Publié le 20 Juin 2016
Ce gouvernement touche le fond. Qui aurait pu penser qu’un gouvernement socialiste creuserait la tombe du syndicalisme par sa loi travail qui autorise de passer outre les accords de branches qui servent de support commun imposant une égalité dans la concurrence salariale évitant ainsi le moins disant. Actuellement tout employeur rémunérant un salarié en dessous les minimas est en infraction. Nous savons que ce seuil minimal est la source de travail dit au noir, demain avec la loi ces employeurs pourront légalement sous payer en demandant l’accord du personnel, ou d’un syndicat d’entreprise. Seulement 27% des citoyens font confiance dans les syndicats, si en plus au lieu de conclure des accords pour améliorer la condition salariale, ils la fragilisent en passant outre les garanties collectives de branches, je ne vois pas comment la tendance s’inverserait. Certes les partis politique ne recueillent que 12% de confiance cela n’empêche pas des hommes politiques de contester la représentativité syndicale, ni de gouverner en ayant moins d’adhérents que les syndicats. Les médias avec 24% de confiance nous servent leurs buzz insipides en pensant représenter l’opinion publique et affleurent le temps de quelques secondes les informations essentielles pour le devenir des citoyens. C’est comme cela que chacun ignore que la France le 7 juin a soutenu devant l’assemblé plénière de l’OIT (organisation internationale du travail) la création de convention collective de branche à la suite du drame du Rana Plaza au Bangladesh en 2013, où 1100 travailleurs du textile, employés par des fournisseurs de grandes marques occidentales, ont trouvé la mort sous l’effondrement de leurs locaux soumis dans la compétition internationale aux salaires du moins disant.
Ce que taisent les médias c’est que ce pays avec des salaires au gré des employeurs a un taux de chômage autour de 5%. Pourtant nous croyons ou soutenons encore que la déréglementation du travail crée de l’emploi ; tout comme que ce soient les pauvres ou les ignorants qui font les révolutions. Si c’était exact les habitants du Bengladesh et d’autres seraient les mieux nantis du monde. Un tel niveau d’abêtissement dans les pays d’idéologie capitaliste où le niveau d’instruction est relevé dénote cette fracture intellectuelle entre ceux qui disposent des Savoirs et ceux qui reçoivent l’instruction pour devenir de dociles clés à molette ; avant l’on disait l’école forme des citoyens honnêtes.
Heureusement les faits divers dramatiques font diversion dans l’appel au patos, et le gouvernement de remettre couche sur couche, pourvu que l’on en oublie la loi travail. L’état d’urgence devait protéger des actes terroristes quid avec ces deux assassinats. La violence qui accompagne bon nombre de manifestation, hier comme aujourd’hui, hier c’était les skinheads disait-on, aujourd’hui ce sont les casseurs. Sauf que hier sous des gouvernements de droite, il n’était jamais venu à l’esprit d’un premier ministre de considérer que les organisateurs de la manifestation seraient responsables des actes commis par d’autres.
Cette opportunité de porter plainte contre les syndicats sera sans suite dans le droit français. Cela dénote seulement la descente dans les enfers d’un gouvernement qui est prêt à se jeter dans n’importe quel feu puisqu’il n’a plus de surenchère protectrice au dessus l’état d’urgence. A moins, comme tout état totalitaire, d’envisager des mesures de restriction de la liberté d’opposition en interdisant les manifestations (pour ceux à qui cela évoquent un souvenir, pourquoi pas rétablir la « loi Chapelier » de 1791.
Essayer donc d’imaginer qu’en 1936 ce soit Hollande et Valls à la place de Léon Blum, je crois que l’on attendrait encore les congés payés, les 40 h et les accords de Matignon, car la « droite » disait alors que ces mesures étaient une incitation à la paresse. C’est le même état d’esprit qui règne aujourd’hui chez les partis de droite, il faut travailler plus, 35 h est insoutenable, et pour faire bonne mesure il n’y a pas eu d’accord salariés patronat sur l’indemnisation du chômage, car pour certains c’est encore une incitation à la paresse que de rémunérer les demandeurs d’emplois. Entendre encore aujourd’hui ces discours récurrents des années 1930 à 1939, alors que l’état de richesse économique actuelle qui sépare ces époques de la notre ne justifie pas qu’il y ait la fracture sociale que nous connaissons. Faire le pari d’un nouveau départ aujourd’hui à l’égal de ce que fit le front populaire en 1936 il n’y a que Mélenchon pour offrir de telles perspectives, car nous avons les hommes, les savoirs, la technologie. Il manque seulement la volonté politique de ceux qui n’ont de cesse de dire qu’en travaillant plus et rémunérer moins cela ira mieux demain. Qu’ils aillent donc en vacance au Bengladesh faire une marche blanche dépose des gerbes de fleurs sur les victimes du capitalisme. Ma comparaison est certainement déplacé, pourtant le terrorisme est le retour de notre déclaration de guerre à EI, ce n’est que dans l’inconscient occidental que l’on peut penser se livrer à une guerre sans conséquence. S’il faut certes s’en protéger l’instrumentaliser pour clore toute opposition à la politique du gouvernement et une stratégie d’acteurs qui ne visent que 2017. Que le gouvernement ne c’en soucie pas, il ne risque pas d’être réélu, même en espérant des emplois liés à l’application de la loi travail si elle passe. Pourtant quand l’on lit les programmes de Jupé, Fillion et autres prétendants c’est le pire qui est à craindre allant plus loin dans la surenchère ultra libérale. C’est en cela que je rapportais la similitude des positions de la droite des années 30 à celles d’aujourd’hui. Les difficultés ont poussé les hommes de ces époques à trouver espérance dans des gouvernements dit forts, avec les conséquences que l’on sait. Aussi l’on peut comprendre qu’il en soit de même aujourd’hui quand 76% des citoyens pensent que le personnel politique est plutôt corrompu. Quand en plus 65% ne font ni confiance en la droite ou la gauche pour gouverner il ne reste plus qu’à attendre 2017 pour voir s’ils sont de parole. Pour le moment ils se raccrochent à tous les discours sécuritaires comme d’autres à une bouée pour ne pas couler dans un espace politiques où tous les repères ont explosés et où l’ignorance de l’histoire sociale française est quasiment inconnue d’une majorité de citoyens. Durant ce mois de conflits j’ai entendu des propos concernant la CGT dignes de ceux qui se tenaient au temps du stalinisme et de la guerre froide, qui plus est relayer par des citoyens prenant congés et travaillant moins sans savoir que c’était à cette CGT d’alors qu’ils le devaient. L’ingratitude des « enfants » est bien connue, mais elle n’emporte pas les mêmes conséquences que l’ignorance. Face à tout cela je ne crois pas que le gouvernement et les dits socialistes soient prés de remonter des enfers.