Publié le 31 Octobre 2025

La fabrique du mensonge

Intro :

Quand la peur remplace la politique

Qui a intérêt à ce que les démocraties disparaissent ou se tyrannisent au point de n’avoir à élire que leur tyran tous les cinq ans ?
L’ordre capitaliste, et non l’utilité du capital.

Je dis cela à la manière complotiste — comme si un seul être commandait au monde, à l’image de nos ancêtres qui inventèrent des dieux pour expliquer leur impuissance.
La démarche psychique est la même : lorsque nous ne comprenons plus, nous inventons un maître pour donner sens à notre chaos.
Or, il n’en est rien : nos pensées naissent de ce que nous avons déposé dans notre environnement géographique et humain — un environnement géohistorique dont nous gardons la mémoire par l’éducation.

Depuis l’avènement de la pensée unique, nos sociétés se sont repliées sur un fétiche : la sécurité.
Face à un développement économique bouché, elles ont troqué la justice sociale contre le sécuritarisme électoral.
En France, cette dérive s’est imposée lentement, jusqu’à devenir un réflexe collectif.
Plus aucun parti, ni de droite ni de gauche, ne s’autorise à en sortir.

Les journaux télévisés, chaque soir à l’heure du repas, servent leur ration d’émotions : crimes, indignation, compassion, horreur.
L’information n’informe plus elle stimule.
Elle flatte l’instinct, agace la peur, et remplace la réflexion par l’émotion.
Ce n’est pas un complot, mais une mécanique : la peur fait vendre, la peur fait voter, la peur fait obéir. Où est donc la main invisible de l’ordre libéral capitalistique si ce n’est toujours chez la Boétie.

De l’algèbre contre la panique

Depuis trente ans, les médias alimentent le sentiment d’insécurité à coups d’émotions quotidiennes.
Un fait divers chasse l’autre, chaque crime devient un drame national, chaque incivilité une preuve de décadence.
Pourtant, les chiffres contredisent cette hystérie.

Les statistiques montrent environ 3,5 millions de crimes et délits par an depuis 1995, alors que la population a augmenté de plus de 10 millions d’habitants.
Le risque individuel de subir un délit a donc diminué.

Mais ce que les chiffres corrigent, l’émotion défait.
Les faits divers, amplifiés médiatiquement, maintiennent le cerveau collectif dans un état d’alerte permanente.
Les prisons débordent — jusqu’à 200 % d’occupation dans certaines — non pas parce qu’il y a plus de criminels, mais parce que la justice punit davantage et plus longtemps.

Plus une société multiplie les caméras, les lois, les prisons, plus elle signe l’échec de son éducation.
Là où la connaissance s’éteint, la peur gouverne.
Là où l’on n’apprend plus à comprendre, il faut bien surveiller pour contenir.

Graphique 1 : Évolution des crimes, délits et vols rapportés à la population (1995–2024)

Source : Ministère de l’Intérieur (SSMSI), Insee, Libération (1996), Bilan de la délinquance 2024.


 


 

Analyse :
En 1995, la France comptait 6,3 % de crimes et délits par rapport à la population, contre 5,1 % en 2024, soit une baisse relative d’environ 19 %.
Les vols, qui représentaient 4,1 % de la population en 1995, ne concernent plus que 1,9 % en 2024 : une division par deux en trente ans.

Interprétation :
Loin de l’idée d’une explosion de la violence, la courbe montre une stabilisation, voire une diminution de la délinquance.
Pourtant, la perception publique s’est inversée : plus les chiffres baissent, plus la peur monte.
Ce paradoxe illustre la réussite d’un discours politique et médiatique qui a transformé la peur en instrument de contrôle social.

La fabrique du sentiment d’insécurité

Il est paradoxal qu’un simple citoyen doive faire, chiffres à l’appui, le travail que les sociologues, politologues ou journalistes auraient dû faire.
La criminalité ne croît pas : elle évolue avec les mœurs et l’économie.
Mais l’instantanéité médiatique impose une lecture émotionnelle du monde, réduisant la complexité sociale à une succession d’images anxiogènes.

Depuis les années 1990, les faits divers sont devenus les aiguillons du débat public.
Chaque drame individuel est isolé, répété, amplifié, au point d’éclipser la réalité statistique.
Cette stratégie de l’émotion a remplacé la réflexion par le réflexe.

L’émotion ne se discute pas : elle s’impose.
Et plus elle sature l’espace mental, plus elle rend le citoyen impressionnable, donc docile.

Graphique 2 : Réalité criminelle vs Sentiment d’insécurité (1995–2024)

Source : CEVIPOF, SSMSI, Insee.


 

Analyse :
Alors que la criminalité réelle diminue, le sentiment d’insécurité explose :

  • 1995 → environ 40 % des Français se disent inquiets.

  • 2024 → plus de 70 % déclarent se sentir en insécurité.

Interprétation :
Ce décalage résulte d’une surenchère émotionnelle orchestrée par le politique et les médias.
Chaque fait divers devient un miroir grossissant de la peur collective.
La peur est devenue une monnaie politique : elle ne protège pas, elle soumet.
Elle alimente le sécuritarisme électoral et prépare les esprits à accepter l’exception comme norme.

Quand les experts se taisent, les démagogues crient

Le plus étonnant dans cette vaste illusion sécuritaire, c’est le silence des experts.
Criminologues, sociologues, politologues, journalistes : tous savent que la criminalité baisse, mais aucun ne le dit.
Par paresse, par conformisme, par peur de heurter le récit dominant.

Cette abdication intellectuelle n’est pas anodine :
elle valide le discours sécuritaire, elle légitime la répression, elle tue la démocratie, elle évince la liberté, elle blanchit le populisme, elle prépare le retour du fascisme.

L’ordre capitaliste n’a plus à forcer la soumission ce sont les citoyens qui la réclament.

Les sciences du réel se taisent, le spectacle du ressenti triomphe.
Et la démocratie, privée de sa raison critique, confond désormais émotion et vérité.

La peur comme industrie politique

La focalisation sur l’insécurité a permis à l’extrême droite — le FN hier, la RN aujourd’hui — de bâtir son fonds de commerce :
immigration, criminalité, identité.
Mais ce qui est plus grave, c’est que tous les autres partis ont fini par parler le même langage.

Sarkozy, ministre puis président, a légitimé la “droite décomplexée”.
Le PS, par peur de paraître laxiste, a suivi.
L’affaire Taubira fut le point de rupture : une ministre cherchant à réhabiliter le sens du jugement devint symbole de faiblesse.

La société s’est crue civilisée parce qu’elle ne guillotinait plus ;
mais enfermer à vie sans espoir de sortie, c’est seulement remplacer la lame par la cage.
Nous avons troqué la justice pour la vengeance, l’intelligence pour la peur. Nous sommes revenu au temps du roi Hammourabi, il y a 3500 ans. Ce roi condamnait l’émotion vengeresse toujours supérieure à la réalité des faits.

La mondialisation de l’émotion

Si l’humain est avant tout un être émotionnel, il est logique que le pouvoir s’en empare.
Chaque régime — démocratique, autoritaire, théocratique — l’a adaptée à sa culture :

Régime politique

Émotion dominante

Objectif politique

Moyens utilisés

Conséquences

Démocratie libérale (Occident)

Peur, empathie, indignation

Maintenir l’attention et la consommation politique

Médias, réseaux sociaux, faits divers

Saturation mentale, perte du sens critique

Régime autoritaire (Chine, Russie)

Fierté, menace extérieure

Renforcer la cohésion et justifier le contrôle

Propagande, éducation dirigée

Uniformisation idéologique

Démocratie confessionnelle (Inde, Turquie, Israël)

Ferveur religieuse, sentiment d’élection

Lier foi et identité nationale

Instrumentalisation du religieux

Exclusion des minorités

Régime néolibéral globalisé

Frustration, peur de manquer

Maintenir la croissance par la peur

Marketing, storytelling

Aliénation, dépendance affective


De l’émotion à la raison

Nous savons désormais que l’émotion est l’outil premier du pouvoir — et que le savoir en est la seule antidote.
Ce n’est pas la violence des faits qui menace la démocratie, mais la façon dont ils sont racontés.

Réhabiliter la raison ne signifie pas renier la sensibilité, mais lui rendre sa place : comprendre avant de juger, apprendre avant de condamner.
C’est le rôle premier de l’éducation celle qui forme à penser, pas seulement à produire.

Le XXIᵉ siècle ne se jouera pas entre gauche et droite, ni entre capitalisme et socialisme,
mais entre deux humanités :
celle qui réagit, celle primitive et celle qui comprend, culturelle.
L’une entretient la peur,
l’autre construit le sens.

Et seule cette dernière pourra, un jour, sortir de la caverne des émotions —
pour reprendre en main le destin de l’humanité.

La fabrique du mensonge

Analyse :
En 1995, la France comptait 6,3 % de crimes et délits par rapport à la population, contre 5,1 % en 2024, soit une baisse relative d’environ 19 %.
Les vols, qui représentaient 4,1 % de la population en 1995, ne concernent plus que 1,9 % en 2024 : une division par deux en trente ans.

Interprétation :
Loin de l’idée d’une explosion de la violence, la courbe montre une stabilisation, voire une diminution de la délinquance.
Pourtant, la perception publique s’est inversée : plus les chiffres baissent, plus la peur monte.
Ce paradoxe illustre la réussite d’un discours politique et médiatique qui a transformé la peur en instrument de contrôle social.

La fabrique du sentiment d’insécurité

Il est paradoxal qu’un simple citoyen doive faire, chiffres à l’appui, le travail que les sociologues, politologues ou journalistes auraient dû faire.
La criminalité ne croît pas : elle évolue avec les mœurs et l’économie.
Mais l’instantanéité médiatique impose une lecture émotionnelle du monde, réduisant la complexité sociale à une succession d’images anxiogènes.

Depuis les années 1990, les faits divers sont devenus les aiguillons du débat public.
Chaque drame individuel est isolé, répété, amplifié, au point d’éclipser la réalité statistique.
Cette stratégie de l’émotion a remplacé la réflexion par le réflexe.

L’émotion ne se discute pas : elle s’impose.
Et plus elle sature l’espace mental, plus elle rend le citoyen impressionnable, donc docile.

Graphique 2 : Réalité criminelle vs Sentiment d’insécurité (1995–2024)

Source : CEVIPOF, SSMSI, Insee.

Image générée

La fabrique du mensonge

Analyse :
Alors que la criminalité réelle diminue, le sentiment d’insécurité explose :

  • 1995 → environ 40 % des Français se disent inquiets.

  • 2024 → plus de 70 % déclarent se sentir en insécurité.

Interprétation :
Ce décalage résulte d’une surenchère émotionnelle orchestrée par le politique et les médias.
Chaque fait divers devient un miroir grossissant de la peur collective.
La peur est devenue une monnaie politique : elle ne protège pas, elle soumet.
Elle alimente le sécuritarisme électoral et prépare les esprits à accepter l’exception comme norme.

Quand les experts se taisent, les démagogues crient

Le plus étonnant dans cette vaste illusion sécuritaire, c’est le silence des experts.
Criminologues, sociologues, politologues, journalistes : tous savent que la criminalité baisse, mais aucun ne le dit.
Par paresse, par conformisme, par peur de heurter le récit dominant.

Cette abdication intellectuelle n’est pas anodine :
elle valide le discours sécuritaire, elle légitime la répression, elle tue la démocratie, elle évince la liberté, elle blanchit le populisme, elle prépare le retour du fascisme.

L’ordre capitaliste n’a plus à forcer la soumission ce sont les citoyens qui la réclament.

Les sciences du réel se taisent, le spectacle du ressenti triomphe.
Et la démocratie, privée de sa raison critique, confond désormais émotion et vérité.

La peur comme industrie politique

La focalisation sur l’insécurité a permis à l’extrême droite — le FN hier, la RN aujourd’hui — de bâtir son fonds de commerce :
immigration, criminalité, identité.
Mais ce qui est plus grave, c’est que tous les autres partis ont fini par parler le même langage.

Sarkozy, ministre puis président, a légitimé la “droite décomplexée”.
Le PS, par peur de paraître laxiste, a suivi.
L’affaire Taubira fut le point de rupture : une ministre cherchant à réhabiliter le sens du jugement devint symbole de faiblesse.

La société s’est crue civilisée parce qu’elle ne guillotinait plus ;
mais enfermer à vie sans espoir de sortie, c’est seulement remplacer la lame par la cage.
Nous avons troqué la justice pour la vengeance, l’intelligence pour la peur. Nous sommes revenu au temps du roi Hammourabi, il y a 3500 ans. Ce roi condamnait l’émotion vengeresse toujours supérieure à la réalité des faits.

La mondialisation de l’émotion

Si l’humain est avant tout un être émotionnel, il est logique que le pouvoir s’en empare.
Chaque régime — démocratique, autoritaire, théocratique — l’a adaptée à sa culture :

Régime politique

Émotion dominante

Objectif politique

Moyens utilisés

Conséquences

Démocratie libérale (Occident)

Peur, empathie, indignation

Maintenir l’attention et la consommation politique

Médias, réseaux sociaux, faits divers

Saturation mentale, perte du sens critique

Régime autoritaire (Chine, Russie)

Fierté, menace extérieure

Renforcer la cohésion et justifier le contrôle

Propagande, éducation dirigée

Uniformisation idéologique

Démocratie confessionnelle (Inde, Turquie, Israël)

Ferveur religieuse, sentiment d’élection

Lier foi et identité nationale

Instrumentalisation du religieux

Exclusion des minorités

Régime néolibéral globalisé

Frustration, peur de manquer

Maintenir la croissance par la peur

Marketing, storytelling

Aliénation, dépendance affective


De l’émotion à la raison

Nous savons désormais que l’émotion est l’outil premier du pouvoir — et que le savoir en est la seule antidote.
Ce n’est pas la violence des faits qui menace la démocratie, mais la façon dont ils sont racontés.

Réhabiliter la raison ne signifie pas renier la sensibilité, mais lui rendre sa place : comprendre avant de juger, apprendre avant de condamner.
C’est le rôle premier de l’éducation celle qui forme à penser, pas seulement à produire.

Le XXIᵉ siècle ne se jouera pas entre gauche et droite, ni entre capitalisme et socialisme,
mais entre deux humanités :
celle qui réagit, celle primitive et celle qui comprend, culturelle.
L’une entretient la peur,
l’autre construit le sens.

Et seule cette dernière pourra, un jour, sortir de la caverne des émotions —
pour reprendre en main le destin de l’humanité.

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Publié le 28 Octobre 2025

intro

Tout dernièrement une réclusion à perpétuité non compressible a été requise par le jury de la cour d’assises de Paris pour le meurtre de la petite Lola Daviet. Au vu de la situation des acteurs, c’est le crime type social économique, dont une enfant innocente a été la victime. Ce qui m’interpelle ce n’est pas l’émotion qui en a découlé ni ses conséquences sur les acteurs de ce drame, qui sont les seuls endroits de se plaindre de leurs souffrances, mais c’est que, quelle que soit l’horreur d’un crime nous puissions enfermer un humain à vie sans nous sentir être des barbares, parce que l’on ne coupe plus de tête. Ce verdict ne peut pas s’analyser sans tenir compte de l’ambiance sociétale dans laquelle notre société est plongée depuis plus de trente ans par un jeu politique, afin de cacher l’invalidité chronique des gouvernants à trouver des solutions politiques aux problèmes économiques, en y substituant le sécuritarisme qui entre autres a fait le lit électoral de la RN et a ouvert la porte au fascisme. Sans l’ambiance de cette situation globale, je doute que le verdict fût le même. C’est donc cette situation globale que je développe ci-dessous.

Une illusion savamment entretenue

Depuis des décennies, les responsables politiques nous promettent de rétablir l’ordre. À chaque changement de gouvernement, la formule revient comme une ritournelle : plus de police, plus de caméras, plus de prisons. Pourtant, le désordre persiste — ou plutôt, l’illusion du désordre.
Car les chiffres, eux, racontent une autre histoire.

Depuis 1995, la criminalité et la délinquance tournent autour d’une moyenne stable d’environ 3,5 millions de crimes et délits par an, dans un pays dont la population a considérablement augmenté. Rapportés au nombre d’habitants, ces chiffres indiquent une stabilité de long terme, bien loin des discours alarmistes. Ce qui change, ce n’est pas la réalité : c’est le regard que les médias et la politique lui portent.

Le miroir économique du crime

De 1970 à 1995, les courbes de la délinquance, du chômage et de l’inflation évoluent en parallèle. Quand les salaires décrochent — notamment après la suppression de l’échelle mobile en 1977 —, les vols, trafics et délits augmentent.
Le crime n’est pas une anomalie morale : c’est une réaction sociale. Là où les conditions économiques se durcissent, l’instinct de survie s’exprime autrement.

À partir des années 1990, l’environnement économique se stabilise ; les crimes et délits fluctuent alors autour d’une ligne moyenne, sans explosion majeure. Pourtant, l’information médiatique transforme ces variations en signes d’effondrement. Le fait divers devient symptôme national, le cas isolé devient généralité.

L’émotion comme stratégie

Les chaînes d’information continue ont remplacé l’analyse par le choc émotionnel.
Elles alimentent la peur comme un carburant politique.
Les faits sont triés, répétés, exagérés — non pour informer, mais pour formater.
Ainsi naît le sentiment d’insécurité, beaucoup plus fort que l’insécurité elle-même.

Cette stratégie de l’émotion a un effet redoutable : elle infantilise les citoyens.
Sous le poids de la peur, la réflexion cède la place au réflexe.
Le peuple devient une audience captive qui réclame du châtiment au lieu de réclamer du sens.

La punition comme refuge

Les prisons débordent.
Le taux d’occupation dépasse les 150 %, parfois 200 %.
Non parce que le crime explose, mais parce que la punition est devenue un outil politique.
On enferme pour rassurer, non pour réparer.

Depuis des siècles, les sociétés humaines s’obstinent à punir sans comprendre que la sanction ne transforme pas : elle gèle.
Elle suspend le problème sans le résoudre.
Elle satisfait l’instinct de vengeance du « vieil homme » plutôt que d’activer notre conscience sociale.

Encadré analytique — Évolution comparée : économie, population et criminalité (1970–2024)

Période

Population (millions)

Chômage (%)

Crimes et délits enregistrés (millions)

Salaire réel (indice base 100 en 1970)

Observation principale

1970

51,0

2,9

1,0

100

Début du plein emploi, faible criminalité.

1977

53,5

4,6

1,9

112

Suppression de l’échelle mobile → salaires décrochent, hausse du vol et des délits.

1985

55,8

9,2

2,8

118

Chômage structurel + début du consumérisme de masse.

1995

58,0

10,3

3,5

125

Stabilisation ; inflation maîtrisée, hausse du sentiment d’insécurité.

2005

61,0

8,7

3,6

136

Multiplication des caméras, discours sécuritaire.

2015

64,0

10,2

3,4

145

Baisse légère du crime par habitant, médiatisation émotionnelle accrue.

2024

68,4

7,6

3,5

152

Stabilité réelle, explosion du « sentiment d’insécurité » médiatique.

Malgré une population et un niveau de vie en hausse, la criminalité rapportée au nombre d’habitants reste stable depuis 30 ans.
Ce n’est donc pas l’augmentation des délits qui alimente l’inquiétude collective, mais la sur-communication émotionnelle autour d’eux à partir de crimes et délits sélectionnés expressément.

Évolution comparée : crimes, chômage, salaires et population (1970–2024)

Rétablir l’ordre ou comprendre le désordre ?

Évolution comparée : crimes, chômage, salaires et population (1970–2024)On y observe nettement que la hausse de la criminalité suit les grands mouvements économiques — montée du chômage, stagnation des salaires — avant de se stabiliser à partir de 1995, ce qui confirme l’analyse que la criminalité est davantage un symptôme socio-économique qu’un phénomène moral ou sécuritaire.

Rétablir l’ordre ou comprendre le désordre ?

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 16 Octobre 2025

Le PS le maillon Faible.

intro

Depuis qu’il a troqué la lutte pour la gestion, le Parti socialiste n’est plus qu’une ombre de ce qu’il prétendait être. Né de la contestation du capitalisme, il s’est peu à peu résigné à l’administrer. En renonçant à son rôle historique de moteur de transformation sociale, il est devenu le maillon faible d’une gauche déboussolée, prisonnière de ses renoncements et de son langage édulcoré.

Ce texte retrace cette dérive, celle d’un parti qui a effacé de ses statuts la lutte contre le capitalisme, et, ce faisant, a perdu son âme.

Depuis 1984, avec l’appui des médias et des politologues, le Parti socialiste trompe son monde.
Le socialisme a une histoire, et l’on ne peut, sans duper les citoyens, faire un “socialisme à la sauce capitaliste”.

La gauche historique

Si l’on remonte au XIXe siècle, la gauche historique, dans l’imaginaire collectif, c’est celle de la révolution de 1848, celle de la Commune de Paris — celle dont Monsieur Thiers disait : « Qu’on la fusille ! »
C’est la gauche des ouvriers, des luttes contre l’exploitation patronale, la gauche de la lutte des classes, de l’Internationale socialiste.

Le PS est l’héritier idéologique de la SFIO, qui se réclamait du marxisme et de la lutte des classes, tout en refusant de s’aligner sur le Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS).
Mitterrand disait : « Celui qui n’accepte pas la rupture avec la société capitaliste ne peut être au PS. »
Autrement dit, être socialiste, c’était être anticapitaliste.

Dans les années 1970-1980, les statuts et déclarations du PS mentionnaient encore explicitement la lutte contre le capitalisme.
Dans sa déclaration de principes de 2008, le parti réaffirme qu’il est né de la contestation de l’organisation sociale façonnée par le capitalisme, mais il ne parle plus de l’abolir.
Il transforme une lutte en simple héritage symbolique — un souvenir historique.
La belle affaire ! Cela revient à dire qu’on ne combat plus le capitalisme, mais qu’on se contente d’en réclamer une redistribution, laissant croire qu’il financera le socialisme.

Or chacun devrait savoir — et mes articles l’ont souvent rappelé — que ce que le capital donne, librement ou sous contrainte, il le reprend trois fois.
Ceux qui croient que la redistribution socialiste se fait aux dépens du capital se trompent : elle se fait au détriment des salariés.

La lente dérive

Au fil de ses congrès, le PS a connu une évolution lente mais décisive.
L’expérience du pouvoir dans les années 1980 fut un tournant : de parti réformiste en quête d’émancipation, il devint un parti gestionnaire conciliant avec l’économie de marché.
Il se revendique désormais du “mouvement des Lumières”, mais a renoncé à éclairer quoi que ce soit d’autre que sa propre vitrine.

Dans la déclaration de principes actuelle, on lit :

« Les socialistes portent une critique historique du capitalisme créateur d’inégalités, facteur de crises, qui demeure d’actualité à l’âge de la mondialisation financière. »

Ce glissement lexical est lourd de sens.
On passe de la lutte contre à la critique historique de — du combat à la contemplation.
Le PS ne cherche plus à rompre avec le système, il cherche à s’y rendre utile.

Les symboles ne mentent pas

L’écharpe rouge des dirigeants du PS, symbole du sang versé par les communards et des luttes ouvrières, était un signe de fidélité à cette mémoire.
Tous les premiers secrétaires du PS la portaient.
Avec Cambadélis, elle devint bleue — couleur du consensus républicain et de la social-démocratie.
Aujourd’hui, elle a disparu, comme l’idée même de rupture.

Durant ses législatures, le PS a fait disparaître la notion de classes et brouillé la distinction entre gauche et droite.
Cette confusion idéologique repose sur un argument paresseux : “le capitalisme a triomphé, il faut s’y adapter”.
C’est la victoire de la pensée unique sur la pensée politique.

Le renoncement

Adhérent du PS jusqu’en 1995, ce que j’ai vu disparaître n’est pas un mot dans un texte : c’est une volonté dans les faits.
Le PS des années 1980 voulait être un passage vers plus d’humanité. Il se rêvait sauveur du monde, sans comprendre qu’on ne sauve rien sans construire pierre à pierre, dans l’environnement réel, les fondations d’un autre modèle.

Quatorze ans de gestion du capitalisme ont suffi pour effacer cent trente-deux ans de socialisme.
Le PS est passé de la rupture à la réforme, de l’idéal à la posture.
À chaque congrès, la lutte contre le capitalisme s’est atténuée avant de disparaître définitivement en 2008.

Aujourd’hui, il ne s’affiche plus comme parti de rupture, mais comme parti “responsable” de la République — celle des riches et des capitalistes.

Et maintenant ?

Je ne confonds pas l’organisation systémique du capitalisme et ceux qui en bénéficient : ils ne sont pas à condamner pour leurs compétences, mais à réorienter vers d’autres buts.
Encore faut-il une force politique capable de le proposer.
Le PS, lui, s’est contenté d’aller au secours du gouvernement Lecornu pour une suspension parlementaire de pure stratégie politicienne.

Je pense que La France insoumise devrait cesser de compter le PS parmi ses partenaires.
Il me rappelle trop les MRG dans le programme commun de 1972 — le maillon faible d’une gauche unie sur le papier et divisée dans les faits.

Il y a 16 millions d’abstentionnistes et de votes blancs : c’est vers eux qu’il faut se tourner, vers ces électeurs orphelins qui attendent un projet crédible, pas un recyclage d’appareils usés.
Le PS n’est plus une force de rupture : il n’est même plus une force de conviction.

 

Le PS n’a pas été trahi par ses électeurs, il s’est trahi lui-même. En cessant de combattre le capitalisme, il en est devenu le comptable. Et l’histoire retiendra qu’il aura effacé cent trente ans de socialisme pour une place dans les conseils d’administration du monde qu’il prétendait changer.


 


 


 

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 15 Octobre 2025

La Horde sauvage

Le titre d’un vieux film, mais aussi celui de notre époque.
Depuis quelques siècles, la horde sauvage s’est répandue sur Terre. Il ne reste plus beaucoup d’endroits où l’homme n’ait pas posé le pied. Et si ce n’était que ses pieds, nous n’en serions pas là.
Mais il y a aussi posé son regard et son intelligence, au service de ses désirs pour accomplir une destinée. Et cela a fait le reste.

Ainsi se déroule notre existence : nous savons associer nos désirs à ce que la nature offre à notre portée, et notre intelligence devient l’outil qui permet de les satisfaire.

La nature n’a ni bien ni mal

Dans la nature, il n’y a pas de bien ni de mal. Seulement ce qui peut nous faire vivre et ce qui peut nous tuer. Et si mourir n’est pas le mal, anticiper la mort pour satisfaire nos désirs l’est sans doute davantage.

Notre destinée dépend de l’ensemble des effets engendrés par nos milliards d’actions quotidiennes.
Chaque jour, en quelques millisecondes, elles se produisent toutes, sans que nous en ayons conscience. Nous vivons ce flux, que nous le voulions ou non. Celui qui pourrait faire un choix conscient dans ce laps de temps serait déjà un transhumain comme les ordinateurs des traders,
capables d’agir à la microseconde.

Mais notre cerveau, lui, est plus lent. Et pendant qu’il délibère, le monde a déjà changé plusieurs fois.

La vitesse et la liberté

Sur Terre, nous ne vivons pas tous à la même vitesse. Et cette vitesse conduit le rythme de nos vies.
Nous croyons que la liberté, c’est d’aller vite. Mais la vitesse est privative de liberté.

À pied, nous allons où nous voulons. En avion, nous allons là où l’avion veut bien nous conduire, et durant le voyage, nous ne disposons plus de notre existence.
Nous confondons la rapidité avec la liberté, le déplacement avec la possession du temps.

Se déplacer vite, ce n’est pas être libre : c’est seulement satisfaire un désir. La véritable liberté,
c’est d’aller où bon nous semble, à la vitesse que l’on choisit, sans être aliéné par le travail ni par la technique.

Hier, nos ancêtres ignoraient que la Terre était ronde, mais ils avançaient, tout droit. Les peuples premiers, eux, sont libres : ils vont où bon leur semble, sans quitter leur milieu. La liberté dépend donc aussi de ce que l’on connaît du monde.

L’homme, toujours attaché à son arbre

Quand l’humain dispose de ressources nourricières à portée de main, il ne quitte pas l’arbre qui le nourrit. C’est encore vrai aujourd’hui. Nous restons là où sont nos attaches et ne partons que contraints : par le travail, les rencontres, ou la nécessité. Changer de lieu, c’est toujours un arrachement. Et pourtant, nos moyens de communication rendent ces arrachements de plus en plus fréquents, et de plus en plus rapides.

Aller vite, gagner du temps c’est devenu une seconde nature. Cette avidité, cet “appétit de vie”,
est devenue une appétit de consommation. Nous ne faisons que prolonger nos désirs
par la technologie.

Le théâtre de la vie

Rien n’arrive parce que nous le voulons. Ce sont les enchaînements de nos actions
qui nous reviennent comme un écho. Le savoir devient alors essentiel, car il éclaire la frontière entre être acteur et être responsable. Nous ne sommes que les acteurs d’une pièce que d’autres ont écrite avant nous. Nous la rejouons chaque jour, en y ajoutant nos répliques, espérant tenir le rôle principal. Quand un événement survient bon ou mauvais, utile ou nuisible il résulte d’un ensemble d’actes plus vaste que nous. Mais comme il faut un responsable, nous désignons l’acteur visible,
et nous lui remettons une médaille ou lui coupons la tête.

Vivre ainsi, c’est croire que nous décidons, alors que nous ne faisons qu’improviser dans un scénario collectif que nous ne maîtrisons qu’à moitié.

La norme, l’ignorance et la peur

Ne disposant d’aucune certitude, nous cherchons sans cesse des confirmations. Rien n’est plus rassurant que la mesure, le ratio, la norme tout ce qui donne le sentiment de pouvoir “contrôler la pièce”. Et ceux qui n’en comprennent pas les codes rendent les autres responsables par peur ou par envie.

La horde sauvage numérique

Nous sommes donc toujours une horde sauvage, courant de plus en plus vite, remplaçant notre lenteur par des technologies qui nous dépassent. Non que notre cerveau soit inférieur il restera toujours supérieur, car c’est nous qui avons créé la machine.
Mais là où elle met une seconde, il nous faut une journée. La machine ne nous surpasse qu’en vitesse, jamais en conscience.

Les traders sont l’exemple parfait : obsédés par le gain de temps, ils vont jusqu’à interdire les piétons devant leurs bureaux, de peur d’arriver en retard d’une minute sur un marché qui bouge à la nanoseconde.

La vitesse contre l’humain

Demain, les machines travailleront pour nous. Mais la vraie question sera :
interdirons-nous alors l’humain ?

Au lieu de libérer l’homme, nous risquons de le maintenir enfermé dans des frontières, des murs, des normes dans une prison de vitesse et de confort. Hier, seuls les aventuriers faisaient le tour du monde. Aujourd’hui, nous le faisons tous en vacances.

Mais si nous continuons à penser comme la horde sauvage, les puissants chercheront à rendre l’homme servile de la machine, plutôt que d’en faire le maître éclairé.

La horde et la pollution

Pour s’enrichir, les dominants ont développé la politique de l’offre,
et avec elle, la pollution qui l’accompagne. Aujourd’hui, la société leur demande de dépolluer.
Ils répondent : “Oui, à condition que cela rapporte.”Et voilà le raisonnement de la horde sauvage :
agir seulement si le gain est mesurable. Nous en sommes là mais rien ne nous interdit de comprendre, et peut-être, un jour, de ralentir.

La horde sauvage court vers demain à toute vitesse, sans comprendre qu’elle fuit l’humanité qu’elle laisse derrière elle.

 

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 14 Octobre 2025

La mondialisation ou la fin programmée du capitalisme

L’instinct, la culture et la fin du capitalisme
Du travail instinctif à l’économie de la connaissance

intro

Depuis la nuit des temps, l’humanité avance au rythme de ses instincts.
Travailler, produire, accumuler : tout cela répond d’abord à une logique biologique, bien avant d’être un choix de société.
Mais aujourd’hui, alors que le capitalisme touche les limites d’un monde clos,
une évidence s’impose : nous ne pouvons plus évoluer sans changer de moteur.
Il ne s’agit plus d’exploiter la Terre ni nos semblables, mais de libérer la seule énergie inépuisable : celle de la connaissance.

Elle semble manquer au gouvernant.

Nous vivons en direct l’exemple de la réforme des retraites, l’évolution technologique et la recherche d’économie réduisent les emplois. Rien n’est plus issus de nos instincts que cela, éviter d’avoir à travailler. Des siècles que nous nous faisons remplacer au travail, et notre gouvernement d’expliquer que pour financer les retraites il faut travailler plus, d’où la réforme des retraites de 2023. Que le premier ministre Sébastien Lecornu ait suspendu la réforme, ne supprime pas le problème, l’objectif étant de rallier le PS. Le ministre du travail dans un interview disait, que même reporté il faudra trouver les financement et ce ne peut être qu’en travaillant plus longtemps.

Nous avons là une capacité de réflexion extraordinaire face à une évolution du rapport entre actifs et des retraités qui ne meurent plus ont 65 ans comme avant. Dans le même cadre de réflexion il faudrait cesser de faire progresse l’espérance de vie, même ne plus vacciner les personnes âgées pour pouvoir ajuster le travail des actifs et le nombre de retraités. C’est merveilleux ce à quoi peut conduire comme résonnement la limitation de l’émission de monnaie suivant les critères de Maastricht. Moi je propose de faire financer les machines puisqu’elles produisent du travail. Mais plutôt que de les taxer, émettre de la monnaie en conséquence pour financer la Sécurité sociale et les retraites sans peser sur les entreprises. Si nous l’avions fait nous ne passerions pas notre temps à durcir les règles du régime des retraites. J’ai le souvenir du PC qui soulignait pour défendre le départ à 60 ans que les gouvernements s’accommodent du départ à 65 ans, car beaucoup de travailleurs meurent autour de cet âge. Celui actuel n’a rien inventé, si ce n’est que certains avant lui émettaient l’idée que vivant plus longtemps, nous pouvions travailler plus longtemps, Pavlov Pavlov quand tu nous tiens. Il rend même nos dirigeants aveugles pour ne pas voir l'évolution qui se dessine comme bifurcation paradoxale de la recherche de richesse.

L’instinct, la culture et la fin du capitalisme

Il se peut qu’avec la série d’articles publié sur mon blog ou Agoravox, je surprenne certains lecteurs.
Mais à force d’avoir plongé dans la dimension géologique du développement humain,
et d’avoir observé ce que l’histoire, la science et la pensée nous permettent d’en comprendre,
il m’apparaît comme une évidence que l’humain reste guidé avant tout par ses instincts,
même lorsqu’il croit les avoir dépassés.

Si l’on décortique tous les paradigmes successifs de nos civilisations,
on découvre qu’ils ne sont souvent que des formes nouvelles d’instincts anciens.
Le plus emblématique d’entre eux demeure cette idée :

il faut travailler pour survivre.

De cette nécessité biologique est né un système social : le capitalisme, le travail de la majorité mis au service d’une minorité plus chanceuse, née dans un environnement favorable à l’accumulation.

L’instinct au service du cortex

Nos instincts nous dictent toujours des réponses immédiates à ce que notre environnement nous impose. Le cortex, notre conscience, n’intervient qu’ensuite, pour justifier, organiser ou prolonger ces réponses instinctives. C’est pourquoi l’humain reste, malgré sa culture, un animal économique avant d’être un être pensant. Tant que l’instinct de survie domine, le partage, la solidarité et la connaissance ne sont que des stratégies secondaires, et non encore des fins en soi.

Ce n’est que lorsque l’interdépendance des intérêts humains devient visible et donc comprise que le cortex peut inviter les instincts au partage. Et cette invitation ne passe que par la culture et l’éducation.

Du savoir empirique à la connaissance scientifique

De cette lente transformation sont nés le savoir empirique, puis le savoir scientifique, et, demain, un savoir encore plus profond, celui qui reconnaîtra notre ignorance du monde objectif comme la plus grande des richesses cognitives. Mais pour atteindre cette dimension, il faut se situer dans un temps long, presque géologique, tandis que nous vivons dans la précipitation du quotidien, formés à travailler, rarement à penser.

Le capitalisme, un système clos dans un monde clos

Le capitalisme repose sur un moteur unique : la croissance. Or une croissance infinie dans un monde fini ne peut que s’épuiser. Le support du capitalisme la matière et l’énergie terrestre atteint ses limites physiques. Et ces limites, nous les avons nous-mêmes tracées : pollution, réchauffement, perte de biodiversité.

Mais la société, inféodée à la marchandisation de l’existence, ne se réorganisera pas d’elle-même.
Tant qu’une idée, une mesure, une invention ne sera pas rentable, elle ne sera pas mise en œuvre.
Ainsi, même les projets de sauvetage écologique ne sont entrepris que s’ils peuvent se vendre, et donc prolonger le capitalisme jusqu’à vendre la planète à ses habitants.

“La Terre est finie à notre échelle physique, mais l’humain continue d’y chercher l’infini sous forme de profit.”
Vers une transition de dimension

Heureusement, une autre voie s’ouvre. La physique quantique, la recherche fondamentale,
et les technologies nouvelles préparent une transition vers une dimension sans limite connue,
celle de la connaissance pure. Mais notre dimension biologique et morale n’a pas encore suivi.

Nous restons prisonniers d’une logique d’exploitation : celle des plus faibles, celle des rêves inaccessibles de richesse, celle de l’espoir de “vivre sans travailler” dans un système où d’autres travaillent à notre place.
C’est là encore l’expression brute de nos instincts, dont seule la culture peut nous libérer.

L’avenir dépend de l’environnement que nous créons

Les choix des humains dépendront toujours de l’environnement dans lequel ils inscrivent leurs actions. Cet environnement les influence, et cette influence revient à eux sous forme de rétroaction naturelle. Aujourd’hui, cette boucle se manifeste par une contradiction absurde : nous avons les savoirs, les moyens, les outils, mais nous ne réalisons pas les transformations nécessaires
faute de “monnaie”. Nous croyons manquer d’argent, alors que nous manquons seulement
de confiance dans notre propre intelligence collective.

Libérer la monnaie pour libérer la connaissance

Ce qu’il nous faut, ce n’est pas plus de capital, mais plus de circulation monétaire orientée vers la connaissance. Nous devons accepter de “libérer” de la monnaie pour financer ce qui, seul, est illimité : l’esprit humain.

C’est lui qui a fait la richesse des nations développées, c’est lui qui a nourri le capitalisme, et c’est lui, désormais, qui devra le dépasser.

Le capitalisme a permis la modernité, mais aussi les instruments de notre extinction.
Il a été l’éducateur aveugle de l’humanité. Désormais, il nous faut apprendre à le transcender
non par rejet, mais par dépassement en donnant à la connaissance la place qu’occupait jadis la croissance. Le capitalisme a domestiqué nos instincts, la connaissance apprivoisera notre humanité.

Nous avons conquis la matière, il est temps maintenant de nous conquérir nous-mêmes.

Ça commence par lire notre histoire.

De la cité-État antique à la planète connectée, l’histoire humaine suit une même loi : celle de l’unification.
Mais dans un monde clos, un système fondé sur la croissance infinie ne peut que s’autodétruire.

Des cités-États à l’idée d’un monde unique

Depuis les premières civilisations, l’histoire humaine suit une logique d’unification.
En Asie Mineure, en Grèce ou en Égypte, les cités-États furent les premières formes d’organisation politique. Elles commerçaient, se faisaient la guerre, puis s’unissaient sous la domination d’un empire plus vaste. Mais ces empires, après avoir imposé leur puissance, s’effondraient à leur tour,
laissant place à des structures plus petites, mieux adaptées à la gestion des échanges humains. À chaque chute, c’est la monnaie, le commerce et la connaissance qui rassemblaient à nouveau les hommes. Ces forces invisibles ont toujours été plus puissantes que les armes : elles tissent les routes, relient les peuples et finissent par imposer une organisation nouvelle.

“À chaque effondrement impérial, c’est la monnaie, le commerce et la connaissance qui redonnent à l’humanité un centre d’équilibre.”
De Charlemagne à l’Union européenne : unir sans conquérir

L’histoire européenne illustre cette marche vers l’unité. La France, d’abord mosaïque de seigneuries, devint royaume par agrégation, sans que les provinces perdent pour autant leurs cultures propres.
Les royaumes devinrent empires, puis nations. Et après des siècles de guerres, l’Europe a tenté une expérience inédite : l’unification pacifique à travers la construction européenne. Pour la première fois dans l’histoire du continent, les États ont choisi de s’unir non par la conquête, mais par la coopération économique. L’Union européenne n’est pas née d’un empereur, mais du souvenir des ruines et du besoin de peser face aux blocs économiques mondiaux.

“L’Europe n’a pas cherché à conquérir, mais à se fédérer pour ne plus être conquise.”
La mondialisation : un empire sans empereur

La mondialisation contemporaine prolonge cette dynamique, mais sur une échelle planétaire.
Aucune nation ne peut plus produire seule ce qu’elle consomme. Les flux de matières premières, d’énergie, de capitaux, de données, et même d’idées, tissent un réseau d’interdépendance totale. Le monde est devenu une immense cité planétaire, mais sans souverain, sans gouvernement mondial, sans régulation commune. Les décisions majeures appartiennent désormais à des acteurs économiques transnationaux, guidés par la rentabilité et la vitesse de circulation monétaire. “Nous sommes déjà unis économiquement, mais divisés par les instruments de mesure qui nous séparent.”

L’État-nation : une étape, pas une fin

L’État-nation a été une conquête historique : il a remplacé la loyauté féodale par la citoyenneté,
et permis la redistribution interne des richesses. Mais aujourd’hui, il se heurte à ses propres frontières : les capitaux, les données et les technologies circulent sans visa. Les gouvernements essaient de défendre leur souveraineté, mais l’économie mondiale fonctionne déjà au-delà d’eux.
Les politiques nationales ne sont plus que des ajustements locaux dans un système global qui échappe à toute autorité unique. “La mondialisation n’a pas aboli les nations : elle les a rendues interdépendantes.”

Le capitalisme à bout de souffle

Le capitalisme a accompagné cette unification du monde. Il a libéré la créativité, accéléré les échanges, et fait reculer la misère dans de nombreuses régions.
Mais son moteur la croissance infinie ne peut fonctionner dans un monde fini.

Quand chaque pays, chaque entreprise, chaque individu cherche à croître sans limite, le système se retourne contre lui-même. Une fois la planète entièrement intégrée, il n’y a plus de “nouveau marché” à conquérir, plus de ressources à extraire, plus de marges à grignoter.

La mondialisation capitaliste ne peut donc pas durer : elle finira par s’auto-détruire, étouffée par son propre succès au service de ses instincts. “Si la mondialisation se poursuit sous l’égide du capitalisme, elle portera en elle les germes de son auto-destruction” par ses propres créations.

Le capitalisme doit les détruire comme premier acte vers la culture "adulturante."

Vers une mondialisation de la connaissance

Ce qui peut succéder à la mondialisation capitaliste, ce n’est pas la fermeture nationaliste,
mais une mondialisation cognitive. Une économie du savoir, de la recherche et de la transmission,
où la richesse ne se mesure plus en capital accumulé, mais en énergie humaine partagée. Les futurs “empires” seront ceux de la connaissance : réseaux scientifiques, éducatifs, culturels où la circulation des idées remplacera la conquête des territoires. “Ce que les empires ont imposé par la force, la connaissance l’accomplira par la compréhension.”

Conclusion

L’histoire nous enseigne que l’humanité ne cesse de s’unifier.
Mais elle doit désormais apprendre à le faire par la conscience et non par la domination.
Nous avons conquis le monde matériel ; il nous reste à conquérir notre monde intérieur. Les tentatives manquées ne sont que des essaies disant « c’est possible »

Le défi du XXIᵉ siècle n’est donc pas économique, mais cognitif : inventer une circulation monétaire et humaine qui nourrisse la vie, au lieu de l’épuiser. Tout ce qui existe à un sens sans cela la nature ne le retiendrait pas. Ainsi l’histoire humaine porte son sens à nous de le trouver.

« Ce qui s’annonce n’est pas la fin du monde, mais la fin d’un mode d’organisation du monde qui ne dure que depuis 7000 ans dans la longue histoire humaine»

 

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 8 Octobre 2025

La fin d’un modèle clos

intro

L’histoire de l’humanité pourrait se lire comme une succession de modèles clos : chaque civilisation invente son ordre, s’y enferme, et meurt d’avoir cru pouvoir durer. Le capitalisme contemporain, fondé sur la croissance infinie et la rentabilité immédiate, n’échappe pas à cette règle. Sa limite n’est pas d’abord économique : elle est anthropologique et cognitive. Nous avons bâti un système qui récompense la répétition, la possession et la vitesse, mais qui se montre incapable de penser la rareté, la lenteur et la transmission. La pollution n’est pas un accident industriel : elle est le symptôme d’un déséquilibre entre matière et esprit.

I. Le crépuscule d’un axiome

J’ai déjà écrit sur ce média que la pollution enterrerait définitivement l’axiome d’Adam Smith, selon lequel la poursuite des intérêts particuliers sert le bien commun. Cet axiome reposait sur l’idée d’abondance : les ressources semblaient infinies, et la nature, docile. Or cette illusion s’effondre : la nature ne produit plus de la richesse, elle réclame réparation.

Ce n’est pas en pleine conscience que les civilisations périssent. Les Mayas, les Romains, les habitants de l’île de Pâques n’ont pas « décidé » leur disparition. Chacun d’eux pensait, comme nous, que ses élites trouveraient les solutions techniques à leurs excès. Aujourd’hui encore, nous nous rassurons : nos ingénieurs coloniseront Mars, nos financiers verdiront la croissance, nos experts inventeront des taxes pour sauver la planète.

Claude Allègre a exprimé en son temps, et encore récemment sa foi dans la croissance future. Je partage une forme d’optimisme, mais sous un autre angle : les crises écologiques et sociales actuelles ne sont pas la fin du monde, mais la fin d’un modèle mental. Nous vivons le déclin d’un système qui a confondu progrès et profit en satisfaisant ses instincts sans réserve.

II. Les esprits prisonniers du rendement

Nos élites ne manquent pas d’intelligence, mais elles raisonnent à l’intérieur d’un cadre mental figé : celui du capitalisme marchand, où toute action doit produire un retour financier mesurable. Leur rationalité n’est pas fausse, elle est comptable. Elle ne calcule que ce qui se compte : le chiffre d’affaires, le PIB, la croissance trimestrielle, et non ce qui vit, dont les humains.

Ce rétrécissement de la pensée économique est comparable au mythe de la caverne : nos dirigeants regardent les ombres du rendement sur le mur de la Bourse et prennent ces reflets pour la réalité. Pendant ce temps, la pauvreté s’accroît, les ressources s’épuisent, la planète s’échauffe, et les systèmes politiques se vassalisent.

Jean-Marc Jancovici le rappelle : même l’uranium, que l’on croit quasi illimité, sera épuisé en moins d’un siècle. Qu’est-ce qu’une civilisation capable de construire des bombes mais incapable de penser la durée ? La Rome antique aura vécu mille ans, l’Égypte pharaonique cinq mille. Notre civilisation numérique, en deux siècles, aura brûlé la quasi-totalité de ses réserves vitales.

III. Recherche, savoir et émancipation

Le cœur du problème n’est pas énergétique, mais cognitif. Nous avons détourné l’intelligence vers la rentabilité.
La recherche fondamentale — celle qui explore sans but immédiat — est reléguée derrière la recherche appliquée, soumise aux impératifs du marché. Les découvertes fortuites, celles qui ouvrent de nouveaux mondes, sont éliminées au nom du « retour sur investissement ».

Plutôt que de former des esprits curieux, nous fabriquons des spécialistes comptables de l’innovation. L’école, censée émanciper, devient une fabrique à diplômes calibrés pour le marché du travail. Or l’économie de demain ne manquera pas de bras, elle manquera d’esprits capables de penser hors des cadres.

Anthropologiquement, l’humain s’est toujours défini par sa capacité à apprendre. Les sociétés primitives transmettaient des savoirs, pas des richesses. Les sociétés modernes ont inversé ce rapport : elles transmettent des dettes et des brevets. Si nous voulons survivre à la fin de la croissance, il nous faut redonner au savoir sa valeur première : non celle d’un outil, mais celle d’un horizon.

IV. Une comptabilité de l’esprit

La comptabilité moderne, héritée du monde marchand, réduit l’existence humaine à une valeur mesurable. Ce paradigme rend invisible tout ce qui n’a pas de prix : la connaissance, la santé, la beauté, le lien social. C’est une erreur ontologique : la richesse d’une société ne se mesure pas en flux monétaires, mais en énergie humaine disponible — énergie cognitive, relationnelle, créative.

L’idée de rémunérer les Hommes pour apprendre repose sur cette inversion de la logique comptable : il ne s’agit plus de payer pour produire, mais de rémunérer pour comprendre. Une société qui paierait ses membres à s’instruire, à expérimenter, à débattre, à innover, créerait un cercle vertueux où la connaissance devient capital reproductif.

Le capitalisme a bâti son pouvoir sur l’énergie fossile ; l’humanité du XXIe siècle doit bâtir le sien sur l’énergie de l’esprit. L’éducation permanente deviendrait la nouvelle matrice économique : non plus un coût, mais une source de rendement collectif, éthique et durable.

V. Une morale pour l’après-croissance

Nous entendons déjà les promesses d’un Eldorado spatial : « Nous irons chercher nos matières premières sur d’autres planètes. »
C’est l’ultime fuite en avant d’une espèce qui n’a toujours pas compris que la rareté est un principe éducatif. L’univers ne se conquiert pas par la force, mais par la compréhension.

La pollution révèle la limite du matérialisme : nos sens ne suffisent plus à percevoir les dégâts que nous causons, il faut l’esprit pour les déceler. Et pourtant, l’esprit est relégué au second plan. Nos sociétés marchandisent tout, y compris l’intelligence, et s’étonnent ensuite que la bêtise gagne du terrain.

Le futur ne sera pas une croissance infinie, mais une décroissance éthique, c’est-à-dire une réorientation de la valeur vers ce qui élève plutôt que ce qui accumule. La question n’est pas : « Que produirons-nous demain ? » mais : « Que deviendrons-nous lorsque produire ne sera plus nécessaire ? »

Conclusion

Les civilisations meurent lorsqu’elles confient leur destin aux marchands. La tour de Babel s’est effondrée non faute d’ambition, mais faute d’équilibre entre matière et esprit. Nous commettons la même erreur : nous croyons bâtir une tour de savoirs interconnectés, mais nous laissons les financiers en tenir les plans.

Pourtant, une issue demeure : celle d’un monde où l’apprentissage devient la première des activités humaines, où l’on mesure la richesse à la qualité de la pensée plutôt qu’à la quantité de biens.
Là se joue la survie de notre espèce, mais aussi la possibilité d’une réconciliation entre science et sagesse.

Nous ne sauverons pas le monde qu’avec de nouvelles machines, mais avec de nouveaux esprits.

 

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 6 Octobre 2025

La démission de Sébastien Lecornu : crise politique ou maturité démocratique ?

La démission de Sébastien Lecornu a surpris.
Nous étions plutôt habitués, ces derniers temps, à voir l’Assemblée nationale refuser sa confiance, non à voir un Premier ministre se retirer avant l’épreuve.

Après avoir consulté, formé son gouvernement et mesuré la solidité de sa majorité, Lecornu a sans doute jugé l’échec inévitable.
Il a eu l’intelligence de renoncer à sa charge plutôt que d’aller s’échouer sur les bancs du Parlement.

Les partis, figés sur leurs positions, n’ont offert ni consensus sur la dette, ni compromis sur les retraites.

Une crise ? Non, un jeu démocratique

La presse s’enflamme. On parle de « crise » là où il n’y a qu’un fonctionnement normal de la démocratie.

Le président, lui, persiste à gouverner sans majorité, jugeant la France insoumise et le Rassemblement national incompatibles avec sa ligne :

l’une rompant avec le capitalisme, l’autre flirtant avec l’autoritarisme fascisant.

Dans l’union des gauches, le maillon faible reste le Parti socialiste et ses apparentés.
Mais faute de concessions, Lecornu n’a pu les détacher du Nouveau Front populaire (NFP).
Il aurait fallu les rallier pour atteindre la majorité de 294 sièges. En vain : le NFP est resté soudé.

Composition de l’Assemblée :

  • Gauche (NFP) : 194 sièges (communistes, LFI, PS et apparentés)

  • Rassemblement national : 123 sièges

  • Droite et centre : 226 sièges (Renaissance, Horizons, Modem, Républicains, Union des droites)

Macron conserve donc le plus grand groupe unifié, contrairement au discours répété par les oppositions et repris sans distance par les médias.
Les chiffres démentent leurs slogans, mais la politique, c’est aussi cela : faire croire plutôt que démontrer.

Dissoudre, démissionner… ou laisser respirer la République ?

N’ayant pu fissurer le bloc de gauche, il reste au président deux options :

  1. Dissoudre à nouveau l’Assemblée et gouverner par-dessus les fractures ;

  2. Dissoudre et se retirer, ouvrant une page nouvelle.

Dans tous les cas, inutile d’agiter l’épouvantail de la « crise ».
Les institutions tiennent bon.

La République ne s’effondre pas : seuls les marchés et les commentateurs s’affolent, par réflexe ou intérêt.

La fonction publique gère, les services fonctionnent, les affaires courantes continuent.
Si le budget 2026 n’est pas voté, celui de 2025 sera reconduit.

Le reste n’est qu’un effet de loupe médiatique : la généralisation d’événements isolés pour entretenir l’angoisse.
Une démocratie qui discute, qui hésite, qui bloque parfois, ce n’est pas une faiblesse — c’est sa respiration.

La démocratie n’est pas un consensus

En dénonçant les « intérêts particuliers » des partis, Sébastien Lecornu a commis une erreur d’analyse.
Ces intérêts ne sont pas une dérive : ils sont l’essence même de la démocratie.

Les partis incarnent la diversité des opinions et des choix citoyens.
Ils sont la voix des désaccords légitimes, non celle des égoïsmes.

Mais dans sa logique, l’« intérêt supérieur de la France » se confond avec la continuité des politiques d’austérité issues de Maastricht.
Cette logique réduit la société à une donnée comptable, évaluée selon le prisme du capital des riches.

On nous répète, comme un réflexe pavlovien, que « les riches créent des emplois » et que « l’État doit se gérer comme une entreprise ».
C’est la clochette du néolibéralisme, celle qui sonne à chaque discours pour maintenir l’illusion.

En 2005, les Français ont dit non à cette vision lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen.
Les accords de Lisbonne ont balayé ce refus, imposant l’austérité permanente comme horizon politique.

De l’austérité à la confusion : la gauche désorientée

Depuis, la désinformation médiatique a entretenu la confusion.
On a fait croire que le socialisme se résumait à la politique conduite sous François Hollande — une caricature qui a nourri la désespérance.

L’abstention a suivi, puis les votes blancs, avant que la peur ne fasse le lit du Rassemblement national, qui ne propose pourtant aucune rupture avec le capitalisme.

Les électeurs se trouvent aujourd’hui face aux conséquences de leurs propres choix.
Ce n’est pas aux élus ni au président qu’il faut tout imputer : c’est aussi à chacun d’assumer sa part.

Mais aucun parti ne le dira franchement : tous vivent de l’espérance du vote, et préfèrent flatter que confronter.

Quelques chiffres rappellent l’ampleur du malentendu :

  • Inscrits : 43 328 508

  • Votants : 27 279 713

  • Abstentions, blancs et nuls : 16 048 795

Plus d’un tiers du corps électoral rejette le système.
Non par ignorance, mais par désaffiliation politique : ils ne se sentent plus représentés.
La diversité existe pourtant, mais le cadre électoral en restreint l’expression.

Une épreuve de vérité démocratique

Ce moment politique n’est pas une crise : c’est une épreuve de vérité.
Le Parlement reflète les fractures d’une société épuisée par l’austérité, la peur et la confusion.

Tant que la démocratie sera réduite à la gestion comptable des États et à la sérénité des marchés, elle tournera sur elle-même, vidée de sens.

Le véritable enjeu n’est pas de gouverner sans majorité, mais de redonner au peuple la conscience de ce qu’il est :
le moteur et la mesure de la République.

Résumé analytique et civique

La démocratie ne se défend pas seulement dans les urnes, mais dans la capacité de chacun à comprendre ce qu’il s’y joue.
Tant que le savoir politique restera l’apanage d’une minorité, la majorité sera condamnée à voter sous influence.

La crise n’est pas institutionnelle : elle est cognitive.
Ce n’est pas d’un nouveau Premier ministre dont nous avons besoin, mais d’un peuple qui réapprend à penser par lui-même.

Nous payons aujourd’hui le prix d’une société qui rémunère la productivité plutôt que la compréhension.

Rémunérer les Hommes pour apprendre, ce n’est pas une utopie : c’est la condition de la démocratie à venir.
Car sans la connaissance, il ne reste que la peur — et la peur engendre toujours les pires maîtres.

La République n’est pas malade de ses institutions, même si elles se réforment lorsqu’elles atteignent leurs limites, mais de ses consciences citoyennes, endormies par les euphorisants médiatiques de leurs propriétaires.

L’avenir ne se décidera pas seulement dans un hémicycle, mais dans la clarté retrouvée de chaque esprit.
Le jour où apprendre vaudra mieux que dominer, nous aurons réparé la démocratie, et les débats politiques retrouveront leur sens.

On s’inquiète des dissolutions et des majorités, mais la vraie dissolution est ailleurs :

celle de la raison publique dans le flux des émotions médiatiques.

Tant que l’on ne réhabilitera pas la connaissance comme devoir collectif pour nourrir la démocratie de réflexion,
la République restera gouvernée par les plus habiles, non par les plus éclairés.


 

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 5 Octobre 2025

Le grand mensonge du salaire net

Introduction

Depuis que la comptabilité a remplacé la morale comme boussole collective, nous confondons richesse et liquidité. Le salaire net devient l’idole d’un monde qui oublie que la solidarité n’est pas une charge, mais une forme de civilisation. Réduire les cotisations sociales, c’est défaire la République par le bas. Sous le masque du pouvoir d’achat, le gouvernement détricote la solidarité nationale, livrant les citoyens au marché comme on livre une proie à son prédateur.
On ne sauvera pas la société en rognant sur la solidarité, mais en réhabilitant le savoir. Ce que la politique de la marchandisation de la vie détruit par ignorance, seule l’éducation peut le réparer.

L’illusion du salaire net : la grande duperie des gouvernants

Le gouvernement prétend augmenter le pouvoir d’achat en réduisant les « charges » salariales. L’argument semble séduisant : plus d’argent net sur la fiche de paie. Mais cette logique est une imposture économique et une faute politique.

Ce que l’on appelle « charges » n’a rien d’un fardeau : il s’agit du financement collectif de services essentiels — soins, retraite, chômage, famille — qui constituent le cœur de la protection sociale. Ces contributions ne sont pas des ponctions sur le revenu, mais des investissements mutuels, des garanties partagées contre la maladie, la vieillesse et les aléas de la vie. En les présentant comme des coûts, le gouvernement reprend la logique comptable de l’entreprise, où tout ce qui ne concourt pas directement au profit est perçu comme une dépense inutile.

La mystification est totale : lorsque les citoyens s’assurent auprès du privé, ce n’est plus une « charge », mais la contractualisation d’un service. Et il est triste de constater que cette inversion sémantique fonctionne, tant elle révèle l’affaiblissement de notre capacité réflexive.

Dans une société, les cotisations sociales ne sont pas des « charges » : elles sont la traduction concrète d’un pacte de solidarité. Les réduire revient à fragiliser les services qu’elles financent — ou à transférer leur coût sur les individus eux-mêmes, sous forme d’assurances privées ou de prestations dégradées. Autrement dit, on ne fait qu’augmenter le « salaire net » en réduisant ce qu’il permet de garantir collectivement.

Dans une comptabilité domestique, on ne parle pas de « charges » pour désigner le loyer, l’électricité ou la santé : ce sont des dépenses nécessaires au confort, à la sécurité et à la dignité. Les cotisations sociales relèvent du même principe : elles ne pèsent pas sur le salarié, elles lui assurent, à lui et à la collectivité, un horizon de stabilité.

Faire croire que réduire les cotisations augmentera le pouvoir d’achat est une escroquerie intellectuelle. Le pouvoir d’achat réel, c’est le salaire brut, c’est-à-dire la somme du revenu direct et de la sécurité différée qu’il finance. Retirer les cotisations, c’est rogner sur la santé, la retraite, la dignité. Ce que l’État appelle “gain” aujourd’hui se paiera demain par des soins moins accessibles, des pensions plus faibles, des impôts plus lourds.

Salaire brut : la supercherie politique

La promesse d’augmenter les salaires en réduisant les “charges” sociales ne traduit pas une volonté d’améliorer la vie des travailleurs, mais une manœuvre visant à transférer sur les individus ce que la collectivité ne veut plus assumer.

Depuis des décennies, un travail patient de conditionnement a préparé le terrain. Sous l’influence des communicants, l’économie s’est réorganisée autour de la figure du client roi, cet individu persuadé que son pouvoir d’achat repose sur la baisse des prix plutôt que sur la juste répartition de la richesse. Aveuglé par l’illusion du gain immédiat, il a réclamé des produits toujours moins chers, oubliant que ce qu’il gagnait comme consommateur, il le perdait comme travailleur.

Ce glissement culturel a ouvert la voie à une substitution massive de l’emploi humain par la technologie, partout où cela était rentable, sans compensation sociale ni politique. Résultat : la disparition progressive des emplois cotisants fragilise à la fois la consommation, les prestations sociales et le financement des services publics. Or ce sont précisément ces emplois et ces cotisations qui permettaient de maintenir l’équilibre de la solidarité nationale.

Dans ce contexte, prétendre “augmenter le salaire net” en réduisant les cotisations revient à scier la dernière branche sur laquelle repose encore la cohésion sociale. Le véritable pouvoir d’achat n’est pas le salaire net, mais le salaire brut, c’est-à-dire la somme des revenus directs et différés ceux qui garantissent l’accès à la santé, à la retraite, au chômage, à la dignité. Diminuer les cotisations sociales, c’est réduire la part collective du salaire pour la transformer en une illusion individuelle.

Face à la hausse des besoins, soins, retraites, indemnisation du chômage le gouvernement de la collectivité nationale n’aura alors que trois options : dégrader les services, creuser le déficit, ou augmenter les impôts. Dans les trois cas, le salarié y perd. Cette logique du court terme, présentée comme une victoire du pouvoir d’achat, est en réalité une dépossession politique : elle détruit le lien entre travail, solidarité et citoyenneté.

Nos gouvernants ne peuvent ignorer cela. Leur hypocrisie consiste à maquiller un démantèlement social en progrès économique. Mais on ne renforce pas une société en lui retirant les fondations de sa solidarité : on la fragilise, on la divise, et on la livre à la logique marchande, là où tout devient affaire de coût et de rendement.

Vers une redéfinition de la valeur : apprendre plutôt que produire

Cette illusion du salaire net révèle un impensé plus profond : celui d’une société qui continue de mesurer la valeur humaine à l’aune du travail marchand, alors même que la technologie rend ce travail de moins en moins nécessaire.

Plutôt que de chercher à sauver un modèle épuisé en rabotant les cotisations, il faudrait repenser la distribution de la richesse autour de ce qui demeure spécifiquement humain : la capacité d’apprendre, de comprendre et de créer du sens.

Rémunérer les hommes pour apprendre — non pour produire davantage, mais pour s’élever collectivement — deviendrait alors la véritable réforme du pouvoir d’achat : un pouvoir d’être et de savoir. Car c’est par la connaissance que l’on répare ce que l’ignorance détruit, et non par le calcul comptable des “charges” que l’on prétend alléger.

Alléger les charges familiales, sociales ou collectives sans repenser le sens de la valeur, c’est fabriquer une société au rabais. Et cette tromperie, présentée comme modernité, restera sans doute la plus grande du siècle.

Ce n’est pas en allégeant les charges qu’on allège la misère, mais en allégeant l’ignorance. La vraie hausse du pouvoir d’achat, c’est celle de la conscience.


 

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Publié le 5 Octobre 2025

La justice et la punition.


 

La philo s’intéresse à l’essence de l’être et de ce qui le meut.

Tout ce qui existe à une raison d’être, même si la raison objective nous échappe.

Comment opérer une distinction entre ce qui est de nature ou de culture?

Est de nature tout ce qui est de l’inné. L’adaptation est de l’inné mais les formes qui en seront réalisées sont de la culture car elles résultent d’une création déterministe d’œuvres de l’homme et ne sont pas présente à sa naissance. Nous ne naissons pas au volant d’une voiture.

Le singe utilise une paille ou un cailloux pour se nourrir sans lui la paille resterai à sa fonction de nature, livrée à l’évolution de la planète.

Ce qui a pu être fait par la culture peut être défait.

Nos émotions résultant de nos relations à l’environnement réalisent nos désirs sous le contrôle du filtre inné, par la raison déterminée pour la nécessité de survivre et accomplir la perpétuation de l’espèce.

L’instinct n’a pas de raison. Dans ce cadre l’humain ne développe que des paradigmes acceptables par l’inné qui peut les intégrer et qui constituent l’évolution d’adaptation des espèces.

La notre a connu une révolution cognitive pour extraire du sol, de la biodiversité de quoi satisfaire sa survie face à l’évolution planétaire et celle de sa population qui en a résulté exigeant une sédentarisation productive.

Celle-ci a enchaîné l’exigence d’une régulation verticale correspondant au rapport dominant/dominé toujours en vigueur de nos jours malgré s des tentatives d’organisation horizontales dont nous connaissons au moins deux axiomes, aimer vous les uns les autres de jésus, et que puis- je faire pour toi du psychiatre Alder, héritage culturel de l’altruisme féminin et d’une organisation de partage issu de la chasse collective au gibier dans les premier temps culturel faisant suite à ceux de l’homo-habilis.

La sédentarisation a exigé en l’absence d’abondance productive une répartition de la Rareté produite. Cela est essentiel car c’est de la répartition de cette rareté que découlera tous les comportements humains qui s’en suivront jusqu’à nos jours. Donc celui particulier qui nous intéresse, la justice qui vient maintenir les différent ordres sociaux idéologiques en l’état pour maintenir une socialisation du groupe du clan de la société du monde.

La justice n'est pas juste.

Il est donc impossible de pouvoir considérer que la justice est quelque chose de juste, sinon toutes évolutions socio-économiques et politiques seraient impossibles.

Il est donc autre chose que de penser que la justice est juste, elle rétablit seulement au plan individuel ou collectif l’ordre organisationnel imposé ou accepté.

Mais les hommes ont besoin d’assurance pour satisfaire à leurs angoisses existentielles et recherche un salut dans tout une suite de représentations du dominant vertical, mythe, idéologie, dominant systémique qui désignent ou cooptent une autorité qui s’impose par une structure de commandement sous la surveillance d’officiants remplissant une fonction corrective de tous les effets pervers ou déviants de son organicité. Pour nous ce sont les forces de polices et le ministère de la justice. J’utilise souvent la notion de contes pour qualifier tous ces paradigmes sociétaux, car ils sont élaboré par notre construction psychique.

Dans l’esprit humain la justice demeure une institution

Dans l’esprit humain la justice demeure une institution qui correspondrait à ce besoin immanence source de certitudes ; or elle n’est rien de tout cela, elle se borne à soutenir l’ordre en place et rien d’autre. De part le monde existe une diversité d’organisations différents de la notre ayant les mêmes désirs car ils sont innés, ils sont une potentialité adaptative. Dans l’île de Bornéo existait encore en 1956 une tribu dénommée tribu des arbres découverte par un pasteur missionnaire. Les indigènes habitaient dans les arbres, car leur usage nécessité que l’on décapite un vieux pour s’épouser et procréer, et chacun veillait à ce que cet usage soit respecté. Ils n’étaient en rien cruel, ils avaient trouvé un moyen d’auto régulation. Y a t’il quelque chose de juste ou d’équitable. Rien bien sûr, pas plus que pour nous actuellement.

En conséquence les hommes ont toujours la nécessité de devoir s’interroger sur leur existence dans le cadre d’une vision idéaliste de leur organisation sociale économique et politique pour assurer leur survie.

Or plus la complexité des relations interpersonnelles croient sous la création technologique et plus elle exacerbent les désirs. Lobligation de disposer de savoirs croit également pour palier aux angoisses, au stress, à l’ignorance. Cela pas pour enorgueillir d’être un cador ou un génie, mais pour disposer de ce que l’on appelle le contrôle interne qui permet de vivre paisiblement et d’envisager les réformes ou évolutions qu’entraîne une existence « géohistorique ». En l’absence d’une intégration suffisante de tous les savoirs, l’on fait appel à ce que l’on appelle le contrôle extérieur qui est constitué des forces de polices et de l’institution judiciaire qui sévissent aussi bien dans les démocraties que les dictature et ne témoignent en rien d’une justice équitable inconditionnelle ; l’accroissement de ces forces est un signe de médiocrité.

A tout cela s’ajoutent les moyens de coercition qui vont de la réprimande à la peine de mort.

Ils n’ont aucune base réfutable. Ils sont le résultat d’une réponse émotionnelle suivant les priorités de l’organisation en vigueur et sont l’objet d’une évolution.

Rien qui nous assure que la punition infligé soit juste

Comme mesure nous avons le litre, le mètre cube, la longueur le mètre, pour le froid ou le chaud, la température, pour le poids le kilo, le temps l’heure etc.. Pour les émotions absolument rien. Rien qui nous assure que la punition infligé soit juste à quelque niveau que ce soit.

Elle n’est que la réponse à une insuffisance. Intégrer la culture demande une gymnastique de l’esprit qui s’apprend des le plus jeune âge et faute de prendre le temps nécessaire, en fonction des occupations familiales, sociales et économiques de chacun, nous punissons en espérant que le traumatisme provoquer sera à même de laisser un souvenir pour que l’information soit enregistrée.

La punition n’est donc que le corollaire d’une insuffisance structurelle et elle est aussi traumatisant que les comportements qui en génèrent chez autrui.

L’inadaptation des structures socio-économiques et morales de notre temps ne sont plus adaptés à l’évolution des technologies et savoirs, et de leurs moyens de circulation. Aux sources de nos comportements et nous véhiculons encore des préjugés et des fantasmes refoulés par la culture.

C’est donc en vain que nous recherchons dans le ministère de la justice et par les lois quelque chose qui serait juste dans une organisation verticale qui fabrique, par la répartition de la Rareté, les maux dont nous nous plaignons, et qui de plus échapperait à la nécessité d’une appréciation intellectuelle, afin de réguler, voire de pouvoir contrôler en partie, ou d’orienter nos réactions émotionnelles.elles n’ont qu’une seule fonction, nous assurer de survivre dans notre environnement géohistorique, et nous pouvons en admettre comme la tribu des arbres, la guerre ou la peine de mort. Penser autrement, respecter la vie, l’intégrité des humains, respecter le consentement de chacun demande des qualités que ne peuvent qualifier la philosophie, la sagesse etc, là ou il faut être capable de trouver le juste à propos des choses.

la justice sous le poids des mots politiques

La guerre contre EID, est un exemple de nos réponses émotionnelles, les quelques décapitations auxquelles ils se sont livrées nous ont ému au plus profond de nous même, qualifiant cela de barbarie. Pourtant les occidentaux en guerre lâchaient des bombes qui faisaient sans distinction bien plus de morts sans nous émouvoir et nous expliquions que nous menions une guerre propre.

Les attentats ont traumatisé les populations, alors qu’ils font partie des risques les moins étendus dans le monde, 29 000 sur 8 milliard.

Cela témoigne de ce que l’on appelle une accoutumance au risque. En Irlande ils s’étaient accoutumés aux attentats comme en Israël, comme durant le moyen âge les hommes étaient accoutumés aux pillages.

La réponse alors n’était pas la justice et la punition, mais des villages perchés et des fortifications. Là encore les hommes ignoraient que le pillage comme le vol ne dure que le temps des stocks disponibles et ensuite l’on disparaît. Il n’est donc pas interdit de voler pour des raisons morales, qui étaient au temps ou ce fut mis en vigueur un comportement fermant les portes de la vie éternelle, mais parce que notre espèce en disparaîtrait, n’étant plus à même de produire son nécessaire dans un environnement qui ne lui assure pas sans culture sa substance. Idem pour le processus de vengeance nous avons lu cela.

Transition civilisationnelle

Une transition civilisationnelle est en cours, des sociétés industrielles s’y préparent particulièrement dans la Silicon-Walley, pour se diriger vers une économie de la connaissance, qui aujourd’hui n’est que l‘apanage d’initiés, comme ce fut le cas tout au long de notre développement pour démocratiser celle-ci en fonction du temps à y consacrer. La conséquence en fut l’évolution de nos mœurs de nos us et coutumes des conventions acceptées.

Or la stabilité d’une société repose sur le consensus de soumission des faibles et c’est à cela que veillent toutes les structures d’ordres, et ralentissent de fait toute évolution ou réforme, sans cela nous ne pourrions pas produire.

Il est bien évident que ce passage intellectuel s’oppose à la stratégie de l’émotion qui caractérise notre société occidentale depuis 1990 et fait de la justice l’être salvateur supérieur que l’on souhaiterait indépendant du pouvoir des hommes, bref un autre dieu.

Y aura t-il une évolution d’ici 2100 ?

Dans l’histoire humaine l’Homme a accomplis une révolution cognitive. L’homo-habilis est daté d’entre 2 et 3 millions d’années, l’homme sapiens lui succédant enterre ses morts vers 100 000, et le début du néolithique fixe la période où se développe les premières productions agricoles, l’élevage et la domestication d’animaux, il y a plus de 10 000 ans.

Cette nouvelle activité économique née de la raréfaction des nourritures nécessaires et de la multiplication de la population humaine, privilégié par la maîtrise du feu et la chasse du gros gibier, va entraîner le développement de « Civilisations » sans précédente, autour d’une sédentarisation créatrice de villages, villes, royaumes, nations comportant un nombre important de population humaines formant des sociétés de plus en plus complexes dans leurs relations interpersonnelles.

C’est avec la maîtrise du langage, de l’écriture, et de l’apprentissage que les humains donnerons corps à leurs désidérabilités par des organicités et des créations socio-économiques satisfaisant aux comportements innés qui dirigent leurs existences depuis depuis la nuit des temps, que des auteurs, tel Jacquard ou Shapiro nous ont raconté dans la légende de la vie.

Nous possédons donc, comme tout le vivant les moyens de survivre, pour nous nourrir, nous protéger et copuler afin de multiplier l’espèce et assurer notre existence, tant que celle-ci n’entraîne pas sa propre auto-destruction (armes de destructions massives) dans son rapport à l’environnement qui lui assure son existence,comme à tout le vivant, dans la biodiversité avec la particularité pour l’homme d’extraire du sol des matériaux.

Aujourd’hui plus qu’hier nous avons des moyens de comparaisons pour comprendre qu’elle place occupe nos organisations complexes dans la biodiversité et dans l’univers.

Et dans l'histoire

Pour l’instant encore les sociétés humaines reposent leurs organisations sur des principes civilisationnels qui remontent à la civilisation Mésopotamienne, du moins pour la civilisation occidentale, appuyée sur le premier code écrit dans la pierre par Hammourabi 1750 A.J.C.

Celui-ci continue les habitudes sociales de ces prédécesseurs, d'Ur III et le règne d'Ur-Nammu (2112 – 2094 ), des rois qui compilaient des recueils de sentences juridiques. Cette tradition est récupérée par Hammourabi, il en écrit son Code pour procéder à l'organisation de l'administration de ses conquêtes. Elles sera reprise à son tour par les Hébreux et passera à la postérité avec les tables de la loi accordées à Moïse, et fondera la morale occidentale.

Le Code de Hammourabi connu par une stèle exhumés par Gustave Jéquier et Louis-Charles Watelin en décembre 1901 et en janvier 1902 à Suse. Ainsi jusqu’en 1900 notre civilisation était décrite et l’est toujours comme une civilisation judéo-chrétienne, alors qu’elle à comme source la Mésopotamie, ce que rapporte la bible avec la situation du jardin d’Éden. Les hébreux ont été une population qui a vécu sous l’administration de la Mésopotamie, et nous comprenons alors que les tables de la loi non rien de divin, et tout d’humain.

Que les croyants ne s’inquiètent pas ce n’est pas parce que, telle est l’histoire que cela fait disparaître Dieu, c’est la même chose pour le christ ce n’est pas parce que la science nous a appris qu’il ne pouvait pas y avoir de naissance divine instantanée que dieu en disparaît.

Ce préalable me paraît nécessaire pour comprendre, que malgré nos innovations technologiques, nos découvertes extraordinaires de la terre, du vivant, de l’univers et de notre cerveau, nous restons encore attachés à des préjugés, des superstitions, des barbaries qui nous paraissent aller de soi et nous pose la problématique de comprendre que notre histoire et celle d’une évolution, tout en acceptant pas de nous soumettre pour nous réformer,ne percevant pas que nous la vivons, jusqu’à ce qu’elle s’impose à nous par l’observation intellectuelle ou nos perceptions sensorielles. 

Pour autant cela n’est pas suffisant,car ensuite il faut que l’humain s’aventure alors dans l’incertitude, tandis qu’il s’accrochera, jusqu’à en mourir, à tout ce qui le rassure.

Cette difficulté est du essentiellement à notre mode d’apprentissage qui est trop lent, trop court, trop mercantiliste, trop initiatique pour engager les humains vers une société et un monde plus CIVILISÉ.

Les rapports humains à partir du Néolithique

1. Connaissances et limites Nous ignorons presque tout des relations interpersonnelles avant le Néolithique, en dehors des silex taillés, de l’art rupestre et des vestiges archéologiques. Aucune trace directe d’institutions punitives n’a été identifiée, malgré les conflits probables. Nos informations reposent souvent sur les récits des explorateurs (Cook et consorts) et sur des études contemporaines de tribus isolées (Amazonie, Papouasie), où l’on résout les différends sans peine de mort ni prison.

2. Transition écologique et démographique Deux facteurs majeurs ont transformé les sociétés :

La raréfaction des ressources alimentaires, liée à l’augmentation des populations et aux changements climatiques.

Le passage de la chasse-cueillette à l’agriculture et à l’élevage, amorcé entre 13 000 et 9 000 av. J.-C.

Ces mutations ont fragmenté les espaces (terres fertiles vs. terres d’élevage) et engendré de premières formes de conflits pour le contrôle des territoires cultivables [1].

3. Émergence de la violence organisée Si les récits bibliques (Abel et Caïn) évoquent déjà la lutte pour la subsistance, les fouilles archéologiques datées vers 4 000 av. J.-C. révèlent les premiers charniers, signes d’invasions organisées et de pillages à l’ère de la métallurgie (cuivre vers 3 500 av. J.-C., bronze vers 3 100 av. J.-C.) [2].

4. Naissance de l’institution judiciaire Avec l’usage du fer et l’invention de l’écriture, le « droit du glaive » a évolué vers des codes écrits. Le Code d’Hammourabi (vers 1 750 av. J.-C.) fixe des peines édictées « au nom des dieux » et instaure une administration chargée de les appliquer. Les lois se divinisent pour se rendre incontestables, légitimant ainsi le pouvoir en place.

5. Punition, profit et contrôle social La punition naît du besoin des dominants — peu enclins à produire — de protéger leurs biens et de contraindre les producteurs (servitude, esclavage). Au fil du temps, le commerce marchand a institutionnalisé ce pillage sous forme de plus-value économique, présentée comme « naturelle » : la recherche du gain minimal pour un effort maximal.

6. Héritage religieux et philosophique Les mythes (Baal, Samas) ont nourri l’idée que les lois et punitions sont des « dons divins » garantissant l’équité. Avec la laïcisation, la justice est redevenue « terrestre », mais le principe reste : maintenir l’ordre socio-économique existant.

7. Vers une critique moderne Les Lumières (Beccaria) ont adouci les peines et remis en question la cruauté des châtiments, mais sans abolir la peine de prison ni le principe même de punition. Les mouvements abolitionnistes contemporains plaident pour supprimer l’emprisonnement de masse.

8. Conclusion et perspectives

Aujourd’hui, 96 % de la population mondiale reçoit une information uniformisée (médias dominants, réseaux sociaux) qui légitime la perception d’une insécurité permanente. Pour dépasser la punition comme réponse unique, il faudrait :

Démocratiser l’accès au savoir et à la réflexion critique.

Introduire des mesures de justice restaurative, fondées sur la réparation plutôt que sur la répression.

Revisiter la notion de travail, en l’indexant sur une mesure biologique (calorie) plutôt que sur la valeur marchande seule.

La récidive interroge la logique punitive : faut‑il multiplier les peines pour dissuader ceux qui rechutent ? Depuis l’Antiquité, l’homme crée des règles (lois, commandements) pour faire vivre ensemble des individus étrangers les uns aux autres, unis seulement par leur besoin de survie. La justice moderne, héritière du « droit du glaive », confie à l’État le monopole du châtiment. Pourtant, récidiver n’est pas toujours le signe d’une « mauvaise volonté », mais peut résulter de la misère sociale, du manque de perspectives ou d’un apprentissage inadéquat.
Dans la tradition chrétienne, le pardon de Jésus illustre un principe alternatif : reconnaître sa faute et s’efforcer de la réparer avant toute sanction divine. Cette conception s’oppose à l’idée que la peine infligée serait un mal nécessaire, une sorte de médicament amer destiné à corriger le coupable.
Aujourd’hui, l’aggravation automatique des peines pour les récidivistes s’inscrit dans cette logique punitive, mais son efficacité reste largement contestée. Les statistiques montrent que les taux de réinsertion demeurent faibles, tandis que la surenchère répressive tend davantage à prolonger l’enfermement qu’à réduire durablement la criminalité.

Notre société contemporaine accepte les dérives socio-économiques comme le revers inévitable de la compétition capitaliste. Ses dirigeants ne proposent jamais d’en réformer les causes et préfèrent culpabiliser les citoyens qui succombent aux affres d’une répartition inégale de la rareté — comme si l’instinct de survie pouvait se résoudre à mourir de faim.
Ainsi, les populations « assises » semblent toujours redécouvrir que certains parmi elles refusent de périr et développent une économie souterraine faite de transgressions. Alors, les citoyens inquiets réclament davantage de sécurité et espèrent que la justice et la police suppléeront aux solutions politiques qu’ils n’ont pas le courage d’affronter.

Tant que la société punira les symptômes au lieu de soigner ses causes, elle confondra justice et vengeance. Une civilisation qui condamne ses exclus pour avoir voulu survivre ne punit pas le crime : elle punit la vie. Là où la justice remplace la politique, la peur devient la loi.

Nous enfermons les failles du système au lieu de les réparer.

 

 
 

 

 

 

 

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Rédigé par ddacoudre

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Publié le 5 Octobre 2025

I. De l’énergie au vivant : le pli de la vie

Introduction
Tout commence bien avant l’homme, bien avant même la cellule. Le cosmos n’a pas de but : il n’est qu’énergie en circulation. Pourtant, dans certaines conditions rares, ce flux a pris une forme : la vie. Comprendre cela, c’est comprendre que nous sommes d’abord des transformations d’énergie, et non des entités figées.

Or, notre réflexion contemporaine reste trop souvent prisonnière de valeurs héritées d’une vision empirique, parfois même superstitieuse, qui interprète l’existence à travers des finalités ou des croyances rassurantes. La science, depuis la découverte des chromosomes jusqu’à la physique quantique, a profondément bouleversé notre compréhension du réel : elle révèle un univers de probabilités, d’interactions invisibles et de structures émergentes où les certitudes anciennes n’ont plus de fondement. Pourtant, ce savoir n’a pas été démocratisé ; il demeure confiné à des cercles d’experts, laissant la pensée collective s’appuyer encore sur des catégories obsolètes.

Cette fracture nourrit la persistance de hiérarchies sociales qui tirent profit de l’ignorance, entretient la vulnérabilité des populations face aux idéologies simplificatrices et freine l’émergence de nouveaux modèles de société. Alors que nous vivons dans un monde façonné par la technologie et la connaissance scientifique, nos institutions, nos économies et nos croyances fonctionnent encore sur des schémas hérités d’un âge où l’homme se pensait au centre de l’univers. Cette inertie culturelle empêche d’anticiper les crises écologiques, énergétiques ou politiques, et condamne nos sociétés à des réactions tardives, souvent brutales.

Le défi du temps présent est donc de combler ce décalage : faire en sorte que la révolution scientifique ne soit plus seulement un acquis technique, mais une transformation intime de notre rapport au monde et à nous-mêmes.

C’est ici que la nécessité d’apprendre tout au long de la vie s’impose comme une évidence. L’accumulation des connaissances humaines est telle qu’aucun individu, même cultivé, ne peut prétendre à une compréhension globale sans un effort permanent de mise à jour. Apprendre n’est plus un luxe ni une étape réservée à la jeunesse : c’est une condition de survie collective. Car de cette curiosité active, de cette mise en mouvement intellectuelle, dépend notre capacité à dépasser l’ignorance et les instincts archaïques qui divisent, pour atteindre une forme de solidarité éclairée.

Une solidarité non pas naïve, mais égoïste au sens noble : chacun comprend que son intérêt propre passe par la préservation et l’élévation du collectif. L’humanité adulte ne naîtra pas de l’abondance matérielle ni des promesses technologiques, mais de cette conscience partagée que nous sommes liés par le même flux d’énergie et la même fragilité. C’est seulement en rémunérant l’effort d’apprendre, en valorisant la recherche et la transmission comme un bien commun, que nous pourrons dépasser les réflexes de domination et ouvrir la voie à une société enfin mûre.

Cette solidarité égoïste change radicalement la manière de penser nos institutions. Dans l’éducation, elle signifie qu’apprendre n’est plus seulement préparer les enfants à « trouver une place » dans l’économie, mais offrir à chacun, tout au long de sa vie, les moyens d’accéder aux savoirs, de les comprendre et de les partager. La connaissance devient un droit fondamental, mais aussi un devoir citoyen, car l’ignorance de l’un fragilise tous les autres.

Sur le plan économique, cela implique de sortir d’une logique où la valeur est mesurée par la rareté ou la compétition. Rémunérer l’apprentissage, c’est reconnaître que l’effort intellectuel, l’ouverture à la complexité et la créativité sont aussi productifs que n’importe quel travail matériel. La richesse ne résiderait plus dans l’accumulation, mais dans l’élévation du niveau de conscience collectif.

En démocratie, enfin, la solidarité égoïste impose de réinventer la participation. Un citoyen qui apprend en permanence n’est plus seulement un électeur passif : il devient un acteur capable de comprendre les enjeux, de questionner les discours et de co-construire des solutions. Loin d’affaiblir le politique, cette exigence le renforce, car elle fonde la légitimité non sur l’autorité ou la tradition, mais sur la compétence partagée.

Ainsi, apprendre tout au long de la vie n’est pas une option pour les curieux ou les privilégiés : c’est le chemin obligé pour que l’humanité accède à l’âge adulte. C’est accepter que notre survie et notre épanouissement passent par une réconciliation entre science, culture et société. La solidarité égoïste n’est pas une utopie abstraite : elle est le seul horizon réaliste d’un monde où l’énergie circule, se transforme, et appelle à être comprise pour être vécue pleinement.

Développement

  1. Flux avant forme.
    Le cosmos est une immense circulation d’énergie : chaleur, lumière, mouvements de particules. Rien n’a d’intention. Pourtant, quand la température, la pression et la matière s’alignent, ce flux se plie en structures : d’abord l’atome, puis la molécule, puis les membranes qui isolent, enfin la cellule. La vie détourne localement l’entropie : elle retarde la dissipation du flux, sans jamais l’abolir.

  2. Conséquence anthropologique.
    Manger, parler, aimer, travailler, penser : chacune de nos actions est une transformation d’énergie. Nous ne sommes pas « au-dessus » du monde, pas plus que nous n’en sommes les maîtres ou les spectateurs. Notre regard, notre pensée, notre conscience ne sont pas des entités immatérielles détachées de la matière, mais déjà des opérations énergétiques.

Penser, c’est transformer une part du flux cosmique en organisation symbolique : capter des impressions, des signaux, des sensations, et les réordonner en images, en mots, en concepts. Aimer, c’est convertir une intensité biologique et affective en liens sociaux. Même la spiritualité, loin d’être « au-delà » de la matière, est une modulation de ce flux.

  1. Les contes de fées culturels.
    Devant l’énigme — pourquoi l’énergie s’organise-t-elle en vie ? — les humains ont raconté des histoires. Religions, mythes, philosophies, sciences : autant de tentatives d’ordonner le flux. Ces récits ne ratent pas la vérité : ils fabriquent du mouvement.

Mais l’humanité a besoin d’un nouveau récit : s’émanciper de l’adolescence capitaliste, cupide et destructrice, pour entrer dans une maturité consciente.

Ce récit repose sur trois piliers :
– Apprendre tout au long de la vie.
– Transformer l’économie : mesurer la valeur à la qualité des liens et à la continuité de la vie.
– Réinventer la démocratie comme intelligence partagée.

Encadré concret
– Une cellule humaine contient environ 100 000 milliards d’atomes.
– Chaque seconde, elle renouvelle 10 millions de protéines.
– Sans ce flux permanent, nous mourrions instantanément.

Mini-conclusion
Nous ne sommes que des plis locaux du flux universel. La première leçon est limpide : la vie n’a pas de but prédéfini, elle est pur mouvement. Ce besoin de certitude procède de notre instinct de survivance. Mais ce qui pose problème, c’est la manière archaïque dont nos cultures ont figé ce désir en dogmes.


– capacité à créer de la monnaie pour financer des infrastructures.

Ce sont peut-être ces zones qui ouvriront la voie à la solidarité égoïste.

3. La France : une fenêtre politique.
Trois leviers concrets permettraient une bifurcation immédiate :
– Monnaie de projet (banque publique verte, financements ciblés).
– Retraite plancher universelle (personne sous le SMIC net).
– ECPA (enseignement complémentaire rémunéré pour adultes).

Des choix faisables, qui pourraient servir d’exemple international.

4. Anthropologie, philosophie, comptabilité.
– Anthropologie : dépasser la rareté et la prédation.
– Philosophie : sortir du mythe d’une vérité économique unique (le marché).
– Politique : les nations capables de flécher la monnaie portent une responsabilité historique.
– Comptabilité : redistribuer 200–300 Md€/an en “monnaie pure” est possible sans inflation, si cela finance des capacités réelles.

Mini-conclusion
La bifurcation de l’humanité n’est pas une affaire de morale, mais de géopolitique.

Si l’Occident reste prisonnier de la financiarisation, d’autres nations prendront le relais.
L’histoire retiendra celles qui auront su transformer la richesse en capacité collective, pas celles qui auront accumulé le plus.

 

 

 

II. Monde objectif & conscience imparfaite

Introduction
Le réel existe-t-il en soi ? Oui, mais il nous échappe. Nous n’en percevons que des fragments, filtrés par nos sens, nos cultures, nos récits. Notre conscience n’est pas une lucarne transparente : elle est un prisme déformant. Et pourtant, c’est à travers ce prisme que nous construisons notre monde.

Même nos appareils les plus sophistiqués — microscopes, télescopes, radars — ne font qu’étendre nos perceptions. Ils remplacent nos yeux ou nos oreilles, mais ne disent rien du goût, de l’odeur, de la texture du cosmos ou de la particule. Ils traduisent le monde en signes que nous interprétons. La science n’abolit pas le prisme humain : elle l’élargit, elle le complexifie, mais elle reste elle aussi un récit, une manière d’ordonner ce qui nous échappe.

Développement

  1. Phénoménologie & quantique.
    La philosophie l’a pressenti : Husserl et Merleau-Ponty rappellent que nous n’accédons pas au monde autrement que par des relations. La physique quantique le confirme : l’état d’une particule dépend de l’acte de mesure, donc de l’observateur. Le monde objectif existe, mais il n’apparaît jamais sans médiation.

  2. Neuro-économie des choix.
    Les neurosciences montrent que la plupart de nos décisions sont préparées par le cerveau avant que nous en ayons conscience. La conscience, en réalité, ne choisit pas : elle raconte. Elle fabrique une histoire après coup, pour donner sens à des signaux venus de nos instincts et de notre environnement.

Cela veut dire que ce que nous appelons “liberté” est une illusion utile : elle nous évite la paralysie. Nous nous croyons responsables de nos choix, mais nos décisions naissent d’une infinité de causes biologiques, sociales, culturelles, dont nous ne maîtrisons qu’une infime partie.

C’est pourquoi nous devons exercer une tolérance dans le jugement d’autrui. Si chaque action résulte d’un enchaînement de conditions dont la plupart échappent à la conscience, nul n’est totalement innocent ni totalement coupable. Être tolérant, ce n’est pas excuser tout, mais juger avec humilité.

  1. La sagesse ancienne.
    Ce que la science confirme aujourd’hui, les traditions l’avaient pressenti. Jésus disait : « Pardonnez, car vous ne pouvez que vous tromper. » Dans les religions, le “Père” est ce monde objectif auquel nous n’avons jamais un accès complet. La science moderne le dit autrement : à l’échelle cosmique, tout retourne à la matière, tout se recycle, tout recommence.

Encadré concret
– Nous recevons 20 000 signaux sensoriels par seconde.
– Notre conscience en sélectionne moins d’une centaine.
– Quand nous croyons “choisir” un produit au supermarché, ce sont en réalité les couleurs, les odeurs, les prix, les émotions qui orientent notre geste avant que nous en soyons conscients.


Mini-conclusion
Nous ne voyons pas le réel tel qu’il est, mais tel que nos sens, nos récits et nos émotions le laissent passer. Reconnaître cette limite n’est pas un échec : c’est une condition d’humilité.

Chaque acte est une semence dont nous ne connaissons pas le fruit : il appartient à ceux qui viendront après nous d’en découvrir la forme.

III. Espace clos, seuils et risque d’auto-régulation violente

Chapeau introductif
Vivre, c’est évoluer dans un espace limité. Une espèce qui croit pouvoir croître sans fin dans un monde fini se trompe. L’histoire naturelle nous l’enseigne : toute expansion rencontre tôt ou tard un seuil.

La question n’est pas de savoir si l’équilibre reviendra, mais comment. Car l’équilibre revient toujours : parfois par l’adaptation et la transformation, parfois par la rupture et l’effondrement.

Développement

  1. Le monde clos.
    John Calhoun, dans ses expériences de surpopulation de rongeurs, montrait qu’un espace saturé conduit à des comportements pathologiques : violence, isolement, effondrement démographique. Robert May, avec ses modèles de dynamique des populations, l’a confirmé : tout système biologique en espace clos s’autorégule, souvent par prédation ou effondrement.

La Terre est un espace clos. Nous ne faisons pas exception. Pourtant, nous avons continué à entasser les populations dans des mégapoles, au prix d’une explosion de tensions sociales. La violence urbaine n’est pas une anomalie, mais la conséquence logique d’une organisation spatiale inadaptée.

  1. XXe–XXIe siècle.
    Deux guerres mondiales, avec plus de 100 millions de morts, n’ont pas stoppé la croissance démographique. Pourquoi ? Parce que le savoir humain a multiplié les capacités : mécanisation agricole, chimie, médecine, automatisation.

Résultat : là où la rareté aurait dû imposer un frein, l’ingéniosité a repoussé les limites. La population est passée de 2 milliards en 1927 à plus de 8 milliards aujourd’hui. Mais ces gains créent une contrainte : la planète n’est pas extensible. Climat, sols, eau douce, biodiversité et déchets radioactifs sont devenus les nouveaux verrous.

Les conférences internationales n’ont produit que des compromis timides. Les logiques de rente dominent encore. Le passage à une solidarité égoïste — où chacun reconnaît que sa survie dépend du bien commun — devient une condition pour sortir de l’impasse.

  1. La tentation de l’absolu.
    Face à ces seuils, les sociétés se replient sur des dogmes : religieux, idéologiques ou scientistes. Croire détenir une vérité absolue (le marché autorégulateur, l’utopie politique figée, le scientisme) revient à nier le flux. Mais nier le flux, c’est préparer l’effondrement.

La seule terre qu’il nous reste à conquérir est l’incertitude. Or seule la connaissance, toujours en devenir, nous offre cette assurance fragile mais féconde.

Encadré concret
– La planète ajoute 80 millions d’habitants par an (équivalent de l’Allemagne).
– La consommation d’énergie primaire a été multipliée par 12 depuis 1950.
– Si tout le monde consommait comme un Européen : 2,8 planètes. Comme un Américain : 5 planètes.

Mini-conclusion
Les seuils sont inévitables : entropie en physique, bulles en économie, burn-out en psychologie, totalitarismes en politique. Tout système finit par atteindre un point où il doit se réorganiser ou se briser.

Mais notre époque ajoute une nouveauté : l’existence d’armes nucléaires, qui permettent un effondrement total, non seulement humain mais biologique.

IV. L’inversion moderne : de l’anthropologie à la comptabilité

Chapeau introductif
Chaque civilisation s’appuie sur une forme de boussole collective.
Les sociétés traditionnelles trouvaient leur orientation dans la mythologie, la coutume ou la religion. Les sociétés industrielles ont placé leur confiance dans la science et le droit. Aujourd’hui, c’est la comptabilité qui domine : tout doit être chiffré, mesuré, traduit en bilans.

Ce déplacement, qui paraît technique, constitue en réalité une transformation anthropologique et politique.

Développement

  1. La grande inversion.
    Au lieu de partir de l’anthropologie, de la philosophie et de la politique pour orienter nos vies, nous avons confié la direction à la comptabilité. L’État se gère désormais “comme une entreprise”. Or une entreprise vise la rentabilité, pas la liberté. C’est un organe totalitaire, despote par nature.

La Boétie l’avait observé : l’ignorance et la dépendance portent les humains à accepter leur propre servitude. Beaucoup préfèrent la sécurité de l’ordre établi à l’inconfort de la liberté. La domination systémique s’habille de mots séduisants : “contrat”, “liberté de contracter”, alors qu’il ne s’agit que de soumission.

La seule voie d’émancipation est de substituer à la logique de dépendance un partenariat économique responsable, où l’échange repose sur la réciprocité et non sur l’exploitation.

  1. La financiarisation de l’existence.
    Santé, école, recherche, culture : tout doit “rapporter”.
    – L’étudiant devient “investissement”.
    – Le malade devient “coût”.
    – Le chercheur devient “centre de profit”.

Le salariat, qui représentait un contrat social, se dissout dans le statut d’“actif productif”. Le travailleur est à la fois producteur, client et financeur du système.

  1. Conséquence civique.
    Cette obsession comptable fabrique :
    – la peur de l’écart (chacun redoute de coûter trop cher) ;
    – l’obsession du risque zéro (qui bloque l’innovation) ;
    – la judiciarisation et la policiarisation (l’écart doit être puni).

Ce n’est plus la philosophie politique qui gouverne, mais l’illusion du tableau Excel.

Encadré concret
– En 2023, la France consacre 43 % du PIB à la dépense publique.
– L’essentiel de cette dépense, ce sont des salaires (enseignants, soignants, policiers…).
– La dette publique cumulée (≈ 3 200 Md€) est en réalité le financement de millions de vies depuis les années 1970.

La dette n’est pas un trou : c’est une empreinte comptable de vies financées.

Mini-conclusion
Nous ne vivons plus selon une logique de civilisation, mais selon une logique de bilan. L’homme n’est plus une fin, mais un coût.


 

Réduire l’homme à un coût, c’est fabriquer des enfants soumis et des adultes rancuniers.

V. Le glissement contemporain

Introduction
Toute société humaine doit arbitrer entre deux formes de contrôle :
– le contrôle interne (éducation, morale, coutume, régulation par les pairs),
– le contrôle externe (loi, police, justice, armée).

Une société adulte privilégie le contrôle interne, une société infantile privilégie la coercition.

Développement

  1. L’autorégulation locale.
    Dans les sociétés à faible densité (villages, clans), la coutume et la parole suffisent. La sanction est une médiation, non une vengeance.

  2. L’explosion urbaine et la complexité.
    Avec l’urbanisation, l’anonymat croît. La régulation doit passer par tribunaux, police, armée. Foucault l’a montré : la modernité discipline par dressage et surveillance.

Aujourd’hui, les médias prolongent ce contrôle. L’information, concentrée entre quelques mains, fixe les normes, oriente l’opinion. Ce n’est plus l’État qui dresse, ce sont les écrans. La marginalisation symbolique a remplacé le supplice.

  1. Le glissement contemporain.
    Nos sociétés “avancées” connaissent un affaiblissement du contrôle interne (éducation fragilisée, institutions discréditées, syndicats affaiblis). Résultat : le contrôle externe gonfle.

– Plus de police, de caméras, de procédures.
– Une justice spectacle.
– Une infantilisation citoyenne.

C’est une régression anthropologique : retour à la logique de prédation, où l’État policier compense l’absence d’éducation et de confiance.

Encadré concret
– France : budget sécurité (police + justice + prisons) ≈ 60 Md€/an.
– Budget éducation : ≈ 60 Md€/an, mais stagnant.

Nous dépensons autant pour encadrer que pour instruire.


Mini-conclusion
Quand l’ordre ne tient plus que par la force, l’humanité régresse de la civilisation vers la prédation.

VI. Philosophie de la justice : de la vengeance à la réparation

Introduction
La justice est un miroir de civilisation.
– Rome : spectacle punitif.
– Inquisition : purification idéologique.
– Lumières : proportion, prévention, Beccaria.
Aujourd’hui, elle oscille entre réparation et exutoire.

Développement

  1. Longue durée.
    La justice naît avec la rareté : organiser la répartition, arbitrer les conflits. Mais elle reste liée aux rapports de force, jamais équitable. Elle n’existe pas “en soi” : elle applique des décisions humaines forgées dans le conflit.

  2. XXe siècle : raison d’État.
    Les régimes totalitaires ont fait du droit un outil de domination. Nuremberg a tenté une justice universelle : juger pour fonder un droit commun de l’humanité.

Aujourd’hui, la justice glisse vers l’émotion et la peur : principe de précaution, risque zéro, gravité subjective. Elle juge des peurs plutôt que des faits.

  1. Aujourd’hui : oscillation et ambiguïté.
    Deux pôles :
    – Réparation (médiation, justice restaurative).
    – Exutoire (peines planchers, inflation carcérale).

Mais la tendance suit la vengeance, au mépris des sciences sur la responsabilité : nos actes sont conditionnés par l’environnement.

Or la justice n’est pas une thérapie. Elle doit préserver le cadre commun, non guérir les plaies intimes.

  1. L’infantilisation punitive.
    Une justice centrée sur la vengeance rassure à court terme mais affaiblit la société :
    – 60 % de récidive en 5 ans,
    – surreprésentation de délits mineurs de pauvreté,
    – coût exorbitant (44 000 €/an par détenu).

Punir pour rassurer, c’est payer cher pour fabriquer de futurs exclus.

Mini-conclusion
La justice ne peut pas se réduire à punir.
– Punir pour venger, c’est archaïque.
– Punir pour dissuader, c’est limité.
– Réparer, c’est adulte : cela suppose d’éduquer, de restaurer, de recréer du lien.

Une société adulte n’a pas besoin de spectateurs pour ses châtiments, mais de citoyens pour ses médiations.

VII. Politique de la peur : fabrication de l’extrémisme

Introduction
La peur est l’un des instruments politiques les plus puissants. Elle rassure les dominants, mobilise les dominés, et justifie toutes les dérives sécuritaires. Mais une société gouvernée par la peur cesse d’être adulte : elle devient infantilisée, et l’extrême prospère sur le ressentiment.

Développement

  1. La mécanique de la peur.
    La fin des Trente Glorieuses a marqué un basculement. L’arrêt de la croissance a entraîné :
    – hausse de la délinquance et de la criminalité (baisse du pouvoir d’achat, chômage, urbanisation),
    – explosion de la consommation stimulée par la production mécanique, alors que l’emploi s’effondrait.

Depuis 1995, les crimes et délits se stabilisent autour de 3,7 millions par an, mais le discours politique et médiatique maintient un récit d’insécurité. Ce récit alimente de nouveaux marchés :
– sécurité privée,
– vidéosurveillance,
– contrôles permanents (fouille des sacs dans les supermarchés).

La présomption d’innocence s’inverse en présomption de culpabilité.

  1. Sociologie de la confiance.
    Les baromètres d’opinion révèlent :
    – confiance forte envers le local (médecins, armée, police, associations, artisans),
    – confiance faible envers les institutions globales (partis, syndicats, justice, médias).

Conséquence : repli sur le tangible, abandon du global perçu comme corrompu.

À la fracture sociale s’ajoute une fracture intellectuelle. L’éducation n’a pas suivi l’évolution socio-économique : beaucoup de diplômés restent incapables de comprendre la complexité du monde contemporain.
Ils deviennent des “analphabètes” du système, prisonniers de ce qui est visible à leurs sens, sans percevoir ce qui n’est perceptible qu’intellectuellement (causes profondes, flux invisibles, structures globales).

Cela alimente la vulnérabilité aux récits simplistes et émotionnels. La fracture intellectuelle nourrit donc la fracture sociale.

Comme dans la caverne de Platon, le peuple reste tourné vers les ombres, refusant la lumière qui blesse avant de libérer.

  1. Mécanique politico-médiatique.
    – Médias : saturation d’informations anxiogènes (faits divers, crises, attentats).
    – Gouvernements : inflation sécuritaire (lois, caméras, policiers).
    – Citoyens : accoutumance, comme une drogue, à ce climat de peur.

La peur devient un marché politique.

  1. Quand la peur fabrique l’extrême.
    L’extrême droite prospère sur la peur (immigration, insécurité, déclassement).
    Les gouvernements “centristes” reprennent ses thèmes pour contenir la menace, banalisant le discours extrémiste.

C’est le scénario de Weimar : les élites ont cédé aux nazis non par conviction, mais pour préserver leurs privilèges.

Aujourd’hui encore, la peur sert de monnaie électorale.

  1. Symptômes : judiciarisation et policiarisation.
    La multiplication des lois, caméras, procédures n’est pas signe de maturité, mais d’un effondrement du contrôle interne.
    La société s’infantilise : au lieu de se réguler par civisme, elle se régule par peur.

Encadré concret
– Budget police/justice en France : +65 % depuis 2000.
– Budget éducation : stagnant.
– Récidive pénale : ~60 %.
– Extrême droite : de 10 % à 30–35 % des suffrages en 20 ans.

Conclusion : plus de sécurité budgétaire n’apporte pas plus de sécurité réelle.

Mini-conclusion
La peur est un moteur politique court-termiste mais destructeur.
Elle nourrit les extrêmes, affaiblit la démocratie, et infantilise les citoyens.

À l’inverse, la confiance se construit par le savoir, la participation et la solidarité.
Une société adulte ne se sécurise pas par la peur, mais par la confiance collective.

Mais notre société évite de s’interroger sur les causes profondes de la criminalité : la compétition permanente.
– Les exclus dopent leur survie dans l’économie souterraine.
– Les élites font la même chose dans l’économie des cols blancs.

La société stigmatise les “délinquants visibles”, mais valorise la transgression compétitive diffuse qui traverse toutes les sphères.

Ce que nous appelons “crime” n’est que le miroir grossissant d’une logique de compétition généralisée.

VIII. Comptabilité et vie : ce que “faire des économies” veut dire

Introduction
Depuis qu’on gère l’État “comme une entreprise”, les chiffres semblent gouverner nos vies. Mais derrière les colonnes comptables se cachent des existences humaines. Une coupe budgétaire n’est pas une abstraction : c’est un emploi supprimé, une école fermée, un savoir disparu.

Réduire la vie à la comptabilité, c’est tuer l’avenir.


Développement

  1. La dette finance des vies, pas des trous.
    La dette publique française (~3 200 Md€) est l’empreinte comptable de millions de salaires, infrastructures, retraites.
    La réduire comme une entreprise réduit ses coûts, c’est nier que la République finance le commun, pas le profit.

  1. Les coupes budgétaires en clair.
    – 40 Md€ de coupes = 1,6 million d’emplois-années au SMIC chargé.
    – Ces économies créent mécaniquement chômage et misère.

“Faire des économies” dans le public revient à transférer le coût vers le social : chômage, pauvreté, insécurité.

  1. Retraites plancher : éradiquer la pauvreté.
    Avec 20–30 Md€/an (0,7–1 % du PIB), on peut garantir qu’aucune retraite ne soit sous le SMIC net.
    C’est un choix politique : moins d’avantages fiscaux pour le capital, plus de dignité pour les anciens.

  1. Le dividende des machines : la monnaie pure.
    Depuis 1975, la France a investi 5 400 Md€ dans les machines et outils productifs.
    Aujourd’hui, ces machines génèrent environ 1 000 Md€/an (un tiers du PIB).

Libérer 10–30 % de cette valeur en “monnaie pure” (100–300 Md€/an) permettrait de financer :
– 70 % de projets collectifs (transition énergétique, santé, éducation),
– 30 % de dividende social (ECPA, retraites plancher).

Ce n’est pas de “l’argent magique”, mais l’adaptation comptable à la productivité réelle des machines.

  1. Anthropologie, philosophie, politique.
    – Anthropologie : “faire des économies” signifie en réalité appauvrir le collectif pour enrichir une minorité.
    – Philosophie : confondre valeur d’échange (euros) et valeur d’existence (savoirs, santé, liens sociaux).
    – Politique : infantiliser les citoyens par le discours de culpabilité (“on vit au-dessus de nos moyens”), alors que ce sont les moyens qui sont mal orientés.

Conclusion
L’économie n’est pas un solde comptable : c’est la gestion de la vie commune.

La question n’est pas : “combien coûte la solidarité ?”
La question est : “combien coûte son absence ?”

Nous sommes conditionnés comme par la clochette de Pavlov à ne compter que ce que la monnaie autorise. Mais nous oublions de compter tout ce que nous ne faisons pas faute de monnaie.

Or la véritable rareté n’est pas monétaire, mais matérielle et humaine : énergie, ressources, bras disponibles.

Mini-conclusion
La rareté n’est pas dans la monnaie, mais dans les matériaux et les vies humaines.
Confondre les deux, c’est renoncer à d’innombrables réalisations possibles.

IX. Éducation transgénérationnelle : l’adulturation plutôt que la révolution

Introduction
Depuis le Néolithique, toutes les révolutions ont buté sur la même limite : elles renversent des structures, mais ne changent pas les instincts. La domination revient, sous d’autres formes.

Si l’humanité veut franchir un seuil, ce n’est pas par rupture brutale mais par une transmission lente, génération après génération, qui engramme une nouvelle culture dans nos cerveaux.

1. Le paradoxe du présent.
L’évolution n’a ni passé ni futur : elle n’existe qu’au présent. Mais nous vivons toujours dans le passé de nos souvenirs, avec un temps de retard sur le réel.

Ce décalage produit un paradoxe : la justice prétend juger des actes, mais elle ne juge en réalité que des souvenirs — des événements déjà morts. Punir le passé revient à juger des fantômes, alors qu’il faudrait assumer collectivement la mémoire et en faire une leçon vivante.

La justice se croit gardienne du réel, mais elle condamne des ombres.

2. Pourquoi les révolutions échouent.
La révolution supprime des institutions, mais pas les instincts biologiques de prédation et de compétition.
Tant que la rareté et l’inégalité dominent, les instincts reprennent le dessus après chaque rupture.

Résultat : esclavagisme → féodalité → capitalisme → financiarisation.
Toujours la même logique de domination, simplement habillée de nouveaux mots.

La sémantique maquille la domination :
– esclaves → “ressources humaines”,
– servitude → “contrats”,
– spoliation → “création de valeur”.

L’histoire avance masquée : derrière chaque costume neuf, c’est le même visage de l’exploitation qui revient.

3. L’éducation permanente comme mutation lente.
La véritable révolution n’est pas brutale : elle est éducative et lente.
Transformer l’environnement éducatif, culturel et économique, c’est orienter inconsciemment nos choix vers la coopération plutôt que la prédation.

C’est en inscrivant progressivement dans nos cerveaux de nouvelles habitudes que nous pouvons dépasser les instincts archaïques.

4. Rémunérer les hommes pour apprendre (ECPA).
Proposition centrale : rémunérer les adultes pour apprendre tout au long de la vie.
– Plus qu’un revenu universel : un revenu conditionné au savoir.
– Objectif : 15 000 €/an par apprenant, financés par 100–300 Md€/an issus du dividende des machines.
– Impact : 3 à 4 millions d’adultes formés par an.

Anthropologiquement, chaque génération transmettrait non seulement ses biens, mais une capacité accrue de savoir et de discernement.

Investir dans le savoir, c’est renforcer la seule arme face aux périls à venir.

5. Un accélérateur historique face aux risques.
– Risque nucléaire : 53 % de probabilité d’ici 2100.
– Crises systémiques : climat, pandémies, tensions sociales.

La meilleure sécurité collective n’est pas une armée plus forte, mais une humanité instruite : capable de coopérer, de prévoir et d’innover.

Mini-conclusion
Aucune révolution brutale ne nous sortira de notre adolescence culturelle.
La seule voie est une révolution lente : l’éducation transgénérationnelle.

L’adulturation, financée par le dividende des machines, transformera la solidarité en réflexe instinctif et fera entrer l’humanité dans son âge adulte.

X. Géopolitique de la bifurcation

Introduction
La mutation éducative et anthropologique ne se joue pas qu’à l’échelle individuelle ou nationale. Elle s’inscrit dans un monde hiérarchisé par des rapports de force. C’est là que se joue la bifurcation : continuer dans le capitalisme financiarisé, ou inventer une solidarité égoïste planétaire.

1. L’Occident saturé : le capitalisme en impasse.
Depuis les années 1980, l’Occident est prisonnier de son propre logiciel :
– État géré comme une entreprise (rentabilité, dette, austérité).
– Monnaie conçue comme rare, alors qu’elle pourrait être un outil de projet.
– Compétitivité érigée en dogme.

Résultat : sociétés riches mais fragiles, où peur, chômage et injustice nourrissent les extrêmes.

2. Les marges de bifurcation : Chine, Inde, Sud global.
Ces pays n’ont pas encore abandonné certains leviers :
– contrôle public du crédit,
– planification partielle,
– capacité à créer de la monnaie pour financer des infrastructures.

Ce sont peut-être ces zones qui ouvriront la voie à la solidarité égoïste.

3. La France : une fenêtre politique.
Trois leviers concrets permettraient une bifurcation immédiate :
– Monnaie de projet (banque publique verte, financements ciblés).
– Retraite plancher universelle (personne sous le SMIC net).
– ECPA (enseignement complémentaire rémunéré pour adultes).

Des choix faisables, qui pourraient servir d’exemple international.

4. Anthropologie, philosophie, comptabilité.
– Anthropologie : dépasser la rareté et la prédation.
– Philosophie : sortir du mythe d’une vérité économique unique (le marché).
– Politique : les nations capables de flécher la monnaie portent une responsabilité historique.
– Comptabilité : redistribuer 200–300 Md€/an en “monnaie pure” est possible sans inflation, si cela finance des capacités réelles.

Mini-conclusion
La bifurcation de l’humanité n’est pas une affaire de morale, mais de géopolitique.

Si l’Occident reste prisonnier de la financiarisation, d’autres nations prendront le relais.
L’histoire retiendra celles qui auront su transformer la richesse en capacité collective, pas celles qui auront accumulé le plus.

XI. De la société punitive à la société éducative

Introduction
Une société révèle sa maturité par la manière dont elle traite ses fautes, ses conflits, ses « déviants ».
Aujourd’hui, nos sociétés occidentales privilégient la punition : prisons pleines, police renforcée, justice saturée.
Mais cette logique fabrique plus de peur, de violence et d’exclusion qu’elle n’apporte de cohésion.

L’alternative est claire : passer d’un modèle punitif à un modèle éducatif, où la monnaie libérée sert à construire des capacités humaines plutôt qu’à réprimer leur absence.

1. Anthropologie : du contrôle interne à la coercition externe.
Dans les petites communautés (villages, tribus), le contrôle était interne : coutumes, sages, médiations.
Exemple : chez les Masaï, après un meurtre, la question n’était pas « qui a tué ? » mais « qu’est-ce qui a armé le bras ? ».

Dans les sociétés modernes densifiées, ce contrôle devient externe : police, justice, armée.
Plus la complexité augmente, plus le citoyen délègue son autonomie morale à des institutions coercitives.

L’humanité est passée d’une justice réparatrice à une justice répressive.

2. Philosophie : punir ou réparer ?
– Rome : paix sociale par le droit, mais aussi exemplarité punitive.
– Inquisition : vérité révélée pour légitimer la répression.
– Beccaria (XVIIIe siècle) : proportion et prévention plutôt que vengeance.
– Aujourd’hui : oscillation entre réparation (réintégrer, éduquer) et exutoire (satisfaire l’opinion).

Une justice sans horizon éducatif n’est qu’un théâtre de vengeance.

3. Politique : la peur fabrique l’extrémisme.
Les citoyens font davantage confiance aux structures locales (associations, gendarmerie, hôpitaux) qu’aux institutions globales (partis, syndicats, justice).
Cette fracture est alimentée par :
– une information anxiogène,
– des lois sécuritaires répétées,
– des manipulations (parfois des provocateurs infiltrés).

Résultat : plus de police engendre plus d’extrémisme.
La spirale punitive entretient le chaos qu’elle prétend contenir.

4. Comptabilité : ce que coûte la punition.
– Budget prison en France : ~4 Md€/an, avec récidive élevée.
– Police/gendarmerie : ~22 Md€/an, en croissance continue.
– Justice : lente, sous-dotée, incapable de réparer.

Chaque milliard investi dans la punition pourrait éviter plusieurs milliards s’il était investi dans l’éducation.

5. L’alternative : punitive ou éducative ?
Deux chemins :

Continuer la punition → judiciarisation, infantilisation, montée des extrêmes.

Choisir l’éducation → revenu d’étude (ECPA), justice réparatrice, autonomie civique.

Une société adulte ne peut se contenter de punir : elle doit apprendre à réparer.

Mini-conclusion
L’éducation permanente est la véritable garantie de sécurité.
Une société de savoirs se protège mieux qu’une société de prisons.

On ne sécurise pas une société avec des menottes, mais avec des savoirs.

XII. Le culturel comme « événement en soi »

Introduction
La culture est plus qu’un ensemble d’œuvres ou de coutumes : c’est une force structurante qui agit sur l’évolution humaine comme une loi de la nature.
Elle vit, elle croît, elle sature, et elle doit se métamorphoser ou disparaître.


1. Anthropologie : la culture comme moteur d’évolution.
Depuis le Néolithique, la culture est l’environnement intérieur de l’homme.
Chaque société invente ses récits, outils, institutions — et génère ses propres déchets.

Exemple : l’Empire romain est tombé moins par les invasions que par l’incapacité à transformer ses excès (esclavage, corruption).

La culture est un organisme vivant : elle naît, prolifère, sature, et doit se métamorphoser ou disparaître.

2. Philosophie : l’irréversibilité culturelle.
Comme en thermodynamique, tout système évolue irréversiblement vers un nouvel état.
Les excès matériels appellent une transition vers d’autres richesses : savoirs, santé écosystémique, beauté publique, recherche interstellaire.

Spengler et Toynbee l’avaient pressenti : les civilisations sont des organismes qui grandissent et meurent.
L’histoire n’est pas circulaire, elle est entropique.

3. Politique : du culturalisme au projet collectif.
La véritable culture n’est pas la consommation culturelle, mais un projet collectif : école, recherche, mémoire, création.
– Gutenberg et l’imprimerie, Jules Ferry et l’école : bifurcations culturelles majeures.
– Aujourd’hui : la transition écologique et numérique impose une nouvelle bifurcation.

Une société qui ne réinvestit pas sa culture dans un projet collectif recycle seulement des déchets idéologiques.

4. Comptabilité : investir dans le culturel, c’est investir dans la survie.
– École publique : ~70 Md€/an en France, assurance-vie civilisationnelle.
– Recherche publique : ~20 Md€/an, insuffisant face aux défis climatiques et énergétiques.

Refuser d’investir dans la culture, c’est choisir la mort lente.

Mini-conclusion
La culture n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale.
Chaque civilisation qui refuse la métamorphose disparaît.

XII. Le culturel comme « événement en soi »

Introduction
La culture est plus qu’un ensemble d’œuvres ou de coutumes : c’est une force structurante qui agit sur l’évolution humaine comme une loi de la nature.
Elle vit, elle croît, elle sature, et elle doit se métamorphoser ou disparaître.

1. Anthropologie : la culture comme moteur d’évolution.
Depuis le Néolithique, la culture est l’environnement intérieur de l’homme.
Chaque société invente ses récits, outils, institutions — et génère ses propres déchets.

Exemple : l’Empire romain est tombé moins par les invasions que par l’incapacité à transformer ses excès (esclavage, corruption).

La culture est un organisme vivant : elle naît, prolifère, sature, et doit se métamorphoser ou disparaître.

2. Philosophie : l’irréversibilité culturelle.
Comme en thermodynamique, tout système évolue irréversiblement vers un nouvel état.
Les excès matériels appellent une transition vers d’autres richesses : savoirs, santé écosystémique, beauté publique, recherche interstellaire.

Spengler et Toynbee l’avaient pressenti : les civilisations sont des organismes qui grandissent et meurent.
3. Politique : du culturalisme au projet collectif.
La véritable culture n’est pas la consommation culturelle, mais un projet collectif : école, recherche, mémoire, création.
– Gutenberg et l’imprimerie, Jules Ferry et l’école : bifurcations culturelles majeures.
– Aujourd’hui : la transition écologique et numérique impose une nouvelle bifurcation.

Une société qui ne réinvestit pas sa culture dans un projet collectif recycle seulement des déchets idéologiques.

4. Comptabilité : investir dans le culturel, c’est investir dans la survie.
– École publique : ~70 Md€/an en France, assurance-vie civilisationnelle.
– Recherche publique : ~20 Md€/an, insuffisant face aux défis climatiques et énergétiques.

Refuser d’investir dans la culture, c’est choisir la mort lente.

Mini-conclusion
La culture n’est pas un luxe, mais une nécessité vitale.
Chaque civilisation qui refuse la métamorphose disparaît.

La richesse matérielle s’effondre sous ses déchets ; la richesse culturelle, elle, ouvre les étoiles.

XIII. Regard, limite et vérité : l’éthique du doute

Introduction
Individus comme sociétés cherchent toujours une vérité à laquelle se raccrocher. Mais toute vérité absolue finit par devenir un piège : elle se fige, tue le mouvement et ferme la possibilité d’apprendre.
Ce n’est pas la possession du vrai qui sauve, mais le doute actif, le regard ouvert, l’élan de recherche.


1. Anthropologie : l’imperfection comme moteur.
L’homme est un être d’instincts et de limites sensorielles.
Nos choix ne sont jamais totalement libres : ils sont dictés par l’inné et par l’environnement.

Toutes nos cultures — religions, sciences, idéologies — ne donnent jamais LA Vérité, mais des récits provisoires.
L’imperfection est notre ADN culturel : elle seule permet l’histoire.

2. Philosophie : pourquoi l’absolu tue.
– Nietzsche : « Les vérités sont des armées de métaphores ».
– Camus : croire à une vérité absolue mène au meurtre ou au suicide.
– Hegel : toute vérité est inachevée, toujours appelée à être dépassée.

Le monde objectif nous échappe toujours : seule la recherche, non la possession, garde vivant.

3. Politique : le danger des vérités figées.
Chaque fois qu’une société croit détenir LA vérité, elle bascule dans le totalitarisme :
– Inquisition (vérité religieuse),
– fascisme/stalinisme (vérité idéologique),
– scientisme (vérité technique).

Une démocratie adulte ne doit pas chercher l’unanimité du vrai, mais institutionnaliser le doute.


4. Comptabilité : chiffres et limites du vrai.
– La croyance au « marché autorégulateur » a produit les crises de 1929 et 2008.
– La croyance que « la dette est un trou » justifie l’austérité et fabrique chômage et misère.

Au contraire, le doute ouvre des marges :
– Dette française (~3 200 Md€) : pas un gouffre, mais la trace de millions de vies financées.
– Investissement machines 1975–2024 (~5 400 Md€) : richesse latente convertible en « monnaie pure ».

Les chiffres montrent que le dogme tue, mais que le doute libère des capacités.

Mini-conclusion
Le doute n’est pas une faiblesse, c’est une respiration vitale.
Une vérité absolue est une tombe ; le doute, lui, est souffle de vie.

XIII bis. Biologie et culture : deux plans de l’évolution humaine

Introduction
Il faut accepter une distinction fondamentale : le culturel n’efface pas le biologique.
Depuis 10 000 ans, nos récits, institutions et idéologies ont transformé nos vies — mais très peu se sont inscrits dans nos gènes.

1. Le cas exceptionnel du lactose.
L’élevage a créé une pression sélective telle que la mutation génétique permettant la digestion du lactose à l’âge adulte s’est diffusée.
Exemple rare où le culturel rétroagit sur le biologique.


2. Ascèse, célibat, homosexualité : choix culturels sans impact biologique.
– Moines du Moyen Âge : immense héritage culturel, mais rien transmis biologiquement.
– Moines guerriers (Templiers, Hospitaliers) : rôle militaire et économique, mais pas de descendance.
– Homosexualité : présente dans toutes les cultures, enrichit la diversité sociale sans modifier la génétique.

Le plan biologique et le plan culturel peuvent diverger.

3. Biologie et culture : deux logiques parallèles.
– Biologique : reproduction, hérédité, sélection naturelle.
– Culturel : transmission symbolique, mémoire, éducation.

Ces logiques se croisent parfois (ex. lactose), mais fonctionnent indépendamment.

4. Le “vieil homme” : instincts persistants.
Les instincts biologiques persistent malgré les récits culturels (domination, compétition, désir sexuel).
Certaines sociétés ont su les canaliser par l’art, le sport, la religion, la science.

5. Ce que cela change pour la solidarité égoïste.
La solidarité égoïste n’abolira pas la diversité ni les inégalités de comportements.
Elle créera seulement un cadre commun où chacun pourra trouver sa place.

Si l’humanité s’autodétruit, ce sera la preuve que son organisation n’était pas adaptée — et qu’elle ne méritait pas d’être retenue par l’ordre du cosmos.

XIV. Recherche fondamentale et appliquée : la double respiration de l’humanité

Introduction
L’humanité avance par une double respiration : la recherche fondamentale (curiosité pure) et la recherche appliquée (mise en œuvre technique).
Toutes deux sont inséparables, et conditionnent l’évolution de la civilisation.

1. Anthropologie : la longue histoire du savoir partagé.
– Gutenberg (XVe siècle) : l’imprimerie brise le monopole du savoir, ouvre la voie aux Lumières et à la démocratie.
– Jules Ferry (XIXe siècle) : l’école publique permet à des millions d’enfants de devenir citoyens et professionnels.

Le savoir est toujours une construction collective, arrachée aux logiques d’appropriation privée.


2. Philosophie : la recherche comme quête de l’inconnu.
– Galilée observant le ciel, Darwin étudiant les pinsons : désir de comprendre avant toute utilité.
– Les frères Lumière : perfectionner une technique d’optique, et inventer sans le savoir l’industrie du cinéma.

L’homme détourne, transpose, réorganise : l’inutile apparent devient vital.

3. Politique : la responsabilité collective du savoir.
– Rome : aqueducs, routes, ponts pour l’organisation collective.
– Chine des Song : poudre, boussole, imprimerie = bureaucraties et écoles d’ingénieurs.
– NASA (1960s) : programme spatial → milliers d’applications civiles (satellites, microprocesseurs, imagerie médicale).

Aucun inventeur ne « se fait seul » : tout savoir naît d’une trame collective financée.

4. Comptabilité : ce que coûte et rapporte la recherche.
– Le CERN invente le Web pour partager des données scientifiques → devient colonne vertébrale de l’économie mondiale.
– ADN : découvertes abstraites → vaccins à ARN et médecine personnalisée.
– 1 € investi dans la recherche rapporte 3 à 5 € à long terme (OCDE).

5. Conclusion : la recherche comme brique civilisationnelle.
Imprimerie, école, recherche fondamentale, recherche appliquée : autant de briques qui transforment l’environnement cognitif et culturel de l’humanité.
Sans elles : pas de Lumières, pas de Révolution industrielle, pas de médecine moderne.

Une société adulte doit assumer le pari de la recherche. C’est la condition de son existence dans le temps long.

Synthèse
1. L’énergie comme fondement de la vie

L’humanité n’est pas un miracle détaché du monde, mais un pli local de l’énergie cosmique. Penser, aimer, créer : tout cela n’est qu’une transformation d’énergie. Nos cultures, nos institutions, nos idéologies sont autant d’expressions de ce flux.
Comprendre cela, c’est accepter que nous ne sommes pas séparés du cosmos, mais une de ses formes.

2. Conscience imparfaite, responsabilité humble

Nos sens et notre cerveau filtrent et déforment le réel. Nous n’agissons pas librement dans l’absolu : nos choix sont préparés par une infinité de causes biologiques, sociales et culturelles.
La responsabilité humaine est une illusion utile : il faut juger et agir, mais avec humilité.

3. Espaces clos, seuils et effondrements

Tout système en croissance rencontre des limites. La Terre, espace fini, impose des seuils (climat, sols, énergie). L’histoire naturelle montre que tout déséquilibre se rééquilibre, parfois violemment. Aujourd’hui, nous portons nous-mêmes l’« astéroïde » : nucléaire, écocide, effondrement global.
La seule sortie est de transformer nos récits et d’inventer une solidarité égoïste.

4. L’inversion moderne : la comptabilité comme boussole

L’État est géré comme une entreprise : la vie réduite à des bilans. Santé, école, recherche deviennent des « coûts ». La dette est présentée comme un gouffre, alors qu’elle est la trace comptable de millions de vies financées.
Réduire l’homme à un coût, c’est fabriquer des enfants soumis et des adultes rancuniers.

5. Le glissement vers la coercition

Les sociétés adultes privilégient le contrôle interne (éducation, coutumes, régulation par les pairs). Nos sociétés modernes, elles, se fient de plus en plus au contrôle externe (police, justice, armée).
Quand l’ordre ne tient plus que par la force, l’humanité régresse de la civilisation vers la prédation.

6. Justice : de la vengeance à la réparation

Longtemps, la justice a été un théâtre de la puissance (Rome), de la vérité révélée (Inquisition), ou de la raison d’État (totalitarismes). Aujourd’hui, elle oscille entre réparation (médiation, réintégration) et exutoire (inflation carcérale, lois symboliques).
Punir pour venger, c’est archaïque ; punir pour dissuader, c’est limité ; réparer, c’est adulte.

7. La peur comme moteur politique

La peur est instrumentalisée pour gouverner : elle nourrit les extrêmes et justifie l’austérité sécuritaire. On inverse la présomption d’innocence en présomption de culpabilité.
Une société adulte ne se sécurise pas par la peur, mais par la confiance.

8. L’économie comme gestion de la vie commune

La question n’est pas « combien coûte la solidarité ? » mais « combien coûte son absence ? ».
Nous confondons la monnaie (simple convention de circulation) avec les ressources réelles (énergie, matériaux, main-d’œuvre).
La rareté n’est pas monétaire : elle est matérielle et humaine.

9. L’éducation transgénérationnelle : la vraie révolution

Toutes les révolutions sociales échouent car elles ne transforment pas les instincts. Seule une mutation lente, par l’éducation, peut inscrire de nouveaux réflexes dans nos cerveaux.
La véritable révolution sera éducative, lente et irréversible.

10. Rémunérer pour apprendre (ECPA)

Proposition centrale : rémunérer les adultes pour apprendre tout au long de la vie (15 000 €/an, financés par le dividende des machines).
Une humanité plus instruite est la meilleure arme face aux risques globaux : nucléaire, climat, pandémies.

11. Géopolitique de la bifurcation

L’Occident est enfermé dans la financiarisation. Mais des marges existent ailleurs (Chine, Inde, Sud global) avec des outils de planification et de crédit public. La France elle-même pourrait bifurquer avec trois leviers :
– monnaie de projet,
– retraite plancher universelle,
– ECPA.

12. Culture : organisme vivant

La culture naît, croît, sature et doit se métamorphoser ou disparaître. Comme le cosmos en expansion, elle ne peut rester figée.
Une civilisation qui n’investit pas dans sa culture (école, recherche, mémoire) se condamne à l’étouffement.

13. Éthique du doute

Toute vérité absolue finit en tombeau. L’évolution humaine repose sur l’imperfection, moteur du mouvement.
Une démocratie adulte doit institutionnaliser le doute.

14. Biologie et culture : deux plans distincts

Le biologique impose ses lois, le culturel invente des récits. Rarement, le culturel infléchit le biologique (ex. lactose). Mais la plupart du temps, ils évoluent en parallèle.
La solidarité égoïste ne supprime pas les instincts, elle crée un cadre commun où chacun trouve sa place.

15. Recherche fondamentale et appliquée : la double respiration

Sans recherche fondamentale, pas de découvertes ; sans recherche appliquée, pas de mise en œuvre.
L’imprimerie, l’école publique, le CERN, la NASA : autant de briques collectives qui transforment l’environnement cognitif des générations futures.
Une société adulte doit assumer le pari de la recherche, même coûteuse, comme condition de survie.


Conclusion générale

L’humanité est à un seuil.
– Si elle persiste dans la peur, la compétition et la comptabilité infantilisante, elle s’expose à l’effondrement.
– Si elle choisit la solidarité égoïste, l’éducation permanente et la confiance, elle peut franchir une étape évolutive : entrer dans son âge adulte.

La vraie richesse n’est pas l’accumulation matérielle, mais l’élévation du niveau collectif de conscience.
La véritable sécurité n’est pas la force armée, mais la lucidité partagée.
La révolution qui vient ne sera pas violente : elle sera éducative, lente et irréversible.

« On ne sécurise pas une société avec des menottes, mais avec des savoirs.
On ne la sauve pas avec des vérités figées, mais avec un doute éclairé.
On ne la grandit pas par la peur, mais par la confiance. »

 

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Rédigé par ddacoudre

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