Renouer avec la politique, c'est vital.

Publié le 8 Janvier 2024

Renouer avec la politique, c'est vital.

 

Des élections européennes vont bientôt avoir lieu. Peut-être une raison de s’interroger de l’intérieur.

 

Quand 92 % des citoyens veulent réformer, reformer ou effacer le capitalisme, dès lors voter pour ceux qui le défendent est une ineptie, comme ne pas s’engager dans les programmatiques qui le proposent, ni de participer activement à la vie politique. Ensuite, se plaindre, que sur le sujet les médias audio visuels vendent de la « merde » sont médiocres, 28% y font confiance et 2% totalement. Ce dont les médias se « foutent » éperdument, à partir du moment, qu’au mieux, la majorité des citoyens n’iront pas s’informer ailleurs pour 96%, et les plus lassés 30 %, les plus méfiants, les plus moroses 26 %, les plus peureux 11 % s’abstiendront ou choisiront les moins mauvais, suivant leurs habitudes bien ancrées. Et nos faiseurs d’opinions se féliciteront d’analyser que les citoyens ne se précipitent pas pour voter aux Européennes, qui cumulent les plus forts taux abstentionnistes. Et les votes blancs se plaindront que l’on ne prend pas en compte leurs votes où ils n’expriment aucune opinion.

 

En 1999, car le phénomène se lisait déjà avant que le CEVIPOF ne mette en place le baromètre de l’opinion des Français en 2009.

J’ai écrit à ce sujet une sale métaphore.

 

3 : Pour s’en convaincre, il suffit de suivre l’évolution d’une politique américanisée. Depuis 1983, devant la déception des promesses électorales, ce sont des votes de défiance qui se sont exprimés. À partir de 1993, la propagande c’est américanisée, véhiculant des portraits de jeunes premiers idylliques qui se vendent, et chacun stigmatise l’autre, pour savoir qui lave le plus blanc et laisse croire que la politique est vertueuse.

Ceci conduit à partir à la recherche de représentants politiques vertueux. C’est un jeu dangereusement massacrant, car nous risquons de partir à la recherche d’une race politique et d’une politique vertueuse, comme d’autres sont allés à la recherche de celle qui était supérieure. Alors, en permanence, nous produisons de la suspicion.

Il a été imposé aux citoyens une transformation, pas toujours comprise en dehors des spécialistes qui la qualifient d’après le capitalisme, qui a conduit les États à réduire leur rôle d’influence politique sur l’économie dite du marché, et les projets de société ne sont devenus que de contradictoires cahiers de revendications.

Pour en donner une image, je serais tenté de dire que les organisations professionnelles d’intérêts corporatifs sont devenues des plaignants, l’État est devenu le syndicat qui s’adresse à son employeur, les financiers. Cela parce que nous sommes plus au fait des mutations et la diffusion d’un savoir sociologique est trop pauvre pour les populations qui vivent une évolution technologique trop rapide, et un encodage relationnel de communicants, devenu un code complexe d’initiés.

Mais, aussi parce que nous croulons sous une information dantesque que la population n’a ni le temps de lire ni d’écouter dans son ensemble, ce qui conduit au paradoxe, parfois d’étouffer l’originalité, soit d’idées ou d’œuvres, pour rester accolé au système mercantile dans lequel se vend mieux tout ce qui est racoleur, scabreux, polémique, et où le voyeurisme a pris le pas sur l’information.

Je vais le redire d'une manière primaire. J’ai déjà mentionné le rôle important de l’information, qui dépasse de loin son seul rôle d’organe informateur. Et dans un monde où l’on se personnalise aussi par leur intermédiaire, à écouter de la merde tout le monde veut devenir caca.

Mais comment le savoir ?

Une histoire l’illustre. Deux hommes discutent sur un trottoir et s’arrêtent. — Tu crois que cela en est. — Je ne sais pas. Un des deux y plonge le doigt et goûte. — Oui, ceci en est ! — Et bien, on a bien fait de ne pas mettre le pied dedans.

Cette histoire illustre la régression où nous sommes encore contraints aujourd’hui de mettre le doigt dedans pour nous en rendre compte quand cela en est, afin de ne pas y patauger.

Pourtant bien des hommes ont payé un lourd tribut, par leur vie, pour nous en sortir, pour que par l’intelligence nous soyons aptes à la reconnaître.

Mais, il nous faudra encore certainement quelques siècles de développement de l’intelligence pour ne plus nous complaire à fabriquer des morts, nous délectés de l’odeur des cadavres, à tel point que nous en faisons un divertissement. Je ne veux pas ignorer la violence ni croire que c’est en l’interdisant qu’elle va disparaître, mais souligner que si notre éducation tend encore à mettre en exergue nos caractères de charognard, c’est que nous avons dû nous égarer quelque part !!

Comment y remédier quand, entre 26 % et 30% des Français ont un peu confiance dans l’institution politique. Quand 64 % non pas confiance en la, démocratie, et 53 % soutiennent s'intéresser à la politique, que 43 % pensent que c’est une affaire de spécialistes, que 16 % ont confiance dans les partis, 26 % au niveau européen, que 36 % dans les syndicats, 46 % au niveau européen, que 72 % ne font pas confiance dans les acteurs politiques, 63 % en Europe, que 82 % considèrent que les politiques ne s’occupent pas d’eux, que 76 % pensent qu’en votant l’on peut changer les choses, ce qui est en contradiction avec leurs votes conservateurs à droite pour 54 %, et enfin 7 % disent militer au sein d’un syndicat ou parti politique pour prendre leurs responsabilités citoyennes.

Dernière observation dans cette enquête d’opinion, les commanditaires classent la LFI et la RN comme partis populistes. Ce ne sont bien sûr pas eux, se contentant de reprendre l’expression des faiseurs d’opinions médiatique. Une incongruité pour ne pas dire une absurdité. Car les autres partis, ils s'adressent à qui ? Mélenchon a essayé de réhabiliter cette expression sans grand succès. Populaire signifie, que l’on serve comme argumentation ce que le peuple dans son ensemble peut comprendre, du plus ignorant au plus instruit, par des métaphores et similitudes, mais qu’en rien, il ne s’agit de le tromper ou de lui mentir. Aujourd’hui, Jésus-Christ serait un populiste, pas de chance pour le fils de dieu.

Ce ciblage consiste à positionner ces deux partis comme, étant incompétent pour diriger le pays, par ceux qui le dirigent depuis si longtemps. Ce discours, ils le tenaient déjà pour les socialistes qui après deux années de tentative de mise en place du socialisme réformateur les ont copiés dans la gestion du capitalisme. Et qui à part d'accorder des avantages sociaux, que les salariés se sont achetés, trois fois leur prix, non fait guère mieux.

Ceux qui qualifient la LFI ou la RN de partis populistes, ont fait la preuve, malgré qu'ils appartiennent à l'élite, de leur incapacité, malgré la compétence qu’ils s’attribuent, de sortir le pays de ses difficultés, et sont maintenant à la poursuite des voix fascisantes de la RN qu’ils jugent populistes.

La difficulté pour sortir du système est claire, ce n’est pas de prendre le Brexit comme exemple, mais, de se rappeler l’exemple donné par la communauté européenne à la Grèce, qui est rentrée dans les clous. Si nous pensons qu’un changement peut se faire sans les citoyens, c’est croire encore aux cadeaux du Père Noël, et si c’est croire à la RN, avec le respect pour ceux qui y font confiance en toute honnête, c’est croire au Père Fouettard pour conduire les méchants dans les prisons. Comme prise de conscience sociologique l’on ne fait pas mieux, autant relire Weber, Foucault et bien d’autres et faire sien l’adage de Socrate ci-dessous.

Socrate, à Phèdre, regrettant que le Dieu égyptien Thot, inventeur de l’écriture, ait mal pesé les conséquences de sa découverte, propos rapportés par Platon.

« Toi, père de l’écriture, tu lui attribues une efficacité contraire à celle dont elle est capable ; cela produira l’oubli dans les âmes en leur faisant négliger la mémoire ; confiants dans l’écriture, c’est du dehors, par des caractères étrangers, et non plus du dedans, du fond d’eux-mêmes, que ceux qui apprennent chercheront à susciter leurs souvenirs ; tu as trouvé le moyen, non pas de retenir, mais de renouveler le souvenir ; et ce que tu vas procurer à tes disciples, c’est la présomption qu’ils ont la science, non la science elle-même ; car, quand ils auront beaucoup lu sans apprendre, ils se croiront très savants, et ils ne seront le plus souvent que des ignorants de commerce incommode, parce qu’ils se croiront savants sans l’être».

Dans l’extrait de mon second essai, « on deviendra Fou, ou le paradoxe de l’autonomie contraint », j’explique que ce ne sont pas les hommes politiques qui sont essentiellement responsables de nos déboires, mais nous, les citoyens démocrates de France et du monde, car, il en est de même pour eux, quand ce n’est pas pire. Par nos insuffisances et notre appauvrissement continuel, nous sommes à la rechercher de l’homme salvateur, au lieu de nous prendre en main pour être des acteurs de notre destin en donnant leurs opinions ou leurs espérances dans les partis de leur choix, pour y donner leurs opinions en y adhérant, ou combattent pour leurs intérêts de classes, dans les syndicats, sans que ce soient les médias qui la leur souffle.

Tristement nous préférons nous plier à la manipulation de notre inné, par l’égocentrisme, l’avarice, la cupidité et l’orgueil narcissique, que les spécialistes de la cognition manient dans l'intérêt de la pérennisation du capitalisme, en manœuvrant par la communication les populations en flattant l'individualisme, qui ne peut instinctivement que trouver preneur, car nous le possédons comme tous les animaux.

Aucun citoyen ne peut dire, qu’il n’y ait pas un lieu ou une association, où il peut trouver sa place correspondante à son opinion. Car personne n’a un point de vue personnel, qui ne soit pas issu de la matrice culturelle et de tout ce qu’il a pu lire, écouter, apprendre, pour la former. Ensuite, venir prétexter que l’on ne s’occupe pas de lui, comme nous le lisons dans les enquêtes d’opinions de 1999 ou de 2023, c'est avoir affaire à des défaillants civiques.

Ils ne peuvent donc prendre ce prétexte, pour, ensuite, se poser en juge des acteurs politiques qui se font épingler parce qu’ils réaffectent des subventions d’élus à leurs actions politiques, comme la RN prochainement. Ce qui n’empêche pas d’être critique. C’est le comble de l’injustice de citoyens, qui ne veulent pas fournir des fonds par leurs cotisations aux partis. Qui ne veulent pas que leurs impôts servent à subventionner l’activité des instances politiques de la représentation de l’opinion des citoyens. Ni qu'ils subventionnent les partis, syndicats et associations ou certains citoyens adhérent, pour former les programmatiques, de chacun d’eux. Le paradoxe étant qu’ils préfèrent enrichir les milliardaires et mégotent pour quatre sous de cotisations, et se vantent de connaître le monde.

Leurs défaillances de citoyenneté les conduit à n’avoir comme références, que les médiatiques, et de répéter le slogan libéral capitalistique, « moi je ne m’occupe que de mes intérêts » sans jamais comprendre que, par la réalisation de ce thème qu’ils exécutent, ils servent les libéraux capitalistiques qui l’on développé. «  Vous le voulez bien ». Ainsi, les citoyens abusés se font rouler, préférant pleurnicher que d’affronter la réalité de leurs servitudes, en se croyant savant. Ils s’accommodent d'un consumérisme qui les absorbe par le confort, qu’ils ont produit et payé trois fois son prix et qu'ils croient détenir du capitalisme.

Tout le monde c’est glorifié de la contestation des gilets jaunes. Pourtant ils faisaient la démonstration qu’un citoyen lambda, sans support politique, ne peut rien réussir, si ce n'est participer comme ce fut le cas, à une jacquerie. Et ne me dites pas que la réussite et d’avoir obtenu des augmentations qu’ils achèteront trois fois le prix. La colère des lycéens contre la réforme Balladur a été efficace parce que les lycéens ont accepté qu’on les aide. Ce que refusaient les meneurs des Gilets jaunes qui ne voulaient pas être récupérés et s'imaginer réinventer la politique qui leur a été mal enseignée.

Que pensaient les Français en 1999.

Dans la vie de tous les jours, les Français disent compter sur leur famille et ami pour 82%, sur eux-mêmes 68%, tandis que seulement 2% accordent leur confiance aux partis politiques (enquête CCA, 1999).

Dans le même temps, les Français attendent de l’État qu’il agisse moins pour l’ensemble de la collectivité, mais qu’il prenne en compte la singularité de chaque citoyen. (le mot en vigueur pour camoufler l'individualisme)

Pourtant ils attendent de l’Entreprise, considération, restauration de liens sociaux par la convivialité et qu’elle invente des solutions aux problèmes contemporains.

Une manière comme une autre de dire qu’ils sont à la recherche d’une réponse pour eux-mêmes, une réponse à la dichotomie due à la contrainte imposée par la nécessité de vivre une autonomie. Une autonomie dont un des moindres paradoxes est celui énoncé plus haut. C’est-à-dire que les Français attendent tout d’eux-mêmes, sauf de leur propre organisation politique (gestion de la cité, du pays) dans laquelle pourtant ils peuvent exercer leur responsabilité de citoyen.

Car d’évidence, cette courte analyse d’opinion des Français laisse assez clairement entrevoir qu’ils se sentent dépouillés de leur pouvoir, qu’il soit politique ou économique et qu’ils se sentent « seuls ». Et comme tous les individus qui se sentent « seuls », ils se tournent soit vers leurs familles, soit vers leurs amis, soit vers des référents réels ou imaginaires, en clair, ils se retournent sur eux-mêmes, car, se sont eux qui composent la famille et les amis et les groupes référentiels.

Ils tournent en fait dans la structure qu’ils ont contribué à élaborer par leur participation ou leur démission, et qui a fait d’eux ce qu’ils sont.

On peut se demander alors ce qu’est une société de responsabilité dans laquelle les individus tournent en rond sur eux-mêmes sans s’investir dans les instances décisionnaires confiscatoires de la liberté de décision qu’ils se sont construites.

 

Il serait tant que les Français renouent avec la politique pour ne plus tourner en rond plutôt que de subir celles des oligarchies ploutocratiques qui gouvernent le monde, dont certains grands groupes attendent leurs heures, pour se substituer aux états. Nous aurions un bel avenir totalitaire, qui nous inviterait à élire démocratiquement des gouvernants fantoches, tout en se marrant de savoir que 53 % des citoyens croient que c’est seulement en votant que l’on change la vie, sans en être les acteurs, mais les serviteurs inconscients.

Rédigé par ddacoudre

Publié dans #critique

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