Le JT de CONS
Ce titre me sert de leitmotiv symbolique à la critique de la transformation médiatique et de l’endoctrinement des masses par une information uniforme et manipulatrice.
Référence culturelle.
J’ouvre mon texte sur l’évocation du « Dîner de cons » comme symbole d’une comédie où des élites se jouent d’un « prolo ». Je détourne cette image pour dresser le parallèle avec la manière dont l’information est conçue depuis les années 1990.
Réorganisation de l’information.
Une refonte de l’information s’est opérée à partir de cette période, en s’appuyant sur une utilisation primaire et émotionnelle du message. L’objectif étant de maintenir les citoyens occidentaux dans une « inculture » volontaire, en étouffant la critique intellectuelle et en renforçant une vision libérale-capitaliste.
Chacun doit se souvenir du « Diner de cons », une comédie culte où des élites invitent un prolo.
Nous vivons la même chose depuis les années 1990 avec la réorganisation de l’information dans l’utilisation très primaire de l’émotion humaine pour maintenir les citoyens français et les populations occidentales dans une inculture sclérosant la critique intellectuelle.
Non parce que les uns ou les autres manqueraient d’intelligences, mais parce qu’il s’agit d’une stratégie d’acteur pour maintenir les populations dans une occidentalisation de la pensée libérale capitalistique dans laquelle, ce sont les détenteurs de Capitaux qui dirigent l’organisation productive fondamentale aux fins d’enrichissement auquel les dirigeants des États occidentaux veillent.
Nous assistons au Jeu des Émotions en Politique autour d’une stratégie d’endoctrinement.
La transformation de l’information repose sur la manipulation des émotions. Ce procédé vise à éviter toute réflexion critique et renouveler le contrôle sur les masses, non par manque d’intelligence, mais par une stratégie volontaire.
Son impact sur la pensée favorise l’uniformisation des contenus, les médias limitent le pluralisme des points de vue et induisent une occidentalisation de la pensée, au service d’intérêts économiques et politiques privilégiés.
De la sorte tous les jours, matin et soir, les citoyens occidentaux sont invités au JT de cons. Des émissions comme Arrêt sur images, créées par Daniel Schneidermann en 1995, justement conçues pour analyser et critiquer ces dérives médiatiques ont été retirées de l’antenne en 2007, mais elle continue son travail de déconstruction des narrations médiatiques sur son site web. Des organisations comme Acrimed (Action Critique Médias) analysent régulièrement ces phénomènes et dénoncent la surreprésentation de certains sujets au détriment d’une information équilibrée.Un autre facteur influençant le traitement de l’information est la concentration des médias entre les mains de quelques grands groupes industriels et financiers. Ce contexte limite la diversité des points de vue, et favorise une uniformisation des contenus. Il existe tout de même des cartes et listes de médias indépendants, comme celle proposée par Reporterre, permet d’identifier des sources d’informations alternatives https://reporterre.net/spip.php? Une analyse des journaux les plus lus publiés par The Média Leader ne contient pas de journaux indépendants d’informations.
Mais globalement en France, 96 % des citoyens suivent les informations nationales sur les chaînes et sur les sites de ces chaînes ou des autres médias qui ressassent tous les mêmes sujets d’informations bien qu’il y ait de nombreuses agences de presse.
Mais trois d’entre elles sont mondiales et généralistes, car elles sont présentes dans la plupart des pays et fournissent des informations dans tous les domaines.
Il s’agit de l’Agence France-Presse (France), de Reuters (Royaume-Uni) et d’Associated Press (États-Unis). Le pluralisme des médias ou de l’information, c’est la diversité des sources d’information, mais aussi le fait que l’on puisse accéder à une diversité d’analyses et de visions du monde et de l’actualité.
De fait la concentration médiatique entre les mains de quelques groupes financiers et industriels restreint la diversité de l’information, et engendre une Perte du Pluralisme malgré l’existence de multiples agences de presse. L’exemple concret de l’émission « Arrêt sur images » – créée en 1995 par Daniel Schneidermann – illustre bien cette lutte contre ces dérives. Malgré son retrait de l’antenne en 2007, son travail de déconstruction médiatique perdure sur Internet. Des organisations comme Acrimed contribuent également à dénoncer la surreprésentation de certains sujets.
Influence médiatique d’une Emprise de l’Information.
Aujourd’hui, l’information détient une influence sans précédent sur la pensée et exige de plus en plus de compétences pluridisciplinaires, pour ne pas se laisser abuser, afin de dépasser l’endoctrinement émotionnel, quel qu’il soit. Cette influence sur les comportements et les perceptions des citoyens s’observe quasiment uniformément en occident, à des pourcentages variant.
Stratégie quotidienne.
Ce JT de cons diffusé matin et soir depuis plus de 34 ans a eu des aboutissements que nous mesurerons plus facilement aujourd’hui avec le recul du temps. Il conditionne les citoyens à absorber une narration uniforme qui, volontairement ou non, écarte toute critique intellectuelle progressiste.
Il ne s’agit pas par là de mettre en cause le professionnalisme des journalistes ni l’intégrité des populations qui réceptionnent naturellement les sollicitations médiatiques avec leurs instincts sensoriels. Puisque c’est celui-ci qui est régulièrement ciblé et sollicité tous les jours de manière volontaire et organisée, pour éviter la critique intellectuelle progressiste et civilisatrice.
L’exmple des Escrocs.
Je ne prendrais qu’un seul exposé, les escrocs, où la Manipulation des récits illustre comment la médiatisation de la victimisation mène à une réaction émotionnelle qui, à son tour, justifie des mesures sécuritaires renforcées.
Les escrocs ont existé de tout temps, certes l’on peut abuser les naïfs, mais généralement ceux qui sont abusés, sont aussi les acteurs de leur propre destin, fréquemment par cupidité, en espérant une affaire juteuse. Hormis qu’aujourd’hui il est interdit de dire que ces personnes se sont laissées emporter par leur naturel instinctif de possession, comme chez toutes les espèces, qui porté à l’excès se qualifie de cupidité. C’est sur cela que comptent les escrocs, pour annihiler une réflexion intelligente d’analyse.
Le récit médiatique dans les chaumières émeut les citoyens en leur faisant pleurer sur le sort de ceux et celles qui ont perdu, bien souvent, des économies durement acquises, et auxquels ils s’identifient, avec en filigrane l’idée que « cela peut vous arriver ». S’emparant du sujet, les commentateurs de tous horizons blâment cet Internet qui multiplie les victimes, mais passent sous silence la part de responsabilité que la victime elle-même prend dans son propre drame, par ignorance ou par cupidité.
Alors, la foule, ministre de l’Intérieur en tête, réclame plus de forces de l’ordre, plus de sanctions, plus de prisons. En 1998, j’ai dénoncé cette orientation primitive du besoin naturel de sécurité humaine, qui se pratique dans un cadre législatif depuis environ quatre mille ans, sans aucune avancée de fond, si ce n’est d’avoir humanisé les peines, peines que certains voudraient aujourd’hui voir redevenir plus sévères.
Manquons-nous de pensée associative et de recul historique pour comprendre que la répression n’a jamais éduqué qui que ce soit ? Nous est-il interdit d’instruire la population à travers une analyse critique des risques que nous font courir nos propres instincts, devenus mortifères sous l’influence du développement civilisationnel technologique ?
Car tous ceux qui veulent tirer profit de l’ignorance ou de la cupidité des populations comptent sur elles. Et, ces dernières années, les politiciens s’appuient sur cette réalité pour se faire élire !
Nous assistons alors à une véritable comédie théâtrale, où l’on met en avant les drames vécus par les victimes, entretenus par des communicants de la presse et du monde politique. Ils présentent cette problématique sécuritaire comme une nouveauté, que nous allons résoudre par la baguette magique de la technologie, technologie que nos ancêtres Sumériens n’avaient pas.
Aujourd’hui, nous ne pouvons faire l’économie du savoir. Si nous rechignons instinctivement à nous comparer aux animaux, la science met pourtant à notre disposition l’organisation biologique de l’humain pour comprendre quels sont les comportements innés qui dirigent nos relations socio-économiques. C’est ainsi que nous pouvons analyser comment, par la sémantique, le pillage séculaire s’est humanisé pour devenir un commerce accepté par tous : celui de l’exploitation salariale, orchestrée par les dominants systémiques d’aujourd’hui. Autrefois, le glaive était l’outil de domination ; aujourd’hui, c’est la monnaie, après une évolution relativement courte, géologiquement, de quelque 8000 ans, depuis la cité d’Uruk.
Une double responsabilité.
Cette regrettable manipulation d’une infortune met en lumière la part de responsabilité des victimes, souvent attirées dans leur propre drame par ignorance ou cupidité. Ce mécanisme alimente le cycle de l’endoctrinement sécuritaire qui en découle.
Nous sommes donc face à une escroquerie intellectuelle qui traverse tous les États du monde, car elle repose sur notre soumission aux émotions instinctives propres à l’humain. Il existe un abîme à franchir pour, grâce à l’intelligence dont nous disposons tous, ne pas céder aux appels incessants de la presse ou des politiques de droite et d’extrême droite qui cherchent à réveiller cet « animal » en nous.
Cet endoctrinement se retrouve partout, y compris dans la presse occidentale et, sans doute, dans celles des autres États. Son rôle est de maintenir les structures politiques et économiques qui bénéficient à ceux qui les soutiennent, tandis que d’autres les subissent, en conscience ou non.
Ainsi, plusieurs stratifications sociales sont visibles dans le monde salarial, où les investisseurs capitalistes accordent 100 à un salarié en quête de revenu pour produire un bien ou un service qu’ils lui revendront ensuite à 300. Cette logique d’exploitation va de pair avec la violence sociétale économique, qu’elle soit individuelle ou institutionnelle.
Cette soumission semble convenir à une grande partie des populations, où la « déresponsabilisation » sociétale est manifeste. Cette infantilisation se traduit par une acceptation passive de la domination et par une discipline sociale qui conduit, sous l’égide de la démocratie, à élire des « oppresseurs » économiques. L’information entretient l’illusion que chacun peut appartenir à ce cercle restreint, alors que la constitution en Scops (Sociétés coopératives et participatives) demeure marginale.
Paradoxalement, tout au long de l’histoire, ces mêmes populations ont constamment démontré leur capacité créative, leur savoir-faire et leur aptitude à l’innovation. Pourtant, elles restent enfermées dans une soumission à l’exploitation et ce n’est ni le fait du hasard ni le fait de leur volonté. Il n’est plus temps d’ignorer ces mécanismes, comme l’avait déjà perçu La Boétie en son époque. Se libérer de ceux qui asservissent leurs égaux Humains me semble conduire vers cet adulte sociétal pour s’ouvrir vers des comportements interpersonnels sociaux économiques civilisés. Nous ne sommes pas civilisés parce que nous nous avons voitures et frigidaires, mais parce que nous sommes capables de développements singuliers et équitables dans un monde interdépendant sans exclusive. Ce n’est pas ce message que délivre l’information dans sa structure adoptée depuis 1990. Inverser celle-ci demande d’en avoir conscience, et ce n’est pas garanti pour ceux qui sont nés avec.
Nous vivons donc avec un Modèle d’Exploitation Capitaliste facteur d’inégalité et de violence que nous perpétuons pour conserver la recherche permanente de plus-value en ayant institutionnalisé dans le monde salarial une répartition des revenus asymétriques favorisant les capitalistes, dont l’histoire démontre qu’elle n’est qu’un paradigme de comportements innés, nous pensant civilisés pour l’avoir redéfinie et humanisée.
« L’Infantilisation » politique de la Population diminue l’esprit critique et la soumission aux messages médiatiques réduit la capacité de la société à se penser autrement. Dans le dilemme de classes, l’analyse se décline ensuite en trois catégories :
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Les hauts salaires qui, malgré leur lucidité, choisissent un mode de vie frugal,
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La classe moyenne, consciente de son exploitation et de l'impact de l'inflation, mais démunie face aux vecteurs de changement.
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Les classes populaires, souvent poussées vers des discours populistes (comme ceux du Rassemblement national), qui dénoncent une réalité qu’elles subissent tout en acceptant la logique de l’exploitation.
Devenir un adulte sociétal signifierait être un partenaire des découvreurs et partager les responsabilités économiques, en étant capable de réaliser avec les revenus du travail commun, le capital nécessaire à la pérennisation de l’entreprise partagée, comme dans les Scops, et garantir les financements des services publics que nous confions au pouvoir national ou local.
Or nous constatons que les populations consomment les revenus qu’elles reçoivent et rechignent à en consacrer une part au bien commun privé ou public pour en conserver un usage égoïste.
Il y a ceux qui savent cela, et en sont partisans dans la mesure où ils vivent chichement avec de hauts salaires.
Ensuite, il y a la classe moyenne qui l’ignore encore dans sa majorité tout en ayant en conscience le sentiment de tout payer, frappé de plein fouet par l’inflation, exclue des dispositifs d’aide destinés aux plus modestes et sans perspective d’ascension sociale. Les classes moyennes, lasses et déprimées, sont usées par le JT de cons. Si bien qu’au lieu d’user de l’intelligence dont elles disposent se tournent alors par fainéantise intellectuelle vers le Rassemblement national, traditionnellement plutôt ancré dans les milieux populaires, qui soutient ce modèle d’exploitation, tout en se plaignant de la violence qui l’accompagne, comme tous les partis de droite qui se sont succédé au pouvoir y compris les sociaux-démocrates du PS.
Enfin, les classes populaires qui acceptent ce sort et réclament des emplois et augmentations de salaire qu’elles achèteront trois ce qu’elles auront reçu du capital.
Le pire étant régulièrement lors des débats sur le budget de l’État, la culpabilisation des citoyens au travers de la dette. Le pouvoir d’une manière récurrente cherche des économies en faisant des coupes dans les comptes sociaux, les services de l’État et les collectivités territoriales.
Là encore, la presse se presse de rapporter toutes les enquêtes qui mettent à jour les abus qui y existent dans ces services, par exemple. Pour 2023 ils atteignaient 13 milliards d’euros (soit 7,2 milliards de fraudes des employeurs aux cotisations (URSSAF et CCMSA) et 5,8 milliards de fraudes des salariés aux prestations) sur un budget de 672 milliards d’euros de recettes recouvrées en 2023.
Cela représente 1,4 % pour les employeurs et 0,86 % pour les ayants droit.
Ces chiffres, qui varient en plus ou moins suivant les années, sont conformes à la régularité d’abus qui s’observe tous les ans. C’est une illusion que d’espérer les résorber comme nous le laisse croire le pouvoir, et c’est de la désinformation quand il présente ces fraudes comme cause du déficit. L’intention, du et des pouvoirs, est ailleurs.
Sauf, que la presse et des hommes politiques nous en serinent les oreilles, afin de conduire par l’émotion ressentie des citoyens, et renforcée par certains partis d’extrême droite, que cette émotion moralisatrice emporte leurs acceptations de diminution de prestations et de remboursement.
C’est à cela que sert la stratégie de l’émotion. C’est la culpabilisation par la dette et je souligne comment la stratégie de coupure des comptes sociaux, des services publics et des collectivités territoriales se double d’une culpabilisation des citoyens face à la dette publique. Cette approche sert à légitimer, auprès du grand public, des mesures d’austérité et des réductions de prestations que réclament les investisseurs et employeurs pour diminuer leurs charges.
La Stratégie de l’Émotion dans la Narration Politique a un impact sur le quotidien et la réflexion collective. En concentrant l’attention sur des drames financiers et des chiffres chiffrés, l’espace public se voit dépossédé des questions existentielles et prospectives sur l’avenir. L’attention se porte alors sur l’immédiateté, reléguant au second plan les réflexions sur les conséquences de nos actions quotidiennes – une tendance qui trouve un écho dans le baromètre du CEVIPOF 2025.
De cette manière, concentrés naturellement sur notre quotidien, les questionnements existentiels sur l’avenir en tant que conséquence de nos actions quotidiennes ne passionnent plus la plupart des citoyens. En conséquence, des événements qui se développent au quotidien et préfigurent ce que pourrait être notre avenir, autre que l’exploitation capitaliste, sont marginalisés.
C’est ainsi, que les dominés, comme des êtres soumis à l’inné de tout temps, au lieu d’utilisé la pensée associative dont chacun dispose, restent inconsciemment accolés à leur destiné, en attendant un dominant salvateur. Nous retrouvons ces tendances dans le baromètre du CEVIPOF 2025, particulièrement leur avis concernant la démocratie, n’ayant toujours pas compris que c’est leurs engagements sociaux politiques qui la fait vivre. Cela est à l’opposé de leurs opinions sur les partis politiques et syndicats.
Une confiance dans la politique en berne.
La France se distingue par son niveau de confiance extrêmement faible envers la politique. Seuls 26 % des Français déclarent avoir confiance dans la politique. La défiance est particulièrement marquée envers le gouvernement, qui n’inspire confiance qu’à 23 % des Français.
Les chiffres sont également peu encourageants pour les personnalités politiques : seuls 27 % des Français font confiance à François Bayrou. 74 % considèrent que le personnel politique est corrompu.
Un rejet profond des institutions nationales
La confiance dans l’Assemblée nationale atteint un niveau historiquement bas, avec 24 %, soit un retour à son niveau de décembre 2018, au plus fort de la crise des Gilets jaunes.
L’écart entre la politique nationale et la politique locale reste prononcé : 61 % des Français font confiance à leur maire, contre 40 % aux députés, 27 % au Premier ministre, et seulement 23 % au président de la République.
J’apprécie particulièrement cette mise en lumière du décalage entre la confiance envers la politique à l’échelle locale et nationale. Le fait que la population privilégie la proximité du maire par rapport aux institutions nationales démontre toute l’ambiguïté d’un système perçu comme déconnecté de la réalité quotidienne. Ce fossé se traduit par une montée du désir pour un pouvoir plus autoritaire, révélant la vulnérabilité citoyenne face à un discours simplifié global qui exploite l’émotion.
Une perception marquée par la méfiance et le découragement.
Le climat général est dominé par des sentiments négatifs : 45 % des Français expriment de la méfiance, 40 % de la lassitude, 35 % de la morosité.
A contrario, seuls 15 % ressentent du bien-être, 14 % de la sérénité, et 13 % de la confiance.
Une crise de légitimité politique.
La perception de la classe politique est particulièrement critique : 52 % des Français considèrent qu’il n’y a pas de quoi être fier de notre système démocratique. Seuls 28 % des Français estiment que la démocratie fonctionne bien.
La confiance dans les partis politiques continue de reculer, avec seulement 16 % de confiance, soit une baisse de 4 points par rapport à l’an dernier. La confiance dans les syndicats est également en déclin (−3 points), passant de 40 % à 37 %.
Vers une aspiration à plus d’autorité.
Le Baromètre met en évidence une montée de l’attrait pour un pouvoir plus autoritaire : 48 % des Français estiment que « rien n’avance en démocratie, il faudrait moins de démocratie et plus d’efficacité », 41 % approuvent l’idée d’un « homme fort qui n’a pas besoin des élections ou du Parlement », un score inégalé depuis 2017, 73 % souhaitent « un vrai chef en France pour remettre de l’ordre ».
Une mise à distance croissante de la politique.
L’absence de Vision et Information Médiocre pointent sur les constats d’une situation où l’immédiateté médiatique et les débats superficiels supplantent une réflexion visionnaire à long terme. L’information, en se concentrant sur l’émotion et l’immédiat, participe à un désengagement des citoyens des enjeux existentiels et des projets collectifs pour l’avenir.
Enfin, face au « chaos politique actuel », 65 % des Français préfèrent se détourner de la politique et se concentrer sur leur vie personnelle.
La porte au fascisme n’a jamais était aussi grandement ouverte, 65 % des citoyens en toute ignorance sont devenus de la graine de dictature, dans un mouvement enclenché par la présidence de Sarkosy qui a tiré la droite vers son extrême. La situation en France est la conséquence directe d’une absence de vision de l’avenir, faute de n’avoir que des informations médiocres et des débats entre politologues qui n’ont pas de grain à moudre pour l’avenir, absorbé par l’immédiateté et le taux d’audience.
Enfin, cette critique que je formule sur l’absence de débat existentiel et la perte de vision à long terme dans notre société est particulièrement inquiétante, tant en France que dans le monde à l’excéption des fondamentalistes déconnectés de la réalité des œuvres existentielles et universelles du dieu auxquels ils croient. Dans un contexte où l’information est axée sur l’immédiat et sur des scénarios alarmants, il apparaît que la population se détourne de toute réflexion qui pourrait nourrir une vision plus éclairée et collective de l’avenir. Cela aboutit à un désengagement politique qui, à terme, ouvre la porte à des dérives autoritaires. Je nous invite à repenser notre rapport à l’information, en questionnant la nature des débats qui nous sont présentés et en nous interrogeant sur notre capacité à conserver une perspective critique face à des récits médiatiques qui exploitent nos émotions.
L’information doctrinaire joue sur des ressorts complexes.
Rôle des médias et collectifs.
La stratégie de l’émotion est un dispositif orchestré par des journalistes et acteurs politiques que je qualifie parfois d’hypocrites ou de comédiens, quand c’est en conscience qu’ils canalisent l’empathie et la compassion dans le but de maintenir un climat d’insécurité profitable à une audience lucrative et élective. Dans les faits situer les responsabilités initiales de ce choix politique à partir de 1990, n’est pas la mise en place d’une volonté, mais la conséquence de la victoire du capitalisme sur le communisme et l’absence d’espérance sociétale sur laquelle se porter.
L’émotion.
Nous avons une diffusion à profusion de drames, de crimes et délits, car L’émotion attire l’attention.
Les faits divers (meurtres, accidents, violences, etc.) provoquent de fortes réactions émotionnelles (peur, indignation, tristesse). Cela capte l’attention des téléspectateurs plus efficacement que des sujets "froids" ou positifs, comme des sujets qui engagent l’avenir de l’humanité, le réchauffement climatique, la réduction du travail marchand, l’existence d’arme de destruction massive, le surarmement en cours, l’augmentation de la pauvreté, etc.
L’audience prime
Les médias, surtout les chaînes privées ou commerciales, vivent en grande partie des audiences et donc de la publicité. Plus un sujet choque ou intrigue, plus il est vu, il devient donc plus rentable. J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire. En 2021 il y a eu 3 270 442 crimes et délits, en 2022 - 3 568 359, en 2023 - 3 452 311, en 2024 – 3 501 385, ainsi sur cette quantité stable depuis 1995, excepté 2002, ce sont donc biens le choix de faits divers émotionnels capables de bouleverser les citoyens qui sont triés et sélectionnés, avec l’aval du pouvoir, de la police et gendarmerie, qui affirment depuis 1791 la création de la gendarmerie, résorber les crimes et délits, sans jamais toucher aux sources économiques et sociologiques qui en sont à l’origine au travers de la Rareté qui perdure dans le monde.
Facilité de traitement
Les faits divers sont souvent faciles à raconter : il y a un début, une intrigue, un dénouement, parfois un coupable. C’est un format narratif efficace, produisant l’effet attendu même en peu de temps. De plus aujourd’hui avec les caméras de surveillance et les portables, si elles n’évitent pas les crimes et délits, elles fournissent l’occasion de diffuser un spectacle de la réalité qui n’implique pas l’usage de notre intelligence, mais notre voyeurisme. Ainsi, les téléspectateurs n’ont qu’à se laisser porter par l’image, et sans réflexion conclues de manière erronée à une aggravation, alors que la violence s’adapte et utilise les moyens technologiques disponibles.
Ressort psychologique.
Que "les pires choses arrivent ailleurs" donne parfois un sentiment de sécurité à ceux qui regardent, c’est le besoin de se rassurer. Cela renforce l’idée que le monde est dangereux, mais que "chez soi, on est en sécurité." D’où la progression de l’idée d’enfermement dans ses frontières et un retour vers le nationalisme. Mais également concernant les crimes et délits une véritable manipulation entretenue par tous ceux qui politiquement retirent un avantage ou espèrent retirer un avantage d’informations anxiogènes, qui, pour 54 % des Français créaient de l’insécurité et pour le pouvoir une mise en valeur des ministres de l’Intérieur. Depuis Charles Pasqua, les ministres de droite, ont une activité marquée par la répression des manifestations, dans la pure tradition conservatrice séculaire du pouvoir des riches, et mènent des actions contre le terrorisme, l’immigration et limitent la nationalité française.
Un fait d’actualité.
Bruno Retailleau le ministre actuel de l’intérieur ne faillit pas règle, il propose la dissolution de deux associations, une qui lutte contre l’extrême droite et le fascisme et une qui soutien Urgence Palestine.
La récurrence des dérives lors de manifestations emporte les convictions d’extrême droite, au point que s’opposer dans la rue au fascisme devient inacceptable pour un ministre qui n’a jamais caché ses convictions conservatrices.
Une association La Carmagnole titrait : La rue appartient à celles et ceux qui défendent la justice, l’égalité, la solidarité et l’émancipation de toutes et tous. C’est cela que le pouvoir leur reproche.
Chaque ministre de l’intérieur depuis 1999 se doit d’être auprès des victimes, de les rassurer et de leur assurer l’infaisabilité d’une réponse adaptée. La stratégie de l’émotion, jouée par les journalistes et autres déclenche empathie et compassion de citoyens bienveillants. C’est cette organisation structurelle, démontré par le site « info sans info », que suivent en inconscience certains, en étant réceptifs à des informations qui au fond ne sont que stratégie d’acteurs hypocrites et de parfaits comédiens. Nous sommes abreuvés de données analytiques autour desquelles les partis se querellent, sans que cela change la tendance de fond que j’ai mentionné, et ce depuis 1995. Mais aucun média ne semble juger utile de le mentionner, préférant servir la cause de l’insécurité source de discours fascisants et régressifs pour de lucrative audience.
L’attention.
Une fin essentielle dans l’information doctrinale. Capter l’attention sur des sujets émotionnels pour entourer, cerner des sujets sociétaux dont la réflexion intellectuelle qu’ils engagent est submergée naturellement par le souvenir des sujets émotionnels. Succomber à cela n’est pas un reproche, car nous n’échappons pas facilement à nos instincts. Le site, « info sans info » qui a disparu du Net, décortiquait cette organisation annihilante, sur la deuxième chaîne, avec comme présentateur David Pujadas. Pour autant le recordman dans ce domaine fut Sarkosy, tant comme ministre de l’Intérieur que comme président. Avec lui l’info du JT de cons étaient renforcer.
Une tradition médiatique.
Historiquement, les faits divers n’ont pas toujours eu une place aussi grande dans les médias, journaux, radios ou télévision. Il est commun de dire, ils ont évolué avec la demande du public. Si cela est exact avec le souci de la rentabilité, la fin inavouée est toute autre.
Historiquement l’évolution et finalités inavouées, par le choix induit de la place grandissante des faits divers n’est pas uniquement le résultat d’une demande populaire ou de la quête de rentabilité. Elle reflète en réalité une stratégie de transformation de l’information amorcée dès la fin de la guerre froide, visant à exploiter la manipulation étatique et à maintenir une forme de « fracture intellectuelle ».
L’on ne réforme pas l’information à partir de 1990 pour le plaisir d’une réforme, mais pour poursuivre une ou des fins. L’occident dans son ensemble tirait les conséquences de la disparition de l’URSS. Nous connaissions celles politiques, moins celles dont l’information est devenue l’instrument de « manipulation » étatique. Et cela existe depuis que le fou du roi se promenait dans la ville pour informer son maitre.
Il n’y a donc rien d’anormal, ni de quoi jouer les pucelles apeurées, si ce n’est de faire état de son inculture. Les citoyens et les peuples du monde ne choisissent pas d’être incultes, c’est un état naturel. La culture, elle, est un choix civilisationnel pour comprendre la conséquence de nos actions sur l’avenir du monde avec lesquelles l’Humain évoluera. Il est dans la nature de tout Humain à tout âge de considérer qu’il en sait assez pour vivre son quotidien. Sauf qu’aujourd’hui c’est un point de vue suicidaire de penser que c’est notre ignorance présente qui va satisfaire nos désirs qui dépassent les seules connaissances du Baccalauréat.
La fracture intellectuelle et la manipulation de la conscience par la diffusion constante de faits divers émotionnels, associée à une information superficielle, contribue à renforcer une forme d’inculture politique et économique.
Cette inculture est démontrée, d’une part par le baromètre du CEVIPOF, qui nous révèle les prémices d’une dictature voire une autocratie. Exception faite de ceux qui suivent la vie politique. Ils connaissent l’enjeu de l’information et la place du capital dans l’ensemble des décisions sociales économiques. Pourtant il n’est pas acquis qu'ils aient tous la conscience que nous ne vivons que les conséquences de cette inculture politique et économique des peuples. Elle n’est que la continuité de ce que j’avais qualifié en 1995 de fracture intellectuelle.
L’inquiétante jeunesse.
La jeunesse de 18 à 34 ans n’est pas une entité unique et homogène. Des fractures sociales et politiques la traversent qui produisent des réponses électorales différentes, explique Sciences Po .
Comment les intentions de vote se répartissaient-elles au vote du 9 juin 2024.
La réponse la plus massive est l’abstention, 3 jeunes sur 10 comptent voter (soit 34 % des 18-25 ans). L’autre réponse significative est le choix de la radicalité, un jeune sur deux parmi ceux qui se déplaceront aux urnes envisageant de voter pour les listes aux deux extrêmes de l’échiquier partisan.
D’un côté, La France Insoumise capte 19 % des intentions de vote chez les 18-24 ans et 17 % des intentions de vote des 25-34 ans. C’est nettement plus que dans l’ensemble de l’électorat où LFI et la liste de Manon Aubry stagnent à 8 %. À l’autre bout du spectre, leurs intentions de vote s’alignent sur la population générale. Un tiers des Français (33 %) envisagent de voter pour la liste du Rassemblement national. Ils sont 30 % parmi les 18-24 ans et à 28 % parmi les 25-34 ans.
Que retenir de cette étude de science Po ?
Toutes les sociétés espèrent sur leurs cadets, leurs enfants, pour un avenir plus abouti, j’avais même écrit cela en 1999 et Pierre Daco plein d'espérance écrivait ceci :
Pierre Daco, psychologue et psychanalyste, membre de l’institut international de psychothérapie et de psychologie analytique. Au travers DES VOIES DE LA NOUVELLE PSYCHOLOGIE, écrit en janvier 1983, Pierre Daco mentionne l’appel vers la psychologie que provoque notre monde en mutation. Face aux anciens critères sont en voie de disparition, et il espère dans les nouvelles générations « les cadets ». Des cadets plus et mieux éduqués du savoir fondamental pourront développer une société plus épanouie par une nouvelle éducation, afin d’échapper à notre monde névrosé, qui développe la culpabilisation.
Nous le lisons pour Daco dans un monde en mutation, les anciens repères s’effritent pour laisser place à une nouvelle génération, mieux formée aux savoirs fondamentaux, et capable d’échapper aux travers d’un monde névrosé et culpabilisant. Ce pont entre l’héritage de nos anciennes valeurs et les promesses d’un renouveau éducatif représentait pour lui une lueur d’espérance.
Devons nous dire qu’elle a disparue ?
Le présent ou ce qu'il en est advenu depuis, après l'abandon des deux années de socialisme, dément son espérance dans les cadets. Surtout quand 33 % votent RN, un parti fascisant ou s’abstiennent. Il me semble évident que soient intervenus des événements qui ont inversé cette espérance naturelle envers les choix des cadets dans les sociétés d'entraides intergénérationnelles que remettent en question le pouvoir et l'individualisme primitif hérité d'Adam Smith.
Nous ne pouvons pas considérer que l’abstention et le vote régressif en se positionnant à l’extrême droite soient propices à un avenir radieux. Cette jeunesse a été élevée au JT de cons depuis 34 ans, et même si 62 % des citoyens se méfient des médias, 76% des Français disent suivre l’actualité avec grand intérêt.
Baromètre de la confiance politique / vague 16 – février 2025 page 80.
Les valeurs et l’adhésion à certaines propositions.
Il y a trop d’immigrés en France 63 %. Les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient
vraiment 59 %. Pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches
pour donner aux pauvres 59 %. Il faudrait réduire le nombre de fonctionnaires 53 %. Il faudrait rétablir la peine de mort 49 %.
Nous sommes là, avec ces réponses face à l’inculture économique qui démontre que l’information doctrinaire exploite l’émotion pour détourner le regard des enjeux fortement structurels et pour conforter un statu quo politique et économique. Je vais être dur, ce ne sont que des ragots d’ignorants qui s’obstinent à ne pas vouloir faire usage de leur intelligence et se complaisent dans une situation de dominés, qui n’ont ni volonté ni courage pour se prendre en charge comme des adultes et attendent l’espérance salvatrice d’un tyran nationaliste qui ne leur apportera que la guerre, comme nous le lisons dans l’histoire humaine, quand nous l’apprenons.
L’impératif est de cultiver une réflexion éclairée.
La dichotomie entre inculture induite par une information formatée et la culture consciente constitue le cœur du débat. Il s’agit de repenser la place du citoyen dans un monde où l’information se fait outil de manipulation plutôt que vecteur d’émancipation. La jeunesse, qui aurait dû être le moteur d’un changement progressiste, est aujourd’hui victime d’un environnement médiatique et sociétal qui semble l’avoir formatée à des positions réactionnaires.
J’observe avec inquiétude cette fracture entre l’intérêt affiché pour l’actualité et la persistance de mentalités rigides et simplistes. Il est urgent de se poser la question d’une refonte en profondeur de notre système éducatif et de notre culture démocratique. Plutôt que de céder à la facilité d’un repli identitaire ou populiste. Il faut encourager l’esprit critique, le dialogisme et une formation plurielle qui incite chacun à se prendre en charge de manière autonome et responsable.
Cette situation m’amène à penser que l’urgence n’est pas seulement de combattre les idées extrémistes, telle la lutte contre l’anti sémitisme, mais surtout de repenser la manière dont nous transmettons le savoir et les valeurs civiques à nos futures générations. Le défi consiste ainsi à renouveler le pacte social : valoriser l’éducation, favoriser l’accès à une information de qualité, et surtout encourager un engagement citoyen véritable qui ne se contente pas de critiquer, mais propose des alternatives constructives.
Au final, l’étude de Sciences Po révèle une dissonance troublante entre l’idéal d’un avenir façonné par une jeunesse éclairée et l’actuelle réalité marquée par des opinions régressives et un repli sur soi. Cette situation doit être perçue comme un appel à l’action pour réinventer nos modes pédagogiques et médiatiques. Restaurer la confiance collective passe inévitablement par une émancipation intellectuelle et citoyenne, loin des raccourcis simplistes qui nourrissent le terreau des extrêmes. Il est essentiel de repenser nos stratégies de formation et d’information pour éviter que l’espoir d’un avenir meilleur ne soit irrémédiablement détourné par la tentation d’un sauveur autoritaire.
Davos, 1995, un tournant.
Qui donc s’intéressait à Davos parmi les citoyens à part les altermondialistes et où sont-ils passés ?
En 1995 M. Hans Tietmeyer, président de la Bundesbank averti—, car les hommes politiques sont désormais sous le contrôle des marchés financiers. »Comme a pu le constater, à Davos, M. Marc Blondel, secrétaire général du syndicat français Force ouvrière : « Les pouvoirs publics ne sont, au mieux, qu’un sous-traitant de l’entreprise. Le marché gouverne. Le gouvernement gère. »
Les accents triomphalistes n’ont pas manqué. M. Bill Gates, patron de Microsoft, a annoncé que la suprématie des États-Unis s’accentuerait : « Les nouvelles technologies sont américaines ; donc, c’est nous qui profiterons de l’explosion des marchés ! »Et M. Raymond Barre, ancien premier ministre français, a claironné : « Le monde est entré dans une phase de croissance longue ; désormais, les capitaux irradient l’ensemble de la planète. »
Pourtant, pour la première fois, sur cet aréopage des élites, on a senti planer un doute, une inquiétude, le sentiment qu’une période d’euphorie précisément s’achève. À cet égard, la révolte française de décembre 1995 a servi de tocsin. Le professeur Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, a lui-même formulé la première mise en garde : « La mondialisation est entrée dans une phase très critique. Le retour de bâton se fait de plus en plus sentir. On peut craindre qu’il ait un impact fort néfaste sur l’activité économique et la stabilité politique de nombreux pays . »
Qu’en a rapporté le JT de cons, rien, si ce n’est les éclats de la rue agitée par les altermondialistes et la grève de 1995
D’autres experts ont fait un constat encore plus pessimiste. Ainsi, Mme Rosabeth Moss Kanter, ancienne directrice de la Harvard Business Review et auteur de l’ouvrage The World Class, a averti : « Il faut créer la confiance chez les salariés, et organiser la coopération entre les entreprises afin que les collectivités locales, les villes et les régions bénéficient de la mondialisation. Sinon nous assisterons à la résurgence de mouvements sociaux comme nous n’en avons jamais vu depuis la Seconde Guerre. » C’est également la grande crainte de M. Percy Barnevik, patron d’Asea Brown Boveri (ABB), l’une des principales compagnies énergétiques, qui a lancé ce cri d’alerte : « Si les entreprises ne relèvent pas les défis de la pauvreté et du chômage, les tensions vont s’accroître entre les possédants et les démunis, et il y aura une augmentation considérable du terrorisme et de la violence. »
Cette inquiétude se répand même dans les milieux les plus acquis au libéralisme. M. Bill Bradley, sénateur (démocrate) des États-Unis, a révélé que, en raison de l’actuelle fureur compétitive, de la précarisation de l’emploi et de la baisse des salaires, « les classes moyennes américaines vivent de plus en plus mal, et doivent travailler de plus en plus pour maintenir leur niveau de vie ». C’est pourquoi l’hebdomadaire américain Newsweek n’a pas hésité à dénoncer récemment le « killer capitalism »(le capitalisme tueur), clouant au pilori les douze grands patrons qui, ces dernières années, ont congédié à eux seuls plus de 363 000 salariés ! « Il fut un temps où licencier en masse était une honte, une infamie. Aujourd’hui, plus les licenciés sont nombreux, plus la Bourse est contente… », accuse ce journal qui, lui aussi, redoute un violent retour de bâton.
« La mondialisation est en train de créer, dans nos démocraties industrielles, une sorte de sous-classe de gens démoralisés et appauvris. » Qui affirme cela ? Un syndicaliste excité ? Un marxiste archaïque ? Non, tout simplement le ministre du Travail américain de l’époque, M. Robert Reich. Il vient de réclamer que les entreprises ayant manqué à leur devoir civique en réduisant le nombre de leurs salariés soient sanctionnées, obligées de payer une taxe supplémentaire.
Nous pourrions compter sur nos doigts les citoyens lambdas qui savaient cela, il était plus important pour le JT de cons d’agiter le chiffon rouge de l’insécurité.
L’erreur de diagnostic.
Ce n’est pas une grève monstrueuse de révolte que nous avons eue, en réponse à ces déclarations, mais une presse aux ordres de la « bourse » dont la mission assignée était de maintenir la population dans l’anxiété et la peur, d’instrumentaliser le FN/RN afin d’endiguer toutes révoltes. La bourse n’a pas peur du fascisme elle la démontré dans l’histoire.
Si nous pouvons mettre au compte de la révolte celles des gilets jaunes, elle a succombé à la absurdité de ceux qui l’ont dirigé en se voulant indépendants des syndicats et partis de gauche qui leur apportaient leur soutien, préférant l’apport du FN. Comme les altermondialistes ceux qui ont dirigé cette révolte ont disparu de l’écran, assez naïf pour imaginer tenir tête au pouvoir de la « bourse » sans organisation ni structure. C’est encore là, la conséquence de cette inculture politique qui se poursuit malheureusement et fait le lit du fascisme.
À mon avis, le tournant amorcé à Davos en 1995 était plus qu'un simple rendez-vous économique. Il fut le signal avant-coureur d'une transformation radicale des rapports de pouvoir entre l'État, les marchés et les citoyens. La montée en puissance des logiques financières, alors perçues comme la clé du progrès, a détourné l'attention des questions essentielles de solidarité, de justice sociale et de démocratisation du pouvoir économique. Ce constat reste particulièrement pertinent aujourd'hui, dans un monde où la précarisation de l’emploi, l’inégalité croissante et la déconnexion entre les élites et la population ne cessent de nourrir un ressentiment social.
Il est essentiel de reconnaître que la mondialisation, avec tout son potentiel d’innovation et de coopération internationale, ne doit jamais être laissée aux mains d’intérêts financiers exclusifs. Le défi consiste à repenser la gouvernance économique pour qu’elle intègre pleinement les aspirations citoyennes, en donnant priorité à des modèles de développement durable et inclusifs. En refusant de se résigner face aux dérives d’un système qui, parfois, semble cultiver l’inégalité, nous participerions à réinventer une démocratie où le pouvoir politique se refonde en une force collective au service véritablement de chacun.
La mondialisation est une espérance qu’il faut garder pour créer un monde Humain internationaliste et Universaliste, comme l’est notre espèce. Malheureusement nous n’avons pas su retirer la mondialisation des mains de la bourse, qui s’en est servi pour s’enrichir sans réserve. En plus nous lui confions la lutte contre le réchauffement climatique pour qu’elle y puise toujours plus de capitaux, avec la bénédiction des populations qui se désintéresse du pouvoir politique qu’ils ont. Ils s’imaginent que ceux qui les exploitent, allaient, en dehors de promesses électorales qu’ils ne peuvent tenir, améliorer leurs sorts de salariés. Nous savons ce qu'il en est, prison et retour au pays. Renoncer à la politique c’est renoncer de se prendre en charge, particulièrement celui de maitriser l’émission de monnaie pour ne pas en laisser la maitrise à « la bourse ». Mais il y a un abîme à franchir, j’espère avoir permis de ne pas tomber dedans.
Pourrions nous alors suivre ces quelques pistes de réflexion supplémentaires :
Réexaminer le rôle des médias : Comment transformer la couverture médiatique pour qu’elle devienne un vecteur de transparence et de sensibilisation plutôt qu’un instrument de manipulation ?
Encourager le dialogue démocratique : Quels mécanismes concrets pourraient être mis en place pour rapprocher le pouvoir économique des préoccupations citoyennes ?
Réinventer la mondialisation : Quelles initiatives (locales ou globales) pourraient permettre de concilier efficacité économique, développement durable et justice sociale ?