Nous ne pourrons pas survivre à une société qui ne réduit l’existence humaine qu’à une valeur comptable
J’ai eu l’occasion d’écrire sur ce média que la pollution enterrerait définitivement l’axiome d’Adam Smith, comme elle va de la même manière mettre un terme à la croissance exponentielle de cette société capitaliste. Ce n’est jamais en conscience que les transformations s’opèrent, je ne crois pas qu’aucune des civilisations qui se sont éteintes, aient programmé leur déclin, voire elles devaient certainement penser comme nous que leur élites trouveraient la ou les solutions aux problèmes qui devaient entrainer leur extinction.
C’est en substance l’espérance qu’a formulé Claude Allègre sur la croissance du futur dans une émission de Taddéï.
Si je partage en parti son optimisme ce n’est pas sous le même angle. Je l’ai déjà écrit dans un article, la nécessité de s’ordonner et d’être créatif génère des modèles clos qui ne peuvent apporter une solution aux problèmes qu’ils créaient.
Or face à ce lui du développement de la pauvreté, de la pollution, de l’épuisement des ressources, et l’augmentation de la population nous faisons comme ces anciennes civilisations nous postulons sur la valeur de l’élite actuelle qui sans dénier leurs compétences sont des êtres aux cerveaux bloqués par un modèle économique qui leur impose une rentabilité financière, pour maintenir la puissance des oligarchies marchandes qui dirigent le monde.
Nous entendons dire également qu’après tout nous irons chercher nos matières premières sur d’autres planètes. Pour ceux qui s’intéressent un peu à cette recherche au rythme de la croissance mondiale nous aurons épuisés nos ressources essentielles avant même d’avoir pu extraire un gramme de quelque minéral que ce soit.
Jean-Marc Jancovici dans cette même émission rappelait, que même l’uranium s’épuisera. La réserve disponible s’élève à environ quatre-vingt ans. C’est peu pour faire durer une civilisation capitaliste quand l’on pense que la civilisation Romaine à duré 1000 ans et l’égyptienne 5000.
Il devient donc facile de comprendre que ce n’est pas en restant sur la base des nos modèles, qui bloquent nos esprits et sont la source de nos maux que nous apporterons une solution pacifique aux changements qui se dessinent.
C’est d’une certaine manière le débat entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Les premiers ont des chances de tomber par hasard sur une application innovante, les autres élimineront toutes celles qui ne sont pas porteuses à court terme d’un profit commercial. Et comme c’est sur ces derniers que nous comptons, nous limitons de fait nos chances de nous en sortir.
Plutôt que de former des scientifiques curieux, nous fabriquons des spécialistes de l’industrie, ce n’est point qu’il nous en faille, mais ils ne sont innovants que par un modèle comptable.
À l’examen de nos désirs il existe un marché de croissance sans limite pour plus de 6 milliards d’individus et demain plus de 9. Sur la base de nos indicateurs de croissance en une année nous aurions épuisé toutes nos ressources et pourri la planète au point d’en affecter la vie biologique.
De fait le futur sera fait d’une décroissance éthique qui posera un problème existentiel, que feront de leur existence les individus s’ils ne peuvent s’épuiser à consacrer une partie de leur vie
à produire.
Je me suis interrogé un jour sur ce sujet en constatant que l’on avait pas besoin du travail de tous, compte tenu de notre technologie disponible, et plutôt que d’inventer des services et des
productions futiles pour maintenir une croissance pourvoyeuse de revenus pour les uns et de profits pour les autres, il serait plus judicieux de modifier notre relation au travail et de préparer
nos esprits à faire face au défi du futur qui sera la disparition des ressources sur lesquelles repose notre croissance.
Pour ce faire il ne reste que le même moyen que celui qui a prévalu au développement du capitalisme, le développement du savoir, car c’est de lui que nous retirons notre prospérité, sur laquelle des gens avides se sont endormis laissant après eux le déluge.
C’est faire de l’enseignement tout au long de l’existence une occupation existentielle, est un moyen d’avoir une activité rémunératrice, et trouver dans l’esprit des enseignés les solutions qui pérenniseront la vie de notre espèce et de la diversité du monde.
C’est certes un peut plus ambitieux que la taxe Tobin ou celle au carbone, car elle ne s’appuie pas sur le porte monnaie mais sur le lieu où se trouve la capacité humaine via ses sens, le
cerveau.
La matière et l’esprit ne sont pas dissociables.
La pollution montre les limites du matérialisme actuel, puisque c’est l’esprit de recherche qui est capable de déceler avec ses instruments ce que nos sens insuffisants ne peuvent voir ou sentir,
même si certains ont tiré de la production de ces outils une ressource et des profits.
Pour terminer sur une histoire légendaire, il semblerait pourtant au regard de l’histoire que nos prédécesseurs n’aient pas su construire solidement leur tour de Babel, peut-être comme nous n’ont-il confié cette construction qu’à des marchands avides de gains et de grandeurs suffisantes.
Nous ne pourrons pas survivre à une société qui ne réduit l’existence humaine qu’à une valeur comptable. C’est ce qui nous est le plus difficile à comprendre.
Ce qui démontre que notre problème n’est qu’une énième représentation, dont le pire n’est pas la décroissance mais la régression et le cloaque. Il y a de nouveaux paradigmes à trouver, ils ne peuvent venir du monde politique qui c’est vassalisé, et le plus grave est que si un utopiste détenait la clé du futur il serait ridiculisé et écrasé par la puissance médiatique des dominants.
Aussi, l’absence de débat philosophique ou idéologique, une information médiocre et un asservissement à l’entreprenariat n’augurent pas une proche solution. Il y a bien Artus, Hulot et quelques autres : qui sait ??
Ne voyez pas dans mon article un quelconque pessimisme, il y a des avancés technologiques innovantes comme la centrale osmotique Norvégienne, pourvu que l’argent ne vienne pas s’ajouter aux difficultés techniques de ce projet, comme pour le projet américain « Futuregen » cité dans mon article « pourquoi il ne faut rien attendre du G20 ».
Nous ne manquons pas de projets technologiques seulement de projet humain.