3/De la phobie au Nazisme moderne.

Publié le 13 Janvier 2011

 

Un chercheur Canadien, M. Tremblay, va jusqu’à dire que l’on peut prédire l’avènement d’un futur délinquant, dès que certaines adolescentes sont enceintes. Ce même chercheur, voyage et propage sa théorie dans le monde entier avec la bonne foi la plus totale, et il est manifestement entendu dans tous les pays. D’ailleurs, en France, pendant la campagne électorale des présidentielles, le 25 mars 2002, sur la chaîne de télévision France 2, le candidat Lionel Jospin a parlé d’impliquer l’école dans le processus de sécurité, notamment en surveillant les comportements déviants et asociaux de certains enfants. A cela il faudrait ajouter les recherches qui sont faites sur les causes éventuellement génétiques de divers crimes.

 

Déterminer des populations d’enfants de deux à trois ans, voire de fœtus criminogènes, pourquoi pas. Mais pour quoi faire ? D’autant que ces méthodes ne sont vérifiées qu’à 75%, et qu’ainsi il y a 25% de «faux positifs ». Il y a donc le risque de se tromper pour un quart de la population déterminée, pour ne pas dire stigmatisée, mais ce risque n’est pas perçu comme dangereux par la population. La question que l’on peut se poser alors est : « Que faire de ces populations ainsi désignées ? Appliquer le fameux principe de précaution ? Comment ? Traitement préventif ? Mise à l’écart ? Éradication préventive ? »

Ce mode de contrôle et à la fois subtil et pernicieux. Il n’est pas appliqué par les institutions d’ordre, comme la police. Non. Il est administré par des scientifiques, des universitaires, indiscutables aux yeux d’une opinion publique qui ne cherche qu’à se rassurer avec ce genre de certitudes, et qui est prête à laisser le champ libre à ceux qui promettent de supprimer leurs angoisses et leurs peurs, aux marchands d’illusions.

 

L’analyse de ces scientifiques devrait plutôt inciter les politiques à prendre des mesures économiques visant à la résorption des inégalités sociales qui sont à l’origine de la délinquance, en parallèle avec les mesures coercitives indispensables pour ceux qui sont réfractaires à ce type de traitement.

Au lieu de cela ils organisent dès l’enfance un système inquisitorial, pour satisfaire d’une part leur stratégie d’acteur, cacher leurs échecs successifs depuis plus de 35 ans dans un choix politique dont ils connaissaient les conséquences. De telle manière que les citoyens sont à la fois, victimes, complices, dupes et dupés, et leur absence de vue globale stigmatisée par le local et l’individualisme leur enlève toute vision événementielle.

 

Nous sommes là dans un schéma de déjà vu. Pourtant, le reconnaître n’est pas chose aisée. Compte tenu des moyens technologiques dont nous disposons dans le domaine de la génétique, la tentation va être grande de recourir à l’Eugénisme.

Le terme d’eugénisme a été employé pour la première fois par le physiologiste britannique Francis Galton (1822-1911). Il le définissait comme l’étude des facteurs socialement contrôlables qui peuvent élever ou abaisser les qualités raciales des générations futures, aussi bien physiquement que mentalement.

Galton ne disposait pas alors des connaissances qui sont les nôtres aujourd’hui sur la génétique, et s’appuyait sur des connaissances biologiques suffisamment précises. Le fruit de ses travaux trouva leurs applications légales et réglementaires qui relevaient du scandale pur et simple en imposant, au nom d’une fausse science des mesures radicales de castrations et de stérilisations à des êtres sans défenses.

C’est dans ce cadre que les travaux de monsieur Tremblay par exemple pourraient faire l’objet d’une manipulation proche ou identique.

Ces dans ce cadre que ces pratiques servirent de référence aux idéologies racistes, dans la voie des travaux de Linné (1707-1778) et de Buffon (1707-1788), poursuivie par Gobineau (1816-1882). A la fin du XIX ième siècle, l’Europe cultivée est convaincue que le genre Humain se partage en races inférieures et en races supérieures. C’est surtout en Allemagne que ces idées, conjuguées aux conceptions du monde de Vacher de Lapouge et H. S. Chamberlain, vont jeter les bases de l’aryanisme historique. Dans l’Allemagne de Guillaume II ces idées étaient très largement vulgarisées dans la population. Et naturellement lorsqu’Hitler traduira le Mythe en réalité, il ne trouvera que très peu d’opposants.

Ainsi, quelques théories qui se voulaient scientifiques, sans avoir fait la preuve quelles étaient réfutables, ont conduit tout doucement au plus grand drame de l’histoire Européenne, car, tout aussi naturellement, des parties de populations d’autres États partageaient ces conceptions. Nous ne sommes jamais à l’abri de rouvrir des camps de déportations, de concentrations, pour aller vers un génocide «labellisé » par la science, pour cacher à notre miroir personnel tous les crimes que nous nous sentons capables de commettre.

Sauf qu’aujourd’hui les camps ont changé de nom et les moyens dont nous disposons ne brûleront que les cerveaux sans laisser de traces extérieures, modifierons des caractères génétiques pour coller à une civilisation devenue narcissique et paranoïaque.

De telle sorte que pour apporter une solution à l’accroissement de la violence et de la délinquance, nous ferons le même chemin, en attendant qu’un personnage, pour ne pas dire un nouvel Hitler, transforme le mythe de la notion de risque Zéro en réalité.

 

En cela la notion de dangerosité est la porte ouverte à l’arbitraire car nous savons que cette perception de la dangerosité ne dépend que du caractère et du tempérament des individus et est irréfutable. Elle a déjà entrainé la criminalisation de l’individu normal et a remplie les gardes à vue.

Demain elle nazifiera la société car s’en nous en rendre compte nous sommes à la recherche de l’homme parfait, qui n’est rien d’autres qu’un « criminel » potentiel, et cela nous le savons.

Aujourd’hui nous nous apprêtons à donner le pouvoir d’internement à des psychiatres, demain ce seront des machines qui seront plus intelligent que nous qui en déciderons. Nous deviendrons les esclaves de nos propres inventions.

Et ce ne sera pas elles qui le demanderont mais nous toujours prisonniers de nos peurs.

Nous avons mis le doigt dans un engrenage sans fin qui nous conduit vers le délire.

Rédigé par ddacoudre

Publié dans #critique

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