Publié le 23 Juillet 2024
Au NFP de trouver un autre avenir.
Dans la recherche de la désignation d’un Premier ministre, le NFP ne semble pas au fait de la situation politique. Le monde est capitaliste, c’est-à-dire que tous les salariés du monde sont soumis à la même organisation d’exploitation.
Ce n’est rien de plus que la base élémentaire de recherche d’une plus-value en toute chose. Rechercher à vendre plus cher que la valeur d’estimation, en parvenant à produire le moins cher dont l’optimum fut l’esclavage et revendre sans aucune limite aux enchères de la vie que nous appelons, l’offre et la demande, qui se déroule avec des conflits permanents, allant jusqu’à la guerre. Rien d’anormal en cela, il n’existe à ce jour aucune mesure réelle du coût d’une production de biens ou de services. Toujours incapable d’en définir une, nous nous référons à ce que nous pouvons faire dans un temps donné, cela indépendamment des systèmes politiques qui l’admettent et l’accompagnent. Depuis 1980, l’économie de marché a remplacé la notion de capitalisme, c’est seulement de la communication. La finalité demeure la même, faire produire un bien ou un service à des citoyens qui n’ont pas de capital et recherchent un revenu, c’est à dire des prolétaires. Dans la dynamique exponentielle des savoirs, qui sont le résultat de siècles de développement d’enseignement populaire depuis la découverte de l’imprimerie, toutes les sociétés se sont stratifiées en deux classes sociales. Ceux qui disposent de temps libre, pour réfléchir et apprendre, avec un capital, qui sans investissements de son propriétaire s’étiole dans ses consommations. Ceux qui passent leur temps en recherche d’une ressource et n’en consacrent pas aux enseignements. Ceci est le résultat de 120 siècles d’évolution sociale économique que les découvreurs d’innovations et les penseurs ont marqués tout au long de celle-ci, et dont nous bénéficions toujours, telle la roue.
Cela peut-il changer ?
Certainement, mais pas dans l’état d’égoïsme dans lequel nous vivons, qui ne c’est développé, que pour satisfaire le marché. Tout, tout de suite, comme les enfants sans en connaître les conséquences. Ce fut merveilleux de jouer au petit chimiste avec des molécules et la nature pour poubelle, puis de jouer avec des particules pour entendre et voir au-delà de nos sens.
Toutes les technologies développées ces derniers siècles mises bout à bout préfigurent le développement d’une autre ère pour laquelle nous n’avons aucune clairvoyance, enfermée dans le consumérisme, dans l’égocentrisme, dans l’ignorance holistique du monde et de nos vies. Nous sommes accrochées à une information anxiogène du quotidien, comme s’il devait être étonnant que nos existences soient porteuses de drames. Tous ces drames sont vieux de plus de 120 siècles, seul l’usage des technologies qui les ont parcourus les distingue, et tous ont pour substrat la répartition de la Rareté.
Aucune organisation politique n’a pu en venir à bout. La première à s’y essayer fut en occident le Christianisme, la seconde la République, et depuis, disons 1930 le Socialisme.
Je rappelle ces évolutions, car Adam Smith a fait l’éloge de l’Animalité dans son axiome. Chacun met tout son être à rechercher ce qui va dans son intérêt exclusif. C’est ce que fait mon chien.
Dépasser cela demande la pratique de la solidarité égoïste, c’est-à-dire le socialisme, en mutualisant notre existence, car nous savons tous être interdépendants les uns des autres, et devrions savoir que notre épanouissement, notre créativité, notre inventivité, notre individualité en dépendent. Tout cela nous engage en retour vers les autres et non d’imaginer s’être fait tout seul. Ainsi collaborer est autre chose que se concurrencer qui nous a apporté la destruction nucléaire. Cela suppose d’autres rapports sociaux et d’autres finalités économiques que d’amasser de la monnaie pour s’offrir le confort que permet la pensée associative pour innover au fil des savoirs qui permettent la créativité sous la contrainte de ce qu’offre l’environnement en constante évolution.
Mais voilà, ce n’est pas l’histoire qui est tenace, mais notre construction psychique. Chaque enfant naissant porte son instinct animalier et le conservera toute sa vie. Il sera prêt à ressurgir dans les expressions les plus asociales, et dans les formes paradigmatiques socialisées. Il reconduira des paradigmes sociaux et économiques du rapport dominant/dominé la source d’inégalités dans le cadre où il n’y a pas d’abondances, mais la rareté. Le capitalisme ou la loi du marché ne sont que la marque du dominant sociétal, ne nous en déplaise. Ne pas reconnaître cela ou ne pas l’admettre c’est se priver de possibilités civilisationnelles autres que l’exploitation des uns par les autres comme nous le faisons en exploitant la classe salariale. Sortir de ce cadre ce n’est pas faire la révolution politique, mais celle du psychisme dans les relations interpersonnelles sociétales, politiques et économiques. L’émulation de la capabilité de chacun doit se combiner pour se réorganiser en permanence au rythme de l’incidence de nos actions sur notre environnement, plutôt que de s’assoir sur la servitude du salariat, qui lui-même doit devenir entreprenant et non asservi pour que l’espèce humaine collabore en civilisant nos instincts animaliers.
La raison essentielle du rapport dominant/dominé est que l’économie n’a pas de référence normative réelle en dehors du temps et c’est donc le rapport de force et le conflit qui fixent la redistribution et sa récupération par le capital pour établir une valeur marchande de nos consommations.
Or tout le vivant recherche pour exister et vivre de l’énergie dans le meilleur rapport énergétique d’économie pour obtenir ses besoins. C’est là une motivation bien plus essentielle que celle de la recherche du profit, car elle retire de la nature que l’indispensable.
Le socialisme par la révolution a tenté d’inverser le cours des comportements instinctifs animaliers de nature si bien défini par Adam Smith, pour établir la forme communisante de la solidarité égoïste. Le socialisme réformiste en France n’a vécu que deux années, 82, 83, avant de devenir un parti démocrate social que les politologues et journalistes ignorants ont appelé le socialisme par souci de dévalorisation du socialisme historique, auquel c’est prêté le PS à partir de 84 en conservant son acronyme.
Au pouvoir, il a pratiqué la redistribution, c’est-à-dire le processus où le capital distribue des revenus de gré ou de force et les récupère au triple. Les gouvernants de droites préfèrent la productivité et la réduction des charges. Quant aux entreprises quel que soit les gouvernants, elles ne renonceront pas à leurs profits et se réorganisent en utilisant la technologie en lieu et place des salariés, et externalisent quand elles le peuvent.
C’est dans ce cadre que Mélenchon a redonné une espérance dans la renaissance du socialisme réformiste.
En 2015 j’écrivais ceci : je pensais et je pense toujours que Mélenchon a entre les mains cette possibilité de désigner un nouvel horizon, mais il faut rompe, sans dénégation, avec les images du passé, et transformer le socialisme réformateur et révolutionnaire en un parti qui puisse offrir une vision à long terme de la société en redistribuant les pouvoirs oppressants entre les mains du peuple qui ne peut se passer de ses élites dans la perspective d’un monde que les É.-U. et la Chine sont en train de se partager et qui exige que l’Europe n’en soit pas pour un, le vassal, pour l’autre, un marché à conquérir.
Pour cela il faut créer une dynamique, mais pas sur les bases de nos archaïsmes mêmes s’ils sont justes, mêmes s’ils sont nécessaires pour plus de justice sociale.
Ainsi, la création dans l’urgence du NFP semble y convenir. Mais ne nous y trompons pas sans l’effet catalyseur de la RN, chacun privilégierait encore son parti, et la nomination au siège d’un Premier ministre témoigne de la fragilité de ce rassemblement de partis.
L’urgence n’est donc pas de devenir les gouvernants du pays sans majorité au parlement ni de s’imaginer que la vieille formule de l’augmentation du SMIC, le blocage des prix et la taxation des riches vont changer la donne. Nous l’avons déjà fait et le capital a tout repris.
En l’état actuel de l’Europe et du monde, tout parti qui accédera au gouvernement échouera, car il ne touche pas au fond, émettre la monnaie nécessaire pour financer des activités d’intérêt général, car il ne manque pas de besoins. Affronter les conséquences du changement climatique, la pollution, les changements qu’engage la lutte contre le réchauffement planétaire et le développement exponentiel des nouvelles technologies. Elles entraînent le paradoxe de fragiliser, à la fois, les capacités économiques et les emplois salariés disponibles qui sont la source principale des finances publiques ou du capital privé par la consommation. À ne compter que sur eux, même en accélérant la circulation de monétaire, il n’y aurait pas assez de monnaie disponible pour faire face aux urgences. Le futur exige la réduction du temps de travail et une source de revenus complémentaire indépendante du seul travail, par un enseignement continu des citoyens. L’avenir du monde repose sur les savoirs, et ce n’est pas le jeu des douze coups de midi, aussi sympathique soit-il.
Déjà en 1999 j’écrivais ceci : En 1982, durant mon activité de militant, j’en retirais la problématique suivante. Si dans le futur, par nos nouvelles technologies, dix millions de personnes suffisent au fonctionnement de l’économie, et que l’espérance de vie s’allonge, quelle sera la source de revenus des citoyens ?
Cette idée de création de richesse intellectuelle, source de revenu individuel direct, me revint à l’esprit.
Par les seuls prélèvements sur le travail salarié essentiellement par la consommation quand il est client et non marchand qu’assurent les services publics, les salariés n’auraient plus un sou pour vivre s’il fallait retirer sur eux le financement des défis que discutent les COP. Il en est de même pour les services de santé face aux innovations à venir et autres qui s'engageront face à un vieillissement continu de la population. Le recul de l’âge de la retraite est typique de l'incapacité des gouvernements de droite d'innover au-delà des contraintes européennes et de la finance (agence de notation). Cela démontre les insuffisances des politiques de redistribution qui sont aussitôt récupérées par le capital, comme tout ce qui pourra se faire par quelques partis que ce soit. Réformer cela demande une vision holistique à long terme du développement de notre société dans l’Europe et dans le monde. L’on ne peut pas y parvenir en se préoccupant que du quotidien immédiat, même si cela doit être fait pour satisfaire aux citoyens qui ont pâti des mesures des gouvernements précédents. Il ne faut pas s’imaginer que cela sera un changement de politique de la redistribution. Le capital mettra seulement un peu plus de temps pour récupérer ce qu’il a été obligé de consentir.
Si le NFP veut durer dans le temps et constituer une vision et une espérance pour le monde salarial, ceux qui le constituent doivent avoir un autre intérêt d’avenir que leur seul parti. Nous savons que la redistribution n’a qu’enrichi un peu plus le capital, même si chez celui-ci il y a autant d’inégalité que chez les salariés. À aujourd’hui, le capital reste indispensable pour entreprendre, c’est-à-dire une masse financière pour une réalisation privée ou publique, qu’elle que soit la forme sous laquelle nous la distinguons, la forme de cotisation comme à la Sécu ou les mutuelles et autres assurances, ou sous la forme de prélèvements publics.
Pour mieux comprendre, il faut savoir que le prix client n’est pas le prix du produit, mais celui de toutes les charges et du capital qui a servi à sa production. Nous n’achetons pas le prix d’un produit, mais les besoins économiques de tous ceux qui ont concouru à son élaboration essentiellement salariale. Aucun produit ou service n’a de prix intrinsèque, sa valeur réelle est la quantité d’énergie qu’ont consommé les hommes ou femmes qui ont participé à son élaboration. Quand il nous est promis des rabais, des soldes, des promotions, des prix les plus bas, sachons comprendre que cela conduit à réduire des charges, dont du temps de travail, donc des emplois salariés, puisque le prix client c’est la vie économique de ceux qui produisent. Faire la révolution n’est donc pas prendre le pouvoir politique, pour refaire la même chose plus ou moins équitable, mais donner une valeur réelle de base au travail qui se mesure en énergie, comme nous avons le mètre, le kilo, le litre, etc.
La redistribution du capital historique, financier ou de création monétaire pure retourne toujours au capital par le principe de la loi du marché lors d’un achat par tous les clients. Ceux-ci, qui sont en masse les salariés, sont satisfaits dans leur majorité de ce système de répartition, car la plupart disposent du confort, et de patrimoine qu’ils ont payé trois fois le prix qui leur a été distribué par le capital pour produire un bien ou un service.
Il en est ainsi dans le monde, cela ne tient pas à de méchants capitalistes, mais à des comportements innés que nous partageons avec le vivant. Obtenir pour soi ce dont on a besoin en dépensant le moins possible pour bénéficier d’une plus-value à discrétion.
Vouloir modifier ou changer le capitalisme comme le souhaitent 92 % des citoyens, en se comportant comme tel de nature, n’est pas gagné. Il y a donc toute une philosophie de vie à changer et à élaborer pour le futur en faisant face aux défis de nos conséquences d’économie capitalistique.
Les acteurs du NFP ne me semblent pas du tout prêts à cela arcbouté sur un programme avantageux dont je doute que tous ses acteurs restent toujours d’accord, au-delà de la nécessité qui les ont contraints à sa création. Il sera repris par le capital, car la structure économique est faite pour cela et satisfait aux comportements de nature que nous portons.
Si le NFP veut devenir « la lumière de la nouvelle ère » qui se développe dans le monde, il va falloir qu’ils dépassent le seul marxisme et se mettent à agiter, ce qui fait notre force d’innovation, la pensée associative, car notre monde s’arme et la démocratie recule.
Comme quoi au-delà de la satisfaction militante de suffire au quotidien des citoyens, des enjeux holistiques, qui leur échappe tant l’information est médiocre, demande autre chose que de disserter sur l’incongruité d’un parlement sans majorité