Le marché et la pensé malthusienne


 

Donc si nous considérons encore comme Malthus que des hommes ne doivent pas être invités au banquet, c’est moins par absence de nourriture que des profits qui ne peuvent se réaliser sur cette production, et de ce fait nous gérons notre régulation sur des critères de rapports financiers.

 

Je peux ici rappeler la pensée Malthusienne, «Un homme qui né dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses parents la substance, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couverts mis pour lui. Elle lui commande de s’en aller, et elle met ses ordres à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques convives du banquet ».

 « En partant simplement de l’observation de la nature si nous sommes bien convaincus des maux qu’entraînent un excès de population…. Je ne vois pas comment un homme qui base sa morale sur le principe de l’utilité peut échapper à la conclusion que la contrainte morale (ou abstention du mariage) est pour nous un devoir jusqu’au moment où nous sommes en mesure d’entretenir une famille ».

Pour ceux que cela choque, qu’ils me disent si dans leur quotidien ils n’ont jamais entendu dire «Une guerre réglerait le problème du chômage », «il faudrait une bonne guerre » ou «pour me marier j’attends de trouver un emploi stable », «ce n’est pas tout d’avoir des enfants, il faut pouvoir les élever », etc.

 

Maintenant substituons lui la pensé unique, la loi du marché.

 

Un homme qui né dans un monde occupé par le marché financier, s’il ne peut obtenir de ses parents la substance, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait il est de trop. Au grand banquet du marché, il n’y a pas de couvert mis pour lui. Il lui commande de s’en aller, et met ses ordres à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques convives du banquet.

 

En partant simplement de l’observation du marché si nous sommes bien convaincus des maux qu’entraine un excès de population (dette), je ne vois pas comment un homme qui base sa morale sur le principe d’utilité des marchés peut échapper à la conclusion que la contrainte morale est pour nous un devoir d’accepter l’austérité jusqu’au moment où nous sommes en mesure d’entretenir une famille.

 

Sur quoi repose cette richesse, si ce n’est sur un capital confiance ou une crédulité, dans un puzzle infini de contraintes

Sur quoi repose cette richesse, si ce n’est sur un capital confiance ou une crédulité …

 

Son intelligence a permis à l’homme de découvrir des mécanismes de la connaissance de soi, comme celle de son Univers. Au passage, il créa des sociétés mystiques, démontrant s’il le fallait, que d’un concept paraissant dénué de «réalité» peuvent jaillir des organisations sociales durables, et des courants de pensées omniprésents, mettant en exergue l’indispensable capital confiance ou crédulité suivant les circonstances. Bien que ce que nous appelons mystique ne soit que la perception d’une appartenance concrète à un ensemble dont nous ne pouvons donner une juste définition autrement que par des schémas abstraits mal définis, souvent invalidant d’absolutisme, du fait même de l’Être inachevé que nous sommes qui se bonifiera ou disparaîtra dans la logique de l’évolution.

 

Bien que le mysticisme ne soit que la piètre définition de la compréhension d’un Être intelligent, qui à un moment de son histoire en prenant conscience de la mort, a du vouloir exercer un contrôle sur les régularités qu’il devait observer y conduire, et qui pouvaient n’être que la sélection naturelle de toute espèce vivante, qu’il a borné d’interdits ?

Un mysticisme qui se recompose par les sciences, et nous passera de la crédule confiance à la confiance mesurée sur la route conduisant à l’hominisation.

… dans un puzzle infini.

 

Ainsi, de comportements «naturels » en concepts dits irréels, l’homme s’est construit un monde de connaissance et de savoir, où cohabitent «apparemment » des paradoxes.

Dans le même temps, la connaissance approfondie, le savoir grandissant, les ressources surabondantes, les idéaux et courants de pensées multiples ont complexifié l’organisation et la compréhension du monde.

Par analogie, notre monde ressemblerait à un puzzle en expansion où chaque pièce se renouvelle, se multiplie, varie de forme, de couleur, de place, et modèlerait une image sans cesse changeante. Un puzzle que nous n’avons aucune chance de lire dans son ensemble par notre seul regard, et même si nous nous situions dans une position hypothétique d’observateur, nous ne pourrions observer et comprendre que le passé, car le temps de décoder ce que nous observons, l’image que nous définissons n’existe plus. Si bien que l’étroitesse de notre regard ne nous permet d’exister que par défaut tout en étant partie intégrante du monde objectif. Monde objectif que nous devons percevoir par nos sens, et c’est cet apparent paradoxe qui a certainement donné naissance à la récurrente querelle des matérialistes et des spiritualistes.

 

Pourtant, toute cette complexité peut être formulée par des règles mathématiques, qui sans être absolues, réduisent l’incertitude des probabilités dans la survenance d’un événement, et elles nous ont ouvert la porte à ce que nous ne voyons pas. La loi du marché fait parti de ses règles qui n’ont rien d’absolue

 

 

Aujourd’hui comme hier, le ou les dominants demeurent (les dominants systèmiques), le ou les possesseurs des ressources économiques, et ceci indépendamment des moyens pour y parvenir, qui vont de la force brute à l’intelligence la plus subtile. Je pense à toutes les conquêtes territoriales, comme à toutes les unions et alliances d’intérêts d’hier, et aux concentrations et fusions d’aujourd’hui.

Quels que soient les visages multiples et éphémères qu’ils revêtent, qu’ils soient personnifiés, institutionnalisés ou théorisés, leurs pouvoirs résultent de l’action contraignante exercée sur le ou les groupes communautaires.

 

Par exemple, la Bible relate que le Seigneur a mis toutes choses au service des hommes. Cette contrainte, pour ceux qui l’acceptent, leur retire la paternité de toutes leurs innovations, puisque le postulat énoncé sous-entend qu’elles ne peuvent l’être que grâce à la bienveillance du Seigneur. Dans cet exemple, le dominant Dieu est irréel, et se manifeste par la confiance accordée à un postulat.

Dans celui des théories monétaires, c’est la masse des capitaux qui influencent ou contestent les décisions politiques (les contraint, par ex FMI, fuite des capitaux, la crise financière avec la situation présente) et repose également sur la confiance accordée à un système tout aussi irréel et fictif qu’un dieu, la monnaie, cela dans un parcours historique qui fut long.

 

Ce petit rappel limité de ce que nous sommes, pour  faire comprendre que dans ce puzzle insaisissable, Malthus à posé un postula en 1850 face à une économie où il y avait l’économie du moment avec la population d’alors, et la monnaie disponible de l’époque.

Son postula s’avéra faux, l’existence démontra qu’elle ne s’accommode pas des représentations que nous en donnons, même des modèles déterministes mathématiques qui se veulent mal à propos scientistes comme celui de la loi du marché.

 

La loi du marché fait parti de ces modèles déterministes qui s’effondreront, et nous nous y sommes aliénés par notre égoïsme effréné cherchant par cupidité le moyen d’être toujours plus riche, au point de croire, comme on nous la raconter que les riches « fabriquent » de la richesse. Or aujourd’hui ce sont eux qui demandent aux européens de s’appauvrir.

 

Fabriquer du capital est un moyen comme un autre de grossir la monnaie disponible et de réaliser ce qu’un éparpillement monétaire ne réaliserait pas pour toute une foule de raisons, mais sa répartition reste toujours source de conflits et aujourd’hui c’est d’elle que nous tenons nos difficultés, c’est de la faiblesse des salariés de réclamer leur part, en pensant que ce sont les hommes politiques qui la leur redistribueraient.

Trente ans qu’ils se font élire sur cette promesse, trente ans que pour supprimer le chômage, les gouvernants allègent les charges et les impôts pour favoriser une relance économique qui n’a fait que grossir les marchés financiers et développer les richesses dans les pays émergeant.

 

Trente ans qu’en réduisant les rentrées budgétaires et en les redistribuant aux investissements, ils creusent la dette les uns après les autres. Aucun de ceux qui se sont succédé au gouvernement n’ignorait cela.

Aucun d’entre eux n’ignorait qu’ils étaient dans une fuite en avant que leur politique accéléré le phénomène, dans l’attente d’une croissance hypothétique, que l’on nous a fait miroiter dans tout un tas de secteurs supposés porteurs, les produits dit a haute valeur ajouté.

 

Le soufflé est tombé et les beaux parleurs nous racontent que nous vivons au dessus de nos moyens après nous avoir dépouillés d’une juste répartition de l’énorme effort de productivité réalisé durant toutes ses années.

Nous avons chacun notre part de responsabilité en cela, préférant le storytelling aux informations citoyennes, préférant les infos peoples au débat politique, et j’en passe, sans oublier tous les boucs émissaires que l’on nous a jeté en pâture nous illusionnant que c’est d’eux que venaient nos problèmes, les spéculateurs, les patrons voyous, les traders, les riches, toutes ces histoires, de bête moderne du Gévaudan, faites pour les crédules et les ignorants.

 

Nous allons payer la rançon de notre indifférence et du développement de notre sous culture citoyenne.

J’avais rappelé un jour dans un article «  le retour du mendiant » l’action de Fernand Pelloutier qui fut celui qui lutta le temps de sa courte vie pour l’émancipation des travailleurs, il est donc difficile de constater qu’aujourd’hui, où jamais autant de savoir n’a été disponible, de voir que nous nous sommes aliéné à notre propre cupidité en instaurant un seul mode de création de la dette.

 Cette dette si nécessaire aux projets non rentables, cette dette si nécessaire car nous venons au monde nu et sans le sou. Alors s’il faut que chaque fois ce soit la famille qui partage le repas, il vient un moment comme le dit Malthus où l’on languit que l’autre meure car la part de chacun se réduit de fait. C’est ce que l’on nous propose, car l’on ne peut supprimer les vieux, les chômeurs, en un mot les « entrop » autour du banquet.

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