La Macromania.

Publié le 12 Décembre 2016

 

 

 

Le meeting de Macron fut un réel succès et il n'y a pas lieu de le lui contester face à un PS bien timoré avec plus de 2000 participants dans le cadre de la « Belle alliance populaire » de Cambadellis . Pour ceux qui l'ignorent la « Belle alliance populaire » est la rupture du PS et du PC consommée par rapport à leurs accords historiques. Leurs relations avaient pris l'eau avec la création du Front de Gauche, lui-même décédé en 2016, et étaient essentiellement "d'entraides locales", je vais le dire comme cela. Ceci qui fait comprendre les atermoiements et l'hésitation du PC pour décider s'il devait aller au primaire, décider d'un candidat ou soutenir le candidat de La France insoumise. Face à ces méandres politiques, qu'il faut le reconnaître, s'enroulent et se déroulent au rythme des envergures carriéristes des uns et des autres sur fond de remaniements et d'alternances qui perpétuent une même ligne politique sensée  apporter du travail à tous depuis trente ans. Chacun affirmant de bonne fois y parvenir en faisant la même chose que l'autre sous un label différant, avec en promo quelques actions sociales ou quelques promesses de laver plus blancs que les autres. Ils échouent les uns après les autres, car ils ne sont jamais en rupture avec l'organisation capitaliste. Celle qui fait que quoi que nous fassions notre activité sera comptabilisée par un système comptable fait pour permettre à un individu ou des individus propriétaires d'un moyen de production de s'enrichir. Etre propriétaire d'un moyen de production n'est pas un péché, n'est pas une forfaiture, c'est seulement resté propriétaire de son travail. Sauf qu'à travers cette démocratisation républicaine de la propriété c'est développé un «corporatisme » (bourgeoisie) libéral qui a perpétué dans la continuité de l’ancien régime la méthode d'exploitation en vigueur de l'emploi de ceux qui n'avaient que leurs bras à louer.  D'abord, contre un casse croute et un logement pour leurs servitudes, avant que la loi ne leurs reconnaissent le droit à un salaire avec le développement de l'industrialisation.  Nous savons donc tous, que tout ce qui concourt à la réalisation d'un produit ou d'un service représente le coût de production et la comptabilisation consiste à le vendre avec une marge pour retirer son revenu individuel. C'est le principe de base de toutes les organisations entrepreneuriales à but lucratif ou non, excepté pour le budget de l'état et l'économie familiale.

La duperie.

Aujourd'hui plus grand monde sait faire la différence entre les trois. De fait la confusion règne et elle est même volontairement entre tenu pour faire croire que celle de l'état ou de l'entreprise c'est comme l'économie familiale. Nous avons donc eu un premier ministre Fillon qui disait l'état est en faillite puisque sa dette dépasse celle admise pour l'économie familiale ou d'entreprise. Il a réitéré cela plus discrètement dans le débat des primaires. Cette volonté d'assimiler l'état à une entreprise et l'entreprise à un budget familial consiste, non plus à faire dépendre les décisions politiques économiques du pouvoir du peuple, mais de soumettre les choix du peuple à celui de la monnaie disponible. Chacun trouvant normal que vivant avec un revenu limité il ne puisse pas faire plus que ses disponibilités financières à moins de s'endetter ou d’épargner. C’est la reconnaissance d’une normalisation économique capitaliste qui n'est pas faite pour prendre en compte l'intérêt collectif que ne peut connaitre le citoyen lambda qui fait métro boulot dodo et dont l'existence dépend de celui qui lui verse un revenu. Ainsi petit à petit la gouvernance a glissé du pouvoir du peuple à ceux qui détiennent la richesse. Ce fut explicitement dit par François Fillon, l'emploi dépend des riches. L'on ne peut pas lui reprocher d'être hypocrite. Nous écoutons donc toujours des débats qui se soldent par combien vont couter vos mesures, d'où allez-vous retirer les fonds nécessaires. Ce sont les questions qu'adore poser François Lenglet. Il atteste par là de la dépendance du pouvoir face à la disponibilité financière. D'une autre manière cela revient à dire je ne peux avoir des projets que si j'ai la monnaie nécessaire pour les réaliser. Ce qui est le cas de tout citoyen dans le cadre de l'économie familiale et l'on se sert de ce constat irréductible pour faire reporter aux citoyens la même analyse en ce qui concerne le fonctionnement de l'état ou l'entreprise. C’est d'autant plus aisé que les citoyens dans leur ensemble ignorent les différences qui existent entre ces trois types d'économie.  

La souricière.

Ainsi, nous comptons ce que nous pouvons faire avec la monnaie qui circule, mais jamais ce que nous nous privons de faire parce que nous ne voulons pas comptabiliser et financer nos besoins de manière différente. A titre d'exemple : le réseau routier secondaire et des voies nationales ne sont plus adaptées à la sécurité et la performance des véhicules. Qui empêche le peuple souverain de décider d'un projet économique de réfection du réseau routier, ou de toutes autres choses, fournissant ainsi de l'emploi, donc d'un revenu sans entrer dans la discussion du système d'exploitation capitaliste ou des matières premières disponibles. Rien, si ce n'est la disponibilité financière qui ne dépend pas du peuple, mais de quelques particuliers. Je vais le formuler de la sorte : les citoyens ne veulent pas fournir la monnaie nécessaire par les prélèvements et les collectivités ne veulent pas s'endetter au-delà d'un seuil, car ce sont les citoyens qui devront régler l'addition. Cela s'appelle une souricière.

Et dieu créa l’homme.

Si le monde n'avait du n'exister qu'avec cette approche, l’homme n'aurait jamais vu le jour, car l'argent n'est pas une création minière ni agricole. Il faut conclure rapidement de ces quelques lignes que s'il est utile de normaliser, de compter, ce n'est pas pour nous empêcher de vivre, mais pour mieux vivre. C'est cela que nous sommes entrain d'inverser. Macron en est l'exemple type. Qu'il soit candidat et ait eu l'habileté de tirer profit de cette pétaudière qu'est devenu le PS, après avoir contribué à l'enfoncer en participant à l'idéologie entrepreneuriale et non libérale ou capitaliste si on le préfère. C'est tout à fait louable. Il est jeune, compétant, belle gueule, ambitieux, il régénère la génération de politiciens et est comme les autres en droit de croire en ce qu'il défend. Mais si la monnaie avait été primordiale dieu aurait commencé par la créer pour que l’homme vive.

Le fromage est servi.

Allons donc comprendre pourquoi, du jour au lendemain celui qui, avec Vals, a contribué à l'échec de ce gouvernement dans son ambition de redresser la France et de résorber le chômage, (60% d'opposé à son action ministérielle) deviens la coqueluche. Il est perçu comme un homme dynamique, moderne, courageux, sympathique, déterminé et porteur d'idées nouvelles. Je crois que je ne dois pas lire le même programme que les citoyens ou alors ils ne le lisent pas. Si je dois le résumer en une phrase c'est la France à deux vitesses une qui bénéficie de la solidarité minimale de l'état et celle qui pourra avec l'employeur négocier ses conditions d'existences. Il appelle donc révolution le "redécoupage" du fromage qu'il reste aux salariés lorsque le capitalisme c'est servi.

Retour à 1791.

Pour parler de quelque chose que je connais je vais prendre la mesure qui consiste à revisiter les allocations chômages. Quand l'UNEDIC fut créé il y avait 300 000 chômeurs et Pompidou disait qu'avec les fonds prélevés la pérennité du système était assurée. Le système dans son esprit était fait pour qu'un salarié qui perdait son emploi puisse disposer d'une ressource de manière à pouvoir continuer de vivre sans devoir réduire "drastiquement" son train de vie sur une durée suffisamment longue, afin qu'il puisse rechercher un emploi correspondant à ses qualifications sans être soumis à la pression du marché du travail. Cela a volé en éclat, puisque tous les projets de la droite visent à réduire les prestations et à forcer l'emploi. Cela avec l'aval d'une majorité des citoyens corrompus par les médias et leur égoïsme (ça m'a plu d'écrire cela), car sans cela ils n'oseraient pas de telles propositions. Si bien que les seuls remparts contre la réduction des prestations étaient la position ferme des syndicats. Nous connaissons ceux que sont devenus les syndicats dans l'opinion, des défenseurs de corporations pour justifier leurs évictions (comme du temps de Chapelier,Le décret d'Allarde, 2 et 7 mars 1791, supprime toutes les corporations de métiers de l'Ancien Régime qui s'y opposaient, ce qu'il préconise donc de faire disparaitre). Macron propose de faire disparaitre, comme Fillon, les réformes de l'ancien régime, pas celui de la monarchie, mais celui du conseil national de la résistance à qui nous devons l'essentiel du modèle social. Au motif qu'il est devenu trop cher par rapport aux disponibilités financières que veulent bien nous céder les capitalistes, sous réserve de pouvoir les récupérer sous forme d'intérêts. C'est un peu compliqué, mais en quel que mots c'est là, sa Révolution. C'est cette révolution qu'adulent ceux qui trouvent, sous tous les critères du personnage que j'ai décrit plus haut à son honneur, la France en marche vers le progrès.

L’esprit républicain du peuple dissous.

Il se pose comme l'homme du travail. Tous les salariés qui, depuis l'industrialisation, se sont battus, ont lutté pour réduire le temps de travail doivent se retourner dans leurs tombes. Je ne fais pas dans le pathos en écrivant cela, mais seulement toucher du doigt que ceux qui disposent du pouvoir, d'être le peuple, sont devenus de lamentables serviles, de la graine d'esclaves qui attendent des « riches » (pouvoir financier) leurs pitances. Depuis trente ans ils votent bon gré mal gré pour des politiques qui les aliènent à un discours comptable dont ils ne seront pas les privilégiés parce que le système n'est pas fait pour les salariés. Il n'est pas fait pour ceux qui n'ont que leurs bras ou leur cerveau comme seule richesse à vendre, alors qu'avant c'était à louer. Leur rêve de vivre mieux en travaillant moins s'inverse parce qu'ils ne sont pas capables de prendre des décisions d'envergures, d'avoir des projets économiques pour le pays autres que ceux que leur dicte le patronat. En filigrane si l'on dissèque bien les propositions économiques et sociales de la droite y compris Macron, (je ne comprends pas pourquoi on le situe à gauche) nous retrouvons les revendications du patronat et que je sache, il n'a jamais été socialiste. Le patronat à raison, il n'œuvre pas dans l'intérêt des citoyens ou du peuple ou du pays ou de la France. Ils y contribuent parce qu'un pouvoir politique les y soumet. Si c'était l'inverse il n'y aurait pas tant de niches et d'exonérations fiscales, d'évasion du même nom, de délocalisations, ils ne chercheraient pas à imposer leur gouvernance même quand elle a une belle gueule. L’évasion fiscale « coûte » 134 € mensuel aux citoyens qui ne sont attentifs qu’aux 6,95 € des abus du régime d’assurance maladie.

Au crédit de Maron l’on peut mettre la formation professionnelle tout au long de l’existence. J’aurais préféré l’éducation permanente qui n’a pas qu’une fonction utilitaire, cela leur aurait permis de faire la différence entre les trois types d’économie et de ne pas se faire duper.

Condorcet proposait d'introduire une éducation permanente " pour lutter en permanence contre les ignorances, les préjugés, les superstitions qui sont des menaces toujours naissantes pour l'esprit républicain du peuple ".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par ddacoudre

Publié dans #critique

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