identification (la biométrie, la technologie « iridian » contrôle par l’iris. Nous pourrions même très tôt définir si un enfant est adaptable à une société type, nous pourrons même dans quelques années réorienter sa pensée le cas échéant à l’aide des champs magnétiques, déceler qui nourri des pensées criminelles, mais à qui confier cette mission, si ce n’est à des inquisiteurs.

Ainsi, vous le comprenez la marge n’est pas écrite où les moyens utilisés pour assurer sa sécurité conduisent à la pratique d’une inquisition.

De ce fait l’appât du gain facile (délits et crimes), la xénophobie, le terrorisme, la peur paranoïaque sont entrain de remporter une victoire, celle de transformer les démocraties en fossoyeurs des libertés, car s’il fut un temps où chacun était présumé honnête, aujourd’hui chacun est présumé coupable et doit se soumettre à tout contrôle. Nous commençons à ne plus rien à avoir à envier aux anciennes démocraties de l’est.

Le plus sur moyen pour l’éviter reposent plus sur de confiantes relations socio-économiques socialisantes que sur la construction de blockhaus individuels, sur une éducation socialisante plutôt que seulement technique, mais encore faut-il exercer sa citoyenneté, qui ne se limite pas à aller voter, mais comprendre aussi les mécanismes sous lesquels nous vivons et occuper l’espace public.

L’exemple des affaires de financement des parties politiques et des emplois fictifs en est une illustration. En tant que citoyens nous ne pouvons pas à la fois demander à des parties politiques de s’occuper de nous (de représenter la diversité d’opinions de la communauté), ce qui nécessite de disposer, de moyens techniques, de moyens administratifs, de moyens de déplacement et de réunions, de moyens de propagandes et d’informations, et ensuite, parce que c’est notre liberté ne pas adhérer, faire en sorte ne pas leur donner les moyens de trouver les financements que cela nécessite. Moyens de financement qu’ils devront se procurer par ailleurs (malgré les financements publics) de manière licite ou non, puisque la demande de service existe. S’il y a problème, c’est parce qu’il y a une inadéquation entre la demande des citoyens, et ce qu’ils acceptent de bien vouloir payer pour cette activité. Si cette inadéquation est intervenue, c’est parce qu’il y a eu une modification du comportement des citoyens ; c’est que les règles éditées ou tacites sont devenues désuètes, et elles ne permettaient pas à un besoin recomposé d’exister. Sans entrer dans l’analyse des intérêts hypocrites, la prise en compte de ce besoin relève du débat de l’exercice de la citoyenneté, et non pas de la justice. Ce qui relève de la justice, est seulement l’enrichissement personnel qui peut en découler.

Mais cela laisse entière la question : Comment décèle-t-on ce genre d’évolution dans notre société ? Tous les acteurs sociaux que vous interrogerez vous répondront, par la discussion (négociation) dans les faits, dans l’organisation de notre société, cela se fait toujours au travers du rapport de force. Et dans ce cas d’espèce, le rapport de force a surgi de l’action de la justice saisie par les acteurs mêmes de ces passe-droits ou d’abus de droits, dans le but clair d’affaiblir l’autre. Justice qui disciplinée, applique une législation, et qui n’a pas à s’interroger en tant qu’institution sur les évolutions de tendance des relations de la société, mais qui n’exerce pas non plus son action en dehors ou au-dessus de la «dites » Société.

Et dans ce cas d’espèce c’est la représentation politique qui c’est discrédité, même si c’est par carence d’une certaine conscience politique des citoyens, en une forme de liberté qui les conduit à partager une opinion politique, mais ne pas si aliéner par une adhésion, qui en leur donnant les moyens financiers, leur garantie aussi l’autonomie d’initiative.

Si, ce n’est ni a la justice ni a la police de définir de nouvelles règles, ce qui ne limite nullement le droit d’expression de ses acteurs, par contre, l’appel à leurs services sont clairement symptomatiques d’un dysfonctionnement ou de carence, et s’il doit être fait appel à leurs services pour les contenir, celui-ci ne peut être durable sans risque, car ils ne peuvent se substituer à la nécessiter d’une communauté de s’ausculter sur les tendances qu’elle développe par ses propres concepts, et ce, parce que la société est en mouvement, et va d’un ordre vers un nouvel ordre. Pour oser allez jusqu’au bout du raisonnement, et pour expliquer pourquoi j’ai dit que la justice ne devait pas se situer au-dessus des citoyens, je rappellerai que j’ai déjà dit, que nous avions un regard limité, et qu’il ne nous permettait pas de saisir l’infiniment petit, ceci même dans nos relations économiques, comme j’ai essayé de l’expliquer avec l’exemple du chinois qui achète un bol de riz (P. 206).

Ainsi, ce qui prévaut dans le domaine physique (météo, effet papillon), prévaut également dans le domaine économique, et pour qu’elle raison ne prévaudrait-il pas dans le domaine relationnel, serait-il à l’écart ? Ainsi, quand nous pensons que tout acte qui nuit à autrui doit faire l’objet d’une décision judiciaire pour rétablir les droits du lésé, c’est ignorer, que dans le labyrinthe de nos interrelations, forcément ce que nous avons fait causera du tort à un autre. Ne pouvant saisir ces infinitésimales relations, la justice s’exerce donc dans un champ restreint, s’il en était autrement nous passerions notre temps à nous condamner. Elle ne peut de ce fait, se situer au-dessus de l’homme, ne serait-ce enfin, que parce que c’est la communauté qui la met en place. Ce qui n’ôte rien à son rôle de garante du droit que se donnent les citoyens, tout en émettant une réserve historique important ; la justice garante du droit est toujours installé par l’idéologie dominante, quelle soit transcendantale ou immanente, et ne préfigure pas cette justice « pure » dont chacun d‘entre nous nourri l’espérance.

Exemple, essayez d’imaginer qu’un Inuit (habitant du Groenland) porte plainte contre les États qui polluent les mers, parce que de ce fait là, il doit se nourrir de poissons qui contiennent des taux de mercure nuisible à leur santé. Il pourrait donc considérer qu’on l’empoisonne, un pas que nous n’avons pas hésité émotionnellement à faire dans le l’affaire du sang contaminé, poursuivi dans l’affaire des farines animales, avec celle du nuage de Tchernobyl ; et que nous appelons pollution quand il s’agit d’empoisonnement par l’oxyde de carbone rejeté par nos propres véhicules et industries. Qui condamne-t-on ? Les présidents, les industriels, les citoyens ? Cela fixe les limites de n’importe lesquelles des institutions judiciaires, car sinon autant porter plainte contre Dieu parce que nous mourrons. Cela fixe aussi la limite du langage et des mots que nous utilisons pour qualifier des manquements aussi individuels que collectifs, sans entacher la nécessité de définir des responsabilités d’acteurs. C’est ainsi que le mot de crime se banalise. Ne dit-on pas : «ce qu’il fait est criminel », «comme il se conduit c’est criminel », «ce qu’il pense est criminel », etc.… pour qualifier de plus en plus la dangerosité d’événements ou de comportements, et cela nous conduira incidemment à regarder notre activité humaine comme une activité criminelle. Ce qui est certainement vrai, mais nous passerons de la notion d’humain «Etre violent », à celle «d’Humain criminel ». Cela, parce que sans nier le rôle important de la justice comme valeur institutionnelle, nous voulons lui confier celui de nous apporter «La Solution, La Justice ». Solution et Justice inexistantes en dehors de nous, et de l’usage que nous faisons de notre intelligence, et des débats que nous sommes capables d’avoir entre citoyens. Quand l’on sait que l’activité criminelle se justifie par l’égocentrisme, en désignant celui-ci comme criminogène, nous qualifions ainsi les bases mêmes du développement biologique de toutes les espèces vivantes ; nous petit humain narcissique nous qualifions l’origine, la genèse de la vie de criminel, si cela n’est pas se prendre pour Dieu, qu’est-ce ?

Ainsi, suivant que nous voulions une justice réparatrice des «mauvais essais de notre évolution culturalisé et acculturé » ou une justice vengeresse de nos émotions impulsives, nous criminaliserons nos rapports et nous condamnerons encore à titre individuel des Etres à la mort ou à perpétuité, tout en qualifiant d’humaniste la substitution de la perpétuité à la peine de mort. D’autres condamneront des hommes à deux, voire trois cents ans de peine de prison, sans qu’un seul n’en relève l’absolu absurdité ; et c’est dramatique de confier le destin de certains Êtres à des hommes qui, campés dans la représentation d’une instance législative essentielle, ne font pas plus preuve de bon sens que ne le ferait un robot. Cela démontre au moins que multiplier la durée des peines n’apporte pas de solution radicale à la violence, que dans une telle dynamique nous en arriverions vite à punir sa descendance jusqu'à mille ans, et que ceux qui jugent (opinion publique) sont parfois porteurs de plus de violence que ceux qu’ils condamnent. Il n’y a rien d’anormal en cela, car nos émotions violentes réactionnelles comme nos impulsions, n’ont pas de notion de temps et leur apaisement n’a pas de raison, c’est seulement la connaissance de ce que nous sommes qui fait entrer cette raison. Et dans cette «irraison » qui perdure et se fortifie, nous sommes arrivés à considérer des Êtres comme des déchets qu’il faut éliminer parce qu’ils perturbent le système qui les produit, de la même manière que nous évacuons nos déchets économiques. Ceci toujours pour la même raison parce qu’investir dans d’autres mesures coûtent de l’argent, alors que nous disposons de l’intelligence pour le faire et des moyens de produire cet argent à discrétion (autant que nous le voulons), afin d’apprendre à comprendre les schémas qui transforment notre agressivité naturelle en violence persécutrice.

Une « irraison » qui fait que nous habillons la vengeance du qualificatif de justice pour exercer nos mêmes impulsions criminelles par le biais d’un tiers (État); tiers qui soumis à une opinion publique régressive (égoïsme, isolationnisme, peurs paranoïaques), n’ose plus s’en écarter, soit parce qu’ils en sont le prolongement élu ou bien parce qu’ils n’en ont pas le courage. Le danger en cela est de réveiller un Eichmann culturalisé qui sommeille encore en chacun d’entre-nous[162].

Il est bon de se rappeler ce que disait Hawkins des systèmes physiques : qu’il y a un absolu où tout s’écroule. Ainsi quand nous condamnons un individu au-delà de sa propre existence, quand nous demandons encore à des hommes de prononcer des peines de morts ou que nous concevons des crimes comme imprescriptibles, au nom d’une religion ou d’un droit, nous avons atteint cet absolu. Et encore nous le dépassons quand ceux qui disposent du moyen d’exercer le crime le plus grand, celui d’éradiquer la planète par leurs armes, oublient de se mettre au banc des accusés.

Si les guerres sont aussi les résultats de névroses collectives, par dysfonctionnement de l’émetteur/récepteur Culturel, elles le sont aussi du dysfonctionnement du «langage économique ».

En effet, aujourd’hui dans une économie organisée, le langage de «communicabilité » (échange) économique, est la monnaie. Lorsque ce langage ne permet pas de communiquer (échanges uniquement qu’entre pays solvables, ou échanges hégémoniques) nous développons des névroses. En conséquence ceux qui possèdent ce langage (la monnaie) ont tendance à s’isoler dans des blockhaus aux entrées sélectives, pendant que les autres développent rancœurs, amertumes, frustrations, dont la phase aiguë est la révolte, l’insurrection, la révolution.

Lorsqu’un psychiatre examine un patient il recherche les causes ayant conduites le sujet à encadrer ses émotions dans des constructions cognitives qui lui nuisent. Pour une société il en est de même, toutes les organisations systémiques qui encadrent nos relations et la création de la monnaie ne sont pas forcément bonnes, si elles engendrent l’exclusion.

Quelque part vous pensez, «Sommes-nous des Etres névrotiques » ?

Certainement ! Chaque fois que nous avons peur de communiquer avec celui qui est exactement comme nous, de partager des émotions, et plus généralement avec ce qui est l’état d’équilibre de notre vie, la mort, et que comme un malade nous paraissons conscients du caractère «pathologique » de la violence humaine que nous avons organisée, pourtant cette lucidité ne nous sert à rien pour nous débarrasser des pensées ou des schémas qui l’organisent.

Si je me suis hasardé à transposer une «maladie humaine » à nos pratiques culturelles ou à nos relations économiques :

C’est pour essayer de faire ressortir, qu’étant des ÊTRES «névrosés » depuis la sortie de notre biotope, pourquoi voudrions-nous, en dehors des systèmes physiques, que nos constructions de systèmes relationnels ne le soient pas ?

C’est pour faire ressortir cette notion de raisonnement «en un Tout » qui nous est si difficile d’appréhender. Cela, parce que pour essayer de le comprendre, il nous a fallu le dissocier, et que trop souvent par la suite nous ne voulons l’expliquer que par un de ses composants, parce qu’il émerge à notre regard partial, alors que son historicité partielle demande une analyse globale, et que celle infinitésimale nous échappe. Je ne prétends pas que mes exemples soient justes car c’est plus complexe que cela. Même isolés, nous sommes tous en interaction ; c’est pourquoi les effets de l’isolationnisme sont néfastes.

Mais ceux-ci donnent un éclairage sur cette fonction essentielle et complexe de communiquer comme antidote à « l’autisme » névrotique.

Je peux rêver…

En effet, notre monde n’est que le monde que nous regardons issu des circonstances événementielles dont nous avons fait l’expérience, et que nous avons reconnu cognitivement. Il n’est en rien un monde «objectif » comme il doit être, car nous ne le connaîtrons pas, du moins de notre vivant. Celui que nous voyons est le monde de notre regard, même technologique, car nous n’atteignons que les buts que notre raisonnement s’est fixé.

C’est pour cela que si demain nous nous fixions comme but de nourrir, d’instruire tous les hommes, et de ne pas se faire la guerre, nous atteindrions notre but, parce que nous formerions notre structure cognitive pour l’atteindre, et développerions nos connaissances en ce sens.

Mais il faut tenir compte du paradoxe suivant : les Hommes atteignent les but qu’ils poursuivent mais différemment de ce qu’ils les avaient imaginés.

Si nous n’y parvenons pas, c’est parce que nous développons une «mauvaise » notion libérale de nos rapports, dans laquelle tout homme doit tout optimaliser dans son seul intérêt, et donc nous poursuivons ce but, et réalisons les structures pour l’atteindre, et donc les structures pour se combattre.

Dans le même temps, nous n’avons pas pris conscience de cette fabuleuse possibilité que nous offre l’Univers de ne pas connaître le monde «objectif », même s’il nous conduit par l’évolution jusqu’à son terme.

Cette ignorance là nous donne la possibilité de changer notre existence, par notre capacité cérébrale.

Je vais essayer de m’en expliquer. J’ai dit que la conscience humaine n’entraînait pas automatiquement celle de l’espèce. Si la conscience de soi et son corollaire la pensée se sont élaborés très lentement au fil de centaines de milliers ou millions d’années et plus, nous avons pu le comprendre par les traces que nous a conservées la nature de la migration de nos lointains prédécesseurs. Traces de la pensée symbolique telle par exemple, les traces de rites, de sépultures sélectives, d’un art pictural ou instrumental, et des traces d’organisations sociales.

Aujourd’hui nous continuons toujours par l’examen des vestiges du passé, ancien ou moderne (le moderne s’estimant conventionnellement à partir de l’âge du bronze), à retracer nos origines et nos cultures (civilisations), et cela nous paraît d’une banalité sidérante, tout en restant séparé sur la notion de l’homme créé ou issu d’une évolution. Pourtant, essayez d’imaginer que la conscience de soi, avec pour conséquence la pensée « créatrice », ne se soit pas manifestée par des usages symboliques. Cela n’aurait certainement rien changé à la conscience de soi en elle-même. Mais son expression aurait certainement était tout autre, et comment aurions-nous fait, pour prendre conscience que nous constituons une espèce. Nous aurait-il fallu pour cela allez serrer la main des six milliards d’autres humains, en se demandant si chacun était comme soi ?

Ainsi, bêtement la conscience de l’espèce passe par les traces que nous laissons (comprenant le langage et l’écriture), de la pensée symbolique, qui nous permettent entre autres de dire que, où que se trouvent les hommes, ils développent les mêmes schémas, quels que soient les noms dont ils les habillent, et le rythme auquel ils le font en fonction de leur environnement.

Ces vestiges nous ont permis aussi de nous situer dans la durée, dans les millénaires, au-delà, de la seule capacité de la mémoire humaine. Ainsi, dans notre monde contemporain, grâce à notre intelligence que la pensée symbolique a permis de cerner et de développer, aboutissant ainsi à notre technologie, nous savons que le monde que nous nous sommes construit est celui de notre pensée, et non un monde reposant sur une quelconque vérité absolue. Pour l’illustrer je vais reprendre l’exemple du ballon de foot que notre regard voit s’accélérer lorsqu’il rebondit sur de l’herbe mouiller, si sur cette hypothèse totalement fausse scientifiquement, parce que la vitesse du ballon se réduit et cela d’autant plus vite que les forces de frottements que représentent la pelouse sont nombreuses, si nous développions une organisation sociale sur la base de cette pensée chacun comprend dans cet exemple qu’elle serait erronée et n’aurait rien avoir avec la réalité des lois de la physique. Ainsi ayant conscience de tout ceci, nous avons donc tout le loisir d’en changer quand :"bon nous semble". Mais pour cela, il faut encore nous doter de quelque chose qui nous fait défaut, la conscience de l’espèce. Non pas celle qui nous classe biologiquement, ni la conscience de l’espèce qui conduit à nous comparer à celle que nous connaissons chez les animaux et formés des clans territoriaux, mais celle qui nous est propre ou plus développée que chez d’autres espèces, parce que nous disposons de la conscience de soi qui nous entraîne vers la conscience Humaine.

Non plus celle qui conduit l’individu à s’effacer dans l’espèce, ou de s’en extraire, mais celle de l’individu qui s’associe pour donner corps à l’espèce, parce que nous en prenons conscience (effet papillon). Ceci, nous permettant de nous auto gérer dans la connaissance de plus en plus grande du monde physique et psychique.

… mais le réalisme s’impose…

Pour autant, je ne peux ignorer le rôle et l’importance qu’accordent les hommes à la monnaie, fut-elle fictive.

Aussi, construire un financement qui appauvrirait les riches, contesterait le pouvoir de la monnaie, ne tiendrait pas compte du système de méritocratie, serait voué à l’échec.

Je ne peux donc pas m’appuyer pour cela, ni sur un pouvoir politique qui échappe aux hommes citoyens qui désertent l’espace public, au profit de celui des «banquiers et des financiers » qu’ils se sont bâti sur la confusion de la notion d’espace privé, ni sur de nouvelles idéologies ou utopies qui n’habitent presque plus ni les uns ni les autres.

Pour retrouver ce pouvoir politique ou idéologique, face aux excès du pouvoir égoïste, il y a un effort de compréhension énorme à faire qui demandera certainement des générations et auquel peuvent concourir les hommes de science, les philosophes, pour peu qu’ils s’organisent politiquement pour être au service de l’humanité, et les jeunes étudiants, car à ces âges là l’on est toujours idéaliste et créatif. D’une certaine manière pour faire une analogie avec l’histoire biblique il faudra que des scientifiques, des philosophes, des intellectuels s’organisent, pour une fois de plus chasser les marchands du temple qui ont installé leur bourse aux quatre coins du monde, qu’ils s’organisent pour ne pas se faire crucifier par le poids de l’information dogmatique des marchands. Ceci, car l’on peut observer dans ces trente dernières années qu’ils ont disparu du débat, sauf quand ils servent de justification à l’idéologie dominante, car pour exister dans le monde médiatique d’aujourd’hui, ce n’est pas seulement des livres qu’ils leur faut mais des heures d’antennes où ils peuvent enchaîner un développement au-delà de trente secondes sans que le commentateur vedette ne leur coupe la parole. Cela ne met pas en cause les capacités des commentateurs, mais souligne une information qui est devenu avant tout spectacle pour fidéliser l’auditeur auquel l’on soumettra des publicités qui fourniront les ressources financières. Pour ces raisons là malgré la multitude d’événements, toutes les chaînes nous proposent les mêmes, en nous assurant qu’il y a pluralité de l’information parce que les rédactions et les commentateurs les personnalisent. Il est important de ne pas ignorer cela, car à croire que le monde ne ressemble qu’aux quelques informations qui sont diffusées, nous finissons par leur donner et leur fabriquer une réalité globale qu’elles n’ont pas si nous n’avons pas les moyens de les analyser.

Et c’est à la communauté citoyenne de fournir les conditions et les moyens d’analyse de ses membres.

En quoi y a t il un individu unique…

Déjà, dès la naissance, chaque être va devenir le résultat d’une éducation normative reconnue par la collectivité. De telle sorte que ses comportements ne puissent être autre chose dans la plupart des cas que ceux attendus par la collectivité. Tous les autres seront considérés comme déviants. Ainsi, d’entrée de jeu, l’individu va adopter la structure du groupe culturel dans lequel il vient au monde. Il va donc devenir une image de ce groupe, rien de bien individuel en cela.

Biologiquement nous savons que chacun reçoit la moitié d’une subdivision des chromosomes des parents. Aujourd’hui nous savons que chacun a une carte génétique qui porte une distinction. Cependant de là à dire que cette distinction génère un psychique propre, le pas n’a pas été franchi. Néanmoins nous savons que cette spécificité nous protège de la dégénérescence, assure la diversité des caractères qui nous personnalisent, mais nous savons aussi que nous sommes tous composés des même forces et matériaux, y compris ceux qui donnent émergence à notre psychique.

Ensuite, il y a la somme invraisemblable d’informations collectées et perçues consciemment ou non, avec leurs distorsions que nous traitons, comportant un nombre considérable d’occurrences associatives qui limitent la probabilité d’en trouver d’identiques, qui nous fait apparaître unique et assure notre personnalité.

C’est ainsi qu’il est ressorti de l’étude des enfants sauvages retrouvés dans la nature, libérale l’enfant loup, l’enfant gazelle dans le désert de Transjordanie et les deux filles loup trouvées par le pasteur Singh en Inde (1920/1929), que ce qui différencie l’homme de l’animal est qu’il naît prématurément. Ce fut la conclusion du psychiatre Sivadon qui suivait la réadaptation de ces deux filles loups qui vivaient et se comportaient comme des loups. Au point que la personnalité de l’Être s’élabore essentiellement dans les matrices culturelles après sa naissance, et qu’elles sont aussi importantes pour son développement que la matrice maternelle.

Ensuite ce n’est pas parce qu’il nous est impossible de démontrer que faire vivre à deux êtres la même existence conduirait à une même analyse de leur part, que nous pouvons dire qu’il y a Être unique, aux motifs, que chacun entend, voit, sent, goûte, perçoit (récepteurs thermiques, tactiles, algiques) la même chose.

Ce n’est pas parce que chaque homme ignorant de ce qu’il est peut faire tour à tour, tout au long de son existence, une variété incalculable d’analyses et de synthèses, à partir des informations qu’il collecte, et qui nourrissent les suivantes qu’il y a un Être unique, même si cela contribue à définir ou recomposer sa personnalité, son Moi-je (ego).

Ce n’est pas parce qu’il y aurait une possession dont disposerait chaque Être vivant (du Virus à l’Homme), qui est d’hériter des critères de la survie de son espèce et de tout rapporter à lui (l’égocentrisme) par nécessité de préserver le potentiel duplicateur, qu’il y a un Être unique, puisque cet inné, cette fonction est commune à toute espèce vivante.

Ce n’est pas parce qu’il y a une variété infinie de caractères spécifiques (qui sont regroupés sous différent type à partir d’un ou plusieurs traits dominant) qui donne une image différenciée de chacun tout en restant relié au tronc commun( la construction biologique humaine) qu’il y a un Être unique.

Il y a individu unique, seulement parce qu’il ne vit qu’une fois sa vie, et il ne peut jamais emprunter deux itinéraires. En conséquence, aucun autre individu n’empruntera sa vie et son itinéraire. Même si un sujet avait aujourd’hui la carte génétique de Napoléon, il n’en resterait pas moins un autre être unique, car d’aucune manière il ne pourrait réemprunter l’itinéraire qui avait été le sien.

Cela, même, si nous sommes composés constitués en partie d’informations, de particules qui ont pu composer elles-mêmes, des existences antérieures, et qu’elles en ont gardé la mémoire. Parce qu’elles demeureraient des images mortes du passé. Si cela s’avérait à partir des quelques exemples qui existent [163](réels ou imaginaires), pourrions nous remonter au-delà du Big-bang ?

Partant de là, ce que nous appelons individualité n’est que le résultat d’une cognition maternée et culturelle, consciente ou non, qui se complexifie par accumulation en rétroaction (équilibration)[164] et conduit à la personnalité dans le cadre de son environnement historique auquel s’ajoute l’Instruction, l’Éducation, le Savoir, et la Connaissance. L’individualité ou l’individualisme serait plutôt la perception du sentiment de ce que nous sommes, auquel (comme toujours), nous donnons la signification que nous avons pu en comprendre ou qui nous arrange dans notre ordre sociétal[165], car ce qui nous rend individuel est notre temps personnel que nous avons dissout dans un temps collectif, et que de toutes les manières nous ne pouvons pas apprécier tant les écarts son infinitésimaux (note 74).

Tout ceci à moins d’admettre les erreurs d’informations dans la transmission du message conceptuel ARN qui expliqueraient que la formation du psychique sera différente chez chaque individu, comme Jacquard l’expose dans son ouvrage «La légende de la vie», [166] à propos de celles ayant conduit à la différenciation des bactéries. Aujourd’hui depuis bientôt une dizaine d’années ont été découverts de micro ARN qui s’insèrent et modifie L’ARN messager.

Et, si cette capacité psychique a pu être différenciée par son volume cérébral, c’est dans le cadre de l’évolution cérébrale globale de l’espèce à différents stades de sa métamorphose dont nous n’avons aucune trace (sauf des capacités volumiques crâniennes), et aujourd’hui des études qui expliquent en partie que plus le néocortex et gros, plus l’espèce développe une sociabilité intense.

Il n’y a donc là rien de bien individuel, mais toute la source de l’appréciation de notre communauté humaine, par l’individu, qui se croit d’immanence ou de transcendance, repose sur le fait qu’il se voit à juste titre sujet unique non parce qu’il est différant de l’espèce mais parce qu’il n’a qu’une existence et personne d’autre ne peut la vivre.

…qui ne soit pas le composant d’une structure collective.

Aujourd’hui donc, six milliards d’Etres uniques possèdent les mêmes outils sensoriels. Ils se composent des mêmes matériaux, portent le même «inné » de survie. Malgré cela nous ne parvenons pas à admettre, qu’il y a une construction psychique unique non individuelle, mais commune, qui est celle de notre espèce par rapport aux autres espèces vivantes.

De plus, nous sommes les uns aux autres en interrelation obligée, ce qui nous permet d’exister, et de n’exister qu’au travers les uns des autres. Ce que nous percevons alors, comme psychique individuel, est la conséquence de notre apprentissage culturalisé, et notre incapacité à percevoir le temps qui est le nôtre, notre espace temporel.

Ensuite, à l’instar de l’Univers existant par ses créations, nous existons par les assemblages qui sont les nôtres sur la base des mêmes matériaux. Si nous pouvions nous voir à l’état de paquet de «forces concentrée », comme un infime trou noir qui va exploser pour donner naissance à un Etre, cet Etre serait de l’ordre de grandeur de quelques particules, soit moins dix puissance dix-huit mètre la taille d’une particule (-10ˉ18). Alors, notre développement apparaîtrait comme un soufflé se dilatant, et essentiellement composé de «vide » (l’espace qu’il y a entre un noyau et son électron).

Nous pouvons donc à juste titre nous interroger, notamment : A quel instant le psychique apparaît dans ce développement de forces se matérialisant ?

Chacun d’entre nous en a une idée, si l’être au psychique personnalisé (fait sur mesure pour lui) inclut une dimension supra humaine transcendantale issue d’une relation de l’individu au divin, alors cela ne se discute pas c’est une affaire de conviction.

Conviction moins nette que d’admettre également le fait qu’il puisse y avoir une diversité de psychique due à l’influence de la position de la planète dans son système solaire ou galactique (astrologie, trop de marge est laissée à l’interprétation). Dans ce même ordre d’idées, le physicien Evan Walter a développé le concept que les photons étant dotés d’une certaine conscience[167], la conscience peut être associée à tous les phénomènes quantiques, et partant de là toutes les suppositions sont permises.

Donc, il y aurait un individu au sens ou certains l’imaginent c’est à dire, naissant avec son psychique individualisé spontané, psychique individualisé déterminant une conscience spontanée capable de lui assurer, de fait, une existence propre indépendamment des autres, ou une capacité d’analyse personnelle, parce que c’est Lui. Cet individu n'existe pas, puisqu’il se construit biologiquement et culturellement dans un processus identique pour tout un chacun, comportant des milliards ou plus de quantités d’occurrences. De telle manière que quand nous observons cela dans son unité, l’individu paraît unique. Également nos observations constatent des caractères qui se sont modelés durant des millénaires d’interactions par l’hémotypologie, mais ne justifie pas plus d’une structure psychique individuelle.

Il n’existe pas, car nous descendons d’une combinaison moléculaire identique pour toute chose. Cela n’exclut pas, en ce qui nous concerne des distorsions dans ces assemblages, mais indique que sa contexture est une construction en duplication «modélisante » sensible aux informations de l’environnement dans lequel il s’inscrit, pour s’assurer une pérennité incertaine, une évolution.

Aujourd’hui, par la psychologie et la psychiatrie, nous connaissons les relations étroites reliant le psychique et le somatique, nous vérifions expérimentalement et cliniquement ce que nos ancêtres déduisaient empiriquement, par l’intuition et l’observation ou pour certains comme les chamans, les grecs (mystères d’Éleusis liés au culte de Déméter) par l’usage de psychotropes (champignons hallucinogènes et autres plantes), et aux quatre coins du monde nous exprimons nos émotions de la même manière.

Interactions dans lesquelles l’homme machiste s’est installé en dominateur, et en a développé la culture, par l’image du père (le dominant référentiel de la horde, les rois par exemple dont les fils étaient les sujets); la démocratisant sous les coups de boutoir du développement économique, au travers de la notion de liberté et d’intérêt individuel qui a exigé la recomposition de l’image du père, redevenu accessible à ses fils, pour que les nouveaux pères redeviennent les fils de leurs nations émancipées, qui se charge de préserver et garantir leur nouveau statut de « père frère » par des principes universalistes (liberté égalité fraternité, droit de l’homme), tout en cohabitent avec les représentations historiques « du père », les religions, les cultures différenciées d’origines ancestrales, syncrétiques ou idéologiques qui constituent l’image cérébrale de l’espace temporel dont tout psychique a besoin pour se construire et ensuite échanger, communiquer, et s’acculturer ; et dont la transmission de «l’image du père » essentiellement patriarcale devient bicéphale avec l’émancipation de la femme, et bouleverse quelques repères. Non pas ceux définissant l’expression du Moi de chaque Être, mais ceux confirmant sa notion de dominateur machiste culturalisé.

C’est la différence entre autorité et autoritarisme marque d’une infériorité. Différence n’allant pas sans poser des problèmes dans l’égalité politico-économique de l’homme et de la femme. Égalité où souvent, pour la reconnaître les hommes demandent à la femme d’exercer le même autoritarisme et inversement.

Si l’égalité consiste à donner à la femme la direction d’une société machiste pour la reproduire, c’est n’avoir façonné que des femmes hommes[168].

Si l’égalité c’est concevoir un dieu féminin qui créa la femme, l’essence même dont l’homme est extrait, ce n’est pas mieux. Par contre si un jour, sans rejeter la « religiosité humaine », elles rejettent simultanément la Vierge Marie, le Tchador et autres pour être Elle, alors là commencera l’égalité différenciée et l’espérance d’avoir une société autre que machiste, autre que patriarcale ou matriarcale, dont je n’ai aucune idée, et que j’ai qualifié « d’harmonie » (note 25).

Je peux donc dire qu’en continuant à développer et maintenir dans notre éducation la notion d’intérêt individuel culturalisé synonyme de domination comme base fondamentale de notre développement économique, cette notion a pour but de maintenir une constatation, une observation dont nous avons fait une mauvaise évaluation par méconnaissance. Mauvaise évaluation de ces constats, les estimant plus importants que notre épanouissement psychique. De ce fait nous les perpétuons aujourd’hui par des constructions idéologiques, parce qu’ils donnent la puissance, et s’y auto justifie.

Cette construction idéologique va jusqu'à la métonymie[169] de notre collectivisme, qui est que l’intérêt individuel concourt à l’intérêt collectif dans lequel il s’exerce, et sans lequel il n’existerait pas (la partie du Tout). Il n’a jamais été démontré qu’un Homme, élevé isolément, développait un intérêt individuel autre que celui d’un animal, qui est pour certains de développer un esprit de clan et non d’espèce, avant que son psychique ne le conduise au fil des siècles par l’éducation à concevoir qu’il est un Tout difficile à saisir.

Nous pouvons constater tous les jours que la mise en commun de notre force de travail, de notre intelligence, développent et suscitent celles des autres. Son contraire peut être aussi démontré par ailleurs, dans des pays où il ne manque ni d’intérêts individuels, ni collectifs.

Regardons alors où se situe le niveau de la scolarité et de l’enseignement dans les uns et les autres, et nous pouvons donc avoir une idée, au-delà des slogans idéologiques, de ce qui freine l’usage culturel qui peut être fait de notre psychique dans son environnement nourricier.

Imaginons ce qui pourrait être généré si les masses de monnaies, dépensées pour se protéger de nos semblables du fait de notre incommunicabilité, étaient utilisées à l’enseignement.

Nous comprendrions alors que le liant collectif est l’apprentissage dans lequel nous baignons, et qu’il convient certes qu’il soit structuré, mais ouvert et permanent.

Pour dépasser le connu…

Pour se convaincre que notre capacité réflexive est le produit de forces cognitives, il suffit de s’intéresser à la recherche robotique qui a développé des robots à informations ascendantes. Tel le prototype nu, dont le «cerveau » se compose d’une collection de microprocesseurs Motorola 68332, de f cadencés à 16 Mhz, modifiés pour former un réseau neuronal, conçu sur le patron du câblage de notre propre cerveau, et qui apprend à la manière d’un enfant en interagissant avec son environnement[170]. Ainsi, les forces qui nous ont créés sont capables par rétroaction, de pouvoir créer à leur tour un humanoïde auquel il ne manquera qu’une autonomie énergétique pour nous supplanter. Et peut-être que dans quelques milliers d’années, la future Bible racontera que Dieu ayant trouvé que les êtres qu’il avait faits à son image étaient imparfaits, il a inspiré quelques prophètes initiés pour concevoir l’humanoïde à son image. Pourvu que nous n’allions pas crucifier ces chercheurs, car s’est peut être grâce à eux que nos futures générations se consacreront à l’oisiveté active.

Mais cela permet surtout d’indiquer que ce robot ne réagira, qu’à partir des informations que sa conceptrice lui aura données, tout comme «l’intelligence artificielle ».

Mais sera-t-il en mesure de nommer une relation inconnue de son concepteur et donc non programmé, ou une association autre que par des mots prédéfinis ?

Sera-t-il capable de ressentir un membre fantôme[171] ?

Sera-t-il capable de pressentir l’indéfinissable ? Certainement pas, et cela nous le comprenons très facilement.

Pourtant il est moins évident de le comprendre quand cela nous concerne.

Ainsi, toutes les informations sensibles ou culturelles que nous nommons ou nous représentons, constituent la base de toute structure cognitive en interactions successives pour aboutir à la solution d’un problème ou atteindre un but.

Mais le risque demeure que l’usage des dénominations et des représentations supplante et distorde l’information sensible et inversement.

D’où le rôle important de la circulation de l’apprentissage du Savoir, pour qu’il s’ajoute et réduise cet individualisme excessif qu’illustre le slogan «moi je me suis fait seul ». Expression d’une approche exclusivement dualiste d’appropriation, par incompréhension de la «machine » humaine et au de-là d’elle, de l’Humain, dont ses observateurs s’évertuent à attribuer à une personne la « création » d’une collaboration humaine, qui plus est leur échappe, mais c’est un autre sujet. Ce qui par ailleurs ne retire rien aux capacités et nécessaires initiatives personnelles.

…et ouvrir des voies…

Or, nous sommes sans exception habités des mêmes sensations liées aux mêmes fondements ; «des lois naturelles diraient certains ». Ces lois naturelles aujourd’hui nous les connaissons en partie, nous nous étudions ainsi que notre monde, mais elles demeurent l’apanage de quelques initiés, ethnologues, biologistes, neurologistes, astrophysiciens, cosmologistes, des psychologues, psychiatres, des sociologues, la liste de toutes les sciences serait longue à énumérer, et l’on peut les regrouper sous le terme épistémologie (étude de la science). Elles sont étudiées pour certains dans un langage commun, les mathématiques et la chimie, ou l’observation de corrélations et de régularités. Pourtant, elles devraient être connues de tout un chacun, car nous en avons aujourd’hui les moyens, sans passer par des paraboles religieuses, selon les États dans lesquels elles s’exercent. Car si quelqu’un prenait le temps de réécrire les livres religieux afin de les ajuster aux résultats de nos sciences, nous nous apercevrions qu’ils ne sont que les conséquences de l’étude interprétative de l’homme et du monde avec les seuls moyens dont les hommes de l’époque disposaient : leur réflexion. Et il n’est pas dit que certains de ces hommes, s’ils avaient disposé des moyens technologiques qui sont les nôtres, n’auraient pas étaient pour quelques-uns des génies, et d’autres de terribles tyrans. Et si Jésus expliquait par une parabole qu’il n’y avait pas lieu de jeter des pierres à la prostituée, j’ai expliqué la même chose en m’appuyant sur ce que la science a mis en évidence par la théorie du chaos. Mais voilà, Jésus ne disposait pas d’ordinateur, et il a du se servir d’une méthode psychanalytique que l’on appelle l’introspection.

Ainsi tout ce que nous découvrons sur nous et notre monde doit être regardé, non comme vérité absolue, mais comme information/communication d’une voie «rationnelle dynamique à tendance non linéaire », offrant comme repères (ordre) une route de circulation jalonnée d’où peuvent partir toutes bifurcations. Cela, jusqu'à ce que l’une ou plusieurs d’entre elles deviennent à leur tour des routes jalonnées offrant d’autres voies de bifurcations. Des voies où le rationnel et le non linéaire demeurent la voie commune pour avancer ensemble, sans constituer la voie obligatoire, bordée d’interdictions de sorties idéologiques ou de superstitions.

En sachant également que la linéarité et la rationalité ne sont pas la vérité, mais seulement une méthodologie de compréhension et de réalisation de notre Tout, car nous ne pouvons l’exprimer que par le seul langage. Et ce, d’autant plus que nous le conditionnons à une expression réduite par nos définitions en refoulant une partie d’elles sous le paraître bienséant culturel.

C’est ainsi que nous avons séparé le raisonnement économique, politique, et religieux, comme si nous les vivions séparément, sans qu’ils soient les uns dans les autres sous-jacent.

Cela conduit à de faux discours «moi je ne me préoccupe que d’économie », «l’État ne doit pas s’occuper d’économie », «moi je ne m’occupe que de l’esprit » etc. qui sont de vrais prétextes hypocrites pour se voiler la face sur ce qui nous gêne ou nous arrange dans les responsabilités que nous voulons ou pas assumer dans la collectivité.

Nous en connaissons l’histoire, mais quel est l’imbécile qui croirait que notre cerveau a fait cette séparation, d’autant plus que notre cerveau les relie au quotidien, et quand cela nous gêne nous avons un inhibiteur tout trouvé : la monnaie.

…pour bifurquer.

La monnaie c’est aussi notre miroir, et ce miroir reflète notre insuffisance à nous prendre en charge, puisque nous lui déléguons le rôle de tout déterminer dans notre existence. Il n’est pas un problème qui ne soit évoqué sans que nous en fassions un problème économique. Pour y conserver son rôle, nous organisons la rareté par l’utilisation d’un plan comptable qui est une voie commune qui quantifie le rapport offre/demande en monnaie, où l’homme ne se regarde pas pour son devenir, mais par sa capacité à produire et consommer, avec l’interdit de produire l’abondance, ce que se charge de réguler la voie commune.

Cela ne signifie pas qu’il faille la rejeter, mais peut-être bifurquer ?

D’autre part, nous passons une bonne partie de notre éducation à nous convaincre que nous ne pouvons pas nous passer de la monnaie. Nous ne choisissons notre existence professionnelle et parfois privée, qu’en fonction du revenu d’un métier, avec les frustrations de l’échec lorsque nous n’atteignons pas notre objectif. Ce choix raisonné de la production de nos besoins ne peut satisfaire à l’expression de toutes nos sensations intérieures. Celles-ci se manifestent indépendamment de nous, et nous devons les refouler quand elles ne trouvent pas un terrain favorable à leur expression.

Les ECPA offriront Une bifurcation, en développant un terrain favorable à l’expression de toutes nos sensations.

Dans un monde où je n’ai rien découvert…

En résumé nous appartenons à l’univers qui nous a créés et vers lequel nous retournons, nous sommes une de ses composantes, et comme lui nous reposons sur des lois qui exigent une équilibration de notre Être que nous perturbons par un ensemble de normes, et dont certaines nous empêchent de constituer des groupes épanouis.

Parmi elles, particulièrement le Mérite, la norme méritocratique, qui comme l’explique Pierre DACO : «Le Mérite est une expression de pauvreté. Ce terme disparaîtra sans doute avec l’évolution de l’humanité, et de l’éducation qui en découlera. Il aboutit à la peur angoissée de mal faire, de faire moins que le voisin, et d’être rejeté pour incapacité ou impuissance, car ses critères sont établis par d’autres, et pour obtenir le Mérite il s’agit de ressembler à ces critères ou de s’obliger à leur ressembler ». Mais à mon sens ce qui est le plus important dans son explication c’est que par ce bais, il explique que «L’on peut être conduit à vivre à l’envers de Soi, pour obtenir cette ressemblance » «car c’est une carotte, non pour aider quelqu’un à devenir ce qu’il est, mais pour l’obliger à être ce que l’on veut qu’il soit ». [172]

Ceci n’est pas incompatible avec l’effort qui doit être accompli pour prendre sa place dans la société et de fait apprendre et subvenir à nos besoins. Si pour poursuivre notre route matérialiste il est nécessaire que nous nous façonnions encore, à la mesure d’un emploi, ne nous faudrait-il pas aussi comprendre la limite de la méritocratie pour libérer des espaces pour l’affirmation de ce que nous sommes capable de vouloir être pour exister ?

Encore un rôle que peut remplir les ECPA.

N’est-il pas triste de voir des retraités désabusés ne pas savoir-faire autre chose que celles pour lesquelles ils ont été façonnés, travailler ?

N’est-il pas triste de voir des retraités se sentir devenir inutile, quand ils doivent tôt ou tard laisser leur place ?

Quel est celui qui n‘a pas éprouvé une sensation de rupture au moment de son départ à la retraite ?

Au-delà de toutes les bonnes raisons que nous nous trouvons pour effectuer cette transition, c’est un changement existentiel. Il marque le choix d’une société de reconnaître à partir d’un certain âge un juste repos à tous ceux qui ont contribué au développement de cette société.

En conséquence, la place que donne une société à ses citoyens devenus âgés, ou en âge de se retirer de la vie active, est l’image que chacun aura entretenue avec la notion de communauté humaine. Sans cela, la notion de solidarité inter génération est incompréhensible.

Aussi, je comprends difficilement que pour des raisons fictives de financement, une société, aussi technologique et aisé que la nôtre, envisage de prolonger l’âge de la retraite sous le fallacieux prétexte que chacun est libre de travailler jusqu’à l’âge qui lui convient.

Vous m’excuserez de ne pas vous citez les sources de l’image que je vais développer, car je ne fais appel qu’aux souvenirs de mes lectures.

Un navigateur dans la découverte des îles océaniennes rapportait la curieuse tradition d’une tribu, où l’usage consistait à faire grimper leur vieux à un cocotier. Si le vieux tombait en montant, ou une fois en haut en ayant secoué le cocotier, la tribu le mangeait. Nous, nous sommes devenus civilisés, nous nous envisageons de leur raccourcir la durée de vie de repos après la période de travail, en augmentant la durée de celui-ci, et qui plus est parfois avec leur aval, car s’ils ne peuvent plus prouver qu’ils sont encore capables de grimper au cocotier ils ont l’impression de ne pas exister. Mais chacun peut avoir sa conception du progrès, et de son intérêt.

…qui ne l’eut été par d’autres…

Tout ce que j’écris, des hommes l’avaient compris bien avant moi, et avant nos scientifiques avec moins de moyens à leur disposition ; les orientaux avec le Yin et le Yang (taiji), hindouisme, etc., les occidentaux au travers des mythologies, de la Bible, le Coran et tant d’autres. Encore fallait-il que leurs successeurs aient les moyens de décoder et traduire les messages, plutôt que d’en faire une codification religieuse immuable où dans certains de ces ouvrages, le savoir y est présenté comme la connaissance spontanée transmise aux prophètes.

Cette codification stricte leur a fait perdre le bénéfice de toutes réformes en muselant l’agir social (capacité d’une société de s’interroger et de se réformer). Elle instaure l’immobilisme là, où nous savons qu’il n’y a que mouvement, l’équilibre là, où il n’y a que déséquilibre.

C’est encore aujourd’hui le cas, sous la forme naïve, quand les religions rapportent le «message universel » ou la compréhension de la vie qu’elles ont toutes perçue[173]. Néanmoins je dois reconnaître que leur stabilité offre une assise qui a pu absorber toutes les erreurs commises dans l’élaboration des sciences, et qu’il peut en être de même aujourd’hui, tout en étant accessible au moins instruit ; mais la stabilité n’est qu’une étape cyclique vers une nouvelle entropie, tel le fait social, ou ce que nous appelons l’impuissance collective sont aussi des stabilisateurs nécessaires, car il est essentiel de comprendre que notre psychique ne résisterait pas à une perpétuelle remise en cause sans un apprentissage, mais c’est seulement quand ces stabilisateurs se figent se pétrifient qu’ils deviennent une entrave.

Nous avons vis à vis des théories monétaires le même comportement qui reflète celui humain de si auto justifier. De fait, ceux qui nous les expliquent nous les présentent quelles qu’en soient les variantes comme étant incontournables, parce que calquées sur le comportement dit «naturel ».

C’est l’histoire de la poule et de son œuf, L’un ne peut que donner l’autre et réciproquement. Toute personne qui vous expliquerait que son œuf peut donner un canard, passerait pour fou.

Or, nos comportements ne sont pas immuables puisqu’ils dépendent fortement de notre apprentissage, et s’interroger à leur sujet revient à nous interroger sur nous même.

Cela revient à nous remettre en cause, et naturellement ceux qui devraient le faire parce qu’ils en subissent les méfaits, n’en ont pas les moyens intellectuels, aujourd’hui comme hier. Ce sont ces mêmes qui vous traiteraient de fou si vous leur disiez qu’un œuf de poule peut donner un canard. Alors ils se contentent parfois de rêver de remplacer ceux qui les accablent, de prendre les armes, ou d’en appeler à Dieu, ou de confondre la nécessité pour l’homme de rêver d’être, et l’illusion d’être.

Nous retrouvons là cette dichotomie de la mécanique quantique, la « réalité » et l’image de la réalité. Ce qui permet de faire la différence n’est que la capacité d’information que nous pouvons associer et quantifier pour concevoir quand nous sommes dans la « réalité » ou son image. Une image « réelle » qui peut tout aussi efficacement que la « réalité » se concrétiser conceptuellement et somatiquement ; c’est le propre de toutes les pratiques ésotériques ou occultistes[174] ; c’est le monde dans lequel nous vivons en le qualifiant soit de naturel ou de culturel. Mais pour cela encore faut-il trouver le temps d’apprendre ; ce qu’avaient fait les prêtres initiés et les prophètes de toutes les confessions et philosophies, qui aujourd’hui seraient considérés comme des sociologues ou des psychiatres et psychologues, et autres capables de comprendre l’esprit humain de lui suggérer des cadres de sociabilité, même si nous ne savons toujours pas d’où nous viennent les totems et les tabous, et qu’ils aient été dans leur totalité la bonne réponse au phénomène ou aux phénomènes qui les ont générés. Il y a des millénaires que des hommes ont compris cela, pour y parvenir ils leur fallaient des années interminables d’études et de méditation pour, en lisant leurs émotions en arrivaient à avoir une image du monde, et de la relation qui les y unissaient, de telle sorte que les plus avertis, les autres les qualifiaient de sages, de maîtres et autres. Aujourd’hui une partie de cette sagesse est compréhensible à tout un chacun par l’intermédiaire des lois que nous pensons régir l’univers (avertissement) grâce à l’invariance d’échelle[175], car en nous découvrant nous découvrons notre l’univers (celui de notre regard et de nos techniques), et en découvrant notre univers nous nous découvrons.

Je n’ai donc rien découvert, nous n’avons rien découvert d’autres que la capacité de réaliser, de définir, et démontrer l’existence des images mentales que faisaient nos prédécesseurs.

Si pour comprendre l’univers, il a été nécessaire de descendre dans l’infiniment petit, nous devons ensuite remonter jusqu’à l’ensemble, car c’est dans le TOUT que l’humain vit, ou du moins dans l’idée que nous avons de ce TOUT.

Des scientifiques ont fait la descente dans l’infiniment petit. Ce fut la découverte de l’an deux mille, «l’état quantique ». Il reste à l’assembler et en comprendre ses informations.

Pour l’Homme il en est de même, il est nécessaire de comprendre de quoi il se compose, et comment il fonctionne pour en comprendre son ensemble, tout comme l’agir de son ensemble est indicateur des voies à prospecter.

C’est à dire sa collectivité, sa communauté, car la seule réalité agissante qui existe est sa collectivité, et sa collectivité commence à deux, et fini à six milliards en relations. Ceci même s’il s’avère nécessaire par souci d’efficacité de la personnifier pour se regrouper, en famille, clans, groupes, cultures. En effet si chacun suivait son individualité, nous vivrions sans contacts, tous séparés, et l’espèce culturalisée que nous sommes en mourrait. Analyser cette collectivité, dépense et le TOUT, ce fut et c’est toujours là le travail de la psychologie, sociologie, etc., ainsi que de chacun d’entre nous, c’est cette action d’analyse qui se comprend aussi sous le terme de «philosopher ». Un terme qui est connoté aujourd’hui, comme ne représentant presque que des irréalistes, des coupeurs de cheveux en quatre, le plus souvent par des cartésiens qui vivent sans en prendre conscience dans un monde plus virtuel que celui des philosophes, celui de la monnaie.

Ainsi pour la monnaie il est aussi nécessaire d’analyser son usage, sauf que ses théoriciens ont fini malgré eux par lui donner un caractère de science qu’elle n’a pas, et c’est cela que je conteste.

Je lui conteste le caractère de déité qu’elle a acquis ; je lui conteste « l’image du père » auquel elle se substitut ; son caractère de « structuration » du psychique.

Pour le comprendre il faut remonter jusqu’à la préhistoire. De tout temps l’Homme a entretenu des relations indicibles avec ceux qu’il reconnaissait être les sources nourricières ou structurantes de son existence que nous avons définie. Il en a vénéré les plantes, les animaux, les astres, et il s’est toujours identifier à ce dont il percevait devoir sa dépendance et son pouvoir. Il a conçu des dieux dont il s’est fait l’interprète pour gérer sa vie socio-économique, s’appuyant pour toute science, sur la divination, l’exorcisme, l’astrologie, la prophétie etc.…. En cela nos constructions conceptuelles n’ont pas évolué. C’est ce que nous faisons quand pour expliquer nos théories monétaires, nous utilisons le terme de «science économique et sociale », laissant entendre qu’il ne peut pas être fait autre chose, puisque c’est de la science, comme d’autres disaient à leur époque c’est la prophétie.

Contester cela n’est pas, méconnaître la monnaie comme instrument d’utilité fonctionnelle ou comme génératrice de rêve. Ce serait une erreur monstrueuse de vouloir tuer le rêve qui en découle, cela reviendrait à tuer l’Homme.

C’est pour cela qu’il faut du temps (millénaires) et de l’intelligence (informations) pour transporter « le rêve » vers d’autres buts, au travers de la «qualification mesurable » (économie) de ces rêves.

Celui que nous avons installé au travers du système libéral peut se résumer en une phrase célèbre dans l’histoire de France attribuée à Louis XV, «après moi le déluge ».

Si devoir se « mesurer » permet de s’organiser, ce n’est pas pour se construire à la mesure de la « mesure » pour devenir elle ; l’utilisateur d’un vélo devient cycliste et nous savons que l’homme n’est pas conçu pour vivre sur un vélo. A utiliser la monnaie nous devenons monétaristes et nous ne sommes pas fait pour cela non plus.

Mais, il ne faut pas se tromper de cible…

Ce n’est pas le rôle d’échange de la monnaie que je mets en cause, mais les névroses qu’elle développe au travers des critères d'obtention, particulièrement celui de culpabilité, d’infériorité et de libération de désirs violents.

Si ce n’est pas une maladie que d’être riche, tous ceux qui ne peuvent l’être deviennent malades, et c’est ce mal là qu’il faut soigner. Comme je ne suis pas docteur en économie ce n’est pas de moi que viendra la solution, mais de nous tous, quand nous aurons cessé de croire que chacun d’entre nous est un petit roi.

Quand nous appréhenderons, le fait que ceux qui nous le font croire se nourrissent de notre espérance ; quand nous aurons assimilé que la monnaie est notre reflet ; quand nous comprendrons et changerons nos comportements, alors nous modifierons son rôle, tout comme celui de la loi du marché.

La monnaie n’à jamais tué personne, et si des êtres se sont donnés la mort à son sujet se sont leurs projections névrotiques qui les ont tués, et non une ligne de chiffres sur un bout de papier.

Il en est de même pour la Bible, le Coran et autres écrits qui, posés sur une même table se couvrent de poussière, et jaunissent à la lumière.

Il ne faut donc pas se tromper de cible.

… pour essayer de vivre mieux…

Nous ne devons pas oublier que nous ne sommes, comme je l’ai dit, que des «particules », perçus à nos yeux comme matière. Cette matière au même titre que n’importe quel ensemble de l’univers en mouvement produit et consume de l’énergie. De ce fait tous nos agissements en consument, et nous l’usons d’autant plus vite que nous vivons ou fonctionnons mal.

Ce qui nous permet de le savoir, ce sont nos sensations qui peuvent être traduites par un seul mot, aimer (j’aime ou je n’aime pas).

Si nous aimons, nous consumerons le minimum d’énergies et en recevrons de l’extérieur (des autres). Nous serons donc en «harmonie » avec l’ensemble.

A l’inverse, si nous n’aimons pas, nous consumerons beaucoup plus d’énergie sans en recevoir et nous nous userons plus vite, en un mot nous tomberons malade.

Cela signifie que nous devons apprendre à traduire les conflits qui déterminent nos besoins, et ceux qui nous minent. Nous devons pouvoir recevoir de l’extérieur ou de notre propre capacité psychique, l’énergie qui là contre balance.

C’est ce que nous faisons chaque fois qu’une activité professionnelle ne nous plaît pas, et que nous trouvons un épanouissement dans une autre activité qui nous aide à supporter la première, faute de la comprendre. Ce que nous faisons chaque fois que notre construction psychique close s’ouvre à l’autre, au monde.

Ce message est entre autres dans la Bible et bien d’autres écrits, mais qui donc cette époque, pouvait expliquer aux hommes que, «aimez-vous les uns les autres » ou «aimez votre prochain comme vous-même », ne signifiez qu’être en «harmonie » avec les lois physiques universelles qui régissent la matière. Lois que nous connaissons imparfaitement, mais dont une chose est sure, elles nous habitent puisque nous sommes parties intégrantes de l’univers et pas au-dessus. Ceci bien qu’il nous plaise parfois de le croire, et nous ignorons qu’elles sont faites pour nous permettre de nous épanouir, même si elles incluent notre propre mort.

Notre propre mort comme salut de l’évolution.

Il n’est donc pas nécessaire de l’anticiper, surtout quand nous sommes capables de maîtriser la production de nos ressources nourricières.

Ceci alors que nous organisons la rareté de la monnaie pour justifier d’une sélection naturelle, quand nous pouvons développer son abondance et maîtriser notre développement psychique, pour ne pas être la « mesure », le vélo. De ce fait, en maintenant des luttes fratricides, nous justifions notre vue de la « sélection naturelle », ces lois «naturelles » qui ont souvent bon dos pour justifier nos actes belliqueux.

Ainsi, à voir le nombre de maladies que nous développons, hors luttes inter organismes (bactéries, virus et déficiences), nous ne sommes que dans une perpétuelle «dysharmonie ». Dysharmonie que nous nous transmettons culturellement, dont nous prenons consciences, aussi par intuition, mais qui demande beaucoup de temps de compréhension, et de réformation éducative. D’autant que nous ne l’exprimons pas toujours clairement comme nous l’avons fait en 1968 par le slogan : «Il est interdit d’interdire ».

Ainsi, certaines de nos relations avec la monnaie issues de nos névroses nous en créent en retour. Cela signifie clairement que nos théories monétaires ne répondent pas à notre universalité ou au fonctionnement des lois communes qui régissent notre espèce depuis que l’homme est sorti de son biotope. Ainsi pour vivre mieux dans des espaces qui ne sont pas ceux de son origine, l’homme a réalisé les images de son cerveau. Et si notre inconscient nous rappelle nos origines, par l’enseignement et la connaissance tout au long de l’existence de manière dynamique, nous pouvons le « domestiquer » pour vivre mieux et éviter les usages néfastes que nous faisons du Savoir.

Si nous retenons que chez l’humain le mâle ne songe qu’à s’accaparer les femelles, qu’à s’accoupler avec sa fille, et que le fil ne songe qu’à tuer le père pour refaire la même chose, en l’absence d’inhibiteur structurant pour proliférer, il apparaît donc que le meilleur moyen d’éviter la consanguinité[176] soit l’isolement individuel ; sous réserve que le biotope en offre les conditions nourricières.

Alors pouvons-nous dérouler un raisonnement qui nous conduirait à dire que l’espèce Humaine, de part sa capacité destructrice intra espèce qui émane de chaque individu, est vouée à vivre isolément et ne se retrouver que pour la copulation sélective pour être en harmonie ?

Et ne peut-il y avoir de communauté que parce que l’Un est capable de soumettre les Autres à partir de l’instant où l’homme a dû se regrouper pour chasser ?

Certainement je peux oser le dire pour imaginer l’origine de nos comportements qui se sont structurés autour d’interdits afin d’assurer une cohésion et une sociabilité du groupe ; et partant de là considérer que toute organisation et idéologie qui conduiraient à favoriser l’individualisme égocentrique et la famille mono parentale (mère enfant exclusivement) nous rapprocherait de nos origines comportementales.

Sauf qu’aucune trace d’étude paléoanthropologique ne permet de le dire, hormis le constat suivant : « Avec les premiers hommes naît une notion nouvelle formée de la flexibilité adaptative, c’est à dire la possibilité de s’intégrer au groupe, et de l’homogénéisation par la culture ; dans la mesure où l’apport culturel pèse plus que le milieu naturel».[177] Mais voilà cela nous ramène à idéologique Africanus entre 2 et 3 millions d’années, avant l’homo habilis 2 millions d’années qui lui déjà vivait en groupe et utilisait des outils qui se transmettent par l’appris, preuve d’une intelligence[178] ; et je doute que l’instinct suffise à fabriquer des outils pour chasser sans conscience de la mort et de soi. Aujourd’hui nous avons une conscience culturalisée, qu’elle soit due ou non à une erreur de l’évolution, qui est capable de « tromper » l’innée, de tromper l’inconscient. C’est à dire que nous sommes capables de lui donner une image de lui, de lui donner une projection de lui-même recomposée par notre activité cognitive. C’est cela que nous faisons en ayant développé une activité culturelle, et cette activité se trouve souvent en confrontation avec l’inné, duquel nous exigeons qu’il se plie aux usages culturels. Nous demandons à la réalité sensible (biologique) de se conformer à l’image de la réalité qu’elle a traduite (cognitive) pour donner une nouvelle réalité « bio cognitive » qui affectera à nouveau le biologique et le cognitif. Sauf que les évolutions demandent des millions d’années avant de s’inscrire peut-être dans les gènes, et que durant ce laps de temps ceux-ci veillent à reproduire les structures pour lesquelles ils ont été conçus. Ainsi l’individualisme égocentrique ne serait qu’un retour aux sources, et il ne supporterait pas l’Autre. Il se serait ou aurait été contraint à s’identifier dans la famille, le clan, le groupe, la culture, il se serait ou serait sorti de la soumission à l’autre, et il ne manquerait qu’à lui permettre se s’associer pour le conduire à l’espèce. Pourquoi alors un égocentrisme qui nous aurait conduit à l’évolution durant 2 millions d’années en quelque 4000 mille ans (premier charnier de l’âge du bronze), nous mène à l’auto destruction ? Peut-être parce que l’égocentrisme s’accommode fort mal d’une organisation économique construite autour de lui et définie par l’axiomatique d’Adam Smith (P. 349). C’est à dire que l’égocentrisme permet de faire face aux situations qu’il juge lui être hostile pour le développement de l’organisme biologique qui le porte. On peut donc en conclure que son expression ne tient qu’au constat de la perception d’un environnement hostile, or aujourd’hui celui-ci est le produit et la création d’une conscience, d’une intelligence, que nos sens seuls ne peuvent plus décrypter sans apprentissage, sans intelligibilité du global par le local, du monde par l’Homme, sauf que c’est l’Homme qui regarde le monde et en donne une définition. Et cet apprentissage va lui proposer des schémas de fausses certitudes sans cesse hostiles, que l’on doit en permanence anticiper, car toute organisation va se désorganiser et créer une incertitude ressentie comme hostile. Et si nous regardons l’univers, notre monde, nos cultures, nos États, nos régions, nos communes, nos villes, nos groupes, nos clans, nos familles, un individu, une cellule organique, tous répondent à cette constante. Cela correspond au principe de la géométrie fractale découverte par Mandelbrot que tout ensemble est composé dans l’infiniment petit de la même structure que l’ensemble qu’il compose : d’une invariance d’échelle (note 173). Ainsi, rien n’échappe à l’égocentrisme, ni nous, ni nos États, ni nos cultures, ni le monde, et s’est de notre habileté à l’ordonner que dépende notre bonheur éphémère sans cesse renouvelé ; et il semblerait que nos illustres ancêtres, que nous qualifions de primates, y soient parvenus mieux que nous.

Il n’y a donc aucune raison que nos organisations économiques ne soient autre chose que le reflet inconscient de l’Un qui soumet les Autres ou de l’Un qui veut vivre seul, et cela se retrouve jusque dans la course à la production de notre armement. Nous pouvons donc nous interroger pourquoi elles ne conduisent pas à un épanouissement harmonieux malgré le confort qu’elles ont apporté. Et à travers elles, nous mettons donc en danger cette fabuleuse capacité qu’est la conscience qui nous donne la faculté de nous associer, de synthétiser les informations que nous captons pour nous associer, parce que nous baignons dans une « structure » (note 17) qui nous le permet. Et en cela il n’y a rien de contre nature, car la nature c’est notre universalité, l’univers de forces physiques en mouvement qui favorise la création par l’organisation biologique.

Cette évolution Humaine, certains la qualifient d’hominisation, mais les individus n’en seront porteurs que si l’environnement est de nature à exiger l’adaptation de l’inné, c’est à dire que cela peut venir d’une activité « collectiviste » de ses membres, «du culturel événement en soi ». Car je ne pense pas qu’il y ait un déterminisme absolu, mais plus une dynamique « dépense » aléatoire du traitement des informations qui nous constituent, que nous devons ajuster à la mémoire originelle universelle de ce que nous sommes, notre inconscient qui génère l’égocentrisme. Les maîtres anciens de l’Inde et de la chine l’appelaient « le Vieil homme » ; celui qui se cramponne à cette conscience qu’il a durement acquise après que sa vie est traversée d’innombrables souffrances et plaisirs anonymes pour être ce qu’il est. Et qui ne voulant pas abdiquer se cramponne dans notre mémoire (inconscient), et agit dans ce sens en notre insu.

Il est donc nécessaire de comprendre que quelqu’un qui dispose d’une certitude absolue peut se suicider car il est déjà mort. En fait c’est un mort vivant qui ne pourra plus rien apporter au monde, hormis sa destruction, car pour vivre il ne peut développer que la mort qu’il porte.

Ainsi pour vivre mieux cela ne dépend que de tout ce que nos prédécesseurs avaient compris, et pourvu que nous parvenions à mieux les redéfinir ou démontrer.

… et ne pas rejeter tout du système libéral parce qu’il flatte l’individualisme »…

Il me reste tout de même à rendre un hommage à la monnaie celui d’avoir par sa fonctionnalité, facilité et permis à l’Homme de se doter du temps et d’outils pour se décrypter.

Il a dû pour cela se libérer, contre vents et marées, de la contrainte de produire exclusivement soutenue par tous les libéraux attardés et autres qui font du travail une vertu, ou une punition humaine.

Il lui reste à se libérer de la cupidité financière, et il reste à permettre aux Hommes de comprendre pour ceux qui en feront l’effort, qu’ils ne sont rien, parce que l’évolution se fera avec ou sans eux. Mais aussi qu’ils sont «Tout » parce qu’ils appartiennent à un univers qui a fourni à l’espèce humaine un cerveau rétroactif qu’elle doit encore maîtriser.

Et si grâce au libéralisme l’homme a accédé à cette fonction de « père frère » (P. 291) il lui faut arriver à gérer l’obsession de la toute puissance, dont la monnaie fournit les moyens.

… qu’il a mise en évidence par la cupidité.

Je veux dire par-là, que l’ego habite chaque Etre à l’identique. Que ce que nous appelons individualité n’est qu’une lecture imparfaite de notre ego différencié s’associant aux autres (alter ego) que nous croyons être le seul à posséder pour développer des sociétés aux normes imparfaites (le monde). Ces sociétés qui façonnent obligatoirement des organisations systémiques imparfaites, culture «sociétale», enseignement, justice, économie.

Néanmoins, notre ego différencié dans un monde en relation pour concourir à la création de ses ressources recherche malgré nous son reflet dans l’autre, et chacun de nous se livre à cette activité (la recherche de l’esprit de l’autre). Cet ego n’existe que par les autres ajoutés au mien forment un Tout. Ce Tout c’est la collectivité des « ego » identiques au mien, et sans ces autres, le mien ne créerait rien, et n’existerait pas.

Comme mon ego se trouve dans celui des autres, si je complète le mien avec ceux des autres je n’ai plus besoin de haïr ou tuer, puisqu’ils sont mon reflet et que je suis le leur, même si nous ne devons pas développer les parts de nos « ego » que nous n’aimons pas.

Ceci n’empêche nullement le développement de la personnalité, qu’elle soit liée aux différenciations génétiques, ( caractères morphologiques et caractères psychologiques dominants) ou aux différences «géohistorique » (cultures).

Ceci n’empêche nullement la diversité identificatrice (le besoin d’une identité).

Ceci n’empêche pas de s’attacher, par transfert, à des objets, des animaux, car ils sont des interférents du monde.

Ceci nous permet de ne pas personnifier des concepts qui ne sont qu’agréments au-delà de ce qui est nécessaire pour rendre compte de la satisfaction que nous en retirons, dont beaucoup comblent des vides relationnels ou d’incommunicabilité.

Ceci ne conduit pas au fantasme de l’uniformité agité comme un épouvantail, car cette uniformité est déjà réalisée, c’est l’espèce, et que l’infini nous est interdit, et qu’il nous sera donc toujours possible de nous situer sur une échelle de 0 à l’infini.

Il est donc important de comprendre que nous sommes semblables et différenciés.

Cependant nous avons fixé une limite à cela en développant la concurrence hégémonique des « ego » atrophiés ou étriqués par méconnaissance. Je vais en développer l’exemple à partir de la nécessité de se différencier instrumentalement, pour appartenir à ses semblables, sa famille, son clan, son groupe, sa culture.

Chacun d’entre nous porte un signe culturel pour se distinguer des autres, malgré les signes morphologiques ; pourtant certains de ces signes distinctifs remontent à des pratiques coutumières qui se perdent dans les âges de notre histoire. Néanmoins certaines demeurent vivaces, comme le tatouage, le piercing, la scarification (cicatrices dans les chairs), les mutilations d'organes génitaux, etc. Heureusement le monde occidental et d’autres sont passés à des représentations moins traumatisantes ou plus discrètes et esthétiques, telle le baptême, les boucles d’oreilles, mais elles n’en demeurent pas moins présentes. Et si pour nous reconnaître dans l’autre, il fallait se partager les signes identificatoires, nous ne serions que plaies, nous croulerions sous le poids des fétiches. Il y a donc là, pour tous se reconnaître au travers des symboles une incapacité technique à se les partager, les adopter, qui est forcément source de conflits par la sacralité conférée souvent à leur symbolisme. Malgré cela comme je l’ai déjà dit, même à l’autre bout du monde nous rencontrerons quelqu’un qui nous ressemble ; mais cela c’est l’intelligence qui le saisit, pas les symboles. Même s’ils sont d’utilité sociologique et psychique pour conceptualiser la diversité géohistorique et pour nous sérier ; ils doivent être conçus et interprétés de telle manière que l’on puisse s’en séparer face à notre évolution « acculturante ».

Et aujourd’hui où la connaissance complexe des relations humaines peut nous aider à mieux nous «harmoniser », nous la reléguons au seul rôle de support de la monnaie. Nous l’utilisons le plus souvent comme moyen de flatter au mieux, celui que nous désirons exploiter au maximum. Les relations humaines, contrairement à leur nom, ne sont pas toujours utilisées pour faciliter les relations entre les individus, mais plus pour les mouler, et chaque fois qu’apparaît une découverte scientifique permettant de mieux définir les capacités ou les insuffisances des individus, certains responsables de groupement voient dans ces innovations l’utilité d’une sélection des meilleurs éléments.

Exemple, jusqu’à présent la graphologie, le thème astral à l’usage d’une embauche, ou autres, de part leur mise en œuvre ne concernaient qu’un groupe restreint d’individus, mais avec la génétique il est à craindre des tentations de recherche d’individus «sains » dans tous les domaines, comme d’autres en voulaient des «purs ». Ceux là le faisaient pour un idéal racial, tandis que nous risquons de le faire seulement pour une rentabilité financière. Ceci si nous ne savons pas faire la différence entre se prémunir des risques pathologiques, et rechercher des individus correspondant aux critères de l’efficacité industrielle et sociétale comptable.

Pour nous justifier de tout cela, nous véhiculons une affirmation qui stipule qu’il ne peut y avoir création qu’à l’occasion de la concurrence ou de l’affrontement. Cette vision justifiant nos excès ne repose que sur la propre observation de notre existence imparfaite, érigée en règle par nous même et renouvelé. Pourtant nous savons maintenant qu’en excitant trop fortement notre cerveau reptilien (thalamus), pour solliciter une réponse du cortex frontal, nous jouons avec la violence. Nous jouons avec cette violence quand, quelles qu’en soient les raisons, au nom de l’individualité nous poussons chacun d’entre nous à se définir comme supérieur à l’autre, (se représenter l’alter ego comme un obstacle à ses désirs), et s’en écarter plutôt qu’à s’assembler. C’est à dire de n’accepter la collaboration que dans le cadre de la domination de l’Un.

Néanmoins, si nous estimons que les règles qui ont créé l’univers, qui ont bâti un ensemble universel aussi «animé » et varié pour le peu que nous en connaissons et voyons, il y a peu à craindre d’une «harmonisation » (note 26) des «ego », et peut-être tout en attendre.

De ces «ego », composés des même forces que celles de l’univers qui donnent naissance à la variété d’opinions issues de l’impossibilité de voir se dérouler deux existences à l’identique, car se reconnaître est se comprendre, s’associer, vivre ensemble, n’est pas vivre à l’identique.

Et nous prendrons sur nous d’expliquer le mystère des choses…

Ainsi, notre imperfection nous a conduits à détenir le seul véritable pouvoir dont nous disposons sur l’univers, l’aptitude à nous éradiquer avant notre terme par la production d’armes de destruction de masses. Un paradoxe pour des êtres dont le souci est l’inquiétude de la mort et l’espérance de vivre éternellement.

N’y aurait-il pas une autre voie à développer dans la recherche d’une «harmonisation » où la monnaie aurait toujours son rôle ?

Shakespeare a écrit dans le Roi Lear, v, 3, «et nous prendrons sur nous d’expliquer le mystère des choses. Comme si nous étions des espions de dieu ? ».

Aujourd’hui nous avons pas mal avancé, même si nous ne sommes que des enfants de l’univers, et nous le devons à de grands nombres de découvreurs, dont chaque époque les a vus contestés ou encensés.

Ce qu’ils ont découvert et ce que découvrent nos contemporains ne doit pas rester l’affaire d’initiés.

Ces connaissances doivent être connues de chacun et nous ne devons pas nous y opposer au motif qu’elles ne peuvent pas conduire à une source de profits immédiats.

Cela remet en cause certaines bases de notre enseignement, particulièrement l’absence de la philosophie appropriée dans l’enseignement primaire, la réduction du temps consacré à la maîtrise du français les outils utiles pour être un citoyen, également ses moyens pédagogiques. Car dans un monde de connaissances pluridisciplinaires approfondies nous continuons à fabriquer des aveugles.

La rationalité n’est pas suffisante pour saisir la «réalité », nous le savons très bien en étant contraint de nous exprimer dans un ordre établi construit, alors que notre esprit pense en un Tout que nous n’exprimons jamais complètement. Ceci nous conduit à construire des champs de pensée, corriger, rectifier, préciser des pensées que d'autres nous prêtent, et que nous n’avons pas su exprimer. En plus, nous supprimons la gestuelle et la mimique comme inconvenantes, demandant aux hommes de s’exprimer comme des glaçons, comme si le dictionnaire pouvait contenir tous les mots exprimant le sensible.

Heureusement certains scientifiques ne craignent pas de vulgariser leurs travaux, et certaines revues de les relayer pour les mettre à la disposition des lecteurs.

Pourtant nous continuons à vouloir ignorer «notre réalité », qu’une partie de la science a mise à notre disposition.

Ignorer que notre monde, et notre vie ne sont qu’une image de notre cerveau qui transforme des signaux, comme nous le faisons pour transporter des images, des sons ou créer des mondes virtuels sur nos ordinateurs.

Heureusement que nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, sans couleur et sans bruit, que si nous ne passons pas au travers des murs, ce n’est pas parce que le mur est dur, cette notion de dureté est essentiellement humaine. Le mur est dur parce que les champs (forces) qui lient ses atomes ne peuvent pas être dissociés sans une intervention qui casse leur liaison, sans cela nous nous mélangerions au mur.

La différence se fait dans la composition des molécules et des «informations » qui concourent à leur formation. Ensuite, il est facile d’imaginer la quantité d’informations nécessaire pour constituer et organiser un organisme macromoléculaire comme l’humain ou toutes espèces vivantes, pour passer de la matière inerte comme le mur à de la matière organique (interactive, agissante). Il en est ainsi de toutes choses, et pas parce que notre nombrilisme humain nous fait considérer que nous sommes un être supérieur issu de je ne sais pas où.

Je vais me permettre un parallèle avec la Bible, sans vouloir froisser les croyant. Dans la Bible, GENESE 1 /27, il est écrit : «Dieu créa les êtres humains à sa propre ressemblance ; Il les créa homme et femme. »

Je peux l’interpréter en disant : propriétaire, par les informations qu’il délivre ou détient, assemble les êtres humains à sa ressemblance. Il les assemble homme et femme. Les deux veulent dire la même chose, pour la bible, c’est à dire que la puissance de Dieu se trouve en chacun (homme et femme les deux étant liés), puisqu’ils sont à la ressemblance de Dieu. Pour ma libre interprétation, cela signifie que les forces qui composent l’Univers sont dans chacun (homme et femme, l’anima et l’animus) qui sont à la ressemblance de l’Univers.

Ce que nous a apporté la science, c’est que nous ne sommes qu’énergie à l’égale de celle qui compose l’univers, que quand nous mourons elle retourne à l’Univers, de la même manière que la Bible enseigne que le corps devient poussière, et que l’âme retourne à la vie éternelle.

Que les croyants se rassurent, il reste de la place pour un Dieu créateur de l’univers, et encore pour quelque temps pour la conscience, jusqu'à ce que les chercheurs aient pu trouver la grande théorie Unifiée[179]. Théorie dont ils pensent qu’elle nous ouvrira l’esprit à la compréhension des interactions qui unissent les forces de l’univers que nous connaissons, et qui nous composent.

Pourtant il restera toujours une place pour des dieux, car comprendre l’univers ne signifie pas y accéder.

Résultat inhérent à un matérialisme et un spiritualisme qui ne sont que deux philosophies séparant ce qui est uni, la pensée.

Je crois que sans trop de risque je peux avancer, sans connaître à la perfection toutes les croyances humaines qui se sont idéalisées, qu’elles sont toutes sous-tendues par le même questionnement[180]. Qu’elles y donnent toutes la même réponse avec des imageries qui sont le reflet de leur environnement culturel, et du degré de connaissances ou d’initiation du moment. Toutes avaient compris empiriquement ou non, que la vie venait d’ailleurs, et que pour vivre en «harmonie » cet ailleurs devait les habiter.

Pourtant, c’est dans l’explication de cet «ailleurs » donnée par leurs prophètes et autres, et dans les règles à suivre pour y accéder que le bât blesse, que chacun s’est entre-tué, et s’entre-tue encore. Nous le voyons encore quand certains États en appellent à dieu pour faire la guerre, mais l’oubli quand il s’agit de partager la richesse. Nous le voyons également quand une religion, pour expliquer que les hommes ont besoin d’une langue unique pour se comprendre, nous dit que c’est la leur, parce que c’est la langue de dieu, ou encore lorsque plusieurs nous expliquent quelle langue utiliser ou la manière dont il faut prier, psalmodier, parce qu’à l’époque ils ne savaient pas expliquer comment nos propres vibrations vocales pouvaient stimuler le psychique, et lui le somatique.

Je ne conteste en cela ni le droit de croire en un Dieu, ni d’avoir la foi, ni le repère sociologique de toutes les religions, dans lesquelles des hommes nous disent qu’ils communiquent avec dieu, mais leur immobilisme qui enferme la réflexion dans la recherche de la compréhension du message divin, au travers d’un nombre limité de mots définissant des existences du passé qui ne peuvent plus être reproduites. Je ne conteste pas le fait de dialoguer avec un dieu, je conteste le fait que sa réponse puisse être la Vérité. Ceci du fait même, que celui qui l’interroge n’aura jamais tout le Savoir dont nous pouvons disposer. De telle manière que la réponse du Dieu dont il se prévaudra ne sera qu’à la hauteur de l’ignorance ou de la connaissance de celui qui l’interroge.

Ainsi, croire en un ou des dieux n’est pas dangereux, ce qui l’est, c’est quand ces Dieux sont à la hauteur de l’ignorance de ceux qui y croient.

Nous savons tous avec le recul de l’histoire qu’après un temps de clarté donnant un sens et ordonnant l’existence humaine, les religions se sont figées dans un obscurantisme dogmatique pour s’être définies comme la Vérité, incapable de pouvoir actualiser l’intuition qui les avait créés, parce que leurs magistères en ont fait un instrument de pouvoir temporel schismatique, et aussi, parce que leurs adeptes, pour gommer les imperfections explicatives de leurs croyances, s’adressaient à ceux mêmes qui, imbus de leur vérité en faisaient une application et une traduction imparfaite irréversible.

Pourtant c’est là, dans cette traduction irréversible, que se formulent les préceptes erronés, les fondamentalismes, les extrémismes, les exactitudes obscures et les idéaux : tel que liberté, solidarité, fraternité, égalité, particulièrement dans le monde occidental à la suite de la Réforme et des églises protestantes qui en sont nées.

Cela, jusqu’à ce que les hommes effectuent la séparation des églises et de l’État, qui ne sont, à mon sens, aucunement séparés. Si ce n’est que parce que les églises continuent à ne pas vouloir, comme par le passé, actualiser à la lumière de notre compréhension scientifique les «messages » qu’elles ont entrevu, et le caractère sociologique qui sont le leur. Une situation dont les divers croyants s’accommodent parfaitement et où l’économie est un espace interdit à la religion. Cet espace économique peut être regardé, soit comme la justification d’entorse à la croyance religieuse, ou comme une organisation facilitant l’acculturation religieuse, car la religiosité humaine ne disparaît pas (le besoin de croire).

Religiosité humaine dans laquelle l’activité, spirituelle, politique et économique a très souvent été confondus sous l’égide tantôt du spirituel ou bien du politique. Ceci jusqu’au développement du capitalisme, où l’économique s’est imposé en apparence tant face au religieux qu’au politique ; bien qu’il existe un certain retour vers des organisations d’États confessionnels, ou vers d’autres qui ne craignent pas d’afficher le libéralisme économique comme valeur chrétienne et d’en faire un instrument de colonisation.

J’ai dit en apparence, car nous recomposons nos constructions cognitives d’une génération sur l’autre dans le lit de la précédente et nous développons des schémas qui répondent aux mêmes espérances. De telle manière qu’aujourd’hui nous plaçons nos espérances dans une monnaie déifiée, dont les prêtres sont les économistes l’expliquant, comme autrefois le faisaient et aujourd’hui le font les religieux, qu’il n’y a point de salut en dehors de leurs théories.

Pour comprendre cela, il faut, du moins pour l’occident, remonter jusqu'à la période mésopotamienne[181] où les hommes ne se percevaient que comme des serviteurs de dieu. Cette relation de serviteur à maître, nous nous la sommes transmise de génération en génération depuis des siècles, transformant seulement l’image du Dieu, et nos relations de servitudes,[182] comme énième reflet de l’image originelle.

C’est toujours cette relation qui nous lie, transmise au libéralisme par le protestantisme. Si le protestantisme fut un élément d’émancipation de l’individu[183], le libéralisme auquel il a donné naissance s’est transformé en un petit Dieu systémique qui n’accepte des autres que la soumission au nom d’autres dieux qu’il se fabrique inconsciemment (la monnaie), parce qu’il lui est insupportable d’être lui-même un Dieu ignorant et peureux.

Je m’en explique en remontant dans la préhistoire. L’homo sapiens sapiens a laissé son empreinte sur toutes les surfaces rocheuses des terres où il s’est installé. Cet «art visuel » donne une diversification progressive conceptuelle qui constitue un témoignage originel. L’art de ces peuples chasseurs permet de distinguer un processus d’analyse logique qui caractérise l’esprit humain, et leurs problèmes revêtaient un caractère existentiel et philosophique. Ils reconnaissaient le repas comme l’acte au travers duquel se réalise la symbiose entre la consommation de la viande animale et la force de vie qu’elle lui apportait, et qui concrétisait l’intégration de l’esprit de l’animal dans le corps de l’homme.

Cette relation là, nous la perpétuons au travers de toutes les représentations que les hommes lui ont donné. Des représentations qui se caractérisent par toutes les figures des Dieux du panthéon Humain (la cène pour les chrétiens). Dieux qui revêtaient tour à tour la figure de ce qui caractérisait cette relation. Pourtant, la prise de conscience de l’importance de la pensé insaisissable qui se caractérise par un Dieu à l’identique, n’a pas fait disparaître la sensation de dépendance étroite, de cette relation matérielle et directe de complétude, où l’on acquiert la force de ce que l’on consomme. Aujourd’hui cette relation s’établit avec la monnaie de manière diffuse, et c’est cela que je veux souligner. De telle sorte que nous consommons de la monnaie, comme nos ancêtres leurs animaux. Vous comprenez mieux pourquoi dans et essai je n’ai jamais proposé d’appauvrir le riche, et qu’il ne faut pas espérer que les pauvres le resteront, qu’elles que soit les règles méritocratiques misent en places.

Aussi, quand nous observons notre monde nous y trouvons cette soumission, la soumission qui nous arrange, là où il n’y a qu’association dans l’intérêt de la préservation de l’évolution des espèces. Les idées d’altruisme et d’abondance nous effraient, nous n’y voyons qu’effacement de l’individu dans le groupe ou absence de motivation créatrice. Cela, ne résulte que d’un seul regard, car nous ne tenons pas compte du fait que nous avons une existence unique qui nous préserve du suicide altruiste.[184]

Pourtant, elles peuvent être tout aussi créatives que n’importe quelles autres motivations, et soutenir n’importe quelle organisation économique. En effet, elles sont aussi Nous, puisque nous sommes capables d’en avoir une image, elles existent donc en potentialité d’être (voir avertissement), et demeurent partie intégrante de «l’ordre » qui nous sous-tend (théorie du chaos), parce que l’individu est partie intégrante de cet ordre, et n’y est pas soumis (voir avertissement). Ceci, si nous ne confondons pas association et soumission, si nous ne confondons pas ordre et soumission, si nous ne confondons pas apprentissage et soumission, si ceux qui y croient ne confondent pas Dieu et soumission.

Habitués à nous regarder Nous et notre planète comme une création divine, nous oublions d’en retenir que nous pourrions n’être qu’une exception, qu’une « erreur » de toutes ces particules qui «décohérent » (note 2), et qu’il y a autant de chance pour que dans les autres galaxies notre type de vie existe, ou qu’il n’y ait rien, à moins d’y regarder.

Aujourd’hui comme hier il nous appartient d’expliquer le mystère des choses, et aucune civilisation connu à ce jour n’a eu autant de moyens que la nôtre, à nous de les utiliser pour le bénéfice de tous, et d’en faire une source de richesse.

…par ceux qui ne sont pas forcément les plus aptes mais qui nous ressemblent.

Dans ce long développement d’un chapitre consacré au financement des ECPA, j’essaie de faire comprendre la relation nécessaire qu’il faut établir entre les théories monétaires, et les connaissances grandissantes de ce que nous sommes dans l’univers qui nous font toucher du doigt un monde non objectif.

Un monde non objectif à partir duquel nous pensons que le développement de la conscience nous a éloignés du monde animal.

Mais nous pouvons aussi estimer que cette conscience a fait de nous un animal «perdu » dans un univers qui le dépasse. Pour s’en convaincre, il suffit de constater le nombre de tueries auxquelles nous nous sommes livrés, souvent présentée comme une régulation naturelle de l’espèce, idée qui demeure encore dans le subconscient des gens parce que nous avons interprète la régularité de la mort à notre convenance.

Pourtant, ce n’est pas cela qui en est le signe le plus probant. Ce signe est le nombre de «Dieux d’en haut » que nous avons inventé, Symbole d’un commandement nécessaire. Ce besoin de croire, de se rassurer, d’expliquer des événements, génère des régularités schématiques que nous pouvons observer dans notre comportement, et lorsque ces schémas incertains deviennent contestables, pour qu’ils ne puissent plus l’être nous les élevons à une dimension inaccessible ; une dimension qui réfute toute preuve contraire pour qu’ils restent immuables. Nous les inscrivons pour cela au plus profond de notre méconnaissance, la foi. Pourtant, même quand nous les rejetons ce n’est que pour les remplacer par des «dieux d’en bas », les lois naturelles, les lois économiques, les lois républicaines, les lois universelles etc., pour compenser la certitude qu’offre les dieux d’en haut, pour restructurer ce besoin de croire ; parce que nous sommes encore des êtres «perdus » qui ont besoin d’avoir foi, foi qui devient conviction. Je ne conteste pas ici le besoin de s’ordonner, mais de vouloir rendre nos ordres immanents (lois, droits) immuables, De telle sorte que lorsque nous confondons croyance et but (besoin d’exister parce que l’on EST), nous ne pouvons que nous perdre un peu plus, parce que nous rejetons ce qui est essentiel à notre existence le Mouvement. Je ne veux pas dire par-là que l’appréciation de l’existence ne doit être que cognitive (la raison), et qu’il ne faut pas se référer à nos sens, mais seulement qu’ils ne doivent pas conduire à créer de nouveaux Dieux qui ne seraient autres choses que des soutiens psychologiques conscients.

La conséquence en est qu’à l’exception de quelques idéalistes, nous n’élisons plus dans toutes les instances politiques que des hommes à notre ressemblance, de grands chefs religieux, argentiers ou pieux, quand ils ne cumulent pas les deux.

En revanche, nous reléguons aux oubliettes les philosophes et les penseurs ou bien nous les présentons comme des êtres d’un ancien temps, qui n’ont plus de place dans le débat monétaire.

Ainsi, nous ne nous sommes jamais écartés d’une gestion «religieuse » des hommes. Mais comme nos nouveaux dieux savent compter, ils assurent une gestion financière des humains. Nous ne quittons de fait qu’une croyance pour une autre, parce qu’elles nous ressemblent, parce que notre besoin de foi ou de conviction recomposée s’empare de toutes nos innovations pour les déifier.

Pourtant, beaucoup ont compris que cette religiosité Humaine que je nous attribue, est le résultat d’une organisation biologique ou autre de notre cerveau, qui est une nécessité existentielle comme inhibiteur de la violence intra humaine ; et ce besoin de placer cet inhibiteur au-dessus de sa conception cérébrale (le déifier), comme puissance qui s’exerce sur notre réflexion pour accepter toute forme de socialisation, est indispensable en l’état actuel de notre développement intellectuel par l’appris. C’est le même problème que rencontre les valeurs dites «républicaines », bien que leur Universalité leur ait conféré une situation référentielle idéologique supérieure. Elles ne sont que la représentation imparfaite, comme les liturgies, de notre aptitude à comprendre que la sociabilité est notre inhibiteur de la violence, mais aussi que les règles de sociabilités que nous développons le sont également sur la base de l’influence de notre inconscient incluant notre « agressivité naturelle ». Ceci nous conduit à concevoir des systèmes punitifs meurtriers ou invalidants par le processus de vengeance, qu’ils soient individuels ou statutaires, pour répondre à des droits qui, tout en se voulant supérieurs, par l’ambiguïté qu’ils génèrent, font appel à la violence qu’ils se voulaient subjuguer (par exemple le droit à la propriété privée). Dans le domaine punitif que nous développons aussi par défaut, nous avons d’éminents « praticiens scientifiques », qui explique qu’une victime ne peut se sentir soulagée que si elle a pu exercer à son tour sa violence sur celui qui lui a nui. Ainsi en toute bonne fois nous perpétuons un processus d’expression de notre violence, alors que le christianisme avait su développer la notion révolutionnaire d’empathie comme inhibiteur du désir de vengeance, que le catholicisme n’a pas su faire prospérer, être capable de s’imprégner de la souffrance que l’on fait ou voulons faire subir à l’autre pour ne pas la désirer pour soi-même et les autres, et donc ne pas être tenté de la reproduire.

De manière que par un processus de réponse œil pour œil dent pour dent codifié par le judaïsme[185] de l’expression de notre agressivité persécutrice et tortionnaire, nous en sommes arrivés, dans une escalade incessante, à nous doter d’instruments (armes) d’éradication de l’espèce qui faute d’être supprimés par clairvoyance ou sagesse, seront un jour utilisé. Parce qu’en ayant contesté la notion des dieux d’en haut (religions) à cause des leurs représentations imparfaites immuables et obscurantistes, nous avons construit des dieux d’en bas (lois naturelles), pires, sapant la sociabilité par leurs phénomènes d’auto exclusion. Il ne reste plus aux laïques que l’alternative d’un développement culturel par un apprentissage sociologique, parce que un retour des dieux d’en haut qui ne se sont aucunement réformés, faute d’avoir compris qu’ils étaient la «cellule biologique exogène[186] » de la représentation inhibitrice de notre violence. C’est au nom des diverses représentations et définitions absolues de cette «cellule » (dieux) que nous risquons un jour de nous éradiquer, ce qui serait le comble absolu de la bêtise ; que ce qui est l’essence de notre sociabilité, par notre construction biologique ou autre (conscience), soit la cause de notre destruction parce qu’à un moment de notre histoire les dieux d’en bas leur en ont donné les moyens, pour ne pas avoir su s’élever autrement que par les mêmes défauts de ceux qu’ils se voulaient remplacer.

Il est donc souhaitable pour l’être inachevé (absence d’inhibiteur biologique de violence intra espèce) que nous sommes, de concevoir pour ceux qui n’ont pas la connaissance de cela, un inhibiteur de violence au-dessus de nous, quel que soit son nom pourvu qu’en son nom nous puissions dire que la guerre est un crime. C’est dans cette optique que j’ai pris des références dans les théories de la physique, parce qu’elles nous obligent à une réflexion qui dépasse notre seule condition humaine qui en est partie intégrante, et ne qualifie pas ses associations ou interactions de valeurs anthropomorphiques.

Faute de comprendre cela, nous ne serons pas en mesure de réformer nos systèmes actuels, qui ne correspondent qu’à une utilisation imparfaite du potentiel créatif que nous fournit l’ensemble des forces universelles qui nous sous-tendent, et dont l’utilisation «dysharmonique » que nous commençons à mesurer, nous conduit vers l’anticipation d’une destruction programmée par l’usage que nous faisons de ces même forces Universelles.

Et si nous passons ce cap, alors il y a fort à parier que nos sociologues, nos médecins, nos psychologues et puis nous, seront aussi des «philosophes mathématiciens » de la mécanique quantique, et dans ce cas nos élus nous ressemblerons.

A force d’avoir crié haro idéologiquement sur le capitalisme, nous en avons oublié qu’il est une forme associative de monnaies dispersées, d’énergies cumulatives. Pour un enfant nous disons, il se fait une tire lire, un ménage familial des économies ou épargne, et l’industrie capitalise. De la sorte que c’est moins le cumul de monnaie qui pose problème, que de savoir qui la détient, comment elle se répartit ou se comptabilise au travers de nos organisations et relations économiques lesquelles permettent à certains de pouvoir imaginer redevenir ces dieux tombés du ciel.

Le capitalisme peut-il être un vecteur de l’évolution…

Pouvons-nous regarder le système capitaliste et son organisation monétariste, comme un vecteur de l’évolution humaine ?

Pour répondre à cette question je vous invite à repenser au processus d’invariance d’échelle (note 173) et à imaginer les humains comme des cellules. Ces cellules humaines, par nécessité où par sens de la propriété en vu de posséder ce qu’elles produisent, se sont regroupées dans une organisation cellulaire ou société cellulaire. Organisation fabriquant des enveloppes protectrices que l’on appelle les frontières d'États qui leur offrent la protection d’une zone de ressource, mais également qui les isolent des autres groupes de cellules identiques à elles.

Dans leur isolement elles développent des spécificités internes qu’elles considèrent comme étant leurs caractères culturels, leurs ADN culturels. Pourtant, il survient un moment où ces organisations cellulaires doivent évoluer, car leurs cellules prolifèrent. Et leur évolution va dépendre du message qu’elles auront développé, de la structure qu’elles auront prise, et des moyens d’expansion qu’engendrera son organisation cellulaire, en quelque sorte leur ARN culturel, celui qui s’assurera que les ordres qui seront donnés pour former le nouvel ADN soient bien conformes à ceux qu’a mémorisé l’ARN (nous appelons cela la colonisation).

Ainsi, nous pouvons considérer que l’ADN est la représentation de l’organisation cellulaire humaine, et qu’il se compose de la diversité culturelle, à laquelle l’ARN veillera, en faisant en sorte que le message soit toujours le même, pour que la duplication cellulaire soit toujours identique et recompose la même diversité culturelle. Si nous rapportons cette construction analogique au système capitaliste et que nous considérons que ce système est l’ADN, il convient de rechercher ce qui constitue l’ARN qui lui permet de reproduire toujours le même schéma. De sorte que si nous voulons que le capitalisme se socialise, ce n’est pas à ses masses monétaires qu’il faut toucher, puisque celui-ci et l’ADN qui se recompose en fonction du message structurel, mais à ce qui veille au respect des ordres qui l’organise, c’est à dire son ARN.

Et ce qui veille à cela n’est rien d’autre qu’une codification que nous appelons le plan comptable, le schéma structurel dans lequel nous avons enfermé, codifié nos relations sociales après les avoir qualifiées (qualification mesurable). Un plan comptable qui a formalisé au fil du temps nos relations économiques, et les conditionne. Ainsi, quoique nous puisions faire ou développer comme idéal, si nous l’inscrivons dans une structure dont la fonction est de faire de l’argent, et de définir comment il se ventile, nous n’aurons donc en rien modifié dans le système capitaliste de ce qui nous chagrine ou nous souci. Ce qui nous souci étant que tous ceux qui concourent à la richesse s’en trouvent, dans un tour de rôle d’espérance, inégalement pourvus, voir exclus. Pour poursuivre l’analogie, nous savons que ce sont les enzymes qui vont structurer la fiabilité de l’ARN messager, et cet enzyme ou ces enzymes qui vont élaborer l’ARN messager c’est nous, sous-tendus par un mandant qui est notre égocentrisme, et que nous avons codifié.

Ainsi cet ADN monétariste qui prolifère, produit des déchets et empoisonne en les rejetant dans son environnement toutes les autres espèces et menace la planète Terre, tout en présentant son ARN comptable comme seul messager valable du message initial, en s’appuyant sur les lois naturelles. Le système capitaliste peut donc, tout en conservant l’utilité de concentration du capital, se comptabiliser de manière différente et donc se trouver un rôle socialisant, sans passer par la forme étatique concentrationnaire qu’ont connu les pays socialistes, (je m’en suis déjà expliqué). Il suffit pour cela que nous codifions différemment notre égocentrisme, pour que dans le plan comptable l’activité humaine ne soit pas une charge mais une richesse. Pour que le travail ne soit pas un coût mais un produit, pour que ce ne soit pas nos projections égocentriques « instrumentalistes » qui nous dirigent seulement, mais aussi la raison de notre intelligence.

Ainsi, ce langage commun commercial est devenu un «organisme» fictif ou abstrait, qui nous dirige par notre entremise soumise à son ARN comptable.

J’aurais pu choisir une autre analogie se rapprochant de l’analyse psychanalytique. Notamment le fait que la projection à laquelle se livre notre pensée ne fait que reproduire les mêmes schémas dans tous les champs que nous avons sériés, et donc dans celui de l’économie, que j’ai défini comme la qualification mesurable de notre activité sociale (P. 224). Nous devrions donc y retrouver tous les tabous et totems recomposés, corrigés de l’apport scientifique, avec la même ignorance de la «structure interactive » qui génère notre régulateur naturel que nous ne cernons pas.

En conséquence, le système capitaliste et son vecteur la monnaie sont bien devenus des déterminants de notre évolution, car ce système capitaliste se comporte comme un organisme vivant, dont nous constituons les éléments contrôlés qui le nourrissent, organisme capable d’engendrer une évolution de notre espèce.

… et comment ?

Comment ? En modifiant l’écosystème au-delà de celui qui est déjà déterminé du fait même de l’évolution de notre planète et qui a donné naissance aux espèces qui nous ont précédées. Ainsi, le système capitaliste est en passe d’anticiper la venue du successeur de l’homo sapiens sapiens par les modifications environnementales qu’il engendre, par la technologie mise en œuvre, de part les tensions nerveuses auquel il soumet ses acteurs, et de part sa mutation postindustrielle où c’est lui qui définit et vend les besoins, y compris ce que je voulais surtout souligner, la tendance à l’eugénisme, à la capacité de pouvoir modifier les caractères innés (je m’en suis déjà expliqué note 35.). Cela pour obtenir le maximum d’un symbole de richesse, la monnaie, bien qu’il lui manque quelque chose que nous lui avons abandonné, la conscience de soi, d’appartenir à une espèce. Conscience d’appartenir à une espèce qui s’acquiert par une structure épuisante auto régulatrice, l’éducation de l’incertitude de la raison, laquelle impose d’apprendre sans cesse pour vivre les réalités de notre image.

Nous assistons donc à un phénomène de rétroaction auto régulateur d’un système abstrait, et s’il doit y avoir un débat d’idée, ce n’est pas : « allons-nous utiliser une organisation individuelle ou collective pour nous enrichir, mais où voulons nous aller, et comment ? ».

Pourtant le « langage » commercial est une chance inespérée…

Notre espèce s’est trouvée un langage commun au travers du rapport commercial. Il faut espérer qu’il produira ses effets d’acculturation mondiale, en gommant ce que nous prenons comme la richesse de la diversité, et qui ne sont que des freins à la communication entre membres de notre espèce, la langue, la culture «identificatrice» en tant que culture passéiste, car il n’y a pas de retour possible dans le passé. Ce qui ne signifie pas, ne pas se différencier, ni connaître et tenir compte de notre passé géohistorique.

Ce sujet est polémique et difficile à aborder aujourd’hui, car l’anglais commercial entre dans les établissements scolaires en us et place de l’anglais classique justement à cause d’un langage commercial de mode d’emploi qui ne constitue en rien une langue ni une quelconque acculturation mais un langage minimaliste mercantiliste.

Ce n’est donc pas celui-ci auquel je songe. Je songe à celui qui se fera jour peut-être dans des siècles si le langage de communication que constitue l’échange commercial facilite le rapprochement humain malgré le présent impérialisme du marché qui tant à imposer une parodie de langue. Accéder à un langage commun n’impose pas d’abandonner le sien, bien au contraire. Car le futur langage s’enrichira de toutes les spécificités des diverses langues. C’est autre chose que la « beurification » que j’ai fustigé. Mais je dois me rendre à l’évidence que ce n’est pas dans ce sens que le futur se présente. Surtout que nous savons que l’évolution d’un langage dépend aussi d’un rapport de force au travers du rôle de l’État. Mais malgré cela l’histoire nous montre que le langage humain se modifie surtout au tour des conquêtes. Qui donc est le grand conquérant aujourd’hui, l’Amérique à la place de l’Europe d’hier, mais elle devra demain céder sa place au continent Chino-indien, à mois que ? Peut-être une catastrophe écologique ne survienne.

Ce sera peut-être qui nous poussera à mieux nous préoccuper de nouveaux échanges commerciaux tout en apportant une solution à la rareté de la monnaie, dont nos théories sur l’inflation et la ventilation du plan comptable, nous conduisent à persister dans la production de nos déchets. Pire, il nous entraîne à imaginer des équilibres idéologiques, tel les trois pour cent de déficit de la communauté Européenne qui, s’ils ont eu un effet confédérateur, ne peuvent être maintenus sous peine d’éclatement, car l’équilibre n’existe pas, sauf sous le regard momentané d’un instant.

Cela ne signifie pas qu’il faut faire un monde unique, puisque c’est impossible du fait de la diversité géographique, mais un monde qui se parle, discute, échange, alors que l’on est dans un monde qui s’affronte.

…une fois débarrassé de ses excès…

Ce langage commercial est encore empreint de nos vieux démons guerriers, car nous n’y parlons que de conquêtes de parts de marché, de luttes ou guerres commerciales, et nous nous laissons diriger par des chefs guerriers pédants et suffisants, auxquels, l’actionnariat et autres, donnent un justificatif à l’exercice de leurs intérêts personnels, dans notre culture élitiste. Alors que l’histoire des plus humbles a favorisé leur émergence, et que nantis du savoir et de la compétence, ils ne savent que former des clubs de rentiers (bourse). Comme tout bon dominant, il faudra que la conscience de Soi (conscience de l’espèce), dont ils sont dépourvus, se manifeste comme toujours dans des petits groupes agissants de la collectivité, pour s’opposer à leurs dérives. Ceci, car ils sont incapables d’utiliser au bénéfice de l’humanité la richesse de compétences dont ils sont détenteurs. Nous en avons l’exemple avec la mise en place de la nouvelle économie dans les anciens pays de l’EST[187], les nouveaux « managers » n’y ont vu qu’une opportunité d’enrichissement. Dans le même temps la contestation anti-mondialiste naissante fustige tous les organismes régulateurs qui essaient de se construire, car elle n’y voit, souvent avec de justes raisons, qu’une régulation de nantis pour des nantis. Ces contestataires proposent comme alternative des solutions suicidaires (comme le retour à une agriculture traditionnelle) qui conforteraient le Malthusianisme, et n’ont toujours pas vu là, où le bât blesse en restant dans un schéma de répartition de richesse qui réclame toujours aux riches de se départir d’une richesse qui est leur but, comme ces deniers demandent aux pauvres de le rester pour ne pas envier leur richesse.

Depuis des siècles nous nous « traînons » ce rapport comme un boulet, malgré toutes les approches philosophiques, religieuses ou idéologiques de répartition équitable ou égalitaire, cela sans succès.

Aujourd’hui il est possible d’ouvrir d’autres voies pour gommer les excès d’une organisation économique qui vicie nos relations sociales. Je dis ouvrir, car cela ne peut pas se faire dans un nivellement culturel populaire par le bas, mais en prenant en compte ce que nous apporte comme capacité de raisonnement, les sciences.

…pour changer le monde.

Dans le cadre de nos relations sociales l’économie a un rôle confédérateur à jouer pour offrir tout son potentiel aux communautés. Il faudra qu’elle s’expurge d’un archaïsme néo-libéral, qui repose sur le constat qu’il est inéluctable que les hommes s’affrontent autour d’une seule source de richesse. Il ne faut pas non plus s’en culpabiliser, parce que dans la jungle qui est encore la notre aujourd’hui, chacun fourbit ses armes pour manger l’autre.

Mais, par imprégnation de Connaissances et Savoir, il est possible de changer cela il est possible d’imaginer qu’une autre source de richesse basée sur l’éducation, bien structurée, serait de nature à apporter cette capacité sociale qui fait tant défaut au capitalisme. Il est même possible d’imaginer qu’elle réduirait les tensions belliqueuses qu’il développe, peut-être même la production d’argent «sale », en introduisant de fait un peu de «moralité » dans les relations économiques plus détendues, le plus difficile est d’en convaincre ceux qui s’affrontent, c’est à dire tout le monde.

Pour cela je poursuis un but…

Dans ce chapitre concernant le financement des ECPA, je me suis appesanti sur la place de la monnaie et son rôle politique, sur la place de l’individu, du culturel, et leur place dans un univers «non objectif ».

Si j’ai insisté sur le critère «infinitésimal » de ce qui nous compose, c’est pour faire comprendre que l’évolution s’effectue à une échelle qui échappe à notre regard sensible, et cela, échappe aussi à l’intelligent de la plus grande majorité d’entre nous. Et si je me sers du plus grand de nos bagages intellectuels, l’ignorance, la méconnaissance, c’est pour nous inciter à ne pas avoir peur d’eux.

On dirait même, que «l’ordre sous-jacent » attend que soient réunies les conditions de son instant pour apparaître à notre compréhension, c’est à dire la réunion de conditions événementielles.

Heureusement, car nous sommes tellement imbus de nous même, de nos certitudes peureuses, que si nous percevions les critères de notre évolution nous les détruirions pour demeurer dans nos certitudes et conformes à nous même.

Nous tuerions «DIEU sans distinction de nom » pour rester ce que nous sommes, parce que nous sommes incapables de le reconnaître. C’est aussi vrai pour ceux qui croient en la Vérité de la forme de leur dieu, car ils s’accultureront séculairement, comme ces mêmes dieux sont le résultat d’une acculturation. Tuer dieu, c’est peut-être ce que nous faisons lorsque nous tuons un seul d’entre nous.

… qui est d’une certaine manière, d’arriver à faire pondre à une poule un œuf de canard sans tuer la poule aux œufs d’or.

Ce long développement permet aussi de comprendre que le montage financier que je vais développé n’a aucune importance pour moi. Hormis le fait de satisfaire à l’importance que nous lui accordons, car pour moi il n’est qu’un moyen de générer de la monnaie pour atteindre un but, et non pas de croire que je vais trouver le mécanisme caché, qui me conduira à mon but. En effet ce but, c’est un choix de société, et il doit être celui des citoyens, et non celui de la monnaie, il doit être le choix de l’ADN pas de l’ARN, celui de la raison connue du totem pas des effets totémiques superstitieux.

C’est facile à résumer beaucoup moins à réaliser. Il faut pour cela résoudre le paradoxe de devoir apprendre, et ensuite désapprendre.

Apprendre, car il nous faut structurer notre intelligence cognitive de connaissances crédibles et rassurantes, jusqu'à sa maturation. Savoir que toutes organisations qu’elle générera en seront le reflet s’auto confirmant par la recherche de régularités réfutables ou sceptiques.

Ensuite, désapprendre, pour savoir que tout ce que nous avons appris est relatif, et n’est qu’une construction intellectuelle. Une construction dans laquelle, il nous faut faire des choix restreints «non objectifs », des choix du monde sensible sans libre arbitre, hormis le sentiment d’en posséder un, pour se libérer l’intelligence et se donner des buts qui ne sont que les nôtres. Il ne s’agit pas de déstructurer le psychique, mais de le soustraire aux fantasmes générés par les interdits culturels et les certitudes absolues, afin de les regarder pour ceux qu’ils sont, des voies jalonnées devant nous permettre de déterminer les régularités de notre « réalité objective » et non celles de son image ; image aux effets somatiques concrets qui égare souvent notre raisonnement et notre affect, et qui exigent également la définition de repère de sociabilité.

Il convient dont de facilité une construction malléable ordonnée adaptée à l’évolution qui ne peut se passer de suivre une voie ouverte, pour des Etres intelligents.

En lisant ce chapitre sur le financement des ECPA vous devez vous demander et même penser qu’il s’agit d’une erreur de ma part.

Non bien sûr, j’ai défendu l’idée que le social crée l’économie, et indiqué que pour moi l’économie n’était que la «qualification mesurable » de notre activité sociale.

C’est ainsi, qu’en ayant «philosophé » autour de tous les sujets que j’ai pu développer dans ce chapitre, tous ces sujets peuvent être traduit en temps de travail sous tous leurs aspects, de là, en monnaie, et en énergie dont le futur la verra peut-être comme monnaie de référence universelle. Cela, parce qu’il n’y a pas une once de ce que j’ai dit qui ne demande l’usage d’une production énergétique.

J’ai écrit en homo-sociabilis, et par l’utilisation des mathématiques[188] je peux tout traduire en homo oeconomicus.

Cependant, traduire dans un langage mathématique commercial ne signifie pas se laisser diriger par lui, et si je dis que un et un font deux, c’est aussi bien pour pouvoir mesurer quand un et un font plus ou moins de deux, suivant que nous additionnons de la matière tel l’or (l’univers physique) ou des valeurs (l’univers interprétable) le tout issu de notre univers sensible.

Définir par les mathématiques tout notre univers, nous y compris, permet d’avoir trouvé un langage universel qui peut nous permettre de comprendre les interactions des forces, de la matière, de la vie organique, et de définir des théories.

C’est autre chose que de s’en servir pour dire : «Que les hommes ne peuvent pas produire plus que ce que les masses monétaires en circulation le leur permettent ».

C’est là que se situe la confusion que nous faisons avec l’usage des mathématiques. Une confusion qui ne cache que l’absurdité à laquelle nous avons abouti, en faisant du travail qui est une nécessité, qui est le lien de l’homme avec sa source nourricière, une source de souffrance[189].

Non dans le sens où le travail demande un effort qui justifie que nous y substituions des machines, mais dans le sens où, par les relations sociales qui se sont développées autour de lui, nous le rejetons pour y substituer la monnaie, à condition qu’il n’y en ait pas trop, de manière que d’autres se sentent obligés d’aller faire le travail auquel nous voulons nous soustraire.

C’est là que je considère qu’il y a une anomalie, car nous sommes arrivés à rejeter ce qui est le fondement de notre existence, la Communauté. Sans remettre en cause le droit d’être riche, de se répartir toutes les tâches (de l’agriculteur au poète), de disposer du droit à la propriété individuelle (de disposer d’un habitat, le lieu ou l’on se sent à labrit, le lieu à soi d’où l’on ne peut pas être délogé et y reposer sa vigilance), ou du droit à la propriété économique, mais il faut savoir alors dans ce cas: Que lorsque nous devenons propriétaire économique dans notre seul intérêt, nous assumons la responsabilité de l’existence de tous ceux que l’acquisition de notre titre de propriété a exclu. Et les mathématiques (comptabilisation) ne pourront pas éternellement nous servir de prétexte pour nous dispenser de cette responsabilité, mais nous nous en servirons toujours pour redéfinir de nouvelles relations de travail.

Ainsi, si l’axiome de Smith indique «que chacun à titre individuel doit pouvoir concourir à la recherche de son intérêt personnel », je pense que lorsqu’il accède à ce titre (un titre de propriété économique), il acquiert sans le savoir la charge (fonction) de concourir à l’existence de ceux qu’il en exclut ; et confier ce rôle à l’État (la communauté) n’est pas s’en dispenser.

Ai-je raison ?

Certainement pas !

J’ai seulement raison, parce que dans la course de Zéro à l’infini j’ai posé une borne différente de celle des autres, en prenant pour référence des lois de certaines sciences (avertissement), afin d’atteindre le BUT que je poursuis.

Il serait aussi sot d’essayer de démontrer scientifiquement que j’ai tort, que moi de vouloir faire la démonstration scientifique que j’ai raison. Cela, parce que je ne cherche pas à établir des Vérités, là où il ne s’agit que de trouver des références durables et crédibles que je désire convaincantes, et qui peuvent être contestées.

Les questions restent toujours les mêmes : L’économie est-elle une science ?

Non ! Parce que nous ne pouvons pas la réfuter expérimentalement.

Est-ce de l’idéologie ?

Non ! Car c’est une capacité à produire et une activité d’échange.

Est-ce une quasi-science ?

Oui ! Si nous démontrons que l’économie est une science par elle-même, après avoir postulé que c’était une science (raisonnement en cercles vicieux, je postule que A est vrai en supposant que B l’est, et réciproquement).

Est-ce une quasi- idéologie ?

Oui ! Si la pensée et la raison s’y soumettent.

Ainsi, la pensée symbolique qui passe par tous les instruments réfutables (la science, l’observable), et les instruments interprétables (nos valeurs, le subjectif), doit se parfaire et non pas se conditionner, parce que rien n’est achevé et nous sommes une partie active de cet inachèvement.

Choisir une référence rassurante…

Donc, comme je l’avais indiqué nous pouvons prendre comme référence l’évaluation du territoire national, pour avoir une base à l’émission de monnaie nécessaire au financement des ECPA. Cette évaluation s’entend de tout le territoire collectif ou individuel, privé ou non, sans nuire au droit de la propriété, dont chacun gardera la jouissance suivant les règles en vigueur. Cette valeur sera répertoriée dans un compte national, et sera établie en fonction de la valeur marchande des sols, avec une évaluation de base pour les surfaces inexploitées.

Si j’ai choisi le sol c’est seulement pour le symbole qu’il représente dans l’esprit des hommes. Symbole comme surface d’identification de la nation, donc propriété collective, espace sur lequel se produisent les richesses, (terres cultivables ou industrielles), biens de consommation pour particulier, (logement, jardin, espace d’agrément, propriété privé). Naturellement, rien ne nous empêche d’y inclure aussi l’espace maritime, rien ne nous empêche de prendre la population en référence, ou bien tout autre chose imaginable.

Pour rechercher les valeurs des sols, dans les entreprises il suffit de se référer au compte et sous compte 211 du plan comptable d’immobilisations corporelles. Pour celles agricoles, aux déclarations foncières, et pour les autres à la valeur des zones constructibles, puis se livrer à une estimation des espaces du patrimoine collectif. L’ensemble de ces valeurs sera réactualisé tous les ans. Comme je le disais, nous pouvons nous référer à d’autres critères, inclure les espaces maritimes ou extraire du plan comptable des éléments de référence, faire une évaluation moyenne des besoins d’un citoyen dans notre société, etc. En un mot, trouver une base de référence qui puisse être éventuellement universelle.

Si je me réfère au sol, c’est que chaque État disposant d’un territoire, celui-ci peut être estimé, même pour ses zones les plus arides ou les plus glacées, puisqu’il ne s’agit pas de définir une richesse du sol mais une référence. La valorisation de la richesse des sols interviendra plus tard en fonction de leur utilisation, et des ressources qu’ils contiennent.

L’important est donc de donner une base tangible à un système conventionnel. Système qui entrera en relation avec une base tout aussi conventionnelle commune qui est le temps consacré à une activité.

… non convertible pour émettre de la monnaie.

Bien entendu, la valeur financière de ce Compte National suivra l’évolution de la valeur monétaire, et constituera un fond référentiel d’émission de monnaie à destination exclusive du financement des ECPA. Ce fond ne pourra pas être convertible en nature, le but n’étant pas de transférer par ce biais la propriété référentielle de leurs propriétaires à des tiers.

Le choix de l’émetteur de monnaie sera l’ensemble des banques de deuxième rang qui s’assureront la disponibilité de liquidité auprès de la banque centrale, et disposeront du crédit des dépôts versés à titre de rémunération aux participants aux ECPA.

Qui effectuera le versement des rémunérations ?

Le trésor public, par l’intermédiaire de la banque centrale, après avoir émis de la monnaie en utilisant ou non l’émission de bons du trésor correspondant à l’usage estimé du fond de référence du ECPA, pour se refinancer. Naturellement, il s’agit d’une possibilité, et chacun peut avoir à l’idée d’autres circuits.

J’avais souligné précédemment qu’il pouvait être effectué un transfert des charges des entreprises vers les ECPA.

Comment ?

Chaque fois que des adultes s’inscrirons dans un ECPA, le montant des cotisations sociales issu de ses ressources versées aux organismes de sécurité sociale, viendra réduire le taux des cotisations des employeurs, cela sans affecter les comptes de la sécurité sociale, suivant des modalités fixées par les acteurs sociaux.

Par exemple, supposons que 25 millions d’adultes suivent un ECPA à mi-temps sur la base du SMIC.

Le SMIC est au 29 06 2001 à 1126,32 Euros (7388,68 f) mensuel hors charge employeurs.

Cela nous donnerait un revenu à mi-temps pour l’ECPA de 563,16 Euros (3694,34 f) incluant les cotisations salariales.

Je ne retiens arbitrairement pour simplification du raisonnement que les cotisations suivantes, sans tenir compte de l’assiette.

Intitulé des retenues. Employeur. Salarié. Taux global

Assurance maladie. 12.80 % 0.75 % 13.55 %

Assurance veuvage. 0.10 0.10

Assurance vieillesse.

Tranche (A) seulement. 8.20 % 6.55 14.75

Aide au logement (Fnal). 0.10 0.10

Assurance chômage. 3.70 2.10 5.80

Effort de construction 0.45 0,45

Formation professionnelle. 1.50 1.50

Versement de transport 2.50 2.50

Aide au logement. 0.40 0.40

Total des cotisations 29.70 % 9.50 % 39.20 %

Ainsi, le montant total des cotisations s’élèvera à, 225,88 Euros (1481,81f) mensuel, soit 39,20% de 563,16 Euros mensuel (3694,34 f).

Sur une année pour la population prise en hypothèse (25 millions d’habitants), cela nous donne un montant global de cotisations de 66,2 milliards d’Euros (434,45 milliards de francs), soit 225,88 Euros (1481,18 F) multipliés par 12 mois et 25 millions d’individus.

Or au 23 07 2001, le montant des cotisations sociales à la charge des employeurs dans le partage de la valeur ajoutée à prix courant s’élevait à 199,14 milliards d’Euros (1306,4 milliards de Frs).

Ainsi, ce transfert possible représente une réduction de 33,25% des cotisations d’employeurs, de quoi jouer sur les coûts sans mettre en danger le système de sécurité sociale, qui augmentera du montant des cotisations de la contribution sociale généralisée, de celle du RDS, et autres incidences.

D’autres incidences liées au fait, d’une part que le montant des ressources versées au titre des ECPA sera consommé à hauteur de 152,89 milliards d’Euros (1003,01 milliards de francs) dans l’hypothèse choisie.

Soit d’un idéologique 563,16 Euros (3694,34 F) moins 9,5% de cotisations déjà versées, multiplié par 12 mois, multiplié par 25 millions d’individus.

D’autre part ces ressources seront soumises à toutes les taxations en vigueur.

Le montant de ces ressources représente 11,9% du montant de la valeur ajoutée en francs courant au 23 07 2001, qui était de 1288,20 milliards d’Euros (8450,6 milliards de francs).

Ces ressources représentent aussi 20,8% de la rémunération des salariés dans le partage de la valeur ajoutée à la même date, qui était de 196,37 d’Euros (4811,9 milliards de francs).

Les ECPA devront donc être considérés comme une activité rémunérée en fonction de la durée du temps que chacun y consacrera.

Toutefois comme j’ai essayé de le faire comprendre, il n’y a en cela pas de vérité, et la démonstration que je viens de faire n’en est pas une, elle repose uniquement sur la réflexion conduite par le but que je poursuis, et sur le regard que poseront sur elles ceux qui la liront. Si bien que n’étant qu’un outil, son usage peut être ou utile ou mortel, tout dépend si nous y réfléchissons avec intelligence pour gérer l’abondance ou si nous nous contentons de nourrir notre boyau.

… en utilisant une politique budgétaire ou d’autres…

Dans les faits, il s’agit de mener une politique budgétaire qui repose sur la référence à une valeur inconvertible, garantie par ce qui est indéfectible, l’État (communauté). Mais l’État que j’évoque, ce n’est pas le président ou l’exécutif, ou quelque chambre que ce soit, cela n’en est que la représentation. Ce qui est indéfectible c’est Vous, Nous, organisés en communauté responsable réformable. Et s’il n’y a pas de contre indication à ce que chacun vaque à ses intérêts personnels, il y en a une quand l’intérêt de quelques-uns décide du sort de la communauté. Ainsi, la politique budgétaire n’est que le propre pouvoir financier de la communauté, et s’il n’y a pas de contre indication à ce que la communauté fixe des orientations, et se donne les moyens d’y arriver, il y en a une quand les représentants de la communauté se prennent pour elle. Je ne fais que rappeler ce que tout le monde sait, mais le lire dans l’activité «sociopolitique » du quotidien demande une culture politique (gestion de la cité chez les grecs) autre qu’un positionnement partisan.

Ayant essayé d’expliquer la relativité de notre monde, il est plus facile de comprendre la démagogie des propos tel que «l’État doit être géré comme une entreprise », non que cela ne puisse se faire, mais seulement parce que l’entreprise n’est pas une organisation démocratique, que son but affiché est de faire des profits, et qu’elle n’est pas une garantie indéfectible, car elle ne représente pas la communauté.

Le système de comptabilité n’est pas non plus la représentation de la société, il compte son activité, il la mesure, il sert d’indicateur, il sert à s’ordonner, et la communauté n’est pas tenue de le suivre s’il l’asservit, car c’est elle qui l’a créé pour s’en servir, pour être une voie jalonnée et non en être captif. Et si nous y voyons un paradoxe, car il y en a un, entre des particuliers qui doivent suivre un plan comptable et une communauté qui peut y contrevenir, ce paradoxe n’est qu’apparent. En effet, la communauté peut entreprendre des projets qui sont hors de portée d’un particulier, s’en donner les moyens, inciter les particuliers à l’initiative, et mener des politiques déficitaires. Je pense que l’on peut facilement comprendre qu’une entreprise peut être liquidée, mais en république l’État ne peut pas être liquidé. Mais, chacun se souvient que les seigneurs, les monarques, les empereurs s’achetaient ou s‘échangeaient des territoires. Ce désir là n’a toujours pas quitté les hommes (l’esprit colonisateur) et il ne serait pas amusant qu’un matin un président de la république annonce qu’il a liquidé l’actif, parce que quelques mégalomanes rêveraient par l’intermédiaire d’un plan comptable de justifier qu’ils peuvent s’approprier des territoires, parce qu’ils auraient été pris en référence pour émettre de la monnaie. Ainsi, un sentiment de communauté ne peut pas reposer sur un indicateur comptable, or nous sommes dans cette démarche, je l’ai déjà expliqué en parlant de tout ce que nous désignons comme charges. Il est donc peut-être nécessaire de se trouver d’autres repères pour comptabiliser notre activité économique et notre désir de posséder.

Si j’ai privilégié le budget, cela ne veut pas dire que je serais contre le fait que les financiers veuillent investir dans le financement des ECPA. Mais c’est seulement peut-être parce que j’ai un préjugé, et que je les soupçonne à tort d’être incapables d’un investissement social, en n’oubliant pas ce que j’ai indique, notamment que le social se traduit toujours économiquement. Peut-être que c’est à tort que je les crois compétents, là où il n’y a que des Louis XV qui se disent que lorsque le système se réformera, ils ne seront plus là depuis longtemps.

Je « chambre » un peu, mais plus sérieusement, un investissement dans les ECPA de leur part reviendrait à s’assurer une durabilité d’un système libéral qui n’a pas que des défauts, sauf à ne pas vouloir comprendre qu’il y a un seuil ou la richesse ne sert à rien, si elle n‘a pas une utilité communautaire, hormis satisfaire son ego. Cela, d’autant plus que la communauté a le pouvoir de dessaisir tout particulier de sa richesse, mais ce n’est pas tant cela qui est important. C’est surtout, que l’évolution de notre civilisation s’est construite sur la technologie. Cette technologie se manifeste aujourd’hui par la puissance de cerveaux qui ne sont pas les nôtres, les ordinateurs, et il y a un danger à leur confier notre existence, si leur puissance ne peut-être comprise de ceux qui y sont soumis, si le moindre incident les pousse à la panique et à la paranoïa, si les hommes ne peuvent pas comprendre leur destin au moyen de leur Etre sensible. Ceci n’est pas en contradiction avec le fait que toute notre activité sociale ou/et notre univers puissent être traduis en langage mathématique. Il ne faut pas se méprendre entre les mathématiques qui tentent de définir ce que nous sommes, et qui sont d’une utilisation scientifique, et celles qui comptabilisent notre organisation sociale culturelle qui ne sont que le reflet de cette activité, et par-là même sont relatives, comme les valeurs que nous définissons avec.

Nous en avons l’exemple quand il suffit de dire aux hommes qu’ils manquent de l’argent, pour voir aussitôt tout le monde stocker, se jeter dans des valeurs refuges, alors qu’ils ont tout à leur disposition, la matière première, la technologie, leur capacité de travail, et qu’ils ne risquent rien, qu’ils ne manquent ni de nourriture, ni de quoi se vêtir, ni de quoi s’abriter, ni de la capacité d’émettre de la monnaie.

Pourtant, au seul cri de «il manque de l’argent » tous croient que ce qu’ils ont n’existe plus. C’est cela la paranoïa ; se croire menacé par un danger imaginaire, ce qui est le cas avec la monnaie qui n’est qu’un système fictif, système fictif sur lequel la communauté a tout pouvoir. Tout pouvoir parce que nous disposons des moyens de suivre efficacement notre activité micro économique grâce à notre technologie.

Aussi, je ne vois vraiment pas pourquoi les hommes s’affoleraient parce que quelques rentiers vont être ruinés, d’autant plus que ces rentiers ne perdent rien, puisqu’ils leur restent leur force de travail, ce qui n’est pas le cas de tous (handicapés).

Il en est de même pour les entreprises, pour lesquelles leur garantie réside dans la demande de leurs productions, et non pas dans leur force de travail, comme pour les hommes.

Si bien que la monnaie qui disparaît du marché financier peut être aussitôt remplacée. Ceci en ayant recours à l’escompte ou autre, à des relations de confiance. Le seul risque qui subsiste est pour les entreprises qui vivent de la consommation des rentiers. De toute manière ce n’est pas parce que quelques bulles financières éclatent, parce que des rentiers vont se remplacer, parce que le rêve de tous d’être riches s’écroule, qu’il faut paniquer.

Cette confiance là ce n’est pas un particulier qui peut nous la donner, car cette confiance se trouve dans «l’intelligence » de la communauté, et cela, il n’y a que la communauté qui peut l’apporter, mais encore faut-il que ses acteurs en prennent conscience, car la communauté sera à la hauteur de leur aptitude et connaissance individuelle.

Chacun l’aura compris, je faisais bien évidemment allusion à la bourse, et je peux tout de même dire que nous sommes dans ces situations, au comble de la débilité, mourir d’angoisse quand nous avons tout à notre disposition. Un comble de débilité qui autorise les plus intelligents à se séparer de ceux qui ne sont pas capable d’assumer leur responsabilité de dirigeant.

Si chaque individu est libre de prendre les risques qu’il veut avec son argent, cette liberté peut s’exercer tant qu’il n’altère pas l’existence d’autrui. Cela, au nom même de la fameuse «loi naturelle » qui dit que chacun peut faire ce qu’il veut pourvu qu’il ne mette pas en danger autrui.

Comme quoi, avec la dialectique comme je l’ai déjà expliqué, on peut faire des miracles. Si j’avais parlé, en abordant le cas de la Société Anonyme, de la dilution de la responsabilité des dirigeants, c’était pour mentionner la responsabilité qu’a la communauté de prélever sur ceux qui sont en droit de jouer avec les risques, un pourcentage de leur revenu afin de couvrir les risques qu'ils engendrent, et qu’ils font courir à cette même communauté dont ils tirent leurs ressources.

Si j’ai déçu en n’ayant pas trouvé le financement miracle nous permettant de nous épanouir en jouissant seulement de la vie, ce n’est pas parce qu’il n’existe pas, c’est parce que nous n’avons pas encore su couper le cordon ombilical qui nous relie à l’homme préhistorique. De plus nous nous sommes «barbarisés » comme nulle autre espèce ne l’a fait, y compris nos ancêtres que nous qualifions de sauvage. Nous disposons des moyens de notre évolution harmonieuse, il suffit de les développer là où il se trouve, dans notre cerveau.

Comment ?

En apprenant tous les «souvenirs » que nous avons inscrits dans nos «livres », non pour y découvrir la solution miracle, mais pour nourrir notre intelligence d’où elle émergera. Cela en interrogeant avec notre être sensible, afin de ne pas croire que nous sommes savant parce que nous avons appris nos souvenirs, ne pas croire que nous sommes savant parce que nous savons comptabiliser notre activité.

Il existe certainement dans l’expression de notre sensibilité qui s’échelonne de zéro à l’infini beaucoup d’autres références régulatrices qu’il nous appartient de désirer trouver.

Quels impacts sur la production de richesse ?

En l’espèce il s’agit d’envisager les conséquences de la sécurité de ressources apportées par les ECPA, sur la production de richesse que constitue le type de consommation que nous avons.

Actuellement, elle est présentée dans l’analyse de Gérard Mermet (Francoscopie 2001) comme tendance à une consommation hédoniste, après une période de frustration qui est caractérisée par la recherche du plaisir sensoriel, plutôt qu’intellectuel. Les dépenses d’alimentation ont été divisées par deux en valeur relative depuis les années 1960, ainsi que celles de l’habillement, alors que les dépenses de santé ont doublé en trente ans, que les dépenses de loisirs représentent un cinquième du budget des ménages, et que le logement est le premier poste de dépense.

Une autre caractéristique de notre mode de consommation est celle du crédit. Un ménage sur deux est endetté, un ménage sur trois a recours au crédit à la consommation, poussé par l’utilisation des cartes bancaires qui incitent à un crédit à court terme. Mais de nouveaux modes d’acquisition de biens se développent, comme les systèmes de location vente, les vacances en temps partagés, l’achat d’occasion pour pallier l’obsolescence de certains produits technologiques sans oublier les Français qui s’intéressent au troc, et fréquentent de plus en plus les brocantes.

Ceci posé, il est difficile sans une étude de préciser quoi que ce soit dans ce domaine ;, Néanmoins en conservant le schéma d’origine où 25 millions de personnes suivraient un ECPA à mi-temps, le temps consacré à cet enseignement viendrait remplacer d’autres occupations ou activités. Suivant le taux de participation des groupes concernés (les exclus, les parents au foyer, les actifs, les retraités), la consommation de biens et de services sera différente, mais viendra renforcer la tendance actuelle à court terme, à l’exception du troc. Cependant, nous pouvons aussi imaginer qu’une activité intellectuelle engendre un type de consommation qui en sera issu ? Tout comme une activité oisive et associative a entraîné une sélection de biens et de services spécifiques.

En ce qui concernerait une consommation des pays sous développés ou en développement, ayant besoin de presque tout, ce serait plutôt l’offre qu’il faudrait orienter pour ne pas tomber dans des travers de la consommation ostentatoire, comme nous en connaissons de nombreux exemples dans les pays africains.

Sans trop d’imagination, nous pouvons penser qu’une plus grande consommation de biens et de services, compte tenu de notre production polluante, va nécessiter une plus grande coordination internationale, et conduira à forcer le libéralisme économique à s’organiser, non plus comme force de vente et de production de n’importe quoi n’importe comment, mais d’acquérir une dimension «politique » autre que celle de soumettre les États à ses appétits financiers, ceci sans tomber dans une planification doctrinaire. En cela je ne fais pas allusion à ce qui ce fait actuellement, car ce type de relations existe déjà. Je vise un libéralisme qui se situerait dans une société ou une communauté qui aurait pris conscience de son espèce, comme je m’en suis expliqué. Nous pouvons espérer alors que ce soit le développement de l’intelligence qui devienne un signe extérieur de richesse pour tous, plutôt que de demeurer la possession d’une élite, dont certains vendent de la médiocrité aux autres, parce ces derniers se reconnaissent dans leur propre misère intellectuelle.

Tous nos entrepreneurs économiques qui forment pour la plupart l’élite de nos sociétés sont tout à fait aptes à s’associer à de grands desseins, pourvu que la société les fixes. Et avoir critiqué leurs excès ou celui du système libéral n’est pas nier leurs compétences, ni leurs efficacités. En conséquence leur fixer un objectif de transfert de source de richesse avec leur participation, serait une tâche dont-il pourraient parfaitement s’acquitter.

Ceci parce qu’envisager de développer un enseignement pour adulte tout au long de l’existence, modifierait la vie de chaque village et ville et réorganiserait les besoins et services dont ils sont aussi les maîtres d’œuvres.

Quelles motivations incitatrices doivent être développées ?
De l’homme être communicant…

J’ai beaucoup insisté en mettant l’accent sur la nécessité de la communication, parce que l’Homme est un Être communicant de fait, comme toute espèce vivante entrant en interrelation avec son environnement suivant, ses propres moyens de communication, ses sens. Nous exerçons sur ces sens qui nous relient au monde sensible, une certaine maîtrise nous conduisant à notre monde «culturel ». L’usage le plus communément connu, comme moyen de communication, étant le langage.

Pourtant, le tout n’est pas de savoir communiquer, encore faut-il avoir quelque chose à communiquer.

J’ai donc essayé de vous communiquer, bien ou mal, l’idée que je me fais de notre monde, et cela pour vous convaincre de la nécessité d’apprendre tout au long de l’existence en l’assujettissant à «l’appât sociétal» par excellence, l’argent.

Ce n’est donc pas cette motivation là que je vais développer.

Mais puisque j’ai parlé de communication, qu’il soit clair que par cet essai je ne communique pas, puisque je ne suis en relation personnelle avec aucun des lecteurs, je n’ai donc aucun échange relationnel, je n’utilise qu’une des formes de la communication, une forme tronquée, une forme restreinte. Le seul impact réel de mon essai sera celui de tout écrit, c’est à dire donner une information argumentée pour atteindre l’imaginaire du lecteur.

Lecteur que je ne pourrai pas influencer ni par la dialectique ni par la rhétorique, mais seulement par le poids des mots assemblés nus, (des morphèmes lexicalisés). De ce fait, vous ne pourrez pas avoir accès à mon affect, et celui que vous ressentirez ne sera que le vôtre.

Il n’y a donc pas communication, je vous écris seulement. Le seul intérêt de mon essai est qu’il peut être lu par beaucoup de personnes, personnes que je ne rencontrerai certainement jamais, et qu’il peut être diffusé au même titre que la parole ou les images.

Les seules personnes avec lesquelles j’ai communiqué durant l’élaboration de cet ouvrage sont celles qui m’ont aidé à le réaliser, celles avec lesquelles j’en ai discuté, et dans cet ouvrage, il y a une portion de chacune d’elles, parce que nous étions en relation personnelle, et que dans ce cas nous communiquions avec notre affect autour d’une raison, d’un but.

Ne pouvant réaliser cela avec le lecteur, j’ai le choix entre : vanter mon ouvrage comme un produit de commercialisation, ou vous laisser trouver les motivations qui pourraient vous séduire, comme si vous pouviez percevoir mon affect derrière le sens caché des mots. C’est cette option que j’ai choisie autour d’un mot symbolique l’UTOPIE.

…à l’homme Utopique…

L’utopie pour la plupart d’entre nous relève du rêve, mais du rêve non accessible à la réalité.

Mais au fait ?

De quelle réalité parlons-nous ? La nôtre celle de nos désirs personnels de l’image que nous avons de notre existence, ou la réalité qui inclut les autres ?

Pourtant dans l’un ou dans l’autre cas, il nous faudra des «éléments de mesure », il nous faudra comparer, évaluer, mais comment faire si nous n’avons rien appris. Dans ces cas là, nous écoutons ce qui se dit, s’écrit, tout ce qui se fige dans le temps, par des légendes, des maximes, des usages, des habitudes, et dans tout cela nous prenons ce qui nous convient, pour vivre notre quotidien.

Et ce quotidien ce n’est pas rien, il est même Tout. Alors, en l’observant, ce que nous ne faisons pas la plupart du temps, nous verrons que nous échangeons un grand nombre d’informations, mais que nous n’avons que très peu de communication relationnelle, faute de temps et à cause du nombre qui fait que la masse dilue et absorbe les individualités, au point d’empêcher toute relation inter personnelle.

Rien de bien nouveau, de tout temps il en a été ainsi, du moins dans le monde contemporain. Pourtant les hommes en ayant sous leurs yeux le monde sensible avec un but à leur communication, (la procréation), ne s’en sont pas contentés, et, concomitamment certainement, ils ont développé deux mondes, le monde physique et le monde Utopique. Le monde physique, celui de tous les instruments que nous avons réalisé, et celui de la pensée abstraite, notre imaginaire, que je qualifie volontairement d’utopique. Néanmoins, aucun des deux n’est séparé de l’autre, car tous les deux sont le produit de la pensée symbolique[190]. Au-delà du fait d’être interdépendants, ils s’entrechoquent ou s’associent sous la baguette de notre pensée. J’y reviendrais.

Pourquoi je qualifie notre imaginaire d’utopie ?

Simplement pour banaliser le mot «utopie », comme d’autres ont banalisé le mot «charges », afin qu’il ne nous fasse plus peur, qu’il ne nous fasse plus peur pour le but que je poursuis, celui de vous expliquer qu’il n’y a pas d’utopie irréalisable.

Il ne suffit pas pour autant de penser à son désir pour qu’il se réalise. Tout dépendra du niveau où il se situe, en fonction des moyens qui sont les nôtres actuellement.

Exemple : si nous voulons seul changer le monde, quelle que soit l’idée émise, il nous faudra la sortir de notre pensée, la communiquer, pourtant ce ne sera pas suffisant ; il faudra qu’elle soit diffusée ; il faudra qu’elle représente aussi un attrait pour être partagée par d’autres sans les gêner ; il faudra qu’elle ne tombe pas dans l’oubli pour résister au temps ; de telle manière que c’est moins l’utopie en elle-même qui est irréalisable que les conditions de son développement.

Dans l’exemple choisi, les conditions de développement de cette utopie vont dépendre de l’idée qu’ont les autres du «monde réel » qui est le leur, (non celui des «penseurs » et des scientifiques), mais surtout celui de leur «monde réel » au quotidien. De ce monde loin du raisonnement philosophique ou scientifique, ce «monde réel » pragmatique qui est celui de l’expérience humaine élémentaire, celui des simples exigences pour vivre, qui font que nous ne nous départirons pas de ce qui nous donne des assurances pour un inconnu hypothétique.

Si bien que nous utilisons le mot utopie pour qualifier une idée émise et ainsi masquer le manque d’audace personnel pour se lancer dans une réalisation qui sort des références d’un passé normatif, dans lequel nous nous sommes installés. Cette utopie sert à combattre aussi bien une idée qui modifie les rapports envers les dominants, qu’à permettre la dissuasion intéressée personnelle, celle d’idées mythiques, progressistes ou «rétrogressives », et qualifier toutes les demandes de ceux qui, vivant mal leur présent, imaginent des mondes meilleurs.

A ce titre là l’utopie devient un mot « réactionnaire » qui entre en contradiction avec l’expérience de notre «réel ».

L’expérience de notre réel s’effectue par la détermination d’objectifs à partir d’une représentation du désirable en valeurs relatives, qui systématiquement ordonnées, organisent une vision du monde qui apparaît stable et irréductible.

Cette vision du monde est une nécessité pour lui assurer une viabilité culturelle stable, mais est un frein lorsque la stabilité devient la permanence irréductible d’une organisation déterminée.

Le dictionnaire de la sociologie donne un aperçu de différents types d’idées se qualifiant d’utopiques. Je vais reprendre le texte en entier.

«L’utopie se propose de transformer, de façon plus ou moins radicale selon les cas, les structures et les valeurs sociales en vigueur. On peut qualifier «d’utopique » des écrits (l’utopie de Thomas More, 1516, fut le premier d’une longue série), des pratiques (celles de certains mouvements sociaux), des «rêves » (toutes utopies non encore pratiquées, écrites). On peut également distinguer : 1. Des «utopies absolues » en contradiction avec l’expérience humaine la plus élémentaire ; ce sont des mythes : pays de cocagne, fontaine de jouvence, etc. ; 2. Des «utopies relatives » projets sans précédent historique mais de réalisation partielle ou totale (l’Océana de Francis Bacon, ou le «programme du parti communiste » de Marx et Friedrich Engels) ; 3. Des «utopies négatives pronostiquant des sociétés où la technique la plus perfectionnée est mise au service d’un projet d’asservissement humain.

On a opposé une société ouverte, libérale, démocratique (Karl Raymond Popper). Marx et Engels ont distingué «socialisme utopique » (les pré-marxistes) et «socialisme scientifique ». K. Mannheim (1929) a mis en parallèle idéologie (conservatrice) des classes supérieures et utopie (progressiste) des classes subalternes ; il a aussi désigné une «intelligentsia sans attaches » comme la couche sociale apte à produire des utopies.[191]

On peut considérer que toute utopie critique le présent au non d’un passé archétypique ou d’un principe censément élémentaire, et en vue d’un avenir décliné sur le changement social valorisé (utopie progressive) ou dénoncé (utopie rétrogressive).

On appelle groupements volontaires utopiques ceux qui répondent à ce modèle de fonctionnement (sectes, ordres religieux, certain groupement politiques et syndicaux, certaines formes de communauté et de coopératisme, etc.)

Plus que tout autre membre de l’école de Francfort, Herbert Marcuse (1964) a vu venir l’avenir ouvert à l’utopie d’une libération humaine totale, une fois la technique mise au service d’un projet humaniste. Il devait, en 1968, décréter pourtant «la fin de l’utopie ». Aujourd’hui, dans les écrits de Jürgen Habermas, la «communication » joue le rôle de l’utopie ».

Ces quelques lignes donnent un aperçu des diverses idées qui ont été ou sont qualifiés d’utopiques, et à leurs lectures, il est difficile de définir dans notre existence ce qui ne relève pas de l’utopie.

Il apparaît donc que nous brandissons de tout temps ce mot utopie comme un épouvantail de dissuasion, pour se préserver de toute perturbation venant bousculer notre tranquillité quotidienne. Et, dans le même temps, il a qualifié toutes les étapes de l’évolution de nos sociétés, et bien des inventions, cela au prix d’un grand nombre de vie.

… un mot que la connaissance a banalisé…

Aujourd’hui, pour moi ce mot a perdu son sens (projet dont la conception, la réalisation est impossible, imaginaire), il est devenu obsolète, nous pouvons à la rigueur l’utiliser par habitude pour signifier que nous remettons à plus tard une réalisation, ou que nous refusons tout simplement de la réaliser parce qu’elle nous dérange, ou parce que nous n’avons pas les moyens de la concrétiser.

La mécanique quantique nous a fait entrer dans un monde où il sera possible de tout assembler, sous réserve d’en avoir la clé, ce qui nous manque aujourd’hui. De la même manière nous avons un cerveau qui peut tout assembler, et il nous manque aussi la clé, si j’ose une métaphore la clé «d’harmonie », comment la raison peut prendre le pas sur l’inné, tout en remplissant le rôle de l’inné qui est de garantir la survie de l’espèce et son évolution, ceci sans manipulation de l’innée génétique de sauvegarde. Comment prendre le pas sur le cerveau primitif sans l’altérer ?

La mécanique quantique nous a ouvert les portes de la révolution informatique, et celles de la révolution «bio moléculaire ».

Leurs associations nous permettent actuellement de ne plus concevoir comme utopique, la quête de la fontaine de jouvence, laquelle, s’il devait bien y avoir une imagerie Utopiste, représenterait cette dernière. Aujourd’hui nous pouvons espérer mourir âgé comme de «robustes vieillards », d’envisager une civilisation planétaire, d’imaginer des machines temporelles, d’aller habiter l’espace, et créer des êtres qui n’existent pas[192]. Cela n’ira pas sans soulever de nombreuses questions, d’éthique ou de morale, ou de type de société, suivant les approches sociétale des uns et des autres.

Le point décisif dans une démocratie est qu’un débat ait lieu, mais un débat de citoyens avertis, instruits de ces questions, un débat éclairé, et tout naturellement cela ne dépendra que de ce que nous voudrons bien apprendre. Apprendre, car de simples informations sur de tels sujets ne peuvent suffire, et se limiter aux avis éclairés des scientifiques est se décharger de ses responsabilités.

Pour y faire face je doute que l’économie marchande, comme finalité en soi, soit suffisante. Si elle y a contribué en produisant les technologies nécessaires, elle exclut toutes les autres créations de richesse en dehors d’elle, et maintient par la violence de ses rapports économiques ce qui fonde nos craintes sur ces sujets.

Toutefois, si nous regardons l’économie marchande comme une étape sur une échelle de durée qui est celle de l’espèce, (en millions d’années), elle n’est plus qu’un passage obligé d’une «acculturation culturalisée »,[193] qui engendrera une nouvelle étape. Cela, sans faire de l’apocalyptique, ce qui n’est qu’une vue catastrophée de notre monde que je n’ai pas. Aujourd’hui, nos connaissances scientifiques nous permettent d’affirmer que tous les produits de base miniers s’épuiseront[194]. Un jour il n’y aura plus de pétrole pour faire fonctionner des tracteurs, et il n’y aura plus de métal pour les fabriquer sur notre planète, même si nous organisons leur récupération car elle ne peut se faire à 100%. Dans 1000 ans 2000, 5000, je n’en sais rien, mais il n’est pas nécessaire d’être scientifique pour comprendre, que lorsque l’on a bu le contenu de son verre il ne reste plus rien dedans.

Imaginez que cela se produise brutalement aujourd’hui ! Il n’y aurait même pas suffisamment d’animaux de traits pour y suppléer. Il y a ne serait-ce que 100 ans cette idée ne me serait pas venue à l’esprit, aujourd’hui elle est dans la tête de beaucoup gens lucides qui savent que notre avenir repose sur la recherche scientifique.

Pourtant, à conserver une organisation mercantile comme la nôtre, basée uniquement sur l’individualisme égoïste, voire ostentatoire, dont la finalité est de faire de l’argent avec tout ce qui est bon à vendre, il faut que les chercheurs se dépêchent dans leurs travaux, car dans quelques siècles, ils n’auront même plus de matériaux pour construire leurs instruments, et le monde d’Internet sans ses supports se ramènera à jouer du tam-tam. Cela, parce que nous n’aurons pas su «gérer » l’instrument le plus perfectionné que nous connaissons, notre intelligence.

Puisque je suis dans l’imagerie, nous pouvons sourire un peu. Imaginez la tête que feraient ceux qui, fort de leur argent, se sont fait «marxistes » dans l’espoir d’un monde meilleur que celui qu’ils ont quitté, et qui réapparaîtraient dans celui où nous avons tout épuisé, et dans lequel il nous faille aller à cheval comme autrefois.

Vue sous l’angle dont je viens de vous présenter le très long terme, la conquête spatiale n’est plus une utopie, ni celle de vouloir organiser notre activité productrice sous d’autres rapports que ceux du libéralisme économique actuel.

… pour vivre debout.

J’ai déjà dit que notre monde était celui de notre regard. Si nous ne le regardons donc qu’avec notre ventre, nous pouvons parfaitement nous passer de notre cerveau intelligent, les animaux s’en sortent très bien comme cela.

Ce qui serait regrettable, c’est qu’après que notre cerveau nous ait permis de vivre debout, nous dussions revenir à quatre pattes.

Nos ressources, à la mesure d’une vie humaine (un individu) paraissent inépuisables. A la mesure d’un milliard et demi de consommateur cela semble moins évident ; à celle de six milliards l’éventualité devient plus probable ; à environ plus de dix milliards en 2070, cela se précise, etc.

A l’échelle d’une vie humaine, on ne perçoit que soi, c’est l’individualisme, la conscience de soi, on n’entrevoie que soi.

A un milliard et demi, c’est la conscience de soi dans une communauté, à six milliards et plus, c’est la conscience de soi dans l’espèce.

A six milliards et plus, c’est avoir conscience de l’existence de un six milliardième d’une conscience de soi, que nous ne rencontrerons peut-être jamais, et qui interfère dans notre propre existence de manière infinitésimale (effet papillon), de sorte que nous en ignorerons ses effets, car notre « ventre » ne peut pas le savoir, mais notre intelligence qui le suppléait peut le comprendre.

Il y a un axiome à réviser…

Ce que notre intelligence devra comprendre également ce sont les dangers de l’axiome libéral fondateur de notre économie.

«Chaque individu met sans cesse tous ses efforts à chercher, pour tout le capital dont il peut disposer, l’emploi le plus avantageux : il est bien vrai que c’est son propre bénéfice qu’il a en vue, et non celui de la société ; mais les soins, qu’il se donne pour trouver son avantage personnel, le conduisent naturellement, ou plutôt nécessairement, à préférer précisément ce genre d’emploi même qui se trouve être le plus avantageux à la société… », «A la vérité, son intention en général n’est pas en cela de servir l’intérêt public, et il ne sait même pas jusqu’à quel point il peut être utile à la société…. », «Il ne pense qu’à son propre gain en cela, comme dans beaucoup d’autre cas, il est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentions ; et ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus mal pour la société, que cette fin n’entre pour rien dans ses intentions. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » (A. Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations.)

Adam Smith est naturellement pardonnable, à son siècle tout devait être vu comme inépuisable et non polluant. Mais les enfants de Smith le sont moins, car c’est en toute connaissance de causes qu’ils continuent à agir en ce sens en pensant que l’intérêt individuel concourt inévitablement à celui de la société, comme si c’était un bien de respirer du monoxyde de carbone, ne plus trouver d’eau potable, et ne répondre à l’exclusion que par la répression.

Aujourd’hui nous avons d’autres moyens que ceux dont il disposait afin de mesurer notre activité polluante et incidente. Nous pouvons donc nous rendre compte que si cet axiome avait tout son sens à son époque, il ne l’a plus aujourd’hui, si nous le cantonnons au seul domaine de la production de biens, et continuons à nous y référer aveuglément en ce sens. C’est d’une certaine manière aller au suicide à long terme, non parce qu’il en est ainsi par une quelconque fatalité ou « main invisible », mais seulement pour être resté dans une utilisation étriquée de notre intelligence, en référence à un passé qui n’est plus.

En revanche je modifierai un peu cet axiome de la manière suivante : «chaque individu met ses efforts à chercher, pour tout son capital, dont il peut disposer, l’emploi le plus avantageux à développer son intelligence tout au long de son existence ; il est bien vrai que c’est son propre bénéfice qu’il a en vue et non celui de la société ; mais les soins qu’il se donne pour trouver son avantage personnel le conduisent naturellement à préférer ce genre d’emploi même, qui se trouve être le plus avantageux pour la société. »

Allez ! Un clin d’œil, certains ont tellement d’argent qu’il leur faudra plusieurs vies pour l’utiliser à développer leur intelligence, mais comme j’ai dit que nous rémunérerions les hommes pour apprendre, peut-être iront-ils apprendre, mais je ne le crois pas car dans notre monde, c’est l’épaisseur du portefeuille qui confère l’intelligence.

J’ai également dit qu’un être qui ne reçoit rien de l’extérieur meurt, pareil pour une société, et il en est de même pour notre monde. Si s’ouvrir pour recevoir, est vivre (j’entends prendre conscience de notre espèce), vers quoi l’espèce va donc pouvoir se retourner pour recevoir ?

Vers ce que nous avons entrepris depuis déjà bien longtemps, vers le monde infinitésimal, celui qui échappe à nos 10% d’intelligence[195], celui qui nous permettra peut-être de remplacer l’épuisement des ressources minières et conserver le confort auquel nous ne voulons pas renoncer, que nous promettons aux autres, et qui sera peut-être le régulateur de notre espèce.

Ce ne sera peut-être pas seulement de la matière comme celle à laquelle nous sommes habitués, mais quoi que ce soit, cela ne se fera pas sans nous, et ne dépendra que de nous. Si nous avons la charge d’inventer le monde de demain, il n’apparaîtra pas sur un écran de télévision dans le billet gagnant d’un loto ou dans une prière à un dieu. Il naîtra de notre intelligence, parce que nous ne consacrerons pas tout notre temps courbé sur un métier, en balade dans un super marché, suspendu devant un écran de télévision etc.

Mais, en consacrant un peu de notre temps au développement de notre intelligence, là ou réside notre futur.

…pour un monde meilleur…

Pour un monde meilleur ! Certainement pas, car je ne suis pas assez fou pour vous dire cela. Seulement parce qu’il en va ainsi de l’évolution dans un univers en mouvement, et qu’en toute conscience nous pouvons l’accompagner. Le monde meilleur il est dans notre tête, hier comme aujourd’hui et demain, je ne suis ni devin ni prophète, je me suis contenté de regarder comment nous vivions et d’en tirer une conclusion.

Et quand nous nous observons vivre nous savons que nous pouvons créer un monde meilleur, il n’y a pour cela qu’à se regarder quand nous rions.

… qui appartient à la pensée.

Je disais que la pensée symbolique regroupait le monde physique et le monde abstrait (utopique) qui s’entrechoquaient ou s’associaient. Nous avons façonné des millions d’instruments pour nous servir et nous identifier qui appartiennent au monde physique, nous avons également façonné des instruments abstraits de mesures conventionnelles et d’échelles de valeurs dans le même but. Pourtant, plus qu’il ne le faudrait, les uns passent dans le domaine des autres, nous en arrivons à personnifier de la matière inerte, considérer nos instruments comme ayant une vie sensible par transfert, et «pétrifier», rendre inerte, intangibles des conventions abstraites qui relèvent de l’interprétable dont la caractéristique essentielle est d’être malléable, transformable, modifiable, bref, évolutive. Ceci nous conduit trop souvent à accorder plus d’importance à un objet qu’a une vie, et dans le même temps nous figeons des conventions au point de les rendre immuables, même quand elles coûtent des vies, de manière que ce qui est inerte en devenant l’expression d’une émotion nous le rendons vivant, et les échelles de nos émotions qui sont malléables, mobiles, interchangeables nous les rendons inertes (intangibles) à l’image de leurs représentations. De telle manière que nous finissons par vivre au rythme de l’instrument plutôt qu’à celui de la pensée.

Cela bien sûr ne dépend que de l’idée que nous nous faisons de nous même au travers de l’apprentissage qui a été le nôtre, car notre monde s’est construit sur cette confusion qui a développé bon nombre de superstition que nous voyons encore de nos jours. Pour n’en prendre qu’une image, je prendrai celle d’un religieux bénissant un canon. Je ne discuterai pas cela, chacun d’entre nous tient de ce qu’il est le fait d’avoir la représentation de son monde, comme moi je développe la mienne.

Sauf que, que ce soit l’autre ou moi, nous ne la tenons que pour telle qu’elle nous a été enseignée.

Découvrir le sens caché du vécu…

Ainsi, la vérité de chacun d’entre-nous ne nous est pas apparue spontanément à la naissance, mais elle s’est construite, cela ne signifie pas qu’il faille dans toutes les circonstances apporter la preuve de «sa Vérité ». Nous savons que de l’adolescence à la vieillesse, elle aura bien changé d’aspect au fil de la compréhension du sens de notre vécu, mais elle demeurera notre vérité, car elle appartient au monde de l’interprétable. C’est à dire qu’au travers de la compréhension du sens de notre vécu, nous pouvons en l’interprétant y trouver un sens caché, car notre organisme perçoit tous les champs qui l’affectent, et qui demeurent encore «in interprétables » à notre raison.

Ce sens qui afin de ne pas souffrir nous motive pour alterner entre l’égoïsme et l’altruisme, l’assurance et l’aventure, la peur et l’audace, les pleurs et le rire.

C’est aussi à celui-ci que je fais appel chez vous pour que vous y trouviez une motivation rendant acceptable ou compréhensible mon regard sur le monde.

C’est donc à chacun d’entre nous de savoir lire sa vérité, c’est à chacun de lire sa vérité au-delà du sens vécu, non pas pour tomber exclusivement dans la Vérité scientifique, mais pour y découvrir les sens cachés que nous pouvons y déceler, aussi bien dans notre sens du vécu que dans celui caché du monde scientifique[196], comme je l’ai fait en m’appuyant sur trois principes fondamentaux.

… comme celui des mathématiques.

J’ai reproché la Vérité comptable de notre monde économique, non parce que ce n’est pas notre expérience du vécu, mais parce que ce monde comptable se veut scientiste, et cela, parce que notre activité peut être traduite en langage mathématique. Le domaine des mathématiques ne définira des vérités expérimentales, que si elles peuvent être réfutables (faire l’objet de vérifications expérimentales). Nos théories économiques ou monétaires, bien que s’appuyant sur les mathématiques, sont irréfutables en elles-mêmes puis qu’elles reposent sur une acceptation conventionnelle de valeurs relatives. Elles ne sont donc vrai que parce qu’il y a une majorité de faits ou de forces pour les imposer.

Aussi, essayer de vous motiver pour accepter une modification de la vérité de votre vécu, nécessite que je vous demande de rechercher dans votre vérité son sens caché, celui qui se trouve au-delà de la seule représentation financière de nos désirs.

Non pas le sens que tout le monde connaît, c’est à dire vouloir disposer de revenus pour jouir du produit des ressources matérielles ou intellectuelles sans participer à l’effort de leur création ; mais le sens qui a fait, que des hommes se sont toujours manifestés pour envisager des mondes meilleurs, pour avoir des utopies. Celui qui fait, qu’ignorant de la source cachée de leur élan, ils ont fait évoluer le monde culturalisé, même si c’était pour le tailler à leur mesure.

Ils existaient hier, ils existent aussi aujourd’hui, même si je considère qu’il y en a de moins en moins dans le monde des adultes «installés », qui ont dû lutter pour modifier leur monde et, en parvenu, ils laissent le flambeau à d’autres. Je suis peut-être injuste, mais pour ce qui relève encore de l’utopie c’est vers les cadets qu’il vaut mieux espérer. Pour ce faire, ils entreront en confrontation avec leurs aînés qui leur expliqueront qu’ils leur ont construit et organisé un monde comptable meilleur, dont ils auraient tort de se plaindre, d’une certaine manière ils leur passeront par succession leurs chaînes. Tort de se plaindre car de leur temps c’était pire ; une manière de faire accepter un mode de vie comme irréversible, de la même manière que nos ancêtres ont dû le dire à leurs enfants, comme nous le répétons aux nôtres, alors que tout notre passé historique le dément, sinon nous vivrions toujours comme l’homme de Cro-Magnon. C’est vers une jeunesse plus instruite à la fois de littérature et de mathématique, de philosophie et de science, qu’il faudra placer nos espoirs, même si ce n’est pas une garantie en soi dans un monde de conditionnement très élaboré, car il leur faudra se créer des espaces de débats et de réflexions, parce qu’aujourd’hui leur «parent » ne leur offre que des Entreprises, des distractions commerciales, des expédients de toutes sortes, et des prisons. Le comble en est que ces « parents » se plaignent des images que véhiculent leurs enfants, alors que se sont eux qui les ont conçues, et sont incapables de reconnaître leur œuvre. Incapables de comprendre que la structure hiérarchique est un véhicule qui doit être à la mesure de ses nouveaux occupants, et non pas pour tailler le nouvel occupant seulement à la place de l’ancien. De manière plus claire et idyllique, l’enfant doit être élevé pour le nouvel être qu’il est, et l’enseignement hiérarchique qu’il reçoit ne doit pas aboutir à fabriquer le «clone » dont nous exprimons le besoin, mais lui apprendre à comprendre les définitions de toutes les informations que nous avons traduites, pour qu’il puisse associer les siennes ou en définir de nouvelles, tant dans la nécessité que dans le rêve. Et dans cet enseignement, les mathématiques sont devenues un langage à part entière qui nous permettent de quantifier toutes les informations que nous collectons, et si elles ne se suffisent pas à elles seules pour être qualifiées, elles doivent contenir un sens caché, car elles sont l’expression d’une rigueur de notre esprit et de nos instruments.

Il importe d’élargir son regard.

Je conçois que j’aie là une tâche difficile, celle d’essayer de vous motiver pour mon essai, car j’ai aussi expliqué que le bonheur, comme nous le concevions, n’existait pas. C’est à dire que nous le concevons toujours dans un «instant arrêté » dans le cadre d’une situation qui se perpétuera, qui restera stable, et nous nous sentirons heureux d’autant plus que cette situation nous retire toute souffrance économique.

Or, j’ai dit que nous étions en perpétuel mouvement pour une fin mortelle, si bien que ma plaidoirie consisterait plus à vous pousser vers l’égoïsme de la recherche de tous les instants que nous jugeons de bonheur, cela sans se préoccuper des autres, sauf si nous pouvons nous apercevoir ou concevoir que dans nos interrelations aussi infinitésimales soient-elles, l’autre, l’étranger, l’inconnu peut être source de notre souffrance économique, s’il en souffre lui-même et réciproquement.

En cela mon point de vue limite l’axiome de Smith qui ne va pas dans ce sens, restreignant le regard de l’homme qu’à lui-même en postulant : «que l’homme tout en cherchant que son intérêt individuel, il travaille souvent d’une manière plus efficace pour la société, que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » La partie qui en est contestable est : « Il travaille souvent d’une manière plus efficace pour la société ».

Or, comme nos organisations économiques reposent sur les conditions d’utilisation de la force de travail de tout un chacun, si elles développent de la souffrance «économique », celle-ci en retour se répercutera sur ceux qui se sont installés dans leur bonheur. Ce bonheur qui repose sur un «instant arrêté », de telle manière que nous ne pouvons pas faire l’économie d’un regard sur l’existence des autres, des étrangers, des inconnus, bref de l’espèce humaine, pour examiner l’incidence des structures que nous mettons en place dans la recherche de notre intérêt personnel.

En cela notre organisation économique basée sur la rareté est un fabriquant de souffrance, par l’usage d’un instrument de mesure qui est «le plan comptable », qui indique que notre existence est une souffrance (charges) pour une structure (l’entreprise) faite pour servir l’intérêt personnel. Cette souffrance se répercutera inévitablement en retour sur notre intérêt personnel.

… pour ne pas en souffrir.

Pourquoi j’utilise le mot souffrance ?

Notre finalité étant la mort, nous entrons dans un processus de construction «déconstruction » (maturation / vieillissement) qui ne s’observe qu’au travers des souffrances qu’il suscite. D’un bout à l’autre de notre existence la souffrance est l’indicateur de cette dernière, et notre bonheur ne dépend que de la fabrication d’un «immunisant », que ce soit dans le monde de la pathologie, ou dans celui de la systémique sociale. Il nous faut donc constamment différencier la souffrance constructrice de celle destructrice, de telle manière que celle qui nous emportera vers la mort ne soit que le terme de la vie biologique. Pourtant si nous «immunisons » notre souffrance, comment la conserver comme repère ? De la même manière que nous regardons si nous sommes beaux, en observant l’autre, l’étranger, l’inconnu, l’espèce. Notre existence ne dépend donc que des repères que nous choisissons pour mesurer la souffrance constructive à conserver. L’erreur à ne pas faire serait de se la cacher, par des processus ascétiques ou extatiques

Mais comment la mesurer ?

Par nos deux mondes, le monde abstrait ou utopique qui nous a conduit par exemple à considérer que la souffrance était une étape pour accéder à un monde meilleur, ou encore faire de la souffrance une Rédemption, et le monde physique qui nous a conduit vers la science pour nous permettre de considérer que la souffrance était un indicateur de tout système, et dont sa disparition était la base de nos motivations grâce à la satisfaction de nos désirs. Il est donc plus aisé de comprendre pourquoi je ne remets pas en cause l’envie d’être riche et l’envie de la « propriété », parce qu’il serait stupide pour supprimer une souffrance d’en créer d’autres.

Nous passons donc notre temps à supprimer la souffrance, et c’est là le sens caché de notre existence.

Alors, pourquoi vouloir la maintenir par un système économique «en dysharmonie » ?

Les plus courageux pourront répondre : «parce que j’ai besoin d’un pauvre pour me sentir riche, j’ai besoin d’un mort pour me sentir vivant, j’ai besoin d’un con pour me sentir intelligent etc.». Ceci est la limite de notre intelligence actuelle. Pouvons-nous la changer ?

Oui !

Pour cela il n’y a pas de remèdes miraculeux en dehors de notre propre cerveau. Celui-ci ne régurgitera que le produit des données que nous avons accumulées en fonction du but que nous leur assignons. Si bien qu’inventer, mettre un pied dans l’indéfinissable, est le produit du «Hasard », non que le hasard existe en tant que tel, mais parce que dans la recherche d’un but, c’est souvent un autre qui apparaîtra. Ceci parce que le hasard n’est que notre définition d’une absence complète d’informations sur notre monde ou dans le cadre d’une recherche quelconque, et il n’apparaîtra donc que l’interprétation du produit des éléments que l’on aura su réunir.

De telle manière que moins nous aurons emmagasiné d’informations, moins nous aurons de chance de trouver le but, plus nous serons conditionnés autour d’une Vérité, moins il pourra nous apparaître.

Dans le domaine du monde des sciences physiques cela nous paraît actuellement une évidence (mécanique quantique). Une évidence que nous avons bien du mal à transposer dans celui de la pensée, dans cette pensée même qui a élaboré cette évidence, pour en tirer un enseignement.

Ainsi, (et je me répète) notre cerveau est notre monde, et il nous appartient d’en prendre soin, de le cultiver, c’est cela que je propose en s’instruisant tout au long de l’existence.

J’essaierai plus loin de vous en convaincre au-delà de notre minuscule et importante existence, dans celle plus grande qu’est notre espèce, et comment nous risquons de nous suicider dans une confrontation de cultures mercantilistes.

Le bonheur serait-il introuvable ?

Certainement pas, il est à l’intérieur de la tête de chacun dans son rapport avec les autres, mais non pas spontanément. Il est interdépendant de notre monde physique, et de notre monde utopique, si bien que selon que nous le ferons dépendre de l’un ou de l’autre, nous en aurons des représentations différentes, et il nous apparaîtra plus ou moins accessible.

D’où l’importance de la représentation instrumentale que je faisais observer, qui fait que nos productions contribuent au bonheur me paraît une évidence, alors que ne faire dépendre notre bonheur que d’elles, sans discernement, est contestable.

Pourquoi ?

Dans 100 ans et plus il n’y aura plus d’énergie fossile (pétrole). Qu’à cela ne tienne, nos chercheurs planchent sur des énergies de remplacement (énergie solaire, éolienne, géothermique, «cogénérative » (association de plusieurs sources d’énergie), et celle de l’antimatière dont les plus optimistes espèrent en voir l’émergence vers 2100). A cette date là nous serons plus de 10 milliards d’habitants sur la planète. Si nous en sommes encore à considérer que pour être heureux il faut être riche de biens ostentatoires, qu’il faut seulement posséder pour montrer son bonheur nous avons quelques soucis à avoir ; d’autant que dans le même temps les ressources minières se raréfieront. Pour continuer jusqu'à l’excès, en l’absence de toutes ressources minières, nous serait-il impossible alors de trouver le bonheur ?

Bien sûr que non, nous nous le créerions sur d’autres bases.

Alors, pourquoi l’idée de la rémunération du développement de l’intelligence comme source de richesse vous ferait-elle peur ?

- Notre avenir dépend de notre univers…

Nous avons pris définitivement conscience de la notion d’espèce humaine grâce au progrès technologique qui a mis un terme à la notion de race, quelles que soient les erreurs que nous ayons pu commettre, et tout ceci n’aurait pu l’être sans moyens de communication.

La science nous permet d’estimer à tort ou à raison que notre monde, à l’échelle des 10 000 ans à venir, subira un autre âge glaciaire après une courte période de réchauffement dans laquelle nous vivons, et je vais retenir celle-ci comme hypothèse de raisonnement bien qu’il en existe d’autres.

Ce cycle peut être perturbé par un réchauffement qui proviendrait au sein de notre galaxie, de l’explosion d’une «Super Nova » dans un rayon de quelques années lumière de la terre, et qui bombarderait la planète de rayons X mortels pour toute vie qui y serait soumise, ce n’est donc pas cette hypothèse que je vais retenir, mais celle de la glaciation[197]comme je l’ai précisé plus haut.

Je vais dans cette perspective essayer d’expliquer que l’utilisation de notre langage est le facteur déterminant pour développer nos facultés psychiques, qui sont, elles, aptes à suppléer ou s’associer à nos innovations technologiques.

J’ai déjà indiqué que l’occident avait une approche duale du monde en bien et mal, tandis que les Asiatiques en avaient une approche associative le Yin le Yang.

Pour l’illustrer, je prendrai l’exemple du monde médical. Dans le nôtre pour anesthésier au cours d’une opération nous utilisons un produit synthétique issu de notre recherche sur les propriétés de la matière physique ou organique. Dans le même but les Chinois utilisent pour le même effet l’acupuncture issue de la connaissance empirique ancestrale accumulée sur le corps humain.

Dans un cas nous risquons un choc post traumatique, et ceci nécessite une salle de réveil, alors que dans l’utilisation de l’acupuncture rien de tout cela, ils retirent les aiguilles. Mais, quelle que soit l’origine de la performance de l’un ou de l’autre, le langage sert à rassurer le patient sur l’efficacité de l’intervention, avec dans le cas de l’acupuncture une confiance dans un processus qui s’appuie autant sur quelques vérifications scientifiques, que sur son impact psychosomatique, et chacun choisit le mot, le langage approprié.

Dans leur quotidien certains asiatiques utilisent la connaissance de leurs capacités psychologiques comme hygiène de vie, par exemple les Yogis, pendant que nous, de cette connaissance nous en avons fait une médecine curative (psychologie, psychiatrie).

Dans le cas de l’anesthésie pour un même but, nous passons, par un «procédé fabriqué », eux, ils pourraient se servir aussi bien d’une épine d’acacia, que d’une arête de poisson.

Certains se transmettent leurs techniques de l’utilisation du psychique, par l’apprentissage familial, monastique ou par caste, tandis que pour nous, elles sont une spécialité thérapeutique professionnelle.

Est-ce que dans notre passé occidentalisé nous avons disposé d’une approche extrême-orientale ?

Jetons un regard chez les Grecs. Dans l’Antiquité ces derniers connaissaient le langage de la psychothérapie.

Dans l’art de la rhétorique qui leur est bien connu, un grec Antiphon d’Athènes, nommé le guérisseur, était connu comme l’inventeur de «l’art de l’apaisement », il était reconnu comme guérissant les malades avec des mots par l’usage de la rhétorique,[198]par le langage.

Qu’en a gardé l’Occident ?

Dans l’écoulement des ans, cette utilisation nous ne l’avons plus conservée que pour des incantations spirituelles ou celles dites «sataniques », et relégué certains autres de ses usages dans le monde du paranormal, jusqu’à sa réapparition grâce à la psychologie et à la psychanalyse (la psychosomatique), ou l’hypnose.

En revanche cette capacité de se convaincre par le langage nous l’appelons par tous les noms que nous avons bien voulu lui donner dans l’art de communiquer (être en relation). Suivant les circonstances nous le désignons comme, influence, conditionnement, persuasion, manipulation, prière, méditation, etc., ce qui met en évidence l’impact de la parole sur le somatique via le psychique.

Ainsi, pour un même but, celui de vivre, nous utilisons le pouvoir de la parole, du langage, avec des approches différentes suivant l’objectif visé, parce que notre monde est aussi celui de la définition que nous en donnons par les mots.

Nous l’utilisons pour définir aujourd’hui le langage spécifique du monde à finalité économique qui fixe une valeur financière à toute chose, et qui ne définit aucune valeur intrinsèque de la valeur d’usage d’un produit, et sert essentiellement à établir une sélection, une sorte de file d’attente, pour l’acquisition du dit produit par la monnaie, laquelle organisera sa propre production et la sollicitera.

Nous l’utilisons aussi pour définir celui du monde psychique, pour persuader un pauvre qu’il est riche parce qu’il n’a rien, ou un riche qu’il est pauvre parce qu’il a tout.

Le pouvoir du langage dont nous ignorons les limites sur notre psychique, a véhiculé le monde passé en donnant aussi bien la sagesse chinoise[199] avec ses restrictions, que le dualisme Occidental avec ses découvertes scientifiques, et porte le monde futur par sa capacité de conviction.

Il faut tout de même constater que «l’art de l’apaisement », qu’il soit prôné par des écrits religieux, des convictions politiques, des considérations humanitaires, ne tient pas la distance devant «l’art de la confrontation ».

Cela, tout simplement, pour rester dans l’exemple, parce que nous pouvons tirer un profit de la production d’anesthésiques, peu de la production d’aiguilles, et aucun de la production du langage. De telle manière que dans le cadre d’une activité économique nous serons peu enclins à développer une technique qui ne se concrétise pas par la consommation d’un bien monnayable.

Je ne vois pas un industriel construire une « usine » pour « produire des mots », par contre nous savons utiliser le langage pour vendre un produit à qui n’en à pas besoin, et là ils construisent des « usine » à « faire des mots », les centres de formations de la force de vente ; cette métaphore, qui met en exergue notre savoir-faire sélectif, atteste du pouvoir du langage.

Comment déceler lequel des usages du pouvoir du langage sera le plus à même d’assurer notre futur ?

Posé comme cela ma question suscite un choix, mais je ne suis pas obligé d’opposer l’une et l’autre, rien ne m’oblige à considérer qu’un usage est supérieur à l’autre, sauf ma culture.

Je reviens à l’exemple des anesthésiants, si la parole qui me conduit à considérer que par intérêt individuel pour être riche je dois vendre un produit, j’essaierai pour n’enrichir de vendre un procédé anesthésiant issu d’une production à ceux qui n’en ont pas besoin, ne serait-ce tout simplement pour maintenir les emplois qu’ils génèrent, qui sont eux-mêmes source de revenu.

Si je peux soigner avec des mots, je le rejetterai, car si je ne peux pas expliquer comment j’y parviens cela est inquiétant et s’apparente à un ésotérisme qui suscite l’incrédulité.

Pourtant, une médication est rassurante même si ce n’est qu’un placebo, il est issu d’une production pharmaceutique rassurante, qui a connu un essor presque idyllique après la deuxième guerre mondiale, et il est estampillé du sceau de la science, il donne confiance.

Toutefois dans le cas du placebo nous utilisons volontairement une duperie, celle qui consiste à miser sur la confiance dans une culture médicamenteuse pour générer un effet psychologique.

Je ne veux pas par cet exemple mettre en opposition deux techniques, mais souligner leur complémentarité qui tourne autour de l’importance du langage, même s’il doit passer par une représentation physique, qui peut être dans l’exemple du placebo, supprimée. Ce langage qui conditionne notre existence et l’usage que nous faisons de toute chose, met en exergue l’Etre psychique que nous sommes, fort ou fragile suivant les connaissances culturelles que nous aurons acquises au travers de sa pratique.

Il nous faudra donc dans l’avenir avoir une idée du futur lointain, celui où nos ressources minières se raréfieront. C‘est là que je voulais en venir, quand il ne restera que notre psychique pour faire face au nouvel âge glaciaire.

Alors, nous faudra-t-il de nouveau avoir peur de souffrir, pour faire la redécouverte de nos capacités psychiques, et revenir à la rhétorique et à l’art de l’apaisement ?

Ces capacités psychiques que les scientifiques cernent de mieux en mieux, qui nous permettrons de réparer les «cellules » et peut-être de comprendre les mécanismes qui nous permettrons de réaliser des prouesses égales à celles des yogis, si nous savons utiliser les mots qui apaisent.

D’ici là notre espèce ne bénéficiera que de ce que nous aurons su bâtir, que ce soit dans le monde physique ou dans le monde psychique. Mais c’est là une tâche qui demande d’autres perspectives que celles à court terme que nous véhiculons. Il y a les hommes pour le faire, sauf que le monde médiatique ne leur laisse guère de temps d’écoute ; et puis cela nous arrange tellement de ne pas regarder au-delà de notre propre vie.

Pour l’instant l’Occident parie sur le monde physique grâce à la puissance de la recherche scientifique qui nous permet d’envisager d’aller coloniser la planète Mars si nous parvenons à y diriger une comète (les comètes qui sont de gigantesques icebergs), afin d’y créer un monde viable pour notre espèce, ou d’autres formules. Il y a tout de même une difficulté dans ce schéma, non pas qu’il ne soit pas réalisable, mais pour arriver à une végétation identique à celle de notre planète permettant de faire vivre une population de plus de dix milliards d’habitants, les scientifiques n’ont pas indiqué de temps. Mais, nous pouvons en avoir une idée avec celui qu’il a fallu à notre planète pour développer la sienne qui se chiffre en milliard d’années. Si bien que si la prévision des scientifiques se réalise, nous ne disposons que de 10 000 ans. Exit l’espérance générale dans ce domaine. Reste celle dans la découverte de planètes telluriques à l’extérieur de notre système solaire, avec la difficulté non résolue de les atteindre. Dans le même temps ces scientifiques se questionnent pour savoir sur quel astre ou astéroïde trouver des ressources minières[200].

Cette vision de notre futur est tout à fait respectable et n’est en rien utopiste, nous disposons de 10 000 ans pour trouver une solution. Mais nous disposons également de ce temps pour explorer notre monde psychique[201].

Encore faut-il être convaincu qu’un enseignement permanent pour adulte, accroissant le nombre gens instruits, créera en conséquence plus d’intelligence pour relever le défi. Tout en prenant soin d’éviter que l’utilisation de cette intelligence ne soit pas réservée seulement à l’endoctrinement culturel, à «l’art de la confrontation ».

Peut-être que ceux qui savent que notre monde est malade pour être sorti de son biotope originel, oserons s’organiser pour, malgré l’incertitude expliquer qu’être sain c’est connaître ses maux, et vulgariser leur savoir plutôt que de rester des docteurs de la «loi », car l’avenir est toujours traumatisant.

Si notre existence dépend de l’univers, notre vie dépend aussi des mots avec lesquels nous la définissons, et les mots sont un univers, ils sont devenus notre univers à eux tout seul.

… et de la conquête de notre cerveau.

Nous savons que ce monde psychique a des dispositions extraordinaires, même si l’étude clinique de celui-ci ne nous permet pas d’en comprendre toutes les interactions. Nous disposons d’une capacité d’autosuggestion et de conviction permettant d’agir sur notre métabolisme. Les yogis asiatiques sont connus pour cela. Il n’est qu’à citer le célèbre cas d’un marin enfermé dans un compartiment frigorifique qui fut retrouvé mort des symptômes du froid, alors que le système de réfrigération ne fonctionnait pas. Sans parler des opérations cliniques qui sont réalisées sous hypnose, etc.

En règle générale l’exploration de ce domaine nous effraie, non parce qu’il est effrayant, mais parce que nous lui avons reconnu un pouvoir démoniaque par culture ignorante et nous conservons l’image d’une société qui utilise toutes les découvertes dans un but «d’auto domination », une jolie expression pour ne pas dire pour «s’entre-tuer » ; cela parce que quand nous éteignons la lumière nous avons encore peur. Peur de mourir, de souffrir, de l’incertitude, peur de nos refoulements, et la domination nous permet de les circonscrire. L’observation de tout événement nuisible à l’homme par lui-même a de tout temps existé, l’observation de son existence en l’absence de compréhension a généré tous nos totems et tabous, interdits et obligations, qui se sont présentés comme des régularités, parfois là où elles n’avaient pas lieu d’être en concevant des superstitions. Alors que la régularité «réelle » est, que l’Homme dans l’ignorance fabrique des tabous et totems pour se protéger, recevoir des faveurs, ou se donner une origine. C’est pour cela que quels que soient les endroits où nous trouvons un humain, nous retrouvons ces schémas et que nous véhiculons encore l’idée que le mal c’est Satan, alors qu’il ne s’agit que de mauvais schémas sociétaux qui transforment notre agressivité naturelle en violence.

C’est là une évidence pour tout le monde, une évidence que tout le monde veut éviter, mais dont chacun d’entre nous développe au quotidien les conditions de sa réalisation. Ce n’est pas pour cela qu’il faut renoncer, mais cela suppose un rapport de confiance dans notre faculté d’apprendre.

Dans le domaine clinique cette confiance existe. Dans celui de notre existence au quotidien elle est soumise à notre type de culture, et nous pouvons aussi bien conditionner un Être pour qu’il soit un ouvrier docile ou un Kamikaze, ou nous convaincre de croire qu’un jour il nous faudra aller vivre dans les étoiles.

Vouloir vous dire que je détiens quelques vérités que ce soit pour vous convaincre, serait irrespectueux parce que ce n’est pas moi qui le peux, c’est votre psychique, suivant qu’il se laissera conditionner ou non, non parce que j’écris, mais parce que c’est vous qui le lui aurait suggéré, suivant votre apprentissage vous aurez fait un choix induit par votre existence auto organisée par toutes les générations qui nous ont précédées. Nous vivons de cette manière depuis que nous connaissons la conscience.

Comment faire pour trouver la bonne voie ?

Suivre les capacités de notre psychique en accompagnant son évolution, mais encore faut-il ne pas en avoir peur, pour l’examiner, le connaître, apprendre comment il fonctionne, quelles sont les possibilités qu’il nous offre.

Alors peut-être l’ascétisme des Yogis, les danses «Chamaniques », les transes des «Vaudous », tout ce monde du délire et de la folie que nous attribuons à l’inconscient nous apparaîtra un peu plus clair. Nous aurons un autre regard sur les Tibétains, les Navajo, Hopis, les Aborigènes etc.

C’est peut-être dans ce monde là, si nous ne perdons pas ces cultures qui nous semblent obscures, que nous puiserons, en l’associant à celui de la science, les moyens de faire face aux défis des futurs millénaires. Car même si je ne détiens aucune vérité chacun peut comprendre que nos ressources minières ne sont pas inépuisables, et que pour affronter un nouvel âge glacière (que j’ai pris en référence) ou seulement le futur, il ne nous restera plus que notre cerveau, sous réserve que nous n’en ayons pas fait d’ici là un organe atrophié ou infantilisé par nos peurs et nos intérêts mercantilistes.

Je vais faire une analogie entre notre cerveau et notre monde, une analogie qui n’est pas de moi, mais d’un ami, Francis, et qui m’a inspiré le développement qui suit.

J’ai déjà écrit que notre monde nous effrayait par son immensité et qu’il était l’image de notre structure cérébrale. Dans ce paragraphe je viens de dire que la compréhension de notre psychique (cerveau) nous effraie aussi, et ce qu’avait observé mon ami, c’est la ressemblance qu’il y avait entre une vue satellite de l’implantation de la vie humaine et l’image du circuit neuronal de notre cerveau.

Ainsi nos villes sont des neurones avec leurs noyaux, mairie, églises, centre ville, reliés par des axones qui sont les grandes voies de circulation, les synapses représentent tous les embranchements permettant la circulation de l’information d’un neurone à l’autre, d’une ville à une autre, les dendrites prolongement d’un neurone pour recueillir l’information etc. je pourrais poursuivre autant que je le désire, ne serait-ce que parce que c’est mon but. La ressemblance est si frappante, qu’il est difficile de ne pas concevoir que l’ordre sous-jacent (dieux pour les croyants), la structure inter active, ne nous conduise pas à reproduire les schémas qui nous constituent parce que nous sommes aussi cet ordre. Alors on peut espérer que les sciences neurologiques, en même temps qu’elles nous permettent la découverte de notre cerveau, nous apportent les moyens de mieux organiser notre existence. Par exemple serait-il stupide de faire un rapprochement entre la structure fonctionnelle d’un neurone et celui d’une ville ?etc.

Naturellement il ne s’agit pas de notre art de vivre actuel, mais de celui de toutes les générations qui vont nous succéder. Avec nos vérités déistes ou idéologiques, nous ralentissons son évolution. Le cerveau est comme une pâte à modeler, pour y donner une expression il est nécessaire de le travailler, et en l’espèce les doigts qui le façonnent c’est le nombre d’informations dont nous l’alimentons, afin de répondre à une question : comment vais-je faire pour ne pas souffrir, et vivre le plus longuement jusqu’à …?

Cela nécessite une seule chose, développer un art de vivre et ne pas se gaver de ce qui nous tue. Développer un art de vivre ne signifie pas pratiquer l’ascétisme, ne plus avoir de passions, ne plus rêver. C’est entrer dans un monde où l’outil, l’instrument, la règle, l’organisation, la systémique, servent le psychisme, où la pensée symbolique se servira du monde physique pour développer le monde psychique, et non pour l’asservir.

Cela ne peut pas se comprendre si nous ne retournons pas sur le banc d’un enseignement permanent. Sinon nous confierons nos existences à des «Raiders » (financiers) fraîchement promus, diplômés, certes compétents dans leur spécialité, mais totalement dépourvu du sens du vécu, car ils ne peuvent pas en avoir, et encore moins du sens caché du vécu, si aucun d’eux n’a, d’une manière ou d’une autre, jamais entendu parlé ou ouvert un livre de philosophie.

Il n’y a aucune aberration à associer le monde du confort et celui de l’utopie, car le monde du confort est né de l’utopie, et son seul ennemi est la Vérité. Pas la « vérité » du monde Scientifique, pas celle de la Foi, mais celle de tous les potentiels dominants ignorants que nous voulons être, parce que nous nous l’auto suggérons par culture superstitieuse.

Ignorants de ceux que nous pouvons être, mais rassurés de ce que nous pouvons vendre et consommer.

L’hégémonie de la loi du marché par sa vue à court terme et son sens du profit immédiat risque d’entraîner notre espèce dans une démarche irréversible, car il n’y a aucune possibilité de retour en arrière.

La conquête mondialisée dans laquelle se lancent les pays industrialisés dans le sillage de la culture américaine, vise le marché des pays asiatiques, la Chine en particulier, qui elle-même tend par hégémonie à faire disparaître une culture tout aussi riche, celle Tibétaine. Il n’y aurait à avoir qu’une inquiétude relative (déchets) si l’industrialisation de la Chine se faisait en préservant sa culture ancestrale. J’ai déjà dit que le confort et la jouissance de la vie peuvent être un régulateur démographique.

Mais, si devant la culture commerciale colonisatrice s’effacent des quasi-sciences ancestrales et sa philosophie, nous aurons fait un pas de plus vers un monde unidimensionnel, donc totalitaire. Cela en perdant la possibilité d’apprendre ou comprendre les mécanismes d’une culture riche en connaissances psychologiques, comme nous avons presque effacé «l’art de l’apaisement » de la culture grecque avec notre culture chrétienne. Ceci parce que si la philosophie asiatique n’a pas été un stimulateur de l’évolution technologique (taoïsme « non agir », Bouddhisme « renoncement au monde ») comme chez les occidentaux, elle a développé l’art d’utiliser nos capacités psychiques, et c’est peut-être cela qui nous sauvera un jour, si lointain, la vie. Ce serait donc un crime contre l’humanité, pour utiliser un terme à la mode, que de vouloir soumettre l’activité sociale de ces pays à l’adoration d’un « totem » qui est celui de l’obsession de la toute puissance de l’Occident.

Devant cette hégémonie qui nous vient d’un pays qui n’a pas de passé «géohistorique » pour l’avoir mis en réserve, il n’y a plus que la vielle Europe. Cela, si elle ne laisse pas les 50% d’identité européenne qui lui reste s’américaniser. Ne traduisait pas mes propos comme de l’antiaméricanisme primaire, mais comme la contestation d’une politique du tout dollar tout de suite avec n’importe quoi, alors qu’ils ont, avec leurs «cerveaux » et leurs technologies, les compétences pour mener d’autres politiques. Sauf qu’ils possèdent, comme c’était le cas des communistes, une idéologie de vie, et non une philosophie.

C’est quelque part le choix que je propose : s’instruire en permanence pour une «utilité potentielle » qui ne peut nous apparaître que si nous faisons la démarche d’apprendre, non pour être le champion de réponse à toutes les questions, (pour cela nous avons des encyclopédies), mais pour avancer, seulement avancer, le cerveau ouvert à la compréhension.

Quant au monde futur il ne sera que celui que nous nous auto suggérerons !

Pour le moment nous lui suggérons que de recommencer les erreurs du passé.

Je m’explique schématiquement. Lorsque l’Europe a pu se doter de routes maritimes, elle a installé ses comptoirs de commerce ou son désir de recherche de richesse, sur tous les territoires où elle a pu poser les pieds. Dans le même temps elle a entrepris la colonisation de ces pays en imposant par la force de ses propres convictions persuasives, ses dieux, et sa culture. Il a fallu quelques siècles pour que tous ces États recouvrent leur indépendance plus ou moins heureuse. Durant cette longue période, le nombrilisme obscurantiste d’une civilisation qui se voyait supérieur aux autres a régné, s’entre-déchirant dans son berceau. Après la deuxième guerre mondiale, c’est la guerre froide américano-russe et son support idéologique qui a assuré cette fonction de colonisateur du monde, remplaçant en cela la vieille Europe condamnée au strapontin. Les dieux avaient laissé entre temps la place à l’idéologie, sans en être absent pour autant, et ces deux pays ont mené leur lutte par pays interposés, développant leurs idéaux, l’un et l’autre en s’appuyant sur des dictatures. Une nouvelle fois nous avons vérifié, et là, de visu les méfaits de la colonisation dans tous ces pays où s’est exercée la guerre froide. Sauf, qu’il est plus facile de regarder l’histoire de la vieille Europe, car nous avons sur elle un recul historique, que quand nous vivons la colonisation. Pourtant la quantité de conflits qui se sont développés pour essayer de remplacer les dictatures installées par les uns et les autres devraient nous inspirer quelque prudence quant à la faculté de la seule des deux puissances qui reste, à développer la démocratie.

Ainsi, conscients des propres erreurs de la colonisation européenne, comme de celle américano-russe, nous devrions être sur nos gardes quand certains nous proposent la colonisation économique mondiale par le libéralisme économique vu par l’Amérique. Nous devrions savoir que toute forme de colonisation s’accompagne d’un obscurantisme idéologique ou religieux, et qu’il génère des dictatures dont les seuls qui les ignorent sont les colonisateurs eux-mêmes ou les colonisés soumis.

Il est d’usage dans notre monde économique de dire que l’économie américaine tire celle de l’Europe avec un temps de retard. Je crois qu’il n’échappe plus à personne que notre économie, s’est américanisée, et que notre culture s’est américanisée en partie.

Mais, ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi nous sommes surpris de voir plus de xénophobie exister, pourquoi nous sommes surpris de voir d’autres formes de violence arriver, se développer et s’intensifier. Pourriez-vous m’expliquer pourquoi, alors qu’important les pratiques d’une organisation économique qui produit chez elle plus d’exclus, de racistes, de violence, l’Europe et la France en particulier devraient être épargnées de ces méfaits, ceux-ci s’arrêter à nos frontières comme le nuage de Tchernobyl, et ne pas redonner vigueur aux multiples visages de l’ostracisme dont nous sommes culturellement porteurs. Ce n’est pas parce que les têtes de «turcs » n’ont pas les mêmes visages, que le phénomène les ayant produits sont différent.

Je ne fais pas le procès du libéralisme, du droit d’entreprendre j’espère que vous l’avez compris, mais celui de l’obscurantisme que nous portons. Obscurantisme que nous reproduisons dans toutes les idéologies, y compris dans celle du libéralisme économique, l’obscurantisme de «l’homme bloqué[202] ».

Enfin, si nous pensons que construire une Europe compétitive sur le même terrain économique avec les mêmes approches libérales que celui développé par l’économie américaine est le meilleur moyen de voir l’avenir, je souhaite bien du plaisir aux futures générations. Cela, parce que pour surpasser l’économie américaine dans ses rapports conquérants, il nous faudra être meilleur qu’elle, et vu les effets déviants que nous pouvons constater par son approche libérale, il faut nous attendre au pire de nous même.

Mais ce dont également j’ai essayé de vous convaincre c’est que l’évolution suit son cours emportant avec elle toutes les certitudes, et qu’il n’y a donc aucune fatalité à conserver la pauvreté, il faut seulement envisager de s’organiser différemment. Il faut également comprendre que si la monnaie a son utilité et sa motivation, il y a un seuil où elle devient un frein au développement que nous pouvons attendre de ce qu’elle a elle-même contribué à construire. Et c’est cela le plus difficile, trouver le seuil où se situe l’art de vivre pour survivre.

Si je devais résumer ce chapitre j’en dirais que j’ai recomposé l’éternel débat entre le matérialisme et le spiritualisme, débat qui a animé les Grecs, les Judéo-chrétiens, les Orientaux ; et il n’y a débat que parce que nous l’avons fabriqué ; parce que nous avons délié le monde pour le comprendre. Le matérialisme a contribué à définir le monde physique et nous avons pu accéder partiellement à la structure du spirituel (psychique). Le spiritualisme a permis de comprendre que notre psychique est une « puissance de somatisation » qui nous donne la capacité d’agir par ce que j’ai appelé « l’agressivité naturelle » dont nous recréons le modèle dans toutes nos réalisations pour vivre et mourir. Il n'est donc pas étonnant qu'en utilisant à l’excès ou par mauvais essais les interrelations de nos créations matérielles et spirituelles nous aboutissions plus tôt à la mort ; aussi faire en sorte que ce ne soit pas nous qui nous « suicidions » relève de l’utopie. Or nous savons aujourd’hui que l’utopie n’est qu’une attente de l’évolution « dépense » [203]progressive devant la difficulté et l’ignorance, il y a donc une espérance, mais encore faut-il le comprendre et s’en donner les moyens. Il nous reste à trouver cette « harmonie » dont je parlais dans l’avertissement, elle découle, elle ne résulte que d’un long mécanisme de découverte de l’infiniment petit, de recherche réduisant l’ignorance de nos sens, qui nous est devenu accessible. Un infiniment petit dans lequel l’usage du spirituel dépend grandement de l’utilisation de l’influence du vocabulaire sur lui pour nous situer dans le monde physique et réduire la souffrance destructrice.

Par soucis d’historicité nous faisons remonter le spiritualisme à la pensée grecque avec Anaxagore qui exprime cette tendance, et le matérialisme découlera de l’atomisme antique dont nous attribuons l’école à Leucippe, un grec d’Asie Mineure, cinq siècles avant notre ère. Toute la pensée Occidentale s’est nourrie de ce débat avec toutes ses déclinaisons. Il est donc compréhensible qu’il nous soit difficile d’envisager que nous puissions redéfinir notre monde sur d’autres bases.

C’est pourtant l’opportunité que nous offre la découverte du monde quantique, où il n’y a ni matière ni esprit. L’idée peut être effrayante, mais ce qui est rassurant c’est que ce monde quantique est le produit de l’activité de notre structure psychique, et peut-être par le pouvoir des mots nous serons en mesure de le faire exister. Un philosophe français, Bergson, dans son œuvre propose de penser l’inconcevable et d’exprimer l’inexprimable, il propose de penser autrement pour que, grâce à une connaissance absolue, que nous n’atteindrons jamais, nous soyons capables d’atteindre la réalité elle-même, sans intermédiaire. Alors, si un esprit humain est capable de penser cela, ceci signifie que c’est en potentialité d’être (voir avertissement), que cela est présent dans la structure psychique. Ce qui nous manque alors, ne sont que les moyens définis par des mots pour y parvenir. A partir de là il est facilement compréhensible qu’ils ne peuvent pas être puisés dans un passé déjà défini qui n’existe plus, hormis dans notre mémoire, et qu’il faut par intelligence intuitive, s’écarter de toutes les habitudes de pensée, des connaissances acquises, non par rejet, mais parce que de zéro à l’infini elles n’occupent que la place qui est la leur, et qu’il en reste pour définir le « mouvement » qui s’apparente à la réalité objective.

Mais pour cela il faut déjà avoir acquis les connaissances disponibles afin de ne pas redécouvrir par intuition ce qui l’a déjà été depuis des millénaires, telle la puissance des capacités psychiques mise en évidence dans la culture Est Orientale. Et lorsque Bergson soutient qu’il faut s’écarter des représentations de l’intelligence pour espérer rejoindre le réel, je préfère dire qu’il faut redéfinir les certitudes qui font de nous des êtres « Bloqués » (note 200). Ainsi nous redécouvrirons par « l’art et la science des mots » (ce langage qui est l’auxiliaire indispensable de nos sensations que d’autres voudraient ramener à un anglais mercantiliste) que nous pouvons mieux voyager peureusement dans notre psychique et par-là dans notre monde matériel et spirituel qui en est sa reproduction.

Que doit-on craindre ?

Toutes les organisations, réorganisations entraînant un ensemble d’actions ou de réactions individuelles, peuvent développer des effets non recherchés par les acteurs sociaux. Il va de soi que dans le domaine de l’organisation sociale, qui ne répond pas aux critères scientifiques réfutables, ils ne peuvent qu’apparaître. Nous pourrions même dire que nous ne gérons que cela. Les effets collectifs qu’ils engendrent ne se distinguent des autres que par le fait qu’ils n’ont pas été voulus.

De telle manière que l’effet d’agrégation suivant, qu’il soit désirable ou indésirable, qu’il concerne un petit nombre de personnes ou une foule, est nommée différemment par les acteurs sociaux.

S’il est indésirable nous parlons d‘effets pervers, et à l’inverse s’il est désirable nous parlons d’une tendance.

La mise en place des ECPA n’échappera pas à ce phénomène d’agrégation, non pas celui pouvant être envisagé comme découlant d’un raisonnement logique structurel par rapport à l’environnement socio-économique dans lequel les ECPA s’insèrent, mais de celui appartenant à l’inconnu, à la méconnaissance, celui découlant de nos désirs conscients ou refoulés qui trouveront un nouveau territoire d’expression. Celui qui est dans l’indéfinissable. Celui qui à ce titre nous fait peur, avant qu’il ne devienne, pour certains, des traits de génies, l’expression de la créativité, le fruit du hasard, le destin, les déviances. Celui des comportements qui s’agrègent dans une tendance, regroupe les hommes jusqu’à ce qu’ils soient assez nombreux pour définir un nouveau fait social.

En conclusion, le phénomène d’agrégation est l’expression de la limite de notre raisonnement culturalisé face au cours de l’évolution. Il ne nous empêche pas d’atteindre un but, il lui assure une continuité inconnue.

Nos propres limites «d’Être perdu » exigent le nécessaire besoin de disposer de repères visibles préhensiles. C’est l’objet de toutes les vérités, de tous les idéaux, de tous les projets de société. C’est le but de tous nos rêves, de toutes nos études scientifiques et interprétatives. Cet amas de déterminants, nous le censurons et nous y choisissons ceux qui nous paraissent fondamentaux.

D’une part, parce que nous n’avons pas les moyens intellectuels de tous les connecter entre eux, et d’autre part parce que nous nous éduquons en censeur. De telle manière qu’en systématisant un certain nombre de déterminants qui suscitera l’adhésion individuelle ou collective, nous aurons élaboré une idéologie.

Ainsi, mon essai, qui est le reflet d’un choix de déterminants censurés par mon éducation, porte le germe de l’idéologie, il lui manque la systématisation et l’adhésion.

Idéologie, un mot définissant une notion s’appréciant de diverses manières. Avec Marx son sens est négatif, il désigne les fausses idées que se font les hommes de la réalité sociale. Chez les politiques il désigne des systèmes d’idées. Aujourd’hui, les sociologues considèrent qu’il désigne un ensemble d’idées relatives au politique et au social sans préjuger de leur validité. Cela parce que s’interroger sur leur validité nous conduit à deux analyses : une où, mus par leurs sentiments et leurs intérêts, les hommes se laissent facilement aveugler par des idées ou croyances douteuses, voire fausses, pour peu quelles s’enchaînent logiquement ; l’autre met en évidence le fait qu’un homme en tant qu’acteur social ne peut, de manière certaine et affirmative, pénétrer, traduire son environnement sans devoir l’interpréter à l’aide d’idées, de représentations, de conjectures, de théories et de jugements dont la détermination de leur validité est toujours incertaine et partielle. Et ce, quel que soit le poids de la science et de la raison. Mais leur poids peu nous aider à réduire l’incertitude, à fixer des voies. Des voies jalonnées pour bifurquer sans se perdre, et permettre l’émergence de nouvelles idéologies.

Nous ne devons pas oublier que notre intelligence ne découvre que ce qu’elle peut comprendre, et à partir de là, nous ne devons pas faire comme nos prédécesseurs, croire avoir atteint des sommets alors que nous venons peut-être que de franchir un seuil.

Notamment, le seuil de la connaissance de ce que nous est, tant Biologiquement, «Psychiquement », que «quantiquement ».

Alors, imaginer que de ces connaissances ne naîtront pas de nouveaux idéaux, de nouvelles valeurs, est une manière de ne pas avoir d’espérance.

Pourtant, rien n’est écrit d’avance, d’autant plus que les sociétés Laïques porteuses d’un idéal républicain sont en déclin. Elles ont trop cru qu’une économie libérale était synonyme de démocratie, et qu’il suffisait de se faire l’apôtre du libéralisme, pour voir l’idéal républicain se développer ; qu’il suffisait, d’une part, d’aboutir à une «employabilité » capitaliste en amenuisant l’activité socialisante syndicale des citoyens pour qu’ils fassent l’éloge de la république ; qu’il suffisait d’autres part de respecter les confessions, pour qu’elles ne deviennent pas un recours idéologique identitaire devant la faiblesse et la réduction de l’action socialisante du travail, définie comme charge. D’une certaine manière la laïcité républicaine est attaquée de tout bord, autant par les initiatives privées, que par celles confessionnelles. Si bien que les responsables politiques, qui ne sont que le reflet de leurs électeurs, s’appauvrissent dans leur débat, incapables de reformuler des idéaux qui se réforment devant les événements. Et leur rôle de guide s’est transformé en celui de gardien d’un potentiel mercantile, sans philosophie autre que son expansionnisme.

Y a-t-il alors déviation, reformulation ou transformation idéologique ?

C’est à chacun d’en avoir une idée. En dehors de cela, il n’y a aucune raison que l’idéal républicain reste intangible. Pourquoi échapperait-il à l’évolution ?

L’histoire humaine nous démontre que rien n’est spontané, que tout s’élabore dans le creuset des prédécesseurs, même les religions qui déclament la Vérité se sont construites au cours des siècles à partir de fragments de celles qui les ont précédées. Ce n’est pas pour autant mécaniste. Cela repose sur la transmission du «message » et aucune civilisation n’a disposé d’autant de données que la notre sur ce qu’était son existence, et de ce que nous pensions être. Toutes les idéologies que nous élaborons sont des idéaux éculés, transfigurés par la technologie et les nouvelles s’élaborent sans que nous en ayons conscience, quels que soient les efforts déployés pour les maintenir dans le creuset du passé.

Je m’en explique. Je n’aime pas particulièrement les comparaisons avec le monde animal, mais je vais me servir pour l’exemple d’une étude réalisée sur une population de scarabées parue dans Science et Vie N° 112 du 01 2002.

Une équipe de chercheurs, biologistes et mathématiciens ont étudié pendant six ans une centaine de scarabées. «Pour modéliser cette dynamique, ils doivent faire un choix. Soit, ils considèrent les scarabées comme un ensemble d’entités «discrètes » définies chacune par des probabilités de mortalité et de reproduction, soit, ils les voient comme un ensemble continu, dont les variations ne sont plus individuelles, mais globales.

Problème : les prévisions sur la dynamique des populations peuvent être radicalement différentes selon le modèle utilisé. Leur modèle discret (individuel) produit une population régulière (cyclique) ; leur modèle continu, une dynamique chaotique… Pis encore, les variations de la population observée ne correspondent à aucun de ces deux modèles, mais un peu des deux à la fois…Les chercheurs suggèrent qu’un «mélange des deux modèles, continu et discret, sera sans doute nécessaire pour avoir une compréhension complète des systèmes de populations ».

Ainsi, vu la difficulté que représente la compréhension de l’évolution d’un système simple, (évolution d’une population de cent scarabées), il est aisé d’imaginer, et c’est là le parallèle que je voulais faire, qu’avoir une idée d’une idéologie future d’un être qui pense, ne peut venir d’une étude discrète (individualiste) ou continu (collective ou holisme) du comportement des hommes, d’où, à partir de là, la nécessiter de regarder nos idéologies comme des étapes réformables.

Problème : une idéologie doit faire rêver en une espérance pour être convaincante, et c’est là nos limites momentanées.

Nous aimons tellement rêver, et le libéralisme y contribue si fort et si bien par l’illusion de l’expression de nos émotions, que toutes les autres idéologies d’approches commerciales apparaissent déviantes, et que nous sommes dans une régression sociologique dynamique violente, d’agrégations d’effets pervers.

QUE DOIT-ON ESPERER DES TECHNOLOGIES DE LA COMMUNICATION ?
Un gain de temps …

Tous, nous connaissons la concurrence à laquelle se livrent les médias pour disposer de l’information dans les plus courts délais. Nous savons tous également que c’est un moyen de disposer de l’information avant qu’elle ne soit devenue obsolète, et d’en faire ainsi le meilleur usage pour être au contact de la «réalité » des événements. Nous disposons pour cela aussi de la pandémie du téléphone portable et d’Internet.

Ces technologies nous permettent de parler entre nous, et suppléent, aux nécessaires rencontres pour s’écouter et échanger des informations ; mais ce n’est pas de ces moyens dont je veux parler, mais des appareils auxquels nous demandons d’avoir une capacité de communiquer avec nous, à l’aide d’une intelligence dite «artificielle ».

Ainsi, dans un futur très proche nous disposerons de toutes les innovations auxquelles travaillent les chercheurs.

La fusion d’Internet et de la télévision, l’apparition d’écrans muraux, la reconnaissance vocale, des agents intelligents[204] (appareil capable de distinguer la pacotille d’une information présentant un intérêt certain), des systèmes experts[205] capables de formuler un diagnostic, d’appareils dotés du sens commun, de robots qui pensent[206].

Néanmoins, toutes ces innovations auxquelles nous avons donné corps ou bien que nous nous apprêtons à donner corps, sont le produit de «l’outil de communication » qu’est notre cerveau, et les appareils que nous concevons sont à notre ressemblance.

Nous n’inventons donc rien que nous n’ayons pu comprendre de nous même, même s’il demeure des secteurs incompréhensibles, ou bien que nous ne sachions pas encore reproduire. Même si nous avons conçu des outils qui associent et traitent des informations dans des temps record, ils ne peuvent qu’être le produit de ce que nous sommes à la puissance X.

Je vais reprendre l’exemple de la voiture pour m’en expliquer.

Par notre compréhension des mécanismes physiques, nous avons donné une structure et un mouvement à de la matière inerte. En faisant cela, nous avons fait franchir un seuil à des matériaux inertes en les faisant communiquer entre eux pour satisfaire à notre but dynamique, celui de se déplacer. Certes ce seuil est minime, car tous nos moyens de transport ne se suffisent pas à eux seuls sans intervention humaine, mais ce qu’il est important d’observer, c’est que cette capacité de réflexion créatrice ainsi développée, se situe au même niveau du passage qui nous est toujours incompréhensible, celui où l’atome et la molécule formeront, soit une matière inerte, soit une matière organique dotée de vie, dont Nous.

C’est Nous qui sommes donc le lien organique de vie, pour la voiture et de tous les objets et instruments de notre création.

Jusqu’à quand ?

Tout dépendra de l’utilisation que nous ferons de la technologie pour communiquer. C’est à dire mettre en relation tous les éléments d’informations que nous pouvons accumuler, afin qu’ils puissent être utilisables dans des temps les plus réduits, et ceci n’est pas rien.

J’ai déjà dit qu’en économie nous utilisions la théorie du chaos et celle des fractales de Mandelbrot.

Quels sont les citoyens qui le savent ?

Néanmoins dans notre quotidien nous y sommes soumis par l’analyse micro économique, dans lesquelles des informations traitées par ces théories nous permettent de saisir de micro évolutions que nous essayons de rentabiliser au mieux, alors qu’elles échappaient avant à notre compréhension. Cette approche nous impose, ce qui a été communément convenu d’appeler, la rentabilité optimale, qui est accessible à notre raison, mais pas toujours absorbable par notre système émotionnel qui se révolte en développant un excès de stress, et bon nombre de pathologies.

Notre organisme réagit à la vitesse de 180 à 360 millisecondes pour la perception d’une image, et nous en avons conscience entre 540 et 720 millisecondes ; alors qu’une machine peut traiter des millions d’informations à la vitesse de la lumière. Et nous ne pourrons demander à notre organisme de vivre à la vitesse de recherche d’un gain équivalent à celui des capacités de traitement des informations par ordinateurs et autres appareils qui ne cessent de croître.

Or, dans notre économie concurrentielle, dans les entreprises utilisant les mêmes capacités technologiques, les différences se font le plus souvent sur l’accumulation de gains minimes qui demandent aux hommes un effort maximum pour les réaliser.

C’est pour cela qu’à mon sens, les moyens de traitement des informations doivent pouvoir nous servir à élaborer des agents intelligents pour des systèmes experts, afin de nous aider à Savoir, à Apprendre, et Comparer dans notre quotidien ; alors que cette même tache demanderait à notre cerveau des années de réflexion pour un résultat similaire.

Ainsi, ce gain de temps que nous apporte la technologie, il nous appartient de l’utiliser non pour fabriquer des exclus et des consommateurs ignorants, mais pour préparer la singularité (individualité) communautaire (communauté) de demain, et préserver le libéralisme de l’obscurantisme absolutiste vers lequel il glisse.

… et une aide logistique …

L’exemple d’un système expert que nous utilisons presque tous, ce sont les appareils de diagnostic, dont les plus connus et simples sont ceux que nous trouvons dans les garages de la réparation automobile. Qui ne connaît pas sur son véhicule cette prise diagnostic.

Assez souvent nous opposons avec crainte la pensée humaine et une potentielle pensée « d’une intelligence artificielle » de quelques robots que nous sommes en train de concevoir.

Comme toujours, ce n’est pas de ces outils qu’il y a à craindre quelque chose, mais de l’usage auxquels nous les destinons.

Pour ne pas craindre d’aborder ce domaine, il faut être convaincu pour cela que ce que nous créons est issu de nous, et quelque appareil que ce soit, ne sera doté que des fonctions que nous lui aurons transmises, y compris celle de faire inter activement des associations. C’est là à mon sens que se trouve un certain intérêt de l’intelligence dite «artificielle ». Aussi quand nous nous opposons à «l’intelligence artificielle », nous nous opposons à une fraction de notre propre capacité de réflexion que nous avons transmise à des appareils, dont la principale qualité est de traiter les mêmes informations que nous, en des temps record. Mais, c’est aussi savoir que se laisser diriger par eux, serait comme se limiter à n’utiliser qu’une fraction de notre capacité de réflexion, amputée de nos perceptions émotionnelles.

Je me souviens de l’émotion soulevée par la victoire de eux f en version améliorée sur Kasparov. Pourtant tous les jours, la machine à calculer nous bat à plate couture dans le calcul mental, et quel est le commerçant ou l’élève qui veut s‘en séparer ou bien renoncer à cette aide logistique. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne nous faudra plus apprendre à compter, sans cela l’aide logistique deviendra une structure d’asservissement. Et au lieu de nous servir de l’aide des appareils dit «intelligents », nous en deviendrons les esclaves.

…à nos choix

J’ai consacré cet essai à expliquer la nécessité d’apprendre. Mais voilà, plus nous apprenons, plus les possibilités de choix augmentent, plus il devient difficile de faire un tri, de faire un choix parce que les occurrences se sont accrues.

Un tri et un choix entre des informations sensorielles perçues, nous savons faire cela, c’est ce que nous faisons tous les jours de notre existence. Nous le faisons sans nous en apercevoir sans que cela ne nous coûte en apparence plus d’effort, sauf quand nous sollicitons la réflexion de notre cerveau. Aussi, concevoir une «intelligence artificielle » pour dupliquer l’homme jusque dans ses émotions, ne me paraît pas le plus important, compte tenu de la violence dont nous sommes détenteurs, sauf pour la prouesse technologique.

Mais si nous pouvons faire inter agir une «intelligence artificielle » dotée d’un sens commun, hors système émotionnel, nous risquons de trouver des associations auxquelles nous ne pourrions pas nous livrer du fait même de notre système émotionnel. Demandez donc à un anticommuniste de vous trouvez une seule vertu dans le communisme. Son système émotionnel l’en empêche, et il ne pourra jamais déterminer d’autres relations que celles issus de ses émotions. Une «intelligence artificielle » peut le faire, mais sous condition que ses programmes ne soit que des programmes mathématiques formulant la traduction de notre langage et non pas nos vérités, sinon chacun va faire formuler à la machine ses convictions et prétexter d’une analyse mécaniste, aussi performante soit-elle, pour soutenir qu’il n’y a pas d’autre choix, comme nous le faisons actuellement en économie. A défaut ce serait soumettre l’homme à la gestion d’une activité minutée au plus rentable, hors de porté des capacités émotionnelles normales, comme l’est la gestion d’un réseau ferroviaire, d’un espace aérien etc., dans laquelle toute émotion humaine n’a pas lieu d’être.

… en conservant le droit d’être ému par la pacotille.

Est-ce pour penser à notre place ?

Non !

C’est pour faire communiquer entre elles des informations de plus en plus nombreuses afin de les mettre à notre disposition, et ensuite, comme pour la voiture, ce sera nous qui y donnerons Vie.

C’est nous qui devons continuer à penser, à analyser et synthétiser, car il ne s’agit pas non plus de demander à la machine de remplacer notre activité cérébrale, nous voyons ce que cela produit, tant avec «le plan comptable », qu’avec les Livres fermés. Cette relation vous paraîtra incongrue, sauf si vous considérez l’Écriture, expression graphique de notre pensée, compilée dans des livres comme une base de données à consulter. Nous avons là l’ancêtre de nos appareils à «intelligence artificielle », et ce n’est pas parce que nous avons remplacé des lettres par des bits, et demain par le code ADN (A, T, G, C) et autres particules du monde quantique, que nos appareils seront plus dangereux que nos écrits.

Nos appareils à «intelligence artificielle » ne deviennent dangereux que lorsque nous voulons trouver une Vérité en eux, comme nous le faisons dans certains de nos écrits. Ce qui justifie pleinement la position de Socrate que j’ai mentionnée «ce n’est pas en lisant nos souvenirs que l’on deviendra savant, car l’on se croira savant sans l’être ».

Cela, parce que la machine n’a aucune chance d’être reproduite autrement que par duplication, même si nous pouvons imaginer sa capacité autonomiste à le faire (s’auto réparer). Et j’ai déjà dit que tout système de duplication finit par entraîner une dégénérescence, même si nous réalisons des machines «intelligentes » à notre ressemblance. Vous voyez l’allusion ?

Dans la chaîne de l’évolution, la matière initiale revêt diverses structures dont leurs assemblages demeurent une énigme pour nous. Et nous ne pouvons pas reproduire ce que nous ignorons ou bien ne comprenons pas, même si nos créations présentent des capacités supérieures à la nôtre pour nous suppléer, parce que nous sommes capables de les décupler.

Alors, il n’y a pas à avoir peur de se faire suppléer par des appareils partiellement «intelligents », s’ils nous permettent de faciliter nos analyses et synthèses, et réaliser les choix qui facilitent la communication du savoir pour apprendre. Car même si nous devons compiler ce que nous jugeons essentiel face à la masse d’informations disponibles, nous devons permettre à chacun d’être libre de s’attacher à ce que d’autres ont pu juger être de la pacotille. Cela parce que nous sommes toujours incapables de saisir les effets infimes qui modifient des ensembles stables, et nous ne devons donc pas transformer une aide logistique en un organe de conditionnement.

Ceci, parce que nous sommes le « Mouvement », et que nous avons du mal à le vivre, pour faire cohabiter sécurité de l’existence et créativité ou innovation. Il nous faut donc laisser notre sensible ressentir ses émotions environnementales, même si notre raison peut être informée de ce que fait le Chinois à l’autre bout du monde.

La technologie de la communication doit nous permettre aussi la « Découverte », de franchir des seuils dans l’Indéfinissable, en laissant à l’Homme émotionnel et raisonné le choix d’apprécier les risques de l’Incertitude du développement de son intelligence assistée. En espérant que tous ces appareils qui peuvent mettre à notre disposition par accumulation des fragments de ce que nous avons compris de notre univers, de notre «globalité fractale », nous permettent de sortir d’une politique égoïste de «gestion » à court terme de l’espèce humaine et de son environnement.

Le risque qui me paraît être à craindre est celui que les Canuts ont exprimé dans leur révolte : la peur de pâtir des effets de la technologie et d’être laissés pour compte. Non pas parce que la technologie est néfaste en elle-même, malgré les risques qu’elle inclut, mais parce que notre sociabilité mercantiliste n’est pas à la hauteur de la «sagesse » que requièrent les technologies que nous mettons en œuvres, et parce que nous laissons les populations dans l’ignorance de leur existence et de leurs usages. Nous creusons ainsi un abîme entre ceux qui savent, et ceux qui se contentent de bénéficier ou d’utiliser ce savoir.

Aussi, je ne crois pas que nous puissions éviter durant toute notre vie, de consacrer un temps à fréquenter des ECPA, et de devoir utiliser des machines intelligentes pour filtrer, analyser une quantité d’informations, de connaissances qui ne cessent de croître, cela, sans croire à l’idéalisme et à l’objectivité dont nous sommes incapables.

CHAPITRE, XIV.

Quels rêves pouvons-nous nourrir grâce à la génétique ou la neurologie ?
Quels rêves pour être en adéquation avec une terre nourricière…

Dans le précédent chapitre j’ai pris soin de mettre entre guillemets le mot intelligence chaque fois qu’il s’agissait de celle d’une machine. Machine dont la performance résulte de la vitesse à traiter un maximum d’informations dans un minimum de temps et que nous pouvons destiner à des fonctions dont nous avons un usage.

Mais quand il s’agit d’envisager ce qu’est l’intelligence humaine, la question reste plutôt ouverte aux interprétations.

Est-ce la capacité de traiter nos perceptions, de faire des associations Culturelles ?

Est-ce la capacité de découverte ?

Est-ce la capacité, d’intuition, de prémonition ?

Est-ce la conscience ?

Ayant ainsi défini un mot pour qualifier nos capacités réflexives, nous sommes un peu enfermés par lui, qui suggère une fonction unidimensionnelle, dont nous pourrions trouver le gène ou bien la fonction cérébrale. Ou bien est-ce la capacité à s’insérer dans une organisation humaine stéréotypée que nous illustrons par la réflexion : «il est instruit, mais pas forcément intelligent ».

En regardant le résultat de cette fonction d’intelligence, nous pouvons la qualifier de meilleure ou de pire, et discuter si c’est à 100% à cause de l’inné ou du culturel. De nombreuses recherches ont été effectuées dans ce sens. Certaines ont abouti à mettre en place des systèmes de psychométrie pour la mesurer.

Mais ce ne sont que des systèmes qui mesurent des écarts réactionnels du cerveau à des tests qui ont au moins le mérite de déceler des dysfonctionnements, des performances et des évolutions de notre Quotient Intellectuel normalisé.

Communément nous véhiculons une idée, que j’ai d’ailleurs utilisée, c’est que nous n’utilisons que 10% de notre cerveau. Cela ne signifie pas qu’il n’y a que 10% de notre cerveau qui est utilisé pour la réflexion, mais suggère que nous avons en lui une marge d’utilisation potentielle importante, et aujourd’hui grâce à la tomographie il n’est pas un jour où ne soit défini une zone d’activité de la pensée.

C’est cet aspect de potentialité réelle, infinie ou non, qui me paraît intéressante, si nous n’avons aucune idée certaine de la capacité du stock d’informations de notre cerveau, nous découvrons par les sciences neurologiques quels sont les influx nerveux qui guident nos neurones pour aller se connecter à la source de l’information sensorielle ou cognitive que nous désirons utiliser, et les relations biologiques qui développent la pensée[207]. Ce que nous savons aussi c’est que nous ne pouvons lui demander de traiter les informations plus vite que les capacités de circulation de son l’influx nerveux, le VTN (la vitesse de transmission nerveuse dans le cerveau). Le professeur Athur R. Jansen, psychologue à l’université de Californie (Berkeley) et humaine Reed, professeur de zoologie à l’université de Toronto, et chercheur canadien, réalisèrent une étude sur 147 étudiants pour mesurer la vitesse de transmission de l’information visuelle jusqu’à l’instant où les neurones sollicités deviennent actifs. Ils déterminèrent ainsi une vitesse de transmission neuronale entre 1,75 mètres seconde et 2,22 m/s. Le VTN fut ensuite comparé aux quotients intellectuels des étudiants. De cette corrélation ils définirent que le quotient intellectuel variait en fonction des divers groupes d’étudiants, et en conclurent qu’un gain d’une vitesse de transmission neuronale de 0,05 m/s correspondait à un point de QI en plus[208]. Naturellement il y a des exceptions qui confirment la règle, telles des personnes dotées ni de QI exceptionnel ou de VTN extraordinaire qui effectuent des calculs mentaux prodigieux, mais cette étude a mis en évidence qu’il y a d’autres corrélations d’ordre physiologique (le métabolisme, la circulation sanguine, ou l’efficacité, la dégradation des neurotransmetteurs, et l’environnement social) qui déterminent notre intelligence. Ainsi, il est acquis que notre intelligence repose sur plusieurs paramètres soumis à des facteurs tant innés que culturel (acquis). Également Jean Delacour dans la conclusion de son essai, Conscience et cerveau, écrit page 293: «La neurobiologie montre aussi que, si l’on considère l’ensemble des niveaux d’organisation et non pas ceux correspondant aux représentations, les fonctionnements inconscients sont bien plus nombreux que les fonctionnements conscients. Ceux-ci n’ont de corrélats cérébraux spécifiques qu’à des niveaux d’organisation et en raison de leur intermittence, de leur faible capacité et de leur lenteur relative, ne traitent qu’une petite partie de l’information utilisée par l’organisme. Cette asymétrie n’a pas de cause mystérieuse ; elle s’explique aisément par le fait que l’état conscient a un coût énergétique élevé et n’est utile que pour certain fonctionnement de l’organisme ; la lenteur, la faible capacité de ses processus peuvent même être un inconvénient. Cela ne signifie nullement que la conscience est un épiphénomène, une « phosphorescence » inutile sur la mer de l’inconscient ».

Nous pouvons donc espérer que notre intelligence qui repose sur plusieurs paramètres puisse être améliorée par les récentes découvertes du génome humain, et l’étude de notre activité cérébrale par l’utilisation des techniques de l’imagerie médicale et l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle.

Partant de là, il n’est pas à exclure que nous puissions élaborer une hygiène alimentaire profitable à l’équilibre voire la performance des paramètres innés, et une gymnastique cérébrale pour conserver la plasticité de notre cerveau face aux «agressions » culturelles.

Par hygiène alimentaire je ne veux pas sous-entendre que nous n’aurons plus à profiter de l’art de la table, qui est un des plaisirs qu’offre l’existence, mais plutôt une diététique favorisant l’équilibre de nos neurotransmetteurs. Et cela sera de nature à remettre en cause notre activité commerciale de l’agro-alimentaire et son approche exclusivement mercantiliste et méritocratique qui pousse à la surconsommation, en espérant que nous ne produirons plus pour «bouffer », mais pour nous nourrir, sans tomber dans l’ascétisme, en conservant les plaisirs de la table, dont la distribution devra se réorganiser.

Par la gymnastique cérébrale, c’est entretenir ses capacités de travail et de mémorisation par une activité sociale qui sollicite la réflexion, et donner ou redonner à cet organe ce qui fait sa plus prestigieuse qualité, penser, alors que notre activité sociétale montre que nous cherchons en permanence à la maintenir dans des carcans culturels endogènes historiques.

Ainsi peut-être, la science nous fera sortir sans le vouloir de cette société de relations violentes dans laquelle nous nous enfermons chaque jour un peu plus au titre de la compétitivité. Une société ou chaque nouvelle découverte est d’abord utilisée pour tuer l’autre ou l’asservir (physiquement ou psychologiquement), soit parce qu’il mange trop, et il est pris d’une boulimie assassine, ou parce qu’il crève de faim, et il est pris de convulsions assassines.

… serons-nous pour autant plus intelligent ?

Je ne peux y répondre que par une autre question : Est-ce que les machines «intelligentes » nous ont rendu plus intelligent ?

Il ne faut donc pas confondre capacité d’assimilation et de travail du cerveau avec l’intelligence, donc se doter du temps pour apprendre, d’appareils «à intelligence artificielle » pour nous aider, et d’une hygiène physiologique et psychique de vie, ne me semble pas garantir une quelconque intelligence, tout juste conserver à l’Homme un bon fonctionnement, éventuellement performant.

Cela, parce qu’est considéré comme intelligent une personne qui gruge son voisin pour lui vendre au prix le plus fort un produit qui ne lui sert à rien, comme celui qui fera comprendre au dit voisin qu’il s’est fait rouler. Tout dépendra des lieux dans lesquels sera porté le jugement, et par qui, suivant, selon que l’on est le vendeur ou défenseur du consommateur, donc selon le but poursuivi. Mais pour poursuivre un but, faut-il encore l’extraire des éléments dans lequel il est contenu. C’est à cette activité que nous passons notre existence, et ceci me fait penser que les découvertes scientifiques doivent nous apporter toujours plus d’éléments précis, non pour diriger l’existence à notre place, mais pour réduire notre méconnaissance à nous diriger.

Il reste donc de la place pour penser notre existence. Et même si la science nous permet de comprendre ce que nous sommes, et même si nous sommes capables d’équilibrer les neurotransmetteurs de nos émotions violentes, ils n’en demeureront pas moins actifs si nous les sollicitons par des schémas abstraits, basés sur la richesse obtenue par la rareté et l’inadéquation de la complétude nécessaire entre nous et l’univers.

Peut-être est-ce là que se situe l’intelligence après laquelle nous courrons depuis des millénaires, et que tous les Hommes ont exprimé au cours des siècles, aussi bien au travers de la religion que de la philosophie. Que d’autres ont exprimé au travers de comportements eugéniques et « génocidaire » à la recherche de l’homme parfait, et qui resurgissent du fait des nouvelles découvertes dans le domaine de la génétique et de la neurologie.

Dans ces débats que soulèvent les progrès scientifiques, des hommes de qualité soulignent les risques d’entrée dans des pratiques qui conduiraient à de tel excès par une sélection préventive de l’embryon, ou bien des risques de ségrégation sociale, ethnique, et de revenu, auxquels pourraient conduire ces progrès scientifiques, pour bénéficier des perfectionnements dont nous pourrions faire usage.

Certains de ces hommes que nous ne pouvons pas qualifier d’inintelligent sont également de fervents défenseurs du libéralisme économique, qui est lui-même le ferment de bien des craintes qu’ils expriment. Ceci le plus souvent par culte de l’élitisme, et si des hommes ont envie d’être ressemblants à l’image qu’on leur vend, ce n’est pas dû aux découvertes des scientifiques, mais plus au commerce de l’image parfaite de l’homme ; non qu’elle n’ait pas toujours existé, les Grecs avaient bien leur Apollon, mais ils n’avaient pas les moyens d’en vendre les gènes.

Nous nous trouvons donc devant le paradoxe de vouloir se prémunir de risques alors que nous maintenons l’existence des systèmes qui les créent.

Cela démontre notre difficulté à concilier nos perceptions émotionnelles, notre raison, et les organisations systémiques que nous avons créées qui cimentent par le fait social majoritaire notre existence.

Je reste convaincu que si la science ne nous apprendra pas pourquoi nous vivons, elle sera en mesure de nous apprendre comment nous fonctionnons, ce qui nous permettra de filtrer les informations les plus favorables à notre existence, et donner ainsi à notre tête, un regard sur elle plus large que celui que nous offre la traduction directe de nos sens émotionnels contenus dans et par leur environnement immédiat. Et même pourrons-nous espérer pouvoir devenir de « petits génie » grâce à la recherche sur la mémorisation[209], sans passer par l’obsession de l’homme parfait.

Peut-être alors pourrons nous rêver à l’Être presque «parfait », non par l’élimination du plus faible, du plus laid, du plus sot au titre de notre « sélection naturelle culturelle technico comptable», mais parce que nous saurons vivre notre évolution, et réparer nos déficiences, ce qui n’est pas le propre des espèces qui n’ont pas notre intelligence pour la gérer.

L’intelligence ne devrait pas être mesurée à l’aune de la capacité intellectuelle, mais en fonction de l’usage que l’on en fait pour se survivre.

Ne pas oublier l’essentiel.

Cet absent auquel je fais allusion est l’impact de l’activité de nos relations sexuelles sur nos décisions économiques.

Je n’ai jamais lu un ouvrage en ce sens du même style que celui de Guy Breton «le dessous des petites histoires de l’Histoire de France » qui rapporte l’influence des femmes dans les décisions politiques des rois. N’ayant pas les connaissances pour le faire, je me contente de signaler cet oubli volontaire dû à mon ignorance, non des promotions canapés, des agressions sexuelles, et de l’économie de la prostitution, mais de l’influence du pourvoir de séduction qui impose aux hommes de devoir plaire, eux qui pensent en moyenne huit (8) fois par jour à l’amour. Il me semble que maintenir hors d’une analyse cet aspect, c’est avoir omis un élément fondamental d’un comportement social qui ne peut que se répercuter dans l’économie, car j’ai déjà dit que je considérais l’économie comme la quantification mesurable de notre activité sociale. Nous savons que l’apprentissage culturel dans bien des pays est diffusé par la femme au sein du foyer, que son rôle est primordial, même si nous avons développé un monde machiste dans lequel elle recouvre une place, sa place.

Une place dont le mâle l’a exclue il y a bien longtemps, à l’époque ou elle faisait l’objet de vénération car elle donnait, dans l’incompréhension, la vie.

Pour illustrer mon propos je prendrai l’exemple dans le «moyen âge grec » qui commence vers le II ième siècle AV. J.C, comprenant la Crête et les Achéens qui se partagent le monde Gréco égéen, et la Grèce archaïque que les historiens situent entre le VIII ième et V ième siècle. Les origines du monde sont évoquées par le Chaos sans attribut, Gaia la terre définie «par son large sein », Gaia «au grand sein », donc capable de donner la vie à d’autres vies, relayée par le mythe en déesse qui est à la fois première, la plus ancienne, incroyablement vaste, et qui peut à elle seule, sans mâle, par ses propres forces et secrètes vertus, donner la vie. En troisième lieu Éros, l’amour. C’est l’amour qui n’aime pas, la représentation d’un surgir », d’un «apparaître ». La mer, voie d’eau dans la réalité économique gréco-égéene engendre une déesse de la mer vénérée, Amphitrite, dont le nom apparaît historiquement avant celui resté célèbre dans notre éducation «patriarcale », Poséidon, dieu de la mer. Poséidon est d’origine Asianique, une des religions antiques du Moyen-Orient. Amphitrite l’épouse dans la version de la Théogonie d’Hésiode datant du VI ième siècle. C’est là, la réalité d’une culture gynéocratique qui subira de lentes et visibles transformations. Ensuite dans la version 1970, plus récente, ce fut Amphitrite qui fut prise pour épouse par Poséidon. Les positions se sont donc totalement inversées signe d’une modification culturelle.

Cet exemple parmi certainement beaucoup d’autres, indique clairement une inversion des rôles par acculturation d’influence, et à la longue, une mise sous silence du rôle politique et religieux de la femme qui n’en a pas moins poursuivit, secrètement ou non, son influence au travers des désirs dont elle faisait l’objet.

Il a fallu attendre l’activité des femmes protestantes, avec Sarah 177 en 1838 qui publia aux États-Unis un manifeste féministe : «nu on the Esquality of he sexes and the condition of Women » ; en Angleterre Elisabeth Cady humaine avec sa «Women’s bible » en 1890, et une autre protestante française Sarah Monod qui devint présidente du conseil national des femmes à sa création en 1901, pour qu’elles revendiquent leur place.

Entre Amphitrite et Sarah Monod il n’y a pas moins de 3000 ans. Dire que c’est seulement l’histoire religieuse qui leur a usurpé leur place, serait déplacer le problème des organisations sociétales à leurs représentations[210]. Représentations dont les rôles ont été de les maintenir en l’état en fonction de l’adaptation évolutive à l’environnement géohistorique, et auxquelles elles ont largement contribué par inculture ou tradition au travers de l’apprentissage, tout comme nous le faisons aujourd’hui pour perpétuer les organisations qui nous asservissent. Pour qu’il en soit autrement, il faut avoir un choix même restreint, et pour qu’il existe il faut avoir le temps d’y réfléchir la tête remplie de connaissances. Et dans cette connaissance rien ne nous interdit d’envisager qu’une société matriarcale[211] ne serait pas meilleure que la notre. A condition comme je l’ai déjà dit que nous n’ayons pas fabriqué des femmes hommes. Car, quand au nom de l’égalité nous envoyons des femmes faire la guerre, et tuer ce à quoi elles donnent la vie, je crois que nous avons atteint là aussi le point d’un absolu dans le raisonnement d’hommes qui veulent se prétendre civilisés. C’est aussi exact pour les hommes, mais cela fait tant de millénaires que nous pratiquons l’exercice de nous entre tuer que c’est devenu une banalité, et il est bien inutile de l’étendre aux femmes. Ce qu’il ne faut pas interpréter comme signifiant qu’il devrait y avoir des secteurs réservés. Bien sur nous trouverons mille et une raison de justifier qu’il en soit ainsi, au nom de la patrie, du droit de se défendre, de lutter pour un idéal ; et si nous pensons qu’il y a une espérance de voir un jour la guerre régresser, ce n’est pas en poussant le sexe humain, le plus apte à soutenir ce point de vu, à la guerre que nous avancerons vers l’hominisation, car c’est dans cette matrice maternelle que nous avons une chance d’inscrire dans le conscient profond de l’enfant l’horreur de la guerre ; bien évidemment je conçois toute la difficulté d’une telle démarche qui s’oppose à notre culture guerrière. Sinon pourquoi avoir combattu et supprimé l’anthropophagie[212] qui a caractérisé une étape vers cette hominisation. Aucun groupe culturel n’aime particulièrement se rappeler cet état de fait où par nécessité, par pénurie alimentaire les hommes n’hésitaient pas à manger femmes, enfants, vieux et captifs, et dont nous avons conservé des rituels cultuels : les offrandes. Aujourd’hui pour disposer du nécessaire alimentaire, industriel ou territorial nous faisons des guerres avec les mêmes morts sauf que nous ne les mangeons plus, est-ce cela être civilisé ? Dans l’étude de nos mœurs il ne manque pas de scènes rapportées où la femme fait cuire des morceaux d’humains, doit-on encore lui demander de le faire, même si l’image est recomposée. La comparaison peut choquer et même paraître inopportune voire déplacée. Pourtant nos ancêtres ne trouvaient pas leurs pratiques barbares, tout comme nous nous ne trouvons pas barbares les nôtres qui conduisent à la même finalité, pour les mêmes raisons, sauf que nous, aujourd’hui nous maintenons cette raison parce qu’elle donne un but à l’existence, cela bien que nous disposions des moyens (je l’ai déjà dit) qu’il en soit autrement (ce qui n’était pas le cas de nos ancêtres). Ainsi peut-être, que si les femmes n’endossent pas le manteau de plomb des hommes, pourront-elles imaginer d’autres organisations sociales, non pas parce qu’elles seraient investies d’un quelconque pouvoir, car l’histoire nous livre aussi des communautés où elles se montraient aussi cruelles qu’un homme, mais parce qu’elles font ce qu’aucun homme ne peut connaître, enfanter notre espèce ; et cela lui donne bien le droit de redéfinir une « image du père » pour une finalité meilleure que celle que leur proposent les hommes de puis des millénaires, en mangeant ou en envoyant à la guerre sa progéniture. Si nos ancêtres avaient éventuellement l’excuse de ne rien savoir de leur origine, avec le développement des sciences nous n’avons plus cette excuse, si ce n’est celle de refuser d’apprendre.

Qu’y a-t-il de plus essentiel que la Vie. Or, notre histoire humaine est une longue liste d’atrocités d’une espèce qui, passant de la cueillette à la chasse puis à l’agriculture, a découvert la notion de propriété par la sédentarisation, et s’est entre-tuée pour acquérir les « butins » produits sur ces territoires, et pour les territoires eux-mêmes. Ce n’est pas lui faire injure que de le reconnaître comme un fait historique. Les frontières de tous nos États se sont établies dans la souffrance, tout comme nos régimes politiques et religieux qui n’ont été que le reflet des pratiques sociétales, et cela se poursuit comme une gangrène qui nous ronge.

Nous relatons cela dans une très grande partie de la littérature qui nous abreuve de crimes individuels toujours punis, et de grandes épopées d’armées libératrices ou conquérantes, avec à la clé pour les vainqueurs, statues, médailles et encensements pour avoir avec de justes raisons, torturé, violé, et tué l’ennemi, l’opposant, l’incroyant, l’envahisseur, l’agresseur ou l’infidèle. Chaque État a donc construit une histoire rose pour s’en dédouaner, que les historiens déflorent depuis une trentaine d’années. Il serait bien inutile de chercher à savoir qui a commencé, ni de condamner ceux qui ont sacrifié leur vie pour une cause. Mais aujourd’hui nous savons analyser et anticiper nos comportements sociologiques, et au terme de conquérant s’est substitué celui de résistance à l’agression qu’elle soit religieuse, culturelle ou économique, et chacun s’évertue à désigner l’autre comme agresseur, pour justifier de devoir le tuer.

Ce que je veux souligner c’est que notre littérature, notre cinémathèque, nos téléfilms, nos jeux vidéo, qu’ils soient à destination d’enfants ou d’adultes relatent pour une bonne part de la criminologie, de la violence et de l’aventure guerrière, et il ne manque pas d’ouvrages faisant l’apologie de la guerre à en banaliser la notion de tuer ; avec un double effet, celui de ne pas vouloir s’investir dans l’activité publique d’une société qui ne nous revoie qu’une image violente, et ensuite d’avoir comme réponse à des événements qui nous agressent qu’une réplique presque instinctivement violente, parce que nous aurons mémorisé les images de notre violence. Ainsi, pour en revenir à la Grèce, comme sa cosmogonie relatait par ses mythes les pratiques de sa société, par nos sources médiatiques nous relatons les nôtres, et comme les Grecs aimaient leurs dieux sanguinaires, Nous, nous aimons la représentation de notre violence. Sinon ce marché du livre et de l’image ne serait pas produit s’il n’y avait pas une vente lucrative.

Il serait donc sot et absurde de vouloir se le cacher, se serait le moyen le plus sûr d’en mourir, comme quelqu’un qui se cacherait le mal dont il souffre, et n’aurait ainsi aucune chance de se soigner. Prendre conscience que notre espèce prend du plaisir, à la souffrance et au malheur d’autrui n’a rien de honteux ; ce qui l’est, c’est de vouloir se faire passer pour vertueux, ou de rechercher des raisons vertueuses pour y donner cours. Depuis 2000 ans qu’il a été dit, « tu ne tueras point », les pires punitions, les prisons les plus sordides, les accords de réglementation les plus sophistiqués n’ont pu l’imposer. Ces mesures ont même servi à transgresser ce « tu ne tueras point » chacun avec sa juste raison issue des informations qu’il a traité dans l’identité qu’il s’est construite, contesté parfois par d’autres avec d’aussi justes informations analysées dans le même cadre. Et nous allons comme cela, dans nos langues, nos États, nos ethnies, nos religions, nos idéologies, nos racines disons-nous pour disposer d’une identité. Les connaître est une chose, les reproduire avec leurs erreurs ou se venger en leur nom en est une autre. Si enfin la définition de crime contre l’humanité peut apporter une quasi-solution dans des situations spécifiques, elle sera un jour confrontée à son désir de voir tout homme respecté dans sa dignité humaine, sauf que cela commence par les fondements naturels les plus primaires, se nourrir, copuler, s’abriter. Et sa juridiction qui se veut universaliste n’échappera pas au problème de la pauvreté que génère l’organisation libérale, qui engendre en rétroaction des idéologies hégémoniques, car quand l’on souhaite régenter le droit universel, on ne peut longtemps se limiter aux champs qui nous arrangent, car on devient une bouée de sauvetage pour les plus meurtris. Alors peut-être vaudrait-il mieux mettre notre espérance dans un long processus d’éducation, diffusant un enseignement rémunéré tout au long de l’existence, qui permettrait d’employer également ceux qui ne fabriqueraient plus d’armes ; et développer un commerce ou un capitalisme socialisant plutôt qu’exploiteur.

Certainement, car tout nous est permis grâce à notre intelligence, mais pour cela encore faut-il le vouloir, et savoir trouver les dieux que nous adorons et qui nous demande de tels sacrifices humains ; et à mon sens il n’y a qu’en luttant contre l’ignorance de ce que nous sommes. Je pense donc que le Savoir et la Connaissance peuvent nous y aider, à condition que l’instruction et l’éducation débouchent sur cet inconnu qu’est l’intelligence ; mais sur cette intelligence heuristique que nous percevons par intuition. Cette intelligence apte à traduire pour notre instinct, pour le « vieil homme » une autre image du « père égocentrique » qui nous conduit à la destruction, dans la règle stricte d’un processus d’évolution qui conduit toute cellule à mourir sous ses propres déchets ou à se réformer. La solution passe à mon sens par cette intelligence ressentie, qui fait à tout un chacun refaire le monde entre amis.

Alors, trouverons-nous en elle le moyen de parvenir à ce que nous avons défini d’essentiel, et auquel nous ne pouvons pas nous tenir ?

Cela peut paraître curieux que mon essai se termine par une interrogation, s’il en avait été autrement cela aurait signifié pour le moins que je n’avais moi-même rien compris à ce que j’avais écrit. Parce que lorsque nous nous interrogeons sur notre existence, si nous ne débouchons pas sur une question, c’est que quelque chose a dû nous échapper.

Pour conclure cet essai où je fais un pari sur un futur fondé sur les progrès de notre intelligence cérébrale, d’un cerveau doté d’une capacité psychique extraordinaire pour développer une nouvelle richesse, je me sens intellectuellement parfaitement limité pour le développer, tant j’ai abordé de disciplines dont je n’ai que quelques fragments de connaissance. Si d’aventure quelques érudits voulaient le reprendre, le sujet est libre.

Je crois qu’à l’instar de l’imprimerie qui a marqué une étape importante dans la diffusion du savoir et de l’information, la connaissance des sciences de la physique, par la mécanique quantique, va marquer une autre étape dans le développement sociétal de notre civilisation. Il nous faudra regarder beaucoup de nos relations, ou «requalifier » beaucoup de nos relations sous son auspice, inventer d’autres mots, alors que d’autres rejoindrons les dictionnaires des mots rares et précieux, en mémoire du passé. Si la théorie du chaos permet d’exploiter la plus petite donnée économique, elle peut également nous permettre d’en mesurer son incidence à très long terme et d’envisager un regard sur notre existence, non plus à la seule mesure de nos perceptions sensorielles mais à celle de notre intelligence. Néanmoins, il nous faudra pour cela faire le même effort qui a suivi la découverte de l’imprimerie, créer un enseignement. Mais non plus seulement à destination des enfants, mais pour tous les adultes tout au long de l’existence, sans attendre quatre cents ans pour le mettre en œuvre. Ceci, pour que la démarche d’apprendre devienne un plaisir et non pas une souffrance, comme celle à laquelle nous avons réduit nos relations vitales avec le travail.

Ceci surtout, parce le savoir est l’élément dans lequel baigne notre nature culturelle et il nous faudra regarder notre existence à l’échelle de l’espèce et de sa durée. Chacun sachant prendre au quotidien au travers des mots, le plaisir que cela lui offre d’y appartenir. Pour réaliser cet objectif les hommes existent aujourd’hui, et si j’en ai critiqué certains d’entre eux c’est parce qu’ils peuvent mieux faire. Il suffit peut-être de leur donner seulement un autre but qui soit autre qu’un but comptable.

Et Demain.

DEMAIN

DEMAIN, nous l’avons appelé Demain,

Le jour où elle est née, le médecin l’a dit,

Elle sera jolie !

Elle a les cheveux moutonneux de fils soyeux,

Son corps naissait. Le ciel nervurait.

Elle a le regard bleu de cils heureux,

Ses yeux pleuraient. La nuit pétillait.

Elle a les lèvres enneigées de blanc lacté, Sa bouche happait. La pluie poudroyait.

Demain est un univers étonnant.

Les êtres s’imaginent le néant,

DEMAIN, nous l’avons baptisé Demain,

L’aube où elle est née, son parrain l’a écrit,

Elle sera nantie !

Elle a des bras d’eau bénissant,

L’océan fraîchit. Son nez frémit.

Elle a des seins d’été sémillant,

L’orage bleuit. Sa peau blêmit.

Elle a des doigts de jeux sablonneux,

La plage rougit. Ses mains sourient.

Demain est un monde réconfortant.

Les hommes se l’imaginent aimants.

DEMAIN, nous l’avons désigné Demain.

L’aurore lève sa journée. Dieu l’a prédit.

C’est le paradis !

En se signant des mains, les rondes l’ont chanté

Les toits mitraillaient ses mots acérés.

En rentrant dans les chairs, les balles l’ont sifflé

La victoire hurlait, bientôt demain !

Contre un bout de papier, je vous promets la paix,

Je feins de vous aimer, contre un bout de papier,

Contre un bout de papier, je vous ferai rêver,

Demain ! Contre un bout de papier. Je suis barbier !

DEMAIN nous l’avons soupiré Demain.

Le matin lève sa journée. L’Oracle l’a dit.

Ce n’est qu’aujourd’hui !

Nos âmes parent ses heures italiques,

Fleurs Cardinal ou pierres d’Isatis.

Nos passions brassent avec leurs maniques

Son portrait aux couleurs de notre esprit.

Demain dans cet univers découpé,

Demain tintera douze fois demain.

De mondes divisés, aux jours déchirés,

Elle est si désirée cette journée !

Bibliographies

Amiel Anne. 50 grandes citations philosophiques expliquées. Éditeur Marabout. 1990.

Balla Francis et 1990. Gérard. Les nouveaux médias. Éditions presses universitaire de France. 1984.

Barber Benjamin R. Djihad versus Mc World. Éditeur Desclée de Brouwer. 1996.

Beaud Michel. L’histoire du capitalisme. Édition Du Seuil. 1990.

Bergson Henri. L’évolution créatrice. Éditeur Presse universitaire de France. 1969.

Berthelot Jean-Michel. La construction de la sociologie. Édition Presses universitaire de France. 1991.

Bonner Gérard. L’incertitude. Édition presses universitaire de France. 1997.

Boorstin Daniel. Les découvreurs. Éditeur Robert laffont. 1986.

Bounias Michel. Le Guide Des Toxicitudes. Édition Robert Laffont. 1992.

Brémond Janine, Marie-Martine Salort. Initiation à l’économie. Édition Hatier. 1986.

Cahier de l’imaginaire. Mythologie et vie sociale. Édition L’harmattan. 1991.

Capul Jean Yves, Olivier Garnier. Dictionnaire de l’économie. Édition Hatier. 1996.

Colin Marcel. Le crime contre l’humanité. Édition Eres. 1996.

Contre la dictature des marchés. Édition f, La dispute, Dyllepse, VO édition. 1999.

Daco Pierre. Les prodigieuses victoires de la psychologie. Éditeur Marabout. 1973.

Daco Pierre. Les voies étonnantes de la nouvelle psychologie. Édition Marabout. 1988.

De Rosnay Joël. Le macroscope, vers une version globale. Éditions du Seuil. 1975.

Delacour Jean. Conscience et cerveau. Edition DeBoeck Université. 2001.

Edgar Morin, Heinz Weinmann. La complexité humaine. Édition Flammarion. 1994.

Eurêka septembre 1999 n° 47.

Fédida Pierre. De bienfaits de la dépression. Édition Odile Jacob. 2001.

Freud Sigmund. Tatou et Totem. Édition Payot et Rivages. 2001.

Gell-Mann Murray. Le Quark et le Jaguar. Éditeur Flammarion. 1997.

George Jean-Claude. Jouez et gagner en bourse. Éditeur Jean-Claude Lattés. 1984.

Gleick. La théories du chaos. Éditeur Flammarion. 1991.

Guitton Jean. Dieu et la science. Éditeur Grasset.1991.

Hall Edwards T. La dimension cachée. Éditions du Seuil. 1971.

Harrison Edwards. Le noir de la nuit. Édition du Seuil.1990.

Hawkins. Une brève histoire du temps. Editions Flammarion. 1989.

Heisenberg. La partie et le tout. Éditeur Albin Michel. 1972.

Jacerne Pierre. La folie de Sophocle à l’antipsychiatrie. Édition Bordas. 1974.

Jacquard Albert. La légende de la vie. Éditeur Flammarion. 1994.

Kaku Michio. Visions. Éditeur Albin Michel. 1999.

L’homme et la société. Anthropologie de l’espace habité. Édition L’harmattan. 1991.

La Bible. Édition Société biblique française. 1982.

La recherche. Le cerveau d’Einstein. 1999 Décembre n° 326.

Laborit Henri. Éloge de la fuite. Éditeur Gallimard. 1976.

Laurent Alain. Les grands courants du libéralisme. Edition Armand Colin. 1996.

Lenoir Frédéric et Ysé Tardan-Masquelier. Encyclopédie des religions. Éditions Bayard. 2000.

Les paradis fiscaux. Éditions Mille et une nuit. 2000.

Lévi-Strauss Claude. Race et histoire. Éditeur Gonthier. Paris 1968.

Lois de la pensée. Encyclopédie Clartés.

Thierry. Investissement et capital. Édition du Seuil. 1997.

Lugas Jean-Claude. La Systémique Sociale. Éditeur presse universitaire de France. 1993.

Merleau-ponty, M. Éloge de la philosophie. Éditeur Gallimard. 1953 et 1960.

Mermet Gérard. Francoscopie. Édition Larousse. 2001.

Monod Théodore. Révérence à la vie. Edition, Bernard Grasset. 1999.

More Thomas. L’utopie. Édition la dispute. 1997.

Mourgues Michelle. La monnaie. Éditeur Économie. 1993.

Nisbet Robert A.. La tradition sociologique. Édition Quadrige/ presses universitaire de France. 1984.

Raynal- Roques Aline. La botanique redécouverte. Éditeur Belin INRA. 1995.

Reichler Claude. L’interprétation des textes. Édition Les éditions de minuit. 1989.

Reinberg Alain. Les rythmes biologiques. Éditions presse universitaire de France. 1989.

Rives Hubert, Joël de Rosnay, Yves Coppens, Dominique Simonnet. La plus belle histoire du monde. Édition du club France loisirs réalisé avec l’autorisation des Éditions du Seuil. 1996.

Science et vie. N° 1016. Mai 2002

Science et vie. N° 889 – octobre 1991.

Science et vie. N° 932. Mai 1995.

Science et vie. N° 933. Juin 1995.

Science et vie. N° 953. Février 1997.

Sendy Jean. Ces dieux qui firent le ciel et la terre. Editions, Robert laffont. 1969.

Shouré Edouard. Les grands Initiés. Éditeur Librairie académique Perrin. 1960.

Steiner Philippe. La sociologie de Durkheim. Édition la découverte. 1998.

Vergez André et Huisman Denis. Nouveau «cours de philo ». Éditeur Fernand Nathan. 1981.

Veyret Yvette, Pierre Pech. L’homme et l’environnement. Éditeur Presse universitaire de France. 1993.

Watzlawick Paul. La réalité de la réalité. Édition le Seuil. 1978.

Watzlawick Paul. Le langage du changement. Éditions du Seuil. 1980.

Table des matières.

par 1

GIARDINO André. 1

Résumé. 3

REMUNERER LES HOMMES POUR APPRENDRE. 3

AVERTISSEMENT. 6

Aux pionniers de l’univers. 17

LE DEVOIR D'APPRENDRE : UN MARCHE DE L’INTELLIGENCE_ 19

AVANT-PROPOS. 19

1 - Pourquoi apprendre ? ; cela dépend de nous. 19

Pourquoi apprendre ? 19

…Cela dépend de nous. 19

PRELÉMINAIRE. 20

2 – Une raison qui se construit sur la conservation, de milliards de données et de concepts, pour nous interroger, pour notre usage harmonieux, et vivre parce que nous existons 20

Une raison qui se construit sur la conservation, de milliards de données et de concepts…_ 20

…et s’interroger... 20

…pour notre usage…__ 21

…harmonieux... 21

…et vivre parce que nous existons. 22

3 – Ainsi, un jour, j’eus une idée née d’une problématique pas si simple, entre utopie et idéologie. 24

Ainsi un jour... 24

…j’eus une idée... 24

… née d’une problématique... 24

…pas si simple…__ 25

… entre utopie et idéologie. 25

CHAPITRE, I 26

REMUNERER LES HOMMES POUR APPRENDRE. 26

4 - Pour cela, il faut seulement comprendre un questionnement : sans le Savoir, que serions-nous ? 26

Pour cela, il faut seulement comprendre un questionnement…_ 26

… sans le Savoir…_ 27

… que serions-nous … ? 27

5 - Que sommes-nous ? Avec notre agressivité, au-delà de l’égocentrisme et de l’instinct naturel ; d’Etre intelligent capable d’assumer notre savoir, malgré nos erreurs comme Malthus. 27

Que sommes-nous ? Avec notre agressivité…_ 27

…au-delà de l’égocentrisme…__ 30

… et de l’instinct naturel…__ 31

…d’un Être intelligent…__ 34

…capable d’assumer son savoir…__ 35

…malgré ses erreurs…__ 35

…comme Malthus. 36

6 - Face à la sélection naturelle, à l’exclusion, et à la production de nos maux qui ne sont pas inévitables. 37

Face à la sélection «naturelle »…__ 37

…à l’exclusion…__ 38

…et à la production de nos maux…__ 39

…qui ne sont pas inévitables ! 41

7 – Perdu au milieu d’un ensemble allant, du clan à l’État et au clan financier, dans un espace occupé par les possédants 41

Perdu au milieu d’un ensemble allant du clan à l’État et au retour au clan financier…__ 41

… dans un espace occupé…__ 42

…par des possédants. 42

8 – Sur quoi repose cette richesse, si ce n’est sur un capital confiance ou une crédulité, dans un puzzle infini de contraintes 42

Sur quoi repose cette richesse, si ce n’est sur un capital confiance ou une crédulité …__ 42

… dans un puzzle infini. 43

… de contraintes. 43

9 – Un puzzle dans lequel il existe deux constantes incontournables d’une «réalité » persistante mise en évidence depuis 1950. 44

Un puzzle dans lequel il existe deux constantes incontournables…__ 44

… d’une réalité persistante…__ 44

… mise en évidence depuis 1950. 45

10 – Avenir qu’il faudra bâtir de compassion pour affronter les peurs au-delà de nos certitudes, dans une dynamique progressiste pour se répartir le temps, vers une dynamique de temps libre. 45

Avenir qu’il faudra bâtir de compassion…__ 45

… pour affronter les peurs... 46

… au delà de nos certitudes…__ 47

… dans une dynamique progressiste…__ 47

… pour se répartir le temps…__ 48

… vers une nouvelle dynamique du temps libre. 49

11 – Mais nous sommes un «animal » pas encore civilisé, qui doit forcer son intelligence. 49

Mais nous sommes un «animal » pas encore civilisé…__ 49

… qui doit forcer son intelligence. 50

Chapitre II 52

Faire un choix qualitatif. 52

12 - Le temps, un déterminant social, mais c’est quoi le temps ? Un temps relatif qui n’avait pas échappé à Aristote et dont notre civilisation a acquis les moyens d’une certaine maîtrise. 52

Le temps, un déterminant social... 52

…c’est quoi le temps ?... 52

…Un temps relatif…__ 54

… qui n’avait pas échappé à Aristote…__ 54

… et dont notre civilisation a acquis les moyens une certaine maîtrise. 55

13 - Pourtant tout comme l’écriture ces moyens ne sont pas neutres. Aujourd’hui cette « écriture » est médiatique ; et prendre conscience que rien n’est simple pour se surpasser est une nécessité existentielle que nous restreignons, là, où la pluridisciplinarité devient une évidence. 55

Pourtant tout comme l’écriture ces moyens ne sont pas neutres…__ 55

… aujourd’hui cette écriture est médiatique…__ 56

… et prendre conscience que rien n’est simple pour se surpasser…__ 56

… et une nécessité existentielle…__ 57

… que nous restreignons…__ 58

… Là, où la pluridisciplinarité devient une évidence. 58

14 - Les plus intelligents l’ont fait, à quand nous tous ?_ 59

Les plus intelligents l’ont fait. 59

…à quand nous tous ?_ 60

15 – Pourtant certains s’en excluent, mais qu’il y a une tendance, malgré un archétype. 60

Pourtant certains s’en excluent…__ 60

… mais il y a une tendance... 61

… malgré un archétype. 61

16 - Non pour être des génies, mais assez pour nous comprendre, en y consacrant du temps pour ne pas s’égarer. 62

Non pour être des génies mais assez pour nous comprendre…__ 62

… en y consacrant du temps…__ 63

… pour ne pas s’égarer. 63

17 – L’enseignement complémentaire pour adulte ne doit pas rester une exclusivité sans relation avec le système éducatif, mais il va susciter des choix difficiles 65

L’enseignement complémentaire pour adulte ne doit pas rester une exclusivité sans relation avec le système éducatif…__ 65

… mais il va susciter des choix difficiles. 65

L’INACHÉVEMENT. 65

Pas de contradiction à effacer, 66

CHAPITRE, III 68

SUR DES GENERATIONS. 68

18 - Par transmission et planification. 68

Par transmission et planification. 68

18 – Arrêtons un instant dessus pour regarder comment l’on passe d’une tradition à un marché planifié qui a développé un savoir-faire seul. 68

Comment l’on passe d’une tradition à un marché planifié…__ 68

… qui a développé un savoir-faire seul. 69

20 - Le savoir se vend mal sauf parmi ceux qui le possèdent, mais la culture populaire enrichit leur protagonistes. Elle est l’objet de débats, dans lesquels il faut un décodeur qui existe en kit et en pièces détachées dans le magasin de la méconnaissance 69

Le savoir se vend mal sauf parmi ceux qui le possèdent…__ 69

… mais la culture populaire enrichit leurs protagonistes…__ 70

…Elle est l’objet de débats... 71

…dans lesquels il faut un décodeur…__ 71

… qui existe en kit... 72

…et en pièces détachées…__ 73

… dans le magasin de la méconnaissance... 73

21 - Le savoir en expansion reste difficile à suivre pour tous. 74

Le savoir en expansion…__ 74

…reste difficile à suivre pour tous. 75

21 – Mais l’espérance peut venir la loi du nombre. 75

La loi du nombre. 75

22 – Au fil des générations. 76

Par génération. 76

CHAPITRE, IV. 77

STRUCTURES D’ACCEUILS, D’ENSEIGNEMENT COMPLÉMENTAIRE POUR ADULTE. 77

24 – il en existe pour les actifs à hauteur de 30%, mais ECPA on une autre vocation et la capacité à atteindre est importante. Cela sera fonction d’un choix politique, car nous couvrons bien d’autres besoins. 77

Elles existent pour les actifs…__ 77

…à hauteur de 30%. 77

… mais ECPA on une autre vocation et la capacité à atteindre est importante…__ 77

… cela sera fonction d’un choix politique…__ 77

…car nous couvrons bien d’autres besoins. 78

CHAPITRE, V. 79

QUELS TYPES D ENSEIGNEMENT ?_ 79

25 - Un enseignement pour des adultes, dans un échange particulier auquel nous ne pouvons échapper, parce que nous sommes des répétiteurs qui pourront s’évaluer et afficher leurs réflexions librement dans des limites incitatrices. 79

Un enseignement pour des adultes …__ 79

… dans un échange particulier…__ 79

… auquel nous ne pouvons échapper…__ 79

… parce que... 80

… nous sommes des répétiteurs…__ 80

… qui pourront s’évaluer…__ 80

… et affiner leurs réflexions... 80

… librement…__ 81

… dans des limites incitatrices. 81

CHAPITRE, VI. 83

QUI DISPENSERA CET ENSEIGNEMENT ?_ 83

26 – Ceux qui ont déjà la connaissance et le savoir, après une formation comme cela existe. 83

Ceux qui ont déjà la connaissance et le savoir,…__ 83

… après une formation…__ 83

… comme cela existe. 83

27 – Sous un ministère tout désigné l’éducation nationale. 83

Un ministère tout désigné. 83

CHAPITRE, VII. 85

QUELLES INCIDENCES SUR LA VIE DES CITOYENS ?_ 85

28 – Il faut l’imaginer, car nous nous imposons d’apprendre, alors que l’adulte est ostentatoire et conservateur par peur, et que notre futur est presque illimité. 85

Il faut l’imaginer…__ 85

… car nous nous imposons d’apprendre…__ 85

…alors que l’adulte est ostentatoire…__ 86

… et conservateur par peur…__ 86

… alors que notre futur est presque illimité. 86

29 – Mais ce »futur » c’est aussi une incertitude, que nous rejetons par illusoire grandeur parmi ce que nous pensons d’essentiel, mais il est toujours temps d’apprendre. 87

Mais ce « futur » c’est aussi une incertitude…__ 87

… que nous rejetons…__ 88

… par illusoire grandeur…__ 89

…parmi ce que nous pensons essentiel…__ 90

…mais il est toujours temps d’apprendre. 90

30 – Car la seule terre à découvrir est l’incertitude, mais avec modération pour ne pas faire du savoir un Dieu, alors qu’il n’est que culture, même s’il est lent et incertain. 90

Car la seule terre à découvrir est l’incertitude…__ 90

… mais avec modération…__ 91

… pour ne pas faire un dieu du savoir…__ 91

… alors qu’il n’est que culture,…__ 92

… même s’il est lent…__ 92

… et incertain. 92

31 – Une espérance qui nous astreint à l’effort du fait de notre matérialité. 94

Une espérance…__ 94

… qui nous astreint à l’effort…__ 94

… du fait de notre matérialité. 95

32 – Comment se faire une idée du comportement de la population face à la formation, qui est une démarche limitée par l’idée de soi. 96

Comment se faire une idée du comportement de la population face à la formation …__ 96

… qui est une démarche limitée par l’idée de soi. 96

33 – Avoir une démarche estudiantine plutôt qu’être spectateur, et socialement riche pour rompre un isolement, dans une société civile très sollicitée à consommer. Consommation à laquelle il est dur de résister, malgré quelques tentatives. 97

Avoir une démarche estudiantine…__ 97

… plutôt qu’être spectateur…__ 97

… et sociologiquement riche pour rompre un isolement…__ 98

… dans une société civile très sollicité à consommer…__ 98

Consommation à laquelle il est dur de résister…__ 98

… malgré quelques tentatives…__ 99

34 – Il faut maîtriser notre intelligence culturelle pour ne pas être robotisé. 99

Il faut maîtriser notre intelligence culturelle…__ 99

… pour ne pas être robotisé. 100

35 – Faire une place aux Enseignements Complémentaires Pour Adultes, par l’incitation financière ou par une pensée d’utilité potentielle, pour ne pas rester des hommes des cavernes. 100

Faire une place au ECPA…__ 100

… par l’incitation financière…__ 100

… ou une pensée «d’utilité potentielle »…__ 100

… pour ne pas rester des hommes des cavernes. 101

36 – Nous voulons être des Dieux, plutôt que de relever le défie humain ! 101

Nous voulons être des Dieux…__ 101

… plutôt que de relever le défie humain. 102

37 – Un défi qui sera d’abord rejeté si l’enseignement n’est pas gratifiant. 103

Un défi qui sera d’abord rejeté…__ 103

… si l’enseignement n’est pas gratifiant. 103

38– Bien sur il y aura des opposants par pragmatisme opportuniste à cause d’une vue restrictive. Alors il faut élargir notre réflexion, dans une addition, où un plus un égale trois. 103

Bien sur il y aura des opposants…__ 103

…par pragmatisme opportuniste…__ 104

…à cause d’une vue restrictive…__ 104

…alors il faut élargir notre réflexion…__ 105

… dans une addition qui est un plus un égale trois. 106

39 - Il faut savoir se remettre en cause pour un projet avec beaucoup d’interrogations sur l’existence, que d’autres on traduit avec leurs moyens. 106

Il faut savoir se remettre en cause …__ 106

…pour un projet…__ 107

…pleins d’interrogations sur l’existence…__ 107

… que d’autres ont traduit avec leurs moyens. 107

40– Je peux rêver que la volonté serait de le faire, mais rien de moins évident en dehors du débat. 107

Je peux rêver…__ 107

… que la volonté serait de le faire…__ 108

… mais rien de moins évidant…__ 108

…en dehors du débat.. 108

41 – Un débat dans une société dominée par le libéralisme, où le mot liberté est un arbre qui cache la forêt, une forêt où nous pouvons nous perdre. 109

Un débat dans une société dominée par le libéralisme... 109

… où le mot liberté est l’arbre qui cache la forêt…__ 110

… une forêt où nous pouvons nous perdre. 110

42 – A répéter un leitmotiv on l’accepte, car soumis au même discourt nous n’entendons que lui, malgré mes railleries. 111

A répéter un leitmotiv on l’accepte…__ 111

…car soumis au même discourt nous n’entendons que lui…__ 112

…malgré mes railleries. 112

43 – Un libéralisme productiviste auquel nous participons souvent sans discernement qui modifie l’organisation du travail et pèse sur notre personnalisation (construction de la personne). 113

Un libéralisme productiviste…__ 113

…auquel nous participons…__ 113

… souvent sans discernement…__ 113

… qui modifie l’organisation du travail…__ 114

…et pèse sur notre personnalisation…__ 114

44 – Le transfert d’émotions vers des objets et un fait social, mais sa marchandisation est autre chose, un marché, contre lequel nous avons un recours. 115

Le transfert d’émotions vers des objets et un fait social mais sa marchandisation est autre chose …__ 115

… un marché contre lequel nous avons un recours. 115

45 – Il faut favoriser l’échange autre que celui qui nous est proposé au quotidien. 116

Il faut favoriser l’échange…__ 116

… autre que celui qui nous est proposé par le quotidien. 116

46 - Quels effets la fréquentation des ECPA aura au sein de la famille. 117

Quels effets la fréquentation des ECPA aura au sein de la famille. 117

47 - Certains s’en excluront de fait. 117

Certains s’en excluront de fait. 117

CHAPITRE, VIII. 119

Quelles incidences sur l’appareil productif ?_ 119

48 – Les symboles, tel l’or, qui repose sur deux constantes réunies dans un schéma abstrait collectif par ordonnance, mais avec des valeurs contestables par qu’elles sont relatives. 119

Les symboles…__ 119

…tel l’or…__ 119

… qui repose sur deux constantes…__ 119

…reliées dans un schéma abstrait…__ 120

… collectif…__ 120

…par ordonnancement…__ 121

…mais avec des valeurs contestables…__ 121

…parce qu’elles sont relatives. 121

47 – La monnaie est une valeur fictive dont nous 123

mesurons l’usage avec l’État comme statisticien, et les libéraux comme joueur de pipeau qui incitent à s’interroger. 123

La monnaie une valeur fictive…__ 123

… dont nous mesurons l’usage…__ 123

… avec l’État comme statisticien…__ 124

… et les libéraux des joueurs de pipeau, qui incitent à s’interroger. 124

50- L’appât du gain reste-t-il l’adversaire de la démocratie ?_ 127

L’appât du gain reste-t-il l’adversaire de la démocratie ?_ 127

51 - Y aurait-il une loi invisible du marché ?_ 129

Y aurait-il une loi invisible du marché ?_ 129

52- Papiers pour papiers (monnaie). 130

Papiers pour papiers. 130

53 – Mais pour cela je l’ai déjà écrit il faut un capital confiance. 130

Un capital confiance. 130

54 – Y a-t-il des valeurs «réelles » ou scientifiques et des valeurs relatives ? Dans un marché qui à des limites, et un surcoût, où le client achète le tout, une valeur sociale, comme il achètera les ECPA_ 131

Y a-t-il des valeurs «réelles » ou scientifiques …__ 131

…et des valeurs relatives ?…__ 132

…dans un marché qui a des limites…__ 133

…et un surcoût …__ 133

… où le client achètera le tout, une valeur sociale…__ 133

…comme il achètera les ECPA. 134

55 - Le poids des mots et la dialectique qui enserre la pensée et la «ghettoïse » mais pour combien de temps. 135

Le poids des mots…__ 135

…et la dialectique…__ 139

…qui enserre la pensée…__ 146

…et la «ghettoïse »…__ 147

…pour combien de temps. 149

56 – Mais il ne faut pas rejeter ce qui fonctionne dans une organisation de papiers. 151

Mais il ne faut pas rejeter ce qui fonctionne…__ 151

…dans une organisation de papier. 151

57 - Quel est donc ce marché de l’intelligence qui intéresserait les capitalistes, et qui pourrait être estimé économiquement plus facilement que ses incidences idéologiques, structurelles, sans occulter le risque d’un effet boomerang. 152

Quel est donc ce marché de l’intelligence qui intéresserait les capitalistes ?…__ 152

… qui pourrait être estimé économiquement.. 153

…plus facilement que ses incidences idéologiques…__ 153

... 153

…et structurelle…__ 154

… sans occulter les risques…__ 155

…d’un effet boomerang. 155

58 – Ce serait une nouvelle approche sociétale aux effets inévitables, comme il y en a eu dans d’autres circonstances, que nous avons toujours surmontées, même en inversant un processus. 156

Ce serait une nouvelle approche sociétale…__ 156

… aux effets inévitables.. 157

… et comme il y en a eu dans d’autres circonstances que nous avons toujours surmontées…__ 157

… même en inversant un processus. 158

59- Mais il faut maintenir un nouveau déséquilibre sous surveillance de l’ensemble des acteurs et de notre intelligence. Pour gérer l’abondance en tenant compte de ce qu’est notre monde 159

Mais il faut maintenir un nouveau déséquilibre…__ 159

…sous surveillance de l’ensemble des acteurs.. 160

…et de notre intelligence. 160

Pour gérer l’abondance…__ 161

…en tenant compte de ce qu’est notre monde.. 162

CHAPITRE, VIX. 163

Quel financement ?_ 163

60 – Celui que nous pouvons créer, un moyen non exclusif. 163

Celui que nous pouvons créer…__ 163

… comme un moyen…__ 164

…non exclusif. 165

61 - L’argent comme but est une illusion dangereuse s’il se dogmatise à l’excès. 167

L’argent comme but est une illusion…__ 167

… dangereuse…__ 168

…s’il se dogmatise…__ 168

…à l’excès. 168

62 – Il y a un homme à abattre, l’ignorant que nous portons pour nous gouverner. 170

Il y a un homme à abattre…__ 170

... l’ignorant que nous portons…__ 170

… pour nous gouverner. 171

63 – Mais peut-il y avoir un débat d’idée si nous laissons des mécanismes systémiques réfléchir à notre place ? 171

Mais peut-il y avoir débat d’idée…__ 171

…si nous laissons des mécanismes systémiques réfléchir à notre place. 172

64 – Nous nous laissons gouverné par une monnaie qui donne le pouvoir, à qui se l’approprient et névrose les autres. 173

Nous nous laissons gouverne par une monnaie qui donne le pouvoir…__ 173

… à qui se l’approprie…__ 173

…et névrose les autres. 175

65- Je peux rêver mais le réalisme s’impose. 181

Je peux rêver…__ 181

… mais le réalisme s’impose…__ 182

66 – Cela nécessite de rechercher en quoi y a-t-il un individu unique qui ne soit pas un composant d’une structure collective ?_ 183

En quoi y a t il un individu unique…__ 183

…qui ne soit pas le composant d’une structure collective. 185

67 – L’on doit dépasser le connu, pour ouvrir des voies pour bifurquer. 187

Pour dépasser le connu…__ 187

…et ouvrir des voies…__ 188

…pour bifurquer. 189

65 – Ceci dans un monde où je n’ai rien découvert qui ne l’eut été par d’autres. 190

Dans un monde où je n’ai rien découvert…__ 190

…qui ne l’eut été par d’autres…__ 191

69– Mais il ne faut pas se tromper de cible pour essayer de vivre mieux, et ne pas rejeter tout du système libéral parce qu’il flatte l’individualisme qu’il a mis en évidence par cupidité. 194

Mais, il ne faut pas se tromper de cible…__ 194

… pour essayer de vivre mieux…__ 194

… et ne pas rejeter tout du système libéral parce qu’il flatte l’individualisme »…__ 197

… qu’il a mise en évidence par la cupidité. 197

70 – Et nous prendrons sur nous d’expliquer le mystère des choses, par ceux qui ne sont pas forcément les plus aptes, mais ils nous ressemblent. 199

Et nous prendrons sur nous d’expliquer le mystère des choses…__ 199

…par ceux qui ne sont pas forcément les plus aptes mais qui nous ressemblent. 203

71- Le capitalisme peut-il être un vecteur de l’évolution, et comment ?_ 205

Le capitalisme peut-il être un vecteur de l’évolution…__ 205

… et comment ?_ 206

72 - Pourtant le « langage » commercial serait une chance inespérée, une fois débarrassé de ses excès, pour changer le monde. 207

Pourtant le « langage » commercial est une chance inespérée…__ 207

…une fois débarrassé de ses excès…__ 208

…pour changer le monde. 208

73 – C’est pour cela je poursuis un but, qui est d’une certaine manière, d’arriver à faire pondre à une poule un œuf de canard sans tuer la poule aux œufs d’or. 209

Pour cela je poursuis un but…__ 209

… qui est d’une certaine manière, d’arriver à faire pondre à une poule un œuf de canard sans tuer la poule aux œufs d’or. 209

74 – Choisir une référence rassurante non convertible pour émettre de la monnaie, en utilisant une politique budgétaire ou autre. 211

Choisir une référence rassurante…__ 211

… non convertible pour émettre de la monnaie.. 212

… en utilisant une politique budgétaire ou d’autres…__ 213

CHAPITRE, X. 216

Quels impacts sur la production de richesse ?_ 216

CHAPITRE, XI. 219

Quelles motivations incitatrices doivent être développées ?_ 219

75 – De l’homme être communicant, à l’homme utopique, un mot que la connaissance a banalisé pour qu’il vive debout. 219

De l’homme être communicant…__ 219

…à l’homme Utopique…__ 219

… un mot que la connaissance a banalisé…__ 221

… pour vivre debout. 223

76 – Il y a un axiome à réviser pour un mode meilleur qui appartient à la pensée. 223

Il y a un axiome à réviser…__ 223

…pour un monde meilleur…__ 225

… qui appartient à la pensée. 225

77 – Découvrir le sens caché du vécu comme celui des mathématiques. 225

Découvrir le sens caché du vécu…__ 225

… comme celui des mathématiques. 226

75 – Il importe d’élargir son regard pour ne pas souffrir. 227

Il importe d’élargir son regard.. 227

… pour ne pas en souffrir. 227

79 – Notre avenir dépend de notre univers, et de la conquête de notre cerveau. 229

- Notre avenir dépend de notre univers…__ 229

… et de la conquête de notre cerveau. 232

80- Afin de développer un art de vivre pour nous survivre…_ 234

CHAPITRE XII. 239

Que doit-on craindre ?_ 239

81- D’un effet d’agrégation. 239

82– Des déviations idéologiques. 239

CHAPITRE, XIII. 243

QUE DOIT-ON ESPERER DES TECHNOLOGIES DE LA COMMUNICATION ?_ 243

83– Un gain de temps, et une aide technologique à nos choix, en conservant le droit d’être ému par la pacotille. 243

Un gain de temps …__ 243

… et une aide logistique …__ 244

…à nos choix_ 245

… en conservant le droit d’être ému par la pacotille. 245

Quels rêves pouvons-nous nourrir grâce à la génétique ou la neurologie ?_ 247

84 – Quels rêves pour être en adéquation avec une terre nourricière, mais serons nous plus intelligent pour autant ?_ 247

Quels rêves pour être en adéquation avec une terre nourricière…__ 247

… serons-nous pour autant plus intelligent ?_ 248

CHAPITRE, XV. 251

Ne pas oublier l’essentiel. 251

85 - Un grand absent dans cet essai. 251

86 - Ne pas oublier l’essentiel. 253

87 - Alors y a-t-il une solution ?_ 254

Conclusion. 254

Et Demain. 255

DEMAIN_ 255

0[1] Schrödinger Erwin, Vienne 1887/1961. Il a donné en 1926 une nouvelle formulation de la mécanique quantique, en établissant l’équation de propagation qui permet de calculer la «fonction d’onde » d’une particule dans un champ donné (une approche différente de celle d’Heisenberg). Elle a permis de préciser la position des raies spectrales, d’expliquer l’effet Zeeman, l’effet Stark, la loi Dulong et Petit, l’existence du point curie, Celles des formes allotropiques de l’hydrogène, l’émission d’ondes électromagnétiques par l’hydrogène interstellaire.

[2]«Si l’interférence entre deux histoires est nulle, on dira d’elles qu’elles décochèrent».

Murray Gell-mann. Le Quark et le Jaguar. Éditeur Flammarion. 1997. PP.170 à 175.

[3] Note de l’auteur. Particules imaginées par les physiciens pour expliquer la masse manquante. L’autre étant composée par des neutrinos à entre 0,1% et 18% de la masse de l’univers.

[4] Note de l’auteur, l’usage des ondes ont fait l’objet d’étude au travers de leur usage d’armes militaires à partir des années 60, dans notre usage au quotidien nous les trouvons du radar antivol de 0,1 watt au micro-ondes de 1500 watt au gros émetteur hertzien existant de 3200 milliards de watt. Certains effets des ondes de basses et très basses fréquences de rayonnement non ionisant peuvent modifier le processus physico-chimique qui régit le métabolisme endocrinien. Différentes études ont mis en évidence des atteintes biologiques insidieuses au niveau du cerveau, des yeux, de la thyroïde, du cœur, des testicules.

«Dans la recherche d’un nouveau traitement de l’épilepsie, Michael Persinger étudie l’effet sur le cerveau de champs électromagnétique, engendrés par de petites bobines disposées sur les côtés d’un casque. Un domaine presque vierge ou bien peu de neurologues se sont aventurés jusqu’ici, et avec lequel Michael Persinger voit une ouverture sur un nouveau type de traitement de l’épilepsie. Pour sa thèse il a fait subir à des souris nouveau-nées des champs magnétiques en rotation. Il constate des modifications de la sécrétion de mélatonine, une hormone impliquée dans la régulation des rythmes biologiques et des émotions. D’autres chercheurs reproduisent ses expériences et confirment. » Science et vie. N° 932. Mai 1995. P 82.

[5] Note de l’auteur, il est d’usage d’appeler le monde sensible celui que nous voyons de part nos sens où avec les outils qui les suppléent par rapport au monde «objectif » celui qui est, et que nous ne connaissons pas.

[6] Le seigneur Dieu prit de la poussière du sol et façonna un être humain. Puis il insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet homme devint un être vivant. (Genèse 2/7).

[7] Néologisme de l’auteur, Culturalisé = dépendant de la culture. Ainsi en faisant un verbe du mot culturel, je lui accorde la capacité d’action, d’agir que nous lui reconnaissons sous les termes d’interaction, de rétroaction.

[8] Processus actif d’adaptation.

[9] Trait stable et permanent que l’on trouve chez tous les individus, mais à divers degrés.

[10] Anne AMIEL. 50 grandes citations philosophiques expliquées. Éditeur Marabout. 1990.

[11] En effet, une particule en elle-même n’existe que par les effets qu’elle engendre, cet ensemble d’effets les scientifiques les appellent des «champs », ces champs sont, le champ électromagnétique, le champ de gravitation, le champ protonique, le champ électronique. Note de l’auteur.

[12] Une perception sans qualification.

[13] Note de l’auteur. Il existe une appréciation contradictoire sur la psychanalyse qu’il faut connaître. Ceux qui pensent que c’est une science, mais elle doit se passer de l’expérimentation, et les scientifiques qui considèrent que les postulats de la psychanalyse ne se prêtant pas à la vérification, ne sont pas scientifiques, puisque «irréfutables ».

[14] Michio KAKU. VISIONS. Éditeur Albin Michel. 1999. P 466.

[15] Note de l’auteur. Tout au long de cet ouvrage je vais utiliser le terme collectiviste ou celui de collectivisme, dans une forme plus large que celle du Petit Larousse, qui rapporte la signification politique d’une forme d’économie fondée sur la mise en commun des moyens de production, et leur appropriation par le prolétariat. Le sens que j’accorde à ces deux termes est pour indiquer toutes les situations ou nous mettons notre activité en commun