Difficile de rendre un hommage sincère à Badinter.

Publié le 10 Février 2024

Difficile de rendre un hommage sincère à Badinter.

 

Notre monde est comme les aveugles de Brueghel, chaque nation est accrochée à la culotte de l’autre dans le sillon tracé par le patriarcat capitaliste. Cela devrait nous interroger, pour quelles raisons avons-nous peur aujourd’hui de l’incertitude ? La seule terre à conquérir qui appartient à l’évolution. Toutes les nations sont conservatrices parce que nous savons que l’inquiétude de l’avenir des humains demande des assurances. Durant des siècles, les humains l’ont trouvé dans l’espérance d’une éternité religieuse ou philosophique, plus stable et irréfutable, que celles humaines. Tant est si bien que le conservatisme guidé par la peur de l’avenir ne sort pas de son sillon.

L’ancien grand-duché de Toscane de l’Italie, est devenu le 30 novembre 1786, le premier État de l’ère moderne à abolir complètement la peine de mort. La courte République romaine de février à juillet 1849 abolit la peine de mort avant d’être renversée par les troupes françaises. Lorsque le royaume d’Italie a été formé en 1891, tous les États constituants, à l’exception de la Toscane, ont autorisé la peine capitale jusqu’à ce qu’elle soit abolie par le Code pénal en 1889. Bien qu’en réalité elle ait été maintenue en vertu du droit militaire et colonial. En 1926, Mussolini a réintroduit la peine de mort dans la loi italienne. En 1944 elle fut abolie du Code pénal . je mentionne cela au cas où nous y trouverions une ressemblance avec la RN.

En 1863 le Venezuela est un des premiers pays ayant aboli la peine de mort.

En France Napoléon III le 6 février exprime l’idée que le territoire algérien ne saurait être considéré comme une « colonie proprement dite », mais comme un « royaume arabe », affirmant que « Les indigènes ont un droit égal à ma protection et je suis aussi l’empereur des Arabes que l’empereur des Français ».

Le 2 septembre, un décret autorise la création sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie d’établissement pour l’exécution de la peine des travaux forcés. Je laisse chacun apprécier ces trois événements.

Ainsi, Badinter en Europe fut précédé par la Norvège, la Suède, l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande. Dans cette ornière du capitalisme, chacun ne l’a pas suivi sous le même poids des peuples de sa nation. Des pas que certains avaient plus légers que d’autres. Je me souviens des débats au sein du parti, nous n’étions pas tous du même avis. S’il y avait eu un référendum, nous aurions toujours la peine de mort en vigueur dans notre pays. Le conservatisme, la peur et l’ignorance l’auraient emporté. Il est particulièrement triste de faire ce constat historique, car aujourd’hui il ne s’est pas dissous dans les connaissances scientifiques apportées par les sciences de la cognition. L’actualité de journalistiques invalides et l’électoralisme sécuritariste effacent ces sciences humanistes.

Le décès de Badinter voit s’élever toutes les louanges hypocrites de son action dans les médias.

Eux qui concourent tous les jours, par la litanie inconsidérée des crimes et délits à son anéantissement.

Le plus grand hommage que nous lui ayont rendu a été d'inscrire l'abolition de la peine de mort dans la constitution en 2007.

 

S’il n’y a pas à déconsidérer la peur, qui est un attribut instinctif essentiel, nous pouvons rendre la réalité objective des événements qui y conduisent plutôt que de jouer avec eux pour l’entretenir. Nous avons laissé se développer un sentiment d’insécurité, par la théorie, par ailleurs juste, développée par le criminologue Bauer, de convenir que tous les crimes et délits connus, laissent supposer qu’il en demeure autant de caché sinon plus. Avec cette appréciation suggestive nous sommes ainsi passés de la factualité à la suggestion, dont au bout nous pouvons dire, qu’il n’y a plus de présomption d’innocence et que l’humanité est criminelle. Comme espérance nous pourrions avoir mieux. Comment peut-on avoir alors que 90 % des citoyens n’ont jamais eu à faire avec la justice ? Ce qui nous fait 7 millions de citoyens, alors qu’il n’y a que 3.700 000 crimes et délits. Il est vrai que les citoyens dans ce domaine sont fâchés avec la calculette, surtout si dans celui-ci elle dément leurs sentiments portés par la rumeur des réseaux et des médias. Mais les citoyens n’en ont cure, n’en ont que faire, car ce qu’ils expriment au travers de ces appréciations, c’est le mal vivre qu’ils ressentent, l’absence d’espérance et dont l’exhibition de crimes et de délits sur le net ou sur des vidéos sont des exutoires. Sauf que cela conduit au désir de rétablissement de la peine de mort sous réserve que ce soit, pour les autres et non pas pour soi-même, et nous n’ayons pas à exécuter le condamné pour devenir à notre tout un criminel.

Toujours, à nous traîner lamentablement dans l’ornière du patriarcat capitaliste, nous ne pourrons jamais en sortir ou considérer ceux qui en sortent comme des parias, et nous demeurerons incapables de comprendre que le capitalisme accepte l’exception des crimes et délits, auxquels il se livre lui-même dans le cadre d’une concurrence sans moralité, comme un effet pervers de son organisation. Tant que les inégalités sociales, dont sont issus les crimes et délits, hors crimes passionnels, ne dépassent pas un seuil acceptable qui remet en question sa domination. Ils préfèrent, de loin, que l’opinion publique se retour contre elle-même, que celle-ci comprenne et de remonter à la source des inégalités générée par la compétition, dans la répartition de la rareté qui exige la mise en place d’un revenu universel et de donner un sens a son existence. C’est-à-dire devenir civilisé.

Si nous voulons rendre hommage à Badinter, le plus beau qui peut lui être rendu, c’est de poursuivre sa vision humanitaire du monde.

Rédigé par ddacoudre

Publié dans #critique

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