Je ne suis pas allé manifester, un trompe l’esprit.

Publié le 12 Novembre 2023

Je ne suis pas allé manifester, un trompe l’esprit.

Cela ne retire rien à la bonne foi de ceux qui sont passés outre les distensions. L'information est couverte par le conflit, israélo-palestinien. Il enflamme les passions, renvoyant au second plan les débats sociaux importants, encore plus qu’avec une année particulièrement marquée par une chaleur incendiaire et maintenant des pluies abondantes sur de courtes périodes, faisant la Une autour du monde. Aucun pays n'a été épargné, et chacun, des populations du monde, a continué devant son écran de tailler le saucisson impuissant du quotidien. Bien sûr, nous avons nourri de l’empathie et de la compassion devant des images affligeantes de forêts en flammes ou de gens prenants des bains de pieds, sans oublier ceux qui malheureusement ont péri dans ces circonstances. Ainsi va notre quotidien, une information dramatique chasse l'autre, quand ce n'est pas les soucis sécuritaires qui se glissent intempestivement pour rappeler que l'insécurité se cultive aussi par le sentiment.

Non pas que les faits présentés soient inexacts, mais la répétition journalière nous laisse le sentiment que tout va à vau-l’eau. Or, le taux de criminalité est de 54,97 pour 1000 par contre, le sentiment des gens c'est tout autre. Le sentiment des personnes est plus élevé. 72,02 pour 1000 pensent que la criminalité a augmenté ces trois dernières années, inquiétude d'être insulté par 60,22. Problème avec les dealers 63,01, problème avec les crimes contre les biens 62,43. Inquiétude d'être sujet à une attaque physique en raison de la couleur de votre peau, de votre origine ethnique, de votre sexe ou de votre religion 43,23 (source Numbéo). Ces quelques données pour faire ressortir que ce sentiment d'insécurité est médiatique. 63,13 pour 1000 des personnes ont peur de marcher seules dans la journée.

L'on peut dès lors comprendre la montée des voix de la RN, et la radicalisation des points de vue pour mettre en place des mesures policières, punitives, et antisociales. Nous pouvons continuer de vivre dans cette illusion et considérer que c'est une agression d'être traité de con et que la colère doit s'exprimer en un mot feutré, surtout sans élever le ton, dire que je t'aime sans avoir une érection. La platitude d'un légume.

À partir de 1990, la manipulation médiatique de la nouvelle doxa libérale consiste à laisser croire que les citoyens sont des victimes, de gens malfaisants, et qu’ils n’y sont pour rien dans les conséquences malveillantes et incommode, pour ne pas dire criminelles et délinquantes, comme, quelle qu’en soit la raison, depuis des siècles nous qualifions, tous ceux qui nuisent volontairement ou non à autrui, comme si nous n’y étions pour rien dans les choix politico-économiques pour lesquels nous avons voté, entraînant des conséquences inégales sur tous. L’on ne demande pas aux citoyens d’avoir à réfléchir par leur pensée associative des conséquences qu’engendrent leurs choix, mais de s’en tenir à leurs émotions ataviques. Combien de méfaits aurions-nous évités si nous avions voté pour un revenu universel. Nous préférons mettre l’argent dans les prisons et la justice, que de données des moyens de vivre honnêtement. Ainsi va la vie.

L’exemple le plus cruel de cette dichotomie est celui du mouvement pour la paix en Israël.

Il y existe encore des organisations qui œuvrent en faveur de la paix, comme le groupe israélo-palestinien, Combatants for Peace, et le collectif d'activistes israéliens, Free Jerusalem.

Dorit Rabinyan, membre du conseil d’administration de plusieurs organisations de gauche opposées à l’occupation israélienne de la Cisjordanie, a déclaré au New York Times :

« Je sais que ce n’est pas noble de ma part, je sais qu’il y a de la souffrance de l’autre côté, mais l’autre côté a pris des otages et a massacré si violemment, avec un tel entrain, que ma compassion est en quelque sorte paralysée. »
Il n’y a rien à redire à cela, l’on ne peut pas rester insensible humainement à de tels massacres du 7 octobre. C’est notre réaction instinctive quand l’on est concerné par un événement. Mais quand l’on dirige un mouvement pour la paix, dans un deuxième temps, il faut passer au-dessus, aussi difficile que cela soit-il. C’est ce qu’a fait le général de Gaulle avec Adenauer pour réconcilier deux États, dont l’un avait commis des atrocités industriellement dans la recherche de l’Homme parfait. Pour ma part, je ne prends pas fait et cause pour l’un ou l’autre, même si je connais leur histoire depuis le début du néolithique. Il appartient aux uns et aux autres de rechercher à vivre pacifiquement, et non de vivre au travers de contes millénaires de plus de deux mille ans, et comme à la communauté internationale de soutenir son choix de 1948, qui aujourd’hui s’avère être devenu une erreur, par l’appel d’Israël à vouloir regrouper sa diaspora, ce qui le pousse à rechercher toujours plus de territoires en chassant les Palestiniens.
Sauf que nous ne voyons pas la majorité des populations défiler derrière les mouvements de paix. Il en est de même en France bien qu’il y ait 150 mouvements de paix.
L’appel contre l’antisémitisme n’a qu’un intérêt politique qui vise un soutien exclusif à Israël. Or les populations d’Asie Mineure sont historiquement des Sémites. Aujourd’hui, ce sont essentiellement les Juifs et les Arabes. C’est, pour cette raison, que je ne suis pas allé manifester avec une organisation du FN sous le masque de la RN et idem pour Zemmour des leaders qui sont antisémites (contre l’immigration et la religion musulmane) et n’ont pas peur de leur contradiction envers une population de bonne foi ignorant ces distinctions. Et quand, un parti, comme la LFI, le leur explique ce sont eux qui se font brocarder. Et les médias en rajoutent à leur ignorance en jetant de l’huile sur le feu. Il est clair que cette manifestation antisémite est une manifestation pro juive. Ils n'ont pas tort, de dénoncer les actions anti-juives depuis le 7 octobre ni les actions terroristes employées par le Hamas dans leurs caractères inhumains, mais l'action répressive d'Israël n’est pas meilleure. Mais ce n’est là qu’un point de vue occidental, une doxa dont on lave le cerveau des citoyens. Dans ces deux pays si les citoyens qui élisent leurs dirigeants veulent la paix, qu’ils votent pour cela ou qu’ils manifestent derrière ceux qui la soutiennent. Est-ce cela qui se passe ? Au contraire, les citoyens de chacun des États votent pour ceux qui leur assurent que les armes les protégeront contre leurs ennemies, chacun avec leurs raisons, que j’ai rappelées et qui sont aberrantes à notre époque.
Sauf, que voter n’est pas un acte sans incidence. Dorit Rabinyan se plaint des atrocités, comme si se prendre un obus sur la tête de part et d’autre était anodin. En Occident, nous présentons les civils comme des victimes collatérales d’un jeu vidéo de la guerre entre deux armées. Ce n’est absolument pas sérieux, c’est dénié le vote en son âme et conscience de ceux qui ont fait un choix politique. Depuis la révolution, nous vivons dans un monde capitalistique dont nous reconduisons tous les ans ceux qui le soutiennent, sauf de 1982 à 1984. Tous ceux qui ont appris les sources du développement capitaliste savent qu’il ne génère que des conflits, dont nous avons quelque peu avec l’aide de la technologie maîtrisée des crises boursières qui ont eu lieu sans que les citoyens en aient connaissance sauf celle de 2008 en France. Voir Wikipédia. Comment alors se présenter comme n’étant pas partie prenante des décisions des gouvernants ? Est-ce que les citoyens juifs massacrés le 7 octobre présentaient un signe de distinction, déclarant qu’ils étaient pour la paix, idem pour tous ceux qui à travers le monde dans des conflits subissent les conséquences des choix de la majorité d’entre eux ? Je suis de ceux qui disent que la guerre est un crime contre l’humanité. Est-ce que cela m’empêchera d’être la victime d’un frappadingue qui croit qu’en tuant quelqu’un, il ira au paradis ou sauvera le monde. Depuis longtemps, je sais que n’ayant jamais voté pour ceux qui soutiennent le capitalisme, cela ne m’en exonère pas, car ceux qui s’entre-tuent sont sourds et aveugles. Et il n’y a pas qu’eux, une personne me demandait un jour, est-ce que vous tenez des propos humanistes devant quelqu’un qui veut vous agresser ? Pas du tout, je lui donne un coup de pied dans les couilles et après, je lui explique. Parce qu’une fois mort, je ne peux rien, expliquer à personne. C’est pour cela aussi qu’il faut savoir protéger son pays, si l’on est agressé, mais c’est l’affaire de tous et non de quelques-uns, qui avec leurs raisons ont choisi l’armée pour en faire leur métier. Il n’y a que les Occidentaux pour développer de tels concepts antihumanistes. Apprendre à tuer comme un boucher.
Caricaturalement, la démocratie implique d’assumer ses choix politiques. Dans les conflits, il en va autrement, naturellement par peur, et c'est bien normal. Les citoyens se comportent alors comme au temps des royautés, le roi faisait des guerres dont les sujets n’étaient absolument pas concernés et du jour au lendemain ils pouvaient devenir sujets d’un autre souverain, et le roi levait des armées, comme aujourd’hui le gouvernement qui fait de la publicité pour les siennes.
Ce n’est jamais aussi simple quand les fondamentalistes en groupes armés se livrent à des guerres, prosélytistes renouant avec celles des religions. Ils en sont des exégètes archaïques partiaux d’un passé achevé, et sont incapables de faire prospérer ce qu'il y a, de bien-fondé, d'approprié dans le cadre des relations interpersonnelles. Ce passé ne reviendra pas malgré le contre-exemple de l’Afghanistan qui disparaîtra de lui-même incapable de vivre dans un monde en s’isolant, tant l’avenir du monde est imbriqué par son évolution climatique et économique, même si l'Occident s'enfonce dans le fascisme. En 1999, j’écrivais ceci :
«...Je le regrette d’autant plus que l’effondrement du communisme a entraîné un recentrage de l’idéal socialiste laissant des vides idéologiques qui se sont remplis d’acrimonies confessionnelles et nationalistes.
Et le débat du Nord contre le Sud est devenu un débat du libéralisme contre l'islamisme ou des chefs de guerre de tout poil, car les pays pauvres, ne trouvant plus d'écho et de soutien dans un idéal politique éteint, se sont réfugiés dans la religion et l’identité culturelle pour porter leurs espérances. Cela, faute d’en trouver un au Nord qui leur propose comme idéal autre chose qu’une exploitation à terme dans laquelle la règle est de manger les autres. Alors que l’islamisme par exemple leur offre de retrouver une espérance et une dignité d’humain et y développe une instruction coranique dont nous ignorons ce qu’elle engendrera. Mais une chose est sûre, c’est qu’ils ne sont pas instruits dans l’amour de l’Occident.
Nos réactions émotionnelles instantanées mimétiques pour se fondre dans le milieu ambiant, aussi naturelles soient-elles, ne sont pas, adaptées dans le cadre de l’empathie ou la compassion à la pensée associative d’un être humain capable de mesurer la conséquence de ses choix dans le monde et sur les autres. Or, il nous est demandé de vivre sans faire cela ; c’est-à-dire de raisonner une fois l’émotion contenue. Les citoyens ne s’en rendent pas compte dans leur ensemble. Si jamais ils raisonnent, ils se font persifler pour avoir voulu réfléchir. La majorité des citoyens sont comme la grenouille dans l’histoire, lentement on lui réchauffe son eau jusqu’à ce qu’elle soit cuite, sans s’en être rendu compte. Ce feu c’est l’information qui est diffusée au jour le jour sans que les citoyens puissent avoir un recul de réflexion face à l’émotion, et malheur à celui qui ose faire appel à sa pensée associative. Celle qui nous a fait entrer dans l’humanité il y a 35 000 ans, alors que les émotives nous maintiennent dans nos atavismes. Je vous invite à lire cet exposé de trente pages sur mon blog. https://admin.over-blog.com/1463119/write/188310860.

Rédigé par ddacoudre

Publié dans #critique

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V
Bien vu.
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