Les aveugles de Bruegel.
En ce nouvel an au cours duquel les protagonistes du monde politique vont prendre leurs marques et délimiter leurs champs programmatiques, il convient de leurs poser quelques interrogations
Le travail fut longtemps de conception religieuse, en cela il était l’acceptation d’un péché originel inexpugnable.
La transformation du travail s’opère après la guerre et la période de reconstruction nationale, dans la recherche d’un bien-être individuel émancipateur, dans le pas des avancés du front populaire, mis en berne le temps de la guerre et de l’effort national.
Ce sera les années 60 avec son temps fort de mai 68 et les accords de grenelle, le temps de travail diminue du fait des horaires journaliers que des vacances.
Après le premier choc pétrolier le chômage se profile avant de s’asseoir définitivement et durablement à parti de 1982. La recherche dans le travail devient de plus en plus sécuritaire, d’où la volonté de le partager et l’origine des 35h.
Je ne ressors que les grands traits d’une évolution indiquent que nous travaillons de moins en moins et de plus en plus dans la recherche d’un intérêt personnel sécurisé.
Dans la même période l’économie d’après guerre ne suffit plus à maintenir l’emploi, et une réorganisation industrielle s’opère en spécialisant les productions dans les pays ou la matière premiers et sa transformation est plus rentable, c’est la mondialisation qui n’en porte pas le nom dés le début du mandat présidentiel de Mr Giscard D’estain.
Les technologies poussent vers de nouveaux emplois et productions toujours moins utilisatrices de mains d’œuvres par rapport aux capacités de production, et permettent aux femmes de s’y trouver une place de plus en plus grande source d’Independence économique.
Apparaît la notion de nouvelle économie transformatrice des relations des salariés par rapport à l’entreprise, la relation en devient presque schizophrénique, entre l’exigence de l’esprit d’entreprise et celle de citoyen ayant une vie privé. Mais la durée du travail essaie d’occuper le plus grand nombre par sa répartition, même si elle reste inégale.
Dans cette même période la population augmente, mais les actifs diminuent, aujourd’hui environ 4 français sur dix travaillent, dont deux sont des femmes.
La durée de la vie active a diminuée de 11 ans de 1960 à aujourd’hui, et le temps de travail en un siècle a diminué de moitié, aujourd’hui environ 1650 heures dont 1300 effectives.
Ces quelques donnés pour faire saisir qu’aujourd’hui il serait temps de comprendre que nous n’avons pas besoin du travail de tout le monde, mais que tout le monde à besoin d’un revenu.
Voila 30 années que tous nos gouvernants ont fait de l’emploi leur priorité, ceci en vain.
Des esprits chagrins nous expliquent avec de justes raisons la rationalisation de cette constante comme élément de stabilité des salaires et des prix.
Certes, mais ce ne fut que l’exploitation de la conséquence d’un chômage structurel, et non sa source qui se trouve dans la fin d’une économie d’après guerre dans, le redéploiement industriel, dans l’augmentation de la population, dans l’avènement de l’ère technologique.
Aujourd’hui il se poursuivra inexorablement, à moins que nous soyons prêts à travailler gratuitement.
A compté de 1973 j’ai siégé dans une commission paritaire nationale de l’emploi, j’ai suivit comme d’autres la monté inexorable du chômage sans pouvoir l’enrayer.
Ce n’était pas par absence d’espérances, transfert d’activité, compétitivité, investissement, relance de consommation, économie, tout, toute la panoplie des possibilités ont été employé par les uns et les autres, et nous en sommes encore aujourd’hui à ressasser, les mêmes recettes ayant prouvées leurs limites, les mêmes discours d’économistes qui disent détenir la solutions.
Accepterons-nous d’ouvrir les yeux, pas pour le voir, car cela ne se voit pas, mais pour lire dans l’évolution du siècle passé et de celui-ci, que nous n’avons pas besoin dans les pays occidentaux du travail de tout le monde (je n’aborderais pas les difficultés que cela pose).
Nous sommes à un tournant de notre civilisation industrielle, comme tant d’autres sociétés avant nous, n’ayant pas su anticipé cet événement, elles en ont périclité, remplacés par d’autres tel nous les européens, remplacés ensuite par les USA qui se feront supplanter par l’Asie, et eux, à leur tour par d’autres tant qu’il existera un gramme de matière première.
En 1982 j’ai formulé une problématique devant le chômage qui s’incrustait :
- Si dans le futur, grâce aux nouvelles technologies, dix millions de personnes suffisent au fonctionnement de l’économie, et que l’espérance de vie s’allonge, qu’elle sera la source de revenu des citoyens ?
Les solutions apportées par l’intégration de l’homme dans le marché, par le consumérisme, par le Tout marchandisage, n’a fait que le jeu de la concentration financière sans autre utilité que tourner dans des ronds spéculatifs.
Dans les futures propositions économiques des politiques nous aurons deux jeux, l’un à la baisse, travailler plus, économiser, se désendetter, l’autre à la hausse, se répartir la richesse, relancer la consommation.
Dans les deux cas le chômage durera s’il ne s’accroit pas, pour ne parler que de celui officiel.
Il ne s’agit pas de faire un concours de solutions pour un fauteuil présidentiel de pantin que porte le marché financier, mais d’emmener le peuple vers un avenir à inventer et plein de dangers.
Mais pour cela il ne faut pas seulement regarder autour de soi, mais traduire les événements qui se produisent pour trouver la réponse qu’ils suscitent.
Mais tels les aveugles de Bruegel nous marchons dans les traces des uns des autres, incapables d’ouvrir les yeux pour pouvoir nous en écarter