Le travail fait l'objet de nombreuses acceptions et d'ambigüités qui servent les intérêts politiques de ceux qui les entretiennent, entre sa définition générique, ses acceptions sociologiques où le capitaliste considère qu'il travaille au même titre qu'un salarié depuis l'abolition factice de la lutte des classes et conventionnelles, le mur a travaillé.
L'humain "biologiquement" « fainéant ».
L'homme a toujours cherché à se soustraire au travail qui demande une consommation d'énergie à alimenter pour réaliser les activités auxquelles il se livre. Au cours de la sédentarisation pour s'assurer ses productions qui lui sont nécessaires l'homme à extrait du sol ses besoins par l'effort auquel il s'est contraint par utilité, sans renoncer à rechercher dans le même temps les moyens de s'y soustraire ou de ce le faciliter. C'est plus facile à dire aujourd'hui que nous savons que la Nature ou Dieu (pas celui des écritures) a mis comme socle de son évolution la recherche de l'adaptation nécessitant le moins de consommation d'énergie possible.
Une lente évolution où le faible est corvéable.
Nous avons donc eu l'économie de pillage, dont les restes fragmentaires de nos jours sont le vol. Ensuite, le travail distribué en classe sociale bien ou mal né, où les pilleurs en stabilisant des territoires se sont installés en notables dirigeants des populations corvéables. Dans les mêmes temps se structurèrent diverses formes d'esclavages, de servitudes astreintes au travail pendant que les sociétés qui apparaissaient se structuraient en classes sociales où ceux qui disposaient d'une source de revenus (des biens ou charges) acquise par leurs ascendants les dirigeaient. Ceux là ne travaillaient pas ou du moins ne considéraient pas leurs activités de gestion, d'administration ou autres comme du travail. Dans la classe laborieuse se développa tous les petits métiers qui pouvaient s'inscrire dans le développement économique des sociétés au fil des croyances, des découvertes, des conquêtes et de la "popularisation" de l'instruction. Cela nous donnera la bourgeoisie qui réclama le libéralisme économique, sans souci pour ceux qui ne disposaient que de leurs bras pour travailler que l'on appellera les prolétaires. La loi de 1804 leur reconnait le droit à un salaire et cela deviendra le salariat, régime sous lequel nous vivons toujours aujourd'hui. Ce salariat s'émancipera par des révoltes réclamant de justes revenus et réductions du temps de travail. Notre quotidien, notre travail s'inscrit dans cette histoire millénaire qui n'est pas aussi linéaire que ce que je l'écris.
Une lente maturation idéologique.
Deux événements essentiels vont murir et apparaitre durant ces temps. Le droit à la propriété privé toujours en vigueur (déclaration des droits de l'homme) et le droit de tout travailleur de disposer du fruit de son travail, la lutte contre l'exploitation de l'homme par l'homme toujours d'actualité. Le communisme révolutionnaire dont nous connaissons l'histoire de son échec est apparue trop tôt dans un monde salarial majoritairement inculte, car seuls les notables avaient accès à l'éducation qui concernera le peuple qu'à partir de 1882. Le socialisme réformiste conduit par le PS vient d'abdiquer aujourd'hui dans l'apothéose conduite par le quinquennat Hollande, avec une frange, représenté par Mélenchon, Hamon qui essaye de le faire renaître de ces cendres. Durant tous ces temps nous voyons les possédants cherchant à asservir les autres au travail par la force ou l'idéologie pour se soustraire eux-mêmes à l'effort et aux contraintes que sa nécessité exige. Durant tous ces temps ce sont ces mêmes hommes qui ont fait l'éloge des vertus du travail, en faisant mêmes avec les bagnes une souffrance méritoire. Ce sont ces hommes instruits qui considèrent l'augmentation de salaire ou la réduction du temps de travail comme une incitation à la paresse et la libération de la femme comme indécent. Ce sont ces hommes qui ont toujours considéré l'émancipation des salariés comme une entrave à leur pouvoir entrepreneurial et réclament aujourd'hui abrogation du code du travail dont ils sont, par le fait du prince, les principaux responsables, pour libérer les énergies qu'ils racontent.
Deux paragraphes pour résumer des millénaires c'est un peu cour, mais ils pèsent sur notre culture du travail. De plus, nous l'avons entendu la valeur travail s'invitent dans le débat politique. L'une idéologique, travaillé plus parce que c'est le travail qui crée la richesse, l'autre plus pragmatique travaillé en fonction de la nécessité d'un bien-être de l'humanité. L'une faisant appel à l'égoïsme obscurantiste, l'autre à l'égoïsme solidaire.
La réalité historique est moins évidente.
C'est la recherche permanent de produire avec le minimum d'effort qui a été la clé de notre évolution. En quelque sorte notre « fainéantise » a assurée notre essor. Chacun peut comprendre que si la valeur travail était une base biologique inné et non un moyen disponible, toutes les sociétés s'y seraient adonnées et n'auraient pas recherché à s'y soustraire en se faisant remplacer par les animaux puis des machines. Avoir ce principe en tête comme base de réflexion est essentiel d'autant que nous l'appliquons journellement sans le savoir, y compris dans le capitalisme. Quand pour produire il devient couteux de traiter ses déchets, par économie les sociétés les jettent, tout comme les individus, c'est pour cela que des régions entières en Afrique ou ailleurs sont couvertes de détritus de toutes sortes et que nous avons pollué le monde, c'est l'aspect moins sympathique. Si l'homme ne se contraint pas à comprendre ses actions et leurs conséquences il se laissera porter par la recherche du moindre effort ou cout sans réflexion. Partant de là, nous pouvons facilement comprendre que la loi du marché qui exclut la raison et la critique est la plus grande stupidité du XX siècle. Elle s'est étendue au monde parce qu'elle offre la facilité à ceux qui peuvent disposer du moyen d'avoir de la monnaie d'obtenir sans effort ce qu'ils désirent et d'imposer aux autres le pouvoir qu'ils en retirent.
Ce n'est pas par hasard que le jeu soit devenu un moyen de gagner un gros lot pour se soustraire au travail. Des patrons travaillent, mais quand ils disposent de moyens financiers ils se font remplacer et vont se dorer au soleil (la « jet set »).
Réduire le temps de travail une bénédiction.
Je ne veux pas ici compliquer le raisonnement en abordant l'épanouissement que les hommes ont pu retirer de leur activité contrainte une fois accepté par conditionnement social la nécessité du travail et ce qu'il permet d'obtenir, car cela ne remet pas en cause la recherche de son exercice par la facilité d'y parvenir. C'est sa pénibilité qui distinguera ceux qui soutiennent y prendre du plaisir et ceux qui le vivent comme un joug nécessaire. Entre un professeur de lettre et un "brouetteur" il n'y a pas photo.
Ainsi, la recherche de la réduction du temps de travail et celle de son effort fut une bénédiction pour notre société, abstraction faite des dérives auxquelles cela a conduit, soit l'exploitation de l'homme par l'homme, soit celles de la pollution par ignorance ou en connaissance de cause.
Un écueil, la fragilité de la société technologique.
Aujourd'hui la dynamique se poursuit en ce sens avec un écueil essentiel, c'est que l'homme en se faisant remplacer au travail pour des tâches complexes devient de plus en plus un simple exécutant et fragilise d'autant plus sa propre existence, car les compétences et savoirs nécessaires ne sont détenus que par quelques individus. Dans un garage plus personne ne diagnostique un véhicule sans l'usage d'une valise pour ce faire, dont il ignore le fonctionnement, car le lui apprendre renchérirait les coûts. Dans tous les domaines nous retrouvons ce rapport.
Si Mélenchon ou Hamon soutiennent avec raison que la mise en place de nouvelles technologies et d'économie d'énergie généreront plus d'emplois. Pourtant, ils seront touchés à leur tour par la recherche de la réduction des efforts qu'ils engendrent, ce qui réduira inévitablement au fil du temps le nombre d'emplois générés. C'est une solution de court et moyen terme face à un processus irréductible.
Il n'y aura jamais de plein emploi.
Il ne faut pas imaginer pouvoir retrouver un plein emploi pour disposer d'un revenu d'échange. Ce n'est pas en ces termes que nous devons analyser la nécessité de produire des biens et services, mais par l'utilité qu'ils apportent à l'espèce humaine par ce que l'on peut comprendre, apprendre et réaliser, même dans nôtre intérêt égoïste.
Nous ne trouverons jamais le plein emploi, il n'existait pas hier et il n'existera pas plus aujourd'hui que demain. A aucune époque tous les hommes ont travaillé sans exception, l'organisation des sociétés sur la base de la famille, fait que certain d'entre eux subvient aux besoins du groupe familial (cela se mesure par le rapport actif non actif). Dans la période du plein emploi en 1970 sur 51 millions de français 21 millions étaient actifs, donc 30 millions n'avaient pas d'activités. En 2016 sur 67 millions 27 sont actifs donc 40 sans activités. L'on peut comme nous le faisons ne pas vouloir tenir compte de cela et discourir dans une espèce de nébuleuse parce que personne n'en maitrise les contours.
Une réflexion quasi impossible.
La particularité contemporaine est l'individualisme qui concourt à ce que chacun dispose d'une autonomie économique et pour ce faire, hormis le loto, il n'y a que le travail. Ce dernier en sa forme productiviste basé sur la croissance ne peut y satisfaire indéfiniment, puisque la vie humaine ne va pas s'arrêter avec l'organisation capitaliste du travail. Or nous ne sommes pas en capacité de la penser au-delà, en dehors de poursuivre dans la dynamique de ce que nous entreprenons. Le débats autour de la décroissance est l'exemple type de la question d'avenir qui fait peur, à laquelle s'oppose celle stupide type face à toutes innovations : combien ça coute, signifiant par là la place de la comptabilisation monétariste de l'existence comme guide de la pensée. C'est catastrophique, car nous ne pouvons pas prendre la mesure de tout ce que cela nous interdit, surtout quand des faux culs nous proposent de libérer les énergies pour des profits. Nous avons donc entendu dans le débat politique les tenants de la valeur travail mythique et moralisatrice avoir peur de toutes innovations qui s'adaptent à l'évolution du travail comme activité fluctuante à mesure que croissent nos savoirs et savoir faire qui mettent en cause nos erreurs passées apparues.
Adapter le revenu universel.
Le revenu universel qui s'invite au débat représente l'accessibilité à une ressource de ceux que l'existence a écarté d'un emploi, car elle n'a pas besoin de celui-ci, mais eux ont besoin de vivre, à moins d'ajuster les populations à la comptabilisation du monde et d'ouvrir les fours crématoires pour bruler les gens en trop. Il met en conformité la déclaration des droits de l'homme avec les actes politiques. Seuls les réactionnaires de tout bord peuvent en avoir peur et croire que cela incitera à la paresse, comme ils le pensaient des congés payés de la réduction du temps de travail.
L'humain peut-il se dispenser d'une activité. Certainement pas, sans rebondir sur l'économie capitaliste notre existence dépends des savoirs accumulés qui devenus exponentiels doivent être élargis à toute la population, du moins au plus grand nombre bien au-delà de ce que la scolarité actuelle nous permet.
Tous les jours, nous pouvons faire le constat de la fracture intellectuelle qui c'est élargi dans le monde entre ceux qui vont à Harvard et ceux qui n'ont toujours pas accès à l'école. Entre ceux qui prônent l'économie des Savoirs cumulés par des siècles et ceux qui continuent de croire qu'il est contenu dans quelques livres Divins. Apprendre tout au long de l'existence comme l'on travaille et recevoir une rémunération ne laisserai personne sans ressource sur le côté et ferai de tout citoyen un innovateur potentiel, car les savoirs ne s'ajoutent pas, mais se multiplient. C'est un pas que sociologiquement et psychologiquement nous ne pouvons pas franchir tant nous sommes bloqués par nos archaïsmes, comme la valeur travail qui ne vaut pas un kopeck face à tous les découvreurs qui ont fait avancer notre monde depuis l'antiquité même en se trompant ou en laissant leurs découvertes aux mains des puissants d'hier ou capitalistes cupides d'aujourd'hui qui les en ont dépossédé.
La relation de l'homme au travail a changé seul 30% des actifs produisent, les autres s'activent dans des services auxquels se substitueront les robots.
Devrons nous attendre l'état de crise pour nous interroger sur notre avenir ou devons-nous dès à présent nourrir les cerveaux humains de savoirs pour qu'il en émerge. Le revenu universel versé contre un enseignement universitaire serait un pied mis à l'étrier.