Publié le 29 Avril 2024
RÉMUNÉRER LES HOMMES POUR APPRENDRE.
LE DEVOIR D’APPRENDRE : UN MARCHÉ DE L’INTELLIGENCE
Remerciements.
Je remercie chaleureusement monsieur Bernard CAZEAUX pour l’aide qu’il m’a apportée à la réalisation de cet essai.
Je remercie tous ceux que j’ai usés par mes controverses, et auxquels j’ai fait endurer mes débats contradictoires.
Mon essai commence par l’avertissement où le lecteur ou la lectrice trouvera les grandes lignes qui le sous-tendent précédées du résumé synthétique.
1/ Rémunérer les Hommes pour apprendre, c’est mettre un pied dans l’incertitude. Mettre un pied dans un monde à inventer, repenser, méditer, concevoir avec le passé pour seul acquis, dans lequel nous devons sélectionner les informations pour un avenir en direction d’un Éden, à la portée des humains. Nous avons un défi à la mesure du nouveau conte fondateur de la Baryogénése, le big-bang. Pas forcément comme je le vois, ce n’est que le mien ! Mais celui qui sera, réellement, et notre aventure pour demain, avec ou sans notre accord. C’est poser les marques d’une aventure qui ne pourront se satisfaire de personnes illettrées, juste efficaces à la tâche.
Il ne pourra pas paraître aussi déplorable que le nôtre aujourd’hui. Dans lequel, pour sortir d’une existence passée que nous avons admise, cruelle, n’avons-nous pas, en développant nos cultures sociétales, érigées et structurées des organisations eugéniques, et répandues, la mort ?
L’Homme n’a jamais eu autant de savoirs, de moyens à sa disposition pour le comprendre. Il reste toujours sur la défensive, guère enclin à apprendre si l’on ne l’oblige pas. Il ne fait pas dans l’ensemble la démarche de s’ouvrir au monde, à l’univers, à la connaissance de la condition humaine. Il reste dans son mensonge culturel par nécessité primitivement matérialiste, liée à l’évolution de la planète, à partir de 12 000 ans, caractérisé par la rareté de la nourriture. Cette rareté aura un grand retentissement dans l’évolution des comportements humains qui y sont soumis depuis ces temps.
Pourquoi ne pas forcer la main de l’évolution, en rémunérant les Hommes pour apprendre, afin qu’ils ne rasent pas la planète pour de l’or ou de la monnaie ? Chercher si dans notre arrogance nous ne nous fourvoyons pas dans notre ignorance existentielle. Je vais m’efforcer de m’en expliquer.
L’actuelle organisation économique fondée sur l’économie de pillage à partir des cités-États en Asie-Mineure reste pour la population occidentale inébranlable. Serions-nous les seuls à détenir la pierre philosophale dans ce domaine, avec, encore, 800 000 ans évalués avant notre prochaine évolution ?
J’en comprendrais mal que l’on vienne dire au nom de l’entreprise que les personnes n’ont pas le droit de développer une autre motivation de richesse en dehors d’elle.
Nous comprenons que les détenteurs du pouvoir, économique, élevé en science économique pour le sacraliser, disent qu’ils n’entendent pas le partager. L’entreprise demeure aussi une arme, une arme de conquêtes, et vise depuis les années 90 à s’approprier le pouvoir politique et constituer un modèle de vie. Une décision politique ne reste pas rationnelle si elle donne le pouvoir, à un plan comptable, qui devient le dominant alpha de l’entreprise, son dieu, pour gérer et analyser la condition humaine laborieuse. Des rivières de sang parcourent encore le monde, pour le faire comprendre, et, que ce soit, le prétexte invoqué, en dessous s’y trouve le motif économique et nous devrions donc déclarer la guerre, crime contre l’humanité. C’est le résultat d’un plan comptable où la vie de ceux qui travaillent est une charge qui sonne la mesure de l’assaut.
L’entreprise n’emploiera du personnel que si elle y trouve un intérêt, et ce fonctionnement correspond à une finalité établie. L’entreprise a pour finalité de produire des biens et des services, et non de donner du travail. L’entreprise ne peut pas inventer un avenir pour l’humanité, lui donner ce pouvoir conduirait ses dirigeants à supplanter celui du peuple.
C’est aux Hommes à se trouver une autre motivation de revenu sans aucun conflit et modifier le système monétaire subjectif par une valeur humaine réelle et incontestable, l’énergie dépensée pour produire. C’est à eux de s’interroger sur leur devenir, pas à l’entreprise. Ce n’est pas à l’entreprise de fixer les choix de société, quand dans leur majorité les Hommes du monde ne connaissent pas les mécanismes de l’économie. Ils en génèrent, inconsciemment, des valeurs inabouties, subjectives ou consenties dans leurs rapports à l’entreprise, et les prennent pour absolues ou réelles.
Nous devons comprendre que la Liberté ne révèle qu’une chimère qui cache la recherche, du désir de l’Homme dominateur, en l’absence du géniteur alpha animalier. La compréhension des contraintes dans lesquelles nous enserrons notre corps et notre esprit reste indispensable, plutôt que continuer d’entretenir avec l’entreprise des rapports de maîtres à esclaves. Où, quand le maître disparaît, l’esclave cherche à qui se vendre. C’est un signe que bien des Hommes du monde ne sont pas sortis de l’enfance géologique et ont besoin d’être nourris. Si l’entrepreneur donne 100, à un salarié pour produire du lait, il le revend au salarié qui est devenu un client, à un prix de vente trois fois supérieur au salaire reçu pour le produire. La population mondiale vit ainsi, et réclame que l’entreprise leur offre des emplois.
Nous désirons être des dominants pour n’être que les serviteurs d’une contrainte imposée par la rareté. L’important, ce n’est pas de devenir maître ou esclave, ce ne sont que des mots. C’est surtout devenir des Hommes communicants, capables de se prendre en charge, et d’innover. Une aide apportée par l’instruction, la connaissance, et le savoir que nous découvrons et qu’il n’est pas acquit à jamais. À chaque naissance, nous le renouvelons dans une démarche culturelle indispensable. Nous devons y consacrer des années d’apprentissages, pour ne pas dire la vie. C’est si difficile que nous préférons utiliser un langage rapide et universellement connu, les armes, quand nous restons sans aucun mot pour discuter et soutenir un débat, alors nous générons nos maux.
Une définition conçoit que l’homme est un être économique, l’homo-œconomicus, un être rationnel motivé par son seul profit, coût/avantage, pour effectuer un travail par la cueillette et la chasser.
Cette extension de la définition de l’économie nous conduirait à dire que notre univers est un univers économique, si chaque association atomique, et ce qui en découle exigent un coût énergétique d’association. Ce ne serait pas absurde de dire que l’univers paraît économique en la présence d’un perpétuel échange. Ce n’est dû qu’à notre observation d’y trouver un rapport, coût/avantage.
Redéfinir notre monde sur cette base se justifierait et nos relations affectives et sociales deviendraient économiques, ce qui ne changerait rien à leurs qualités. Très vite, nous verrions apparaître une nouvelle définition de notre activité productrice, pour que ceux, qui justifient au travers d’elle l’exploitation des tiers, puissent le réaliser. Les colonisations l’ont réalisé en soutenant apporter la civilisation. C’est l’exemple de ma métaphore sur la production du lait. Nous changeons derrière les échanges économiques, l’ancestrale économie de pillage qui s’y cache, et nous mesurons la valeur du pillage par le commerce extérieur.
L’organisation économique ne peut qualifier l’humain. Elle reste seulement un moyen de parvenir à la réalisation de la production, et à la satisfaction de nos besoins et désirs humains. À la fois, nous pouvons nous épanouir socialement, quand c’est concevable suivant les tâches à accomplir.
Chaque Homme songe à un rêve absolu, s’il y songe, c’est qu’il accommode des informations concevables, sans cela, ce serait impossible. La difficulté vient de l’imperfection du sens des mots avec lesquels nous le définissons pour exprimer le désir émotionnel auquel il correspond.
Ce rêve, quand nous ne prenons ni le temps ni les moyens pour l’ériger, nous est vendu à leur place des mensonges compensatoires, qui nous empêchent de voir que nos rêves demeurent accessibles.
Aujourd’hui, le rêve le plus répandu demeure celui qui obsède depuis des siècles les Hommes, c’est devenir fortuné, en accumulant, ce à quoi les Hommes ont donné de la valeur subjective, de la monnaie. Nos opinions ne disent pas que chacun voudrait pouvoir vivre sans avoir à travailler, vivre dans une Jet-société, retrouver une forme d’Éden. Ce rêve-là, aujourd’hui, avec l’aide de la technologie, de la recherche scientifique et de la possession des savoirs pour le maintenir effectif, entre dans les hypothèses concevables. Il exige d’apprendre, et de maintenir en l’état la technologie pour l’atteindre sans fragiliser l’existence par notre dépendance et conserver une activité indispensable et rémunératrice. Tous les jours, nous recherchons un emploi, où nous vendre sur le marché de l’emploi, plutôt qu’acquérir des savoirs rémunérés pour parvenir à un monde où le travail reste une nécessité, et non un moyen d’enrichissement. Acquérir les savoirs ne peut dépendre de la bonne volonté des Hommes motivée par le mercantilisme. Cette motivation primitive peut être dépassée.
Notre économie repose sur l’instauration de modèles simplifiés de millions de décisions indépendantes, prises par les individus organisés pour nous répartir des biens rares, et effectuer un choix parmi ceux-ci et s’enrichir par la consommation humaine. Ces biens rares résultent de l’évolution de l’accroissement de la population et du manque de nourriture vivrière au cours du néolithique. C’est l’économie de rareté.
Cette organisation économique s’est développée au fil des siècles par d’innombrables penseurs, découvreurs, entrepreneurs et acteurs qui exerçaient dans des cadres sociopolitiques multiples. Nous pouvons aisément comprendre qu’opter pour le modèle structurant l’activité économique en retour fixe un cadre rigide des modèles sociaux difficilement réformables. Cette contrainte nécessaire, imposée ou volontaire pour produire demeure depuis des temps immémoriaux, le creuset dans lequel les possesseurs de capitaux, historiques ou financiers vont s’enrichir.
Anciennement, les possédants étaient les maîtres avec serviteurs et esclaves à leur disposition. Nos rapports au travail n’ont pas changé, si nous ne l’appelons plus le maître, il est devenu le patron, l’employeur, le chef d’entreprise, l’entrepreneur. Le serviteur s’appelle, salarié, depuis 1804 et l’esclavage est interdit.
Ce constat ne permet pas d’affirmer que l’économie crée le social comme l’idée s’est répandue. Certes, il l’imprègne et l’empreint, en ayant bâti des dépendances structurelles à l’égal de nos désirs psychiques, à moins d’analyser que le conflit fait partie intégrante de l’activité sociale.
2/ La notion d’économie moderne apparaît au 17 siècles. L’on ne peut pas soutenir que cueillir ou chasser sa nourriture soit de l’économie. Tout le vivant demeurerait donc économique, puisque les animaux et les plantes se nourrissent en cueillant ou en chassant. Nous restons devant un glissement idéologique libéral au travers de comportement inné, l’exploitation de l’Homme par l’Homme.
L’histoire humaine permet de l’appréhender, nous pouvons étudier pour la voir confirmée avec l’écriture. Celle-ci a laissé des traces écrites, pouvant être relues, recommentées, et employées pour servir l’avenir. Elle nous renseigne sur la vie socio-économique et politique déiste, à partir de 3 000 à 3 500 ans av.-J.C des cités-États en développement.
ET nous comprenons qu’en l’absence de contes fondateurs, autres que ceux racontés par les vainqueurs, leurs utilités sociales, se dogmatisent. Nous avons attendu pour observer l’évolution explicative d’historiens, le 19e et 20e siècle. Elles apparaissent en association avec le développement de sciences, comme l’archéologie. Les contes et mythes deviennent, alors, de pseudosciences référentielles empiriques, en lesquels 80 % de la population mondiale leur accorde un crédit.
La plupart des humains s’accommodent de celles scolarisées de base, faite pour se situer dans les temps de la condition humaine culturelle. Aujourd’hui d’utilité insuffisante pour accéder à la complexité du monde, elle véhicule encore des légendes et du folklore.
L’histoire ne dépend que de ce que nous retrouvons comme traces archéologiques et des écrits parvenus jusqu’à nos jours. Avec les techniques d’enregistrement et du monde filmé depuis le 19 siècles, nous profitons d’une quantité d’informations historiques titanesques. En bénéficier nous permet de mémoriser les grandes mutations ou évolutions fondatrices de notre monde contemporain.
Nous ne pouvons pas l’apprendre dans le temps obligatoire consacré à la scolarité. Nous nous trouvons avec des populations instruites et avec un savoir sociologique et historique pauvre, par une évolution technologique trop rapide, et d’un encodage relationnel devenu un code complexe d’initiés.
Du fait d’être submergé par une information dantesque inaccessible dans sa totalité, par le manque de temps pour lire, l’écouter dans son entièreté. Le métier de journaliste, rapportant ses informations, nous ramène vers la fin, du 19 siècles. Aujourd’hui, il est devenu médiatique, il représente une force politique d’information partiale. Elle exige de s’instruire pour trier dans une désinformation importante. Dans les médias, les communicants flirtent avec le mensonge et la manipulation, une difficulté supplémentaire, si l’on demeure trop ignorant, pour ne pas avoir plus appris que l’obligation imposée.
Cette prolifération, d’idées ou d’œuvres qui circulent, conduit à masquer des originalités en restant accolé au système mercantile. Il s’y vend tout le racoleur, le scabreux, la polémique et le voyeurisme a pris le pas sur l’information. Ce genre-là nous fascine, comme par le passé, quand s’y confondent la critique et le dénigrement ?
Par leur vie, des Hommes ont payé un lourd tribut, pour nous en sortir, afin que par l’intelligence nous restions aptes à distinguer, nommer et comprendre l’information que nous recevons du monde vivant.
Pour ne plus nous complaire à fabriquer des morts, nous délectés de l’odeur des corps, au point de nous en divertir, certainement quelques siècles paraissent encore nécessaires à l’enrichissement de l’intelligence.
Je ne veux pas méconnaître la violence ni croire que c’est en l’interdisant qu’elle va disparaître. Si notre éducation tend encore à mettre en exergue nos caractères de nécrophages, c’est que nous avons dû nous égarer. La première exécution d’un voleur par la guillotine eut lieu en place de grève le 25 avril 1792. La foule, accoutumée depuis le moyen âge à des supplices beaucoup plus « raffinés », se montra déçue de la rapidité du procédé.
Pour conclure cet essai, je ferai un pari sur le futur des progrès de notre « intelligence cérébrale », d’un cerveau transcripteur sensoriel doté d’une capacité psychique extraordinaire pour développer une nouvelle richesse.
La découverte de l’imprimerie a marqué une étape importante dans la diffusion du savoir et de l’information. À son instar, j’imagine que la connaissance des sciences de la physique, la mécanique quantique, va marquer une autre étape dans le développement sociétal de notre civilisation. Beaucoup de nos relations seront à réexaminer ou à « requalifier » sous son auspice, inventées d’autres mots. Si la théorie du chaos permet d’exploiter la plus petite donnée économique, elle peut nous permettre d’en mesurer son incidence à très long terme. Elle permet d’envisager sur notre existence un regard à la seule mesure de notre intelligence, avec les moyens de nos perceptions sensorielles. Cela nous conduit à créer un enseignement général à destination des adultes, tout au long de l’existence, sans attendre quatre cents ans pour le mettre en pratique. Cet engagement demandera le même effort qui a suivi la découverte de l’imprimerie, et la maîtrise de la durée du temps. De telle sorte qu’en finalité apprendre devienne un plaisir. Et non une souffrance, comme celle à laquelle nous avons réduit nos relations vitales avec le travail par cupidité. L’unique raison reste que le savoir est l’élément dans lequel baigne notre nature culturelle apportée par l’évolution. Nous devons parcourir l’existence, à l’échelle de la durée de l’espèce, chacun sachant y prendre au quotidien, à travers des mots qui définissent l’humain et son monde, le plaisir d’y appartenir.
Tout ceci commande d’être convaincu qu’il existe, et survient un moment où nous découvrons que tout absolu que nous concevons s’écroule. Nous devons nécessairement comprendre alors que quelqu’un qui dispose d’une certitude absolue peut se suicider, il est existentiellement déjà mort. S’il vit, c’est un mort-vivant, qui ne pourra plus rien apporter au monde, hormis sa destruction, pour vivre, il ne peut développer que la mort qu’il porte.
1/ Fréquemment, nous entendons des personnes dire de leurs congénères, « Ils pètent plus haut que leur cul ». Certes, c’est un tantinet vulgaire, et certes efficace comme définition pour remplacer avec humour le narcissisme.
L’Homme en découvrant ses aptitudes, ses capacités s’est installé en maître du monde, illustre le produit de grand nombre de dieux. Ces mêmes capacités l’ont poussé et entraîné en levant les yeux à comprendre son monde, et le décrypter en tant qu’être à part entière de l’Univers l’enveloppant. Nous ne l’avons pas encore tous admis d’en être une totale partie en une espèce.
Des hommes ont consacré leurs temps à comprendre le fonctionnement de cet Univers, et ils nous ont laissé des traces de leurs quêtes par un savoir que nous précisons sans relâche.
Aujourd’hui, leurs traces nous donnent les ou des clés pour concevoir, y appartenir, voire y voyager.
Par là, nous avons mis en évidence que notre propre existence est régie par des règles naturelles et que nous ne pouvons plus les négliger. Nous savons qu’elles se préciseront encore, sans parvenir à connaître l’ordre sous-jacent absolu. Leur validité n’en demeure pas pour autant toujours conditionnée à la compréhension et aux définitions que nous en avons données dans la limite imposée par notre condition humaine. Elle nous pousse à établir un monde que nous conjecturons maîtriser, et nous percevons qu’un univers objectif infini existe, auquel nous n’avons pas accès, comme nous le formulons.
Chacun dispose d’une vision du monde à partir de ses savoirs, retenu, oublié, mal compris, ignoré, imaginé et vécu.
Chacun d’entre nous a refait le monde dans les soirées entre amis avec ces acquis individuel et à la fois partagé, conformément à notre condition humaine spécifique et similaire au vivant.
C’est à cela que je me livre, en ayant retenu l’importance du développement de l’intelligence. Je vais essayer de le faire partager, sur la source de lois de la physique que j’ai retenue. En exposant comment pouvons-nous développer une nouvelle richesse en rémunérant tout au long de l’existence les Hommes afin d’apprendre ?
Mon essai sera sous-tendu par ces lois. Non comme des lois qui expliquent tout. Elles nous aident seulement à plus de compréhension, et relèvent de notre regard et de notre technologie et restent attachées à notre structure cérébrale. Elles forment notre activité culturelle, qui véhicule un grand nombre de valeurs mystiques et imparfaites, issue de nos représentations nées du conflit nominal permanent de l’inné et du culturel. Elles offrent le caractère de crédibilité de valeurs scientifiques réfutables, pour être traduites dans un langage strict universel, les mathématiques. Ce langage s’offre aujourd’hui à la critique et donne lieu à des débats philosophiques. Le langage employait, par l’homme-médecine Navajo, le Hopi, le moine tibétain ou l’Aborigène australien, les introduisait dans un paysage de connaissances ancestrales que nous avons apprécié, béotien, par ostracisme ethnocentrique.
Je conçois que les « Forces ou énergies ou flux » qui composent l’Univers combinent toutes choses. Nous les assemblons, sans pouvoir encore en définir certaines, et peut-être ne jamais accéder à l’indéfinissable.
En observant les lois que nous connaissons de cet univers pour nous, comprendre et nous découvrir devient plus commode. Cet effort intellectuel consiste à s’observer en tant qu’être, ces forces, restant dans ces forces, et le produit de ces forces, et pas seulement soumis à ces forces.
Si l’univers transporte une information depuis son origine, nous devons envisager que nous sommes dans cette information, une information, façonnant de l’information, et pas seulement, soumis à l’information. Difficile d’expliquer que ces forces, qui nous ont créés, nous ont donné les moyens de les concevoir. Également, il est compliqué de concevoir toutes celles qui forment le vivant et l’univers dans lesquels nous retenons celles qui nous correspondent et demeurent accessibles au psychique singulier de notre espèce.
Fondamentalement, la nuance modifie l’image, la représentation que nous pouvons avoir de notre « monde cérébral » à partir du « monde sensible ». Qu’au lieu d’y être seulement soumis, qui peut être interprété comme une condition irréversible, nous resterions sous condition de la connaissance de l’organisation de ces forces, de cette information. Nous serions un Être « conditionnel », conditionné et capable de le comprendre et créer les conditions de son évolution.
Quelques-unes de ces lois mises en évidence par des scientifiques sont :
1° — le deuxième principe de la thermodynamique qui postule que tout va de l’ordre vers le désordre. Et la théorie du chaos qui indique qu’il est ordonné par cycle.
2° — le principe de l’incertitude d’Heisenberg, la relativité générale d’Einstein (qui exclut l’incertitude).
3° — l’état quantique de notre Univers en dilatation (qui inclut l’incertitude), est-il la réalité d’une information, ou produit d’un imaginaire humain. Sujet d’actualité avec la théorie de la supra-gravité comme des supers cordes dans la recherche d’une Loi potentielle d’unification, qui fait toujours l’objet d’études ayant nécessité la construction d’accélérateurs de particules.
Dont le paradoxe de Schrödinger, mettant en évidence une frontière au passage directe entre la mécanique quantique et la matière atomiste et la physique classique. Ainsi que la matière organique, qui nous compose en nous interrogeant. Comment pouvons-nous quantifier des informations quantiques qui donnent la matière ? Que pouvons-nous retirer du phénomène de « décohérence » 1, ou pour nous don d’ubiquité pour pouvoir vivre deux histoires de vie qui n’interfèrent pas ?
4° — le noir cosmologique, dont les chercheurs sont de plus en plus convaincus qu’il est constitué de quelque chose, « Les Wimps ». 2
Je laisse volontairement de côté les ondes électromagnétiques 3 produites de deux théories distinctes que J.C. Maxwell a unifiées pour fixer les bases de l’électromagnétisme. Sa théorie a permis d’élucider la nature des ondes radio de la lumière des rayons X et Y.
aujourd’hui, nous ne pouvons pas sérieusement concevoir être tenus en dehors de ces lois. La longueur d’onde de notre regard nous donne accès à un monde différent des ultra-violets ou des rayons X et de celui de certains animaux.
C’est en tenant compte unilatéralement de ces lois que nous pouvons, observer, que certains de nos comportements s’y conforment. Au travers d’elles, les Hommes paraissent à la fois des êtres analyseurs et synthétiseurs, des décodeurs et des encodeurs, individualistes et collectivistes, qui forment un ensemble inséparable. Ceci invalide l’idéologie individualiste, car aucun élément n’a de valeur pour rester seul.
Nous sommes aussi des êtres connaissant la difficulté d’accéder à la « synthèse finale », « à la compréhension finale », « aux raisons de cet univers » dont nous mesurons et cherchons les limites. Tout cela, comme nous nous livrons à la recherche d’une loi d’unification citée ci-dessus pour comprendre notre Univers.
La distinction entre le naturel et le culturel est purement convenue. C’est une évidence, cela résulte d’une impression à considérer que nos innovations, donnant lieu à des réalisations, échapperaient à la « nature » à ses « forces ». Elles permettent de réaliser des assemblages ou des combinaisons, par une quantité innombrable de connaissances, d’inventions, de savoir-faire résultant de notre environnement que nous nous transmettons.
2/ Purement convenue, en l’absence de décohérence entre les deux. Cette opposition ne donne pas une valeur nulle, en l’absence d’une loi d’unification que nous n’avons pas encore définie.
Nous pouvons le comprendre par la capacité combinatoire de la pensée associative dont notre cerveau est doté. Lorsque celui-ci reçoit les informations envoyées par les cellules de notre organisme, qui ont enregistré une ou des perturbations de son environnement, notre structure cérébrale commande les comportements qui satisferont à cette ou ces perturbations. Toutes choses matérielles ou abstraites prennent corps par projection de la pensée symbolique, lorsque les événements favorisent leurs émergences, en perturbant notre organisme, tout en ayant conscience de la limite de nos perceptions. Par des moyens techniques, nous avons mis en évidence certaines lois que nous ne pouvons pas contester, qu’elles ne soient pas issues d’autres choses que de la perturbation de notre organisme que décrypte le cerveau. Toutes ces perturbations sont liées à des événements environnementaux dont nous ignorions tout, il n’y a pas si longtemps. Ce culturel que nous définissons appartient entièrement au naturel, il se trouve dans l’univers, et celui-ci l’a constituée, dans une structure innée qui favorise l’aptitude à l’adaptation.
Nous faisons cette distinction entre l’inné et l’acquis, quand notre regard, par sa structure, sa forme et sa nature, est limité. Il donne au cerveau les images de notre monde sensible 4 que celui-ci redistribuera à tout l’organisme.
Par nos concepts conditionnant notre représentation du monde, nous considérons comme naturel ce qui existe en l’état dans la nature. À notre échelle, le naturel se manifeste par des régularités observables, la vie, la mort, la pensée, et diverses adaptations de transmission agroalimentaires, comme le lactose, etc.
Cela ne tient que pour exister, nous sommes exemptés, dispensés de connaître, de comprendre et d’établir des repères, des millions d’humains ont vécu sans connaître l’univers. Nos repères lient nos compréhensions normalisatrices, régulatrices de l’émergence d’un Homme qui se dit créateur. Pour exister, nous n’avons pas besoin de comprendre notre monde sensible, c’est « l’État que nous qualifions à tort ou en raison d’animalier ». Peut-être cela relève-t-il aussi du fait d’une approche eschatologique de l’Homme créé. 5 Ou à notre ignorance due à nos difficultés à retrouver, ou à, vouloir chercher le « réel » dans l’image que nous en construisons, dans notre reflet.
Pour penser autrement, c’est être convaincu que l’Univers permet toute chose que nous inventons. Il nous permet la voiture qui ne nous paraît pas issue de l’univers, en disant la créer, sans ignorer que la planète nous fournit les matériaux nécessaires à de tels assemblages. Comme pour un axiome, nous pourrions dire que tout événement est déterminé par ceux qui l’ont précédé.
Force est de constater que l’univers autorise des formes bien plus complexes, telles que nous les humains ou un flocon de neige, dont la structure complexe n’apparaît pas à notre regard. L’univers n’a aucun besoin de voiture pour se déplacer, cet outil apparaît inhérent à nos contingences humaines planétaires. Avec une force de gravitation plus faible, nous nous déplacerions sans des véhicules, où bon il nous semble. Nous n’aurions, sous ces conditions pas créées des véhicules, les volatiles n’auraient pas besoin d’ailes, et notre monde serait tout autre. Comme avec une gravitation plus forte, nous aurions réalisé dans ces conditions peut-être d’autres innovations.
Par nous, l’Univers sous-tend les créations que nous réalisons, et elles apparaissent comme le produit d’un empilement d’événements successifs. Nous ne naîtrons pas au volant d’une voiture, de la même manière que notre planète n’est pas apparue spontanément.
Bien sûr, en l’état, cette voiture n’est pas codifiée dans nos gènes. Elle le reste dans la capacité combinatoire cérébrale projective qui va associer l’inné et l’acquis, besoin de se déplacer sans effort. Elle se transmet par l’apprentissage, et par l’information que nous nous enseignons des uns aux autres pour la concevoir, et détermine d’autres événements.
À un moment donné, les comportements culturels vont constituer la source d’un ajustement vers une évolution en passant dans l’inné. Ils doivent pour cela être reconnus comme une exigence vitale ou nécessaire pour notre adaptation à l’environnement, telle l’adaptation au lactose.
Le culturel doit se regarder comme autant d’essais que nous pouvons concrétiser. Nos réalisations en dépendront et ne dureront qu’en fonction de leurs capacités à subsister. Aussi longtemps qu’elles demeureront les constantes d’une élaboration de nos capacités créatrices, dans un système d’évolution universel. Le culturalisme favorise et facilite l’adaptation, l’acculturation, la régression, la progression, ou son suicide, capacité à une structuration de porter son auto-destruction donnant à la matrice culturelle toute son importance dans notre développement.
À partir de là, nous pouvons regarder le culturel comme un événement en soi, issu de l’univers au cours de la formation de la planète Terre, pour assurer la survie de toutes les espèces dans leur ensemble. Cela comprend le monde végétal, et favorise l’évolution, dont nous ne sommes pas les dépositaires exclusifs de ce processus.
Par événement en soi, j’entends toute l’activité qualifiée de culturelle qui constitue dans son ensemble un événement holistique.
Cet événement reste capable d’interaction comme l’activité météorologique et l’activité tectonique qui demeurent des événements particuliers que nous différencions et qui appartiennent à un tout. L’utilisation du mot culturel devra toujours être interprétée et comprise ainsi.
3/ Des chances existent dans cette perspective pour que certains de ces essais s’inscrivent dans nos gènes ou dans le substrat de leur origine, leur quantum quantique, sur des périodes géologiques. C’est quand l’environnement, le mouvement, la nature, Dieu, la conscience primordiale, l’indéfinissable, l’ordre sous-jacent, la méconnaissance les retiendront. Comme une modification nécessaire à notre adaptation, sous quelques appellations que ce soit suivant nos cultures.
Un chercheur américain a soumis des mouches drosophiles à de constantes disparitions de leurs œufs. Les mouches traitées produisent des œufs plus résistants.
Dans nos schémas abstraits, nous sommes soumis aux tensions (stress) de l’existence exo-biotopique, extérieure à son biotope naturel. Rien ne nous garantit, par les informations ou les événements vécus, que notre descendance devienne plus résistante ou plus fragile. Notre évolution technologique nous ayant permis d’échapper aux rythmes biologiques, en fonction de la durée de cette échappatoire, une incidence se dévoilera en bien ou mal.
Si j’ai pris l’exemple choquant de la voiture, c’est pour souligner que dans notre logique humaine cela est inconcevable qu’une innovation culturelle puisse affecter le biologique. C’est là, une partie de notre problème. Nous regardons l’univers, à travers notre logique humaine, culturaliste 6 par son histoire déiste, et nous savons par les sciences qu’il en est autrement, ce qui n’empêche pas les créationnistes et les évolutionnistes de s’opposer.
Pourquoi ?
À l’échelle de la durée de notre vie humaine, de percevoir ou d’admettre notre développement intellectuel comme une évolution que nous vivons en direct nous est particulièrement difficile. Nous devons là, distingués, être l’acteur participatif d’un potentiel en émergence, et penser ou être l’auteur de sa source. Nous vivons dans l’information. Opposer à cela une responsabilité humaine est une ineptie. Comment pouvons-nous être responsables d’une existence dont nous sommes seulement les acteurs ? Nous savons que cela permet de se dédouaner de nos actes, ce serait une erreur catastrophique, qui nous ramènerait à l’état animalier primitif. S’il nous dirige, nous avons établi des paradigmes acceptables.
Sans corrélation entre des événements, soutenir que le « culturel » est ce qui s’ajoute à la nature serait avoir trouvé le premier cas d’une non-corrélation dans l’univers. Notre « culturel » n’imprègne pas toujours héréditairement et systématiquement nos gènes, qui se reproduisent par l’apprentissage 7 comme une régularité dynamique qui influe sur notre évolution biologique et psychique (psychosomatique) suscitant cet événement. L’organe ayant en charge la codification de notre monde sensible « culturel » est le cerveau.
D’une certaine manière, nos sens enregistrent les événements extérieurs qui conduisent à la recherche de toute « nourriture » (au sens d’informations aussi) nécessaire. Ils permettent au cerveau de concevoir nos besoins, en réponse aux informations intérieures qui commandent à notre organisme de vivre.
Cette distinction convenue du culturel s’appuie aussi sur le qualificatif d’apprentissage donné à une fonction consistant à se communiquer, s’enseigner l’usage de nos aptitudes 8 stimulées par les événements environnementaux.
L’inverse signifierait que de manière instinctive nous portions tout notre « futur, avenir » déjà élaboré, déterminé dans notre inné primitif.
Ce futur l’est certainement, sous une autre image, une idée autre que notre vision de la destinée soumise aux erreurs de la définition de nos projections.
Il l’est, soustrait à notre compréhension. Nous devons pour le comprendre, le décrypter, réunir et assembler les pièces détachées de « la connaissance et du savoir » que nous découvrons, sans nous imaginer atteindre le but. Exemple, les machines à calculer donneront toujours une décimale, tant qu’elles auront de l’énergie pour calculer.
Nous en prenons conscience au fur et à mesure en sélectionnant les pièces de ce puzzle qu’est la vie, et nous savons que la pièce théâtrale finale est jouée (la mort).
Ce futur, nous le portons dans la capacité de modélisation du plus petit élément infinitésimal qui, associé à d’autres, donnera la perception de l’image future. Nous savons que le futur n’est qu’une capacité de projection cérébrale, dont la réalité repose sur la perception de la durée du temps en fonction de la vitesse à laquelle tout se déplace, suivant trois flèches. 1 / La thermodynamique, le sens dans lesquels l’entropie croît. 2/ La psychologique, la direction suivant laquelle nous sentons le temps passer. 3/ La cosmologique, la direction du sens dans lequel l’univers se dilate. Extrait d’une brève histoire du temps. Pages 185 à 197. Nous n’avons toujours pas pris la mesure de leurs incidences sur nos comportements, hormis celle de la durée du temps.
Le culturel complète le naturel, et en résulte de l’information produisant de l’information. C’est une information qui se différencie par des fréquences ondulatoires. Si nous avions une vision aux rayons X, nous ne serions que des os s’articulant activement, avec la matière organique qui les enrobe, sans la voir. Dirions-nous que les perceptions du squelette qui ressent les conséquences de la matière organique qui l’enrobent sont culturelles ?
Un squelette, qui par cette vision constaterait la perte de son bras, conduirait inévitablement à la mort de l’être vivant squelettique, par l’ignorance d’une réalité qu’il ne perçoit pas. Ce dernier, ne se connaissant qu’en l’état de squelette, n’aurait pas normalisé un décès dû à une hémorragie.
Cet exemple permet de comprendre qu’au-delà de nos perceptions sensorielles actuelles, notre organisme peut contenir et recevoir des informations, qui ne nous sont pas perceptibles, et que nous supputons, en essayant d’en donner une définition. Elle inclut forcément celles que nous ignorons, qui nous influencent, et constitue l’incertitude et l’aléatoire de l’existence.
Naturellement, ce n’est pas inconcevable de soutenir qu’une partie de l’activité humaine puisse se qualifier de culturelle. Pourvu que cette définition ne conduise pas à une dissociation de l’être, et que nous ne refassions pas d’une origine animale, une espèce déifiée à la ressemblance de son créateur dont elle ignore tout.
La question reste ouverte en disant que le culturel est un « événement en soi ».
1«Si l’interférence entre deux histoires est nulle, on dira d’elles qu’elles décochèrent».
Murray Gell-mann. Le Quark et le Jaguar. Éditeur Flammarion. 1997. PP.170 à 175.
2 Note de l’auteur. Particules imaginées par les physiciens pour expliquer la masse manquante. L’autre étant composée par des neutrinos à entre 0,1% et 18% de la masse de l’univers.
3 Note de l’auteur, l’usage des ondes ont fait l’objet d’étude au travers de leur usage d’armes militaires à partir des années 60, dans notre usage au quotidien nous les trouvons du radar antivol de 0,1 watt au micro-ondes de 1500 watt au gros émetteur hertzien existant de 3200 milliards de watt. Certains effets des ondes de basses et très basses fréquences de rayonnement non ionisant peuvent modifier le processus physico-chimique qui régit le métabolisme endocrinien. Différentes études ont mis en évidence des atteintes biologiques insidieuses au niveau du cerveau, des yeux, de la thyroïde, du cœur, des testicules.
«Dans la recherche d’un nouveau traitement de l’épilepsie, Michael Persinger étudie l’effet sur le cerveau de champs électromagnétique, engendrés par de petites bobines disposées sur les côtés d’un casque. Un domaine presque vierge ou bien peu de neurologues se sont aventurés jusqu’ici, et avec lequel Michael Persinger voit une ouverture sur un nouveau type de traitement de l’épilepsie. Pour sa thèse il a fait subir à des souris nouveau-nées des champs magnétiques en rotation. Il constate des modifications de la sécrétion de mélatonine, une hormone impliquée dans la régulation des rythmes biologiques et des émotions. D’autres chercheurs reproduisent ses expériences et confirment. » Science et vie. N° 932. Mai 1995. P 82.
4 Note de l’auteur, il est d’usage d’appeler le monde sensible celui que nous voyons de part nos sens où avec les outils qui les suppléent par rapport au monde «objectif » celui qui est, et que nous ne connaissons pas.
5 Le seigneur Dieu prit de la poussière du sol et façonna un être humain. Puis il insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet homme devint un être vivant. (Genèse 2/7).
6 Néologisme de l’auteur, Culturalisé = dépendant de la culture. Ainsi en faisant un verbe du mot culturel, je lui accorde la capacité d’action, d’agir que nous lui reconnaissons sous les termes d’interaction, de rétroaction.
7 Processus actif d’adaptation.
8 Trait stable et permanent que l’on trouve chez tous les individus, mais à divers degrés.
4/ Je ne crois pas, et cela me paraît évident que nous ne couvrirons pas la planète ni de béton, ni de voitures, ni de produits toxiques. Cela, à cause d’une mécanique qui nous échappe et par laquelle se manifestent toujours des êtres plus « intelligents » que d’autres, pour jalonner leur époque, et alerter le monde 9. Malgré cela, certaines toxicitures, pour être résorbées, des siècles sont nécessaires.
L’époque des scientifiques de toutes les nations est proche, et ils ne resteront pas éternellement alarmistes, naturellement je ne pense pas à ceux qui suivent leur maître financier ou idéologique. Ce n’est pas là, la marque du hasard, c’est de celle d’une espèce dont l’événement culturel génère ses propres éléments qui concourent, à son évolution. Toute cellule qui prolifère produit des déchets, ils entraînent sa destruction, si elle ne reçoit rien de l’extérieur ou n’est pas capable de se transformer.
Le culturel événement en soi déterminera son évolution et, à la recherche de la richesse matérielle, une autre succédera. Ce peut en être qu’en raison du deuxième principe de la thermodynamique appliqué à notre système. Un système évolue de manière irréversible, quel que soit son état initial, quand il tend toujours vers le même état final unique, et fixe une direction d’évolution qui ne peut être inversée sans intervention extérieure au système.
Un corps chaud mit au contact d’un corps froid : la chaleur ira spontanément vers le corps froid de manière irréversible jusqu’à l’équilibre. Se pose seulement la question, quel est l’équilibre de notre espèce ?
Peut-être que notre successeur n’aura pas besoin de bibliothèques, sous réserve que son prédécesseur ait su gérer l’abondance et son essor, et ait su gérer l’événement culturel, là où sont nos limites actuelles.
Pour conclure, la notion, d’activité culturelle, ne sert qu’à distinguer les innovations humaines, et ne présuppose pas de leur innocuité à interférer sur l’espèce, et doit après compréhension être replacée dans son ensemble.
5/ Le culturel n’est pas séparé des lois fondamentales, qui nous gèrent. C’est par son activité que nous sommes parvenus à les établir et, si toutes nos innovations se concrétisent, c’est qu’elles existent en tant que « Forces, flux, Énergies ou informations » 1.
Partant de là, tout ce que nous imaginons existe en potentialité d’être dans l’écoulement du temps, en puissance d’être, dans le déroulement de l’expansion. La forme sous laquelle nous concevons aujourd’hui nos innovations n’est pas obligatoirement celle qui sera révélée par l’évolution, nous sommes des Hommes limités par notre matérialité présente s’exprimant dans des langages réducteurs. Elle est une matérialité présente en constant devenir.
L’inverse, pour nous, signifierait la capacité de créer ou maîtriser des Forces, des flux d’énergies ou des informations de l’univers. Elles situeraient l’Homme au-dessus de lui, l’obsession de la toute-puissance. Il serait un dieu, un supra-humain, un être n’existant que par sa « pensée », ou le qualificatif que chacun voudra lui donner.
La seule possibilité d’imaginer ce concept signifie qu’il existe en potentialité d’être, en n’étant pas forcément sous la définition ni la représentation que nous lui donnons.
Imaginer cela est en probabilité d’être sous-tendu par une pensée construite ou non, et en tout état de cause issue de l’indéfinissable 2.
Ce processus conduit à un raisonnement infini, où nous devons accepter des postulats invérifiables, pour en arriver à des exactitudes expérimentales (réfutables). Issus du big-bang, ou d’un quelconque dieu de l’instant d’avant, nous restons le résultat de sa source originelle in fine.
Toute notre activité cérébrale, que nous étudions, par la psychologique, et la psychanalyse, 3 en essayant d’en comprendre les mécanismes par les neurosciences, articule les raisonnements. La preuve de leur exactitude ne dépend que de l’humain, de sa « raison ». Une raison, qui nous fait considérer la vérité comme la non-contradiction d’un système de jugement, prouve ta preuve. Comme un postulat invérifiable, Dieu, l’ordre sous-jacent, le monde objectif, l’au-delà, etc. Comme les contradictions des opinions. Comme la régression à l’infini. Comme un cercle vicieux, le di’allêlôn. Comme une opinion relative, les uns par les autres. Comme vérité expérimentale. Comme herméneutique, sens caché. Ce sont tous ces postulats que nous utilisons à notre convenance pour justifier nos innovations et en lesquelles nous croyons jusqu’aux conflits quand elles divergent.
Toutes nos innovations, comme nombre d’essais, ne favorisent pas obligatoirement le développement de l’espèce, quelles que soient les échelles de valeurs que nous leur appliquons, et leur appliquerons. Nous n’avons, et n’aurons que la possibilité d’un choix restreint dans toutes les innovations « Culturelles » que l’Univers sous-tend par l’évolution, ou la création pour les croyants.
Ce choix restreint est en fonction de la réduction de la méconnaissance de toutes les associations possibles d’informations que nous ne serons peut-être jamais en mesure de connaître sur notre planète. Puissions-nous le comprendre, et évaluer certaines de ces associations, avec le travail des scientifiques, et de ceux qui dans les sociétés ancestrales avaient compris la même chose sans disposer des moyens d’une vérification techniciste. Le travail des scientifiques n’est qu’une mesure, elle aussi limitée par notre psychique, et notre technologie ouverte sur l’infini.
Einstein a dit : la nature ne nous montre que la queue du lion et il ne fait aucun doute pour moi que le lion à qui elle appartient est au bout. Cela sans qu’il puisse se montrer tout d’une pièce à cause de sa phénoménale stature, 4 si bien, que d’une certaine manière notre existence se déroule par défaut.
Aussi chaque fois, que nous définissons un concept pour expliquer l’indéfinissable, ce concept défini vient de l’indéterminé. Nous parvenons à préciser cet indéterminé par des théories. Lesquelles entrent dans les divers degrés de l’incertitude ? Cette incertitude a pour principe qu’après la conceptualisation d’une théorie, nous nous rassurons. Or la durée du temps qui s’écoule nous empêche d’être assurés que ses éléments trouvent la place que nous leur avons imaginée, qu’ils restent à la place où nous les avons mis ou observés.
Cela, du seul fait que l’Univers est en mouvement, et, si ceci pouvait échapper au regard du primitif, cela ne peut plus l’être au nôtre.
Nous existons dans ce mouvement et en mouvement, et durant ce laps de temps d’autres événements interviennent ou se modifient. Ces événements se produisent entre autres dans une logique issue du deuxième principe de la thermodynamique.
Ce principe impose que tous aillent de l’ordre vers le désordre et se réassocient, ainsi de suite, dans un nouvel ordre. Et le Tout, dans un mouvement en dilatation, comme caractéristique d’une durabilité.
Dans notre univers, les chercheurs espèrent y découvrir un ordre sous-jacent. Imaginer que notre big-bang ne serait pas unique. Plus, toutes les autres hypothèses émises par les scientifiques concernant l’univers. Il pourrait, être plat, ou courbe, ou chiffonné, ou bulle. Il pourrait être apparu par sept autres forces supposées, poursuivre l’étude des trous noirs, etc. (source revues Science et vie). Tout cela, pour accepter une interrogation philosophique, si notre univers n’était que le produit de notre structure cérébrale qui relie toutes nos cellules.
Par l’indéfinissable, j’entends la question, Pourquoi ? Avec, comme, réponse, je ne sais pas !
Par l’indéterminé, j’entends : imaginer une réponse à la question.
Par l’incertitude, j’entends : détenir une réponse temporairement vérifiable.
Supposons que j’ignore à quelle température, l’eau bout. Je m’interroge pourquoi l’eau bouillonne et j’imagine en mesurer l’ébullition. Je vérifie qu’elle bout à 100° à 76 millibars. D’autres découvrent qu’à plus de 76 millibars elle bout à plus de 100°, et à moins de 76 millibars elle bout à moins de 100°.
L’incertain provient de l’ignorance de la pression. Si je n’en avais pas connaissance, en affirmant que l’eau bout à 100° j’aurais établi une fausse régularité. Ce sont des situations fréquentes qui ont suivi l’Homme tout au long de son existence et le suivent encore, par cela se génèrent de faux schémas aux effets certains.
Ce postulat sera aussi vrai que les éléments qui le constituent seront stables. Dans notre mode de fonctionnement, cette même incertitude nous permet d’espérer. D’espérer trouver une réalisation aux concepts que nous élaborons, lorsque nous parviendrons à en définir les déterminants qui les composent. Leur définition réduira l’indétermination de ces concepts, dans la limite de ce qui nous apparaît toujours indéfinissable.
Notre monde est un mouvement qui va du désordre à l’ordre, et de l’ordre au désordre. Comme l’indéfinissable va vers l’indéterminé, puis vers l’incertitude avec un certain degré de continuation cyclique. En retour, l’incertitude est produite par l’indéterminé qui est issu de l’indéfinissable. Nous voyons que chaque innovation est vouée à se réorganiser, et chaque réponse fait apparaître une question qui oblige à se reconstruire.
Ce mouvement est à la base de toutes nos difficultés pour appréhender notre monde sensible. Il nous est indispensable pour l’appréhender, d’élaborer des repères et d’établir « un ordre humain » que nous voulons stable, générant des échelles de valeurs de compréhension. Ce souhait est de l’ordre de l’angoisse à la recherche d’assurances compréhensives dans un ordre où se constituent en permanence des jalons ouvrant de nouvelles voies. L’exemple le plus probant est l’interprétation de nos rêves pollués par nos définitions des événements, où ce qu’ils racontent n’est pas le produit de l’image que nous en percevons au réveil.
Les informations de toutes les forces, les flux d’énergies ne valent que dans la mesure où un mouvement les anime. C’est ce mouvement qui paraît la clé de toute création et vie de systèmes simples et complexes comme le pensaient les philosophes de l’école de Millet.
6/ Beaucoup de personnes pour comprendre notre monde ont développé des théories philosophiques. Certains ont mis l’accent sur l’expérience : le positivisme instrumental ; le positivisme (d’Auguste Conte) ;
D’autres sur l’objet : l’être est, le néant n’est pas (Parménide) ; le Réalisme (Démocrite, Newton) ;
Les empiristes (Locke, Hume) ;
Le réalisme faible et fort ;
Le dualisme (Descartes) ;
Le monisme ;
Le matérialisme (Épicure, Holbach, la Mettrie, Hegel, Marx) ;
Le spiritualisme (Leibniz) ;
D’autre encore, sur la relation : « Tout s’écoule » (Héraclite) ;
Le solipsisme, je pense, dont je suis.
L’idéalisme (Platon) ;
Les rationalistes (Kant) ;
D’autres, sur le « Tout », l’holisme (David Bohan, Ervin Laszlo).
Pour beaucoup d’entre eux, l’univers quantique n’existait pas, ils n’imaginaient pas, que la matière et l’esprit étaient composés des mêmes « Forces, flux, Énergies et informations. » Ils ne pouvaient tenir compte du fait que la réalité matérielle, et la réalité spirituelle pouvaient être définies par les mêmes (forces, énergie, flux, informations).
Ils n’avaient raison que dans leurs certitudes, qualifiant de substance, selon le cas, ce que nous appelons aujourd’hui « particules », qui en s’associant véhicule aussi bien la lumière que notre propre corps.
Ces particules, entre cent et deux cents de masse faible, d’autres plus massives, en nombre infini, renferment une valeur. Elles pourraient tout aussi bien dérouler leur existence dans l’univers, indépendamment les unes des autres, si un ordre sous-jacent ou une interaction ne leur permettait pas de s’associer. Je pense, au-delà de la recherche sur les théories d’unification, l’énigme du noir qui enveloppe l’Univers, et qui demeure un casse-tête du cosmos.
C’est devenu banal de voir des chercheurs se pencher sur le fonctionnement de l’univers. Ces chercheurs disent qu’il est apparu d’un Tout, le big-bang, et nous ne le contestons plus, sauf des nihilistes. Nous savons que le big-bang ne répond pas à toutes nos interrogations, face à l’existence d’un seuil où tous les raisonnements humains s’écroulent. Il n’en demeure pas moins le nouveau conte fondateur de notre monde par les connaissances et les moyens utilisés.
Depuis des siècles, nous vivons au rythme de contes fondateurs, et des mythes. Celui de l’occident hérité de la Mésopotamie est le conte de la genèse et ses conséquences dans l’organisation sociale économique qui en a découlé.
Aujourd’hui, ce conte-là est terminé et beaucoup d’Hommes dans le monde s’y accrochent encore.
Le nouveau c’est celui du big-bang ou de la Baryogénése, comment de la matière a créé l’univers, et ce conte attesté par la science va rayonner et éclairer nos relations humaines ? Nous devrons encore le sortir du monde des initiés et qu’il nous questionne, sans omettre l’instant d’avant.
Des questions ! Nous n’avons que cela dès notre naissance. Une particulièrement dérangeante : « sommes-nous des individualistes ou des collectivistes » ? Lorsque nous nous observons, la controverse est vive entre les tenants de l’individualisme, et les collectivistes. 5
En nous soumettant toujours à cet antagonisme organisé autour de ces concepts, cette dualité nous impose toujours de devoir choisir entre l’un ou l’autre par de mauvaises approches de cultures politiques égocentriques.
En observant l’Univers, nous y constatons schématiquement que la valeur générique de chaque particule ne vaut que par ses propriétés lui donnant sa capacité à s’associer à d’autres, et donner corps à des créations.
Pour nous, notre singularité n’a de valeur que par sa particularisation lui donnant sa capacité associative interactive, sa capacité à s’associer dans un collectivisme fractal. 6 Il conduit à tout type d’organisations, qui favorise le développement individuel pour s’en enrichir. Ne serions-nous ni individualistes ni collectivistes, une « structure interactive », 7 dont l’holisme est la plus proche et insuffisante définition, qui inclut l’analyse individuelle discrète ? Objectivement, tous nos comportements interférents avec les autres sont induits par les autres et notre personnalité n’a de valeur que si elle peut être observée, reconnue, et trouver son espace ou un espace momentané dans une association.
C’est l’existence de la communauté de ses semblables qui fait de chaque Homme un Être conscient. 8 N’en découle pas d’évidence de la conscience holistique de l’espèce.
Tous les êtres et végétaux n’existent pas pour vivre seuls. Imaginons un Homme seul dans un espace uniforme, en se déplaçant, il ne s’observerait pas marcher. Mettons-lui n’importe quel objet, il se dirigera vers lui. Cet objet sert d’attracteur et à partir de lui le mouvement de la vie s’observera et l’existence se déroulera.
Cette « structure interactive » nous poussant à l’association, chacun d’entre nous le détient comme enveloppées dedans, à l’exemple du noir cosmologique enveloppant notre univers.
Comparativement, ce serait soutenir que seuls les organes de notre corps sont essentiels, tandis que d’autres diraient que c’est l’enveloppe humaine qui l’est. Les organes, aussi essentiels qu’ils soient, sans une structure de liaison, ne donneraient pas plus un Homme que des bouts de fers mis côte à côte donneraient une voiture. Parfois, percevoir les évidences les plus simples reste difficile.
Ce que nous sommes n’aurait de valeur que par la « structure interactive » qui permet l’association : serait-ce pour l’homme en voie d’hominisation « Le culturel événement en soi » ?
L’absence de théorisation d’une loi générale sur cette « association interactive » conforte l’idée qu’elle n’existerait pas, en dehors de l’acceptation de l’action de démiurges durant plus de trois mille ans. Exceptées, si nous considérons que l’association est seulement motivée par un processus de création rattaché à l’origine du big-bang. Les démiurges sont devenus la Baryogénése. Avec une interrogation, pourquoi avons-nous une structure cérébrale aussi élaborée, hormis si elle doit concourir à l’élaboration d’un être nouveau, par synergie cinétique, et non par prédestination ?
Naturellement, se regarder sous un aspect mécaniste froisse notre fierté, tant notre émotivité est puissante. Si l’enveloppe de notre corps mérite les soins que nous lui apportons, sa fonction essentielle réside dans sa capacité d’associer l’ensemble des informations qu’elle reçoit : analyser et synthétiser, décoder et encoder.
Dans quel but ?
Procréer certainement !
Repousser la mort comme l’on peut !
Ce sont deux motivations qui en génèrent une troisième que nous nous refusons à vouloir regarder. Celle de tout organisme apte à produire sa capacité régulatrice, qui n’est pas seulement la chaîne alimentaire. C’est l’autorégulation humaine difficile à saisir tout en la vivant. Elle est plus facile pour les systèmes fermés que nous observons, telle l’évolution d’une population de poissons dans un étang.
Différer la mort sur une planète où nous n’avons aucune chance de vieillir paisiblement, au milieu des risques représentés par les autres espèces ou d’autres organismes, vireux, microbien, etc. Ce sont les risques que représente aussi la vie de notre espace terrestre, glaciation, réchauffement, dérive des continents, percussion d’astéroïdes, risques météorologiques, et des risques culturels, accident et organisation de la violence.
L’apprentissage pour chacun d’eux permet d’accéder aux choix utiles, reculer l’échéance éphémère d’un ultime but énigmatique, la mort.
Cet apprentissage n’a pas que des adeptes. Ce sont particulièrement les obscurantistes d’hier et de toujours, s’opposant à toutes les études de la connaissance de notre évolution très certainement par crainte des réponses scientifiques. Pour des chercheurs, la science n’est pas une affaire d’argent, seulement un questionnement. Cette recherche demande une haute conscience humaine, elle nécessite des précautions quand elle nous concerne, et nous pouvons la résumer en une question : pourquoi ?
Pour réaliser cet essai, j’ai lu les ouvrages des auteurs qui ont eu la volonté de vulgariser leur savoir, absents de l’enseignement général. Celui de James Gleick (journaliste scientifique au New York Times) convient parfaitement pour assimiler ses exposés dans son ouvrage LA THÉORIE DU CHAOS. Cette théorie ouvre à la connaissance classique du monde, et sur les explications de bien des phénomènes naturels. Beaucoup étaient demeurés totalement incompréhensibles, et ils se sont révélés gouvernés par un ordre dynamique (cycle).
1 En effet, une particule en elle-même n’existe que par les effets qu’elle engendre, cet ensemble d’effets les scientifiques les appellent des «champs », ces champs sont, le champ électromagnétique, le champ de gravitation, le champ protonique, le champ électronique. Note de l’auteur.
2 Une perception sans qualification.
3 Note de l’auteur. Il existe une appréciation contradictoire sur la psychanalyse qu’il faut connaître. Ceux qui pensent que c’est une science, mais elle doit se passer de l’expérimentation, et les scientifiques qui considèrent que les postulats de la psychanalyse ne se prêtant pas à la vérification, ne sont pas scientifiques, puisque «irréfutables ».
4 Michio KAKU. VISIONS. Éditeur Albin Michel. 1999. P 466.
5 Note de l’auteur. Tout au long de cet ouvrage je vais utiliser le terme collectiviste ou celui de collectivisme, dans une forme plus large que celle du Petit Larousse, qui rapporte la signification politique d’une forme d’économie fondée sur la mise en commun des moyens de production, et leur appropriation par le prolétariat. Le sens que j’accorde à ces deux termes est pour indiquer toutes les situations ou nous mettons notre activité en commun quelle qu’en soit les formes, car au travers de la notion de moyens de production, je sous-entends toute la valeur innovatrice et productrice du collectif, de la communauté, du groupe, du clan, de la famille et de l’individu en leur sein, et pour souligner un état de fait, où l’Homme Seul n’existe pas, si ce n’est que comme anachronisme qui effacerait son espèce s’il se généralisait. Également parce que ces termes me conviennent pour indiquer que si nous regardons l’individu comme un système fermé dans un univers en mouvement, il ne peut s’enrichir qu’en recevant de l’extérieur, des autres, par association consciente ou non, et il y a là donc une mise en commun puisque cela se fait réciproquement. Et que nous avons tort d’avoir peur dogmatiquement de ce mot parce qu’il a une histoire meurtrière, il y en a bien d’autres qui le sont autant sinon plus.
6Note de l’auteur. Ensemble constitué de la valeur de chacun des éléments qui, associés le constituent, et peuvent être examinés dans leur plus petit élément, l’individu, l’individu collectiviste, et non pas l’individu Homme Seul, l’individu construit dans son ensemble, et non l’individu séparé de son univers et de l’Univers.
7Note de l’auteur. Par structure interactive, je veux indiquer par-là, que nous réagissons à un processus qui nous fait vivre, en quelque sorte un processus qui ne nous appartient pas, parce que nous en sommes les acteurs inter agissants avec lui, mais que notre intelligence peut comprendre, qui n’est pas un point d’équilibre entre des opposés, l’approche duale, mais un mouvement complémentaire attractif de régulation. Même si nous pouvons considérer que l’homme sujet unique, est seul, parce que nous naissons seul, et mourrons seul.
Je veux souligner par-là, que ni la position sociale, ni l’argent, ni le père, ni la mère, ni dieu, ne nous aiderons à franchir l’instant de ces passages. Par contre notre «moi » de l’instant de la naissance à celui de la mort, même si nous le portons seul, sera fait avec et dans la vie des autres. Pour glisser au-delà et tenir compte de ceux qui pensent que le souvenir de l’existence d’un être, peut se conserver dans l’énergie qui retourne à l’univers et recompose ce qui naît. Dans ce cas, à notre moi avec et dans la vie des autres, s’ajouterait celui de fragments ou de la totalité de l’histoire de notre passé, suivant une échelle de probabilité infinie.
8 Note de l’auteur. Succinctement la conscience de soi n’est pas le propre de l’espèce humaine, même s’il y a controverse sur sa source, soit par la neurobiologie ou par la phénoménologie, sa vocation n‘est pas d’exister par elle-même, mais pour concourir à un événement plus global, soit par une capacité autonome des cellules d’évoluer, soit parce que l’événement global inter agit sur les cellules, ou les deux.
Werner Heisenberg, physicien, dans : « LA PARTIE ET LE TOUT » apporte des idées essentielles à la théorie de la mécanique quantique 1, en particulier ses célèbres relations d’incertitude, et raconte ses souvenirs professionnels et humains ;
Robert Shapiro, professeur de chimie et chercheur de recherche sur l’ADN, dans son ouvrage « L’ORIGINE DE LA VIE ». Il met l’accent sur la difficulté d’appréhender l’origine de la vie seulement par l’étude de l’ADN. Il dit que la réponse à la question : « comment est apparue la vie » est : « Je ne sais pas ». En apprenant de plus en plus sur les phases les plus reculées de l’évolution de la vie, tout se résumera à un « sourire », 2 « un principe de complémentarité structurelle entre sous-unités monomères ».
Stephen Hawking, cosmologiste et physicien, vulgarise dans « UNE BRÈVE HISTOIRE DU TEMPS », nous fait assimiler par un langage simple et compréhensible les travaux et les grandes théories, de Galilée à Newton, en passant par Einstein et Poincaré. Il déborde sur la recherche d’une théorie unitaire combinant la relativité générale et la mécanique quantique 3, du big-bang aux trous noirs ;
Murray Gell-Mann a écrit « LE QUARK ET LE JAGUAR » ou l’aventure dans le simple et le complexe. Professeur émérite, au California, institutes de Technology, Le Caltech, il expose de manière précise ce qui relie la physique des particules aux objets de notre quotidien. Il explique comment se déploient les interrelations des systèmes, en partant des plus simples aux plus complexes. Nous passons alors de la résistance des bactéries aux antibiotiques, à l’enfant qui apprend à lire, comme de la formation des galaxies, à celles des différentes cultures.
Edgar Morin, philosophe, dont « LA COMPLEXITÉ HUMAINE » retrace l’essentiel de la pensée mauricienne. Dans un ouvrage présenté par Heinz Weinmann, Edgar Morin expose l’homme dans toute sa complexité mise à nu à la lumière des connaissances contemporaines. Son œuvre conserve l’espoir que la connaissance permette une réforme de la pensée ;
Pierre Daco, psychologue et psychanalyste, membre de l’institut international de psychothérapie et de psychologie analytique. Au travers DES VOIES DE LA NOUVELLE PSYCHOLOGIE, Pierre Daco mentionne l’appel vers la psychologie que provoque notre monde en mutation. Face aux anciens critères sont en voie de disparition, et il espère dans les nouvelles générations « les cadets ». Des cadets plus et mieux éduqués du savoir fondamental pourront développer une société plus épanouie par une nouvelle éducation, afin d’échapper à notre monde névrosé, qui développe la culpabilisation.
Edward Harrison, professeur de physique et d’astronomie à l’université du Massachusetts. Dans son ouvrage, LE NOIR DE LA NUIT, il relate l’histoire de cette énigme du cosmos qui passionne toujours le monde des chercheurs. Selon lui, une lumière, autrefois brillante, disparut dans le refroidissement de l’expansion cosmique, et transformée en ténèbres infrarouges invisibles à l’œil nu.
LA PLUS BELLE HISTOIRE DU MONDE, les secrets de nos origines co-écrits par Hubert Reeves, Joël de Rosnay Yves Coppens et Dominique Simonnet, dont j’ai retenu la question cruciale en guise de conclusion. « Sommes-nous prêts à coexister avec notre propre puissance » ?
Dans cet essai, je veux tenter de développer la nécessité qu’a notre espèce de devoir apprendre. Nécessairement au-delà du quotidien, sans s’écarter des pratiques de notre monde mercantiliste actuel. Et d’être capable de raisonner globalement comme nous le propose notre cerveau à chaque instant, sans les censures culturelles par une vision holistique et critique du monde.
7/ Si des sophismes m’ont échappé, ils n’ont pas pour vocation d’induire le lecteur en erreur. Ils se situent au-delà du regard conformiste que nous portons sur notre monde, analysé par champs, sériés, chacun dans sa spécificité.
Comme important, nous devons retenir, que notre intelligence peut découvrir de notre Univers que ce qu’elle comprend, qu’illustre le poème suivant.
Poussières d’étoiles.
Poussières d’étoiles et d’éternité.
Photons de lumière de ma vie passée.
J’ai sorti les hommes de l’obscurité.
En brodant un voile pour les protéger.
Ils ont tissé des dentelles avec des crochets.
Pour réunir des atomes à satiété.
Poussières d’étoiles et des temps glacés.
Le bing bang, s’éclate, pour me réchauffer.
J’ai offert aux hommes une singularité.
Le saphir d’un disque galactique à souhait.
Ils ont accordé des champs d’ondes pour s’envoler.
D’une portée de lune, ils vont s’élancer.
Poussières d’étoiles et de la pensée.
Dans le grand désordre, je me suis éveillé.
J’ai poussé les hommes vers la destinée.
Dans une pièce boréale de diversité.
Ils ont nommé les planètes comme il leur plaisait.
Fais du Soleil leur maître le temps d’une journée.
Poussières d’étoiles et de l’indéterminé.
Le temps de trois flèches pour me dilater.
J’ai donné aux hommes l’illusion d’exister.
En faussant les cartes de leur volonté.
Ils ont fait de grands cirques pour s’identifier.
Marcher sur la tête pour se rassurer.
Poussières d’étoiles et de l’humanité.
Avec un cœur quantique bien mécanisé.
J’ai des supercordes pour m’harmoniser.
Des trous énormes noirs de densité.
Ces cueilleurs d’étoiles m’ont appelé l’Univers.
Honneur dérisoire à un indéfinissable voyageur.
Né de la poussière et d’éternité.
Particule élémentaire dans des temps glacés.
Né de la poussière et de la pensée.
Gluons colorés dans l’indéterminé.
La poussière d’étoiles que les hommes ont observée.
Sera peut-être un jour « la » guide de l’humanité.
3 — Un jour, j’eus une idée née d’une problématique pas si simple, entre utopie et idéologie.
1/ en 1975, à la tribune d’un congrès fédéral à Lyon, j’eus l’idée de réclamer dans les années à venir une réduction du temps de travail hebdomadaire, et de porter la semaine à 35 h. Le temps dégagé devait être utilisé, pour une moitié au gré des salariés, pour l’autre à s’éduquer. J’avais observé que l’accès au savoir de l’ensemble des connaissances acquises par l’étude, permettant de comprendre, de maîtriser les rouages de l’activité socio-économique, échappait à leur détriment à la majorité des salariés.
Durant l’exercice de mes mandats syndicaux, à de nombreuses reprises, plus souvent que je l’aurais voulu, j’ai pu en vérifier l’exactitude. Je dus approfondir plusieurs sujets, lois, droits, économies, sociologies, relations humaines, politiques et autres, et je me heurtais inévitablement au mur incontournable du temps disponible.
En 1978, je retenais comme fait marquant de la dégradation de l’économie la situation de l’emploi qui englobait, les difficultés rencontrées par les chômeurs pour changer d’emploi, et l’allongement de la durée, du chômage.
C’est dans ces années que je réfléchissais, à une source de richesse perpétuelle pour que chacun puisse recevoir un revenu.
Je préconisais d’utiliser le développement de l’intelligence humaine en une source de revenu direct, sans l’obligation de transiter par la production d’un bien monnayable
En 1982, durant mon activité de militant, j’en retirais la problématique suivante. Si dans le futur, par nos nouvelles technologies, dix millions de personnes suffisent au fonctionnement de l’économie, et que l’espérance de vie s’allonge, quelle sera la source de revenus des citoyens ?
Cette idée de création de richesse intellectuelle, source de revenu individuel direct, me revint à l’esprit.
J’imaginais qu’elle ne devait plus seulement concerner que les seuls chômeurs, elle devait s’étendre obligatoirement à l’ensemble de la population adulte, active ou non jusqu’à l’âge de la retraite.
Les années suivantes, je répétais que, dans une société riche, posséder le savoir et les moyens de communication était des atouts vitaux. Par moyen de communication, je ne songe pas à la manipulation et à la désinformation qui se camouflent sous ce concept de communication mis au service de la duperie.
En effet, je considérais comme une aberration de ne pas structurer l’accession à la richesse intellectuelle pour chacun tout le long de l’existence, tout en réalisant, l’objectif de n’avoir aucun citoyen dépourvu de ressources.
Nous verrons que ce n’est pas aussi simple devant les blocages psychologiques des Hommes. Détenant la quasi-totalité du savoir disponible, il ne peut se contenir dans un cerveau, aujourd’hui, comme hier.
Un choix quantitatif s’imposera sur plusieurs générations, tout en définissant des priorités qualitatives.
La montée en puissance durera des années pour ne pas déstructurer l’économie.
Quel temps y consacrer ?
Quel type d’enseignement ?
Qui le dispensera ?
Quelles seront les conséquences sur la vie au quotidien des actifs ou non actifs ?
Quelles incidences sur l’appareil productif ?
Quel financement ?
Quels impacts sur la production de richesse ?
Autant de domaines à explorer.
Quelles motivations incitatrices doivent être développées ? L’argent, l’idéal futuriste, la réflexion rationnelle, la contrainte partielle ou totale. Autant de réflexion à méditer.
Comme, que devons-nous craindre.
Les effets, d’agrégations ?
Les déviations idéologiques ?
Que pouvons-nous espérer par les technologies de la communication, par le développement de l’intelligence artificielle ? Quels rêves pouvons-nous nourrir avec la génétique ou la neurologie ?
Ces questionnements ne doivent rien nous faire oublier. Les hommes et les femmes réagissent avec leurs idéaux, leurs philosophies, leurs mysticismes, leurs valeurs, leurs classes sociales, leurs pouvoirs établis, leurs rêves, et le tout imbriqués dans le « mensonge culturel 4 » comme huilage de la sociabilité.
Dans mon argumentaire, je m’efforcerai d’éviter toute approche idéologique, sachant par avance que cela se fera machinalement. Je ne peux pas faire abstraction de mon vécu, je formulerais, des critiques. Vouloir que chacun dispose de ressources peut paraître un idéal utopiste, et mon approfondissement peut n’être qu’un déploiement idéologique. Ce en quoi je paraphraserai Bergson, nous ne lui avons pas dit que c’était impossible, il la fait. 5
CHAPITRE, I
1/ Rémunérer les hommes pour apprendre est un autre monde, c’est mettre un pied dans l’incertitude, c’est mettre un pied dans un monde à inventer. Pas forcément comme je le vois, ce n’est que le mien, c’est poser les marques d’une aventure inconnue !
Ces aventures inconnues que nous aimons dans les contes, quand ce sont les autres qui les vivent. C’est forcément aller vers un monde différent du nôtre et cela ne peut que nous effrayer.
Cette réorganisation ne pourra pas être plus effrayante que celle qui est le nôtre aujourd’hui. Où, pour sortir d’un monde et d’une existence passée que nous reconnaissons cruelles, nous avons développé des cultures sociétales mortifères et, nous avons aussi érigé des organisations eugéniques. 6 L’Homme dispose des moyens, pour comprendre le monde, l’étudier. Il n’en demeure pas moins, sur la défensive, et dans l’ensemble, nous ne faisons pas la démarche de nous ouvrir au monde, à l’univers, pour rester dans notre mensonge culturel. Pourquoi ne pas forcer la main de l’évolution, en rémunérant les hommes pour apprendre, essayer de découvrir si, dans notre suffisance, nous ne nous étions pas fourvoyés par ignorance existentielle ?
Je vais essayer de m’en expliquer tout au long de ce chapitre, et de ceux qui suivront.
4 — Nous devons pour cela seulement comprendre un questionnement : sans le savoir, que serions-nous ?
1/ Qu’est-ce élaborer un modèle ? Élaborer un modèle, quel qu’il soit, suppose une finalité. L’organisation d’un modèle sociétal est transitoire et sa finalité momentanée. Il évoluera au gré et au rythme de la qualité de ses acteurs, pour capter dans son environnement le nécessaire dont il dépend. Cela sous réserve que les Hommes aient pu le comprendre, et se le transmettre.
Souvent, ce que nous présentons comme une finalité qui inclut la notion d’aboutissement n’est qu’un but.
Des buts nous n’avons que cela, et notre espèce évolue au gré de son environnement, et de sa possibilité à conceptualiser abstraitement autour d’un schéma initial adaptable au raisonnement humain. Celui-ci repousse sans cesse l’indéterminé, par la technologie qui supplée la faiblesse du regard de notre espèce.
Cette capacité à raisonner et cette technologie ne peuvent rester la propriété de quelques initiés.
Les Sumériens auxquels l’écriture permettait de nommer le monde, de l’inscrire, d’en faire un recensement précis considéraient que la chose était sacrée, et devait rester secrète. Ce que nous rapportent des tablettes d’argile, que l’initié instruise l’initié, le profane ne doit pas savoir. Et nous savons que pour bâtir le projet salvateur ou détenir la vérité suprême accessible qu’aux initiés, nous aurons toujours des hommes.
Il en est encore de nos jours sous une forme plus élaborée. Les initiés sont ceux qui sont instruits dans de grandes écoles socialement accessibles, les autres bénéficient d’une instruction générale. C’est une invariance d’échelle structurelle plus que séculaire qui ne peut être réduite que par un enseignement tout au long de la vie.
Ce en quoi je développe l’idée qu’entretenir de connaissances l’intelligence humaine reste important, comme de nourrir sa réflexion de manière continue tout le long de son existence. Cela, malgré qu’existe un décalage entre devoir apprendre et percevoir son utilité immédiate, dans une existence dont nous ne savons pas quelles évolutions viendront la modifier. Autant bénéficier des savoirs disponibles pour ne pas rester sur le bord de la route.
Que serions-nous sans le savoir ? Imaginons-nous aujourd’hui dans les pays riches, privés d’électricité !
Imaginons la vie des individus sans leurs lunettes !
Imaginons qu’un cataclysme ne laisse que quelques survivants !
Quelques générations plus tard dans ce cas de figure, par l’oralité parabolique, les survivants expliqueraient que dans les temps passés de gigantesques temples abritaient la puissance du dieu nucléaire, qui donnait aux hommes l’électricité. Pour les survivants, l’individualisme égoïste deviendrait peut-être l’objet d’un tabou.
Sans l’enseignement de l’apprentissage, nous serions toujours à l’aube des temps, il ne remplace qu’en précis, les intuitions des hommes de comprendre où ils étaient et qui ils étaient.
Nos ancêtres ne pouvaient qu’être intelligents pour élaborer des contes fondateurs et des mythes. Ils n’ont pas pu arrêter le développement de l’intelligence pour l’intérêt qu’ils y trouvaient. Nous ne pouvons pas en dire de nous autres, dans un passé pas si lointain : ce fut les autodafés, maintenant partie exemplaire du déroulement de l’histoire.
Demandons-nous, seulement, ce qu’est l’Univers, le monde, l’Homme ? Ils ne sont que de l’information perçue par nos sens, définie par certains scientifiques et que nous nous transmettons des uns aux autres sans cesse redéfinie.
Voilà pourquoi comprendre ce questionnement facilite les relations humaines débarrassées de l’Homme bloqué : sans le savoir que serions-nous ?
1 Note de l’auteur. Actuellement certains chercheurs considèrent la mécanique quantique comme des données d’informations pouvant être quantifiées, expliquant ses paradoxes. Ceci à la suite des diverses interprétations qui ont été donné par des physiciens de renom, tel Niels Bohr, David Bohn, Hugh Everett.
2 L’auteur Robert Shapiro entend par «sourire » la faculté des cellules monomères à s’associer avec d’autres cellules identiques ou différentes. (Monomère cellule de base pouvant former des liaisons.)
3 Note de l’auteur. Cette difficulté a été en partie levée par le physicien Valéry Nesvizhevsky qui a apporté la preuve que la gravitation est quantique. Naturellement cela ne changera pas notre manière de voir tomber une pomme, mais ouvre la connaissance à celle du déplacement des tous petits corps (milliardièmes). Science et vie. Mai 2002. Pp 72 à 81.
4 Note de l’auteur. Je fais allusion aux mensonges quotidiens que nous faisons aux autres et à nous même, soit pour nous protéger ou éliminer les sources de conflit, dont nous faisons l’apprentissage dès l’enfance en fonction des différentes cultures lors de l’analyse des événements.
5 Note de l’auteur. Je n’ai pas trouvé la source de cette citation attribuée à Bergson.
6 Note de l’auteur. Je fais volontairement une extension de l’usage traditionnel de ce mot, en l’ayant préféré au terme d’hégémonie, non pour créer une confusion, mais parce que, au travers de leurs jugements de valeur les hommes ont toujours recherché d’une manière plus ou moins indicible de ne vouloir retenir que les caractères qu’ils reconnaissaient être ceux correspondants au fait majoritaire reconnu. Or jusqu’à présent c’est l’accès à la technologie qui les en a empêché, ceux qui s’y sont livrées, ont utilisé des moyens barbares ou subtil dans le domaine de l’extermination en utilisant des termes aussi anodin que développement de la culture ou de la pensée à la recherche de l’homme parfait. La découverte du génome nous ouvre la porte de toutes les espérances et de toutes les craintes, et nous n’échapperons pas à la redéfinition de certains termes, et à la création de nouveaux, pour être le plus précis afin de ne pas utiliser le multiple sens de certains pour nous tromper, dans ce que nous appelons l’évolution, et dont nous connaissons si peu. Et pour aller jusqu’au bout de ma pensée, lorsque par culture commerciale nous vendons des images de top modèle type, et que par chirurgie aujourd’hui certains les copient pour supprimer leurs caractères spécifiques innés, la limite est subtile. Pour un cas individuel nous pouvons encore parler de soin d’un mal être d’une personne dans sa peau, de dopage dans le cas de sportifs, mais dans le cas d’un phénomène de masse, si la génétique vulgarise cette possibilité de changer ses caractères, si la génétique favorise cet effet de mode, à partir de quel nombre entrerons-nous dans l’eugénisme.
5 — Que sommes-nous ? Avec notre agressivité, au-delà de l’égocentrisme et de l’instinct ; d’Êtres intelligents. Capables d’assumer notre agressivité qui permet d’agir, malgré nos erreurs, comme pour se saisir de ce qui nous est nécessaire.
1/ La vie nous impose par le savoir d’apprendre et d’essayer de comprendre notre agressivité naturelle observable. La socialisation nous permet d’en définir différents concepts, et d’en bannir quelques-uns, comme des asociaux. L’agressivité socialisée reste acceptable comme un élément moteur, pour agir sur beaucoup de choses, comme couper un arbre. C’est un geste si naturel que nous n’imaginons pas qu’il puisse constituer une agression sur un organisme vivant.
Maîtrisée durant l’évolution par notre capacité cérébrale, l’agressivité a façonné l’Homme. Lui en retour a façonné son espace, quel qu’en soit l’aboutissement, et il en a découlé un paradoxe observable. Être capable de prolonger la vie par la médecine, et capable de tout détruire avec un armement nucléaire.
Par agressivité naturelle, j’entends la capacité d’action de l’homme d’interagir sur les autres ou sur lui-même quelquefois, comme sur toutes choses de son environnement, pour s’en protéger ou s’en servir. Si un jour, l’humain doit réorganiser son existence en ayant compris qu’il ne disposait d’aucun libre arbitre, il ne peut continuer de croire que l’agressivité, la violence sont des actes librement consentis.
Il impose des contraintes, transformations ou destructions dans l’ignorance partielle du TOUT qu’il est, dans un TOUT plus grand que lui, dont il est le semblable, l’univers.
Nous ne devons pas de confondre ici agressivité et violence.
Chaque Être ou sujet ou individu est un élément inséparable d’un ensemble de l’espèce humaine, elle-même, étant contenue dans un ensemble plus grand, dont elle, est issue, l’univers. Elle est régie par les mêmes lois qui ont construit l’univers, et qui ont donné naissance à des singularités telles que notre planète. Ce sont ces lois que nous commençons à cerner par les sciences sans certitude absolue. C’est nous qui avons élaboré ces lois, comme hier les Hommes inspirés par leur dieu les prêchaient. Ces lois et les contes divins proviennent du même cerveau, seules les connaissances élaborées durant les siècles les séparent, et pour ne pas être stupides nous ne devons pas les comprendre dans leur littéralisme pour découvrir leur sens.
Stephen Hawking disait au sujet de ces lois, l’histoire des sciences tout entière n’est que la compréhension progressive du fait que les événements n’arrivent pas de manière arbitraire. Ils reflètent un certain ordre sous-jacent qui peut ou non avoir été inspiré du divin. 1
Cette remarque est d’autant plus importante qu’elle s’applique à nous, elle s’applique au déroulement de notre existence.
Les événements de notre existence ne proviennent que des ordres (systèmes, organisations) qui les ont inspirés. Notre cerveau à l’aide de son psychique en est un producteur efficient. Il définit la représentation de nos sensibilités à partir de la nécessité vitale fondatrice de se nourrir, s’accoupler et s’abriter.
Partant de là, l’agressivité prendra des nuances capables de répondre à toutes les éventualités de 0 à l’infini. Nos schémas conceptualisés lui suggéreront les moyens de vivre ou s’entre-tuer suivant la traduction et la représentation des informations que nos sens auront recueillies du monde, pour la façonner dans une organisation culturelle.
Ceci est d’autant plus important à préciser, que nous essayons en permanence de réduire l’éventualité de nous entre-tuer dans notre monde culturel. Nous regardons l’agressivité naturelle, comme un comportement motivé par la frustration ou bien par la transgression dans une approche morale qui trouve sa place dans les relations interpersonnelles quand l’homme est un loup pour l’homme. Pour en capter toutes les nuances, nous devrions avoir accès à l’infini, un infini pour lequel nous n’avons pas de départs et pas d’arrivées. Qui, au lieu de nous décourager, doit nous permettre de comprendre qu’en appliquant depuis 2000, voire 3 000 ans ou plus, toujours les mêmes principes punitifs ou méritocratiques sans résultats, il conviendrait peut-être de nous interroger ?
La capacité d’agressivité doit être prise, pas comme seulement l’expression de violence, en un sens plus générique qui est la capacité d’agir afin d’exister, quelles qu’en soient les motivations ? L’Homme n’est pas irrévocablement un être violent. Il est lui-même la construction d’un amalgame d’informations ordonnées composant son psychique. Il détient la difficile responsabilité à partir de celui-ci, de quantifier et qualifier les informations qu’il perçoit dans l’ignorance la plus totale du monde objectif, en bâtissant au fil des millénaires son image et du monde. Ce n’est qu’à partir des définitions qu’il leur donne, qu’il est en mesure de transformer une agressivité innovatrice en violence meurtrière, intra-espèce en l’absence d’un inhibiteur inné. L’information est capitale pour l’Homme et traiter l’information nous oblige d’apprendre, d’apprendre en permanence, pour ne pas la subir. Nous la subissons dans toutes les formes imparfaites et barbares dans lesquelles nous la figeons en nous croyant possesseurs de la compréhension ultime. Nous faisons par cela en permanence le procès de l’Homme, au lieu de celui de sa construction psychique. Celle-ci porte un nom par acteur, tout en n’ayant jamais appris à cet acteur comment fonctionnait un organe aussi essentiel que son cerveau, avec lequel il allait devoir passer sa vie.
Aussi, son psychisme développe craintes et angoisses quand il développe des raisonnements ignorants, alors qu’ils sont organisés et bornés par culture bonne ou mauvaise. Cela de manière close par nécessité structurelle afin d’évacuer l’incertitude et la peur. Cette construction structurelle retransmettra la capacité de se relier à l’autre ou au monde en fonction d’une multitude de paramètres environnementaux. Nous pouvons retenir deux types d’événements, les angoissant et les rassurant. Les événements seront examinés par l’inné qui contrôlera en permanence, si les décisions, que notre psychique culturaliste prend en retour sous sa direction, sont compatibles avec les informations dont il dispose pour rassurer ou protéger, l’Homme. Des informations qui permettent que l’humain puisse se nourrir, copuler, s’abriter : vivre. Au quotidien, nous vivons indépendamment de la connaissance des raisons de toutes les décisions prises à cause d’une structure cérébrale lente sans avoir accès à l’influence de l’inconscient. L’Homme pour y parvenir doit être assuré, afin que son agressivité innovante au travers d’organisations systémiques sociétales ne se retourne pas contre lui et son alter ego.
L’hominisation vers laquelle nous tendons ne consiste pas à définir nos pulsions originelles comme criminelles. Ce qui l’est, c’est l’organisation culturelle qui nous produit les moyens de l’être. Peut-être, que dans quelques milliers d’années ou quelques siècles, ce sont nos pulsions qui sauvegarderont, l’espèce. En instruire l’Homme lui accorde les capacités de les contrôler, dans la compréhension des interdits, en attendant que ce qui caractérise l’hominisation, le renforcement et la compréhension de son psychique, poursuive son évolution.
2/ Une évolution au-delà de l’égoïsme instinctif de tout ramener à soi, pour enregistrer toutes les informations et trouver son épanouissement personnel. Il ne peut se pratiquer en dehors des relations interpersonnelles harmonieuses avec les autres, dans une réciprocité qui apporte reconnaissances et fiertés. Si la vie inclut la rivalité de nature pour le meilleur reproducteur, s’entre-tuer n’est pas de nature pour vivre. Alors que nous, nous l’acceptons comme conséquence d’un comportement culturel. Nous avons appris à tuer notre semblable, par la culture, comme nous avons assimilé, par elle, de bénéficier d’une capacité d’altruisme propre aux femmes pour élever leurs progénitures. 2
Ce long cheminement vers l’altruisme fut renforcé par la volonté d’un père des dieux dans la cosmogonie proto-syrienne de l’Asie Mineure. C’était une divinité bénéfique aux humains, dieu de la justice et de l’équité, et le dieu de la conjuration. Ce sont les bases ancestrales du dieu unique de la culture occidentale, dont les évangiles, selon Jésus-Christ, poussent l’altruisme jusqu’à s’aimer les uns les autres, pouvoir pardonner et pratiquer la charité par le partage.
Toute fois n’en demeure pas moins nécessaire de pouvoir souffrir l’agonie d’un animal que nous tuons pour nous nourrir, comme à l’opposé nous pouvons trouver de la répulsion à le concevoir. 3
Cette fonction d’agressivité innée répond à l’identification de ce qui représente un obstacle ou reconnue comme telle pour la survie de notre être. Généralement, nous n’avons pas à y réfléchir son déterminant, c’est la peur.
Notre activité culturelle innovante, avec ses productions et ses outils, a articulé la multiplication des mobiles afin de percevoir l’autre comme concurrent, un étranger. Elle a accru les raisons, les prétextes de retourner ses outils, contre sa propre espèce. Utilisant au fil des siècles la performance de ses outils, pour se répartir la rareté par le fil de l’épée. Construisant des outils spécifiques, des armes, et l’organisation géographique de territoires concurrentiels pour sa communauté spécifique, elle façonne par la sédentarité des diversités culturelles.
Ceci, malgré la raison, reste soumis au processus d’auto-régulation de toute espèce, dont nous ignorons la nôtre, qui nous pousse à concevoir une régulation socialisante. Elle vient tempérer cette disposition à nous regarder comme de potentiels agresseurs spécifiques. C’est l’altruisme, l’humanisme, la morale, la religion, le droit, des régulateurs dont le paradoxe est qu’ils génèrent eux-mêmes une capacité de confrontations destructrices organisée autour de leurs définitions.
Le raisonnement organise lui-même la représentation des objets et justifie une réponse agressive, émotionnelle, violente. Celle-ci conduit, parfois impulsivement, au meurtre et à l’assassinat ou la mort intentionnellement organisée par la guerre. Nous transposons la capacité d’une fonction instinctive de piller ou de se servir dans le vivant par nécessité de survie. Nous dirigeons la personnalité de chacun, suivant son tempérament et le caractère vers une fonction spécifique qui est de tuer, l’armée.
C’est au travers de valeurs quantitatives et qualitatives, culturelles, de la perception de l’image du monde que nous véhiculons de génération en génération par l’image du père, dans les diverses organisations familiales et politiques.
Rien ne nous permet d’affirmer que l’image du Père veillant sur le respect des interdits en punissant soit, in extenso, la meilleure pratique d’une agressivité humaine. L’anthropologie témoigne des diversités des interdits ou pratiques socialisantes.
Nous ne pouvons qu’observer que l’image du Père est porteuse de violence, soit nous ne respectons pas ses interdits, soit chacun veut être le Père, le dominant. Soit une fois que l’on a construit son psychique avec elle, il nous reste à savoir la contenir. Elle n’échappe pas à l’égocentrisme sur lequel elle veille et que la culture veut canaliser sans trop de succès depuis le paléolithique. Peut-être à cause de l’usage d’une interprétation culturelle erronée à partir du néolithique. Particulièrement avec l’apparition de chefs, de despotes, de dictateurs, de souverains en tout genre, tous sont une transposition du dominant animalier. Ils ont érigé les premières cités-États au néolithique, devenu des empires pour former les États-nations d’aujourd’hui. Dans lesquels s’exerce le même processus émotionnel humain générant au fil des siècles les conséquences de l’agressivité par des représentations différentes ?
L’extériorisation de notre processus émotionnel, sous forme physiologique, somatique, est traitée cognitivement suivant le stade d’évolution et de développement de cette capacité. Cela s’opère en réorganisant son schème, réaction normale du corps qui est examiné par la réflexion et réorganisé par elle, sa structure introspective.
La capacité d’information sensorielle accumulée modifiera la réaction émotionnelle dans un rapport connu/inconnu où l’agressivité peut trouver son expression.
S’organiseront à partir de là toutes constructions sociologiques, notamment celle du langage, au sens le plus large, comprenant l’expression corporelle et la codification instrumentale et linguistique.
L’usage de la globalité de ce langage développera et communiquera des concepts dont l’exactitude dépendra du degré de réduction de l’incertitude, de l’indéterminé et de l’indéfinissable. L’ensemble permettra la définition compréhensible de notre propre existence relationnelle événementielle où l’agressivité s’atténuera avec la connaissance de notre être et du monde.
D’une certaine manière, nous domestiquons notre inné en apportant une réponse à ses interrogations. Nous n’avons plus peur du tonnerre, et nous sursautons à un bruit non identifié. Nous lui apportons aussi des informations culturelles auxquelles il réagira comme instinctivement, par une pratique répétitive ou quand elles s’inscriront, dans le conscient, profond, voire si nécessaire, intégreront l’inné. Quel que soit le centre de formation de l’émotion, il déclenche un processus interrogatif actif pour l’interprétation de l’information de l’événement survenu.
Les définitions, les traductions, les interprétations de notre existence au-delà de l’égoïsme de nature pour devenir de l’égocentrisme ou de l’égotisme revêtent une importance cruciale, et doivent être sues dans leurs diversités.
3/ Cela nous permettrait de comprendre pourquoi nous sommes emmenés, à nous entre-tuer. Non par instinct, par construction sociologique 4, qui influence notre psychisme dès l’enfance, et se répercute par génération avec la matrice culturelle. Nous utilisons la notion d’instinct 5 pour nous dispenser ou nous justifier de ne pas toucher à certains aspects de nos constructions culturelles et sociales de nos relations interpersonnelles. Nous allons jusqu’à soutenir que nous entre-tuer est de nature. Discerner et admettre nos imperfections quand nous confondons le naturel, ou l’assimilons à nos conventions culturelles, nous est difficile.
L’inné, acculturé, par une lente l’évolution au fil des siècles a déterminé la matrice culturelle d’aujourd’hui. Nos comportements sont dans la continuation précédente des événements tout le long de l’existence, à la vitesse géologique, depuis 2, 5 millions d’années. Nous avons reçu l’inné, notre conscience et notre pensée associative, non pour comprendre que c’est, notre intelligence, qui distingue ce qui est de l’innée génétique. Bien, avant que la science ne définisse nos instincts, de fortes probabilités existent pour que nos ancêtres aient tenu pour naturels des comportements culturels. Encore aujourd’hui des contemporains effectuent cette méprise faute d’avoir appris.
La fonction innée acculturée6, celle de tuer un humain se distingue de celle de tuer pour se protéger de prédateurs ou se nourrir en tant qu’activité de soi pour soi ou pour les siens est inné. D’autres fonctions culturelles deviennent instinctives par l’apprentissage, et représentent un seuil plus élaboré d’acquis culturel que nous les assimilons à des automatismes. Nous ne faisons pas ce discernement compris par toutes nos représentations de nouveaux modèles dynamiques d’organisations de notre activité collective. Nos conceptions paradigmatiques innées passent inaperçues.
Aujourd’hui, nous l’accomplissons toujours dans notre organisation économique, ceci dans le but d’acquérir, de conserver ou de fabriquer la rareté matérielle ou socioculturelle dans l’évolution de notre espèce. La rareté n’est pas le seul corollaire de la diversité, de multitudes d’essais, au nom de la sélection naturelle, ce sont réalisées de source, autant de progrès que de conflits.
Se servir des découvertes de la science telles, la biologie, la neurologie ou la physique devient de plus en plus indispensable. En physique, La Théorie du chaos met en évidence un ordre sous-jacent, que nous ne pouvons pas observer de visu, et, par la science qui démocratise et vulgarise ses découvertes, elles nous permettent d’enrichir notre pensée associative.
Notre organisation économique est une construction psychique et culturelle, sous-tendue par l’inconscient égoïste. Son activité s’inscrit dans un plan comptable élaboré au fil du temps. C’est lui qui régule la ventilation de milliers d’actions au profit de l’ego de l’investisseur. Le plan comptable devient le dominant systémique dont seuls les investisseurs sont bénéficiaires. Le plan comptable amasse le cumul, d’énergie nécessaire au dominant, représenté par le capital. Le comportement instinctif du combat des chefs se réorganise dans une construction culturelle et s’impose aux Hommes comme une donnée de science économique, là où se situe une transposition du dominant animalier devenu dominant systémique.
Nous n’échappons pas à un ordre sous-jacent.
Un ordre sous-jacent dont nous sommes partie intégrante, que nous l’ignorions où que nous en acceptions l’hypothèse ! Les régularités mises en évidence par la théorie du chaos ne sont pas observées quand nous regardons notre monde. Sans le savoir, nous concourons sous l’aspect d’un ordre, au désordre (le chaos) dans l’ordre sous-jacent. 42 Leurs effets exhibent des comportements différents, quand nous établissons notre ordre humain, qui s’est calqué, sur la connaissance de son monde.
Voilà pourquoi la Théorie du chaos indique qu’une légère modification d’un des paramètres quelconques d’un ensemble dévoile des comportements d’une nature complètement différente.
À partir de la géométrie fractale de Mandelbrot, trois Français Jean Chaldine, Laurent Nottale et Pierre Grou ont mis en évidence une loi de l’évolution. Cette loi prévoit une évolution de l’espèce humaine dans 80 000 mille ans. Cette loi repose sur des observations de l’ordre paléontologique antérieur, sur lequel l’ordre introduit par la technologie humaine n’a pas encore engendré la totalité de ses effets. En particulier ceux mis en œuvre depuis cinq cents ans par la civilisation capitaliste industrielle polluante. Si demain les hommes par leurs productions militaires s’irradient, l’évolution de l’espèce aura été très courte, avec cette hypothèse catastrophique. Elle n’en demeura pas moins le produit d’une évolution, celle du cerveau de notre espèce. Si les hommes empoisonnent l’atmosphère par leurs activités industrielles, et qu’ils s’y adaptent physiologiquement, l’évolution aura été anticipée. Cela nous aura modifié un des paramètres de notre ensemble, la quantité de CO2.
Indépendamment de la justesse ou non des données paléontologiques, dans cette loi de l’évolution apparaît, entre chaque évolution d’une accélération des rythmes du renouvellement des espèces. Quelle que soit la série testée, ils se réalisent de plus en plus rapidement. Cela permet de penser que, chaque successeur bénéficiant de l’apprentissage de son prédécesseur, par acculturation, les successeurs apparaissent plus rapidement. Nous observons donc l’évidence d’un phénomène d’adaptation dynamique acculturé lié aux événements, suivant les espèces sériées.
Ça ne signifie pas avoir peur, mais accélérer notre compréhension du monde par le développement de l’intelligence qui accélérera notre propre développement. Avec cet ordre sous-jacent de nature que nos anciens appelaient empiriquement, le paradis, nous devons nous harmoniser dans son ignorance, en ayant compris qu’existait un univers objectif où l’Homme se retrouverait. De la connaissance que nous aurons de toute chose de ce monde et de l’univers devenu accessible, toutes ces lois bousculent notre compréhension de l’Homme.
Nous ne pouvons y accéder sans développer notre intelligence enfermée dans un carcan patriarcal capitalistique qui en quelques siècles d’industrialisation a pollué terre et mer.
1 Hawking. UNE BREVE HISTOIRE DU TEMPS. Éditeur Flammarion. 1989. p.159.
2 J’entends par altruisme restreint, la faculté de secourir sans réflexion un proche par instinct filial, élargie à la communauté humaine.
3 L’agressivité est utile pour défendre un individu contre d’autres espèces qui peuvent le menacer. Elle permet aux carnivores de se nourrir, aux herbivores de se défendre. Elle est nuisible à l’intérieur d’une même espèce, car elle diminue ses chances de prospérer et met en cause son polymorphisme. Contrairement à la lutte interspécifique souvent mortelle, la lutte intraspécifique qui établit une hiérarchie permet une socialisation…. Mais presque jamais au meurtre. L’homme possède» le triste privilège de pouvoir tuer ses semblables à tout bout de champ, sans le moindre frein biologique. Jacques Ruffié. TRATE DU VIVANT tome 2. Édition flammarion. 1982. Pp 270 à 273.
Note de l’auteur. Pour tant quand nous observons morphologiquement un individu il ne dispose d‘aucun attribut pouvant lui permettre d’en tuer un autre. A main nue nous sommes incapables de tuer une tierce personne ; accepté si nous avons appris un art pour cela ou que nous utilisions un objet à cette fin ; mais là nous sommes déjà dans l’appris, dans le culturel, dans l’expression perfectionnée d’aptitude agressive innée.
4 Note de l’auteur. Pour illustrer ces différentes appréciations de valeurs quantitatives et qualitatives de l’image du monde j’ai choisi deux exemples diamétralement opposés. Les récits des voyages du capitaine Hearne rapportent que chez les Indiens du Nord-Ouest du Canada, ce qui est aujourd’hui l’Alberta, la tribu Athabasca n’a de cesse de s’entre-tuer avec celle des indiens "Côtes de chien". Cette guerre est leur joie, leur gloire, de part et d’autre. Un tel comportement nous le jugeons « primitif » comme pour le rejeter dans les comportements naturels archaïques de l’Humain, sans être capable de discerner que ce que nous rejetons comme primitif, nous l’acceptons aujourd’hui recomposé faisant toujours la gloire et la joie de certains de part et d’autre.
De l’autre côté du pacifique dans l’île coréenne de Chen Yu subsiste une originalité traditionnelle ; c’est la femme qui assure l’activité économique, elles assurent la totalité du travail de la communauté ; naturellement leur physique reflète l’énergie du travail accompli. Par contre les hommes élégants mène une vie consacrée aux satisfactions intellectuelles, ils sont cultivés polis et sont des compagnons recherchés ; il est dit deux : l’homme de Chen Yu est un aristocrate, il n’en demeure pas moins que ‘c’est l’homme qui dirige la communauté. La violence meurtrière, comme cet exemple de communauté le montre, n’est pas inéluctable. Pour caricaturer l’une à choisi l’expression de la virilité physique, l’autre celle de l’intelligence du psychique. Les deux exemples cités sont extraits de l’Histoire des mœurs II vol 2. Édition Gallimard. 1991., Pp 957, 958, par Solange Petit Skinner (l’île de Chen Yu); Pp 979, 980, par Pierre Quillet (tribus indiennes).
5Note de l’auteur (L’instinct naturel, une notion imprécise à la mesure de nos connaissances sur le fonctionnement cérébral. Je songe également au-delà à la construction atomique de toute matière vivante). «On préfère rejeter dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit ». Claude Lévi-Strauss. Race et histoire. Éditeur Gonthier. Paris 1968. P. 20.
6 J’entends par ce terme la possibilité que des pratiques culturelles liées à des événements puissent s’inscrire héréditairement et concourir à l’évolution de l’espèce. Si la remarque est osée et s’oppose au point de vue de Rostand (pensée d’un biologiste) «que le biologique ignore le culturel » ou Bergson (Évolution créatrice), le simple fait que nous conseillons au femme enceinte de ne pas fumer durant la grossesse, explique clairement que le culturel fumer peut affecter le biologique. Ce que nous ignorons aujourd’hui, c’est comment il passe dans l’héréditaire, peut être seulement parce que nous n’avons que pas de trace de ce passage et pas assez de recul de temps pour apprécier des évolutions. Des évolutions qui se font sur des dizaines, des centaines, voir des milliers de milliers d’années. Naturellement ce ne seront pas toutes nos pratiques culturelles dans le détail mais dans leur globalité. Exemple notre activité culturelle a développé une industrie polluante qui affecte même ceux qui ne l’ont pas produite et qui en subiront les conséquences s’il doit y en avoir. Mais il faut être convaincu d’une chose, c’est que rien n’existe qui ne puisse avoir une incidence sur l’évolution, sinon cela n’aurait aucune raison d’exister, et tôt ou tard nos pratiques culturelles auront une incidence sur notre évolution. Car dans l’univers rien n’est du hasard sinon notre insuffisance à en comprendre tous les mécanismes, et nous n’allons pas faire du hasard un Dieu, ni de notre imagination quelque chose qui ne serait pas naturel. Enfin si le système des valeurs, des règles sociales, des conduites apprises varient dans chaque groupe, elles révèlent toutes la même structure de développement car il n’y a, à aujourd’hui, pas de gène de prédestination pour cela et chacun en fonction de son apprentissage peut être l’autre, sauf à en trouver une dans les protéines ou dans ces flux d’énergies qui nous ont créé et qu’illustre la notion de karma chez les moines Bouddhiste.
Par rapport à l’inné primitif acculturé, il s’agit pour moi d’indiquer que notre inné a bénéficié de l’expérience du vécu de ses ou son prédécesseur dans l’évolution.
Les êtres perçoivent la sensation indéfinissable qui les relie à l’univers instinctivement, mais le savoir et la connaissance leur permettent d’en cerner plus les contours. 1 Nous ne sommes pour autant jamais assurés d’avoir fait le bon choix avant que ne se dévoilent les conséquences de ceux-ci.
Nous comprenons difficilement que, dans le chaos omniprésent, stable et structuré, 2 nous avons, par notre ordre ignorant, introduit un désordre qui se répercutera sur la diversité si nous n’arrivons pas à nous harmoniser. L’ordre sous-jacent, dans l’enchaînement de nos organisations conflictuelles dont nous recherchons l’immuabilité, l’évolution nous conduira, sur les traces de nos actions, autrement que nous le pensions.
4/ Notre intelligence serait-elle encore si atrophiée ou si primaire qu’il nous serait impossible de sortir de cette matérialité, matérialité réelle, au sens de RES, égal à la chose. Si elle est indispensable à notre survie, elle enferme notre intelligence dans celle-ci quand produire se délimite par ses déchets.
Le matérialisme devrait-il s’intéresser qu’à la partie matérielle de l’existence en ignorant l’essentialisme ? Lui-même, est-il tenu de se désintéresser du matérialisme, où chacun d’eux considère disposer de la vérité d’un monde sensible et non objectif qui les relie ? Serait-ce impossible d’imaginer que si l’existentialisme trouve dans le matérialisme les moyens de son expression dans le vécu de l’humain comme base de toute réflexion ?
Si nous nous situons dans la logique de l’évolution de notre espèce, sa survivance est assurée par l’inné. Il n’a pas toujours revêtu l’aspect que nous lui connaissons, ce qui signifie que l’innée génétique est réceptive aux acquis. Nous existerions toujours sans cela sous la forme de procaryotes, 3 qui vivaient sur terre, depuis plus de trois milliards d’années ? Alors, les procaryotes : ils étaient matérialistes ou spiritualistes. Ni l’un ni l’autre ! Si l’un des deux était la Vérité, l’autre n’existerait pas et vice-versa. L’un et l’autre nous permettront peut-être de pénétrer le mouvement indispensable à notre évolution, sous réserve que nous n’établissions pas de fausses régularités.
Dire que tout est source d’affrontements et le réaliser suivant la méthode Coué. Nous ne savons pas comment nous y prendre pour maintenir l’émulation, la tension ou l’aiguillon qui rend imaginatif et inventif sans entrer en compétition égotique. Notre crainte perpétuelle est, celle de craindre que, ne pouvant contrôler ses pulsions innées, l’Homme disposant d’assez de monnaie ne travaille plus, pour satisfaire ses besoins. La valeur travail ne cache que cette peur de l’expression, de la paresse ou la fainéantise instinctive.
Ceci est d’autant plus important, que le biologique n’est pas soudainement ou brutalement affecté par les événements pour engager une évolution. Nous pouvons penser qu’une modification génétique intervient, si nous considérons que des groupes cellulaires perçoivent les variations événementielles, disposent d’un système sensoriel autonome et sont soumis à son évolution dynamique. Nous pouvons imaginer qu’elle ait pu s’obtenir par une transmission sensible dont le cerveau effectue la traduction.
Ignorant ces fonctions, nos ancêtres les ont attribuées aux divinités. Ils n’en étaient pas moins des Êtres intelligents ayant saisi la distinction entre le matériel et le spirituel. Nous retrouvons cela dans les contes et les mythes sans qu’ils aient réussi à en faire une jonction et une application harmonieuse.
Pour apprécier cette innée génétique, ces lois naturelles, nous prenons communément, nos références dans l’observation d’équivalence de l’existence d’espèces animales. Nous y trouvons toutes les formes de pratiques pour assurer la survie de chaque espèce suivant nos définitions. Nous avons reconstitué et observé comme pratiques, le cannibalisme, le parricide, le fratricide, l’Homicide, l’inceste, le vol, le viol autant de comportements que nous nous interdisons pour les avoir effectués. En cela, nous avons franchi un pas dans la civilisation. Ces comportements ont accompagné toutes les formes sociales, l’organisation matriarcale, patriarcale, la famille restreinte, conjugale, élargie, individuelles, collectives. Autant de paradigmes de la sélection du meilleur reproducteur, distordu par la concentration ou la densité humaine sur des espaces restreints développés par la sédentarisation. En son sein l’égocentrisme n’a pas pu être dépassé par l’altruisme et a nécessité des règles de sociabilité malgré l’injustice de certaines qui favorisent l’égocentrisme.
Serions-nous tout cela ?
Serions-nous, capables de tout cela, avec, en plus, l’exultation de nous entre-tuer, le plaisir de faire souffrir, que nous ne trouvons pas chez les autres espèces animales ?
Cette remarque n’est que l’observation de nos propres comportements, comparés à la vie d’autres espèces.
Le ou les schémas, le ou les structures qui seront les plus adaptés à notre propre progression seront de plus en plus confirmés par la connaissance scientifique de notre espèce qu’apporte le savoir. Telles la biologie, la neurologie, la physique atomique, quantique, etc., le plus souvent elles demeurent inaccessibles aux citoyens lambda en dehors de leur vulgarisation. Celles-ci, sous réserve qu’à un moment de leur existence, ces connaissances scientifiques s’incluent dans celles philosophiques et littéraires. Ceci nous permet d’accéder à une fraction de la pensée, essentialiste, de nos ancêtres, ce qui donne une âme à notre existence et à leurs travaux.
Nous devrons assumer la conséquence de l’élargissement de notre savoir incomplet, et encore certainement nous tromper.
5/ Par valeur morale, nous excluons des comportements innés de la régulation naturelle de la prolifération de l’espèce, nous en présentons certainement une fausse image en la calquant sur notre observation du monde animalier. Parfois inopportunes, la comparaison et nos analyses nous ont conduites à bien des égarements anthropomorphiques. L’importance de la régulation culturelle nous laisse croire que nous nous substituons à nos instincts, c’est le sentiment que nous en avons, quand nous envisageons la régulation des naissances. Car nous ne comprenons pas que nous répondons à une pression environnementale pour laquelle l’instinct coordonne les voies d’une réponse.
Ce contrôle nous paraît de caractère culturel sans pouvoir estimer que cette responsabilité culturelle vient de l’inné !
Notre inné assure la sauvegarde de notre espèce et sa mutation, par nos échecs et nos erreurs de jugement et de valeur. Cependant, nous ne manquerons pas de continuer d’en commettre en assumant la responsabilité de gérer notre évolution, comme autant d’essais qu’il autorise.
Pour rester dans l’exemple de la régulation de la population, ce n’est pas son nombre qui pose un problème aujourd’hui, que le rapport entre son nombre, et son aptitude à produire et évacuer ses déchets. Ils sont les conséquences écologiques du besoin d’assurer notre subsistance et notre existence, en fonction des techniques que nous mettons en œuvre dans la transformation des matières premières et de la protection des plantes vivrières. Et tous les entrepreneurs ont ignoré leurs déchets par cupidité, afin de retirer le maximum de plus-value.
Si nous devions vivre à partir des seuls moyens primitifs (la cueillette et la chasse), compte tenu de la population actuelle, notre planète serait un désert et la famine nous décimerait. Nous avons pour cela affronté la rareté durant de longs siècles sans prendre conscience de ses répercussions, en l’absence de savoirs et de connaissances suffisantes dont nous disposons aujourd’hui.
Toutefois, nous demeurons toujours soumis à une analyse malthusienne, n’osant imaginer d’autres formes de nourriture, par habitude sociobiologique et blocage psychologique.
Notre production alimentaire élevée au rang d’art gastronomique ou de mode dans les pays riches y tue par excès et par pénurie dans d’autres, malgré les prouesses que nous permet la chimie moléculaire ou la génétique.
Dans les pays riches, nous préférons mourir d’un cholestérol et d’autres maux agroalimentaires, pendant que d’autres meurent de malnutrition par peur de faire face aux risques de produits, dits artificiels ou aux risques génétiques inconnus. Or la nature y procède elle-même par l’évolution, c’est par les travaux d’archéologues qu’ont été découverts des grains de riz consommés par nos ancêtres préhistoriques qui n’existent plus aujourd’hui.
Naturellement, le risque zéro n’existe pas, bien qu’il soit de plus en plus attendu par les Hommes. Il donne lieu à des polémiques sur les responsabilités et conduit à l’intolérance. Les Hommes se sont illusionnés autour du progrès technique et scientifique, à espérer que par lui seuls tous les problèmes peuvent être évités. Les dérives sécuritaires des dirigeants économiques et politiques au tour de la compétition nous encouragent en cela.
Le contrôle associatif citoyen qui existe n’est pas une garantie, et l’usage, de certaines découvertes de la science, ne peut être laissé au seul domaine marchand source de dérives. Les compétences limitées et l’espérance parfois obscurantiste du contrôle par les populations laissent la place à des dérapages dans la recherche d’un absolu qui ne peut exister.
Économiquement, nous nous trouvons, sous la binaire problématique, de laisser à un domaine marchant l’usage de découvertes dont le but affiché est le profit. Dans le même temps, nous demandons à ces mêmes découvreurs et producteurs de nous garantir dans l’absolu le risque zéro. Nous leur commandons de devoir nourrir une population grandissante que nous cherchons à réguler, et qui exige toujours plus de subsistance produite, dans le temps où celle produite naturellement pour nourrir les populations n’existe plus depuis 9 000 ans.
L’erreur critiquable est de disposer de la capacité de nourrir la population mondiale et de considérer qu’elle est trop nombreuse au regard de notre type de consommation. Ce sont nos blocages psychiques, et à la circulation des disponibilités financières investis dans ce domaine qui doivent être mis en adéquation par rapport à notre capacité productrice de nouvelles consommations. Nous retrouvons là, la difficulté de se séparer d’un régulateur culturel monétaire imaginaire qui conditionne l’existence humaine, et qui est un substitut réel du dominant.
Si nous considérons encore comme Malthus que des hommes ne doivent pas être invités au banquet, c’est moins par l’absence de nourriture, que celle des partages des profits. Qui ne peuvent se réaliser sur sa production, et nous en gérons notre régulation sur des critères de rapports financiers, sans autres limites que celles des krachs boursiers.
Comme Malthus n’avait pas su extrapoler les conséquences de la technologie de son époque, nous, nous avons peur de la nôtre, et nous en connaissons les raisons.
Nous n’en finirions jamais, dans la définition de ce qui est normal ou pas, naturel ou pas, si nous n’accordons pas plus d’importance à la réflexion intellectuelle.
Cette réflexion intellectuelle peut être utilisée pour examiner nos comportements devant l’accroissement de la connaissance de notre espèce. Elle nous permet de nous pencher sur ses mécanismes émotionnels qui assurent son développement et comprendre ce qui nous pousse, à nous gaver et exiger toujours plus de consommation. Cet appétit du confort cache, sous une construction psychique boulimique de possessions financières, pas seulement la nécessité d’afficher sa supériorité que la recherche du moindre effort, par économie d’énergie humaine. Nous n’avons là rien d’anormal, si c’est d’y reconnaître l’éternel paradigme du combat des chefs animaliers, où nous remplaçons la force, par la possession monétaire, quoi de plus primitif. C’est également la persistance du comportement du cueilleur qui n’a qu’à faire l’effort de lever la main pour se nourrir.
Cette intelligence en réaménageant nos schémas, engendrant tant de paradoxes, devrait nous permettre de ne pas recommencer les erreurs de Malthus en justifiant l’exclusion de celui qui est en trop à notre table. Un jour viendra où il aura eu raison. La planète n’est pas extensible, et l’espérance de coloniser l’univers en est à ses balbutiements.
6 — Face à la sélection naturelle, à l’exclusion, et à la production de nos maux qui ne sont pas inévitables.
1/ La sélection naturelle, à laquelle nous nous référons si souvent, en ayant à l’esprit celle de certaines espèces qui se soumettent à un dominant guide ou meilleur reproducteur, n’existe plus à notre regard depuis longtemps. Dans la plupart de nos structures sociales affectées par la culture, elle se présente sous d’autres paradigmes. Nous pourrions dire que la culture n’est qu’une élaboration d’une existence paradigmatique de l’instinct.
Nous pouvons estimer que l’instinct se soit distordu, à partir de l’instant où l’humain s’est laissé porter par des concepts qu’il déduisait de la contrainte de son environnement. Sous celle-ci, il a défini des organisations sociales basées sur la morale sacrée ou profane. Et il a façonné des outils pour produire, et s’entre-tuer, et permettre à certains d’accéder au rôle de guide divin ou de guide temporel sociétal.
Comme nos organisations fluctuent constamment entre l’ordre et le désordre pour préserver l’espèce de tous schémas qui se scléroseraient, en favorisant l’évolution envers et contre tous.
À un fait social se substitue un autre fait social devenant majoritaire, sous la direction d’un référent, mystique, idéologique, structurel ou utopique.
L’absence de dominants référentiels, animaliers alpha, permet aux moins capables aux plus faibles, en utilisant les structures organisationnelles des dominants systémiques, d’accéder au pouvoir.
L’histoire de rois de France en fourmille d’exemples, et notre monde contemporain en est peuplé.
Nous devons concevoir l’idée dans les organisations démocratiques que celui que je qualifie d’inapte ou faible sera notre propre reflet, le reflet de la représentation majoritaire de ceux qui l’ont élu.
Ce fut parfois le cas des formules populistes qui si elles peuvent être susceptibles de soulever des besoins, elles, sont aussi le reflet d’une opinion publique, elles fabriquent aussi du fascisme et de l’intolérance ignorante.
Notre sélection naturelle populaire n’est que le résultat produit par nos organisations sociales systémiques. Nous avons refoulé certains de nos comportements primitifs correspondant à une sélection culturelle, comme asociaux.
Nous ne développons pour notre compréhension qu’une sélection culturelle systémique phagocytaire par le fait social. Elle est phagocytaire, ne recherche pas le débat, seulement l’élimination de ce qui ne correspond pas à l’unicité de sa construction, qu’elle soit mythique, idéologique, structurelle ou utopique.
Nous éprouvons la difficulté de déterminer ce qui sera l’objet de la sélection naturelle, de ce qui représente la réponse de cette sélection naturelle et qui se recompose sans limites dans les fantasmes. C’est une réponse pour outrepasser les interdits culturels qui lui font obstacle, et qui en génèrent certains autres, bien au-delà de la sélection naturelle.
Afin d’en avoir une idée, pour toutes mesures, il ne nous reste comme référence que les fonctions propres de nos organes. Et nous savons, qu’ils peuvent répondre à des usages pour lesquels ils n’étaient pas conçus dans le cadre de l’évolution, et être destinés à des fins culturelles que nous leur assignons qui se pérenniseront ou pas.
Et nous faisons en sorte que quand nous disposons des moyens de créer l’abondance et que nous maintenons l’exclusion, quelles qu’en soient les justifications, nous vivons dans le mythe de la sélection naturelle. Nous survivons dans la culture idéologique de l’individualisme. 4.
Il conduit des Hommes vivant au quotidien en interdépendance les uns, des autres, à dénier leurs intérêts communautaires. Elle laisse entrevoir une finalité humaine dans la recherche de l’individualisme, parce qu’en fin ultime nous sommes dotés des attributs du monde du vivant, pour survivre envers et contre tous.
7/ Je prends l’exemple des cités dites difficiles. L’exclusion économique et xénophobe, qui s’applique à certaines personnes de la population, les pousserait à la névrose, et au-delà au suicide, si elles étaient individuellement isolées. Si ces personnes survivent, c’est qu’elles se sont regroupées dans des zones, où elles développent une communauté d’exclus édifiant leurs propres règles, assurant leur survie.
Quand des responsables politiques nous demandent de supprimer les raisons de ces ghettos, que ce soit par l’absence de ressources, la discrimination culturelle ou les cultuelles, nous refusons inconsciemment ou non. Car nous avons comme fin de conserver notre ordre in fine. Mal nous en prend, il évoluera nécessairement dans le cadre de celui sous-jacent de l’univers auquel nous sommes soumis. L’incompréhension de cette évolution ne fait pas partie de l’éducation populaire, d’où en émanent des difficultés relationnelles entre cultures. Les découvertes scientifiques sont trop récentes pour en instruire la population mondiale, qui ne semble pas le souci de bien des gouvernements.
Nous préférons ne regarder que les manquements à l’ordre établi et employer la répression policière. Plutôt que de faire appel à une politique budgétaire de financement de plans établissant les ponts nécessaires d’apaisement des confrontations culturelles et cultuelles ethniques. L’analyse holistique continue nous renvoie toujours à l’absence de savoir suffisant de la connaissance, de l’être humain, emporté par ses instincts aux conséquences délictuelles dans les luttes que soulève la rareté.
Nous savons que deux ou trois générations sont nécessaires pour une acculturation d’intégration, et nous n’éradiquerons pas la délinquance sans supprimer les luttes pour la rareté.
La financiarisation politique restreint notre action sociale et économique en direction de ces zones, et nous croyons que les structures libérales capitalistiques, qui ont créé ces exclus, vont y remédier.
Dans notre société prospère et consumériste, l’identification s’effectue par sa propension à consommer. Par le statut social qu’offre le travail, et les plus faibles, les plus fragiles, les mal-nés sont les exclus, les perdants dans les luttes que crée la rareté. Face à cela, certains deviennent de riches criminels ou délinquants pour ne pas y succomber.
Nous savons que la variation d’un élément de notre ensemble se répercute inévitablement en générant des retentissements inattendus. Les exclus engendreront des modifications dans l’organisation de l’ensemble d’une population, comme, le sécuritarisme qui est l’usage idéologique et électoral du besoin de sécurité. Nous rechercherons une réponse policière à un problème socio-économique. Il se confond avec le maintien de l’ordre public, dont la fonction n’est pas de maintenir les exclus dans la misère. Cette confusion engendrera l’autoritarisme, le fascisme et nous accablerons nos élus d’inaptitudes que nous accuserons de nos propres turpitudes.
Dans l’exemple choisi, la répression policière n’y changera rien, sauf à accroître la frustration. Nous conservons encore à l’esprit que la morale institutionnelle, familiale, religieuse, scolaire, a pour but de faire accepter la misère et la pauvreté, et nous cacher de nos propres responsabilités d’acteurs sociaux.
8/ Faute d’apporter une réponse socio-économique, nous fabriquons des délinquants et des criminels. Plus actuels, nous sommes en passe de créer des criminels de la route.
En effet, l’évolution des performances mécaniques fournit des véhicules fiables répondant à un désir d’accélération, qui découle de nos structures sociales, dans lesquelles nous vivons, pressées. Ce qu’illustre correctement l’idiome : le temps, c’est de l’argent. Nous retrouvons ce besoin de vitesse quand nous conduisons au volant d’un véhicule, dont l’argumentation de vente de leurs performances, la vitesse et la puissance, devient incitative. Or ces performances de moins en moins perceptibles dans la conduite de ces véhicules par le confort de conduite, entraîne une perte de la sensation de vitesse préjudiciable.
Notre réseau routier (hors autoroute) date d’époques où nous n’avions que des chevaux et une circulation restreinte de véhicule peu rapide. Faute d’avoir pu adapter le réseau routier au nombre et à la vitesse des véhicules d’aujourd’hui, ou la
1 Note de l’auteur. La pensée Taoïste l’exprime dans la réponse d’un sage Kouang-tch’eng-tseu répondant au désir de l’empereur Jaune de connaître le principe parfait pour assurer le bien être de tous. Il répondit : Ce sur quoi vous voulez m’interroger, est la substance même du chaos ; ce que vous voulez régler est la diversité des choses. Si vous gouverniez le monde suivant votre propre désir… la lumière du soleil et de la lune serait vite éteinte. Ainsi aujourd’hui nous avons presque les moyens de faire l’un ou l’autre.
2 James York analysa mathématiquement l’effet entraînait par la modification d’un paramètre d’un ensemble et en conclu que le chaos était omniprésent stable et structuré. Il démontra que tout système à une dimension dans lequel apparaît un cycle régulier de période trois présente à la fois dans des cycles réguliers de durées quelconques et d’autres totalement chaotiques. James Cleick. La théorie du chaos. Éditeur Champ flammarion. 1991. Pp 104 et 105.
3 Procaryotes : micro-organisme unicellulaire considéré par les paléontologues, comme élément de l’apparition de «la vie », parmi les diverses théories qui divisent les scientifiques. Note de l’auteur inspiré de la lecture de, SHAPIRO Robert, L’ORIGINE DE LA VIE, éditeur Flammarion, 1994.
4 Note de l’auteur. L’individualisme peut se présenter aussi sous une forme associative comme il s’est pratiqué dans le communisme. Ce qui rejoint les deux aspects qui paressent séparés profondément, c’est que tous les deux demandent aux hommes de partager une échelle de valeur unique pour des êtres qui sont semblables et différenciés, et c’est cette forme là qui nous est difficile de structurer, car elle ne peut être que changeante puisqu’elle paraît être l’essence même du monde objectif que nous ne saisissons pas sans devoir l’arrêter dans des structures normatives erronées.
vitesse des véhicules à celles du réseau, nous avons accru la législation routière. Nous avons imposé de plus en plus de contraintes, jusqu’à l’absurdité où des nationales à quatre voies sont limitées, pour être classées nationale.
Naturellement, de demander aux constructeurs de réduire la vitesse de leur véhicule est plus facile et moins coûteux que d’aménager le réseau routier. Les aménagements réalisés ont concerné tous les points accidentogènes et ont contribué plus efficacement à la réduction des accidents de la route que la limitation de vitesse.
Pour répondre à cette évolution génératrice d’accidents, nous réglementons jusque dans les comportements sociaux qui génèrent des infractions continuellement qui ne sont pas relevées par manque d’agent de police derrière chaque conducteur.
Or la vitesse et la rapidité sont mises en exergue dans d’autres champs de nos activités productrices, de sports ou de loisirs comme qualité, et qui deviennent synonymes de dangerosité au volant d’un véhicule. Cela fait partie des nombreux paradoxes qui doivent être résolus par le juste à propos de chaque chose qui s’oppose à l’impulsivité à laquelle nous conduisent certains usages.
Pour ne prendre que la plus répandue l’alcoolémie, nous incitons à consommer par des raisons culturelles, et économiques également pour sa fonction, dés-inhibitrice. Puis nous l’interdisons avec de justes raisons au volant d’un véhicule, par des campagnes d’informations, qui sensibilisent et cristallisent l’opinion publique.
Quelles que soient les mesures de rétorsion, qui pourront se prendre ou d’appel à la responsabilité, elles ne peuvent pas être absolues. Et le seul fait d’imaginer cela rend nos réactions forcément intolérantes, et induit une surenchère de sanctions. Les aménagements techniques routiers, et autres pour réduire les accidents incluront toujours la survenance d’un nombre de concordances d’événements qui conduiront à des accidents mortels. C’est la simple règle des probabilités ici comme ailleurs où les éléments mis en présence généreront des occurrences accidentogènes. Elle indique que les événements sont déterminés par ceux qui les précèdent, et que forcément leur conjonction produira l’événement aussi longtemps que ceux qui le précèdent existeront. Toutes actions menées dans le sens de leurs réductions feront apparaître celles qui subsisteront comme intolérables. Nous jugerons de criminels celles qui subsisteront quand le nombre d’accidents se réduira. Nous observons cela autour de l’émotion médiatique que les accidents de la route suscitent. Nous sommes à la veille de définir un statut du criminel de la route par facilité, en pensant que faire passer une infraction de délit à crime fera disparaître les occurrences probabilistes.
L’absurdité consiste à avoir une demande de véhicules, qui roulent de plus en plus vite, et nous interdire d’utiliser leur puissance par manque d’infrastructures adéquates, pour des raisons financières. En l’absence de financement d’un plan adéquat dépendent des citoyens qui refusent les augmentations d’impôts nécessaires, tous en réclament des services publics.
Pour que les règles de la circulation routière se respectent quasi instinctivement, elles doivent s’enregistrer, dans le conscient profond. Si nous voulons réduire les nuisances liées à l’utilisation des véhicules, c’est modifier la demande, nous encourageons-nous à le réaliser ?
Pour l’instant, nous avons fait le choix de la criminalisation, sous la pression complexe, d’une part des familles de victimes avec de compréhensibles raisons. Nous relayons ce choix par des campagnes thématiques électoralistes, et taisons l’hypocrisie des constructeurs qui se déchargent sur la responsabilité des citoyens.
Nous préférons criminaliser certains d’entre eux, comme si c’était une condition qui allait de soi, plutôt que de remettre en cause la construction automobile et la globalité des moyens de transport, comme des infrastructures.
Pour être cruels jusqu’au bout du raisonnement, d’interdire l’alcool, des technocrates évalueraient les profits économiques qu’ils rapportent et les emplois qu’ils induisent, et soupesez le coût des pertes de vie qu’ils causent.
L’on ne peut pas sous le coup d’une émotion terrible se laisser aller à qualifier de criminel n’importe lequel de nos comportements, même en devant revoir nos activités à risques mortels.
9/ Imaginés seulement un instant que le bar-tabac tombe sous le coup de la législation des narcotiques, les fumeurs deviendraient des délinquants, les fabricants et les revendeurs des criminels. C’est un pas que n’ont pas franchi les Américains, se contentant d’indemnisations, des millions de gens qui fument, et qu’ils ne sont pas encore assez fous dans leur jugement pour se proclamer criminels. Ils n’hésiteraient pas à y procéder face à une minorité.
Naturellement, ces réflexions n’ôtent rien à la souffrance des victimes. L’on ne peut leur demander de raisonner quand la souffrance émotionnelle réclame, une vengeance.
Ceci peut nous faire comprendre que l’évolution technologique et scientifique, de ces cinquante dernières années, a bousculé des structures sociales qui ne leur sont plus adaptées. Ces évolutions n’ont pu encore être intégrées dans les structures et dans l’acquis culturel par toutes les générations. La référence à certaines lois empiriques et valeurs traditionnelles comme l’école, et la famille, les religions, la patrie, ne sont d’aucun recours, là, où il doit se développer la réflexion et la connaissance.
Ces insuffisances des lieux de repères traditionnels sont ressenties comme un effondrement de la moralité, là, où ce n’est qu’une transformation trop rapide de valeurs qui s’adaptent à l’évolution des structures sociales et économiques. Nous voyons ces transformations socio-économiques, dans le partage de la responsabilité de l’autorité familiale par les époux. Les femmes ayant acquis une autonomie économique et politique réclament un statut d’égalité.
Les évolutions socio-économiques ne vont pas sans poser des difficultés d’adaptations, que certains utilisent pour justifier ou maintenir leurs vues intégristes ou qui proposent seulement à la place de la réflexion éducative devant la complexité croissante, l’action judiciaire et policière. Leurs persistances et multiplications indiquent que nous engendrons toujours les maux dont nous nous plaignons, comme s’en plaignaient nos ancêtres il y a plus de 5000 ans. La preuve de notre incapacité à nous interroger, ou bien de notre hypocrisie, d’accepter en conscience un taux d’effets pervers, pour maintenir une organisation patriarcale capitaliste, existe depuis tout ce temps.
C’est d’autant plus inacceptable qu’aujourd’hui nous savons qu’ils sont issus des conflits pour disposer de la rareté. Le sachant, les Hommes politiques libéraux capitalistiques gèrent les incidences criminogènes de cette inégalité socio-économique et tiennent un discours hypocrite en assurant régler par l’ordre judiciaire et policier, une racaille spontanée venue par enchantement.
Étant les créateurs de nos maux, nous devons en connaître et cerner les raisons quand nous voulons les appréhender, et comprendre qu’ils sont évitables.
10/ Devoir vulgariser la connaissance des lois génériques fondamentales connues aujourd’hui serait de nature à faire franchir un nouveau seuil à l’acquis culturel. Elles favoriseraient notre capacité d’innovations, en réduisant les événements qui mettent en exergue notre aptitude à nous détruire, anticipant sottement une fin programmée. Nous devrons peut-être repenser l’enseignement, et y intégrer assez tôt ce qui est devenu une affaire de spécialistes, la sociologie et la psychologie, et autre psychanalyse. Si nous voulons nous assurer d’une progression intellectuelle, nous devons en venir à une formation généraliste solide, par la compréhension de disciplines plus dures, dont nous ne pourrons pas faire l’économie dans l’avenir.
Nous réagissons à des assemblages d’événements dont nous sommes seulement les acteurs d’une pièce collective, même quand nous nous considérons en être les auteurs individuels et créatifs, nous le devons aux conjonctions événementielles précédentes.
Ceci limite cette obsession de la responsabilité totale de l’individu à laquelle nous tenons. Sans elle, nous ne pouvons pas mettre en prisons l’événement culturel en soi, et la théorie sur les probabilités. Là, où la connaissance de la genèse des événements devrait nous conduire à une réflexion conciliatrice réparatrice, nous développons les pulsions et passions émotionnelles sources d’intolérances. Pour nous cacher de cette impuissance et pour ne pas évoquer le désir de vengeance, nous considérons que la justice n’est pas de la vengeance à tort. Elle se substitue aux individus et applique des sanctions punitives, hors dédommagement par vengeance, et également dans le cadre du maintien de l’ordre. Par l’art de la sémantique, la vengeance devient la punition, ce qui permet de faire le deuil d’un traumatisme, et nous renouons avec un comportement primitif.
Certains de nos maux sont évitables pour peu que l’on veuille s’instruire de leurs genèses, à découvrir dans un ensemble où les possédants occupent l’espace, et l’enseignement, qui rythme avec l’intérêt de la consommation.
7 — Perdu au milieu d’un ensemble, du clan à l’État et au clan financier, dans un espace occupé par les possédants
1/ Réduire nos maux reste une voie plus que difficile dans la réalité que nous vivons si la connaissance ne les distingue pas, dès leurs apparitions.
Au cours de son évolution, l’Homme s’est sédentarisé dans des espaces délimités à la mesure de ses besoins économiques, et de son esprit conquérant, le clan, la tribu, l’empire, l’État. Aussi dramatique que soit l’histoire humaine, ce besoin demeure vivace, et se manifeste encore aujourd’hui par des luttes concurrentielles monopolistes. Nous les retrouvons, dans des conflits territoriaux d’espace culturel et politique, qui donnent le plus souvent des confrontations dominatrices par le cumul de puissance militaire, économique ou financière, à l’échelle planétaire.
Cette puissance militaire demeure l’apanage des États, la puissance, économique ou financière, ou les deux peuvent être détenus par des particuliers. Elle leur confère plus de puissance que beaucoup d’États et nous pouvons les regarder, dans leur ensemble, comme des entités, de groupes de puissance financière, telles les SA dans les luttes pour la répartition de la rareté. Peu de citoyens prennent conscience que ces sociétés pourraient rivaliser avec des États, si nous prenions l’habitude de considérer l’état comme une entreprise. Le citoyen salarié et directement concerné, par cette concurrence des puissants dont la recherche de rentabilité favorise les exclusions, développant des activités d’économie souterraine, avec leur lot de criminalité et de délinquance
Un Homme dans un tel ensemble peut se sentir perdu et renoncer.
2/ D’autant plus qu’il naît dans un espace occupé. Dans son enracinement, l’Homme s’est approprié la planète. Il a défini des règles propriétales arbitraires, et, aujourd’hui à l’extérieur des communautés humaines territorialisées, aucun espace disponible n’existe, pour qu’un Être puisse se développer. Les règles régulant la sédentarisation modifient la dépendance de l’individu au clan, au groupe, des groupes entre eux, et la circulation des individus d’un territoire à un autre ? (par opposition au nomadisme dans un espace libre.)
C’est de son habileté à ordonner cette interactivité, à réguler la sélection naturelle culturaliste pour l’accession aux ressources des différents groupes, que surgissent ou non des possédants, des exclus et nos maux.
3/ Des possédants sans limites. En façonnant son espace, l’Homme a découvert des matières premières, et a créé des matériels et matériaux, sources de confort enviables pour plus de bien-être. Il retire au-delà plus de considérations, de puissances, d’autorités pour s’affirmer séparément ou solidairement.
Ayant le sens de la possession, il en a étendu sa pratique à tout bien matériel ou non. Il a assujetti et enchaîné ses semblables, pour se contenir dans une organisation mercantile, puis monétariste. Il la poursuit dans une économie consumériste en dehors de laquelle n’apparaissent pas d’autres possibilités de croissance que la production exponentielle in fine de biens et services.
Les biens et services sont devenus le dénominateur commun de richesses, qui repose sur un capital de confiance et de crédulité.
8 — Sur quoi repose cette richesse, si ce n’est sur un capital confiance ou une crédulité, dans un puzzle infini de contraintes.
1/ Son intelligence a permis à l’Homme de découvrir des mécanismes de la connaissance de soi, comme celle de son Univers. Au passage, il créa des sociétés mythiques, où, d’un concept paraissant dénué de réalité, jaillissent des organisations sociales durables, et des courants de pensée omniprésents, mettant en exergue l’indispensable capital de confiance ou crédulité suivant les circonstances.
Ce que nous appelons mystique n’est que la perception d’une appartenance concrète à un ensemble dont nous ne pouvons donner une juste définition autrement que par des schémas abstraits mal définis. Très souvent, ils sont invalidants et absolutistes, du fait même de l’Être inachevé que nous sommes, un être en devenir qui se bonifiera ou disparaîtra dans la logique de l’évolution.
Le mysticisme est une piètre définition de la compréhension d’un Homme intelligent devenu conscient de la mort et qui a voulu exercer un contrôle, sur l’observation des régularités qui y conduisent. Elles n’étaient que le résultat de la sélection naturelle de toute espèce vivante, qu’il a bornée d’interdits et d’une espérance dans l’au-delà.
C’est un mysticisme qui se recompose par les sciences, et nous fera passer de la crédule confiance à la confiance mesurée vers l’Hominisation peuplée d’incertitude, où le doute est une voie nécessaire pour avancer assurée.
2/ De comportements naturels en concepts dits irréels, l’homme s’est construit un monde de connaissance et de savoir, où cohabitent des paradoxes.
La connaissance approfondie, le savoir grandissant, les ressources surabondantes, les idéaux et les courants de pensée multiples dans ce même temps ont complexifié l’organisation et la compréhension du monde.
Par analogie, notre monde ressemblerait à un puzzle en expansion où chaque pièce se renouvelle, se multiplie, varie de forme, de couleur, de place, et modèlerait une image sans cesse changeante.
Ce serait un puzzle que nous n’avons aucune chance de décrypter l’image dans son ensemble. Si nous étions dans une position d’observateur, nous ne pourrions qu’observer et que comprendre le passé, et, le temps de décoder l’image que nous définissons, elle n’existerait plus.
Là sont nos difficultés qui tiennent à l’étroitesse de notre regard qui nous permet d’exister que par défaut, tout en étant partie intégrante du monde objectif humain. Monde que nous devons percevoir par nos sens, et c’est cet apparent paradoxe qui a certainement donné naissance à la récurrente querelle des matérialistes et des spiritualistes.
Toute cette complexité se formule par des règles mathématiques, qui, sans être absolues, réduisent l’incertitude des probabilités dans la survenance d’un événement, et elles nous ont ouvert la porte à la science. La mesure réalisée n’est juste qu’au moment où nous la réalisons, incapable de percevoir sa variation quantique. Tous les usages que nous effectuerons sur sa certitude ne vaudront que par notre inaptitude sensorielle à l’infiniment petit. Dans le cadre du déterminisme matérialiste, mathématiser nos comportements psychiques pour nous rassurer en croyant détenir les moyens d’une vérité ne nous pose pas particulièrement de difficulté.
3/ Aujourd’hui, comme hier, le ou les dominants demeurent le ou les possesseurs des ressources économiques indépendamment des moyens pour y parvenir, qui vont de la force brute à l’intelligence la plus subtile. Je pense à toutes les conquêtes territoriales, comme à toutes les unions et alliances d’intérêts d’hier, et aux concentrations et réunifications d’aujourd’hui.
Quels que soient les visages multiples et éphémères qu’ils revêtent, qu’ils soient personnifiés, institutionnalisés ou théorisés, leurs pouvoirs résultent de l’action contraignante exercée sur le ou les groupes communautaires.
La Bible relate que le seigneur a mis toutes choses au service des hommes. Cette contrainte, pour ceux qui l’acceptent, leur retire la paternité de toutes leurs innovations, le postulat énoncé sous-entend qu’elles ne peuvent l’être que par la bienveillance du seigneur. Ce n’est pas faux, avec les connaissances d’aujourd’hui nous arrivons au même résultat sans le nommer dieu, nous désignons les lois naturelles, la Baryogénése, l’indéfinissable, l’instant d’avant pour dire la même chose. Le dominant, dans cet exemple, qui est le dieu insondable, se manifeste par la confiance accordée à un postulat. Tout comme admettre que l’on ne sait pas et croire être athée par une analyse socio-politique. Et en croire que les actes des humains ne sont pas sous-tendus par un ordre que nous ignorons, et entrer en confusion. Avec les théories monétaires, la même structure de confiance existe, où c’est, la masse des capitaux qui influencent ou contestent les décisions politiques et impose ses contraintes, ses commandements comme dieu dictaient les siens. Le tout repose sur la confiance accordée à un système tout aussi irréel et fictif que la croyance en un dieu indéfinissable qui inspire les Hommes. Dans sa substitution au troc, la confiance en une monnaie d’échange à un long parcours historique. Ne pas évoquer la durée du temps demeure impensable dans nos sociétés productivistes, il structure l’organisation de la vie autant qu’un livre d’histoire ou de géographie.
9 — Un puzzle dans lequel existent deux constantes incontournables d’une réalité persistante mise en évidence depuis 1950.
1 / l’Homme a dû gérer deux constantes incontournables.
Le temps qui s’écoule ou la vie qui passe nous ont conduits à des innovations de mesures.
Une des premières mesures du temps connues sera le nilomètre chez les Égyptiens. Ils mesuraient les crues annuelles du Nil. Ils mirent en place l’année du Nil de 360 + 5 j, 4241 av. J.-C. Viennent dans la foulée d’autres instruments de conservation de la mesure de la durée du temps, la clepsydre au cadran solaire et les horloges à échappement, jusqu’à notre montre actuelle et aujourd’hui son calcul atomique. Quitter les heures locales vers une référence universelle demanda des siècles. Nous avons fini par reconnaître les 2 fuseaux horaires qui divisent le globe, issu d’une proposition canadienne, et dont le méridien de référence de Greenwich sert de base de départ. La France y adhère le 9 mars 1911. Ceci donne une mesure de la durée du temps nécessaire pour progresser dans l’évolution d’un processus, quand, dans une société, comme la nôtre, nous voulons que tout changement s’opère dans l’instant, où nous perdons patience.
De l’observation de la Lune et du Soleil, l’Homme en a retiré la notion de mois et d’années. Il a décompté le temps en semaines inégales au gré de ses croyances. Il en a découvert au moins quinze façons de regrouper les jours par paquets de cinq à dix. 1. Aujourd’hui, notre semaine est d’origine romaine et astrale, le lundi pour la Lune, le mardi pour mars, le mercredi pour Mercure, le jeudi pour Jupiter, le vendredi pour Vénus, le samedi pour Saturne, le dimanche pour le Soleil.
Un autre événement participe à l’utilisation optimale du temps, la lumière. Du flambeau à la bougie et à l’éclairage tel que nous le connaissons, elle permet l’utilisation de la période nocturne pour toute activité.
Le temps, ainsi segmenté, scande notre existence après 500 ans et plus de tergiversations.
La réalité, c’est que nous mesurons la durée de l’écoulement du temps, et nous ne savons pas grand-chose du temps lui-même.
Il est devenu un élément fondateur de notre économie productiviste (ce que nous pouvons faire dans un temps donné), comme un sujet important de controverse dans l’utilisation de sa répartition par les hommes, travail/repos. Ce temps conventionnel fondateur, les Hommes le considèrent comme une réalité. Donner l’heure est devenu aussi banal que de boire, comme apparu spontanément.
2— La gestion de la population de l’espèce a suivi des voies, fixées par des
1 Daniel Boorstin. Les Découvreurs. Éditeur Robert Laffont. 1990. P. 16.
commandements religieux pour accroître la population et peupler toute la terre. 45 Les politiques de natalité ou de dénatalité, et de migration en fonction des structurations socio-économiques, et des limites territoriales des États, s’y sont substituées. Et dans ce domaine, la pensée malthusienne, et devenue une référence indicative socio-économique. Elle met en relation la production de la rareté et les populations qui se la répartissent.
La mort et la fécondité sont deux constantes incontournables de la réalité d’hier et d’aujourd’hui qui ont généré des références socio-économiques structurantes et conflictuelles. Les incorporer dans la vie planétaire en un ensemble harmonieux est un défi que nous ne parvenons toujours pas à réaliser. Nous restons dans la finalité du matérialisme sans faire un seul pas vers l’existentialisme, par l’accroissement, de l’humanisme en devenir, qui peut réunir les deux par les savoirs en donnant un sens à notre existence.
2/ Je peux ici rappeler la pensée malthusienne,
Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses parents la substance, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture, et en fait, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui. Elle lui commande de s’en aller, et elle met ses ordres à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques convives du banquet.
En partant simplement de l’observation de la nature si nous sommes bien convaincus des maux qu’entraîne un excès de population… Je ne vois pas comment un homme qui base sa morale sur le principe de l’utilité peut échapper à la conclusion que la contrainte morale (ou abstention du mariage) est pour nous un devoir jusqu’au moment où nous sommes en mesure d’entretenir une famille. 1.
Cela peut nous choquer, mais, combien d’entre nous pensent « une guerre réglerait le problème du chômage », « il faudrait une bonne guerre ». Ou « pour me marier, j’attends de trouver un emploi stable », « ce n’est pas tout d’avoir des enfants, il faut pouvoir les élever », etc. L’Occident a souvent mené une politique nataliste et intégrationniste. D’autres choisissaient la pensée malthusienne.
La réalité de la pensée malthusienne a trouvé son évidence en Inde en fonction des réalités de l’époque. C’est ainsi qu’en Inde et en Chine depuis 1950, des politiques de planification familiale antinataliste sont conduites. Elles vont de la simple incitation, avantages sociaux aux familles qui limitent leurs naissances, à la dissuasion, voire la contrainte, campagnes de stérilisation forcée, menace de prison, nombre et choix du sexe de l’enfant. Ceci pour rappeler la préoccupation constante et nécessaire de l’appréciation de l’évolution démographique de notre espèce qui engendre la maîtrise de ses sources nourricières.
Ces deux constantes de nos vies sont des réalités pesantes dont aujourd’hui l’utilisation infinitésimale de la durée du temps et la fécondité planétaire croissante modifient nos existences et engagent l’avenir planétaire. Nous obligeant à apprendre.
10 — Avenir que nous bâtirons de compassion pour affronter les peurs au-delà de nos certitudes, dans une dynamique progressiste pour se répartir le temps, vers une dynamique de temps libre.
1/ Nous nous trouvons avec Malthus en 1798, en pleine interprétation de l’inné, comme objectivation des lois naturelles. Elle se rapporte à l’observation objective de l’accroissement des populations en un instant donné, de l’histoire humaine qu’il vivait.
En 1800, le pays comptait 954 millions d’humains. Aujourd’hui, nous sommes 6 milliards en 1999, et le maximum est estimé à 12 milliards. Quand nous nous référons aux lois naturelles, nous devons les interpréter avec une certaine prudence !
Nous n’avons pas accès au futur, contenu dans notre capacité réflexive, définissant des concepts sans durée d’application, l’idéal, l’utopie, le but, la désidérabilité.
La compassion aurait eu de meilleur effet que la valeur d’utilité, pour réaliser des plus-values. Cette compassion, que nous tenons de la femme (altruisme maternel), nous ne cessons d’essayer de la définir et de la compléter par les acquis scientifiques. Elle nous motive à la survivance de l’espèce au travers de la filiation et de l’acculturation, malgré l’individualisme affiché et notre hégémonisme culturel d’humain égocentrique, qui maintient par les inégalités des regroupements de classes antagonistes !
Pour éliminer la lutte pour la rareté, rien ne nous empêche aujourd’hui d’imaginer une nourriture moléculaire, nos connaissances biologiques et autres le permettent. Et demain par la technologie quantique, par exemple, d’entrer dans un appareil de « nanofréquences nucléaires » 2 pour nous revitaliser.
Cela peut nous effrayer, nous sommes toujours tournés vers notre passé. Nous ne connaissons partiellement que lui et nous voulons le maintenir, il est rassurant.
Ce faisant, nous ignorons tous les motifs qui nous signalent que nous restons, comme d’autres espèces, condamnées à évoluer si nécessaire, sauf à dénier toutes les preuves d’existences disparues découvertes par des études paléontologiques. Sauf comme nous l’observons chez certains organismes, espèces ou tribus indigènes, nous vivons dans un biotope idéal qui ne la justifie pas.
C’est ainsi que nous confions aux lois naturelles ou à l’inné le rôle de vouloir nous maintenir tels que nous existons, contre toute évidence. Nous qualifions toutes innovations, manipulations génétiques en la matière, d’ouvertures de boîte de Pandore ?
L’univers, ne l’a-t-elle pas ouverte ?
Nous sommes-nous demandé combien d’Êtres avaient pu mourir avant que nous ne décelions la toxicité de certains champignons, plantes ou animaux que nous évitons soigneusement ?
Nous sommes-nous interrogés sur la toxicité de nos consommations ? 3 Combien d’inepties ou de légendes avons-nous construites, autour d’eux, par ignorance ?
Naturellement, je comprends que l’usage de toutes choses à des fins mercantilistes ou dominatrices fonde 4 des craintes. Nous ingérons tant de produits nocifs, dont la probabilité de nuisance est évaluée au-delà de l’espérance de vie des humains.
Nous ne prêtons pas suffisamment d’attention à un phénomène qui n’avait pas échappé à Malthus : c’est l’utilité d’un égoïsme équilibrant, son exactitude n’est juste qu’à l’instant où il a été émis. L’évolution emporte toute considération humaine d’un instant T, pour un futur qui ne peut être qu’incertain.
Je ne me prive pas de critiquer l’égoïsme présenté comme une fin, justifiant tous les buts, et présenté comme un but par notre culturaliste individualiste.
Cet égoïsme, instrumentalisé par notre culture technologique, apporte une réponse à la surpopulation, par l’observation que les taux de fécondité sont les plus bas dans les pays industrialisés.
Les pays dans lesquels nous pratiquons l’hédonisme technologique.
De la sorte avec un peu de réflexion, nous pouvons nous rendre compte que, pour réguler l’espèce, nous entre-tuer, ou laisser mourir dans la famine nos semblables n’est pas nécessaire. Notre espèce, si elle peut jouir de la vie, par le confort technologique et disposer de temps, procrée moins.
Nous avons un intérêt évident à nous trouver une source de richesse qui ne nous entraîne pas à la progression suicidaire, pour fabriquer des armes de destructions massives dans la recherche d’un enrichissement personnel sélectif par le productivisme.
Quand tous les établissements de jeux feront faillite, nous pourrons considérer comme avoir maîtrisé notre animalité.
Rien n’apparaît fantastique dans cela, nous l’observons dans l’équilibre de l’écosystème, et nous pensons que notre culture y échappe. Nous présumons avoir refoulé sa condition originelle en imaginant des paradigmes d’adaptabilités. Ce sont des raisonnements d’adaptabilités technologiques, apportés pour la plupart par les lois universelles, la physique ou la biologie, dans notre activité culturelle qui porte sa propre autorégulation.
Ainsi, si nous ne craignons pas de nous regarder en tant qu’espèce, plutôt qu’en étrangers des solutions altruistes nous apparaîtraient. Nous n’aurions plus à nous approprier encore ce vieil adage de Malthus « que celui qui n’est pas invité au banquet de la nature se retire », et nous entre-tuer pour sélectionner celui qui doit se retirer.
2/ L’évolution de notre espèce nous a dotés d’un cerveau cognitif, qui doit concourir à la poursuite de cette évolution. Bien sûr, la question reste entière quant à savoir, comme toutes les cellules qui se dupliquent, quelles erreurs le développement de notre intelligence engendre ou engendrera. D’évidence, l’histoire est là pour nous montrer que nous ne choisissons pas de l’utiliser ou non. Tout dépendra des événements environnementaux, dans lesquels nous prenons aussi notre part. Les peuplades de Papouasie ou d’Amazonie ne seraient pas telles qu’elles sont, aborigènes sans un biotope favorable.
Nous serons toujours contraints d’affronter nos sens qui poussent, les hommes à s’assembler autour de symboles sociaux dont le pouvoir agrégatif vient du plus profond de la mémoire collective originelle. Elle se répercute d’une génération à l’autre depuis des siècles.
3/ C’est au cours du renouvellement des populations qui se transmettent toujours plus d’acquis, que nous avons vu apparaître : des découvreurs, des entrepreneurs, des philosophes, des élites, et des masses, travailleuses et opérantes. Elles sont soumises aux dominants du moment dans les conditions des sociétés les plus diverses, leurs interactions, et l’histoire de nos certitudes, constituent l’histoire de l’humanité. Leurs épisodes de vie, ne se reproduiront plus tels qu’ils ont été. Beaucoup d’entre eux ont des similitudes pour ne se trouver que recomposés, que ce soit de le vouloir ou de l’éviter poussé par l’évolution, nous devenons contraints d’aller au-delà.
Quand nous parlons d’évolution, nous la présentons toujours dans l’espérance d’une amélioration, mais rien n’est moins certain. Une régression ou une disparition constituerait aussi une évolution qui n’intéresserait que nous.
4/ Pour se garantir une progression dynamique, c’est aller vers l’incertitude. C’est aussi, ce à quoi nous procédons sans le savoir, croyant en un possible retour en arrière, quand nous nous trompons. Chacun réalise cela, sur des territoires inégalement pourvus en ressources. Les cultures sociétales dans lesquelles chaque société a effectué la gestion de la durée du temps de sa population mettent en œuvre des moyens indissociables les uns des autres. Elles croient modifier le passé dans lequel elles ont pu se tromper, mais en fait elles n’ajustent que le présent. Chaque progrès ou invention a trouvé une adaptation et un usage dans des domaines divers et variés, et favorise une dynamique de progression à des rythmes différents.
Autour du IVe siècle, un moine invente l’horloge pour sonner les moments de la prière. En 1330, ces horloges modifiées marquent les 24 premières heures issues de la division de la durée du temps. Depuis le XVIIIe siècle et le début de l’industrialisation, dans les rapports sociaux et ceux du travail, l’heure est synonyme de ponctualité. Cette dernière notion est importante, elle marque une rupture symbolique avec la ponctualité, marque de bienséance en vigueur aux époques antérieures en Europe. 5 Une innovation qui avait une fonction cultuelle est devenue un élément de la mesure de la productivité.
Dans des sociétés dites indigènes durant cette même durée de temps, la dynamique progressivité aura été infime, à un point que nous la considérerons comme nulle si elle ne se mesure pas aux nôtres.
Pourquoi un enseignement dont la mission républicaine est d’instruire ne pourrait-il pas devenir une source de richesse, et représenter une dynamique progressiste pour un monde d’incertitude harmonieux ? Cela correspondrait mieux à nos capacités cérébrales dans le cadre des relations interpersonnelles, comme nous en faisons la démonstration en médecine ou astrophysique.
5/ Dans le temps, les tâches se sont réparties en structures productivistes, entraînant entre autres, la division du travail en de multiples disciplines spécialisées, fragmentées en sous-disciplines. De là, la sociologie industrielle naît en Amérique, réplique à la rationalisation du travail mise en place par F.W. TAYLOR, dont H. FORD applique la technique à l’extrême, en inventant les chaînes de montage.
La sociologie s’applique aux problèmes de l’industrie, et du travail en général, sous le nom de sociologie du travail. Celle-ci a remis en cause les techniques qui avaient conduit à son élaboration. Ce fut par l’automatisation, et par un retour à la notion de tâches d’ensembles pour conduire à des métiers spécifiques ou des emplois valorisants, et humanisant les chaînes de production.
Une forme de taylorisme conquiert le secteur des industries agricoles et alimentaires en France. Les ouvriers qui travaillent à la chaîne sont passés de 20 % en 1984, à 30 % en 1998, et les ouvriers qualifiés, dans la même période, de 7,5 % à 15 %.
Cette répartition a conduit la contestation ouvrière à se structurer pour formuler des revendications. Cela a débuté par la revendication des trois-huit, en 1882 aux É.-U. et à partir de 1884 en France. En 1936, le Front populaire définissait la semaine de 40 h qui n’est devenue effective qu’à partir de 1975 (42 h contre 48 h en 1936). En 1985, une étape supplémentaire portait la semaine à 39 h, et 2000 la voyait définie pour 35 h.
Nous sommes passés d’une moyenne de 3 232 heures annuelles en 1982 à 1 645 h en 2000 pour les salariés français concernés par les 35 h. Ces réductions successives ont entraîné une évolution technologique compensatrice, avec comme conséquence la substitution du travail par le capital. Ce sont des investissements de machines-outils et robotique que le transfert d’activité pour aboutir au plein emploi malgré le concours de production de renouvellement obtenue par l’obsolescence des produits resta insatisfaisant et insuffisant.
Les salariés privés d’emplois sont passés à 1 600 000 en 1999, suivant les critères du bureau international du travail 6. L’activité de services et de loisirs n’offre pas une alternative satisfaisante faute de capitaux dans le cadre d’une demande existante soumise aux rapports prix/travail. Les services et les loisirs doivent s’inscrire dans une finalité de la recherche d’un Éden, où l’économie de la connaissance remplace celle du profit.
De 1950 à 1999, les salariés du secteur agricole sont passés de 47 % de la population active à 4,2 %. Dans l’industrie, c’est la productivité qui s’est accrue, les salariés sont restés stables, passant de 25,7 % à 24,9 % des actifs, avec une crête à 35,9 % en 1980. Les services, ils ont progressé de 27,3 % à 70,9 % des actifs. Je signale qu’il n’est pas évalué dans ce transfert d’activité, les services, qu’effectuaient elles-mêmes antérieurement les entreprises, et qui se trouvent aujourd’hui comptabilisés dans les services.
Nous pouvons noter à cet instant que, pour ceux qui seraient prêts à travailler gratuitement, le travail ne manquerait pas.
Cette réflexion conduit inévitablement à la nécessaire harmonisation de l’utilisation des masses monétaires et de la durée de temps dans notre existence, par rapport à l’insatisfaction permanente de nos désirs. Ils nous conduisent à toujours trouver une justification pour travailler indéfiniment, plus que nécessaire.
La répartition de la durée du temps nous commande d’élaborer des projets de sociétés. Alors, pourquoi ne pas nous diriger vers une dynamique de la durée de temps libre, rémunéré pour apprendre, afin que nous poursuivions la robotisation du travail, engageant une diminution de celui-ci ?
5/ Dans l’évolution de la durée du travail, ce qui m’intéresse particulièrement, c’est le temps libre. Cette quête-là a aussi sorti les hommes du seul labeur productif. Consigner notre savoir dans des millions d’ouvrages ne servirait à rien, s’il ne pouvait être lu ou enseigné pour améliorer la condition humaine. Ce qui n’est pas la finalité des politiques du monde, qui recherchent au travers seulement celle du profit.
Voilà pourquoi la recherche de la durée de temps libre dans le travail peut être consacrée à un enseignement rémunérateur et considérée comme une activité productrice. Il deviendra une activité rémunérée comme toutes les autres activités de services auxquelles nous nous livrons. C’est simplement s’engager dans une nouvelle dynamique.
Une nouvelle dynamique qui nécessite de forcer son intelligence.
11 — Nous sommes un animal pas encore civilisé, que doit forcer son intelligence.
1/ Si j’ai rappelé quelques aspects de comportements humains, c’est pour souligner que l’ensemble forme un système adaptatif complexe. C’est une organisation en mouvement difficile à cerner, dont la compréhension nécessite un accroissement de connaissances, qui croissent, au fur et à mesure que l’Homme répond à ses besoins et interrogations.
C’est pour signaler que l’Homme n’est qu’un animal en stage d’apprentissage, et seule notre suffisance nous empêche de le comprendre.
Notre apprentissage consiste aussi à prendre la mesure de notre capacité intellectuelle et psychique.
L’Homme doit se regarder, comme il regarde les autres espèces, locataire passager de notre planète. Il ne doit pas avoir honte de n’être qu’un mammifère parmi tant d’autres.
Certes, il est un mammifère intelligent qui s’est fabriqué pour l’instant l’arme la plus meurtrière, la Vérité. La Vérité absolue, pour ne pas sombrer dans l’angoisse en découvrant, par la conscience de soi, la peur de l’incertitude.
Une Vérité plus meurtrière que nos instincts, c’est plus cohérent de le comprendre aujourd’hui. Tel, durant des siècles l’Homme a considéré la guerre comme innée au point de la présenter comme un art. Aujourd’hui, nous savons à quoi cela tient et nous pouvons la considérer comme un crime contre l’humanité.
Si nous retenons l’idée que l’Homme a été créé par le divin ou par quoi que ce soit, la communication avec eux devait être difficile en inspirant les prophètes ou les théoriciens. Comment ont-ils pu traduire et édicter par inspiration autant de vérités meurtrières ?
L’Homme devra se débarrasser de la vérité absolue, comme Newton nous a délivré de l’idée de position absolue dans l’espace et Einstein du temps absolu, et mieux comprendre nos blocages.
Les vérités absolues sont comme des verrous qui ferment des portes et empêchent d’aller au-delà. La vérité absolue nous est fournie par de psychiques clos, au-delà de leurs constructions nécessaires, incapables de diverger.
En ayant cru refouler l’animal de son cerveau primitif, l’humain développe ce qui représente sa fragilité pour subsister, 7 sa force pour évoluer, son intelligence avec difficulté. Il établit sans cesse des paradigmes, des contes, des mythes structurants, dont beaucoup ont été infirmés par les sciences contemporaines.
En gardant à l’esprit que les mathématiques ont fait sauter tant de verrous, ne pouvant calculer de nombres infinis, nous arrivons forcément à un point où tout s’effondre, comme tous nos raisonnements. Sans absolus, les humains qui ont besoin d’une Vérité les imaginent là où se trouve une place pour eux. Cette place où ils peuvent mettre un Dieu rassurant, aussi nécessaire que l’abri où l’Homme peut reposer sa vigilance et poser ses secrets.
1 (Malthus, essaie sur le principe de la population, éditeur Gonthier, pp.157-158).
2 Je fais une extrapolation de ce qu’il est connu des forces confinant les quartzs qui composent les neutrons et les protons, les gluons. Tiré de, Murray Gell-mann. Le quartz et le jaguar, PP. 206 à 208.
3 Je vous invite à lire pour cela l’ouvrage de Michel Bounias, Le Guide Des Toxicitudes, édition Robert Laffont, 1992.
4 Note de l’auteur. Il ne s’agit pas de nier par-là les risques réels dus à l’utilisation d’une technologie dans laquelle il y aura forcément des incertitudes génératrices d’événements. Je songe particulièrement aux risques dus à nos constructions mystiques, ou à nos superstitions. Je vais prendre un exemple qui n’a qu’une valeur indicative. Notre approche duale du bien et du mal nous a fait concevoir un dieu bon, et certains ont renvoyé l’image du mal, à un Satan ou un diable. Si avec le temps nous n’avons pas donné un visage à dieu par interdiction biblique, nous avons personnalisé le diable, nous lui avons donné un aspect précis, et le danger est là. C’est que demain avec l’usage de la technologie sur la génétique nous serons en mesure de le concevoir. Ainsi un personnage, qui est issus de nos fantasmes, risque de prendre corps si nous confions cette puissance créatrice à des mystiques. Ainsi demain pour palier à une telle éventualité nous créerons un interdit de plus, alors qu’il eut fallu expliquer par l’appris que le diable n’existait pas en dehors de l’expression de notre violence.
5 (Boorstin, Daniel, Les découvreurs, traduction française, éditeur Seghers, Paris, 19886, livre 1, Le Temps).
6 Personnes au chômage cherchant effectivement un emploie (à plein temps ou à temps partiel) ou ayant trouvé un emploi qui commence ultérieurement.
7 Note de l’auteur, chaque fois qu’un Être se trouve en situation de réflexe de survie, c’est le cerveau primitif qui intervient sans contrôle du cerveau cognitif. Ensuite les scientifiques estiment que l’évolution de notre boîte crânienne a entraîné, une naissance prématurée qui expliquerait qu’un enfant, contrairement à l’exemple des autres mammifères, ne survivrait pas sans aide prolongé, et que sa construction se prolonge en dehors de la protection utérine.
L’animal que nous sommes, qui a besoin de vérité, et qui se croit civilisé quand il se dit bonjour, ne s’ouvre aux autres que de manière hégémonique. Il laisse le travail de corrélation événementiel d’acculturation au temps, sur lequel il n’a pas de contrôle.
2/ Ce système adaptatif complexe qu’est notre monde, le plus intéressant, c’est de savoir comment y intégrer le développement de l’intelligence comme source, de revenus directs, et rémunérer les hommes pour apprendre. Certaines formes de financements existent actuellement sélectivement suivant les États : les prestations versées par les allocations familiales, le versement de bourses, la rémunération de stages professionnels, etc.
Dans l’organisation monétaire codifiée par la comptabilité nationale, les sommes qui y sont dépensées, suivant leurs provenances, sont qualifiées de charges, d’investissements ou contributions. Cette codification n’est pas plus absolue que ne l’est notre place dans l’espace. Nous pouvons observer que l’enseignement est d’autant mieux perçu que ceux, qui le reçoivent, y trouvent une utilité immédiate. Nous pouvons aussi observer qu’il n’a pas suffi à éradiquer la violence et la pauvreté. Certainement peut-être que les personnes, de ces milieux difficiles, font le lien direct et immédiat, d’inutilité que leur apporte l’enseignement pour les sortir, de leurs situations précaires présentes.
S’ils percevaient une rémunération pour apprendre, du moins pour une partie d’entre eux, leur vie serait tout autrement.
Une place existe pour l’imagination. Et nous n’avons que cela à une condition que nous libérions du temps disponible en ouvrant un espace de réflexion dans les champs clos et bloqués de notre cerveau ?
12 — Le temps, un déterminant social. Qu’est-ce que le temps ? Un temps relatif qui n’avait pas échappé à Aristote et dont notre civilisation a acquis les moyens d’une certaine maîtrise.
1/ Si tout nous est permis, nous ne disposons que de la durée du temps dont nous avons besoin individuellement. Nous ne le concevons pas dans la continuité de l’espèce, et cela nécessite des choix qualitatifs, où le temps, dans la permanence de sa durée mesurée, ne peut pas être ignoré.
Ce temps peut être la période estimée suffisante à l’assimilation d’un niveau de culture générale minimale obligatoire. Il est suivi des filières, techniques, universitaires et spécifiques de grandes écoles, ENA, etc.
La scolarité terminée, une fois que chacun a réalisé, ou subi sa sélection, le solde restant à apprendre est immense, et inaccessible dans sa totalité.
Si l’on voulait avoir le niveau de doctorat dans dix disciplines différentes, nous aurions besoin au minimum d’étudier durant soixante-dix ans. Il n’est pas nécessaire d’une étude pour observer l’accroissement des connaissances depuis 1959. Le gouvernement en a posé le principe depuis des années par ses résolutions.
L’accélération des sciences et technologies, qui créent de nouveaux défis, résulte du processus de mondialisation qui a nécessité et continue d’imposer une rénovation continue des systèmes éducatifs. L’objectif reste de permettre à tous d’acquérir les savoirs et les compétences requises. Cela, pour vivre dans une société de la connaissance, de plus en plus ouverte au plan international, où nous devons travailler et savoir vivre ensemble.
Elle n’en reste pas moins porteuse aussi de nouveaux dangers et de risques de conflits. L’accent a été résolument mis par les ministres successifs sur la formation de citoyens lucides et actifs, capables de construire un monde fondé sur les valeurs de démocratie, de tolérance et de paix.
2/ Aujourd’hui, personne ne conteste le bien-fondé de la durée du temps de scolarisation de ses enfants afin d’assurer l’éveil de leur intelligence. Ils y accèdent par l’apprentissage des bases de culture générale indispensables à leur insertion dans la communauté, et leur spécialisation pour les métiers ou emplois, correspondant aux besoins socio-économiques.
Actuellement, l’enseignement dispensé couvre tout le savoir disponible, à l’exception de celui issu du travail des découvreurs qui ne viendra s’y rajouter que plus tard.
La durée du temps imparti à cet apprentissage est législativement fixée. L’accent a été résolument mis par les ministres successifs sur la formation de citoyens lucides et actifs, capables de construire un monde fondé sur des valeurs de démocratie, de tolérance et de paix.
Pour l’accès au savoir, la durée du temps demeure un déterminant, dont la disponibilité s’est accrue par le temps libre. Nous vivons plus longtemps, et nous le consacrons moins au labeur. À notre époque, c’est entrer dans la modernité que de s’inscrire dans la réduction du temps de travail permit par nos prédécesseurs. La scolarité est obligatoire jusqu’à 16 ans, et jusqu’à 18 ans pour acquérir une formation. Ce temps, imparti à la culture générale, ne peut intégrer dans ses programmes des savoirs universitaires pour les démocratiser. Certaines filières sont devenues indispensables pour comprendre la complexité du monde. Cela ne peut s’obtenir qu’en continu en s’instruisant tout au long de la vie, et non dans la durée impartie d’une scolarité, trop courte. Les gouvernements du monde sont incapables d’introduire ce progrès, empêtrés dans leurs dogmes à l’écoute de la radio du pognon.
3/ Comme je l’écris surgit une contrainte rigide, celle de l’utilisation socio-économique de la durée du temps, que nous gérons sur notre planète. Trouver du temps disponible implique une stratégie politique sur des choix essentiels.
Pour gagner du temps, nous pouvons toujours imaginer des voyages cosmiques à la vitesse de la lumière permettant d’apprendre dans un laps de temps qui s’écoulerait moins vite que sur la planète. C’est là, une prospective futuriste due à notre ignorance, que si tout le monde a entendu parler de la relativité générale d’Einstein 1, peu sont capables de l’expliquer. Nous vivons en employant une mesure de la durée du temps structurant, sans tenir compte de la relativité. Sauf, entre autres, dans l’utilisation de systèmes de navigation basés sur les signaux de satellites, sans cela les calculs seraient faux.
Sur le temps structurant, nous ne pouvons rien, gagnez, hormis l’aménager.
Dans notre quotidien, nous nous querellions assez souvent au cours de la perception d’un événement autour du temps.
Je pense aux alignements litigieux du hors-jeu au football. Est-ce que nous allons le mesurer à 299 792 458 par seconde à la vitesse de la lumière en étalon historique normalisé, le mètre social ? Entre 180 et 360 millisecondes, nous discernons une image. Et, entre 540 et 72 millisecondes, nous en percevons la conscience.
Si nous pouvions le réaliser, pour avoir la même vision, tous les spectateurs devraient être à la même place, et que nous restons assurés que la perspective ne déforme pas notre vision.
Devant la télévision, elle nous renvoie son temps, le sien, et elle nous trompe en exigeant au nom de l’impartialité télévisuelle de nous l’approprier. Car ce temps n’est que celui du cadreur, à qui capter l’instant réel qui va trancher le litige est tout aussi impossible sans arrêt sur image.
Nous faisons pour cela appel à la technique pour résoudre le litige. Cette même télévision ne nous explique-t-elle pas qu’elle nous fait vivre en direct instantané des événements qui se produisent à l’autre bout du monde ?
Naturellement, c’est faux. Nous n’avons ni l’odeur, ni la sensation, ni une vue personnelle. Nous employons là d’un langage commercial sélectif, d’une réalité partielle, dont chacun tire l’émotion qui l’arrange. Cette information nous arrive dans une durée de temps si courte que nous ne pouvons pas la mesurer, consciemment.
Cette réalité ne nous est pas perceptible du fait de nos limites, l’intelligence peut la connaître et tenir en compte, au-delà des luttes d’images émotionnelles.
L’image télévisée est et ne demeure qu’une suite de photos. Nous avons conscience qu’une photographie fixe un événement passé, et suscite l’imaginaire. Nous perdons cette réserve de vue, à cause du mouvement qui est donné à la succession de photographies qui défilent, pour ressembler à un instant de vie proche. Un événement retransmis n’est qu’un fragment de vie, il est partiel et partial. Il n’a toute sa valeur de réalité qu’à partir du moment où vous l’avez vécu, ou que vous connaissez l’histoire des événements qui l’ont emmené.
Le film d’un événement reste des photos qui nous parlent, comme nous disons improprement, le dialogue, c’est nous qui l’écrivons avec notre imaginaire. Nous en oublions, trop souvent, que les médias et la télévision en particulier sont un commerce d’audience. Ils sont une loupe grossissante, tant ils sont le reflet de la notoriété qui est sous-jacente en nous.
Le seul fait d’avoir réduit la durée du temps à sa plus petite expression nous fait entrer dans la vie virtuelle des autres, dont nous gardons le plus souvent des caricatures. Nous croyons connaître la vérité et nous n’en avons vu que des fragments.
Ce phénomène n’est pas nouveau, c’est là, nos limites. De tout temps ; les Hommes se sont distribué des bribes d’informations qu’ils ont reliées pour en tirer un enchaînement historique. Ils ont même par leurs connaissances, et leurs propres imaginaires ont comblé les blancs, les vides, quand, par intérêts politiques, ils ne les ont pas mythifiés.
Par l’information médiatique, nous sommes entrés dans une tendance à l’anticipation en prévision de gain de temps dans une concurrence à l’information. Ça conduit les commentateurs et spécialistes à extrapoler les événements avant que soient connus les éléments qui concourent à leurs développements.
Cela n’est pas sans incidence sur l’appréciation de l’événement sociétal, et parfois il devient plus dangereux de corriger une contre-vérité que de laisser s’en développer la rumeur. Nous sommes déçus parfois d’avoir cru que l’anticipation est une science sûre (statistiques), ou nous nous glissons dans la peau de l’anticipation, confirmant ce qui n’était qu’une interprétation. Nous passons d’un outil de lecture, à un outil qui nous dirige, qui nous manipule.
La perception de la durée du temps et son utilisation ont aussi organisé notre réflexion, comme nos relations sociales et politiques et interpersonnelles.
4/ Nous le vivons en mesurant sa durée en temps conventionnel, par nos sensations émotionnelles. Quand nous vivons des heures trop longues ou trop courtes, le temps psychologique, nous le mesurons par notre temps biologique, avec les rythmes circadiens.
Je m’attarde sur cette notion de temps, car elle est devenue essentielle dans notre existence. D’autant plus que nous nous contraignions à nous adapter au temps social qu’il régule. Nous en sommes arrivés, à culpabiliser de vivre suivant notre temps biologique, avec les conséquences névrotiques qui s’en suivent, et en particulier dans l’enseignement des enfants, au travers des rythmes scolaires.
Naturellement, chacun d’entre nous peut fournir un exemple d’un temps biologique qui l’a conduit à ne pas être à l’heure, d’où s’en est suivi une sanction. L’application d’une sanction nous conduit au paradoxe que par le culturalisme nous nous punissons d’être, seulement des humains. Nous avons accordé le travail de nuit aux femmes, une marque d’égalité, paraît-il. Décaler les cycles de repos représenterait un progrès sans incidence. Tout cela pour optimaliser la durée de temps de production, afin de ne capter que les ressources de la clientèle, qui ne dépensera pas plus que le salaire versé par le capital.
Pour de l’argent, nous serions prêts à redire que la Terre est plate.
Cela ne remet pas en cause la nécessité d’organisation, qui ne découle que de l’usage de la durée du temps de référence pour la produire et notre socialisation. Je veux seulement faire observer que, dans les pays industrialisés, c’est l’organisation productrice mise en place par les Hommes qui régit le temps des Hommes. Ceci, jusqu’à nous en faire oublier que nous n’incarnons que cela, des Hommes, et nous n’avons pas lieu de nous étonner qu’apparaissent un certain nombre de maladies qui en découlent. Que nous qualifierons de CHARGES, pour les soigner !
Très souvent, nous nous refusons d’admettre ces biorythmes, et nous ne voulons retenir, par confort de déculpabilisation de nos systèmes d’organisations, que la volonté du malade de l’être.
Reniant en cela une interrogation légitime qui n’avait pas échappé aux Grecs.
5/ En parlant du temps, ignorant qu’il parlait du temps biologique, Aristote ne s’interrogeait-il pas « la question est de savoir si, sans l’âme, le temps existerait ou non. Einstein a donné une réponse avec la relativité, et la recherche biologique avec la découverte des biorythmes, et nous avons forcément quelque part un point de rencontre.
Mais dans notre civilisation, c’est surtout, la vitesse à laquelle il s’écoule, qui nous intéresse et dont nous recherchons en permanence une maîtrise.
6/ Une maîtrise du temps, dans la circulation des biens et des personnes, comme dans celle des informations. Faute de voyage cosmique, l’Homme a recours à des équipements qui le suppléent dans ses nécessités du quotidien, de mémorisation, de calcul, et de diffusion lui apportant ce gain de temps dont l’intelligence augmentée a besoin. Cela, tout en restant dans une perception biologique, pour le vivre bien ou mal, malgré nos équipements et nos fuseaux horaires structurants.
Pourtant ce qui nous a donné la meilleure maîtrise du temps c’est l’écriture. Nous avons pu transcrire des calculs pour la postérité.
13 — Pourtant tout comme l’écriture, ces moyens ne sont pas neutres. Aujourd’hui, cette écriture est médiatique et prendre conscience que rien n’est simple pour se surpasser est une nécessité existentielle que nous restreignons, là, où la pluridisciplinarité devient une évidence.
1/ Nous allons le lire dans quelques exemples. Très tôt, des hommes se sont interrogés sur ces moyens techniques, particulièrement celui qui permet de diffuser l’information dans le temps, l’écriture. Je laisse à votre méditation le dialogue de Socrate à Phèdre, regrettant que le dieu égyptien Thot, inventeur de l’écriture, ait mal pesé les conséquences de sa découverte, propos rapportés par Platon.
Toi, père de l’écriture, tu lui attribues une efficacité contraire à celle dont elle est capable ; cela produira l’oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire ; confiants dans l’écriture, c’est du dehors, par des caractères étrangers, et non plus du dedans, du fond d’eux-mêmes, que ceux qui apprennent chercheront à susciter leurs souvenirs ; tu as trouvé le moyen, non pas de retenir, mais de renouveler le souvenir ; et ce que tu vas procurer à tes disciples, c’est la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même ; car, quand ils auront beaucoup lu sans apprendre, ils se croiront très savants, et ils ne seront le plus souvent que des ignorants de commerce incommode, parce qu’ils se croiront savants sans l’être ».
En Orient, la pensée est tout autre.
En Chine, elle est considérée comme permettant de pénétrer les secrets du monde. Shiato, un moine chinois du XIIe siècle a dit quand le poignet est animé par l’esprit, les montagnes et les fleuves révèlent leur âme.
En Inde, elle se veut conservatrice, des énoncés religieux, comme chez les musulmans selon la stricte doctrine, le Coran est bien écrit par l’homme sous la dictée du Prophète, elle est incréée. L’Homme n’a reproduit que l’original éternel situé dans le Ciel. Chacune de ces civilisations par l’écriture a défini leurs visions du monde, comme les Glyphes, les Mayas, les Olmèques, les hiéroglyphes égyptiens, l’écriture cunéiforme, celles de l’Indus et du Brahmi.
Cela confère à toute écriture un caractère ésotérique, elle est le reflet d’une civilisation, d’un mode de pensée sans pouvoir être l’expression totale. Les Hommes ont fondé la civilisation et ont exprimé leur pensée par des écrits. Ils ont retranscrit leurs propres profondeurs derrière les mots, et nous les reconnaissons comme déterminant, bien que chacun d’eux porte leur insuffisance à exprimer toute la pensée sensible de celui qui a écrit.
Un simple écrit qui rapporte des faits n’a rien d’insignifiant, il peut tout à la fois énoncer et raconter les événements. Il les révèle et permet de les comprendre, d’affirmer et d’assurer leur exactitude. Il peut aussi les cacher, les exprimer en non-dit et mentir.
L’écriture nous a permis de situer notre histoire dans le temps et dans l’espace malgré les omissions et les interrogations qu’elle suscite.
2/ Dans le droit fil du dialogue de Socrate, nous pouvons nous interroger sur le caractère et le rôle éducatif des médias. 2 Les médias ne font pas la différence, entre, l’information éducative et l’information racoleuse par souci d’audience ou politique. Ils veulent, sans le pouvoir, afficher une neutralité et une impartialité, que nous lui accordons à tort. La différence tient au fait que, quelle que soit la valeur de l’information, elle ne peut pas être objective. Nous devons choisir entre des millions d’informations, sans disposer de l’impartialité qu’aucun d’entre nous n’a. Nous ne possédons pas le contact humain entre soi et l’information diffusée de l’éducateur ou de l’éducatrice qui peut s’assurer de la compréhension de l’auditeur ou du lecteur. Cette difficulté vaut pour toutes les formations autodidactes ou tous les diffuseurs de connaissance.
Les médias sont un moyen de communication incontournable, pour qui veut rester en contact avec le monde, diffuser ses messages. Soutenir seulement qu’ils ne font que transmettre l’information, c’est encore appartenir au monde des naïfs.
1La théorie de la Relativité s’est débarrassée du temps absolu. Considérons une paire de jumeaux. Supposons qu’un vit au sommet d’une montagne pendant que l’autre reste au niveau de la mer. Le premier jumeau devrait vieillir plus vite que le second. Donc, lorsqu’ils se rencontreront de nouveau, l’un devra être plus vieux que l’autre. Dans leur cas, la différence d’âge serait minime, mais elle serait plus grande pour l’un des jumeaux s’il partait pour un long voyage dans un vaisseau spatial à la vitesse de la lumière. A son retour, le voyageur devrait être beaucoup plus jeune que son frère resté sur terre. C’est ce que l’on appelle le «paradoxe des jumeaux », mais ce n’est un paradoxe que pour qui conserve une idée de temps absolu derrière la tête. En Relativité, il n’y a pas de temps absolu unique, chaque individu a sa propre mesure personnelle du temps qui dépend du lieu où il est et de la manière dont il se déplace. «L’espace et le temps sont maintenant des quantités dynamiques : quand un corps se meut ou quand une force agit, elle affecte la courbure de l’espace et du temps, en retour, la structure de l’espace temps affecte la façon dont les corps se meuvent et dont les forces agissent. L’espace et le temps n’affectent pas seulement tout ce qui arrive dans l’univers, ils en sont aussi affectés. »
Relativité Générale : Elle explique, la force de gravité en termes de courbure d’espace temps quadrimensionnel suivant la théorie d’Einstein basée sur l’idée que les lois de la science devraient être les mêmes pour tous les observateurs, quel que soit leur mouvement.
La Relativité restreinte :Théorie d’Einstein basée sur l’idée que les lois de la science devraient être les mêmes pour tous les observateurs se déplaçant librement, qu’elle que soit leur vitesse. (Hawking, Stephen, Une brève histoire du temps, Éditeur, Flammarion, France, 1989, pp.2 à 55).
2 La culture diffusée en partie par l’école et la famille, l’est de plus en plus par les médias. En effet le prestige de l’école a diminué en même temps, que les modes de vie et les systèmes de valeurs éloignaient les Français des institutions et du «modèle républicain ». L’église qui contribuait traditionnellement à l’éducation, notamment morale, a aussi perdu de son influence. Quant à la famille, son rôle éducatif s’est trouvé amoindri par la prégnance d’un modèle libertaire, favorable à l’autonomie de chacun, mais aussi par l’incapacité croissante des parents à expliquer le monde à leurs enfants et à leur fournir des points de repères. Dans ce contexte, le poids des médias dans la diffusion de la culture générale c’est accru. L’information est devenue la matière première de la vie individuelle et sociale. Tous les médias n’ont pas profité également de cette évolution. La lecture des quotidiens et celle des livres a diminué au profit de la télévision, des jeux vidéo et de l’ordinateur multimédia. L’équipement des français en audiovisuel a connu une progression spectaculaire depuis 1970. On a pu assister à la diffusion progressive d’une «culture de l’écran » qui complète et parfois s’oppose à celle de l’écrit. (Francoscopie 2001)
Ils demeurent aussi, comme tous les moyens de communication dont l’information circule dans le temps, un support à la rumeur par distorsion de leurs auditeurs ou lecteurs. Que ce soit par incompréhension de ces derniers ou qu’ils y trouvent les éléments concourant au but de désinformation qu’ils poursuivent.
L’ignorant dans ce monde-là est une proie facile, et en prendre conscience n’est pas aisé.
3/ Rien n’est simple et, en avoir conscience, c’est déjà se surpasser. Non pour tomber dans l’indifférence ou le défaitisme, pour aller apprendre à ne pas être des Yo-Yo, et ce temps-là existe.
Il existe, au-delà de la contrainte du temps, pour l’usage productif de biens auxquels l’Homme consacre une partie de ses capacités cérébrales, il dispose de toute son existence pour apprendre.
Nous instruire d’autant plus facilement, quand nous vivons dans un pays riche, et que nous ne consacrons pas tout notre temps au travail.
En dehors du temps consacré à l’acquisition des connaissances socioprofessionnelles, dans l’enseignement en vigueur, nous n’avons plus de suivis. Le temps passé à l’apprentissage, d’autres connaissances ou de complément de connaissances, qui n’ont pas été appris durant la période d’enseignement classique, relève aujourd’hui de la prérogative personnelle. Elle dépend de la volonté de chacun de se cultiver et de s’informer selon sa convenance. Nous pouvons constater qu’elle n’aboutit pas à un résultat positif dans son ensemble sur la compréhension de la complexité du monde. Les réseaux sociaux et les informations généralistes en témoignent.
C’est dans cette masse, ce solde d’informations, de connaissances et de savoir que tous ne possèdent pas au-delà, de l’enseignement général, nous devrons effectuer un choix qualitatif. Nous devrons le rendre disponible à toutes les personnes sorties des circuits d’enseignements !
Naturellement, nous n’allons pas devenir chacun de petit génie possédant tous les savoirs, et toutes les compétences. L’objectif demeure d’apporter, en complément, des connaissances 1 qui pourront déboucher sur des vocations n’ayant pu être réalisées au moment de la sélection sociale. De détenir au minimum, les moyens de lire son monde sensible et le monde politique social économique.
Comprendre le monde est devenu une exigence pour tout Homme qui veut se dire libre et repousser les limites de nos prisons. Avec la connaissance et le savoir, nous pouvons nous positionner en devenir dans le monde. Comme le démontre la philosophie, qui est l’école de la liberté, d’en comprendre nos chaînes, sans nous en servir pour en préparer ou en révéler de nouvelles.
4/ Effectuer un choix parmi les diverses disciplines suppose d’avoir conscience, que l’aboutissement de ce choix apportera du savoir. Savoir qui trouvera une application dans la vie active afin d’accroître la capacité d’analyse des Hommes en agissant sur leurs décisions et désirs de citoyens, de producteurs, de consommateurs, de créateur, d’innovateur et sur l’individuation.
À deux titres, un, pour produire, un second, nous sommes entrés dans un tel développement de notre intelligence et de ses innovations, qu’elle n’endurera pas l’ignorance sans risques.
S’instruire pour de meilleures compétences, réflexions, analyses, décisions sont devenues une nécessité humaine, pas seulement productrices.
De la même manière, toutes les organisations sociales, humaines, ont structuré ce besoin existentiel sous divers aspects, sorciers, chamans, sages, dieux, etc. Où ? Naturellement plutôt que d’avoir à apprendre par commodité, nous consultons toujours celui qui sait ou soutient avoir la réponse à toutes choses. Dans toutes les organisations sociales des différentes civilisations apparaissait clairement le lien direct du pouvoir et du savoir, un pouvoir qui parfois par volonté, incompétence ou impossibilité restreint sa vulgarisation.
Apprendre, ce n’est pas seulement savoir, c’est aussi être à la hauteur de ses apports pour nous civiliser, et pouvoir un jour nous passer des interdits. Cela est une nécessité existentielle pour devenir un adulte géologique qui surgit de l’enfance du néolithique. D’interdits en lois et réglementations, nous avons aussi construit des prisons culturelles mortelles.
Pouvions-nous faire autrement en l’état de la popularisation de nos savoirs ? Nos successeurs feront le constat identique à nous aujourd’hui, en jetant un regard à notre temps devenu pour eux l’antiquité. Ils se raconteront qu’à notre époque, les initiés apprenaient aux initiés et les autres, les bacheliers étaient les analphabètes de leur temps.
5/ Certainement, ç’a eu été mieux si l’éducation avait visé à l’émancipation de l’être. Or l’instruction qui permet d’accroître la connaissance, le savoir, et tout le potentiel créatif, humain, n’est pas suffisamment étendue à la population. Chacun est capable de toutes les aptitudes que nous pouvons qualifier d’artistiques, qui se sont structurées dans un système d’enseignement qui est devenu insuffisant. Nous ne lui confions que de développer, pour l’essentiel, que l’art de la consommation, et de la confrontation pour le plus grand nombre, et réservons celui de la compréhension à une élite (sciences humaines, enseignement supérieur, etc.).
Cela, dans une société où n’existe quasiment plus de systèmes simples, et où la moindre interrogation nécessite une réponse complexe, sauf dans le monde, des il n’y a qu’à faut qu’on. Sauf chez ceux auxquels nous avons restreint socialement le savoir. Sauf chez ceux qui ne peuvent supporter une explication plus d’une minute.
Ce monde restreint les miracles, par sa cupidité, et de laquelle nous devrons, nous extirper.
6/ Pour entrer dans la pluridisciplinarité ; afin d’illustrer mon propos, je prendrais comme exemple le débat autour du clonage humain.
Son interdiction a été votée en France pour des raisons que je qualifie d’ethnicoreligieuses. Pour la chrétienté, que l’homme se fasse l’égal de Dieu ou qu’il se crée scientifiquement reste inacceptable. Pour les tenants de l’éthique, c’est une règle qu’ils s’imposent par morale. Nous rejoignons là un peu le religieux par sa sacralisation, par crainte de risques inconnus ou supposés. Nous craignons d’affronter le traumatisme émotionnel, psychique, social et culturel qu’il sous-tend, par les fantasmes et par les peurs de la marchandisation 2 qu’il évoque.
Créer un être humain à partir d’un tissu d’embryon humain ne comporte pas d’intérêt, si nous envisageons de créer des armées de clones, d’esclaves. Ou bien de former des envahisseurs conditionnés, de dupliquer des disparus, chéris, puissants, géniaux. Nous avons su en avoir sans clones par le conditionnement fanatisé. Bien sûr, nous trouvons chez ces demandeurs-là un problème existentialiste. Tous ces dupliqués, chéris, puissants, et géniaux, ne pourraient être que de superbes débiles.
Ce qui représente un objectif découlant de cette prouesse, c’est produire des organes en remplacement des défectueux sur un patient, et non de créer un être pour les lui ôter.
C’est peut-être créer un clone pour examiner, dans l’intérêt de notre espèce, ce qui peut être retenu du processus d’élaboration, ceci nous heurte, sauf quand nous faisons des bébés éprouvette. C’est recueillir de l’observation de son existence, les enseignements qui pourraient l’être. Les conditions de l’événement étant réunies, quel est l’homme sérieux qui peut croire que cela ne se réalisera pas ? Nous pouvons assumer les conséquences de notre puissance, en confiant cela à des hommes de haute conscience humaine, et nous préférons le risque qu’un mégalomane ou pas le fasse discrètement dans son coin. Comme, si nous avions pu arrêter la divulgation de l’héliocentrisme de la Terre.
Par notre activité innovante, nous tous, des milliers de nos semblables, volontairement ou non, nous en laissons mourir dans l’indifférence. Nous mettons en danger la vie sur la planète, par un surarmement, par l’utilisation, civile et militaire, du nucléaire, et par la pollution. Par manipulation génétique, des chercheurs mutent des animaux de laboratoire. Nous créons des prototypes de robot dans le même temps qui seront dans quelques décennies des androïdes interactifs. Nous avons réalisé en laboratoire un Big-bang, de l’antimatière, les trous noirs. Nous essayons de prolonger la vie en recherchant des ralentisseurs du vieillissement de nos cellules, pouvant aller théoriquement jusqu’à leur immortalité, pour revivre, nous utilisons la cryotechnique 3 etc., etc., etc.
L’écart de risque, prenant en compte les conséquences négatives de nos réalisations et celles incertaines de nos recherches, relègue loin derrière elles le risque minimal que représente un clonage humain, pour un résultat incertain.
Dans cet exemple, ce qui m’intéresse, ce n’est pas mon opinion que, les connaissances associées pour développer l’argumentaire du raisonnement ?
Par savoir, j’entends l’ensemble de connaissances qui ont été acquises par l’étude ou la pratique conduisant à l’exercice d’une activité.
Est-ce que nous trouvons une connaissance scientifique ?
Non. À aucun moment, je ne fais état d’un ensemble cohérent obéissant à des lois vérifiées par une méthode expérimentale.
En ressort-il un Savoir professionnel ?
Non. Je ne fais référence pour développer les arguments choisis à aucun métier dont j’aurais acquis le savoir-faire. Cela ne signifie pas que je ne puisse être plombier, orthodontiste ou artisan. Je ne suis certainement, ni généticien, ni prélat, ni psychiatre, mon argumentaire aurait été tout autre.
En ressort-il une culture ?
Dans l’ensemble, je ne développe pas de connaissances spécialisées acquises, dans un ou plusieurs domaines sur le sujet. Je pourrai être qualifié en égyptologie ou à questions pour un champion, en étant plombier ou dentiste.
L’exemple montre que si je n’ai aucun savoir spécialisé dans les domaines concernés, je n’en développe pas un point de vue nécessitant d’être informé, documenté, dans différents domaines, des conceptions religieuses à la recherche scientifique.
Je pourrais multiplier les exemples sur des thèmes de société faisant appel à plusieurs disciplines.
Je n’ai rien fait de plus que ce que les sociologues appellent la transversalité de discipline. J’ai utilisé des portions de connaissances pluridisciplinaires pour raisonner et argumenter. Qui eurent été différents, si j’eus été une sommité en toutes choses ?
Cette absence de transversalité, nous la voyons régulièrement dans les débats. Nous consultons parfois à des spécialistes, dont leur spécialisation est la limite même de leur pensée. Quand ce n’est pas que chacun pense que sa spécialité suffit à fournir la bonne réponse.
Cette transversalité n’est pas systématique, elle s’acquiert et, en cela, nous avons des exemples à suivre.
14 — Les plus intelligents l’ont accompli, à nous tous de suivre cette voie.
1 : La transdisciplinarité aujourd’hui est une évidence pour les scientifiques. C’est une démarche qu’ils ont dû apprendre à pratiquer, en battant en brèche l’idée selon laquelle ne peuvent être prises en compte que les recherches pointues et compétitives dans une spécialité donnée. Encore en 1950 des scientifiques s’opposaient sur l’idée que seulement leur spécialité spécifique était la plus capable d’expliquer le monde.
Cette démarche de transdisciplinarité a été qualifiée de vision sommaire du Tout par Murray Gell-Mann, prix Nobel 1969 pour la théorie des quarks. Il a contribué à la création d’un institut pluridisciplinaire, le Santa Fe Institue, 4 et Benoît Mandelbrot, polytechnicien qui décrivit la géométrie fractale en 1975, exprime la même idée 5 en se qualifiant de pionnier par nécessité.
Quand des hommes aussi intelligents, l’ont accompli, qu’est-ce qui empêche les plus humbles d’y parvenir, ils croient tout naturellement que leur savoir suffit amplement à interpréter et à se projeter dans le monde. Que bénéficier de la culture populaire qui circule peut remplacer celle didactique !
2 : Nous restons dans une version généraliste d’un maximum minimal du Tout, à cause d’un enseignement général nécessairement tronqué. Certaines disciplines manquent du fait même de sa limite arbitraire, fixée dans sa durée par nos contraintes économiques, nos pratiques culturelles.
Nous devrons tous nous émanciper de cette situation, pour entrer dans le maximum possible tout au long de la vie dans l’intérêt socio-économique de l’espèce, et nous permettre de nous dépasser.
15 — Certains s’en excluent, malgré un archétype, il y a une tendance.
1 : Certains s’en excluent par le choix des orientations professionnelles, dans lequel l’exercice de leur profession ne nécessitera pas d’avoir une compétence pluridisciplinaire, disons, la majorité d’entre nous.
L’apprentissage professionnel, s’il offre la souplesse d’un enseignement général plus lent, ce dernier est relégué à un rang subsidiaire par les acteurs eux-mêmes. Il ressort de ce processus, des connaisseurs qui auront à construire leur bagage de culture pluridisciplinaire universitaire sans aides, comme pour les filières professionnelles. Tous ces citoyens, que nous les laisserons, aux soins éducatifs des médias de masse, de l’industrie littéraire, des encyclopédies en ligne et demain de l’intelligence artificielle ! Nous en disons : les citoyens ont la liberté de rester des ignorants ou d’apprendre à leurs convenances ou rechercher en instantané les réponses dont ils ont besoin. Nous reproduisons sans le savoir la même échelle de comportements que du temps des Mésopotamiens entre les profanes et les initiés. Ce fut le cas durant la période de l’éducation scolastique, jusqu’à la Renaissance, qui a maintenu cette invariance d’échelle que nous poursuivons.
Ce n’est plus la répartition de la durée du temps, l’obstacle, que l’absence de vision existentielle.
Celle-ci ne peut pas reposer sur les savoirs professionnels, eux dépendent des connaissances des sciences dures pour élaborer des choix matérialistes. La pluridisciplinarité englobe la totalité des savoirs, relie et le spirituel et le matérialisme pour aboutir à l’existentiel.
Nous ne pouvons plus nous satisfaire de dire : si durant leur scolarité nous n’avons pas les moyens techniques de suivre les retardataires, au moins s’ils ne deviennent pas instruits, ils auront un métier.
C’est une réalité cruelle, elle pèsera sur les choix qu’exige l’exercice de la citoyenneté. L’avenir ne peut pas se satisfaire de l’ignorance du plus grand nombre.
2 : Dans une étude sur les tendances des Français, il ressortait de l’analyse sur la formation (éducation permanente), qu’elle jouerait un rôle essentiel, la culture générale et de dire : les connaissances resteront sans aucun doute importantes. La capacité de les relier entre elles et de faire une synthèse intelligible sera sur tout déterminant. Les employés et les cadres seront emmenés à rechercher les informations pertinentes, pour les actualiser, les appliquer dans un contexte particulier. La Culture générale pluridisciplinaire de niveau universitaire redeviendra essentielle. Les lettrés pourraient prendre leur revanche sur les mathématiques. La sociologie, la géopolitique, la philosophie, l’art, l’histoire des civilisations ou des religions seront des outils de plus en plus nécessaires aux cadres et aux dirigeants. À tous ceux dont le métier est d’intégrer le présent afin d’inventer l’avenir. 6
Si je me félicite de cette tendance, elle ne correspond pas tout à fait à celle que je défends, et qui va au-delà des seuls actifs, cadres et dirigeants. Des privilèges ont toujours existé avec la prédisposition élitiste qui leur accorde l’exclusivité de la connaissance par leurs appartenances sociales aux classes dominantes, comme, si elles étaient investies d’une fonction de guide prédestinée ou messianique.
Elle présente encore l’accès au savoir en matière de classe sociale dans le cadre de la formation des initiés.
3 : Ce n’est qu’une idée reçue que les mathématiques et la littérature s’opposent. Cette tendance des Français ignore que notre monde, comme nous sommes conçus de particules nécessitant l’usage des deux. Son approche par la seule pensée philosophique 7 n’a pas suffi à ouvrir les voies de la compréhension du fonctionnement de notre Univers et de notre Être, sans passer par une traduction mathématique. Cette quantification mathématique nous éclaire, et fige les choses dans une mesure à regarder, comme une rampe de lancement. La pensée ayant conçu les mathématiques, l’opposition entre connaissances littéraires et mathématiques ne se justifie pas. Cela évitera à des commentateurs de dire au cours d’un match de football lors d’un tir que le ballon s’accélère en touchant la pelouse mouillée.
Ce sont les mathématiques 8 qui sont devenues le langage de la concrétisation scientiste, de l’ensemble de nos théories bâties par la pensée, et elles ont permis d’en faire la vérification et l’application. Les deux, littérature et mathématiques associées et vulgarisées, permettent à chacun de naviguer dans toutes les autres disciplines. Le développement du raisonnement repose autant, sur la connaissance du langage lexical qui permet le développement de la pensée abstraite, que des mathématiques qui offrent la logique déductive. Séparer les deux n’est pas sans incidence sur l’appréciation de notre existence.
Ceci permet à chacun d’y trouver les repères dont il a besoin. L’inverse, c’est allé contre la nécessaire transdisciplinarité. Dans nos sociétés, nous devons aussi nécessairement disposer de dirigeants compétents, tout autant que des citoyens, pour œuvrer dans le même intérêt sans réciproque exploitation.
Quelques hommes célèbres ont décrit cette nécessité d’être compétent en raillant l’ignorance.
C’est ainsi que Chateaubriand disait dans René, on ne hait les hommes et la vie que faute de voir assez loin. Lamartine disait, infini dans sa nature, borné dans ses vœux, l’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. Prévert, lui écrivait, il poursuivait une idée fixe, il s’étonnait de ne pas avancer.
Comme rien n’est jamais simple, je conclurai avec ce propos de Victor Hugo : l’homme qui ne médite pas vit dans l’aveuglement, l’homme qui médite vit dans l’obscurité. Nous n’avons que le choix du noir.
Il nous reste à l’éclairer.
16 — Non pour être des génies, assez pour nous comprendre, en y consacrant du temps pour ne pas s’égarer.
1 : Il n’est pas concevable aujourd’hui de devenir de petits génies. Quand nous avons besoin de compétences pointues, nous faisons appel à des professionnels ou à des experts, nous nous sommes réparti le savoir comme nous nous sommes distribué les tâches, les deux étant interdépendants.
Si nous ne pouvons être experts, nous pouvons accroître notre niveau général de Connaissance et de compréhension.
C’est ce qui s’est produit hier avec le progrès de l’instruction générale, CEP/BEPC, et aujourd’hui l’objectif est le baccalauréat pour tous. Et nous employons des techniciens de surface, bacheliers, qui entraînent une incompréhension populaire afin de les retrouver dans ces emplois, démontrant que la démocratisation du savoir n’emporte pas la valorisation d’un emploi.
Nous perpétuons ce vieil adage sumérien. Que l’initié instruise l’initié, l’ignorant ne doit pas savoir, et certaines disciplines ne sont accessibles qu’à certains, quelle que soit la sélection par laquelle cela procède. Nous le justifions par la sélection naturelle, pour devoir nous dispenser de la démocratiser.
Aujourd’hui, d’impérieuses raisons socio-économiques exigent d’enclencher une vitesse supérieure, pour maîtriser notre puissance technologique, réduire la résurgence de l’intolérance, réduire la violence et sortir d’une idéologie individualiste primitive.
1(j’entends les facultés et les manières de connaître, de comprendre et de se représenter ce que l’on acquiert par l’étude ou la pratique de bases informatives ou plus de diverses disciplines)
2 Néologisme de l’auteur, marchandisage = souci immédiat de songer à tirer un intérêt lucratif de toute chose.
3 Utilisation des cryotempératures, moins 120° Kelvin.
4 « La diversité de la vie sur Terre représente une information distillée au cours de quatre milliards d’années d’évolution biologique, et sur la relation analogue qu’entretient la diversité culturelle humaine d’Homo sapiens sapiens. Je soutiens que la diversité biologique et la diversité culturelle méritent toutes deux de grands efforts afin d’être préservées »… « mais il n’est pas réellement possible de considérer ces questions isolément. Le réseau de relation qui lie l’humanité à elle-même comme le reste de la biosphère est aujourd’hui si complexe que tous les aspects s’affectent les uns les autres à un point extraordinaire. C’est une étude du système tout entier qu’il faut réaliser, aussi sommaire doive-t-elle être, parce qu’aucune mise bout à bout d’études partielles d’un système adaptatif complexe non linéaire ne peut donner idée du comportement du tout. Certains efforts débutent pour mener une telle étude sommaire des problèmes mondiaux, intégrant tous les aspects pertinents, qu’ils soient aussi bien environnementaux, démographiques et économiques, que sociaux, politiques, militaire et idéologiques. La vocation de l’étude n’est pas de se réduire à une simple spéculation sur le futur, mais de tenter d’identifier, parmi les multiples sentiers possibles pour l’avenir de l'espèce humaine et le reste de la biosphère, quels sont ceux qui avec une probabilité raisonnable pourraient mener à une plus grande durabilité. Durabilité est ici entendu au sens large pour inclure non seulement l’évitement d’une catastrophe environnementale, mais d’une guerre désastreuse, d’un despotisme généralisé à long terme et d’autres fléaux de cet acabit tout au tant. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage un nombre d’allusions au Santa Fe Institue, que j’ai contribué à fonder… ». Murray Gel-Mann. Le quartz et le jaguar. Édition Flammarion.
5Convaincu de devoir créer sa propre mythologie, Mandelbrot ajouta cette phrase à son entrée dans le Who’s Who : « La science irait à sa perte si (comme le sport) elle plaçait la compétition au-dessus de tout, et si elle clarifiait les règles de cette compétition en se confinant à l’intérieur de spécialités étroitement définies. Les rares savants qui ont choisi d’être nomades sont essentiels au bien être intellectuel des disciplines établies » ? Ce « nomade volontaire » qui se qualifiait de « pionnier par nécessité », quitta l’institution académique en quittant la France et en acceptant le refuge que lui offrait le Thomas J. Watson Research Center d’IBM. Gleick. La théorie sue le chaos. Éditeur Flammarion.
6 Mermet Gérard, Francoscopie 2001, éditeur I.M.E., 2000, p 293.
7 «Trois systèmes de philosophie naturelle dominèrent le monde méditerranéen à l’ère pré chrétienne. Issus de la pensée féconde des Ioniens et des pythagoriciens, ils ont façonné l’histoire de la science et de la culture occidentale… » «Le système atomiste d’un espace infini parsemé de mondes innombrables composés d’atomes apparut en premier, suivi par le système des sphères célestes d’Aristote, géométrique et harmonieux, suivi à son tour par le système Stoïcien d’un cosmos étoilé entouré d’un vide extra cosmique infini » «Ces trois systèmes nous ont légué également des notions d’ordre religieux, philosophique et éthique ». Edwards Harrison. Le noir de la nuit. Édition du Seuil. 1990. P 27.
8 La spécificité des mathématiques. En premier lieu, il est vrai que les mathématiques ne sont pas une science, si l’on entend par science une discipline vouée à la description de la nature et de ses lois. L’objet des mathématiques est plutôt de prouver les conséquences logiques d’ensembles donnés de suppositions. Il est par conséquent possible de ne pas les inclure dans la liste des sciences et de les considérer comme un sujet intéressant en soi ainsi que comme un instrument des plus utile à la science (mathématiques pures et appliquées). Un autre regard sur les mathématiques consiste à considérer que les mathématiques appliquées s’intéressent aux structures apparaissant en théories scientifiques, tandis que les mathématiques pures couvrent non seulement ces structures mais également toutes celles qui auraient pu (ou qui pourraient un jour) se présenter en science. Les mathématiques sont alors l’étude rigoureuse des mondes hypothétiques. De ce point de vu, elles sont une sorte de science – La science de ce qu’il aurait pu être, de ce qu’il pourrait être, aussi bien de ce qu’il est. Ainsi considérées les mathématiques ne sont-elles pas alors la plus fondamentale des sciences ? Murray Gell-mann. Le quartz et le jaguar. Edition Flammarion. Pp 129/130).
Nous ne devons pas être nécessairement des génies, pour être obligés d’en savoir un peu plus, d’accéder à ce savoir, que se réserve l’élite, pour ne pas se tromper de cible. Le bac aujourd’hui n’est pas un ascenseur social, comme le pensent les citoyens. Il n’est que le maximum minimal d’un savoir général, pour ne pas être distancé par l’évolution exponentielle des connaissances. Comparativement, il est l’équivalent du BEPC d’après-guerre.
2 : Pour accroître notre niveau de connaissance, inévitable, nous y consacrerons plus de temps et nous choisirons dans la masse d’informations et du savoir disponible.
Ce choix devra s’opérer en fonction d’un modèle d’enseignement complémentaire pour adultes auxquels ils seront libres de souscrire une fois sorti des circuits d’enseignement traditionnel.
À l’avenir, c’est sous son initiale ECPA que je le mentionnerai.
ECPA qui n’est que le pendant généraliste de la formation professionnelle, et qui ne s’est pas développé dans le modèle d’éducation permanente initiée par messieurs J. Delors et J. Chaban-Delmas. Ce modèle s’est inspiré de celui initialement lancé en France dans les années 1955-1959 par un inspecteur principal de l’éducation populaire et de la jeunesse : Pierre Arents.
C’est au travers de ce projet politique, que définira la représentation nationale, que se construiront des modules d’enseignements incluant des choix renouant avec l’éternelle nécessité d’instruire pour comprendre hier comme, aujourd’hui.
Le besoin de la population, devant le développement des techniques de communication, doit être enseigné pour maîtriser l’utilisation de ces techniques, plutôt que de les laisser à un apprentissage autodidacte.
D’ordre civique : que les citoyens sachent, comment fonctionne, l’État, les représentations sociales, professionnelles, etc.
ce qu’est un circuit, financier, économique, etc.
D’ordre : anthropologique, etc.
D’ordre : introspectif, par la philosophie.
D’ordre littéraire, lyrique, artistique, etc.
D’ordre informatif.
D’ordre pluridisciplinaire, etc.
En tout état de cause, ce modèle doit aboutir à la vulgarisation rendant compréhensible, la complexité de notre activité humaine culturelle, par la connaissance et le savoir disponible. Car notre activité humaine creuse un abîme dangereux par la puissance du savoir, et ceux qui se retranchent derrière un fondamentalisme passéiste, par crainte de s’égarer.
Nous devrons consacrer du temps à ce qui nous permet de réfléchir pour ne pas nous égarer, les connaissances sont disponibles. Il n’est pas vertueux, que ceux qui en disposent s’en servent pour tromper les citoyens, que ce soit en politique ou en économie.
3 : Pour nous en convaincre, nous pouvons suivre l’évolution d’une politique américanisée. Depuis 1983, devant la déception des promesses électorales, ce sont des votes de défiance qui se sont exprimés. À partir de 1993, la propagande c’est américanisée, véhiculant des portraits de jeunes premiers idylliques qui se vendent, et chacun stigmatise l’autre, pour savoir qui lave le plus blanc et laisse croire que la politique est vertueuse.
Ceci conduit à partir à la recherche de représentants politiques vertueux. C’est un jeu dangereusement massacrant, nous risquons de partir à la recherche d’une race politique et d’une politique vertueuse, comme d’autres sont allés à la recherche de celle qui était supérieure. En permanence, nous produisons de la suspicion.
Une transformation, pas toujours comprise, en dehors des spécialistes, a été imposée aux citoyens. Elle a conduit les États à réduire leur rôle d’influence politique sur l’économie dite du marché, et les projets de société ne sont devenus que de contradictoires cahiers de revendications.
Pour en donner une image, je serais tenté de dire que les organisations professionnelles d’intérêts corporatifs sont devenues des plaignants, l’État est devenu le syndicat qui s’adresse à son employeur, les financiers. Nous ne demeurons plus au fait des mutations, et la diffusion d’un savoir sociologique reste trop pauvre pour les populations. Elles vivent une évolution technologique trop rapide, et un encodage relationnel de communicants, devenus un code complexe d’initiés, et dans le même temps la culture économique s’étiole.
Nous ne succombons sous une information dantesque que la population n’a ni le temps de lire ni d’écouter dans son ensemble, ce qui conduit au paradoxe, parfois d’étouffer l’originalité, soit d’idées ou d’œuvres. Cela dans le but de rester accolé au système mercantile dans lequel se vend mieux tout ce qui est racoleur, scabreux, polémique, et où le voyeurisme a pris le pas sur l’information.
Je vais le redire à la manière primaire. J’ai déjà mentionné le rôle important de l’information, qui dépasse de loin son seul rôle d’organe informateur. Dans un monde où l’on se personnalise aussi par leur intermédiaire, à écouter de la merde, tout le monde veut devenir caca.
Comment le savoir ?
Une histoire l’illustre. Deux hommes discutent sur un trottoir et s’arrêtent. — Tu crois que cela en est. — Je ne sais pas. Un des deux, qui plonge le doigt et goûte. — Ceci en est ! — On a bien fait de ne pas mettre le pied dedans.
Cette histoire illustre la régression où nous sommes encore contraints aujourd’hui de mettre le doigt dedans pour nous en rendre compte quand cela en est, afin de ne pas y patauger.
Bien des hommes ont payé un lourd tribut, par leur vie, pour nous en sortir, pour que par l’intelligence nous soyons aptes à la reconnaître, et nous devrions en nourrir de honte de ne pas y parvenir.
Nous aurons encore besoin certainement de quelques siècles de développement de l’intelligence pour ne plus nous complaire à fabriquer des morts, nous délectés de l’odeur des cadavres, que nous en articulons des divertissements. Je ne veux pas ignorer la violence ni croire que c’est en l’interdisant qu’elle va disparaître. Juste souligner que si notre éducation tend encore à mettre en exergue nos caractères de charognards, c’est que nous avons dû nous égarer quelque part.
17 — L’enseignement complémentaire pour adulte ne doit pas rester une exclusivité sans relation avec le système éducatif, il va susciter des choix difficiles.
1/ Le choix qualitatif du contenu des ECPA devra être suivi par d’autres à l’intérieur de chaque discipline, pour sélectionner les niveaux de savoirs qui devront être vulgarisés. Cela dans le but d’apporter les bases qui permettent de comprendre et assimiler la discipline enseignée sans devenir des professionnels ou le devenir si l’on se reconvertit dans une discipline.
En effet, le niveau professionnel existe dans les circuits universitaires. Que celui-ci soit accessible à l’occasion des ECPA, en préparant des cycles d’accessibilités, ne conçoit pas d’objection.
Cela pour tenir compte que les ECPA peuvent dévoiler des vocations professionnelles. Le choix qualitatif consiste à effectuer le mixage approprié au modèle et à envisager dans la construction des modules et des niveaux dans la durée, pour accéder à un savoir universitaire supérieur, qui sera adapté, reformulés, simplifiés, pas défigurés.
Je n’ai pas d’attachement à formuler en l’espèce, sinon de ne pas m’accorder l’idée, de vouloir porter à croire que trouver le bon choix pour que tout soit pour le mieux suffit.
Je reste attaché à l’idée qu’un savoir supérieur ne doit pas rester la seule compréhension des professionnels, des spécialistes, et pour le partager, nous ne devons pas nécessairement d’en être un.
2/ Si la compréhension du sens du mot qualitatif ne semble échapper à personne, s’accorder sur les sélections des matières qui sont de qualité pour démarrer le modèle est plus difficile. Ceci dépendra de la qualité de discernement des concepteurs des programmes, et de leur représentation socioculturelle.
L’étape suivante devra être la mise à disposition de la totalité du savoir disponible. Spécialement dans une société où les exigences économiques et sociales inhibent ou conditionnent nos émotions pour être, performant. Les hommes doivent trouver la part du savoir qui concourt à la compréhension de leur être inachevé 1 et y trouver l’expression de leur individualité. Pour fixer des choix, nous risquons d’avoir, là, des débats difficiles.
Un être inachevé, comme l’a développé Égard Morin, et qui m’a inspiré le poème suivant.
Mon regard se dresse vers des constructions,
Vers des œuvres closes comme des maisons,
Je masque les brèches pour conserver mon paradis
Je colmate les fissures pour ne pas laisser entrer la pluie.
Il n’y a pas de paradis à conserver
Pas de futur à édifier,
Pas d’histoire à retrouver.
Il n’y a pas de terre promise où aller
Pas de messie à espérer,
Pas de vérité à élaborer.
Mon toit, se lézarde, où vais-je, m’abrie. ?
Quel édifice vais-je pouvoir élever ?
Je veux une masure en ordre pour me protéger,
Des murs de certitudes pour me rassurer.
Il n’y a pas d’harmonie à trouver,
Pas de solution à donner,
Pas de bonnes sociétés.
Il n’y a pas de désordre à éliminer
Pas d’inégalité à supprimer.
Mais quel est ce monde où j’ai mis les pieds ?
D’où vient cette existence toujours inachevée ?
Je vais briser les portes des systèmes fermés
Et je trouverai dans ma tête la théorie unifiée.
Il y a des notes de musiques dans la Voie lactée.
Des portées d’étoiles pour espérer,
Que c’est sur terre que je sais chante.
Il y a des pléiades ithyphalliques dans l’empyrée
La robe d’Andromède pour penser,
Que c’est sur terre que je sais aime.
Ma prochaine demeure sera faite d’harmonie
Sous un toit de gammes étendu dans l’infini.
J’ai une clé qui n’ouvre que des mélodies
Et je me nourris des mesures d’une symphonie.
Il y a un orchestre pour jouer
Que tous les jours sont fêtes
Pour qui sait danser.
Il y a un orchestre pour chanter
Que la vie est faite,
De plaisirs inachevés.
Il y a un orchestre pour rêver
Aux bonheurs éphémères
Que j’ai inventé !
Une telle idée de réalisation de ECPA n’est pas concevable sur une génération, pourtant devant l’évolution de la technologie nous avons besoin d’aller vite, ce que nous savons réaliser pour vendre un produit rentable.
18 — Par transmission et planification.
1/ Nous comprenons aisément qu’un Enseignement complémentaire pour adultes demande une mise en service étalée sur des générations, qui s’adresse à l’ensemble de la population. Toutes les nouvelles organisations modifient des habitudes et divisent les points de vue, un tel objectif ne pouvant s’inscrire que dans une planification modulable. Le choix qualitatif évoluera au fil des générations, pour prendre en compte les connaissances et le savoir qui circulent par transmission. Prendre en compte de nouvelles connaissances liées aux événements existentiels développés par les constructions sociales, et par discernement de besoins futurs.
L’ensemble se véhicule au sein du groupe familial, aussi simplement que nous apprenons à gratter une allumette sans nous brûler. Cela comme autant de certitudes référentielles, pour être un tremplin afin d’aller plus loin.
Nous avons ce savoir-faire, le développement du marché du loisir en est un exemple.
18 — Arrêtons un instant dessus pour regarder comment l’on passe d’une tradition à un marché planifié qui a développé un savoir-faire seul.
1 / Aujourd’hui, personne ne s’étonne de voir les uns et les autres s’adonner au bricolage ou au jardinage. Observer l’expansion, des magasins spécialisés, suffit pour nous en convaincre.
Sans entrer dans toutes les conditions de son développement, deux au moins m’intéressent, le temps libre et la vulgarisation du savoir-faire. Pour n’observer que sa vulgarisation, elle circulait par la publicité de produits ou matériel facilitant la réalisation de travaux soi-même et par la parution de manuels spécialisés. Elle ne se propage oralement par rien de moins traditionnel que le bouche-à-oreille. La disposition de temps libre a facilité l’émergence et l’explosion de ce marché. Pour les connaisseurs, ce marché existait, la date de parution de la revue du bricoleur « Système D » suffit comme référence. Son développement s’est accru par la réduction du temps de travail et du temps libre des congés payés, contre l’avis des gouvernants et un patronat conservateurs. Aujourd’hui, les employeurs qui ont investi ce temps libre de loisir se plaignent que les salariés des industries ne soient pas assez rémunérés pour bénéficier des services et productions des loisirs.
Pour continuer dans cet exemple, observons le savoir-faire mis à la disposition des consommateurs bricoleurs. Du seuil de l’astuce ou du truc pour se débrouiller seul, il est passé à celui d’un niveau initiatique et spécialisé de la connaissance méthodologique d’un métier. Il s’est professionnalisé du fait de la demande des utilisateurs, et de leurs aptitudes à réaliser une méthodologie complète de tâches appartenant à d’autres métiers que le leur.
D’autres métiers qu’ils n’avaient pas pu apprendre du fait de la règle de la sélection scolaire, et du marché du travail.
2/ Sur une courte période de quelque 30 ans, la qualité du savoir-faire délivré par les revues spécialisées d’informations et autres sur le bricolage a évolué. Le bricolage est devenu une activité de loisir de tout faire soi-même. Il a concouru à la disparition de certaines tâches non rentables des métiers de la réparation ou par simple souci d’économie (voire de certains métiers qui se sont raréfiés). L’individualisation et l’aménagement de l’habitat, la production de biens de séries et du jetable, des productions de masse réalisée dans des États pauvres y ont concouru.
Aujourd’hui, 60 % de Français bricolent, contre 45 % en 1969. Dans ce seul secteur, le déboursement par personne atteint 244 euros, le jardinage, 213,50 euros, et le bricolage automobile, 396 euros par ménage motorisé. Ces quelques chiffres montrent d’évidence que le marché du loisir se porte bien.
Qu’en est-il du marché de la connaissance et du savoir, le marché de la culture ?
20 — Le savoir se vend mal, sauf parmi ceux qui le possèdent, la culture populaire enrichit leurs auteurs. Elle est l’objet de débats, dans lequel il faut un décodeur qui existe en kit et en pièces détachées dans le magasin de la méconnaissance.
1/ Si l’on regarde à partir de l’exemple ci-dessus, la croissance de l’enseignement complémentaire auquel actuellement les adultes s’adonnent, cet enseignement, comparé à celui du loisir, en est au stade embryonnaire du bricolage. Chacun se cultive à sa convenance dans le marché de la culture existant, dans ce marché, la part correspondant à un apport de savoir éducatif, est minime.
Cet apport de savoir complémentaire se réalise essentiellement au travers de la lecture. Nous examinons et trions la part qui conduit à une accumulation de savoir, ceci par rapport à la culture ludique, quand les deux ne sont pas cumulés comme beaucoup d’ouvrages. Nous y trouvons, par l’apprentissage ludique, la vulgarisation de sciences dures, ou un complément pédagogique de l’enseignement traditionnel.
Je ne veux pas dire que, j’écarte l’activité ludique comme moyen d’enseignement ni l’utilité des ouvrages purement récréatifs. Je ne les retiens pas comme constituant un apport de connaissances correspondant au sens où je l’ai développé pour les ECPA. Je reconnais que mon analyse est arbitraire, des ouvrages récréatifs sont parfois des supports à un enseignement. J’ai à l’esprit des ouvrages de romans ou de sciences-fictions, comme tout un chacun peut en avoir, conseillé parfois comme référence à lire à l’occasion d’un enseignement littéraire. Idem pour le cinéma.
Globalement, ce sont les gens les plus instruits qui s’adonnent à la lecture, et les achats sont récréatifs.
Les diplômés de l’enseignement supérieur ont représenté en 1998 24 % de la totalité des achats pour ne représenter que 9 % de la population. Les femmes ont effectué 57 % de ces achats.
Pour 51 % du total de ces achats, ce sont des ouvrages de littérature générale, pour l’essentiel des romans. Les livres des sciences humaines ne représentent que 5 % des achats, les ouvrages de sciences et techniques 3 %.
Je peux, à tort ou à raison, considérer que les livres de sciences sont vecteurs de savoir. 2 Ils permettent d’accéder aux mécanismes du savoir, ils représentent seulement 6,2 % des achats pour 9 553 titres vendus à 25 476 exemplaires. Les livres scolaires, 17,3 % pour 7 274 titres vendus à 71 209 exemplaires. Les livres pour la jeunesse, 7 697 titres vendus à 70 470 exemplaires, chiffres donnés par le syndicat national de l’édition en 1999.
Les livres sont présents dans 91 % des foyers, et les écarts entre catégories sociales demeurent. Les ouvriers et employés ont trois fois moins de livres que les cadres et professions libérales. La contribution par personne toutes catégories confondues représente 38,1 euros. 3. Nous sommes loin des sommes consacrées aux loisirs, 858,6 euros.
Un autre marché existe qui n’a pas pour but l’éducation didactiquement ? C’est celui d’acquis par la culture populaire.
2/ Si je fais cette distinction, c’est que nous vivons dans une société où se développe une culture populaire commercialisée universaliste qui va du prêt-à-manger aux séries télévisées, et films américains. Cette culture populaire passe par les multitudes de magazines à caractère informatif, et passera demain par les multimédias interactifs.
1 Le terminus de l’hominisation est en même temps un commencement. L’homme qui s’accomplit en homo sapiens est une espèce juvénile et enfantine ; son cerveau génial est débile sans l’appareil culturel ; ses aptitudes ont besoin d’être nourries au biberon. Ce sur quoi s’achève l’hominisation, c’est sur l’inachèvement définitif, radical et créateur de l’homme. (Morin Edgar, Le paradigme perdu : La nature humaine, éditeur le seuil, 1973, p.103 et p. 139-140).
2 Je n’ai pas disposé d’études dissociant la littérature dans les divers types de romans.
3 Gérard Mermet. Francoscopie 2001. Éditeur Larousse. 2001. Pp 432 à 436
Elle constitue un espace commercial qui favorise l’acculturation, qui ne constitue pas un objet propre au cheminement du savoir structuré et didactique ? Cette acculturation, nous pouvons, soit la vivre malgré nous, au travers de notre culture populaire publicitaire, soit l’accompagner par plus de connaissances didactiques, pour ne pas la subir, nous le comprenons et la comprenons. La culture populaire est un espace commercial de toujours, et ce n’est pas une nouveauté. Ce qui l’est, c’est que ce marché dépend de plus en plus de groupes oligarchiques idéologiques anonymes (actionnariat). Leur but demeure de faire de l’argent, et de maintenir aussi les conditions socio-économiques qui leur sont favorables. La diffusion de masse de la culture populaire devient à tort ou à raison, le fait majoritaire, et s’étend par l’expansion de son marché.
Cela n’a pas de corrélation avec l’enseignement didactique du savoir et de la connaissance. Dans la culture populaire se trouve l’activité artistique. Elle résulte d’un enseignement didactique ou autodidacte si toute la population était mélomane, ces groupes vendraient des mélodies, et persévèrerait pour conserver cet esprit mélomane rapportant des profits. Si la population est ignorante, ils vendront ce qui satisfait cette ignorance. Vendre du loisir, ce n’est pas enseigné.
La culture populaire reçoit sa propre littérature adaptée aux besoins citoyens et à ses tendances. Son incidence sur le développement de la culture caractérise des choix politiques sous-jacents, tels le voyeurisme ou l’infantilisation. Mais également des créations inattendues, que ne peut pas apporter le savoir et qui procèdent de l’expérience de la vie, tels le jazz, le hip-hop, et bien d’autres.
3/ Ce que nous appelons culture sous-entend aussi la possibilité d’élever ses connaissances, de s’éduquer. La culture populaire consiste à fournir une culture sans effort de compréhension. Cela afin de ne pas réduire la capacité de commercialisation espérée du produit mis sur le marché correspondant au besoin
d’une population d’âges diversifiés. Pour certains, ce sera la base d’un départ vers plus de savoirs. Rien n’est péjoratif à parler de la culture populaire, elle reflète les existences successives des humains.
La culture populaire est toujours en rapport avec le niveau de connaissance de la population concernée en fonction de sa culture personnelle, et ne contient aucun but d’émancipation. C’est un creuset où toute la pensée humaine, pour le meilleur ou le pire, s’y trouve. C’est aussi la culture de ceux qui n’ont pas été initiés, des profanes.
La culture populaire, c’est aussi apprendre seul chez soi sans aide pédagogique, un marché qui va devenir exponentiel avec Internet, et qui est l’objet de débats autour d’intérêts financiers.
4/ Cette culture populaire prolonge aussi des us et coutumes, véhicule aussi des constructions sociétales, suivies par mimétisme. Nous pouvons considérer que l’américanisation de l’Europe s’effectue par le commerce, la musique, le cinéma.
Cela a donné lieu à un débat, sur l’espace culturel français, qui était celui de l’opposition entre le modèle anglo-saxon 1 et le modèle francophone. Il véhicule des modèles de pensée qui peuvent être destructeurs, au nom de la diversité, de la spécificité culturelle, de l’Autonomisme 2, qu’au nom de l’universalisation, le Mondialisme 3.
Il n’y est pas évident, de s’y retrouver sans repères. Nous devons concevoir que la diversité engendre le mouvement socioculturel et socio-économique. Nous ne devons pas avoir peur de trouver une diversité qui existe de nature. Si un modèle dominait, nous arriverions à un stade ultime où plus rien ne se passerait.
C’est un domaine mortifère pour les Hommes encore aujourd’hui. Ils ont fait comme corollaire de la diversité, des races ou des cultures hégémoniques, là où n’existe qu’une espèce humaine diversifiée géohistoriquement.
Elle est liée à la vie tellurique de notre planète, géographie, climatologie, etc. Nous répondons à un environnement qui concourt à édifier notre culture géohistorique 4 différenciant les applications de nos désirs et passions par des applications concrètes ou mythiques des lieux où nous naissons. Ce sont elles, l’objet de nos débats faussement identitaires, et parfaitement meurtriers. C’est un sujet convoité électoralement, dans les démocraties, pour ceux qui savent empoigner l’opportunité au sein de la culture populaire, d’une prédominance à l’autarcie sociétale.
Le débat n’est pas simple devant l’acculturation inévitable des peuples par la culture populaire. Le pouvoir de l’information populaire peut devenir un pouvoir colonisateur. Cela est possible quand ceux qui ont des moyens financiers s’approprient l’information et sa diffusion sur les autres, sur ceux qui n’ont que l’ignorance de la subir. Ils se la retransmettront, convaincus de disposer des savoirs satisfaisants.
L’histoire est là pour nous démontrer que la culture populaire n’a jamais renversé de dictature sans émancipation.
L’une et l’autre n’influent pas moins sur nos analyses et comportements, elles font partie du nécessaire de notre quotidien. Elles nécessitent des informations qui circulent pour l’essentiel par les médias plutôt que par l’enseignement de connaissances essentielles, afin d’essayer de choisir, de la comprendre, et non de la subir.
Devant l’explosion d’informations et de désinformations, pouvoir discerner ce qui est exact est devenu indispensable. Dans cette immensité d’informations composées d’idées, de données, de positions, d’affirmations, notre cerveau se doit d’être un décodeur intelligent, et disposer des savoirs, pour ne pas être simplement plus abusé, ou devenir colporteur de rumeurs. Certaines informations peuvent être erronées, voire délibérément fausses, être mal compris, ou embrouillées. C’est la difficulté propre de la circulation de l’information.
Au-delà, retrouver nos perceptions affectées ou développées par des siècles de constructions sociales. Quand nous traitons l’information, elle l’est, à partir de notre apprentissage initial organisé, névrosé, conditionné. Pour n’en citer qu’un exemple en le prenant dans l’histoire de la misogynie culturelle (la femme tentatrice, pécheresse, soumise, etc.), le regard que nous portons sur elles, par culture, affecte les informations les concernant.
Ces décodeurs existent dans l’enseignement supérieur, nous devons pour cela avoir la volonté d’assembler les pièces. Apprendre à nous en servir demande d’aller s’instruire. Ils existent aussi dans la littérature et en philosophie si nous lisons.
Les statistiques données sur la lecture montrent qu’en dehors de l’enseignement organisé, peu de citoyens ont cette démarche. La lecture en ligne ne semble pas plus être utilisée.
6/ La connaissance et le savoir collectif ne se construisent pas plus dans des kiosques à journaux et magazines, ou dans les fractions informatives des médias. Ils peuvent y contribuer ou donner envie de savoir, être un point de départ. Pourtant, l’origine et la lente progression des savoirs ont commencé par la communication orale, puis écrite et leurs supports, la culture populaire. Elle a servi, et sert de creuset, de foyer d’où sont sorties toutes les émancipations.
Compte tenu de l’enseignée de qualité des savoirs et de la connaissance, cela ne s’oppose pas ou ne conteste pas qu’existe tout le long de l’existence, la culture populaire. Et imaginer instruire ou enseigner plus de connaissance et de savoir à toute la population n’est pas la renier ! La culture populaire, c’est la vie des humains.
Une partie de notre culture humaine est dans des bibliothèques. Elle pourrait y rester si par l’ensemble de méthodes didactiques nous n’avions pas vulgarisé et spécialisé le contenu de cette culture, au travers de l’enseignement organisé qui assure sa diffusion, et en génère en retour. Elle signifie en retour qu’il n’est là que pour nous permettre, d’utiliser notre être sensible, producteur et penseur, fragile et fort, ordonné et désordonné, d’associer l’appris. Non pour répéter béatement nos souvenirs, comme dirait Socrate, pour nous connaître et être inventif. Inventifs, nous ne manquons pas de l’être, plus dans le domaine technologique que dans celui de la pensée qui subit une régression spectaculaire.
Nous allons devoir réorganiser d’autres ensembles de modules d’enseignement pour les rendre disponibles à chacun d’entre nous, du moins pour ceux qui en voudront devant l’abondance de découvertes qui complexifient notre monde.
7/ Les autres formes médiatiques et littéraires n’en resteront pas moins un moyen constant d’expression individuelle ou collective, concourant au développement de la culture personnelle. Certains de ces ouvrages, des publications de travaux, d’autres écrits ou d’images passeront en fonction de leur impact, dans l’enseignement collectif, cinémathèques, événements historiques, découvertes scientifiques, éditions, etc. Ils passeront de la culture populaire à la culture didactique.
Exemple, les écrits des penseurs ont donné naissance à la philosophie, la philosophie se nourrit de nouvelles pensées qui se façonnent au fil des événements, et qui circulent. Naturellement, le penseur n’écrit pas dans l’objectif d’un enseignement philosophique, ce qui n’empêche pas l’enseignement d’y trouver un intérêt collectif à en faire usage. Son ouvrage passe du domaine de la culture personnelle, à celui du savoir collectif.
Comme personne n’est détenteur de la vérité, chaque écrit et information sont des pièces détachées de cet immense puzzle qu’est notre existence, dans laquelle chacun de nous peut puiser à sa convenance, et en être un pourvoyeur.
À travers des ECPA, nous n’allons pas définir un enseignement politique étatique ou confessionnel, mais nous devons mettre à la disposition de chacun les moyens de devenir en retour aussi un maillon du savoir. Chacun peut être une future pièce détachée d’un nouvel ensemble de connaissances, faute de disposer de générations spontanées d’êtres intelligents. Par soucis historiques, les personnages, qui ont marqué leur temps, sont classés dans le dictionnaire, eux seulement. Ils sont autant de repères temporels, mais ils ne peuvent pas être la source de leur notoriété, sinon de lire leur biographie. Leurs noms sont autant de jalons, de repères qui nous permettent de situer dans le temps et l’espace des événements importants.
Ils sont classés, comme repère du départ d’un événement, vers un nouvel essai dans le magasin de l’inexpérience.
8/ Ainsi, souvent faire un tri de qualité dans la diffusion d’écrits et d’informations orale est nécessaire. Ce tri n’est pas à assimiler à la censure existante, sans remettre en cause le droit de penser, d’écrire librement, et aussi de se tromper. Je pense que pour nous assurer d’une diffusion d’informations fondamentales, nous devons instruire les lecteurs et auditeurs en actualisant leur connaissance et leur savoir au fil de l’existence. Cela afin qu’ils soient toujours aptes à faire le tri eux-mêmes.
Ceci impliquera que les ECPA soient informés des innovations et s’y ajustent, nous le savons, la méconnaissance 5 rend la connaissance illimitée.
Si nous y accédions sans connaissances bornées, structurées, dans le magasin de la méconnaissance dont nous n’avons aucune idée, nous sombrerions très certainement dans la folie, faute d’avoir les capacités cérébrales suffisamment organisées pour y faire face. Nous savons que tout sujet qui n’a plus d’identité, de passé référentiel, sombre dans la folie.
C’est un peu ce qui se passe quand nous rêvons, nous accédons à notre magasin d’informations cérébral, dont l’assemblage nous paraît désordonné en associant des données, que notre raison ne ferait pas.
C’est cela qui attend les hommes de demain. Ils n’intégreront pas le monde quantique, de la génétique, d’intelligence artificielle, avec l’enseignement d’après-guerre recomposé et appauvri par la limitation de la durée de l’instruction. Ceci pour rester serviteur du libéralisme économique capitalistique. Dans le temps géologique, il eut son intérêt comme essai ou marchepied dans la lutte contre l’illettrisme pour vaincre la rareté. Aujourd’hui, nous devons comprendre que nous devons dépasser cette étape pour ne pas disparaître du monde ou régresser.
Le libéralisme capitalistique ne sera qu’un passage géologique. Nous avons élaboré par défaut de connaître le monde objectif auquel nous appartenons. Bien des Hommes ont pressenti qu’il ne pouvait pas être et rester dans un monde de soumission aux dominants. Mais pour l’instant il reste un frein à une possible évolution, ou la ralentie, cette évolution qui n’est pas à la mesure de la durée d’une vie humaine.
21 — Le savoir en expansion reste difficile à suivre pour tous.
1/ La mise en œuvre et l’évolution des ECPA nécessitent une impulsion et une détermination politique. Il ne peut se concevoir que sur des générations, du fait même du nombre de personnes qu’il implique. Et du temps nécessaire à l’appréciation des choix qualitatifs à effectuer, comme de la mise en œuvre d’une méthodologie à élaborer.
Par l’enseignement public ou privé dispensé suivant les pays, nous observons la progression de la créativité engendrée par les savoirs durant ces dernières décennies. Dans tous les domaines, les résultats obtenus par le savoir diffusé auprès des populations instruites ont exigé une durée de temps d’instruction plus long, suivant les disciplines.
Cela, c’est réalisé du fait de l’apparition de nouveaux métiers, au détriment de certains qui ont périclité ou qui se sont industrialisés dans le cadre de la concurrence.
2/ Surtout, par les découvertes scientifiques qui exigent d’accroître le temps d’études dans certaines filières.
Quatre-vingt-dix ans se sont écoulés depuis la découverte de la fonction des chromosomes par Thomas Morgan en 1910. Ensuite, ce fut en 1953, la découverte de la double hélice d’ADN, et le décodage du génome humain en avril 2000 par des laboratoires privés et publics. Le temps d’étude nécessaire en 1910 n’a plus rien de comparable avec celui d’aujourd’hui pour la même discipline. Trois découvertes ont modifié le contenu de cet enseignement durant ces 90 ans.
Entre les deux à partir de 1946, l’usage de la puissance de l’ordinateur a permis la progression de celui-ci par le gain de temps des calculs et des données analysées.
Nous descendons toujours plus dans l’infiniment petit. Là, ce ne sont plus nos yeux qui regardent, c’est notre tête qui comprend, et dans ce monde-là qui modifiera nos relations et valeurs sociales, ceux qui n’auront pas appris seront aveugles.
Il leur sera difficile de suivre l’évolution sociétale, comme nous pouvons déjà le constater au travers des débats politiques, dans lesquels, sans un langage vulgarisé, un politicien n’est pas compris. L’on y trouve, ces petites phrases assassines, dont les partisans ou les ignorants se délectent, s’en satisfont et s’ajoute parfois le bruit des casseroles.
Les retardataires dans ce monde-là se tourneront vers leur passé, qui est connu et, rassurant, en ignorant qu’ils ne peuvent pas le reproduire, les événements l’ayant constitué, n’existe plus. Ils voudront en conserver l’image, sans savoir que celle-ci en est une autre. Ce retour vers le passé est dangereux si nos sens ne nous ont pas permis de concevoir que nous appartenions à une espèce, où la peur des autres, devenus trop nombreux, installera la régression.
2/ L’instruction générale ne reste accessible qu’aux scolaires. Elle s’adapte à l’évolution des connaissances et des technologies, et la population attend d’elle qu’une formation pour exercer un emploi. Aujourd’hui, cette finalité de point de vue ou d’opinion ne suffit plus. Le maximum minimal de l’instruction générale est le bac, pour rester accoler au développement exponentiel des connaissances et la complexité du monde. S’il est en retrait d’une instruction nécessaire, cette absence du nécessaire a creusé, une fracture intellectuelle, malgré sa diffusion populaire. Il en ressort des désagréments, de ne pas avoir un emploi à la hauteur de ses diplômes, avec les frustrations que cela engendre. L’instruction générale ne peut plus rien apporter à ceux qui au moment de leur scolarisation n’avaient accédé qu’au minimum. C’est le cas de ceux qui ont accédé à une filière professionnelle par l’apprentissage. Le résultat en est que les disciplines qui étudient les divers aspects de la réalité humaine, collective ou individuelle restent des spécialisations professionnelles universitaires et échappent à la majorité des citoyens, et des populations du monde. Nous avons des citoyens qui observent la vie de leurs semblables, sans que ceux-ci aient pu avoir accès à ces connaissances. L’instruction des sciences sociales et humaines demeure comme par le passé une spécialisation. Tout les vit au quotidien et le dialogue entre les deux est inégal. La création des ECPA modifierait cela en y donnant accès.
Depuis les années 1970, avec une accélération à partir de 1980, 6, l’augmentation du niveau d’instruction est observable, il est essentiellement dans sa finalité productiviste. Il sélectionne des pans de culture générale qui constituent le cœur d’une égalité des chances d’accès aux connaissances professionnelles, satisfaisant aux besoins humains. Pour l’accès au savoir, des sciences humaines qui permettent la compréhension de la complexité de notre monde, il en est autrement. Acquérir ce savoir est impossible pour le plus grand nombre. Depuis plus de quarante ans, ce savoir pluridisciplinaire se diffuse sélectivement auprès des cadres et dirigeants dans un but spécifique. Optimaliser le capital humain, avec les problématiques qui en découlent, le stress et l’épuisement professionnel.
Les détenteurs de ces connaissances seront sollicités à formuler leur avis. Les autres, les plus nombreux, devront se contenter de l’apprécier avec les seuls critères de leur culture populaire et utilitaire.
Nous savons que lorsque les écarts de savoirs sont trop grands entre les uns et les autres, s’instaure une incompréhension source de conflits ou d’assujettissement.
21 — L’espérance peut venir de la loi du nombre.
1/ La loi du nombre qui fixe le fait social est une maîtresse courtisée. Si elle n’offre aucune garantie de vérité, elle constitue le socle d’un maximum de circonstances favorables à la mise en œuvre de la réalisation d’un projet. C’est l’adhésion de la loi du nombre, quelles qu’en soient les modalités, qui stabilise et rend viable une société. La loi du nombre est une force passive.
2 : Nous pouvons espérer à juste titre qu’une plus large diffusion de l’enseignement de la connaissance des savoirs en complémentarité de l’enseignement général apporterait mécaniquement sur des générations son lot de créativité tout au long de la vie. Cet enseignement s’oriente par des programmes sélectifs, malgré une répartition socio-économique inégalitaire comme nous la connaissons !
En multipliant sa diffusion, nous aurons accru la possibilité que des informations trouvent une association qui n’aurait pu être réalisée. Soyons lucides, le savoir n’est pas l’instruction de l’ignorant, l’ignorant instruit devient souvent un tyran narcissique. Le savoir doit permettre par la connaissance de la complexité, d’aller vers plus de sagesse, de tolérance et de solutions harmonieuses.
1 Note de l’auteur. L’expansion du modèle anglo-saxon s’effectue essentiellement au travers de la capacité cinématographique américain et de l’utilisation de l’anglais comme langue commerciale.
2 Note de l’auteur. Par «autonomisme » j’entends toute organisation dont la structure au nom de la diversité ou de la spécificité culturelle se veut centrer sur elle-même, par une structure fermée ou tournée exclusivement vers son passé «géohistorique » stagnant, sans apport extérieur (exogène).
3 Note de l’auteur. Par mondialisme j’entends toute organisation unique dont la structure ne pouvant plus rien recevoir de l’extérieur et pour cause, ne favoriserait pas le développement de la diversité et la spécificité culturelle d’un passé «géohistorique » dynamique, puis quelle ne peut espérer que des apports intérieurs (endogènes), pour se tourner vers le «futur ».
Ces deux définitions, «autonomisme et mondialisme » peuvent vous paraître incompréhensibles si vous n’aviez pas en tête le deuxième principe de la thermodynamique, que tout ce qui tend vers «l’ordre » arrive à un état ultime d’équilibre, ou il ne se passe plus rien car il n’y a plus de mouvement. Nous sommes donc condamnés à maintenir une certaine entropie, une diversité pour échanger, partager et gérer notre monde, pour qu’il ne devienne pas une organisation fermée vouée à mourir, sauf apport extérieur, ou faute dans recevoir y aller, ce qui ne signifie aucunement entretenir des conflits.
4 Par géohistorique, néologisme de l’auteur, j’entends le rapport, la relation entre les donnés géographiques des territoires et l’histoire culturelle des hommes qu’elle a façonnés, ne pas confondre avec géopolitique.
5 «La connaissance et les limites de la connaissance. Ce qui permet notre connaissance limite notre connaissance et ce qui limite notre connaissance permet la connaissance. La découverte des limites de la connaissance est beaucoup plus qu’une découverte des limites. Elle constitue un acquis capital pour la connaissance. Elle nous indique que la connaissance fait partie des possibilités de la connaissance et elle accomplit cette possibilité. Elle dépasse les limites de la connaissance bornée qui se croyait illimitée. Elle nous fait détecter une réalité qui excède nos possibilités de connaissance, elle nous amène à édifier un méta point de vue, celui de la connaissance de la connaissance, d’où l’esprit peut, comme d’un mirador, se considérer lui même dans ses principes, règles, normes et possibilités, tout en envisageant sa relation diabolique avec le monde extérieur. Nous nous rendons compte désormais que l’inconscience des limites de la connaissance est bornée. L’idée que notre connaissance est bornée, a des conséquences illimitées ». (Morin Edgar, La Méthode III, édition le Seuil, 1986, p. 222).
6 Dans une enquête sur l’emploi pour 1999, il ressort que le niveau d’instruction de la population métropolitaine de 15 ans et plus est que, 25,2% de l’ensemble non aucun diplôme ou le certificat d’étude ; 7,2% le BEPC ; 29,1% le CAP ou BEP ; 13,4% BAC ou BP ; 11,6 le BAC + 2 ; 11,1% un diplôme supérieur ; 2,4% en cours d’études initiales. Alors qu’en 1982 60,2% de l’ensemble n’avaient aucun diplôme ou le certificat d’étude et 48,6% en 1990. Gérard Mermet. Francoscopie 2001. Éditeur Larousse. 2000. Pp 91 et 92.
22 — Au fil des générations.
1/ Être individuellement performant est devenu une clé de la réussite matérielle. Nous perdons de vue la fonction éducative de la cellule familiale intergénérationnelle devenue presque obsolète par ignorance, éclatement, sollicitation mercantiliste et par disparités sociales.
2 : Par génération, nous devons entendre aussi le temps que mettra la connaissance pour se diffuser dans la cellule familiale et devenir un acquis.
Cela en restant disponible au travers des ECPA, qui seront ouverts à toutes futures découvertes, inventions ou connaissances où se démentent celles précédemment acquises. Se diminuera la désinformation accrue par les moyens de communication, également de ne pas véhiculer des données obsolètes, ou en réhabiliter d’autres, écartés par la pensée, occidentalisés.
Aujourd’hui, faute d’organismes de formation comme les ECPA, souvent les enfants sont en mesure d’instruire leurs parents, qui, eux, véhiculent encore des pensées erronées retirées de la culture populaire. Soit au nom du culturel de leur temps, ou par l’absence d’un enseignement auquel ils n’ont pas eu accès, comme dans certains États, par un enseignement confessionnel ou traditionnel.
Nous avons des enfants, possesseurs d’une connaissance didactique, sans vécue et des parents avec un vécu qui ne peut pas prendre en compte les nouvelles connaissances didactiques, et apprécier leur incidence sur le vécu.
3/ Nous savons parfaitement que dans les familles les plus éduquées se trouvent les réussites les plus probables. 1
Pour la petite histoire, en ce qui concerne l’Europe, c’est à Gutenberg (invention des caractères mobiles fondus) qu’il revient d’attribuer le mérite de notre créativité actuelle. Son invention a permis de vulgariser et propager le savoir dans le monde. N’en déplaise à Socrate. Il fut possédé par les lettrés s’exprimant en latin, dans toute l’Europe. Reste bien regrettable, que les nations aient par cupidité et volonté de puissance le goût du secret.
Cela a permis l’impression de livres dans toutes les langues vernaculaires qui aboutirent aux langues nationales, et à une meilleure communication par la connaissance, mise à la disposition du plus grand nombre. Ce nationalisme linguistique sépara les lettrés suivants, qui durent se regrouper et se retrouver dans des sociétés de savants, dont les colloques sont aujourd’hui la continuation. Nous avons perdu le latin, remplacé par le français, petit à petit lui-même, anglicisé.
Nous pouvons légitimement nous poser la question de savoir si le libéralisme capitalistique serait survenu sans la popularisation du savoir. Il serait peut-être plus tôt arrivé en Asie, si les Chinois avaient eu un alphabet au lieu de trente mille caractères à classer (44 905, suivant diverses sources, dont 3 000 d’usage courant). En 1041-1048, un nommé Pi Shêng inventa, le caractère mobile avant Gutenberg (1394-1468), et leur énorme quantité de caractères représentèrent un handicap pour l’édition. Comme quoi l’histoire n’a peut-être tenu qu’à un nombre de caractères, à un moyen technique de communication.
CHAPITRE IV.
Structure d’accueil complémentaire pour adulte.
24 — Il en existe pour les actifs à hauteur de 30 %, les ECPA ont une autre vocation et la capacité à atteindre est importante. Cela sera fonction d’un choix politique, nous couvrons bien d’autres besoins.
1/ Un certain nombre de structures d’accueil destinées à l’enseignement des adultes existe. Ce sont les instituts universitaires du travail, les centres de formation professionnelle, les organismes de formation professionnelle, de perfectionnement, d’adaptation, bref tout l’arsenal législatif en vigueur sur la formation et l’éducation permanente. À cet arsenal, nous devons rajouter les organismes de formation à destination des employeurs, et ceux à destination des familles, dans le cadre, des actions sociales de la caisse d’allocations familiales.
Ce cadre actuel, à l’exception des spécificités de la CAF, est destiné aux actifs ou en passe de le devenir et les prépare à l’exercice d’une activité professionnelle.
1/ Si la formation professionnelle ne couvre qu’une population d’actifs restreints, elle remplit sa mission spécifique.
Un tiers des salariés sur trois suit une semaine de formation de 30 heures par ans en roulement de rotations, une sortie égalant une entrée. Sur une population d’environ vingt-six millions d’actifs (en 1999, 25,983 millions), cela nous donne 8,7 millions de personnes suivant une formation. Cela nous donne un total de deux cent cinquante, un million d’heures de formation, soit les emplois équivalents de 185 240 personnes/an. Cela donne un aperçu des capacités d’accueil en 1999. Celui-ci devrait croître dans les années à venir, comme un passage obligé vers des emplois.
2/ Si nous voulions fournir un enseignement à la totalité de la population française, en excluant les adolescents et les adultes scolarisés, nous multiplierions par quatre et demi les capacités d’accueil actuelles. Et nous satisferions seulement, une semaine de formation annuelle. Nous restons loin des moyens à mettre en œuvre pour couvrir la population.
3 : Sans entrer dans les détails de la fréquence de l’ECPA pour envisager comment ils doivent se dérouler, semaine de formation, enseignements journaliers, hebdomadaires, mensuels, etc., pour s’harmoniser avec les diverses situations d’existence. Naturellement, les structures d’accueil devront être de proximité, du lieu du travail et de l’habitation. Elles seront fonction : de la durée de l’enseignement choisi, de sa fréquence, du taux de participation, et des cycles mis en place.
Cela relève de l’organisation structurelle à mettre en place à la suite d’un choix politique. Nous en avons accompli d’autres en couvrant d’autres besoins, comme le développement du loisir ou comme après-guerre, avec d’un plan Marshall.
4/ Dans chaque ville au mieux, un centre d’enseignement pour adulte (ECPA) devrait s’implanter, ce qui est parfaitement réalisable. Quelle est la ville qui n’a pas son centre culturel, ou sa salle des fêtes au minimum, son stade de football ?
Ne comprenez, au travers de cette image, que mon désir de signifier que n’importe quelle municipalité peut disposer de locaux à l’usage d’un ECPA. Nous avons un parc d’accueil existant, celui qui couvre nos besoins actuels et les moyens de l’accroître par une volonté politique.
Ce sont là des structures collectives qui peuvent être mises en place par la formule d’enseignement par correspondance. Elles ne nécessitent que peu de structures, hormis celles à consacrer à la logistique, qui couvrent actuellement un certain nombre de besoins d’éducation. L’une ou l’autre des formules, à mon avis les deux à la fois, ne nécessite qu’une mise en place de quelques années.
Cette utilisation des structures d’accueil s’effectuera en fonction des populations au sein desquelles apparaîtront des priorités, le besoin en connaissance d’un SDF n’étant pas le même que celui d’un ministre.
Structurellement, la tâche n’est pas insurmontable, nous disposons d’un savoir-faire.
CHAPITRE V.
QUELS TYPES D ENSEIGNEMENT ?
25 — Un enseignement pour des adultes, dans un échange particulier auquel nous ne pouvons échapper. Nous sommes des répétiteurs qui pourront s’évaluer et afficher leurs réflexions librement dans des limites incitatrices.
1/ L’enseignement devra prendre en compte la diversité des situations professionnelles, sociales et scolaires. Il devra être modulaire, dans le cadre des projets initiaux définis et des programmes d’enseignements. Il s’adresse d’évidence à une population d’adultes, parmi lesquelles nous pouvons distinguer au moins quatre groupes. 1/ Les actifs qui disposent d’un savoir dans le cadre de l’activité qu’ils exercent. 2/ Les pères ou mères au foyer. 3/ Les retraités. 4/ Les exclus.
2/ Comme je le soulignais plus haut, l’enseignement s’adresse à une population d’adultes, dont chacun d’eux a emmagasiné un capital éducatif (autodidacte ou non qui constitue son patrimoine d’entendement et de savoir-faire) utilisable.
Dans un enseignement dispensé à des adultes, nous n’échappons pas au croisement des connaissances et du savoir, scolaire, professionnel ou empirique interférent sur celui qui leur est destiné.
Loin de l’entrevoir comme parasite, nous devons le regarder, comme un ajout, comme le reflet du quotidien où chacune des nouvelles informations qui circulent est immédiatement traitée par nos cerveaux.
Elles sont classées dans les structures cognitives en fonction de l’organisation de nos références de valeurs d’utilité personnelle.
Notre cerveau les classe tout de suite en fonction de ses désirs, pour un usage immédiat ou futur.
C’est, cet échange croisé, entre enseignants et enseigné, qui doivent constituer une particularité de l’enseignement pour adulte. Nous n’enseignons pas un adulte comme un scolaire, ou un universitaire. Les adultes ont un acquis et une expérience de vie.
3/ Dans notre monde, le traitement moderne de l’information ou de la désinformation occupe une place quotidienne à tel point, que sont apparus des experts et spécialistes en traitement, de la communication, de l’image. Toutes ces informations, et le langage qui les véhicule, façonne le raisonnement et le comportement individuel, et elles sont partie intégrante de nos échanges journaliers. Et toutes ces informations qui, à moins d’être un ermite, nous atteignent.
Nous accomplissons au quotidien sous notre seul arbitraire un échange d’informations croisées, qui en dehors d’une structure d’enseignement didactique s’appelle la conversation, et, avec ces connaissances éducatives, la rumeur et les fausses nouvelles s’estompent.
4/ Quelles que soient les diverses formes sous lesquelles se diffusent les informations, leurs distorsions ont toujours de tout temps existé. Les médiatiques ne rencontrent pas de contrepoids ou contre-pouvoir, si ce n’est celui de leurs propres controverses.
En règle générale, ces informations médiatiques constituent une information descendante. Elle se nourrit des manifestations d’opinions collectives ou individuelles exprimées (le vote, les sondages d’opinion, les porte-parole de groupements associatifs, les manifestations populaires sporadiques, et tout autre événement). Cette information descendante s’impose par sa quotidienneté et elle est subie, en l’absence de droits de réponse. Les variétés d’informations interactives sont rares et ne peuvent être que sélectives, du fait de la loi des nombres et du choix du journaliste, tels les radio-trottoirs qui équivalent la rumeur publique.
Souvent, elle représente, à tort, la réalité sociale, politique et économique générale par un effet loupe qui se répand, est l’unicité de l’événement diffusé et fantasmé pour donner tout son poids mimétique aux médias.
5/ Dans ce marché de l’esprit, si je peux me permettre de l’appeler ainsi, la variété, la crédibilité de l’information s’atrophie malgré une liberté d’expression acquise. Le commentateur fabricant d’opinion publique a pris de l’ampleur pour le meilleur ou le pire, dans un but lucratif. Il doit se vendre. Alors le rôle de l’auditeur ou du lecteur se réduit presque exclusivement à celui de répétiteur (pour plaire à Socrate). L’Homme moderne répète l’instantané, l’immédiateté sans recul. Il ne prend jamais le temps de s’interroger de l’intérieur, d’autres cultures disent méditer.
C’est là une aptitude essentielle dans le cadre de l’enseignement fondant notre sociabilité et nos cultures. Une autre fonction est aussi essentielle, d’évaluer celui-ci.
6/ Dans le genre d’enseignement croisé où l’enseigné intervient dans l’enseignement dispensé, où il exprimera aussi une information médiatique écoutée qui a concouru à son éducation populaire. Elle se mesurera et pourra se comparer, se mesurer à un enseignement de connaissances et du savoir reconnu aujourd’hui. Sans le rechercher, il s’évaluera.
J’ai en mémoire une discussion sur la genèse. Mon interlocuteur avait comme référence des extraits mémorisés du film de la Bible. Il ne faisait rien de plus que les gens du moyen âge qui avaient les représentations picturales, les fresques, etc., des églises pour les édifier sur les voies morales. Aujourd’hui, c’est aussi cela que nous réalisons quotidiennement. Faute de pouvoir tout savoir, nous glanons au fil de notre existence, des informations provenant de peintures ou de fresques d’alphabétisation, sur les sujets les plus divers. Nous les propageons en ayant que peu de possibilités d’en débattre avec des professionnels.
Disposer d’un lieu d’enseignement, vulgarisant ou démocratisant un enseignement supérieur qui n’est accessible qu’à une minorité d’initiés, permettrait de s’évaluer.
7/ Le genre d’enseignement croisé permettra d’affiner totalement ou en partie notre réflexion. Il nous permettra d’avoir autour des sujets enseignés une discussion élargie par une réflexion dirigée, guidée. Cela pour ne pas construire avec notre culture générale restreinte et notre culture populaire des schémas parfois erronés, quand ce n’est pas de contre exactitudes, faute d’interlocuteurs patentés ou de discussions éclairées. Parfois, la fausseté va jusqu’à façonner des opinions publiques aberrantes où des individus ou des groupes d’individus s’inventent des maux ou des attitudes pour correspondre à l’événement ambiant, que la circulation de l’information fabrique.
Ce type d’enseignement croisé permettra de pallier partiellement un certain nombre d’erreurs. Et nous devrons veiller à ce qu’il reste dans son rôle d’enseignement complémentaire, et pas celui de porteur d’une quelconque vérité, à charge de réciprocité, pour les enseignés.
8/ Au cours de l’enseignement croisé, l’enseigné s’échangera des connaissances et des savoirs de son vécu. Et non pas les vérités d’une construction plus irrationnelle de l’adéquation au sein de la réalité de l’être humain, individuellement ou en groupe.
L’enseignement ne doit délivrer, quel que soit le sujet, qu’un contenu programmé, il reste ouvert à la discussion, au débat, à l’échange.
Toute fois la liberté des échanges ne peut l’être au point de transformer l’ECPA en tribune de confrontation d’idées propagandiste, là où chacun conserve sa liberté d’opinion.
9/ Ce type d’enseignement ne couvrira certainement pas tous les besoins. Il peut inciter à une démarche personnelle de recherche éducative, ou au développement de la connaissance de ses propres aptitudes qui ne s’épanouissent pas toujours en temps et en heure dans l’enseignement traditionnel.
Le milieu familial et social, nous le savons, reste un facteur de disparités de chance devant l’éducation. Cela ne retire rien à des capacités intellectuelles latentes chez ceux qui les vivent. Ces capacités latentes émergent parfois, durant l’exercice de la vie socio-économique. La formation professionnelle en témoigne.
Les ECPA, tout en demeurant dans leurs limites, créeront un environnement incitatif favorable.
QUI DISPENSERA CET ENSEIGNEMENT ?
26 — Ceux qui ont déjà la connaissance et le savoir, après une formation comme cela existe.
1/ Les personnes chargées de dispenser l’enseignement des programmes, je les appellerai pour la convenance formateurs.
Enseignez durant toute la vie la majorité de la population sortie de l’instruction générale et universitaire, demandera un nombre des formateurs. Cela ne pose pas de difficultés et nous savons former des formateurs.
Partiellement, nous aurions comme formateur une partie, du personnel du corps enseignant qui pourrait être utilisé, je pense aux enseignants universitaires, pour subvenir à un enseignement de masse comme j’en émets l’idée, il serait nettement insuffisant.
C’est plutôt vers ceux qui exercent déjà leur savoir, ou sont dépositaires d’un savoir que nous devons nous tourner. Chaque citoyen pourrait devenir un formateur, soit partiellement ou à temps complet en fonction des programmes établis, et d’une disponibilité à organiser, ceci inclut les retraités qui voudraient s’investir.
Là, nous trouvons des milliers d’emplois à créer et donner un intérêt à la vie de ceux qui, ayant cessé leur activité professionnelle, se sentent mis en marge de la société.
2/ Si posséder un savoir est un atout, l’enseigner ou suivre un programme préétabli tout en réalisant les conditions d’un enseignement croisé est plus difficile. Chaque formateur devra recevoir un minimum de formation pédagogique d’enseignant.
Dans ce domaine, nous avons déjà beaucoup de savoir — faire.
3/ Dans notre organisation actuelle, ce type de formateur existe. Nous appelons ces personnes des intervenants extérieurs. Très souvent, ils exercent dans le cadre de la formation professionnellement pour adulte. Les centres de formation y font appel, la pédagogie étant assurée par l’animateur du stage. Voilà une forme d’enseignement effective, concrète, tangible et rodée après un temps, où beaucoup de marchands de soupe ont occupé la filière. Cela se disait dans le milieu de la formation professionnelle, pour signifier que certains organismes de formation n’étaient pas très regardants sur les programmes, pourvu qu’ils vendent leur formation.
Nous détenons le savoir-faire. Nous n’avons plus qu’à élargir un enseignement de masse en continu. Nous ne rencontrons pas de difficulté de qualité ni de quantité pour nous harmoniser aux réalités de la vie socio-économiques.
27 — Sous un ministère tout désigné l’éducation nationale.
1/ La mise en place de formateurs, comme l’élaboration des programmes, nécessitera l’utilisation d’une structure administrative à l’égale de celle en vigueur dans l’enseignement national sous l’égide du ministère de l’Éducation nationale. Celle du ministère du Travail gère la formation professionnelle. Les ECPA n’ont pas seulement à former pour accéder à un métier, se perfectionner dans son métier, intégrer des innovations, mais aussi accéder aux connaissances disponibles de diverses filières universitaires. C’est ouvrir l’avenir sur un inconnu qui se bonifiera tous les jours, car il sera unique au monde.
Concernant les formateurs recrutés, comme les intervenants extérieurs, ils auront l’avantage d’avoir ou d’avoir eu une expérience professionnelle dans leurs spécialités respectives. Comparé à un enseignement académique de base, l’apport est notable. D’avoir eu leur enseignement universitaire, ils ont l’expérience de l’exercice de leurs métiers. Nous connaissons déjà ce genre d’intervenants dans le cadre d’enseignement.
Toute personne qui connaît son sujet à enseigner peut être formatrice. Ces personnes interviendront en fonction de leurs propres aptitudes pédagogiques, ayant nécessité ou non une formation, sous la conduite ou non, d’un corps de formateurs coordonnateur.
Ce corps de formateurs aura pour fonction de mettre en œuvre l’exécution des programmes sous la responsabilité des responsables de centres d’ECPA. La représentation politique pourra décider d’en créer un ministère ou une branche de l’éducation nationale.
28 — Il faut l’imaginer, nous nous imposons d’apprendre, l’adulte est ostentatoire et conservateur par peur, et nous avons notre futur presque illimité.
1/ Incitez une population adulte à s’insérer dans un enseignement de masse, conduisant à générer une nouvelle répartition du temps disponible.
L’imaginer revient à exclure de trouver d’entrer des paramètres préexistants. Les seuls quelque peu approchant seraient ceux découlant de la FPA (formation professionnelle pour adulte). Les comportements seront des plus divers en fonction des situations individuelles. Comme pour toutes actions globales en direction d’une population, à l’équivalent de l’application d’une loi, se dégageront des comportements types, guidés par l’intérêt immédiat d’une source de revenus. Nous ne devons pas oublier que l’enseignement sera rémunéré.
Cette particularité devrait concerner en tout premier lieu les populations les plus démunies. Nous savons que les populations sans qualification sont celles qui s’inscrivent dans les centres de formation professionnelle. Cela donnerait de l’importance au système rémunérateur pour la mise en place pour cet enseignement pour adulte.
2/ Nous n’éprouvons pas une prédisposition naturelle, pour nous instruire par un enseignement didactique, nous nous imposons d’apprendre, essentiellement par besoin économique. Particulièrement quand l’économie familiale s’est vue dépasser par celles des manufactures, les manufactures par l’industrialisation et celles-ci le seront par l’économie de la connaissance.
Chacun d’entre nous est conscient de l’importance de l’instruction, même parfois intolérant vis-à-vis de ceux qui, reconnus comme possédant le savoir, se trompent. Nous ne concevons pas l’erreur comme faisant partie intégrante de notre existence. Comme corollaire, de la non-existence du zéro défaut, comme probabilité certaine qu’un événement erroné se produira du fait même de toute l’activité culturelle que nous avons développée, comme causalité, comme occurrence.
Cette approche nous a fait définir des systèmes punitifs personnifiés, qui en poussant à cacher l’erreur en entraînent d’autres. C’est que nous confondons la responsabilité d’acteur, auteur d’une erreur, et les occurrences de cette erreur qui émane des auteurs de l’événement culturel sociétal. Ces occurrences qui sont conséquentes d’un ensemble, nous les transposons en totalité sur l’acteur. En effet, nous ne pouvons pas sanctionner La Société culturelle, pour la part qu’elle détient au travers de l’enseignement qu’elle véhicule et transmet, dans une existence où le libre arbitre n’existe pas. Sauf pour ceux qui considèrent disposer de la vérité.
Réduire, supprimer les erreurs et ses occurrences dépend de la connaissance et du savoir accumulés dans la compréhension de la complexité des relations interpersonnelles en résonance dans la vie des autres. Bien des erreurs commises durant l’apprentissage familial ou scolaire pourraient être rattrapées ou corrigées. Nous ne devrions plus vivre en compétition, plutôt en complémentarité, comprendre que retenir les meilleurs n’invalide pas l’action des autres, dont la place et l’utilité ne sont pas discutables, voire essentielles.
Pour arriver à cela, nous n’avons pas su légitimer le développement permanent organisé de la connaissance individuelle destinée à chacun tout au long de son existence. Les savoirs sont les ressources intégrantes, et intégrales de l’événement culturel humain. Ils ont accompagné l’humain tout au long du néolithique avec ses égarements que nous comprenons aujourd’hui, et dont certains perdurent.
3/ En dehors du processus professionnel, la diffusion des connaissances, du savoir, des informations demeure un marché.
Plus généralement, acquérir l’habitude d’aller régulièrement dans un centre d’enseignement pour adulte, c’est déjà s’accepter comme perpétuel ignorant. Cela nous reconsidérera avec nous-mêmes, différemment, que rechercher dans des confrontations permanentes, toutes les situations de l’existence pour nous valoriser, faisant parfois étalage de pseudos-savoir, et surtout en dévalorisant autrui.
Nous sommes sans cesse poussés dans nos relations interpersonnelles à correspondre aux références conventionnelles imposées par les autres. Nous nous coulons dans un ordonnancement sélectif des meilleurs compétiteurs. Ce n’est qu’aux yeux des autres, que nous avons une valeur, et nous en oublions de développer la nôtre. C’est d’autant plus important que nous vivons qu’une fois notre vie dans un partage avec celle des autres, au milieu de milliards d’informations recueillies par nos sens à traiter par l’intelligence. Tout sujet unique que nous soyons au sein de notre diversité culturelle, nous partageons des goûts communs, pour être nous-mêmes, et nous avons des chances de ressembler à d’autres par certains aspects. Parmi ces milliards d’informations, être soi ne s’obtient pas par un faire semblant, pour se valoriser, aussi, parfois oser dire que je ne sais pas, c’est plus intelligent, que d’être son propre ennemi. Résister à la demande inconsciente de valorisation pour paraître l’ami ou l’ennemi d’un autre se révèle toujours compliqué, ce que nous reprochera, de toutes les façons, notre miroir conscient.
Dans une société où choisir le meilleur qui exclut l’autre, demeure une pratique sélective d’efficacité devenue aussi une source de paraître ostentatoire, à cause de nombreuses difficultés liées aux frustrations de l’existence.
4/ Nous n’avons pas trop l’habitude de nous inscrire dans un processus d’éducation sans limites. Sauf pour quelques personnes, des professionnels, médecins, scientifiques, certains dirigeants pour rester au fait des savoirs. Pour chacun, tout doit aboutir par nécessité à un objectif perceptible, dans un univers que nous désirons rationnel et déterministe, dans nos émotions là où l’incertitude effraie. La recherche appliquée et la recherche fondamentale en sont l’exemple le plus significatif, l’un rationalise et l’autre s’aventure vers l’inconnu.
L’incertitude rend conservateur par peur, un comportement naturel et non pas une anomalie. S’il correspond à une exigence biologique de la construction de notre psychique, le mouvement évolutionnaire nous impose en permanence à reconsidérer et dépasser la socialisation résultante de notre histoire géohistorique passée. Aucune socialisation ne peut espérer perdurer dans la forme où elle s’est définie. Ceci impose de reconnaître, ce que nous considérons, être une progression vers l’hominisation. Hier, cette incertitude inquiétante était régulée par les croyances et les convictions. Aujourd’hui, c’est détenir de l’argent qui rassure. Avec c’est s’assurer ses lendemains, et quand l’argent fait défaut, nous retournons vers les croyances et les convictions. À aucun moment, nous n’envisageons les connaissances et les savoirs comme l’atout essentiel de notre développement sous réserve qu’ils soient toujours réfutables.
J’ai souvent entendu des hommes politiques plaider pour l’émancipation des populations. Aucun ne s’est tourné vers la démocratisation des connaissances et des Savoirs en tant que but économique rémunérateur pour affronter l’incertitude. C’est d’autant plus dommageable que l’incertitude demeure perpétuellement, la seule terre à conquérir. En permanence, nous voulons anticiper l’avenir, que ce soit en lisant les entrailles d’un animal, en consultant l’horoscope ou en établissant des probabilités.
5/ S’inscrire dans un processus d’éducation sans limites demande de discerner, que nous puissions choisir de vivre en pleine compréhension l’évolution de notre espèce que les connaissances et les savoirs propulsent. Cet accroissement de toutes connaissances du présent n’utilise notre intelligence cognitive estimée qu’à 10 % de ses possibilités. Nous disposons alors d’une marge confortable d’utilisation de notre intelligence. Nous bénéficions pour cela des moyens d’apprendre, d’emmagasiner sans cesse du savoir. Aussi, le futur semble passer par là et, plus les populations seront initiées, plus nous multiplierons les chances d’être inventifs.
Une telle multiplication à notre échelle humaine donne au futur un caractère presque illimité. Nous avons peu de chance que la civilisation capitaliste, à laquelle nous devons aussi les moyens culturels d’une auto-destruction, s’éternise.
29 — Ce futur, c’est aussi une incertitude que nous rejetons, par une illusoire grandeur dans l’essentiel mémorisé, nous pouvons toujours prendre le temps d’apprendre.
1/ Je vais m’attarder un instant sur l’incertitude, c’est un principe fondamental pour les scientifiques, et ceci l’est aussi dans notre existence de mortel avec laquelle nous vivons, au quotidien.
Lorsqu’en 1900, Max Planck, un chercheur allemand, suggéra que la lumière, les rayons X, et les autres ondes ne puissent être émis que par paquets, et les nomma des quantas, et avec lui naissait la mécanique quantique. En 1926, un autre Allemand, Werner Heisenberg, essaya de mesurer avec exactitude un quanta. Il dut éclairer un quanta, et les ondes de cette lumière incidente seront éparpillées par la particule mesurée, indiquant sa position. Comme la lumière suivant l’hypothèse de Planck fait appel à un quanta, celui-ci dérangera la particule à mesurer, et modifiera sa vitesse de façon imprévisible. En recommençant la tentative de mesure, on accroît l’imprécision. Il démontre ainsi que l’incertitude de la position de la particule, multipliée par l’incertitude de sa vitesse, multipliée par sa masse, ne peut jamais être plus petite qu’une certaine quantité que l’on nomme la constante de Planck.
Cette démonstration est appelée le principe de l’incertitude.
Hawkins a écrit que le principe d’incertitude a eu de profondes répercussions sur la façon dont nous envisageons le monde. Ses implications n’ont pas été entièrement admises par nombre de philosophes et font l’objet de polémique. Le principe de l’incertitude indique la fin du rêve d’une théorie de la science, d’un modèle de l’univers complètement déterminé élaboré par Laplace.
Comment à partir de cela prédire les événements futurs avec exactitude si l’on n’est pas capable de mesurer l’état présent de l’univers avec précision ?
Le principe d’incertitude de Heisenberg est une propriété fondamentale inéluctable du monde d’aujourd’hui. 1
Nous comprenons très bien que, si Heisenberg avait eu toute la connaissance et les informations nécessaires pour effectuer sa mesure, il ne s’en serait pas privé. Cette incertitude est liée aux moyens de notre connaissance, et dans sa méconnaissance il utilisa cette incertitude pour établir une valeur indicative.
Ce que nous pouvons retenir de cet exemple, c’est que comme un quanta qui mesure un autre quanta ne suffit pas à définir avec exactitude, avec la même mesure, la position et la vitesse d’un quanta.
Dans ce cadre, définir avec précision, l’homme qui se mesure par lui-même, semble peu probable. Nous en connaissons sa valeur moyenne, dont l’essentielle demeure innée et la malléabilité de son cerveau.
L’incertitude peut être utilisée pour définir une certitude moyenne. Pour l’instant, nous recueillons des informations sur nous en attendant qu’elles puissent trouver des définitions précises et exactes sur nos fabuleuses capacités cérébrales.
Le souhait exprimé par les populations de maîtriser avec exactitude la pensée de chacun, et ce qu’il réalisera demain, nous fera entrer dans un déterminisme rassurant qui n’est pas à la portée de nos investigations.
2/ Pour sourire, d’autres techniques existent aujourd’hui pour cerner au plus juste la position d’une particule, dans les limites fixées par le principe d’incertitude. Notamment en la refroidissant, ce qui ralentit son déplacement.
Nous n’allons pas en conclure que nous devrions refroidir les hommes pour qu’ils se connaissent mieux. Dans les pays froids, nous pouvons observer une plus grande sociabilité, du fait même que leurs déplacements sont restreints. Cela les conduit plus facilement à des relations interpersonnelles pacifistes.
Nous retrouvons cette tendance au travers des pratiques religieuses, dont leurs dieux donnent une image. Les Germains, Baltes ou Slaves n’avaient que peu de pratiques guerrières. Les Celtes, eux, étaient un peuple querelleur et batailleur. Si nous véhiculons encore sur eux des idées de peuples barbares, ce n’est dû qu’à une lecture chrétienne de leur histoire idéalisée, et non à une lecture historienne. Source l’encyclopédie de religions.
3/ Le débat est plus difficile que mon exposé, si l’on retient que la mécanique quantique représente la quantification d’informations. Elles donnent corps à la matière par un processus que nous ignorons. Ces informations donnent des images de ce qui Est, tout en n’étant que des informations virtuelles, un reflet, un double sans consistance physique, mais aux conséquences effectives pour l’observateur, les paradoxes 2. Ceci, rapporté à la conceptualisation de nos schémas abstraits, se pose une question. Que révèle la part de nos réponses à des schémas cérébraux qui pourraient n’être que virtuels, car l’information quantique nous constitue comme toute chose ? Nous nous trouvons devant des informations, dont nous ne possédons pas la maîtrise, qui ouvre sur des mondes dont nous n’imaginons pas.
Nous accomplissons cela à tous les instants ? Nous recevons l’information d’un événement qui s’est produit dans un autre lieu que le nôtre et nous y donnons une réponse conforme à notre sensibilité du lieu où nous résidons, pour bâtir une image mentale.
Dans le monde quantique, la Loi d’unification ou l’ordre sous-jacent ne se trompe pas aussi souvent que notre cerveau par l’imprécision du langage à définir la réalité d’une émotion.
4/ Dans notre existence, l’incertitude s’associe à la probabilité de la survenance d’un désir dont nous anticipons les possibilités de réalisation en fonction des connaissances objectives ou subjectives que nous possédons.
Nous n’aurons toujours qu’une connaissance limitée, d’autant plus que l’ensemble sera complexe ou bien qu’un ensemble simple fasse intervenir un ensemble plus complexe qui nous conduira à des échecs. Ces échecs eux-mêmes accroîtront notre connaissance de toutes choses.
L’échec produit de l’incertitude, et culturellement nous nous en culpabilisons, et nous en punissons. Notre apprentissage est basé aussi sur un système punitif, qui va de la gifle au paradis, par mimétisme, l’événement culturel accroît les contraintes de son exercice.
Ces contraintes engendrent autant de systèmes punitifs inappropriés, par des approches superstitieuses, divinatoires, pseudoscientifiques, graphologie, numérologie, astrologie, etc., qui relèvent de l’escroquerie. Le jour où l’un d’entre eux nous dira, à la seconde, à quelle heure le lendemain, nous allons nous laver les dents, nous pourrons lui baiser les pieds. Pour l’instant, les seuls qui soient exercés à de telles prédictions sont des scientifiques. Eux sont capables de prévoir quand une éclipse aura lieu, ils se gardent bien de prédire quand nous allons nous laver les dents. S’il en était autrement, depuis longtemps, les casinos de jeux et les Jeux auraient fait faillite.
Nous, les humains sommes au-dessus de l’incertitude, nous avons depuis la nuit des temps nos devins, nos astrologues, nos messies, s’instruire n’est pas nécessaire ? Nous demeurons justes à côté de l’univers, dans une planète taillée à notre mesure livrée à notre arbitraire.
Voilà pourquoi lorsqu’un projet, une espérance, une réalisation ne se concrétisent pas suivant la prévision escomptée, quand une erreur survient, nous sanctionnons, nous licencions, nous pénalisons, se tromper est anormal ?
Avec tous ces carcans censés nous apporter la certitude, nous ne parvenons pas à gagner à tous les coups aux jeux de hasard. Pourquoi ?
5/ Pour comprendre l’événement, nous devons arrêter les choses, arrêter le mouvement, peut-être à cause de notre propre existence qui s’arrête aussi, et nous ne savons pas, ou nous ne pouvons pas raisonner en un tout. Si notre cerveau photographie un paysage, nous ne retiendrons que ce qui aura arrêté notre attention, un fragment. Notre regard est comme le faisceau d’un phare, notre attention se fixe sur la partie éclairée. Le reste se fixera dans notre cerveau sans que nous en soyons conscients de manière plus ou moins durable. Nous le figerons dans une image passée, pendant que le paysage aura changé dans l’instant même où nous l’avons mémorisé. Ce changement aura échappé à notre regard. Sans le traitement sélectif actuel de notre cerveau, nous ne pourrions rien fonder, nous ne parviendrons même pas à viser un écrou sur son boulon. Paradoxalement, nous nous disons intelligents alors que le reste du tout nous échappe, et pouvons nous nous prétendre intelligents quand nous n’avons pas accès à notre inconscient ?
Nous perdons au tiercé en fixant une limite à la course. Imaginons qu’elle n’en est pas. Dix chevaux s’élancent de 0 à l’infini, difficile de savoir quel est le meilleur. Non ! C’est simple. Tous les dix kilomètres, nous relevons les ordres de passage. Arrivés à l’infini, nous calculons la moyenne de celui qui est passé le plus de fois en tête aux bornes des dix kilomètres, et nous avons gagné. Nous avons trouvé le meilleur cheval en établissant des positions moyennes, nous pouvons miser dessus.
C’est certain. Non !
Si nous faisons le point, tous les 15 kilomètres, cela en sera un autre.
Le meilleur ne sera pas le réel, meilleur, il ne sera le meilleur que dans l’ordre que nous aurons défini.
6/ Comme, à l’infini, au tout nous n’y avons pas accès, nous faisons partir 10 chevaux sur mille mètres. Nous devons étudier toutes les courses auxquelles ont participé ces chevaux, étudier l’état du terrain, étudier le parcours professionnel des jockeys, étudier la santé physiologique des chevaux et des jockeys, étudier aussi leur santé psychique. En procédant ainsi, nous aurons réduit l’incertitude. Il ne nous restera que la période entre la clôture des paris et le départ de la course, puis les aléas de la course elle-même. Nous jouons au hasard de l’estimation de nos probabilités faute d’arriver à déterminer la probabilité de régularités gagnantes qui apparaîtront en fonction du nombre de chevaux et de parieurs.
Notre existence se déroule avec son système méritocratique punitif. Son évolution est symptomatique de notre clairvoyance à comprendre les événements et, faute de tout comprendre, nous recherchons toujours une imputabilité rassurante.
1 Stephen Hawking. Une brève histoire du temps. Édition Champs / Flammarion. 1989. pp 79 à 88.
2 Note de l’auteur. Les paradoxes de la mécanique quantique ont toujours intrigué les chercheurs, comment un électron peut se trouver en même temps à Paris ou Londres. Une réponse a été apportée, parce que l’un est l’image de l’autre et cette image est un paquet d’informations. Je n’ai pas de compétences pour juger cela c’est le travail des scientifiques, mais ce que j’ai indiqué dans l’avertissement c’est que si notre cerveau est capable d’associer des informations pour concevoir un phénomène «d’ubiquité », c’est que cela doit exister quelque part sous une forme qui nous échappe, car notre cerveau n’invente rien qui ne puisse exister, car il associe des informations existantes dont nous extrayons notre créativité.
7/ Le plus souvent pour gagner, nous ne comptabilisons que les probabilités gagnantes, pas les perdantes.
Quand nous regardons nos possibilités avec la monnaie, nous ne comptabilisons pas les impossibilités qu’elle crée en la raréfiant.
Bien des réalisations d’utilités publiques facilitant la vie pourraient être réalisées en émettant de la monnaie pure par l’exercice du pouvoir régalien des citoyens ou en empruntant à la BCE. Par souci de bonne gestion financière, nous limitons de fait la créativité et l’innovation, bien que nous sachions que l’existence se déroule sur le mode échec ? Certaines sociétés comme Apple le pratiquent dans le cadre de la recherche, quand elles fixent des objectifs de recherche se traduisant par un maximum d’échecs. Cette création de monnaie pure nous permettrait dans le domaine de la santé d’utiliser les dernières découvertes, de lutter contre le réchauffement climatique, d’aménager le réseau routier, etc. Nous préférons n’exécuter des réalisations qu’en fonction d’une rentabilité d’investissements privés. Dans toutes les villes, les problèmes du stationnement pourraient se résoudre par des parkings en sous-sol ou autres. En l’absence de financement ou d’augmentations d’impôts locaux, nous utilisons les voies publiques pour installer des zones de stationnement payant. Si bien que cela en devient un comble. Celui d’avoir des citoyens qui financent par l’impôt les voies publiques et, s’ils sont motorisés, ils doivent payer une taxe pour s’y garer. Nous sommes conduits à de pareilles aberrations là où seule la disponibilité de main-d’œuvre et de faisabilité devrait nous limiter, tellement il existe de possibilité de travail.
Nous intégrons avec l’argent une échelle de rapport comme si nous possédions pour lui un biorythme psychique de nature, là où n’existe qu’un rapport culturel. Cette confusion tient au fait que nous utilisons la monnaie pour régler notre désidérabilité, qui elle est bien de nature. Si nous comptions, combien de monnaie serait nécessaire pour financer nos désirs. L’impossibilité ne viendrait pas tant de la comptabilisation de quantité de monnaies à émettre que de la mesure de la réalité de la durée du temps et de la technologie disponibles nécessaire. Dans une courte analyse, nous constaterions que la vie ne suffirait pas à réaliser tous nos désirs ? En conséquence, affirmer que nous manquons de travail devient une ineptie politique ?
Pour résoudre cette problématique, nous raréfions la monnaie, nous posons un jalon jusqu’à 10 km et nous organisons des compétitions idéologiques que nous pensons essentielles autour de lui. Instinctivement, nous posons des questions existentielles, en ce qui concerne la monnaie, nous les censurons, par nos doctrines politiques.
Rien ne nous empêche d’en définir une nouvelle à côté de celle qui existe de par la rareté, pour que de 0 à l’infini nous trouvions plus de gagnants. Nous en posons une autre, et encore une autre. Seule, la recherche de la puissance et de la domination nous en empêche. Notre psychisme reste attaché aux comportements primitifs qui ne sont pas partageurs.
Nous seuls nous empêchons d’en poser, nous avons entraîné la diversité vers la confrontation, et non vers l’échange, en acceptant par facilité l’héritage de nos ancêtres qui avaient un besoin social de fabriquer des vérités conquérantes.
Étudier tout au long de votre vie, pour réduire l’incertitude liée à la compréhension de notre existence, n’intéresse pas les populations. D’autres utilisent les savoirs sur l’incertitude, la théorie du chaos et bien d’autres pour anticiper nos désirs. Ils nous proposent de l’individualité clés en main, en vous expliquant que nous restons libres de choisir entre toutes les mêmes et satisfaire à leurs enrichissements.
30 — La seule terre à découvrir est l’incertitude, avec modération pour ne pas faire du savoir un dieu, elle n’est que culture, et elle est lente et incertaine.
1/ Cette incertitude, nous l’avons réduite. C’est ce qui s’est produit avec la scolarisation obligatoire, morale et civique. Nous avons instruit les populations pour un objectif, en ignorant les conséquences qui en découleraient au-delà de l’objectif affiché dans l’enchaînement de la dynamique de l’industrialisation. C’est les connaissances, qui hier conféraient la célébrité à quelques érudits, sont devenues généralités en se démocratisant. Elle reste insuffisante depuis le 20e siècle et nous reconstituons une classe, de nouveaux érudits.
Qui peut contester aujourd’hui le bouleversement engendré par l’alphabétisation dans notre organisation sociale mise au service de nos motivations ?
Elle a engendré un développement socio-économique et scientifique sans commune mesure dans l’histoire humaine connue à aujourd’hui. C’est à juste titre que nous pouvons penser qu’enseigner les populations tout au long de leur existence avec la potentialité cérébrale humaine, cela générerait une multiplication d’une semblable progression. Sauf à prétendre, comme les obscurantistes d’hier, que nous allons trop loin.
2/ Si nous regardons le culturel comme un événement en soi, l’accumulation de savoirs d’une génération sur l’autre, de manière empirique ou organisée. Son expansion constante dans les populations ne peut que s’enchaîner, se poursuivre dans les conséquences issues de cet événement. La simple application de la théorie du chaos nous indique qu’une modification d’un des paramètres de son ordre suffit pour influencer l’ensemble. Lucidité oblige, rien n’indique que c’est pour un mieux quand les hommes rêvent de domination. De là, nous avons l’obligation de déclarer la guerre, crime contre l’humanité, et nous engager dans un pacte international de non-agression.
Tout ce domaine inconnu et incertain provient de la conséquence de l’accumulation, exponentielle de savoirs, il représente encore la conquête à réaliser, pour avancer d’un pas de plus vers la civilisation.
3/ Tout ordre culturel, ignorant tend dans sa majorité à être despotique, et exclut toute forme de pensée qui lui paraît hostile. Aujourd’hui, ce phénomène existe toujours. Il se trouve lié à l’ordre patriarcal capitaliste ou au libéralisme capitalistique majoritaire actuel.
Avec ses paradoxes, il énonce une éthique issue de la morale d’origine confessionnelle, ou censure par des raisons idéologiques, ce qui n’avalise pas ou conteste son ordre dominateur.
Les conséquences n’en sont pas moins visibles. Si nous ne pendons plus ou nous ne brûlons plus sur la place publique pour chasser l’hérétique politique, nous le mettons au pilori dans les médias. Dans les faits, cette incertitude qui nous effraie provient de nos actes toujours soumis au mouvement perpétuel d’un instant T du monde objectif. La seule chose qui devrait nous effrayer est notre certitude ignorante. Elle fabrique aussi un doute, paralysant, la vie. C’est là que se trouve la difficulté, comme, dans le cadre de la recherche de la position de la particule, devoir situer leur place, et trouver quand nous perdurons dans la certitude ignorante et le doute paralysant.
D’apprendre de manière continue nous offre plus de chance de passer ensemble les lignes du gagnant que nous que nous trace l’existence, en sachant nous y situer, et conquérir l’incertitude chaque jour sans angoisses.
4/ En conséquence de quoi, nous pouvons espérer qu’une généralisation d’un enseignement pour adulte tout au long de l’existence présentera des bouleversements analogues dans leurs ampleurs, à l’enseignement obligatoire ?. Nous serait-il possible de limiter les effets néfastes que nous découvrons au quotidien, par l’utilisation de nos réalisations dues à l’accroissement de nos connaissances ?
Les scientifiques se soucient de vulgariser leurs découvertes, ils s’inscrivent déjà dans cette vision d’un enseignement pour adulte complémentaire. L’Internet offre cette vulgarisation fragmentairement par des synthétisations, sans jamais pouvoir répondre aux interrogations qu’ils éveillent.
Nous pouvons observer que l’usage commercial ou politique de leurs découvertes ne sert pas toujours l’intérêt de notre espèce en se fixant comme objectif le profit. Cela ne doit pas nous arrêter pour avancer un pas supplémentaire, pour nous dépasser.
5/ Les conséquences d’un accroissement de connaissances ne sont pas linéaires et rationnelles. D’autres facteurs sociologiques sont à considérer. J’en veux pour exemple l’éminent personnage que fut Jules Ferry, qui n’en considérait pas moins la population africaine comme une sous-race. Aujourd’hui encore, toute notre connaissance n’a pas fait disparaître ce syndrome de la race ni un retour vers le créationnisme du conte fondateur de la genèse. Croire en un dieu créateur de l’univers n’est pas s’attacher à un conte d’Hommes intelligents avec peu de connaissances de la compréhension du monde connu aujourd’hui.
Plus actuelle, la croissance de certains jeux vidéo est plus proche de l’abêtissement que du progrès de l’intellect. Alors même qu’ils sont le produit de l’utilisation d’une technologie élaborée, permettant d’accomplir des tâches grandioses. N’y apprenons-nous pas à des enfants, au travers de certains jeux virtuels à faire peu cas de la vie ? Dans d’autres, à jouer avec des jeux apologiques, dans lesquels il suffit de tuer, ou de se racheter une vie si l’on y meurt soi-même, voire de supprimer par la force la civilisation du mal.
Que dire aussi de cette tendance à un individualisme mercantile excessif où le repli sur soi, conduit à une idolâtrie élitiste, à fabriquer des exclus ?
Des exclus pauvres qui s’enferment dans des ghettos pour survivre, et des riches qui se ghettoïsent dans des espaces sous vidéo, et cernés de forces de police.
Nous ne devons pas croire que le savoir est le remède miracle de toute chose. Il ne pourra pas remplacer l’intuition, le bon sens commun, la sensibilité, tout ce qui constitue l’Homme. Cela appartient à sa conscience, à son esprit, à son âme qu’elles soient mécanistes ou spirituelles, au 90 % de potentialité du cerveau à utiliser. Cela appartient à la sagesse à laquelle se rapportent certaines cultures ancestrales. Ces capacités sont en possibilités d’être à chaque naissance, elles peuvent être développées par la matrice culturelle, si l’environnement le justifie.
La science n’est pas une fin, un moyen seulement. Nous ne devons pas confondre, sciences interprétatives et sciences expérimentales. Le besoin de se rassurer ne doit pas transformer une voie de découverte, en un dieu oppresseur, pour remplacer l’image du père divin recomposé.
Enseigner les découvertes apportées par les sciences dans les ECPA rémunérés doit nous permettre d’observer le monde sous un autre angle que celui du seul système capitaliste non compatible avec les défis écologiques planétaires.
6/ Je dois préciser qu’apprendre ne suffit pas, si nous ignorons que nous sommes une espèce animale, qui se qualifie d’humaine. Ce qualificatif peut nous laisser croire que nous serions par culture sans possible successeur dans le futur, et que notre activité est paisible. Si nous n’avons pas à douter de notre création, comme toute chose dans l’univers, ignorer appartenir au qualificatif par lequel nous avons désigné les autres espèces vivantes reste problématique et source de
nombreux conflits. L’utopie futuriste serait de croire qu’un enseignement permanent des populations pourrait façonner chacun de nous en un philosophe populaire ou en un génie permanent, qui échapperait à cette origine. Là, où dans notre monde, le dominant animalier est recomposé en dominante systémique, et qu’il est d’usage d’utiliser toutes choses du système pour asseoir sa supériorité et sa richesse.
Un dominant systémique, où ceux qui y sont soumis n’ont rien à attendre des constructions dominantes sourdes à autre chose qu’au rapport de force. Caractéristique de constructions sociétales dominantes d’un processus d’apprentissage millénaire, existant tel quel, depuis 5000 ans, comme le propre reflet de nos espérances contingentées. C’est de cet ensemble que les connaissances doivent nous émanciper.
C’est pour cela que toujours soumis au primitif recomposé par la culture, tant de révolutions sont devenues des dominations. Croyant préparer celle de l’esprit, elles n’aboutirent qu’à réaliser celle de la matière, clouant, la plupart du temps, au pilori tour à tour penseurs et philosophes pour éréthisme.
7/ Le savoir est une lente édification. En conséquence de quoi, nous devons escompter une lente modification des comportements et de la réflexion ?
Ceci me paraît une évidence dans notre monde actuel en ayant une certitude optimiste. L’évolution poursuit sa route, avec nous, indépendamment du fait que nous concevions ou non, en conscience d’y contribuer. Les ECPA seront une voie vers une évolution domestiquant le primitif surgissant à chaque compétition.
Si jamais, pour la nature, pour le monde objectif, l’humain doit être un essai manqué, il reste encore quelques milliards d’années d’existence à notre planète, pour générer une autre espèce. Nous pouvons nous préserver de cela, en détruisant nos armes de destruction massive, qui sont loin de faire la gloire de notre espèce, ni celle de la conscience et de la pensée associative, dont nous avons hérité. Si c’était pour en arriver là, la nature et tous les dieux auraient dû nous laisser des primates.
8/ Le savoir est aussi incertain. Rien ne peut garantir que ce soit pour un mieux comme je le soutiens, nous vivons dans un univers développant la totalité de son ordre sous-jacent. Nous, nous organisons le nôtre dans l’ignorance de cet ordre sous-jacent et de cet univers objectif dont nous contons la Baryogénése. Nos connaissances ne sont en rien une garantie d’un développement harmonieux. L’univers n’existe pas pour nous, c’est nous qui existons dans l’univers sans savoir pourquoi.
Pour donner une métaphore de mon propos, c’est comme, si le foie s’interrogeait sur les raisons de son existence dans le corps, en méconnaissance de son fonctionnement et dans l’ignorance de l’existence du cerveau.
Nous vivons dans cette difficulté. C’est toujours le même cerveau qui construit les contes qu’il peut comprendre. Seuls les moyens technologiques à sa disposition ont changé. La genèse biblique et la Baryogénése contemporaine ont été pensées par la même construction cérébrale. La science, en redéfinissant la création, n’a pas supprimé l’incertitude.
Nos organisations sont des systèmes fermés pour soigner les angoisses existentielles humaines de l’incertitude.
Le plus perceptible dans nos sociétés est le nombre grandissant de textes réglementaires et l’accroissement des systèmes punitifs devant la modification des repères traditionnels, famille, école, religion et culture.
Ils regroupent les Hommes dans des organisations mécanistes lisibles par eux, les dominants systémiques. Ils engendrent une homogénéité de comportements culturels que nous nous acharnons à conserver en l’état dans leurs diversités.
Nous n’avons pas trouvé comment comprendre et s’organiser dans l’ordre universel. C’est un ordre en perpétuel changement, en équilibration 1 en échange permanent. Nous, ne sachant pas pourquoi, nous existons, nous nous construisons des finalités compréhensibles par des ordres qui s’affrontent, ils remplissent l’incertitude.
J’intègre sans précautions le second principe de la thermodynamique, conçu pour traiter des problèmes de la dégradation de l’énergie, dans l’ordre social. Nous ne nous composons que d’énergie que nous dépensons plus ou moins en fonction même des organisations systémiques élaborées. Cette consommation influence directement notre système émotionnel et engendre des comportements interagissant avec l’ordre des organisations systémiques.
Pour comprendre tout cela, nous bénéficions de systèmes déterministes que nous pouvons lire pour faire des prédictions. Nous profitons de systèmes aléatoires pour y lire le déterminisme qu’ils incluent, c’est long et fastidieux, et nous en retenons les probabilités. Nous disposons du système dit chaotique que nous concevons d’être. Nous ne parvenons toujours pas à y lire la conséquence entraînée par la modification d’un de ces plus petits composants. Il est connu sous le nom familier de l’effet papillon de Edward Lorentz, découverte au cours de l’étude des manifestations météorologiques, sauf au travers des deux précédents. Tout cela, nous le vivons par le ressenti et nous l’avons traduit populairement, nous connaissions ce principe d’effet papillon comme l’illustre cette comptine.
Faute de clous, on perdit le fer ;
Faute de fer, on perdit le cheval ;
Faute de cheval, on perdit le cavalier ;
Faute de cavalier, on perdit la bataille ;
Faute de bataille, on perdit le royaume.
Diffuser le savoir à six milliards d’individus reste incertain, et de fortes probabilités existent, qu’un seul d’entre eux génère l’effet inverse à celui espéré, autant qu’un l’induise. Reste que l’optimisme est de considérer que plus de cinq mille ans nous ont suffi pour définir un temps conventionnel, et comprendre qu’il n’est que cela. Ceci autorise une espérance devant les 4,5 milliards d’existences qui restent à notre planète.
31 — Une espérance qui nous astreint à l’effort du fait de notre matérialité.
1/ Les progrès de l’espèce humaine ont apporté un peu d’ordre dans la compréhension du désordre croissant de l’univers 2. Notamment par la théorie du chaos qui laisse espérer une compréhension du désordre 3 Cette réflexion, qui concernait la connaissance de l’univers cosmique, est aussi applicable à celle de notre existence. L’homme n’échappera pas malgré lui à l’obligation de s’éduquer en permanence pour avoir une compréhension plus complète du déroulement de son existence. Faire face à cette entropie inévitable, pour la maîtriser ou l’accompagner, à l’exemple de la théorie sur le chaos. Une fois de plus, comme par le passé, malgré nous, nous devons trouver des indicateurs à notre existence.
Ils ne sont pas seulement à chercher en levant les yeux vers l’univers pour l’interpréter, en comprenant aussi de manière réfutable ce qui s’y passe, que de comprendre que cela se passe aussi sur la terre. C’est le même cerveau qui décrypte l’un et l’autre et associe les informations qu’il a recueillies.
Et si nous levons les yeux pour y trouver quelques vérités, dans ces conditions, nous avons déjà perdu. Nous devons accepter que nous existons sans savoir pourquoi, et que cela ne nous empêche nullement de nous interroger face aux réalités. Et personne n’aurait pu imaginer que, pour notre espèce, qui s’est glorifiée de ne pas être un animal, ce fut dramatiquement difficile de trouver à se nourrir. Là, nous risquons d’entrevoir cette vérité qui nous conduit, à croire. Elle va toujours nous aspirer jusqu’au point d’un absolu, un point où tout ce que nous aurons bâti s’écroulera. Comprendre ce déroulement devrait nous sortir des dogmes séculaires d’antan et apaiser toutes confrontations idéologiques.
Aujourd’hui, les savoirs d nous aspirent vers cet absolu malgré nous, au bout de l’évolution terrestre. Toutes les civilisations l’ont défini comme un lieu de renaissance après la mort.
Avec la physique quantique, nous savons n’être que des particules, dont toute la matière de l’humanité tiendrait dans un dé à coudre pesant 280 000 tonnes. Nous avons un effort à accomplir pour intégrer des notions qui bousculent notre entendement en ouvrant de nouveaux univers et de nouvelles espérances.
2/ Aujourd’hui, la rupture existant entre la scolarité préparant à la vie active et les connaissances les plus pointues demande un effort d’adaptation pour se réinsérer dans un cycle d’enseignement pour adulte.
La fin de la scolarité est perçue comme un soulagement, c’est certainement qu’elle s’est construite ou conçue autour d’un développement historique matérialiste, 4 par nécessité de produire avec d’honnêtes citoyens travailleurs. L’homme n’en reste pas moins un spiritualiste attaché à l’ignorance pourvoyeuse de dieux irréfutables ou aux croyances de certitudes scientifiques réfutables pour combler son ignorance.
Hier comme aujourd’hui, la plupart des Hommes ont demandé à leurs dieux de gagner au loto. Offrant aux dieux les biens terrestres auxquels ils tenaient le plus, pour recevoir davantage que ce qu’ils avaient donné, et d’autres de suivre des martingales procédant du même besoin de croyance primitif.
Le domaine du développement de la pensée ne se tarit jamais, chaque information reçue la fortifie. Nous n’avons pas de raison d’écarter les populations profanes de l’instruction universitaire supérieure.
Chaque Homme est un penseur, parfois j’ai l’impression que nous la regardons comme propriété individuelle spontanée ne nécessitant pas un apprentissage de toutes les connaissances disponibles pour être plus élaboré. Ils se comportent avec les savoirs de chacun, comme au fait, des moyens de penser l’avenir. Les hommes se jettent à la figure dans des débats sociétaux d’avenir des arguments d’école primaire, et se plaisent à accrocher à la queue de chacun, des casseroles qui font leur joie. En serions-nous restés là ?
1 Terme emprunté à l’épistémologie génétique de Piaget, l’équilibration est l’état dynamique qui n’est pas un équilibre mécanique mais un rapport entre l’assimilation des situations extérieures nouvelles dans les structures existantes et la transformation de ces structures pour s’adapter à des situations extérieures, un processus d’autorégulation.
2( Hawking, S, Une brève histoire du temps, éditeur, Flammarion, 1989, pp185 à 197)
3 ( Gleick, James, La Théorie du Chaos, éditeur Flammarion, 1991)
4 Matérialiste, dans le sens de manière de vivre, état d’esprit orienté vers la recherche des satisfactions et des plaisirs matériels.
3/ La pensée entraîne des controverses quant à son origine, nous nous retrouvons facilement par elle, dans le but de la production d’un bien matériel. Nous avons peur de la regarder comme une organisation mécaniste (biologique) qui se perfectionne, craignant en cela d’altérer l’humain, de le déposséder de son côté spirituel. Nous nous contentons d’en repousser plus loin la limite. La pensée associative est à la base des effets culturalistes, comme événement en soi. La maintenir dans un renforcement seulement empiriste, ou élitiste, ou transcendantal, conditionnera l’événement culturel. Considérer l’enrichissement de la pensée comme résultante de l’accumulation de savoir, et de connaissances tout au long, de la vie est un effort auquel nous serons astreints, et nos stratifications sociales devront l’intégrer.
Notre pensée intègre toutes nos découvertes de manières morcelées suivant leurs divulgations. Elles bouleversent nos repères antérieurs, nous laissent ce sentiment actuel de désordre. Tout simplement, l’ordre antérieur nous permettant de nous lire n’est plus adapté aux modifications qu’il a engendrées. Il en découle même, appauvrissement et confusion.
4/ La matière organique constitue notre corps, et les particules composent la matière. L’un se touche et se voit, l’autre s’imagine et se détecte. L’ordre de préséance naturel du biologique ou physiologique ne peut déployer l’esprit sans passer par la satisfaction des contingences de la matière. Celle-ci permet de penser l’existence d’une entité transcendantale d’une existence sans matière. Les pratiques traditionnelles culturelles, et les ordres religieux spiritualistes y ont assujetti la pensée dans la constance d’une transmission de la vérité reçue d’elle. Cette vérité transcendantale, qui veut figer une fois pour toutes l’événement culturel, l’altère.
Nous comprenons pourquoi tous les changements de civilisations ou essais politiques demeurent si violents.
Quand nous examinons ce qui relie le matérialisme et le spiritualisme, c’est que tous les deux le justifient par un même moyen de communication, notre cerveau nommant l’être et l’univers.
Lorsque deux avis contradictoires s’affrontent, tous les deux sont justifiés par informations retenues par chacun pour les développer, et chacun d’eux a raison. Nous savons ne pas pouvoir concevoir des choses qui n’existeraient pas, ou qui ne seraient pas en potentialité d’être. Si l’un et l’autre ne s’échangent pas les éléments émotionnels et informations, fondant leurs avis, ils ne parviendront jamais à une concordance. Ils n’arriveront jamais au lieu, au seuil, où leurs avis forcément se rejoignent.
Le frein ou la dissuasion à cela, c’est la durée du temps.
Le temps qu’il a pu manquer pour apprendre.
Nous manquons de temps pour cela, et aujourd’hui c’est une impossibilité de passer tout notre temps à nous comprendre, par l’activité que nous passons, consacrée d’autres tâches.
Et nous comprendre relève aussi d’une impossibilité physiologique, où la vitesse des émotions est plus rapide que la pensée, et l’expression orale plus lente que celle-ci ! Avec l’oralité, nous restons toujours en retard sur l’événement perçu par nos sens, et formulé par la pensée. Nous sommes condamnés à n’en établir qu’une traduction partielle, et nous concevons des expressions qui englobent des concepts de pensée qui réduit notre individualité en regroupant les semblables.
Notre raison a toujours un temps de retard sur nos émotions. Comprendre cela est important, surtout quand nous devons en apprécier les conséquences dans notre existence vouée à l’obsession punitive.
Nous pouvons trouver du temps, et appliquer des techniques pour nos relations interpersonnelles. Elles seront d’autant plus efficientes si nous enseignons les découvertes des mécanismes de la pensée, et de la conscience qu’apporte la recherche dans les neurosciences.
32 — Comment se représenter une idée du comportement de la population par la formation, qui est une démarche limitée par l’idée de soi ?
1/ Comment imaginer le comportement d’une population pour laquelle entrer dans la vie active n’entraînerait pas forcément une scission avec un processus d’enseignement général permanent rémunéré ? Ce peut être comparé que par analogie avec des formes qui s’en rapprochent. À ce jour, je ne connais pas de sociétés l’ayant intégré dans leur développement culturel. Pour autan nous n’avons pas à prendre sa complexité pour une infaisabilité. Nous avons fait face à la réduction du temps de travail qui a réorganisé l’utilisation de notre temps individuel, et celui des outils de production et de service.
Si nous examinons les données sur la formation professionnelle se rapprochant par la forme des ECPA, 30 % des actifs, en moyenne, sont concernés actuellement. Son essor a été lent depuis l’éducation permanente prônée en 1969. La cotisation obligatoire des entreprises est passée de 0,8 en 1970 à 1,5 % aujourd’hui, de leur masse salariale. Les grandes sociétés y consacrent jusqu’à plus de 3 %, et certaines d’entre elles détiennent leur centre de formation. Tandis que les branches professionnelles ont créé des centres de formation spécifiques, et des structures de collecte et de redistribution des fonds disponibles.
Nous pouvons en déduire que l’enseignement professionnel public convient à la préparation aux métiers, il ne peut pas satisfaire aux exigences de productivité et d’adaptabilité micro-économique que formulent les entreprises. Des rôles ne sont pas inversés, l’école enseigne et donne des bases d’émancipation qui trouveront leur application dans le déroulement de l’existence. Il reste que c’est l’activité économique qui génère les aptitudes nécessaires à la production d’un produit et autres services. Ces aptitudes deviendront des métiers et des filières professionnelles que l’école enseignera. Son rôle n’est pas de pourvoir le monde du travail d’esclaves ni d’enseigner cette tarte à la crème d’esprit d’entreprise.
Voilà pourquoi la formation professionnelle permet de faire les ajustements nécessaires entre l’école et le monde de l’entreprise. Comme ceux particuliers destinés aux chômeurs pour trouver une activité dans d’autres branches professionnelles ou favoriser l’accès à de nouveaux emplois dus au développement de nouvelles technologies.
Cet outil d’adaptation et d’ajustement est resté peu utilisé, seulement 4 % des salariés pratiquent une démarche personnelle de formation, et son regain d’intérêt est récent à bonne ou mauvaise raison. Il faut préciser que la législation n’a pas toujours facilité la démarche. L’usage d’Internet se développe avec l’E-LEARNING made in É.-U, considérant que le savoir disponible sur Internet est accessible à chacun, et il leur appartient d’apprendre seuls. Nettoyé de ses marchands de soupe, et de ses modélisations propagandistes, c’est, là entre les mains de professionnels, un outil de grande diffusion de la formation professionnelle, voire du savoir et de la connaissance didactique.
Il ne ressort pas de ceci une tendance de la population de se former en dehors des besoins économiques. Pour acquérir des connaissances en sciences humaines pour mieux appréhender la complexité du monde. Aujourd’hui, Internet et l’IA répondent à nos questions, les réponses ne font pas de nous des experts de la partie interrogée.
Ces quelques remarques donnent une notion de l’effort à consentir, pour accepter l’idée d’un enseignement généraliste permanent pour adulte.
2/ Même dans un secteur d’activité où il existe une possibilité permanente de formation, elle reste un palliatif, et n’est pas intégrée comme un processus constant pour tous d’acquisition ou de perfectionnement de connaissances sociétales. La formation professionnelle caractérise cette permanence dans notre esprit, d’une rupture entre enseignement général et vie active. Pour l’accès à un emploi, l’exercice d’un métier, son attrait se manifeste. Il cesse dès que nous nous estimons suffisamment formés, l’idée de soi est essentiellement tournée vers l’activité, professionnelle, et les ressources qui en découlent.
Nous réduisons l’exercice de nos potentialités à la poursuite d’un but unique, sans lequel nous ne nous reconnaissons plus d’existence sociale, source des plus grands destins, ou des plus sombres misères. Il nous apparaît impossible à changer cette idée de soi que valorise le travail, nous craignions de passer derrière notre miroir.
Nous ne craignons pas de l’effectuer pour ce même but, en allant au-delà de notre rythme biologique circadien en détenant une activité 24 h/24, et même sanctionner les erreurs auxquelles elles nous conduisent.
Nous devons avoir une autre idée de nous à ajouter, avoir une démarche estudiantine à inclure dans le temps de travail et le temps libre.
33 — Avoir une démarche estudiantine plutôt qu’être spectateur, et socialement riche pour rompre un isolement, dans une société civile très sollicitée à consommer. Consommation à laquelle il est difficile de résister, malgré quelques tentatives.
1/ Ceux qui auront leur quotidien transformé par la fréquentation des ECPA, sont, les groupes sociaux comme les mères ou pères au foyer, les retraités, les chômeurs. À ces groupes, nous pouvons y ajouter la jeunesse des cités dites à risques qui se cherchent des revenus dans l’économie souterraine. Et également tous ceux qui peuvent disposer un peu plus aisément de leur temps libre que les actifs, et qui devront intégrer une démarche estudiantine.
C’est une démarche qu’ils considèrent ne plus être, de leur ressort, assurés de leur statut d’adulte. Ils se rassurent de leur expérience du vécu, et de notre notion de liberté, nous laissant croire échapper à l’apprentissage quotidien, en nous soustrayant à l’enseignement organisé. Nous préférons en cela avancer à tâtons pour analyser toutes les informations que nous observons, recevons et enregistrons. Ce sont des informations intégrantes de l’apprentissage empirique, auquel nous n’échappons pas en fin ultime. Elles construisent la pensée individuelle et la créativité, et nous pouvons les enrichir par un enseignement plus efficient.
L’enseignement par les ECPA permet d’accéder aux connaissances et savoirs disponibles sans avoir à les redécouvrir et s’enrichir d’informations utiles à la construction de ses réflexions et aux créativités pouvant se faire jour. Ce fut le cas avec la scolarité obligatoire.
L’enseignement organisé nous permet de gagner du temps pour ne pas redécouvrir ce qui l’a déjà été par d’autres : d’être d’éternels étudiants plutôt que spectateurs de notre existence.
2/ Dans ces groupes sociaux, la télévision totalise plus de 3 h d’audience quotidienne, à l’exception des 9 % de foyers qui n’en détiennent pas.
Les postes de télévision restent allumés en moyenne 5 h 15 par jour, pour les inactifs, en moyenne 3 h 50, et les personnes âgées de plus de 50 ans, 4 h en moyenne. Un inactif occupe environ 1 300 h annuelles d’écoute télévisuelle, presque, autant de temps que celui que consacre un actif au travail (1 355 heures en 2000).
Seuls ceux qui ont un intérêt à le dire d’affirmer que la télévision n’a pas d’incidence sociologique sur les citoyens. Or, 92 % des téléspectateurs s’y forgent leurs opinions politiques.
3/ Cette utilisation du temps qu’ils voudront consacrer aux ECPA les emmènera à organiser leurs journées en gérant leurs occupations journalières de toute autre manière. Nous savons effectuer cela, l’industrialisation a bouleversé par le passé la vie des Hommes.
Ce côtoiement générationnel devrait être un facteur sociologique essentiel des effets seconds des ECPA, naturellement l’âge induit sociologiquement des seuils de séparations que nous retrouvons dans certains de nos comportements et activités.
4/ Notre société a mis en exergue l’individualisme, et la réussite individuelle comme épanouissement devant s’accomplir au détriment de la relation collective.
Dans cette optique, tous les développements technologiques individuels sont privilégiés, ils offrent plus de débouchés économiques pour les créateurs.
Certains offrent l’illusion d’avoir le monde avec soi sur le simple clic d’un quelconque appareil. Nous pouvons nous féliciter de la mise à disposition de toutes sortes d’informations dont nous avons besoin en un temps record. Toutes ces innovations vont profondément changer nos existences dans les relations interpersonnelles. Elles ont eu tendance à séparer, et isoler les Hommes d’un contact social qui forge la discussion collective, et donne naissance à la société civile.
Nous assistons au paradoxe où, dans une société dont les moyens de communication sont en surabondance, nous nous parlons de moins en moins directement. Nous trouvons de moins en moins de temps pour l’échange relationnel interpersonnel. Dans le même temps, nous ne nous sommes jamais autant croisés, et autant parlé par appareil interposé.
Cela est certainement dû aux espaces de temps libres que les publicistes nous incitent d’occuper en consommant sous toutes ses formes. Le comportement des clients, dans les magasins en super marché, est bien différent, de ces mêmes clients dans leurs marchés locaux. La durée du temps passé devant sa télévision sur Internet et autres logiciels se fait obligatoirement au détriment d’autres utilisations du temps libre, les journées ne sont pas extensibles.
La coupe du monde ! Cela fait peu une fois tous les vingt ans.Nous l’exerçons encore dans le monde associatif, exclusion faite des associations de sports et de loisirs qui représentent 13 % du monde associatif sur 39 % qui se disent adhérents d’une association. Le monde associatif s’est ouvert et tourné vers l’intérêt individuel, et les associations de défense d’intérêts communs sont en recul.
Reste l’école, nous avons vu ces dernières années des lycéens se prendre en charge pour défendre leur point de vue. Seront-ils en mesure de poursuivre leur expression citoyenne, ou seront-ils absorbés par la société de consommation, comme l’ont été leurs aînés de 68, d’autant plus qu’ils s’identifient par rapport aux biens de consommation ? Ils se coulent parfaitement en cela, dans le moule qui consiste à exister comme nous consommons.
Les religions, nous avons bien une recrudescence de religiosité chez les musulmans, elles ont fait la preuve de leurs inaptitudes à diriger la société par frilosité réformatrice, en restant attachées à des contes fondateurs dépassés par la science. Elles constituent plus un refuge, un soutien psychologique à nos peurs. Ce n’est pas non plus en se tournant vers des gourous de tous poils que les réponses qui nous échappent apparaîtront. Le futur sur terre n’existe pas avant que nous ne le construisions au présent dans la mémoire du passé.
Pour oublier que penser, le juste à propos de toute chose est difficile, nous préférons consommer par finalité.
6/ Le rôle si important de communication directe et d’échange par les relations interpersonnelles tend à s’amenuiser. Quelques tentatives de cafés à thème, de philosophie, d’astrophysique, de réunions de quartiers et d’associations y remédient, dans une société tournée vers l’individualisme et la famille. Ce n’est pas l’engouement sportif qui constituera un support à la démocratie. Nous devrons trouver un autre moyen de vitaliser la citoyenneté. Les ECPA pourront y contribuer avec des citoyens qui ne se retrouveront pas dans des lieux, où on leur demandera de produire et de se taire, de prier, de consommer, d’apprendre docilement.
Non que ces lieux ne soient pas ceux de notre existence, l’on nous demande d’y être des spectateurs participants, ni des étudiants émancipés.
34 — Il faut maîtriser notre intelligence culturelle pour ne pas être robotisé.
1 : Dire ce qu’il adviendra de la fréquentation des ECPA relève de la divination. Nous savons qu’une intelligence culturelle comme celle qui caractérise notre espèce ne se construit pas dans l’isolement. L’isolement est un danger pour des institutions démocratiques s’il met la société civile à mal ou en péril. Nous n’avons pas à craindre l’enseignement des ECPA.
La consommation de technologie ne s’oppose pas à la société civile ou à la démocratie, elle entraîne des déplacements d’emplois et son déploiement doit être suivi, en ce qu’elle nous affecte. Elle implique des changements sociétaux. D’évidence, la mise en place des ECPA bouleversera la société comme l’a bouleversée la technologie. N’importe quelle variation engendre des effets en allant continûment de l’ordre vers le désordre. Nous ne les percevons pas avant un laps de temps variable, comme le démontre l’incidence polluante de l’activité industrielle sur la nature. L’ECPA reste soumis à cette loi comme toute chose pour s’inscrire dans l’évolution du monde.
La dynamique d’une loi physique n’est pas une garantie, nous le savons. Par exemple, rien ne nous garantit qu’à une organisation démocratique en succède une autre et que le mot de démocratie suffît à le préserver. Rien ne garantit que l’ECPA se mettra en place comme je le souhaite, les Hommes poursuivent des buts, et souvent l’aboutissement peut être différent de ceux imaginés préalablement. Au travers de la fracture intellectuelle s’observe une certitude : c’est que le monde devra accélérer et démocratiser l’enseignement des savoirs.
Chacun de nos actes engendrés par notre ordre social modifiera ce même ordre. Ce n’est pas que nous avons défini seulement la responsabilité individuelle, plus facile à comprendre qu’elle efface, raye, gomme, lave la responsabilité collective inductive dans la survenance d’un événement. C’est de cet environnement collectif interdépendant que chacun retire son existence. Nous craignons que l’approche de cette responsabilité collective nous exonère de la responsabilité individuelle d’acteur dans l’existence.
C’est là, encore une approche du débat dualiste traditionnel individuel/collectif que nous sommes loin de maîtriser. Dans la plupart des pays, nous avons encore des sanctions punitives, de l’ordre de la peine de mort, de détention à perpétuité, ou des peines dites exemplaires. Elles n’ont rien de juste, elle répond à un besoin d’ordre et d’émotions. Rien de semblable avec une justice divine qui était présentée comme suprême et absolue. Celle-ci n’existe pas, elle est juste un paradigme de l’application de la vengeance individuelle ou de la vindicte populaire. L’État se substitue aux personnes pour ne pas donner cours à l’engrenage à la vendetta, œil pour œil, dent pour dent, etc., et, qu’elle soit exercée par le pouvoir politique, cela ne change pas le fond. Que la communauté puisse évaluer la part de responsabilité qui lui incombe dans tous manquements d’un des acteurs nous apparaît difficile, car cela dépasse l’entendement émotionnel pour entrer dans une raison scientifique connue, l’effet papillon.
Chacun connaît le vieil adage qui dit : nul n’est censé ignorer la loi. Cette expression, permet de se dédouaner, et rien n’est plus sot que cet adage, dont la finalité vise, à ce que cette méconnaissance des lois ne servent pas d’excuse à leur transgression. Le capitalistique génère, avec la compétition pour la rareté et la méritocratie, de l’exclusion, du crime et de la délinquance, et nous n’acceptons pas l’ignorance des lois. Ces effets pervers du capitalisme existent depuis des siècles dans le déroulement du néolithique, et ne peuvent trouver de solution malgré tous les systèmes punitifs, par la persistance d’inégalités socio-économiques. Les souffrances de ces inégalités créent des conflits en tout genre. Ceux qui conduisent à la violence sont examinés par la justice dans un cadre individuel et non holistique. Les victimes réclament la justice, pour ne pas dire vengeance. Elles sont accompagnées par ceux qui soutiennent que l’application d’une punition vengeresse aide les victimes à faire leurs deuils.
Nous comprenons facilement que construire plus de lieux d’exclusions en tout genre est plus simple que d’investir dans ceux d’intégrations. Mais, pour cet investissement, en permanence, nous devons enrichir de connaissances notre intelligence culturelle humaine pour remonter aux sources de toutes les violences. Nous devons aussi échapper aux comportements ataviques, que relaient les informations culturelles pour ne pas être lobotomisées par l’incurie patente à répondre par la violence faute de mots, pour soulager la violence de nos maux. .
2/ Sans nous en rendre compte, nous possédons une culture franco-américaine, comme la plupart des pays de la communauté européenne, et d’autres dans le monde. Cela, c’est imposé par la position dominante du commerce américain dans les échanges internationaux. Installés comme référence type des relations commerciales, ils abondent dans le lobbying (groupe de pression). De nombreuses écoles primaires et secondaires sont en Amérique parrainées par des producteurs de produit de consommation dits énergétiques.
Que nos futurs penseurs soient le café X, le soda Y, ou des vidéoclips serait navrant. Que nous apprenions nos innovations par l’intermédiaire des œuvres de sciences-fictions, comme des robots qui reçoivent leur culture en même temps que la pâtée.
35 — Faire une place aux Enseignements complémentaires pour adultes, par l’incitation financière ou par une pensée d’utilité potentielle, pour ne pas rester des hommes des cavernes.
1/ Pour les actifs, ce sont leurs activités professionnelles, la durée du travail et le temps de loisirs, qui seront déterminantes pour ajuster leurs participations, et faire une place aux ECPA. Pour que les ECPA rémunérés soient l’intermédiaire d’une économie de la connaissance, nous devons lui faire une place entre le travail et les loisirs. Rares sont ceux qui y croient. Nous nous comportons comme pour l’enseignement obligatoire, la formation professionnelle, la réduction du temps de travail, ou l’augmentation du temps libre. Le patronat et ses soutiens politiques de la droite conservatrice s’y sont opposés. Une fois en place, ils s’y sont investis pour en retirer des profits, et personne n’envisage de revenir sur l’économie des loisirs introduits par le temps libre.
2/ Je ne crois pas que l’envie de s’instruire conduise à la participation aux ECPA. Si l’envie de savoir et connaître, durant son existence, dans le but de développer la pensée créatrice existait chez les hommes, depuis bien longtemps une organisation se serait structurée, du seul fait de la demande. Comme ce besoin émane de l’événement culturel. Notre raison s’en saisit et l’impose politiquement, l’anticipation d’un gain financier aura l’incidence la plus immédiate. La rémunération proposée constituera un appel d’offres comme source de revenus, ou complément de revenus, et dont sa répercussion sur la vie économique engendrera de profondes transformations. Elles auront des incidences sur nos espérances dans l’estimation d’un seuil de revenus autosuffisants. Je ne vois pas qui refuserait un moyen de compléter ses ressources. à partir d’une organisation sociale pour satisfaire nos désirs insatiables,
À moins que, nous prenions subitement conscience de l’utilité à consacrer, la pensée pour d’autres finalités que le seul matérialisme, compte tenu de nos immenses potentialités cérébrales.
3/ Le développement de la pensée créatrice passe par trois étapes. Ces étapes sont la saturation, l’incubation et l’illumination, suivant Hermann von Helmhonltz, un physicien-physiologiste de 1821 à 1894. Freud lui énonce dans la première topique le conscient, l’inconscient, et le préconscient ou l’antichambre de la conscience. Dans la seconde topique il explicite, le ça, le moi, le surmoi, et Piaget formule l’assimilation, l’accommodation, l’équilibration.
Si j’ai cité Helmhonltz, c’est que l’on comprend facilement que notre enrichissement de la pensée créatrice se réalise par une structuration et une accumulation de savoirs et connaissances, recueil d’informations, réflexion, action.
Cette notion, qui sous-entend un but, est particulièrement difficile à ajouter à l’incertitude s’il n’est que tendre vers une pensée d’utilité potentielle. Nous percevons cette difficulté avec nos enfants qui doivent s’instruire d’informations avec lesquelles ils n’ont pas la vision d’un but. C’est la même démarche pour nous assurer dans cette incertitude qu’il nous reste à conquérir et qui nous permettra de vivre, d’évoluer.
De l’accumulation de connaissances, le but jaillira pour satisfaire les désirs en naissant. D’une certaine manière, nous faisons cela, consciemment ou inconsciemment, par ce mécanisme structurel mis en évidence par ces chercheurs qui produise, leurs effets.
N’oublions pas que nous vivons des certitudes du passé que nous projetons sans cesse dans un futur inexistant, en dehors de notre conscience de la durée du temps.
C’est pourquoi apprendre nous prépare à l’événement futur dont nous ne connaîtrons les effets qu’une fois l’événement réalisé. Nous ne pouvons pas le concevoir, qu’au travers d’images issues du passé limité, par notre compréhension actuelle qui n’est pas une garantit de l’innocuité de l’observateur.
C’est pourquoi, contre toute logique universelle connue à l’heure actuelle, nous privilégions une pensée déterministe, et nous laissons le soin à notre inconscient de faire les adaptations aléatoires de bases de notre évolution.
4/ Nous avons un certain choix. Le développement de la pensée créatrice peut se faire, par la seule observation de l’existence en fonction de nos seules aptitudes réduite à leur environnement, dans le but d’un seul intérêt immédiat, comme nos ancêtres Cro-Magnon. Mais, nous pouvons aussi observer notre existence, par des structures d’un apprentissage permanent, pour enseigner l’accumulation de savoirs et de connaissances depuis nos illustres ancêtres ? Cela afin de se préparer à des événements que cette accumulation de connaissances et de savoirs transdisciplinaires induira.
Actuellement, nous passons au mieux 13 années dans un enseignement de culture générale, et nous restons environ 55 ans à considérer que nous avons assez appris. Nous restons en permanence conditionnés à notre apprentissage empirique, ou à ceux qui en font l’effort, à l’éducation permanente. Nous incarnons aussi cela, un animal apprenant empiriquement en permanence, nous y donnons aussi un autre nom, le vécu.
Faute de comprendre cela, nous ne trouverons aucune raison pour justifier un apprentissage permanent tout au long de l’existence, et nous demeurerons socialement des hommes des cavernes qui jouent de leurs ombres. Nous restons capables d’aller en trouver sur Mars, en transportant ces cavernes avec nous, pour nous être abandonnés.
36 — Nous voulons être des Dieux, plutôt que de relever le défi humain !
1/ Si je devais en donner un exemple, je choisirais celui de l’existence des multitudes de croyances religieuses soutenant détenir la vérité du vrai Dieu. Les flux de régularités observés, la vie, la mort, le besoin de se nourrir et notre comportement existentiel ont nourri la réflexion humaine, et ont été compressés par elle. Nous retrouvons ces flux de régularités, en un ou des schémas conceptuels, avec ses sources d’erreurs, celles d’établir des régularités là où nous n’en avions pas, et réciproquement. D’en édifier comme celle de créer un DIEU, et lui prêter notre parole. Ou prendre conscience de l’existence possible d’un guide charismatique de la transmission d’une organisation humaine régulée, pour ne plus avoir d’interrogation, tel le Père. Ce comportement consiste à trouver des schémas réguliers stables, qui se retrouvent sur toute la planète. Et, si nous observons une régularité, ce n’est pas tant dans le contenu du schéma que dans sa recherche.
Aujourd’hui, nous avons toujours cette préoccupation 1.
2/ Le défi est d’accepter aussi l’idée qu’un ECPA soit une source de revenus. Ce concept est de nature à perturber la réflexion de chacun. Il est enfermé dans des valeurs judéo-chrétiennes, issues de l’histoire de l’Asie Mineure, ancrées au fil du temps dans l’appréciation d’une valeur méritocratique constante ; tu gagneras ton pain, à la sueur de ton front. 2. Longtemps, cette notion a conduit celles et ceux ne participant pas directement à la production d’un bien ou d’un service à être perçus comme des improductifs, pour ne pas dire fainéants. Si les employés ont gagné leur galon de salarié, du fait peut-être de la lente érosion de la classe ouvrière traditionnelle, cette appréciation concerne toujours les personnels de la fonction publique.
Quand ferons-nous de ce concept de rémunérer les Hommes pour apprendre, si nous demeurons des êtres cavernicoles ? Oserons-nous relever l’enjeu ?
37 — Un défi qui sera rejeté si l’enseignement n’est pas gratifiant.
1/ Que l’idée soit rejetée au premier abord ne doit pas nous surprendre, et même, considérée comme, gagner de l’argent sans rien faire.
Bien sûr, nous n’apprenons pas que la scolarité obligatoire avait été rejetée par ses contemporains, par ceux-là mêmes qui en avaient le plus besoin, et qui se lamentaient sur leur sort. Comme nous nous lamentons aujourd’hui sur le nôtre, toutes proportions gardées. Le même phénomène de rejet a concerné aussi l’éducation permanente en 1969, devenue formation professionnelle.
En 1800, les parents justifiaient pour cela du besoin de conserver la part de revenu complémentaire qu’apportait le travail des enfants. Aujourd’hui, ce refus se formule plutôt comme ceci, apprendre pour quoi faire ? Nous observons, par cela, que développer son intelligence ne soit pas une évidence pour tous. Or, depuis la taille d’un silex, c’est sur elle que repose notre essor.
Nous sommes presque sept milliards à penser que nous possédons l’intelligence que n’ont pas les autres, nous disons, que l’intelligence et l’instruction sont deux choses distinctes.
C’est peut-être vrai, mais c’est bien mieux quand les deux sont réunies, que de soutenir que la Terre est plate pour en avançant vers l’horizon en l’apercevant qu’à vingt kilomètres.
2/ Dans notre souci de valorisation, l’emploi ou l’activité exercée est plus ou moins considéré comme gratifiant. Un dicton populaire dit bien qu’il n’y a pas de sot métier. Ce n’est pas pour autant que nous nous levons le matin en disant, moi, aujourd’hui je veux être éboueur.
Si chacun reconnaît son utilité salutaire, ce travail n’en demeure pas moins un métier à connotation péjorative, comme tant d’autres, pour lesquels nous changeons d’appellation afin que leurs exercices soient moins frustes. Il suffit que leurs rémunérations s’élèvent, ou que leur place sociale s’affirme pour qu’ils s’ennoblissent. Le saltimbanque, quêtant hier, n’est-il pas devenu l’acteur opulent d’aujourd’hui, et l’éboueur d’aujourd’hui ne tend-il pas à devenir le nettoyeur écologique de demain ?
Il en sera pour l’enseignement pour adulte, malgré son utilité reconnue, comme celui général ou celui spécialisé, il ne sera reconnu que par la valorisation financière qu’il apporte, il aura naturellement ses opposants.
38— Bien sûr, il y aura des opposants par pragmatisme opportuniste à cause d’une vue restrictive. Il faut élargir notre réflexion, dans une addition, ou un plus un égale trois.
1/ L’enseignement ayant poursuivi un cheminement similaire, nous ne nous levons pas en nous disant : je veux m’instruire. Il a dû sortir de l’emprise des lettrés, et s’ennoblir auprès des populations incultes au cours d’un long cheminement commencé en 789. Il n’a pas manqué d’opposants à l’instruction populaire, comme des opposants à l’éducation permanente formulée, dans le projet de nouvelle société de J, Delors et J. Chaban-Delmas, pour rejeter ce projet.
2/ Aujourd’hui, l’enseignement est presque exclusivement synonyme de débouché vers un emploi, d’autant mieux rémunéré que cet emploi est important.
Ces dernières années, nous entendons couramment les citoyens dire, « à quoi sert-il d’avoir nos enfants diplômés s’ils n’offrent pas accès à un emploi » ? « Maintenant pour être balayeurs nous devons avoir le bac ».
Est-ce impensable d’imaginer que l’on puisse être agrégé de lettres et occuper un emploi d’éboueur ?
Pour occuper un tel emploi, devons-nous être analphabètes ?
Les inactifs devraient-ils être des ignorants ?
Cela, par pragmatisme opportuniste, nous considérons qu’un emploi ne justifie qu’une complémentarité de connaissance en seule liaison avec son exercice.
C’est là, un point de vue restrictif.
3/ Cette difficulté provient de notre façon de considérer l’enseignement sous ses deux aspects étroitement liés et dynamiques, établis au fil des générations. Nous l’acquérons par l’apprentissage d’un langage culturel commun qui édifie et façonne toute société, l’éducation sociale et l’enseignement technique.
L’éducation sociale découle de la satisfaction de nos exigences matérielles réalisées par le perfectionnement d’un enseignement technique. Lesquelles, s’élevant en qualité, nous libèrent du temps, et nous offrent la possibilité d’accéder à un échelon supérieur contingenté ?
Plus simplement, plus nous nous libérons des tâches de production et ménagères, et plus nous disposons de temps pour d’autres activités. Elles vont dépendre de la gestion de nos désirs, sollicités en permanence par des offres commerciales, et aussi, du bagage de savoirs et connaissances reçu par un enseignement.
Accéder à un échelon supérieur contingenté signifie que la technologie, due au développement du langage social, nous offre d’innombrables possibilités. Elles sont restreintes par notre usage de l’organisation monétaire pour les réaliser. Dans notre organisation sociale, le libéralisme capitalistique fige toute réalisation non rentable du fait même des concepts que nous élaborons à travers elle.
Je m’explique. Si je veux définir ma notion d’interdépendance entre l’individuel et le collectif comme, partie inséparable d’une fonction organique de l’espèce, je n’ai pas de mots, nos analyses présentent toujours cette fonction, sous une dualité.
Les deux notions examinées séparément sont fondées. Pouvons-nous connaître un être humain qui n’ait pas déterminé sa personnalité au travers des autres ? Même s’il éprouve le besoin de s’isoler, n’a-t-il pas recherché la société de ses semblables pour se prouver qu’il existe et vit?
Nous n’avons pas de mots pour définir cette fonction vitale de l’individu qui lui permet de se collectiviser, en un collectif d’individualistes mondiaux, en dehors de l’holisme. 3 Dans l’avertissement, je l’ai désigné sous le terme de collectivisme fractal. Nous serions des holistes.
Si nous spécifions un mot pour cela, nous pourrons développer un concept qui englobera les deux autres. Il agira sur notre construction psychique par le poids du mot défini (son sens). De la même manière que le mot, l’individualisme induit dans notre conscient historique une notion de liberté d’être, qu’affecterait le concept collectiviste. La notion de collectif indique une dépendance à un ensemble, et restreint la liberté de chacun. La référence historique de la préférence collective dans les ex-pays dits socialistes a durablement péjoré une réalité d’interdépendance. Dans l’écoute des débats d’opposants, il s’agit moins d’y trouver la réalité d’une confrontation que de soutenir un point de vue. Généralement, il est arbitraire et fondé, moins par la raison, que par l’intérêt individuel égoïste exacerbé dans les deux approches.
Cela bien que notre existence ne soit qu’un énorme assemblage. Dans la communauté, la place de l’individu, de l’individualité, ne consiste qu’à composer l’ensemble, dont l’individu exhibera sa créativité. Il y concourt dans cet ensemble par acculturation (assimilation, accommodation, équilibration). Il ne peut s’exprimer qu’au travers de l’individu comme conséquence d’un ensemble dont il est issu, et avec lequel il devra s’associer ou disparaître.
Cette approche individualiste contingente l’appréciation que nous portons sur notre enseignement. Si bien, que lorsque nous en sortons diplômés, nous croyons que c’est par notre seul travail, nous avons oublié toutes les pressions exercées pour nous inciter ou nous forcer à apprendre. Notre seul mérite, c’est d’avoir appris. Et nous apprenons du patrimoine collectif mémorisé, ce qu’aucun individu ou parent ne peuvent nous apporter ni détenir. Nous n’en retiendrons que l’aspect qui se coule ou se glisse dans l’idéologie individualiste que véhicule la société.
Nous ne retiendrons de l’enseignement que le moyen d’accéder à un emploi rémunérateur, et nous reprocherons éventuellement à cette collectivité, que nous contestons, de ne pas toujours savoir nous y préparer.
N’attendant de lui qu’un emploi rémunérateur, quelles raisons nous pousseraient à utiliser une part du temps libre pour suivre, un enseignement complémentaire pour adulte tout au long de sa vie. Bénéficier du temps libre, que l’enseignement technologique a permis de dégager, pour s’instruire de tous les savoirs, pour tenir notre place d’adulte géologique dans le monde, et ne pas rester les enfants du néolithique.
Aucune ! Notre organisation socio-idéologique ne conduit pas à cela, et c’est en cela que nous restreignons notre enseignement, qui ouvre sur notre dépassement pour nous civiliser.
4/ Élargir aussi notre enseignement idéologique, et ajouter un enseignement plus complet à organiser, par un enseignement permanent pour adultes. Celui-ci concerne le progrès intellectuel de l’espèce humaine tout au long de son existence. Pour y parvenir, nous devons accumuler des connaissances et des savoirs, sans buts immédiats de production d’un bien consommable. Ce but est contenu dans l’accumulation des connaissances, dont il émergera un jour, demain ou dans mille ans.
Dès que l’homme connaît deux mots de plus, il les associe pour y trouver une utilité, d’équilibre ou d’épanouissement intellectuel ou transiter par l’apprentissage d’une activité manuelle.
L’Homme ne pourra pas faire l’économie d’un apprentissage sociologique s’il veut cesser de s’opposer avec d’autres. Nous devons cesser de croire que posséder une culture la rend irréductible et que les autres doivent s’y conformer ?
Nous oublions trop souvent que nous avons un esprit malléable, et élevé par des canards, nous bougerions du cul en émettant des coin-coin.
5/ Cette accumulation de connaissances aura des conséquences sociales et économiques certaines, et forcément productives dans le futur en sachant accomplir les associations créatives favorables ? Plus nous accumulons de Savoirs, plus nous tenons des chances qu’une association créatrice se réalise, plus, nous obtiendrons des chances de comprendre, d’observer et de percevoir, alors nous organiserons des sociétés moins fragiles, et plus assurées.
Notre vue élitiste nous fait toujours regarder les découvreurs comme des génies ou des êtres exceptionnels que la grâce aurait touchés, leur parcours n’est jamais celui d’un ignorant. Pour cela, certains conservent le cerveau d’Einstein dans l’espérance que notre technologie permette de déceler quels gènes ont rendu Einstein intelligent. 4
Là, nous touchons au bord du délire. Son intelligente est-elle supérieure à celui qui a taillé le premier biface ? Nous serions plus proches de la réalité, si nous supputions, qu’il a su ajouter un plus un, pour faire trois.
39 — Il faut savoir se remettre en cause pour un projet avec beaucoup d’interrogations sur l’existence, que d’autres ont traduit avec leurs moyens.
1/ Accepter l’idée que nous puissions percevoir un revenu à partir de la diffusion d’un enseignement peut heurter nos esprits conditionnés à produire pour consommer, et consommer pour produire sans discernement.
Cette démarche peut aussi nous choquer que d’accorder de son temps, et de recevoir un revenu en échange des connaissances.
À long terme, inévitablement, se produira une apparente opposition avec le système actuel de production de la richesse basée sur celle de biens et de services. Cela, si nous ne découvrons pas dans la rémunération des ECPA un système concurrentiel stimulant. Système concurrentiel qui nous est si cher, dont nous nous gaussons à tout moment. Quels capitalistes ou libéraux s’en plaindraient, sauf à démontrer que leurs déclarations, pour certains, ne cachent que des visées dominatrices, ce qui à mon sens n’est qu’une évidence !
Je disais une apparente opposition, chacun utilisera ses acquis pour les optimaliser.
Quand, aux capitalistes, je n’ai aucune crainte, ils sont suffisamment prompts à s’insérer dans n’importe lequel des systèmes pour conserver leurs emprises.
Bien, qu’ils ne soient pas si futés. S’ils favorisaient la création de monnaie par la mise en place d’une activité éducative, ils récupéreraient de l’argent, là où ne s’entasse que du sable. Ils soumettent à aujourd’hui les pays sous-développés ou en voie de développement à des emprunts drastiques auprès du FMI et autre banque de développement.
Comme quoi l’altruisme peut être aussi une source de richesse, et même une source de conflits. L’altruisme n’est qu’une forme supérieure d’égoïsme.
Nous ne sommes pas choqués quand le principe de la rémunération s’applique à la formation professionnelle en relation directe avec l’emploi. Nous vivons depuis de nombreuses années dans une logique de court terme, soit par souci de rentabilité, ou par une remise en cause due à la rapide évolution technologique. Si nous trouvons la nécessité d’être assuré, pour nous épanouir, ce n’est pas pour végéter, cela nous est interdit. Nous nous inscrivons dans une marche en avant pour poursuivre vers une espérance, que nous qualifions, d’hominisation, avec la faculté de nous remettre en cause sous la contrainte de l’évolution.
Savoir se remettre en cause et avoir des projets pour cela et un engagement nécessaire.
1 Erreurs dans l’identification de régularités : « Les systèmes adaptatifs complexes identifient des régularités dans des flux de données qu’ils reçoivent et compressent ces régularités en schéma. Dans la mesure où il est aisé de commettre deux types d’erreurs- prendre l’aléatoire pour du régulier et inversement- il est raisonnable de supposer que des systèmes adaptatifs complexes puissent tendre à évoluer vers une situation à peu près en équilibre où l’identification de certaines régularités s’accompagneraient des deux types d’erreurs.
A considérer les structures de la pensée humaine, nous pouvons identifier, grossièrement, la superstition avec un type d’erreur et la dénégation avec l’autre. Les superstitions se caractérisent par la perception de régularités là où il n’y en a de fait aucune, et la dénégation revient à rejeter la preuve de régularités manifestes, même quand elles sautent aux yeux. Un tant soi peu d’introspection et d’observation des autres êtres humains, et chacun de nous pourra déceler qu’il y a une corrélation de ces deux erreurs avec la peur.
Dans le premier cas, les gens sont effrayés par le caractère imprédictible et particulièrement non contrôlable de la plupart de ce que nous voyons autour de nous. Une part de cette imprédictibilité a pour origine ultime les indéterminations de la mécanique quantique ainsi que les limitations supplémentaires qu’impose le chaos aux prédictions. A quoi s’ajoute une quantité considérable d’agraindissement (avec l’imprédictibilité qui s’en suit) provenant de l’étroitesse du spectre couvert par nos sens et nos instruments et de leurs capacités limitées. Enfin nous sommes handicapés par les insuffisances de notre faculté de comprendre et les limites de notre capacité de calcul. Le résultat de tout cela, tant de choses sans rime ni raison, est notre effroi, et nous imposons au monde qui nous entoure, même à des faits aléatoires et à des phénomènes accidentels, un ordre artificiel fondé sur des relations de causes à effets erronées. Ainsi nous nous rassurons avec illusion de prédictibilité, de maîtrise même. Nous nous berçons de pouvoir manipuler le monde en faisant appel aux forces imaginaires que nous avons inventées.
Dans le cas de la dénégation, nous sommes bien capables de déceler de réelles structures mais elles nous effrayent tant, que nous nous voilons les yeux devant leur existence. La certitude de la mort est la régularité la plus menaçante de nos vies. Et le nombre de croyances, dont certaines plus ancrées, ont pour fonction d’apaiser cette inquiétude face à la mort. Un large partage de croyances spécifiques de ce genre au sein d’une culture amplifie d’autant leur impact sur l’individu. Mais ces croyances impliquent l’invention de régularités, de sorte qu’à la dénégation s’ajoute la superstition ». «Si ce type d’analyse se justifie, nous pouvons alors conclure à une tendance probable à l’erreur dans les deux directions pour les systèmes adaptatifs complexes intelligents ».
« En terme plus anthropomorphiques, nous pouvons nous attendre à ce que partout les systèmes adaptatifs complexes soient sujet à un mélange de dénégation et de superstition » Gell-Mann, le quartz et le jaguar. Édition Flammarion. 1997. pp 305 à 322
2 La Bible, éditeur Société biblique française, 1982, genèse 3/19.
3 Doctrine qui ramène la connaissance du particulier, de l’individuel à celle de l’ensemble, du tout dans lequel il s’inscrit. ( Le petit Larousse).
4 La recherche. Le cerveau d’Einstein. 1999 Décembre n° 326. PP. 28/47.
2/ Renouer avec ce qui manque le plus à notre société, changer de regard sur le monde, le faire surgir de nos questionnements reste un engagement pour éliminer nos confrontations funestes. C’est loin d’être facile, nous ne choisissons pas les informations nous parvenant de l’environnement.
En multipliant les connaissances retirées de l’environnement, nous pouvons découvrir des liaisons de nouvelles occurrences, pour avancer dans notre hominisation.
3/ Nous pouvons estimer, à plus long terme, que la démarche s’intégrera dans le processus de production et de consommation inévitablement précurseur dans la société, pour produire ses effets. Peut-être d’une autre nature que ceux que nous connaissons, et que les Hommes auront plus une consommation d’utilité raisonnée ! La démarche n’en reste pas moins orthodoxe. L’individu vend-il sa capacité cérébrale ou la société humaine investit-elle en celle-ci dans son intérêt ? Les partisans de l’économie de la connaissance prônent cela, sans pour autant en donner les moyens éducatifs à toute la population, une fois passée la scolarité obligatoire.
Ma conviction est établie, savoir changer de regard, c’est dans notre propre intérêt d’espèce humaine. Nous savons aussi que ce dernier passe par une vocation mercantile d’échanges. De tout temps, des initiés ont existé et, faute de moyens de compréhension scientifiques (moyens matériels), ils n’ont pu traduire correctement leurs observations, par la conscience qu’ils avaient de ce qui se passait. Ils ont défini comme ils le pouvaient des contes et des mythes correspondants à une représentation de la réalité qu’ils observaient dans la nature, de leurs besoins, comme de leurs interrogations.
Ils nous ont laissé la plupart du temps en guise de preuves ou de théories explicatives, des panthéons de Dieu et des livres fermés 1.
40— Je peux rêver que la volonté serait de le réaliser, rien de moins évident, en dehors du débat.
1/ J’espère naturellement que l’accumulation de connaissances emporte en toute logique que l’individu ne demeurera pas un enseigné passif se contentant d’apprendre, et qu’il s’interrogera au-delà de l’association naturelle d’utilité.
S’interrogera-t-il plus sur les pratiques de ses relations au travail, ou au déroulement d’activité sociale sur ses relations interpersonnelles, s’émancipant un peu plus, pour donner un sens à sa vie ? Abandonner le rêve consumériste pour s’orienter vers celui concevable de retrouver l’Éden mythique correspondant à la période du paléolithique.
Ceci n’est que mon propre vœu…
2/ Si aujourd’hui ce type d’interrogation est le privilège de quelques minorités, une interrogation de masse induira des comportements réactionnels dans ce secteur et d’autres à travers la place sociale des enseignés.
Nous ne devons pas croire, ni en déduire par utopie, que nous n’aurons plus de dominants bêta en les confondant toujours avec, diriger et conduire. Ils apparaissent naturellement par lâcheté, peur, indifférence, ignorance des autres ou intérêts, dans les démocraties, ils sont élus à la tête des dominants systémiques. Dans le discours sur la servitude volontaire, nous avons l’explication qui prévaut même en démocratie.
Si au quotidien la fréquentation des ECPA pousse les hommes à plus de réflexion, ce sera déjà un bouleversement.
L’œuvre travailleuse de l’Homme avec ses moyens technologiques n’est pas seulement émancipatrice de l’être, c’est aussi le temps qu’il pourra consacrer à enrichir sa réflexion.
Nous bénéficions des deux, il ne manque que la volonté de l’accomplir, rien n’est moins évident.
3/ J’en ai débattu, avec des acteurs sociaux, je ressentais en chacun d’eux la crainte ancestrale des dominants. Celle de la peur de l’émancipation intellectuelle des populations, et la crainte que trop de réflexions nuisent à leurs fonds de commerce. « L’idée est intéressante, mais la liberté c’est que les hommes choisissent, de quoi ils veulent s’instruire, le développement culturel, c’est l’affaire de chacun, il y a suffisamment d’informations et de pluralismes d’idées pour cela ». Cela n’est bien sûr pas la réalité. Sans obligation personne ne serait allé s’instruire, en dehors des initiés, au pouvoir ?
L’idée les intéresse, sous la condition que l’enseignement aille dans le sens de leurs idéaux.
Sans risquer des confusions de genres, nous en avons connu quelques spécimens dont la révolution culturelle chinoise représente un exemple.
Cela n’est pas surprenant. Nous considérerons tous que notre point de vue est le mieux fondé et voulons le faire partager, voire l’imposer.
Nous disposons d’un outil relationnel pour cela qui demeure le débat.
4/ Dans ce domaine, la règle pacifiste demeure le débat d’idées. Pour ne fournir qu’un exemple, je choisis, celui d’un lumineux personnage-chef d’État, qui avait avancé l’idée de supprimer le bac de philosophie, pour la raison qu’il ne débouche pas sur des emplois. Comme si des clés à molette pouvaient réfléchir en dehors, afin de servir.
Il a dû renoncer à son projet.
41 — Un débat dans une société dominée par le libéralisme, où le mot, la liberté, est un arbre qui cache la forêt, une forêt où nous pouvons nous perdre.
1/ Aujourd’hui, insidieusement, l’organisation libérale mondiale du commerce, comme de la finance, pouvant être un fabuleux moteur du développement des populations, sert une mécanique hégémonique à laquelle nous participons activement. Nous encensons le libéralisme au travers d’une forme de pensée unique, pseudo-libérale. Je dis pseudo quand dans son application elle constitue un leurre intellectuel, en donnant la priorité au plus fort. Chacun s’imagine dans cette idéologie libérale et capitalistique devenir la pièce centrale du puzzle. Niant que la puissance concurrentielle impose ses lois à l’accession d’un marché et transforme en idéal ce qui n’est qu’un combat de pouvoir. Entrent les possesseurs des moyens de production et financiers, et les citoyens qui louent leurs services contre un salaire, qu’ils achèteront comme clients. Et avec d’autres parts, des citoyens-électeurs confiant leurs destins à un pouvoir étatique dénué de moyens régaliens pour conduire à terme ses ambitions électorales. Depuis lors, nous nous trouvons face à un paradoxe, nous avons abandonné le pouvoir régalien d’émettre de la monnaie et nous demeurons peu enclins à verser des impôts pour lui en fournir un tout en sollicitant son interventionnisme.
Nous pouvons toujours croire que le capitalisme est libéral, comme, si le capitalisme pouvait être libéral sans réformer sa source d’exploitation.
Bien que né d’une volonté de Liberté 2, il a fini par remplacer le despotisme monarchique pour devenir lui-même un capitalisme despote. Lequel a eu un avantage, celui de nous faire passer de sujets exploités pauvres, à citoyens exploités possédants ? Les deux se réfèrent à des valeurs supérieures à l’Homme, pour que celui-ci puisse se justifier de sa condition et de ses actes, et s’y résigner. La monarchie était de droit divin, d’en haut. Le libéralisme capitalistique est des droits naturels, d’en bas. En conséquence, celui ou ceux qui se réfèrent de ces origines s’érigent en Rois de droit divin ou en tyran de droit naturel. Dans les deux cas, nous avons droit au même despotisme et népotisme économique avec ses lois méritocratiques pour justifier les inégalités issues de la répartition de la rareté.
Ce ne sont que des droits de l’Homme, ceux d’un être ignorant de lui-même ne sachant pas ou ne pouvant pas se gouverner sans imiter son monde compréhensible. Il se réfère à des concepts de lois divines ou naturelles, développés à chaque époque par des Hommes instruits et intelligents. Cela, malgré qu’à leur époque de leur monde, ils ne connaissaient que l’Antiquité, et le moyen âge très chrétien, puis les apports de la Renaissance et des lumières. Ils ne pouvaient pas tenir compte de notre préhistoire et protohistoire dont nous avons commencé la conquête de sa connaissance qu’à partir de 1860, et encore, moins de celles apportées par la science contemporaine.
Cette caricature ne remet pas en cause l’efficacité attestée du capitalisme, je veux souligner que, pour être un despote, ça demande d’avoir les moyens de l’être. C’est le système capitaliste dans ses excès d’efficacité, par les moyens dont il s’est doté, la Loi du marché financier.
Nous savons que toute société dominatrice produit son antidote et y succombe un jour.
J’irais peut-être jusqu’à dire que le capitalisme ou le post-capitalisme pourrait être le fossoyeur du libéralisme qui s’est identifié au symbole de l’individualisme absolu, laisser faire laisser passer. Le langage courant tend à rendre à tort le libéralisme synonyme de capitalisme.
Aucune société dominatrice n’a perduré. Je ne prends aucun risque, c’est la simple application du principe de la thermodynamique, et de l’évolution biologique d’une cellule. Naturellement, ceci dépasse un peu la seule durée d’une existence humaine, c’est inéluctable.
Ce phénomène fait partie des régularités observables, que nous rejetons quand elles concernent la société dans laquelle nous vivons, sauf peut-être, pour ceux qui ont l’esprit réformiste ou révolutionnaire.
2/ Le libéralisme cache à ceux qui ne sont pas assez clairvoyants l’usage du mot, la liberté. 1/ Les richesses produites ne sont destinées qu’à ceux qui sont solvables. Aujourd’hui, ce sont les salariés recevant un revenu pour acheter leur production et dégager des profits à leurs employeurs se concurrençant sur le marché que représentent tous ceux qui vivent des revenus des salariés.
2/ Que la liberté n’est autre qu’être esclave volontaire de ses propres désirs, limitée par les moyens financiers, technologiques et les autres !
Dans nos démocraties, nous nous référons à la liberté dans des sociétés où la vie des citoyens dépend du pouvoir financier n’ayant que changé de mains au fil des âges.
La liberté paradoxale présente l’intérêt qu’en son nom nous pouvons refuser ce qui nous soumet.
3/ Par libéralisme, certains entendent le droit qu’ont quelques groupes d’amasser des richesses (capitaliser) s’en rétrocéder sous quelques formes que ce soit le coût collectif de l’existence humaine nécessaire. Sauf, que les prélèvements sont considérés, comme des charges, et les charges, ce sont la vie des citoyens. Les grands groupes internationaux au nom du libéralisme sous ses divers aspects rêvent de structurer le marché mondial. Ils redessinent ainsi un féodalisme 3 au sein duquel les pouvoirs politiques (celui des citoyens) n’ont qu’à se soumettre ou se démettre.
D’autres y voient l’essor individuel sans retour, comme une extorsion de la société. C’est une société dans laquelle nous devons individuellement tout prendre. De laquelle, nous attendons tout des autres sans rien rétrocéder. Durkheim a appelé cette forme d’égoïsme, le suicide égoïste. 4. Sont suicidaires les discours préconisant le désengagement de l’État. C’est se renier le pouvoir de s’organiser en tant que garant et représentant de cette fonction holistique de l’existence du groupe, de la société, de l’espèce. Bien que la notion d’intérêt collectif effraie encore beaucoup en mémoire d’un passé récent. Suivant la manière dont nous nous structurons, un État peut être despotique, la démocratie n’est pas garante de la liberté, nous le savons d’expérience. L’État citoyen peut être propriétaire au nom de chacun d’eux, dans le secteur industriel ou non, pour sauvegarder ses intérêts communautaires.
Je vais prendre un exemple par l’absurde. Quelle différence voyons-nous entre 67 millions de Français, qui détiennent des actions d’une société privée, et 67 millions de Français propriétaires d’une même société par l’intermédiaire de l’État ? Je n’en vois aucune. Dans le premier cas, les actionnaires désigneront un PDG et recevront des dividendes, dans l’autre ils éliront un président de la République qui désignera un PDG et les profits financeront des services aux citoyens.
La différence ne se fait pas dans le titre de propriété que dans la gestion des profits. Dans les deux cas, les citoyens en bénéficieraient. Cela ne satisfait pas à l’égoïsme primitif ou être le plus grand possédant satisfait au besoin d’être un dominant.
Sous cet aspect paradigmatique du dominant, des groupes financiers peuvent devenir propriétaires de secteurs complets ou plurisectoriels par la concentration de capitaux. Rien n’est absurde que d’imaginer qu’une société devienne propriétaire d’un État.
Cette remarque n’est pas anodine, par les groupes de pression financiers ou de grands groupes, nous pourrons bientôt affirmer que ce sont eux qui choisissent les chefs d’État, que béatement les citoyens élisent. Au nom de la liberté, nous nous construisons les moyens de nous en priver.
Nous créons nos dominants, et eux aussi s’insurgent au nom de la liberté contre toutes les réglementations qui limitent leur pouvoir de dominer. Cet arbre, qu’est la Liberté, cache une forêt de relations complexes. Il développe un mysticisme économique et politique dans lequel aujourd’hui, prononcer, le mot Liberté suffit, pour que sans discernement tous les hommes s’y précipitent. Les Hommes réagissent comme s’ils avaient trouvé la clé d’ouverture de la caverne d’Ali Baba. Ou, ce qui est plus près de la vérité de l’exploitation capitaliste, Le Joueur de flûte de Hamelin.
Dans cette illusion, seulement un certain nombre se servent, et ils expliquent aux autres qu’ils sont libres par l’illusion de rêver qu’ils ont la liberté.
42 — À répéter un leitmotiv, on l’accepte, soumis au même discours, nous n’entendons que lui, malgré mes railleries.
1/ À se répéter que seul le privé est performant, fournissons l’effort d’imaginer une telle situation. Nous en arriverions rapidement à considérer les vicissitudes de l’existence comme des charges à bannir et ceux qui les subissent avec. C’est rejeter tout ce qui fait de nous des humains fragiles, mortels, et non des androïdes parfaitement huilés qui conviendraient mieux pour une rentabilité maximale.
Dans l’économie, nous en sommes arrivés, à considérer toutes interventions de l’État citoyen comme parasitaires, et considérer la revendication collective comme inopportune, pour troubler notre quotidien discipliné.
Sans cet ordre d’idée, celle de gérer la société comme une entreprise est souvent avancée. C’est sous une certaine forme la reconnaissance de l’aptitude des dirigeants d’entreprises. Pourquoi pas ?
Mais alors, que décider pour ceux qui sont inaptes, les incompétents, les licenciés, les personnes en trop que nous assistons humainement, les rejetterons-nous à la mer ? Un jour, j’ai osé dire, dans une réunion qui m’excédait, si nous irions jusqu’à créer des fours crématoires pour résoudre le problème des personnes en trop. Le silence de mort qui s’en suivit fut éloquent.
Je disais cela, seulement pour exprimer des limites à la comptabilisation de l’existence. Je voulais signifier, au travers de cet épisode dramatique de notre histoire, que son enseignement doit dépasser le seul cadre dans lequel il s’insère. Notre aptitude à écarter ce qui nous paraît hostile au fonctionnement d’une organisation systémique peut nous entraîner vers des choix de solutions radicales.
Dans l’organisation économique, nous avons besoin de repères et d’ordres de grandeur. Quelles que soient les constructions abstraites que nous bâtirons pour cela, elles ne peuvent tenir lieu de finalité, elles ne représenteront jamais une finalité.
J’ai donné pour cela l’exemple de la course du tiercé. Notre existence va de 0 à l’infini, et nous pouvons y définir tout au long d’elle des repères pour savoir où nous sommes, nous y sommes astreints. Pour, autant, ils n’ont et n’auront d’autre valeur que celles issues de notre réflexion, sauf à démontrer qu’ils constituent une régularité universelle irréfragable.
Rien ne nous empêche, comme nous le pratiquons, d’organiser toutes les compétitions que nous voulons, et de nous convaincre des certitudes comptables comme d’un leitmotiv jusqu’à en mourir.
2/ Ne sourions pas. C’est dans les faits en partie réalisé, en comptabilisant notre existence, jusqu’aux émotions. Surtout, c’est dans cet esprit que les Américains sont allés jusqu’à considérer que la planète a un prix. Tout se vend et s’achète, pourvu que nous nous répétions la chose longtemps, et que le système soit taillé à sa mesure.
C’est là, toute l’importance du pouvoir médiatique, du slogan publicitaire, et de la
communication.
Pour élaborer des systèmes de protection de solidarité sociale, des luttes de classes les ont imposés sans que n’importe lesquelles des organisations de systèmes économiques libéraux en engendrent. Seules existaient les organisations caritatives d’essence religieuse.
Un système de protection d’intérêts collectifs des salariés, comme la Sécurité sociale est dite, de solidarité égoïste. Les salariés cotisent pour leurs intérêts particuliers dans une organisation collective de droit privé à but non lucratif, pour se protéger de situations dont il sait que lui et sa famille seront un jour affectés dans la vie. Seule l’ingérence de l’État, en légiférant sur sa gestion, laisse imaginer une administration, et d’autres, pris en charge, croient que ces services sont gratuits.
À se répéter ces choses, nous finissons par les croire exactes. Cela prévaut bien sûr dans tous les sens, et repose sur l’absence de vérifications ou informations objectives.
Si la Sécurité sociale devenait lucrative, les valides, et les mal-portants, ceux qui ne se soignent pas, auraient droit à leur bonus, les autres au malus, jusqu’à ce que chacun décide de ne plus s’assurer, par manque de ressources suffisantes.
Ridicule, ce que je dis ? Non ! La vocation affichée d’un système, comme celui de la Sécurité sociale, est de faciliter l’accès aux soins, sans buts lucratifs, par un système de péréquation et de répartition. Celui d’une compagnie privée d’assurance est de prendre en compte un besoin physiologique pour obtenir des bénéfices, je crois que la nuance est de taille.
La question est moins dans la querelle, public privé en ce domaine, que celui de savoir si notre protection sociale doit dépendre d’un marché financier spéculatif et de son humeur. Où rester sous le principe de la solidarité citoyenne mutualiste à but non lucratif avec une gestion, soit publique ou privée ?
Toujours soumis au même discours libéral capitalistique, nous entendons que lui.
4/ Comme je viens de le caricaturer, on peut railler, et contester les travers de n’importe lequel des systèmes d’organisation économique.
Ce qui demeure important est d’en comprendre les fonctionnements pour que la collectivité en conserve la maîtrise.
Sauf que la collectivité rêve, si cela est important, elle est sensible aux apparences. Si bien, qu’à travers un comportement constant d’une répartition nécessairement obligatoire, elle accepte des iniquités de la rareté. Elle régénère des stratifications de classes pour nous sérier et donner une classification recomposée et redéfinie dans laquelle nous avons l’illusion d’avoir aboli les Anciennes ? Nous y sommes soumis et chaque individualiste pense qu’il mérite un privilège ?
Reconnaître quand nos désirs sont des rêves, dont nous ne nous donnons pas les moyens par les restrictions monétaires, est notre plus grande difficulté. Comme saisir des classifications recomposées d’un passé disparut depuis le début du néolithique. Nous en conservons la mémoire par l’éducation et l’instruction, par l’enseignement. Cette mémoire-là s’estompe petit à petit de l’enseignement, pour n’être connue que de spécialistes, et le néolithique est la source, l’origine de notre existence contemporaine, et non les Gaulois comme nous aimons le répéter.
C’est cela, que nous ne devons pas le découvrir au gré de la rumeur. Cela s’apprend que nous demeurions pour ou contre, ils conditionnent nos existences, et ils nous servent de repères. Ils nous sont nécessaires pour nous permettre des choix, et ce que nous voulons devenir, pour échapper à des conflits d’anticipation fatals, pour aller vers une harmonisation aux fins funestes.
1 J’entends par livre fermé des écrits auxquels on ne peut rien ajouter ni rien retrancher où le mot exclu tout autres pensés que celle exprimée comme Vérité absolue, tel le Coran, la bible etc.
2 Note de l’auteur. Au XII ième siècle son sens usuel signifié «généreux » emprunté au latin Libéralis, au XIII ième siècle son sens est « digne d’un homme libre. Le XVIII ième siècle ne connaît pas l’adjectif libéral, considéré employé pour la première fois le 19 brumaire par Bonaparte dans sa proclamation : Français vous reconnaîtrez sans doute à cette conduite, le zèle d’un soldat de la liberté, d’un citoyen dévoué à la république.
3 Note de l’auteur. Aujourd’hui il nous serait possible de dresser une carte géographie avec des frontières de marchés commerciaux dépendant de divers groupes financiers. Il nous apparaîtrait alors une stratification d’espace qui se recouvrent au-delà des limites des États qui exige que les États abandonnent leurs prérogatives spécifiques (qui apparaît alors comme de l’auto résistance) pour satisfaire aux règles des groupes financiers. Avec un peu d’imagination nous pouvons spéculer que s’opéreraient des échanges territoriaux d’influence mercantile, comme le faisaient avant les seigneurs et les rois par alliances ou mariages, qui dessinerait les frontières d’États financiers sous l’autorité d’un conseil d’administration ou autres, dont le président serait celui qui détient la majorité. Est-ce illusoire ?
4 «La société ne peut se désintégrer sans que, dans la même mesure, l’individu ne soit dégagé de la vie sociale, sans que ses fins propres ne deviennent prépondérantes sur les fins communes, sans que sa personnalité en un mot ne tende à se mettre au-dessus de la personnalité collective. Plus les groupes auxquels il appartient sont affaiblis, moins il en dépend, plus par la suite, il ne relève de lui-même pour reconnaître d’autres règles de conduite que celles qui sont fondées dans ses intérêts privés. Si donc on convient d’appeler égoïsme cet état où le moi individuel s’affirme avec excès en face du moi social et au dépens de ce dernier, nous pourrons donner le nom d’égoïsme au type particulier de suicide qui résulte d’une individuation démesurée » Philippe Steiner. La sociologie de Durkheim. Éditeur La découverte. 1998. P. 51.
43 — Un libéralisme productiviste auquel nous participons souvent sans discernement qui modifie l’organisation du travail et pèse sur notre personnalisation.
1/ Pour toute chose que l’on s’abrite derrière l’outil et la structure, la décision de sa mise en œuvre reste humaine. Quand certains dirigeants une fois en responsabilité d’un groupe de productions nous expliquent que cette humanité doit s’effacer devant les exigences productivistes. Nous avons instruit une espèce d’androïde cérébral, qui décline toutes ses limites d’acteur social. Nous connaissons le dicton, l’économie n’a pas de morale. Comment va-t-il se comporter dans ses relations interpersonnelles ? Quand certains avancent l’idée de gérer l’État comme une entreprise, la notion est angoissante.
Pour donner, toute sa dimension à un système issu de l’Homme, ses savoirs seront toujours insuffisants, si nous y restons soumis. Il n’en ira pas mieux, comme certains politiques le préconisaient, en remplaçant notre gestion sociale et humaine imparfaite, par une gestion comptable, pseudoscientifique pourvoyeuse de prétextes égoïstes sélectifs.
Naturellement, se comptabiliser pour lire notre activité s’avère nécessaire, l’histoire sociale a démontré que cette comptabilisation n’est pas suffisante en elle-même, pour couvrir tous les désirs humains. Elle se borne, par l’offre de concourir à l’enrichissement d’une classe sociale d’entrepreneurs au service desquelles les salariés travaillent. Et à qui, les gouvernants, aux commandes politiques restreignent les moyens de la satisfaction de leurs désirs, par des taux d’intérêt élevés ou en n’émettant pas de la monnaie pour cela.
Ce n’est pas sans incidence que de vouloir maintenir nos relations sociales, émotionnelles et interpersonnelles dans des critères productivistes. Nous en arrivons et arriverions à définir des anormalités génétiques et comptables. Nous verserions dans la recherche de l’Homme parfait.
2/ Nous participons d’autant plus à l’élaboration du libéralisme capitalistique depuis que nous avons atteint cette nouvelle condition de client intransigeant. Cette condition nous a été vendue, et nous la portons souvent comme un masque flatteur de narcissiques ignorants. Autour des années 1980, nous nous sommes orientés vers une production de renouvellement de biens de consommation, où le slogan essentiel était que, devant l’offre extérieure à prix concurrentiel, nous privilégions la qualité et le service clientèle.
Dans les années suivantes, le mot client entre dans le langage des services et entreprises, dans celui de l’État, comme message clair d’un passage à une seule économie de marché.
3/ C’est flatteur d’être le client, et la notion de client roi valorise notre amour-propre. Avec ce pouvoir d’achat, nous détenons un moyen de domination. Comme client, nous bénéficions des moyens qui conduisent les plus narcissiques, à faire subir parfois aux autres les humiliations et les frustrations que nous refoulons au quotidien, lorsque nous-mêmes sommes soumis à la domination comme salariés.
« Monsieur, moi je paie » j’exige, je veux, je ne tolère pas, je suis le client, vous devez me respecter.
Ce sont des exigences de clients oublieux de toutes les vicissitudes qu’ils connaissent en tant que salariés, pour la plupart des clients. Ils vont consommer leurs productions, et croire comme salariés devenus clients que tout leur est permis, ou que notre technologie n’a pas de limites. Oubliant qu’ils subiront en retour leur exigence comme salariés.
Nous constatons des exigences de clients intolérants, oublieux de leurs conditions de travail salarial, et de production mises en rivalité, avec leurs exigences d’acheteurs.
Nous notons des clients exigeants qui condamnent la grève qui lui occasionne de la gêne, omettant ou ignorant qu’elle fût, et est l’outil de son émancipation salariale.
Nous constatons les exigences de clients qui ignorent acheter, non le prix d’un produit ou service, que le propre niveau de vie de toute la chaîne de production salariale et patronale.
Nous relevons des exigences de clients générant des frustrations chez ceux qui ne peuvent disposer des moyens de se draper dans un nouveau statut social de client vertueux.
Il ne faut pas se méprendre sur mon propos. Je ne remets pas en cause l’utilité des organismes de défense du consommateur devant la malhonnêteté de certains processus de commercialisation. Ni toute la connaissance qu’ils ont accumulée depuis, afin de formuler l’exigence d’un rapport de qualité prix, et de traçabilité sur la provenance des produits, ou leurs conséquences sur l’environnement. Je m’élève contre la stupidité de la culture du narcissisme, des clients qui conduisent les salariés, à se nuire par la recherche du prix le plus bas. Cela conduira certains d’entre eux à perdre leurs emplois. Le client roi est la plus grande duperie du XX siècles, c’est l’exemple type de la fable de la fontaine, du corbeau et du renard, où tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette absence de discernement modifie les relations de travail, c’est le client, le statut de consommateur, qui devient la référence de classe sociale par le pouvoir d’achat disponible et à la place de l’activité professionnelle.
5/ C’est une orientation que nous retrouvons dans l’organisation de l’entreprise, et qui concourt ou justifie bon nombre de réorganisations, pour être à la disposition du client. Et ce même client salarié maugrée, s’il travaille tardivement, tout en se plaignant que son bureau de tabac ferme trop tôt. C’est cette interaction-là que concerne aussi mon propos.
La publicité d’un distributeur de colis est édifiante pour confirmer ce sujet. On y voit un livreur s’interrompre de manger pour livrer son colis. Le message est un peu plus clair, l’homme doit interrompre ses exigences humaines les plus fondamentales, quand la productivité exige de satisfaire un client.
Ce n’est là qu’un retour aux pratiques du passé, pour ceux qui ont connu la période, toute proche, où les besoins naturels des individus étaient réglementés, comme l’autorisation de s’absenter du travail ?
6/ L’autre, beaucoup plus préoccupante, est l’orientation à une consommation d’identification. Ici, cela consiste à personnaliser un produit de masse pour que le client se personnifie en lui, et transfère ses émotions sensorielles vers ce produit. C’est l’inverse d’une approche sensorielle des produits, et elle conduit à une personnalisation illusoire.
La personnalité ne s’achète pas, si, ainsi, nous pouvons nous incarner à souhait, et si nous avons les moyens de disposer de biens ou de produits uniques.
La personnalité, c’est autre chose. Sur la base de caractère propre à chacun, c’est une construction intellectuelle se définissant durant l’enfance et l’adolescence, pour façonner notre personnalité par des comportements, des attitudes et motivations façonnant nos individualités. Elles naissent du contact des autres personnalités avec les autres alter ego et le monde, et forcément nous ressemblerons sous quelques traits à quelqu’un.
Ces périodes de construction de la personnalité n’échappent pas à cette tendance à se personnifier par la consommation. Si nous comprenons que la nourriture organique façonne notre être biologique, nous concevons moins que la nourriture technologique et sociétale puisse nourrir les schémas de notre conscience. Qu’elle puisse s’inscrire dans des structures profondes de notre cerveau, et resurgir comme un réflexe à la sollicitation des stimuli.
Est-ce qu’elle marque ou non durablement le devenir d’adulte ?
Je ne saurais l’affirmer et je le crois fermement. Tant d’enfants reconnaissent le cartable, ou le blouson, le symbole social, avant de reconnaître l’autre. La difficulté est de saisir la limite de la consommation en langage de communication et le repérage d’une personnification. Détenir un modèle de représentation de l’expression de ses sentiments est une nécessité pour construire sa personnalité. Contenir ce modèle dans une représentation instrumentale dogmatique ou mercantile est limitatif, voire sclérosant. Il devient un handicap d’adaptabilité et de créativité ou les autres sont une source de rejet et d’exclusion. Il se transforme facilement dans le marché de l’ego en valorisation destructrice.
Ce modèle symbolique n’échappe pas aux lois de la physique ou de la biologie, il peut coller à l’image qui se vend de lui.
44 — Le transfert d’émotions vers des objets et un fait social, sa marchandisation est autre chose, un marché, contre lequel nous avons un recours.
1/ Le transfert d’émotions vers des objets n’est pas une nouveauté. Toutes les sociétés y souscrivent et y ont souscrit. C’est ainsi que nous les différencions. La particularité d’aujourd’hui, c’est que le marché amène à croire, en nous pliant au phénomène de mode, nous achetons pour nous différencier.
Si nous allions au bout du monde rencontrer des Chinois encore en tenue Mao, ou certaines populations avec, encore, un os en travers du nez, nous y croiserons obligatoirement un être dans lequel nous nous reconnaîtrons.
Tous les objets que nous utilisons sont un langage extérieur, culturel d’identification, authentique ou trompeuse, humble ou ostentatoire. Chacun bénéficie, naturellement, de singularité morphologique différenciée, pour nous reconnaître, renvoyant le besoin de possession d’objet symbolique, à des appartenances, et pratiques culturelles, permettant de qualifier son possesseur.
Avons-nous peur de la ressemblance ou apparaîtrons-nous incapables de nous reconnaître dans l’autre ?
Tout en étant identiques dans l’espèce, ce sont moins les critères morphologiques qui nous différencient, pour nous permettre d’avoir une identité unique, que la probabilité infime de développer à l’équivalent les mêmes pensées. Les facteurs d’occurrence qui le supporte sont infinis. Ils tiennent à une existence unique pour chacun, en fonction de la place où nous posons nos pieds. Cette place nous donnera une vision du monde que personne ne pourra partager. Le langage est insuffisant, pour spécifier les différences gérées par les mêmes facteurs innés. Cette situation unique impose un rapport de confiance dans les échanges interpersonnels intraduisibles.
Pour former une communauté, nous devons renoncer à une part de nos pensées individuelle, pour accommoder la part que nous avons en commun, dans un fait social. De manière que le discours individualiste, s’il devait trouver sa plénitude, serait suicidaire. Imaginons un mot pour chacun pour dire que je t’aime, ce serait invivable.
Le discours individualiste n’est qu’un marché publicitaire à l’intérieur d’un fait social consumériste. La production industrielle ne donne qu’un nombre restreint de modèles si bien qu’obligatoirement, nous les partageons avec d’autres.
Ce discours est dangereux, il ne peut donner naissance à un autre fait social que par opposition au suicide dont il est porteur en conduisant à l’isolement, à l’enfermement sur soi, à l’égoïsme individualiste. La socialisation impose les relations interpersonnelles pour former une communauté sans se laisser conduire à une intégration suicidaire. L’identification par l’objet concourra à définir des groupes. Ils peuvent, regroupés, donner de nouveaux faits sociaux ou tendances dans tous les domaines.
Notre ego est l’instrument qui nous permet de prendre la mesure de notre dimension, d’accumuler des informations sur l’autre et le monde. Il nous est indispensable pour exister dans l’image d’un futur dynamique inexistant que notre conscience développera par espérance.
Ce futur dynamique, nous le développons exclusivement sous forme d’un marché, la Loi du marché. Par là, exister n’est plus vivre que de se vendre.
2/ Si la décision reste humaine, cela signifie qu’elle a été préparée par une pensée, et cette pensée créatrice est à la source de notre essor.
Aujourd’hui, ce que nous incarnons sous notre seul regard ne nous permet plus de saisir la complexité du monde. Nous en oublions qu’observer le monde est essentiel, pour nous en inspirer, retrouver cette aptitude nous ouvrira encore plus les connaissances de la nature dont nous pouvons bénéficier, au lieu de la détruire.
Notre regard conduit à la réflexion à la compréhension, bien plus aujourd’hui, qu’hier. Ceux qui ne sauront pas, ceux qui manqueront d’instruction, d’éducation, de culture, seront des aveugles étriqués colporteurs de rumeurs et de superstitions. Le cas, échéant, piloté par d’autres aveugles, choisis ou élus, tels les aveugles de Bueghel.
Entretenir la pensée créatrice et l’élargir tout au long de son existence par un enseignement complémentaire permanent ne peut être qu’une exigence profitable, un recours indispensable.
Les ECPA constituent un recours pour réaliser nos décisions et nos choix, à la lumière des connaissances contemporaines, tout en favorisant inévitablement le discernement et l’émergence d’idées créatrices.
45 — Il faut favoriser l’échange autre que celui qui nous est proposé au quotidien.
1/ Notre évolution technologique permet pratiquement en restant chez soi d’être non, seulement à l’écoute du monde, et par le télétravail, de mener une existence de reclus, si nous le souhaitons. Nul ne peut contester l’apport des technologies de la communication et du transport individuel dans notre mode de vie au quotidien.
Devant la réduction de l’exercice de la rencontre de proximité, en offrant individuellement l’évasion virtuelle (vidéo, télévision, urbanisation), nous devons bénéficier d’espaces, de lieux de sociabilité, autre que les temples de la consommation.
Fréquenter les ECPA favorisera cette rencontre de proximité où nous prendrons le temps de l’échange. Chacun l’utilisera en fonction de son statut social, un retraité et un sans-emploi seront plus enclins à enchaîner derrière une activité que l’actif. En dehors de cela, parler, c’est aller à la rencontre de l’autre et se découvrir, non sans risque, celui d’apparaître comme l’on est.
Cela est moins grave que l’isolement frileux, ce qui ne retire en rien la nécessité de se constituer des havres de solitude ou des antres de méditation qui sont à l’égal du besoin de se rencontrer.
2/ Aujourd’hui, notre échange est globalement fixé par les médias, et en ordre croissant, plus particulièrement par les informations télévisées, 14 %, la presse nationale, 18 %, la presse régionale, et 31 %, les magazines. Sur 34,5 millions de personnes, 17 millions lisent des hebdomadaires de télévision. 1.
Si les médias, dans leur grande acception, demeurent notre source d’information pour percevoir le monde auquel je faisais allusion, cette information n’est que l’intérêt des rédacteurs. Ils entreprennent, soit une croisade, soit ils nous donnent, les informations correspondantes à notre image, et qui assureront dans les deux cas la vente ou l’écoute.
C’est le seul moyen de recevoir l’information de l’extérieur, que bouleverse l’Internet.
Le monde du travail fournit aussi son lot d’échange, et également la vie familiale. Ce sont là les échanges du quotidien des uns vers les autres, ce que nous savons, pensons, réalisons. Nous y apprenons aussi des uns aux autres. Ces échanges sont le fruit de nos occupations et ils dépendent du milieu sociologique. C’est l’échange local morcelé et hétéroclite. C’est la chaîne du bouche-à-oreille pour le meilleur et le pire.
Dans cet échange local, la place incidente qu’occupe l’information avec l’extérieur et grande, elle rythme notre quotidien. Pauvre en variété et en qualité de fait, pour ne pas être dispersive. La même information se retrouve dans tous les médias à quelques exceptions près. S’il existe une pluralité, c’est celle de diffuseurs et non d’informations. Nous ne devons pas oublier que la diffusion de l’information n’est pas neutre. Nous ne devons pas oublier que nous ne pouvons pas échanger sur des sujets dont nous n’avons pas connaissance. L’information diffusée est une goutte d’eau dans les informations disponibles.
Ainsi, pour disposer et échanger sur d’autres informations, nous devrions aller la chercher où elle se trouve. Dans son environnement sédentaire, prisonnier de son quotidien, aucun d’entre nous ne peut l’accomplir. Comme nous restons contraints de débattre des informations des autres, autant disposer des savoirs et des connaissances pour s’y livrer.
46 — Quels effets aura la fréquentation des ECPA au sein de la famille ?
1/ Par la fréquentation des ECPA, quelles nouvelles relations pourront se développer dans la cellule familiale ? Je n’en ai pas d’idées précises, hormis quelques caricatures, comme celle des enfants, acceptant mieux la leur, en voyant leurs parents fréquenter une école. Est-ce que ces derniers, un temps censés représenter le Savoir et l’autorité de l’adulte, n’en seront pas affaiblis, amenuisant chez les enfants l’idée de leur enfance, ils font la même chose qu’un adulte ? Nous rencontrons cette problématique avec les diffusions télévisées, dans lesquelles est proposé aux enfants le comportement d’adultes, et non, pas de jouer aux adultes.
Les parents seront-ils capables de fournir de meilleures réponses ?
Je ne sais pas ? Avoir la connaissance, ne résous pas tout, elle y contribue suivant l’application que nous en présenterons.
47 — Certains s’en excluront.
1/ Parmi les actifs, certains pensent, fondés ou non, que ce qu’ils réalisent ne peut être bien exécuté que par eux. Ils se rencontrent à tous les niveaux de la hiérarchie, plus particulièrement chez les décideurs. L’absence d’une banalisation de la délégation de pouvoir et les excès de la culture élitiste conduisent cette classe à ne jamais sortir de son environnement, à ne se côtoyer qu’entre elles. Celui à qui nous n’avons pas délégué une partie de nos pouvoirs nous remplacera un jour, et parfois s’avérera plus performant. Parfois, l’opinion publique conduit aussi à ne pas déléguer. Ce sont les travers de la notoriété. Quand il se présente dans une situation dramatique, nous recherchons un responsable à donner en pâture à l’opinion publique. Je rappellerais l’exemple du naufrage de l’Erika, quand raillé, la ministre de l’Environnement doit rentrer de vacances, bien que son absence ou sa présence n’avait aucune incidence sur les événements. Son absence fut reçue et présentée comme une faute portée à son discrédit. Cela n’a plus cessé, si bien que chaque responsable politique soigne son image comme un people.
Dans le traitement émotionnel de l’information, l’opinion publique a une tendance à court-circuiter les structures administratives. Peut-être avec des raisons tenant à l’absence de délégation de pouvoir. Surtout en politique aux débats théâtraux, en perpétuelle campagne électorale par l’art de communiquer, nourrissant notre abêtissement.
Les Belges se racontent qu’en France pour vider une salle de conférence il suffit de rentrer, et de dire que l’on demande le président, et tout le monde sort. C’est toute la confusion à laquelle nous procédons avec le rôle indispensable de l’élite, et sa représentation publicitaire ou théâtrale. La stupidité n’a pas de limites même quand elle se pare du vocable de communication. Toute cette élite, de fait ou fabriquée, s’en exclura. L’humour serait une coupure dans leurs activités débordantes aussi nécessaires qu’à d’autres. Sauf, qu’ils œuvrent dans un univers, où se poser, c’est un moyen sûr d’être englouti par un autre ?
S’en excluront tous ceux qui considèrent être des guides confessionnels ou idéologiques, pour avoir estimé de leurs écritures être instruits de la destinée. Comme d’autres lisent dans une multitude de choses, un contenu censé détenir la définition de l’avenir !
S’en excluront tous ceux, qui trouveront en eux une justification pour l’éviter.
1/ Avant d’en arriver aux incidences prospectives des ECPA sur l’organisation économique, je vais consacrer une longue argumentation à cette économie dont nous pouvons, retirer quelques contentements, qui est loin d’être mature ? Elle est empêtrée dans des luttes idéologiques égoïstes qui l’enserrent comme un carcan au travers de tous ses symboles de dominations. Et exhibe son pouvoir en usant outrageusement d’un langage libertaire de façade, soutenue par la rareté comme moteur de la désirabilité, produit de l’inné remanié par nos cultures paradigmatiques.
Je vais, commencer, par ce qui en est son symbole, l’or.
48 — Les symboles tels, l’or repose sur deux constantes réunies dans un schéma abstrait collectif, avec des valeurs contestables où elles sont relatives.
1/ Pour cela, nous devons fournir l’effort de regarder nos comportements à la lumière des symboles représentant nos motivations. L’affirmation de soi nous a conduits de tout temps à nous valoriser, de rechercher ce qui peut s’apparenter au dominant. Dans une très large mesure dans le but de séduire, d’exprimer sa sexualité humaine dans le cadre social de pratiques culturelles diverses pour procréer.
Aujourd’hui, c’est la monnaie qui nous permet de réaliser ces affirmations. L’envie qui nous pousse à dominer se matérialise aussi par l’attribution de valeurs subjectives à des matériaux, pourvu qu’ils soient rares. Les Hommes conviennent de leur rareté, tel l’or, ou organisent leur rareté, la production de monnaie.
1 Gérard Mermet. Francoscopie. Éditeur Larousse. 2001. PP. 427 à 433.
2/ L’or est par excellence le symbole convenu de valorisation. D’autres comme l’or sont aussi recherchés pour cette représentation, les pierres dites précieuses, et tous les autres matériaux auxquels nous accordons cette valeur symbolique pour les raisons qui sont les nôtres. Elles n’ont pour valeur réelle que, leurs propriétés physiques, et l’énergie que nous consacrons à leur production.
Par les émotions et les envies qu’elles suscitent, nous en oublions que ce ne sont que des métaux ou des pierres. Leurs valeurs relatives se situent dans la représentation symbolique que nous leur attribuons, afin de satisfaire notre désidérabilité.
Durant des siècles, avec l’or, les hommes se sont transmis un métal qui ne leur servait technologiquement à rien. En dehors de son origine cosmique, il représentait la puissance et la richesse divines. Il devient un moyen d’échange, vers 560 av.-J.C, contre toutes sortes de biens, et recouvert des édifices sacrés ou symbolisant le pouvoir et les autres. Quand ce n’était pas tout simplement le désir de sa possession pour affirmer sa puissance spirituelle, politique, individuelle. Aujourd’hui, nous connaissons sa fonction la plus importante, être un moyen d’échange convenant aux savoirs ambiants. Il quantifiait les échanges et les représentations sociales. Nous l’utilisons encore comme représentation suprême dans les Jeux olympiques, pour la fabrication de bijoux et dans l’industrie pour ces propriétés intrinsèques. Il n’est plus convertible, tout en restant est présent en bourse.
Il a marqué l’histoire humaine de telle que nous le retrouvons en partie, comme le symptôme d’une souffrance psychosomatique.
3/ Cette valeur symbolique repose sur deux constantes. La présence de la matière, un matériau aux propriétés physiques scientifiquement attestées, et l’écoulement du temps. Sans cette perception de la durée du temps, nous ne rechercherions pas des œuvres qui durent. La nature a toujours fourni des matériaux mécanistes pour satisfaire à la symbolique humaine de domination.
Ces deux constantes sont la caractéristique de l’évolution de notre activité cérébrale capable de conceptualiser toutes les émotions comportementales de la perception abstraite d’une réalité observable. Nous ignorons comment les hommes ont découvert les métaux. L’archéologie nous présente leurs utilisations à partir d’une activité minière au néolithique. S’en suivra une activité métallurgique nous conduisant jusqu’à l’industrialisation.
Cette aptitude à conceptualiser, issue des perceptions émotionnelles durables, déterminera une valeur à l’or, à partir d’une fonctionnalité symbolique et une utilisation pratique, à un matériau qui n’a que le seul mérite de ses propriétés mécaniques. Nous ignorons la motivation profonde de notre attachement, pouvant tenir aussi bien à sa rareté qu’à ses propriétés mécaniques de résilience et d’esthétiques. Les Hommes l’on conduit à en être d’un usage symbolique que nous lui connaissons, et qui perdure dans leurs esprits, une réserve de sécurité d’échange, irréductible, qu’il estime être perpétuellement désiré.
La durée du temps universel n’est qu’une valeur conventionnelle mesurable par des outils (horloge, montre, etc.), elle segmente la durée des souvenirs de nos actions. En restant dans la limite des variations que nous ne pouvons pas ressentir à notre échelle, qui sont mesurables tout en vivant les infinitésimales. 1 Elles ne sont pas tant, une mesure de durée de temps, que d’écoulement du temps que nous ressentons psychologiquement. Qui, subissant la pesanteur, s’écoule plus lentement à mesure que l’on se rapproche du centre de gravité terrestre ? L’écoulement du temps est reconnu pour les propriétés, qui sont les siennes à donner une indication, une durée de mouvement à notre existence.
Quand il servira de mesure d’une activité de travail, il aura une autre fonction que simplement donner l’heure, il fixera le déroulement d’une activité et sa valeur horaire sera convertie en monnaie.
Dans le cas de notre temps, il s’agit d’un événement cosmologique que nous avons formalisé par la mesure de durée. Ces mesures acquièrent une valeur dans l’organisation économique, et notre cerveau nous donne la capacité de les projeter dans un futur inexistant.
Dans la durée du temps, l’or s’est avéré conserver son éclat, il durait au-delà des siècles, et après avoir représenté l’éternité et l’embellissement, signe de richesse, il devint aussi le bien d’échange inaltérable.
4/ Ce qui relie ces deux constantes n’est que notre activité cérébrale humaine à conceptualiser à partir des observations que nous parachevons, par des définitions. La confiance que nous accordons aux schémas, qui définissent la valeur satisfaisant nos motivations, ne repose sur aucune théorie scientifique, exacte, ils sont subjectifs, ils sont la résultante de la relation constante de l’inconscient vers le conscient. Un conscient qui interprète, et décrypte son environnement géographique, adapte ses représentations en fonction d’un apprentissage inégalement développé, en fonction même de la richesse des territoires, sur lesquels les hommes se sont sédentarisés.
Ces schémas sont issus de notre imagination, de notre capacité à associer des informations, et ils correspondent à l’observation et aux pratiques de nos relations communautaires culturelles. Plus profondément, ils se rattachent à notre inné où l’un doit disposer d’une chose enviée pour séduire l’autre.
5/ Tout l’or que nous pourrions amasser ne donnera pas la richesse, sans un consensus collectif autour d’un comportement sociologique.
Si l’un de nous possédait tout l’or de la Terre, il mourrait pauvre. La communauté s’organiserait en dehors de lui, elle choisirait une autre référence, et en cela rien de scientifique. L’animal ne s’attache pas à l’abondance pour séduite, comme les humains.
Tandis que l’oxyde aurique protège l’or de l’altération, le fer mis au contact de l’eau donnera de manière constante de l’oxyde ferrique, que nous le souhaitions ou pas, et cela est scientifiquement démontrable (réfutable). Pour le temps, nous pouvons démontrer l’existence de son déroulement en durée, et la mesure que nous utilisons est conventionnelle.
Nous avons élaboré des concepts communs par accords collectifs, par us et coutumes, par conventions pour mesurer, ce qui est le produit de nos désirs, les biens et les services. L’apport de la science vient nous confirmer s’ils sont réels ou culturels. S’ils sont réfutables ou irréfutables, l’or est réfutable, la valeur de l’or est irréfutable.
6/ Les composantes de ces concepts se sont élaborées et ordonné au fil du temps de l’histoire des Hommes. Ils ont glissé dans les mesures de nos rapports commerciaux, desquels nous avons fini par retenir un certain nombre de constantes comportementales liées à nos désirs. Nous les avons codifiés par raisonnement mathématique, sans que, pour autant, l’usage des mathématiques ne leur confère aucune exactitude hormis celle d’exister. Servir de repère, tout en faisant la nécessaire distinction entre les mathématiques qui quantifient des réalités physiques, et celles qui quantifient les qualifications subjectives de la désidérabilité.
Les théories économiques qui en sont sorties ne mesurent que des valeurs relatives, que nous reconnaissons comme valeurs réelles, par nécessité d’ordre, de perspective et de prospective. Ces valeurs, que nous reconnaissons comme réelles, sont des valeurs méthodiques et adaptatives. Elles ne valent que pour autant que nous les reconnaissions comme telles, dans notre majorité, en fonction du siège de leur formation, inconscient, conscient, profond, et conscient.
Ses valeurs constitutives du fait social évolutif sont contestables, dans la mesure où elles fondent la valeur de la rareté et satisfont à un comportement instinctif.
7/ Heureusement qu’il en est, leur absence de fondement scientifique, que nous nous efforçons d’y trouver par nécessité d’ordre, ne les rend pas immuables, elles sont contestables. Dans le cas contraire, cela signifierait que nous ne pourrions pas en changer, pas progresser, pas nous réformer, ni évoluer.
Si l’Amérique est puissante, ce n’est pas qu’elle a un bout de papier qui s’appelle le dollar, autour duquel la communauté internationale s’est reconnue, comme monnaie de référence. C’est qu’elle domine économiquement par toute sa capacité productrice, d’où découle sa puissance militaire au travers des valeurs que nous admettons conventionnellement. Avant 1914, c’était l’Europe qui dominait économiquement, avant la France et avant, et avant, et avant, etc.
8/ C’est de ces valeurs relatives que dépendent nos existences.
Ces valeurs sont adaptatives, en ce qu’elles résultent, à la fois, de la raison sensible, et d’une connaissance plus approfondie des mécanismes intelligibles de notre raison rapportée à ce, que nous connaissons de NOUS. Cette même raison nous a permis de connaître les lois de l’univers, que celles qui sont fausses quand elles décrivent une valeur. Un mètre n’est pas un mètre, il ne vaut que par son moyen de nous permettre de mesurer toutes choses pour nos estimations subjectives et nos conceptualisations. Les mesures sont un langage universel réfutable, et personne ne les réfute, par d’autres qui ne seraient pas plus justes.
Ces valeurs, que nous identifions par sensation émotionnelle et définissons et désignons par la raison, restent adaptatives, si nous retenons la thèse que notre existence est déterminée ou créée, nous ne disposons pas pleinement du libre arbitre.
Nous restons liés à l’échelle des jugements de la capacité d’apprécier toutes les probabilités de valeurs possibles, qui excluraient l’incertitude, l’indéterminé. Elle devrait inclure nécessairement celles du passé connu, et celles du passé que nous ignorons que nous ne pouvons prendre en compte et rend nos jugements toujours relatifs. Cela devrait nous rendre tolérants dans l’écoute des autres et des affirmations de soi.
Chaque jugement de valeur est le produit d’une émotion, et nous ne disposons d’aucun outil pour en mesurer la valeur réelle, sauf d’en observer ses effets que nous répertorions. À partir d’eux, nous établirons des échelles de valeurs désignées, par un vocabulaire restreint, et nous quantifierons le nombre de personnes se référant à cette échelle de valeurs pour la normaliser. Nous pouvons tout de même mesurer l’intensité de certaines émotions par notre rythme cardiaque, même, si c’est restrictif. L’amour s’est toujours identifié au cœur, bien, que celui-ci n’y soit pour rien, se bornant à apporter du sang à l’ensemble des organes ayant réagi à une émotion amoureuse. Ils ne pourraient pas servir de graduation de valeurs à toutes les nuances dont nos émotions sont porteuses, pour pouvoir sérier de 0 à l’infini celles de six milliards de personnes. Par souci d’organisation, nous déterminons des normes par l’usage du vocabulaire et des mathématiques, et ces déterminants restent aléatoires, ils peuvent se déplacer sur une échelle de 0 à l’infini, ils en sont relatifs.
En dehors de l’énergie humaine, rien ne sert d’espérer trouver une valeur marchande définie par une loi invariable qui soit une réalité physique. Elle ne nous dispensera pas de la responsabilité d’acteur afin d’apprécier nos agissements sociaux aléatoires, issue de l’événement culturel généré par notre activité cérébrale. Mais nous aurons une valeur irréductible internationale.
L’ignorance de toutes les probabilités de valeurs est notre chance d’en changer puisque nous ignorons qu’elles sont les justes valeurs. Nous pouvons alors décider d’en définir d’autres, autant qu’il nous plaise dans le cadre du consensus communautaire, ou majoritaire, ou définir une valeur irréfutable en établissant la valeur marchande de toutes choses par son énergie de consommation humaine.
Nous pouvons choisir dans les probabilités connues, ou bien définir celles qui sont encore indéterminées, et que notre raison acculturée peut assembler. Nous devons pour cela emmagasiner plus de connaissances, et plus de savoir, ce que nous appelons la créativité. L’homme peut combiner autant d’échelles de valeurs qu’il le veut, pour exprimer de mêmes motivations ou de nouvelles, pour assurer sa diversité holistique, comme source d’échange créatif.
De prendre conscience que nos valeurs sont relatives est indispensable, si nous devons nous en recommander, et elles restent adaptatives et nous pouvons en changer, quand la nécessité se présente. Comme c’est tout aussi important d’être clairvoyant pour comprendre qu’espérer atteindre, pour chacun des êtres humains, la richesse absolue est illusoire. Elle est si recherchée dans sa définition actuelle, que nous ne comprenons pas, qu’elle n’est que la réponse du paresseux primitif, inscrit dans la mémoire de nos gènes qui a mué.
Elle n’existe que comme espérance d’un désir qui ne peut pas être atteint par tous, du moins à court terme sous la forme la plus répandue. Une forme qui se traduit, le plus souvent dans notre esprit, par avoir de l’argent et jouir seulement de la vie. Ou tout simplement, pour ceux qui, autour de l’argent, se sont établi le pouvoir de le conserver, jusqu’à ce qu’il leur échappe un jour. Comme il a échappé à d’autres avant eux. En cela, nous devons avoir une réflexion philosophique ou existentialiste, de savoir pourquoi nous avons concouru au pouvoir. Posons simplement cette question qui recevra, une réponse hypocrite de la part de ceux qui gouvernent et qui tolèrent la misère et la pauvreté, sur tout s’ils sont les puissants qui disposent des moyens de la résorber.
Nous devons être conscients que par espérance d’un désir, que nous avons structuré inaccessibles pour tous en sa forme actuelle, nous maintenons des valeurs relatives, qui nous accablent ou nous tuent.
47 — La monnaie est une valeur fictive dont nous
mesurons l’usage avec l’État comme statisticien, et les libéraux comme joueur de pipeau qui incitent à s’interroger.
1/ Le phénomène le plus important est l’organisation sociale qui s’est constituée autour de la monnaie depuis des siècles. Si sa circulation a facilité le développement économique, sa rareté est en même temps, un frein au développement.
La monnaie n’en demeure pas moins une valeur relative fictive et réglementée, qui n’a pas de valeur, en dehors de la confiance que nous lui accordons.
Imaginons-nous dans le désert, et devoir choisir entre un verre d’eau ou un compte bancaire opulent ? Nul doute que c’est notre raison qui l’emporterait sur notre envie de posséder un compte opulent, et nous choisirions le verre d’eau. C’est bien notre existence, qui est fondamentale, et non une ligne d’écriture sur un compte, qui, sans lui dénier son utilité, n’est pas une, fin en soi ?
Si dans la même situation un tiers nous proposait le verre d’eau pour le prix de notre capital, nous l’achèterions. Si un autre tiers nous offrait ce verre d’eau, nous le prendrions.
Les deux cas donnent un résultat identique pour l’assoiffer. Dans le premier cas, la valeur de notre compte, à un cours imaginaire, d’un million de litres d’eau, n’en vaut plus que celui d’un verre. Dans le deuxième cas, nous sommes bénéficiaires de tout. Dans le premier cas, nous sommes sauvés, et ruinés, dans l’autre, sauvé et propriétaire d’un capital qui ne représente rien, faute de ne pas avoir été désiré.
L’exemple est réducteur et exclusif des autres types de situations possibles. Il indique ceci : que l’éducation sociale pour l’un, et l’autre n’engendrent pas la même échelle de valeurs pour l’ensemble des éléments qui composent la situation ! D’autres appellent cela « la loi du marché », et ramènent nos relations sociales à un seul échange commercial dépourvu de l’humanisme que notre espèce a su définir et qu’elle a, tant de mal à réaliser.
Il rétablit un long processus d’organisation substantive, 2 que l’économie capitaliste ramène à la plus stricte expression d’égocentrisme, comme la justification d’une impossibilité à concevoir d’autres types d’interaction économique.
2/ Il n’en est rien, si nous le voulons et le comprenons en nous instruisant tout au long de notre vie. En créant nos outils de mesures économiques, nous gérons au mieux nos relations socio-économiques, et nous pouvons savoir si nous allons vers un excès ou un autre. Comme ce ne sont que des instruments de mesure, ils peuvent être modifiés.
Cette décision appartient aux Hommes, et non à quelques Hommes, ni les uns ni les autres ne sont une garantie quelconque sans un débat de citoyens avertis. Mais la connaissance approfondie, des théories économiques et monétaires, n’est connue que de spécialistes et ceci limite la capacité de compréhension des autres. Ils ne choisissent qu’en fonction, des théories apologétiques exprimées sans en connaître, souvent les bases les plus simples, qui reposent sur leur bon sens commun et leurs intérêts égoïstes, dont chacun peut avoir une appréciation à son propos.
Ce bon sens commun ne suffit pas toujours dans ce domaine. C’est ainsi que nous avons des citoyens qui votent pour des gouvernements néolibéraux, voire ultralibéraux, et demandent à l’État d’intervenir en toutes choses, de mener des politiques keynésiennes.
Une décision de modifier ces instruments de mesure économique est éminemment politique. À travers, elles, les Hommes peuvent choisir leur destin et, peu importe à qui, ils en confient la gestion, ce qui est un autre débat. Il suffit que les décisions ne leur échappent pas, et s’opèrent en connaissance de cause. Cela exige d’y consacrer du temps que nous ne dégageons pas. Il n’est pas surprenant d’entendre autour de la monnaie et de ses théories se développer des débats pseudo-scientistes, de valeurs relatives et fictives. Elles sont la projection de nos fondamentaux besoins de se nourrir, s’abriter, s’accoupler. Ces fondamentaux servent de justifications à l’approche pseudo-scientiste et pourvoyeur de désirs non moins clairement exprimés, dominer. Ce n’est que l’égocentrisme de l’image du Père, imparfaite, à tempérer.
Nous confions de plus en plus ce rôle à la loi du marché, qui régénère les impulsions, que l’image du Père a mis des siècles à contenir par des contes divins. Ils nous laissent comme de naïfs béats devants la modification d’un certain nombre de valeurs socialisantes.
3/ Dans le débat économique, le rôle de l’État citoyen est toujours présent, et il ne peut pas en être autrement. Pour ceux qui considèrent que l’État ne doit pas intervenir dans l’économie, c’est nier le droit de la communauté citoyenne d’intervenir. Particulièrement dans des secteurs, qui déterminent son existence, et en fixent son orientation, nous ne vivons plus une royauté. Au-delà, c’est dénier la relation qui existe, entre l’usage de biens et de services, et les modifications qu’ils entraînent dans la société. Par l’entremise des pouvoirs politiques, la communauté exerce des pressions ou des orientations. La priver de cela ce serait soustraire à la communauté citoyenne son pouvoir pour le concéder à quelques particuliers, quel que soit le mérite de ces derniers. Ce serait disposer de la communauté sans avoir à se préoccuper de l’existence de ses membres.
L’État citoyen joue aussi un rôle important et obscur de celui de recueillir les informations socio-économiques.
Pour jouer ce rôle, l’État dispose d’institutions de collectes de toutes les informations, comme l’INSEE, ou celles produites par la BANQUE de France pour les plus connues. Sans ces organismes et d’autres, le monde socio-économique serait aveugle et plus d’un employeur s’y rapporte.
1 «Cette prédiction fut mise à l’épreuve en 1962 ….» «On trouva que l’horloge du pied d’une tour qui était plus proche de la terre que celle au sommet, marchait plus lentement, en accord avec la Relativité Générale » Hawkins. Une brève histoire du temps. Éditeur Flammarion. 1989. P. 53.
2 Dans l’espèce humaine, les besoins ne sont satisfaits que grâce à une coopération entre individu. Il n’existe pas d’individu isolé, d’homme sauvage. L’économie est l’organisation commune qui permet la satisfaction des besoins. Dans les débats entre anthropologues, cette conception de l’économie est généralement désignée comme « subsistantiviste » (histoire des mœurs II vol 1, p 441). Note de l’auteur. Sur cette base l’on peut donc concevoir que l’économie dites libérale qui se symbolise par la loi du marché, n’est que l’aboutissement momentané d’un long processus d’une organisation «subtantiviste » qui veut s’ériger en vérité absolue des relations de l’homme et de l’économie qu’il a ordonnée, et sa justification par l’égocentrisme comme socle incontournable produit de l’inné, n’est qu’un choix culturel délibéré.
4/ Les partisans de la suppression du rôle de l’État dans le domaine d’économie ne manquent pas. C’est considérer que les citoyens n’ont pas à organiser leurs relations socio-économiques et laisser jouer le rapport de force individuel, qui ne peut pas exister en l’état. Nous trouvons donc en complément les forces de l’ordre public du rôle régalien de l’état, financé par les salariés seulement. Ceux-ci financent donc des forces de l’ordre qui veillent à les maintenir dans leur condition de servitude salariale à laquelle ils n’ont pas participé aux choix. Les Hommes sont entrés en conflit pour se répartir la rareté sur la base de leurs comportements instinctifs du privilège de la loi du plus fort. Elle fonde l’organisation économique que nous retrouvons sous tous les régimes politiques en deux classes sociales. C’est l’aboutissement du « laisser faire et le laisser passer » ou la loi du marché, sous-entendu, les règles se fixeront d’elles-mêmes au faire à mesure. Nous pouvons vérifier cela tous les jours en remettant en cause cette croyance du laisser-faire et du laissez-passer, et que cela puisse conduire à autre chose qu’un paradigme du dominant/dominé. Il en est autrement du mythe de l’anarchie ni dieu ni maître. Un mythe inaccessible aujourd’hui exigerait que des pans de la matrice culturelle soient héréditaires pour ne pas avoir à réapprendre continûment à la naissance et obtenir une conscience pour nous diriger sans dieu ni maître. Peut-être dans 800 000 ans. La loi du marché est une croyance qui ne dit pas que c’est le conflit où le plus fort l’emporte toujours. Les partisans de ce discours mettent l’accent sur l’importance de notre société de droit, qui si elle remplace Dieu ne remplace pas le maître, qu’il soit physique ou moral. C’est une société dans laquelle nous pouvons observer, lors des élections, que dans tous les pays, ceux qui appartiennent à la classe des asservies votent pour leurs maîtres. La raison n’est pas à rechercher dans un comportement humain que par l’observation des comportements animaliers, dont nous sommes toujours les dépositaires à chaque naissance. Chaque naissance nous l’inscrivons dans la matrice culturelle avec laquelle nous avons établi des paradigmes de la loi du plus fort que nous perpétuons. Chacun doit respecter la législation, dit-on pour préserver la liberté de chacun, sous peine de sombrer dans l’anarchie (au sens de : sans aucun ordre). Tiens l’anarchie !
La loi du marché serait en l’absence de règles, l’anarchie ?
Non !
C’est entendre la loi de ceux, qui sauront s’organiser et établir un ordre, pour être les plus forts. C’est ainsi que nous devons l’entendre, et observer que cela se passe de cette manière.
La loi du marché signifierait l’absence de lois positives, pas l’absence d’un ordre, c’est l’ordre du plus puissant qui s’impose, voire l’ordre de ceux qui commercent, celle du dominant. Je ne songe pas du reproducteur alpha, capable d’assurer la survie du groupe, celui que nous ne perp&e